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Parcha Yitro – compilation de divré Torah

+ Parcha Yitro - compilation de divré Torah :

"Moché sortit à la rencontre de son beau-père, il se prosterna et il l'embrassa, et ils s'enquirent chacun du bien être de son prochain" (Yitro 18,7)

-> Pourquoi est-il précisé : "à la rencontre de son beau-père"?

Pour Moché, le simple fait que Yitro soit son beau-père, suffisait largement pour qu'il doive lui témoigner son respect.
Ainsi, nous sommes obligés de respecter nos beaux-parents, à l'image de ses propres parents.
[Sifté Cohen]

En effet, Moché rabbénou qui avait le statut de roi d'Israël, n'aurait pas eu le droit de se rabaisser pour honorer Yitro, si ce n'est pas une obligation juive d'honorer ses beaux-parents.

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-> La principale raison pour laquelle Moché sortit à la rencontre de Yitro était pour témoigner du respect à son beau-père. De même, il faut honorer et respecter sa belle-mère.
La raison en est qu'un homme et sa femme sont considérés, chacun comme un "demi corps" (palga dégoufa). Ensemble, ils forment un être humain complet.
Par conséquent, de même qu'un homme doit honorer ses parents pour lui avoir donné naissance, il doit honorer ses beaux-parents pour avoir donné naissance à son épouse.
Tout comme ses propres parents ont contribué à la création de la moitié de son corps, ses beaux-parents ont contribué à la 2e moitié. Grâce à ses beaux-parents, son "demi corps" est devenu un être humain complet.
[Sifté Cohen]

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"Moché raconta à son beau-père tout ce que Hachem avait fait ... en faveur d'Israël ... et [comment] Hachem les avait sauvés" (Yitro 18,8)

-> Rachi : Pour attirer son cœur et le rapprocher de la Torah.

-> Moché voulait souligner à Yitro à quel point Hachem a pourvu à leurs nombreux besoins dans les moindres détails.

Yitro était au courant des miracles éclatants/majeurs, mais il ne pouvait pas avoir conscience des très nombreuses bontés avec lesquelles Hachem avait chouchouté Son peuple.
[Moché les lui a raconter] afin qu'il puisse pleinement apprécier l'implication [et l'amour permanent] de D. envers Son peuple.
[adapté du Sforno]

-> Moché a informé Yitro que c'est non seulement les égyptiens qui ont été vaincus, mais également leur Ange Céleste [chaque nation possède le sien] qui a été tué. Cela les rendait sans force pour de nouveau porter atteinte aux juifs.
Avec cette information, Yitro a alors compris que les juifs étaient véritablement libres et en sécurité des égyptiens.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> Bien que Yitro connaissait l'histoire de la sortie d'Egypte, Moché la lui a racontée.
En effet, c'est une mitsva particulière que de se rappeler des événements liés à la libération d'Egypte, comme il est écrit dans la Haggada de Pessa'h : "Celui qui fait la narration de la sortie d’Égypte plus longuement est digne de louanges".

Bien que Yitro avait déjà entendu auparavant tous les faits, Moché le lui a raconté avec tellement d'émotion et d'impression, que Yitro s'est ressenti comme s'il voyait les événements de ses propres yeux. Moché a véritablement rendu vivant tout ce qui s'est passé, et Yitro n'a pu alors s'empêcher de louer Hachem.
[Rabbi Yaakov Neuman (Darké Moussar]

-> A ce sujet, Rabbi Yossef Yachar (Lévouch Yossef) enseigne : "L’élément principal de la mitsva de raconter la sortie d’Egypte est de faire savoir la grande puissance de D., et le salut miraculeux qu’Il nous a accordé lorsqu’Il nous a fait sortir d’Egypte.
Et l’intention principale de ce récit est d’implanter dans le cœur des membres de notre famille la foi en D. et en la grandeur de Sa puissance et de Ses prodiges, ainsi que d’expliquer les miracles et les prodiges qu’Il a accomplis, afin de renforcer leur foi."

