+ Pourim - Importance de prier :
-> Le Rambam (Hakdama au Séfer haMitsvot) écrit que le jour de Pourim, il existe une mitsva qui consiste à se souvenir du miracle qu'Hachem a accompli à l'époque de Mordé'haï et d'Esther.
Hachem a écouté les prières de la nation à cette époque et l'a sauvée de sa détresse. Il est également nécessaire d'enseigner ce miracle aux générations futures.
En effet, l'importance de se souvenir de la façon dont nos prières ont été exaucées est évoquée dans la Méguila elle-même, dans laquelle Esther ordonne aux juifs "d'établir ces jours de Pourim pour eux-mêmes et pour leurs descendants, le sujet des jeûnes et de leurs cris/supplications [à Hachem]" (Méguilat Esther 9,31).
=> En quoi le miracle de Pourim est-il unique au point que nous devions nous souvenir, en plus du miracle lui-même, de la manière dont nous avons prié Hachem et du fait qu'Il a entendu nos prières?
Après tout, les juifs prient Hachem chaque fois qu'ils sont en difficulté. Si tel est le cas, chaque fois que nous commémorons un miracle, nous devrions également nous souvenir de la façon dont Il a entendu nos prières. Pourquoi cette exigence ne s'applique-t-elle qu'à Pourim?
-> Le Maharal (Ohr 'Hadach - Megilla 11) répond que pendant la menace du décret d'Haman, la prière a été le principal effort que les juifs ont pu faire.
Dans d'autres cas où nous avons affronté des ennemis au cours de notre histoire, les miracles se sont produits grâce à nos mérites ou aux mérites de nos ancêtres (et bien sûr, il y a toujours eu la prière et une certaine forme de hichtadlout, tous les efforts humainement possibles, également).
Cependant, selon le Maharal, dans le cas présent de Pourim, nous étions confrontés à Amalek, un descendant direct d'Essav. La Torah nous dit : "La voix est la voix de Yaakov, et les mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,22).
"Les mains d'Essav" indiquent qu'Essav possède une puissance physique supérieure à la nôtre. Cependant, "la voix de Yaakov" indique que notre prière peut surmonter les prouesses physiques d'Essav.
Ainsi, la Torah nous enseigne à concentrer nos efforts principalement sur la prière lorsque nous sommes confrontés à Essav.
-> Le rav David Cohen, roch Yéchiva de 'Hevron, nous rappelle que l'histoire de Pourim s'est déroulée à une époque de "hester panim", où Hachem "nous cachait son visage", pour ainsi dire.
Dans une telle situation, on ne peut atteindre Hachem qu'en redoublant d'efforts dans sa prière (voir 'Houlin 139b). C'est ce qu'on fait Mordé'haï et Esther à l'époque.
En effet, le midrach (Chémot rabba 38:4) nous dit que Mordé'haï priait littéralement sans arrêt pendant tout l'épisode décrit dans la Méguilat Esther.
-> Le Gaon de Vilna note que le refus de Mordé'haï d'accepter les vêtements qu'Esther lui a envoyés, choisissant plutôt de rester en "sac", est une référence voilée à la prière.
Esther a envoyé ces vêtements à Mordé'haï dans l'intention qu'il entre dans le palais et discute directement avec elle des décrets du roi. Mais Mordé'haï refuse, car cela l'obligerait à cesser de prier, et l'effort le plus important qu'il puisse faire à ce moment-là, c'est la prière.
Au lieu de cela, les deux ont eu une conversation interrompue par l'intermédiaire d'un messager, Hassach. Mordé'haï préférait utiliser cet émissaire pour ne pas avoir à cesser de prier.
Le Gaon de Vilna note qu'Esther priait également constamment à cette époque.
Il déduit cela de la déclaration d'Esther (Esther 7,6) : "Un homme qui est un adversaire et un ennemi, ce méchant Haman!".
Nos Sages (guémara Méguila 16a) expliquent qu'Esther désignait en réalité A'hachvéroch lorsqu'elle a commencé la déclaration suivante : "un adversaire et un ennemi", mais un ange a poussé sa main en direction d'Haman. Comment Esther a-t-elle pu faire une chose aussi illogique? Si elle essayait d'obtenir la délivrance de la nation et de déjouer le complot d'Haman, pourquoi s'en prenait-elle à A'hachvéroch?
Le Gaon de Vilna explique qu'Esther a prié Hachem tout au long du festin, qui a précédé la confrontation actuelle. Sa prière se déroulait principalement dans son cœur, en silence.
Cependant, lorsqu'elle prononça les mots : "Un homme qui est un adversaire et un ennemi", sa prière intérieure était une demande d'être sauvée de tous les méchants, à la fois d'Haman et à la fois d'A'hachvéroch, celui qui a donné à Haman son pouvoir.
Comme Esther pensait à A'hachvéroch en prononçant ces mots, sa main l'a instinctivement désigné.
Ainsi, dit le Gaon de Vilna, il est clair qu'Esther priait à tout moment, même en présence du roi et d'Haman.
=> Depuis l'époque de la Méguila jusqu'à aujourd'hui, nous restons dans un état de hester panim, la main d'Hachem qui nous guide reste cachée [dans l'obscurité de l'exil].
Nous pouvons apprendre de Mordé'haï et d'Esther que, lorsque nous sommes confrontés à des difficultés, nous devons avant tout nous efforcer de prier.