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"La Téchouva est comme la mer, qui est toujours accessible, afin que quiconque désire s'y baigner puisse le faire quand il en a envie."
[midrach Téhilim 65,4]

-> "Les Portes de la Téchouva sont ouvertes à tout moment ; tout celui qui souhaite y entrer peut le faire."
[midrach Chémot rabba 19]

-> La guémara ('Haguiga 15) rapporte que Elicha ben Abouya a entendu une voix Divine lui disant que tout le monde peut retourner vers D. sauf lui.
Le Maharcha commente que s'il avait ignoré cette voix Divine, il aurait quand même pu faire téchouva.
Le Maharit (Responsa II 8) dit qu'en raison de ses graves fautes, Hachem n'allait pas lui faciliter sa téchouva, mais s'il en avait fait les efforts, on ne l'aurait pas refusé.
[En ce sens le Baal Chem Tov affirme que la voix qu'il a entendu provenait des forces du mal (rendant plus difficile son repentir), et qu'en réalité s'il avait fait téchouva, celle-ci aurait été acceptée (cf. rav Eliyahou Dessler - Mikhtav méEliyahou vol.IV)]

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-> Le Chla haKadoch écrit :
"Il n'y a rien qui tient sur le chemin de la Téchouva.
Même si quelqu'un a commis toutes les fautes existantes, il peut se repentir.
Hachem a même accepté la téchouva de Ménaché qui a érigé une idole dans le Sanctuaire (le Heichal), et qui a commis toutes sortes d'autres fautes."

-> "La méchanceté du racha n'entraînera pas sa chute le jour où il renoncera (shouvou) à sa perversité" (Yé'hezkiel 33,12)
Le Séfer haTodaah de commenter : La téchouva expie vraiment toutes les fautes.

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+ Nos maîtres ont enseigné : A'her allait, monté sur un cheval, un jour de Shabbath et rabbi Méïr le suivant pour apprendre de sa bouche des enseignements de Torah.
A'her lui dit "Méïr, fais demi-tour, car j'ai compté les pas de mon cheval et j'ai atteint la limite shabbatique (té'houm)."
Rabbi Méïr lui dit : "Toi aussi, reviens avec moi!
A'her répondit : "Ne t'ai-je pas dit que j'ai entendu de derrière le rideau : "Revenez enfants rebelles, sauf A'her" (cf. Yirmiyahou 3,14).
[guémara 'Haguiga 15a]

-> Contrairement à A'her qui a interprété la voix Céleste à la lettre, rabbi Méïr l'a interprétée comme suit : "Revenez enfants rebelles" est une invitation à tous les enfants d'Israël à revenir vers Hachem, donc à se repentir.
La fin de cette voix Céleste : "sauf A'her" = signifie qu'A'her n'est pas invité à faire téchouva, mais s'il décide de lui-même de se repentir, ses regrets et sa téchouva seront quand même acceptés.
['Hida]

-> Il existe 2 catégories de repentir : la téchouva par la crainte et la téchouva par amour d'Hachem.
L'invitation de la voix Céleste : "Revenez enfants rebelles" = signifie qu'Hachem attend une téchouva, même de crainte, de tous ses enfants rebelles.
Mais la précision "sauf A'her" signifie que pour A'her, une téchouva par crainte ne sera pas acceptée, mais une téchouva inspirée par l'amour d'Hachem sera acceptée, car rien ne peut résister devant une téchouva par amour.
[Ben Ich 'Haï]

-> Dans la guémara (Yérouchalmi 2,1), rapportée par les Tossefot (guémara 'Haguiga 15a), A'her explique à rabbi Méïr la raison pour laquelle il ne peut pas se repentir : alors qu'il se déplaçait, monté sur son cheval, un jour de Yom Kippour qui coïncidait avec Shabbath, il entendit une voix Céleste (bat kol) au moment où il traversait la zone du Temple : "Revenez à Moi, enfants rebelles, sauf Elicha ben Abouya (appelé A'her) qui connaît Ma force et qui se rebelle (quand même) contre Moi".
Cette voix Céleste n'a évidemment pas été prononcée par Hachem, Lui dont la "Main" est toujours tendue pour accepter les repentis.
En réalité, dans les profondeurs de son cœur, A'her refusait de faire téchouva et cette voix Céleste ne venait pas du Ciel, mais des pensées impures du cœur de A'her, incitées par son mauvais penchant
(yétser ara).
Il est certain qu'Hachem aurait accepté la téchouva d'A'her, comme de tout homme, malgré sa rébellion.
[rav Dessler - Mikhtav méEliyahou - tome.4,p.289]