-> b'h, Voir également : https://todahm.com/2017/04/26/quelques-merites-de-raconter-la-sortie-degypte

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"Yitro dit : "Béni soit Hachem (barou'h Hachem) Qui vous a sauvés de la main de l'Egypte et de la main de Pharaon ..." (Yitro 18,10)

-> Il a été enseigné au nom de rav Papéyas : c'est une honte pour Moché et les 600 000 [juifs qui étaient avec lui] de ne pas avoir dit : "barou'h", et Yitro est venu et il a proclamé : "barou'h Hachem" (Béni soit Hachem).
[guémara Sanhédrin 94a]

-> Comment comprendre cela sachant que Moché et tout le peuple ont chanté "az yachir" : des louanges de remerciements et de gratitude à Hachem?

Le rav Shlomo de Radomsk répond que Yitro, alors non-juif, a été le 1er à remercier D. pour des bontés qu'il n'a pas vécues/bénéficiées personnellement, mais que d'autres ont pu expérimenter.
L'expression d'une telle gratitude est quelque chose que Moché et le peuple juif n'avaient pas encore accompli.

-> Pourquoi est-il important de remercier Hachem pour les bontés qu'Il procure à d'autres?

Rabbi El'azar Meisels répond qu'en se réjouissant de la réussite, du bonheur d'autrui, on détruit activement notre tendance naturelle à être égoïste.

De plus, cela permet de multiplier les occasions de développer notre émouna en Hachem.
En effet, en appréciant les bontés qu'Il peut faire chez tout le monde, on élargit largement les possibilités de gratitude, de prise de conscience de Son implication bienveillante dans les moindres détails de la vie.

[Par ailleurs, à chaque pensée de ce genre, nous réalisons la mitsva de : tu aimeras ton prochain comme toi même]

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"Ils jugeront le peuple à tout moment et toute affaire importante ils [la] porteront devant toi, et toute affaire mineure, ils [la] jugeront eux-mêmes, et cela te soulagera et ils porteront [le fardeau] avec toi" (Yitro 18,22)

-> Ils peuvent juger tous les cas dans lesquels ils sont experts, te laissant traiter ceux qui sont au-delà de leur expertise.
De même, ceux qui sont au-delà de tes compétences, tu [Moché] peux demander à Hachem de les résoudre.
[Ibn Ezra]

-> Actuellement, en raison du manque de juges disponibles, de nombreuses personnes qui ont des revendications légitimes ne parviennent pas à les faire valoir. En effet, elles ne souhaitent pas patienter dans la file d'attente pendant des jours et des jours, jusqu'à ce que tu [Moché] les reçoive.

Cela crée une incitation aux personnes malhonnêtes à s'en prendre aux autres, sachant que probablement ils ne seront pas appelés en justice.
En installant une multitude de juges, la justice sera rendue sur une base régulière, et la paix sera restaurée parmi la nation.
[Ramban]

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Il est à noter que
-> lorsque Yitro va exposer son idée (v.22), il est écrit : "toute affaire importante" (adavar agadol - הדבר הגדל) ;
-> tandis que lorsque Moché va accepter et reformuler cette proposition, il va dire (v.26) : "l'affaire difficile" (adavar akaché - הדבר הקשה).

S'il était d'accord, pourquoi ce changement de terme?

Pour Yitro, c'est seulement si une affaire a des montants importants en jeu qu'il est nécessaire d'y consacrer du temps, et des investigations poussées.
=> Il voulait faire une hiérarchie de traitement des cas basée sur les montants impliqués.

Moché a compris que selon la Torah, peu importe les montants en jeux (des milliards ou des centimes), toutes les affaires sont importantes, dans le sens où elles nécessitent chacune une investigation minutieuse pour les juger au mieux.
=> C'est pourquoi, il a mis en place une hiérarchie de traitement des cas basée uniquement sur la difficulté requise pour les solutionner.

