Le Shabbath, au 6e jour du mois de Sivan de l’an 2448 depuis la Création, tout le peuple d’Israël, ainsi que les âmes de toutes les générations futures, se rassemblèrent au pied du Mont Sinaï pour recevoir la Torah.
Cependant, la Torah que nous avons reçu au Sinaï était déjà en notre possession depuis de nombreuses générations. Nos ancêtres avaient étudié et accompli toute la Torah avant qu’elle soit donnée (guémara Yoma 28b).
=> Ainsi, aucun principe nouveau ne fut-il dévoilé au Sinaï. Qu’est-ce donc qui nous fut donné lors du "Don de notre Torah"?
-> Le midrach (Chémot Rabba 12,4) explique la signification de cet événement par la parabole suivante : "Un jour, un roi décréta que le peuple de Rome avait l’interdiction de descendre en Syrie et le peuple de Syrie avait l’interdiction de monter à Rome. De la même façon, lorsque D. créa le Monde, Il décréta que ‘Les cieux appartiennent à D. et la terre a été donnée à l’homme’ (Téhilim 115,16). Mais quand Il voulut donner la Torah à Israël, Il abrogea Son premier décret et déclara : Les règnes inférieurs peuvent monter vers les règnes supérieurs et les règnes supérieurs peuvent descendre dans les règnes inférieurs.
Et Moi-même [Hachem] Je commencerai, comme il est écrit : ‘Et D. descendit sur le Mont Sinaï’ (Chémot 19,20) et puis, ‘Et à Moché, Il dit: monte vers D-ieu’ (Yitro 24,19)".
Durant les 26 premières générations de l’histoire, il existait une un décret divin qui séparait la réalité en 2 mondes hermétiques : le Spirituel et le Matériel.
Le Spirituel ne pouvait pas être réellement introduit ici-bas, sa réalité même s’opposant à toute concrétisation, et le Matériel ne pouvait être rendu transcendant et divin, sa nature le maintenant confiné dans la limitation des règnes inférieurs. Dès lors, la Torah, qui est la Sagesse divine, ne pouvait avoir aucun effet réel sur le Monde matériel. Elle ne concernait que l’âme de l’homme et la réalité spirituelle des Cieux. Bien que ses concepts pussent être, et furent effectivement, appliqués à la vie physique, celle-ci ne pouvait pas être élevée.
Au Sinaï, D. révoqua le décret qui séparait la matière et l’esprit en deux domaines distincts. Hachem descendit sur le Mont Sinaï, et apporta la spiritualité des Cieux à la Terre. Il convoqua Moché au sommet de la montagne, donnant à l’être humain la capacité d’élever son être physique et le Monde matériel à un degré d’existence supérieur. La Torah pouvait désormais sanctifier la vie matérielle.
Après l’épisode du Sinaï, quand un homme matériel prend une pièce d’argent matérielle, gagnée par son labeur et ses talents matériels, et la donne à la tsédaka, ou quand il cuit de la farine et de l’eau et en fait une matsa et la consomme la première nuit de Pessa’h, ou quand il donne à un morceau de cuir une forme et des mesures spécifiques, y insère des parchemins sur lesquels sont écrits certains versets et les lie à sa tête et à son bras en tant que téfilin, l’objet limité et matériel avec lequel il a accompli la mitsva est transformé et sort sanctifié.
Ainsi, ce n’est qu’après le Sinaï qu’une mitsva put concrétiser le spirituel et sanctifier le matériel.
[d'après le Collel - feuillet de la communauté Sarcelles 5779]