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-> Tossefot, dans la guémara ('Haguiga 15a), explique les circonstances qui ont amené Elicha ben Abouya, le maître de rabbi Méïr, à abandonner sa foi jusqu'à profaner le Shabbath.
Lors de la circoncision d'Elicha, son père Abouya, un notable qui résidait à Jérusalem, a invité les notables de la ville qu'il a installés dans une chambre, ainsi que les Tanaïm rabbi Eliézer et rabbi Yéhochoua qu'il a fait asseoir dans une autre chambre.
Pendant que les invités mangeaient et festoyaient, les 2 Tanaïm étudiaient la Torah, et un feu, descendu du Ciel, entoura rabbi Eliézer et rabbi Yéhochoua.
Abouya s'inquiété et leur dit : "Etes-vous venus pour brûler ma maison?".
Les Tanaïm rassurèrent Abouya : Ce feu est venu, comme au mont Sinaï, manifester la joie du Ciel pour nos paroles de Torah, mais ce n'est pas un feu destructeur.
Abouya fut impressionné et leur dit : "Si le pouvoir de la Torah est si grand, je veux destiner mon fils Elicha à l'étude de la Torah ; dès qu'il sera en âge d'étudier, je vous le confierais!"

C'est parce qu'Abouya, qui menait une vie sociale où les titres et les honneurs avaient priorité, a vu dans la Torah un moyen de communiquer à son fils de la grandeur et les honneurs, qu'il a implanté dans son fils les racines du mal.
De plus, Elicha, tout en étudiant la Torah à un haut niveau durant de nombreuses années, continuait à porter un intérêt à la vie sociale de ses parents ainsi qu'à la culture et à la musique grecque et il lisait des livres hérétiques.
Cette ambiguïté a été le terreau fertile où se sont développées les racines du mal intégrées en lui par son père depuis la circoncision.
Il a suffi d'un déclencheur : la mort dramatique de 'Houtspit, le traducteur des drachot, pour qu'Elicha abandonne sa foi et le respect des mitsvot.
[rabbi 'Haïm Chmoulévitch – Si’hot Moussar (si'ha 9)]

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-> La guémara (Avoda Zara 17a) cite l'exemple de El'azar ben Dordaya.
Après avoir mené une vie entière dans la débauche avec de nombreuses prostituées, il regretta profondément, fondit en larmes et sanglota jusqu'à rendre l'âme.
Une voix Céleste proclama alors : "Rabbi El'azar ben Dordaya est attendu dans le monde à venir".
Ainsi, c'est sa vie déréglée qui a été le ressort de sa téchouva fulgurante qui lui a fait acquérir le monde à venir en un instant, avec le titre de rabbi.
[enseignant à tous la puissance de la téchouva, même si on est arrivé au plus bas].

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+ La téchouva fulgurante d'El'azar ben Dourdéya :

-> La guémara (Avoda Zara 17a) enseigne :
Ils ont enseigné : Il n'y avait pas de prostituée dans le monde avec qui El'azar ben Dourdéya n'ait pas cohabité. Une fois ... il prit une bourse remplie de dinars et il traversa 7 fleuves (pour rejoindre une prostituée).
Dès le début de son union (avec El'azar), elle laissa échapper un vent. Elle lui dit : "De même que ce vent ne reviendra pas à son lieu d'origine, le repentir d'El'azar ben Dourdéya ne sera jamais accepté!".
(Impressionné), il alla s'asseoir entre les montagnes et les collines et s'écria : "Montagnes et collines, demandez miséricorde pour moi!". Elles répondirent : "C'est plutôt pour nous que nous devons prier, car il est dit (Yéchayahou 54,10) : "Les montagnes chancellent et les collines s'ébranlent"".
Alors El' azar s'écria : "Cieux et Terre, demandez miséricorde pour moi!". Ils répondirent : "C'est plutôt pour nous que nous devons prier, car il est dit (Yéchayahou 51,6) : "Les Cieux s'évanouiront comme la fumée, la Terre tombera en lambeaux comme un vêtement usé"".
Alors El'azar s'écria : "Soleil et lune, demandez miséricorde pour moi!". Ils répondirent : "C'est plutôt pour nous que nous devons prier, car il est dit (Yéchayahou 24,33) : "La lune sera couverte de honte et le soleil de confusion"".
El'azar s'écria alors : "Etoiles et planètes, priez pour moi!". Elles répondirent : "C'est plutôt pour nous que nous devons prier, car il est dit (Isaïe 34, 4) : "Toute l'armée céleste se dissoudra"".

El'azar ben Dourdéya se dit alors : "La chose ne dépend que de moi". Il mit la tête entre ses genoux et sanglota jusqu'à rendre l'âme. Une Voix Céleste proclama : "Rabi El azar ben Dourdéya est attendu dans la vie du monde à venir".