[adapté du Rabbi 'Haim de Berlin - le fils aîné du Nétsiv]

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-> Tout juge qui prononce des décisions équitables selon la loi de la Torah est considéré comme l'associé de Hachem dans la Création.
La loi de la Torah est l'une des 3 choses qui maintient le monde en existence : "Le monde se maintient grâce à 3 choses : la loi, la vérité et la paix" (Pirké Avot 1,18).
Si ces piliers du monde n'existaient plus, le monde cesserait d'exister. Par conséquent, lorsqu'il maintient la loi, la vérité et la paix, le juge est l'associé de Hachem dans la perpétuation de l'univers.

De plus, lorsque les plaignants acceptent de bon gré la décision du juge, qu'elle soit en leur faveur ou non, eux aussi sont considérés comme les associés de Hachem dans la Création.
Ainsi la Torah dit : "Le peuple était debout autour de Moché du matin au soir" (Yitro 18,13) = le peuple debout autour de Moché et prêt à accepter sa décision était considéré comme un associé dans la Création, ainsi qu'il est écrit : "Ce fut le soir, ce fut le matin".

La paix est également l'une des 3 choses par laquelle le monde se maintient. Par conséquent, lorsque les plaignants acceptent la décision du juge et font la paix entre eux, ils sont associés dans la Création et contribuent à la continuité du monde.
[...]

Les juges constituent un corps législatif appelé le Sanhédrin. Le mot Sanhédrin peut être compris comme une abréviation des mots : "soné daron", qui signifie : "qui déteste les cadeaux".
Lorsqu'un homme possède ce trait de caractère, la seule chose qu'il juge importante est la vérité.
[...]

"Tu nommeras en tant que chefs de [groupe de] mille, chefs de cente, chefs de cinquante et chefs de 10" (v.18,21) : il y avait 600 chefs de mille, 6 000 chefs de cent, 12 000 chefs de cinquante et 60 000 chefs de dix.
[Méam Loez - Yitro 18,14 & 21-22]

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"Et tout ce peuple viendra en paix dans son endroit" (Yitro 18,23)

=> Grâce au conseil d'Yitro d'instaurer un système de juges pour traiter tous les litiges, le peuple pourra accéder à la paix. Mais que signifie que le peuple "viendra en paix dans son endroit"? De quel endroit parle-t-on?

-> En fait, d'après la mystique, une personne qui a commis un vol, s'il quitte le monde sans avoir restitué l'objet du vol, ne pourra pas accéder à la paix éternelle dans l'au-delà et devra revenir en réincarnation sur terre pour réparer son vol.
Ainsi, le verset vient dire que grâce aux juges qui vont rendre la justice, ceux qui ont commis un vol seront amenés à réparer et à restituer ce qu'ils ont volé. De la sorte, le peuple "viendra en paix", et pourra accéder à la paix éternelle, "dans son endroit" dans l'au-delà.
[Bé'hirat Avraham]

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+ Savoir écouter l'autre, fondement de la Sagesse :

=> Comment expliquer la juxtaposition du conseil que Yitro donna à Moché Rabbénou (la modification du système judiciaire) et la section relative au don de la Torah?

-> Yitro était peut-être un homme sage, mais il restait toutefois à un niveau bien moindre que celui de son illustre gendre, d’autant plus qu’il n’était aucunement lié à la sagesse de la Torah.
Moché aurait très bien pu l'écouter jusqu’au bout et repousser ensuite, poliment, sa proposition, sans véritablement la prendre en considération. Mais, il écouta attentivement et réfléchit sérieusement à ce conseil pour finalement décider de le mettre en application.
Rabbi Tsadok haCohen affirme que nous apprenons de Moché qu’une personne doit écouter ce que dit son prochain, quand bien même il s’agirait d’un homme simple ; c’est une façon d’apprendre de chaque individu. Il explique ensuite le lien avec le don de la Torah ; l’un des aspects essentiels de l’étude de la Torah est la capacité d’apprendre de tout homme.