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=> Quelle était l'intention de cette courtisane envers El'azar?

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Ces prostituées, qui exigent un salaire élevé, se préparent et font attention qu'aucun vent ne soit émis, afin de ne pas repousser ces hommes débauchés qui paient cher. Donc le vent qui lui a échappé contre son gré était une volonté du Ciel qui devait mener au repentir total d'El'azar.
Cependant, cette courtisane malveillante a voulu utiliser ce vent comme un moyen de renforcer dans le cœur d'El'azar ben Dourdéya cette attirance à la débauche en le faisant désespérer de toute téchouva éventuelle qui, selon elle, ne sera jamais acceptée par le Ciel.
Son but, dans sa parabole avec le vent, était qu'El'azar ben Dourdéya se maintienne dans cet état dépravé. Mais finalement, elle a obtenu le résultat contraire à celui qu'elle espérait, car elle a été, malgré elle, à l'origine de cette téchouva fulgurante.

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=> Pourquoi El'azar s'est-il adressé aux montagnes et aux collines?

-> Selon le Maharcha :
El'azar ben Dourdéya, après sa décision de repentir total, craignait de mourir immédiatement après sa téchouva.
C'est pourquoi, il s'adressa aux montagnes et aux collines, afin qu'elles prient pour ne pas qu'il meure et demeure longtemps en vie, comme ces montagnes et collines stables au cours du temps et qui perdurent dans ce 'Olam Hazé.

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
Nos Avot (Patriarches) Abraham, Its'hak et Yaakov sont désignés : "harim" (montagnes) et nos "Imaot" (Matriarches) Sarah, Rivka, Ra'hel et Léa sont désignées "guéva'ot" (collines), selon le verset : "D. saute au dessus des montagnes (Avot), Il bondit au dessus des collines (Imaot) (Chir-Hachirim 2,8).
Ainsi, en demandant miséricorde auprès des montagnes et collines c'est en fait auprès des Avot et des Imaot qu'il adressait sa supplique, afin que sa téchouva soit acceptée par leurs mérites.

-> Le commentateur Névé Shalom demande pourquoi El'azar ne s'est pas adressé aux mers et aux fleuves.
Il répond : C'est parce que la génération du déluge avait perverti ses voies, notamment sur le plan des (arayot : unions interdites et incestueuses), et avait péri dans les eaux du déluge.
C'est pourquoi, El'azar ben Dourdéya s'est retenu de demander que les eaux prient pour lui, car un accusateur ne peut pas devenir un défenseur.

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=> Comment comprendre la conclusion de Rabi El'azar : "La chose ne dépend que de moi!"?

-> Le Sifté 'Haïm (Moadim aléf) écrit :
Les gens, pour apaiser leur mauvaise conscience, ont l'habitude d'attribuer des causes extérieures à leur mauvais comportement, au lieu de réparer ce comportement par leur libre-arbitre.
C'est ainsi qu'El'azar ben Dourdéya a commencé a faire dépendre son attirance à la débauche de plusieurs circonstances atténuantes :
* d'abord de ses parents et de ses ascendants, symbolisés par les montagnes et collines, qu'il rend responsable de lui avoir fait hériter de ce défaut ;
* puis des Cieux et de la Terre, où il rend responsable la nature ;
* puis de soleil et de la lune qui "guident le monde, où il rend responsable les guides spirituels de sa génération ;
* enfin des étoiles et des planètes, où il rend responsable les constellations qui ont déterminé son destin (mazal) le jour de sa naissance.

Ainsi, par ces faux prétextes, suscités par son yétser ara, l'homme perd toute aspiration à changer ses attitudes et à s'améliorer.
Ce n'est que lorsque l'homme se dit : "La chose ne dépend que de moi", à l'exemple d'El'azar ben Dourdéya, que la véritable téchouva devient possible.

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome 4 p.85) enseigne :
El'azar, après l'échec de ses tentatives, comprit que seul lui peut réparer sa situation, selon le principe : "Tout est entre les "mains" du Ciel, sauf la crainte du Ciel". Il pleura alors et déclara que la chose, la crainte du Ciel, ne dépendait que de lui.

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=> A quoi fait l'allusion la tête d'El'azar placée entre les genoux?

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
El'azar s'est placé la tête entre les genoux, dans la même position que le fœtus avant sa naissance. Il y a ici une allusion au fait qu'El'azar ben Dourdéya a voulu se purifier totalement des transgressions qu'il avait commises jusque-là, afin de se retrouver, par sa téchouva, débarrassé de toutes ses fautes, comme l'est le fœtus dans le ventre de sa mère.

-> Selon le Yalkout Eliézer :
Par cette position, la tête entre les genoux, El'azar ben Dourdéya a voulu exprimer qu'il n'a pas fauté par rébellion, c'est-à-dire par rejet du joug Divin, mais parce qu'il s'est laissé entraîner par ses désirs.
En effet, il a voulu dire que sa tête, siège de la pensée, a suivi ses genoux qui "marchaient" vers la débauche; mais ses genoux rebelles à Hachem ne "marchaient" pas derrière les pensées de la tête. Il a voulu ainsi amoindrir la gravité de ses fautes.

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=> Pourquoi la Voix Céleste a-t-elle attribué le titre de Rabi à El'azar ben Dourdéya?

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
El'azar ben Dourdéya a mené un combat (riv - ריב) difficile contre son mauvais penchant (yétser ara) et l'a vaincu.
C'est pourquoi, afin de souligner le mérite de la victoire d'El'azar, la Voix Céleste a permuté l'ordre des trois lettres du mot ריב pour le transformer en רבי (Rabbi), afin de l'honorer et de le louer pour avoir combattu et soumis totalement son yétser ara.

-> Le Sifté 'Haïm (Moadim aléf) écrit :
Le titre de Rabbi est réservé en général à l'homme érudit qui enseigne la Torah à autrui. Mais El' azar n'a jamais enseigné la Torah pour être digne de ce titre ! En fait, il a enseigné au monde le pouvoir de la téchouva d'un
homme qui regrette sincèrement ses mauvaises actions antérieures : rien ne résiste devant sa volonté de se purifier, aidé par Hachem.
En un court instant' d'éveil spirituel qu'il a exploité, il a été capable de s'élever depuis l'abime profond où il
se trouvait de par ses fautes répétitives jusqu'à la vie éternelle dans le 'Olam Haba. C'est cette leçon qu'il a donnée au monde qui justifie son titre de Rabi formulé par la Voix Céleste.

-> Ainsi, la phrase-choc prononcée par cette courtisane a opéré à cet instant une prise de conscience chez El'azar ben Dourdéya. Il a su saisir cet instant privilégié d'éveil spirituel (hit'orérout) pour prendre conscience de sa situation et il a opéré un changement radical qui l'a amené à un repentir profond, tant il était ébranlé.

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=> La nature d'El'azar ben Dourdéya est imprimée dans son nom.

-> Selon le Maharal ('Hidouché Aggadot) :
Dans son prénom se trouve une allusion à ses actes répréhensibles et aussi à son pouvoir de repentir (téchouva).
En effet, "Dourdéya" signifie en langue araméenne la lie de vin (chmaré yaïne) qui renferme tous les déchets du vin. On sait qu'un tsadik est désigné vin et qu'un racha est désigné vinaigre. Lorsque le vin tourne au vinaigre, ce dernier n'est pas totalement abimé, car le vinaigre, produit dégradé du vin, reste utile. Par contre, la lie de vin (dourdéya), qui n'a pas d'utilité, fait allusion à cet homme totalement attaché à la transgression et à la débauche.
Cependant, son prénom El'azar fait allusion à son pouvoir de repentance (téchouva), car Hachem (El) apporte Son aide (ézer) à ceux qui décident de faire téchouva sincèrement, même si leur situation initiale est comparée aux déchets comme la lie de vin.

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+ Un instant d'élan spirituel peut changer notre vie :

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - si'ha 31) enseigne :
Il existe des instants privilégiés dans notre vie où nous sommes portés par un grand élan spirituel (hit'orérout) qui nous pousse à prendre une décision capitale qui peut changer notre vie dans ce monde-ci et dans le monde à venir. Cependant, si cette hit'orérout et cet instant d'élévation n'est pas utilisée immédiatement pour faire téchouva, elle s'affaiblit au cours du temps et cette ferveur disparait.

Un exemple (guémara Avoda Zara 17a) : celui de Rabbi El'azar ben Dourdéya qui, après une vie de débauche, a pu acquérir son 'Olam Haba en un instant grâce à un élan spirituel intense.

De même, lorsque Yitro apprit la traversée miraculeuse de la Mer Rouge à pied sec par les Bné Israël et l'engloutissement des égyptiens dans les eaux, il fut tellement impressionné par la grandeur d'Hachem qu'il prit immédiatement la décision irréversible de se convertir et d'entrer sous les ailes de la Chékina (Présence Divine).
Par contre, les Edomites, Moabites et Cananéens, impressionnés eux aussi par la sortie d'Egypte, n'ont pas su concrétiser leur ressenti à cet instant privilégié et n'ont pas fait téchouva.

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