=> Comment comprendre que ce soit un enseignement si primordial (cette disposition à apprendre des autres), au point d’en faire l’introduction au don de la Torah?

-> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou - Emor) écrit : "Certains hommes sont matmidim (étudiants particulièrement assidus) et s’investissent dans l’étude de la Torah, mais ils ne sont pas capables d’écouter les autres et de considérer leurs camarades d’étude, ils sont absorbés par leurs réflexions et ne s’intéressent pas aux autres. Ces personnes ne sont pas seulement sévèrement punies, mais elles ne réussiront même pas à avancer et persévérer dans leur étude."
Il poursuit en expliquant pourquoi le fait de ne pas être à l’écoute entrave l’étude personnelle si sérieusement : "L’individu est, par nature, centré sur son ego et reste aveugle à tout ce qui va à l’encontre de son opinion. Il ne pourra rien clarifier correctement sans écouter ce qu’un autre pense."

Cette incapacité naturelle d’écouter des points de vue qui vont à l’encontre du sien peut même empêcher un élève d’écouter correctement ceux qui sont plus érudits que lui. Il aura tendance à vouloir débattre avec tout ce qu’ils disent. Par conséquent, ce talmid ne pourra jamais vraiment comprendre et intérioriser ce que son maître lui dit. En revanche, la capacité d’écouter sincèrement et de comprendre ce que les autres pensent est l’une des clés pour atteindre la grandeur (la gadlout).

-> Le Alter de Novardok (dans haMéorot haGuédolim) exprimait cette idée quand il chantait les louanges du rav 'Haïm Ozer Grodzinsky :
"Sa sagesse et son génie sont profonds et vastes, parce qu’étant jeune, il restait toujours aux côtés des guédolé hador (dirigeants spirituels de la génération). Jamais, il n’essaya de leur imposer son opinion, mais il se considérait comme un réceptacle ; il écoutait et absorbait toutes les opinions et les explications des guédolim de son époque. Il intériorisa profondément tout ce qu’il entendit d’eux et cette proximité aux sages de plusieurs générations a élevé et purifié sa connaissance."
Quand on parle de la grandeur de rav 'Haïm Ozer Grodzinsky, on pense généralement à son génie naturel et à sa capacité à réfléchir à plusieurs choses à la fois. Le Alter de Novardok nous apprend que la clé de sa grandeur fut sa soif, son désir d’écouter attentivement et de comprendre tout ce qu’il entendait.

Il n’est pas évident d’accorder toute notre attention à ce que disent nos rabbanim, mais il est bien plus difficile d’écouter nos camarades, nos pairs. Souvent, quand nous entendons que quelqu’un va transmettre un dvar Thora, nous "décrochons", nous réfléchissons plutôt à ce que nous allons dire par la suite. Outre le manque de dérekh érets (respect, conduite appropriée), une telle attitude empêche grandement la personne de grandir et d’acquérir plus de sagesse.

[en effet, toute ces "petites" occasions où l'on se convint de "c'est bon, MOI je sais", on alimente notre égo, et l'on est alors davantage aveugle à l'opinion d'autrui (admettre qu'autrui sait ce que l'on ne sait pas, c'est d'une certaine façon accepter qu'on ne sait pas, qu'on lui est inférieur sur ce point, et ça c'est naturellement dur à notre égo (le MOI JE sais, MOI JE suis intelligent, ...), mais le prix final à payer est de s'empêcher de clarifier, d'apprendre des choses, et donc de devenir véritablement grand en Torah! On est prêt à sacrifier la Torah pour préserver son égo surdimensionné).]

-> Ben Zoma dit : "Quel est le sage? C’est celui qui apprend de toute personne" [et pas seulement des guédolim, des gens supérieurs en sagesse à nous] (Pirké Avot 4,1).

-> De nombreux commentateurs affirment que le 2e des 48 façons d'acquérir la Torah fait référence également à cela : "biChmiat haOzen" (par l'écoute attentive - בִּשְׁמִיעַת הָאֹֽזֶן - Pirké Avot 6,6).

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