Si ton frère s'appauvrit et qu'il est vendu à un idolâtre (Béhar 25,47)
-> Le terme Eker (עקר) qu'emploie le verset et que l'on a traduit par "idolâtre", signifie plus précisément "l'idolâtrie". C'est que l'esclave d'un idolâtre, devient en même temps esclave de son idolâtrie, car il sera contraint de réaliser des tâches qui serviront à cette idolâtrie. Les commentateurs expliquent que l'idolâtrie est exprimée par le terme "Eker" (עקר) qui signifie littéralement "déraciné", car l'idolâtrie est amenée à être déracinée du monde et à disparaître définitivement.
=> Mais pourquoi définir l'idolâtrie par un terme qui évoque sa disparition finale dans le futur et non par un terme qui la définit en elle-même, le temps de son existence?
-> Le Rabbi de Loubavitch explique qu'en fait, toute la raison pour laquelle Hachem a créé l'idolâtrie, et plus généralement le mal dans son ensemble, c'est pour le déraciner du monde. Hachem a créé le mal pour donner à l'homme la mission de nettoyer le monde et le purifier de cette impureté et ainsi recevoir la récompense de ce travail.
Le mal n'a aucun but en soi, aucune raison d'être intrinsèque. Il n'existe et n'a été créé que pour disparaître, pour que l'homme s'évertue par ses efforts à le déraciner, apportant par là au monde sa réparation.
Ainsi, l'homme ne doit pas chercher à vivre et s'adapter avec le mal en lui donnant une place dans sa vie. Car toute sa place ne se résume que par son annulation, il n'a aucune autre raison d'être. Ce n'est que quand l'homme s'efforce de l'écarter de sa vie et de le supprimer, sans compromis, qu'il l'élève et le répare, car il lui permet ainsi d'atteindre son objectif et la raison pour laquelle il a été créé, qui est justement le fait d'être déraciné.
On comprend donc pourquoi l'idolâtrie est appelé "Eker", car c'est bien là toute son identité.
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"Car les Bné Israël sont pour Moi des serviteurs" (Béhar 25,55)
-> Ce verset conclue le thème de l'esclave Hébreu. La Torah reproche à un juif de s'être vendu en esclave, même s'il se vend à un juif, "car les Bné Israël sont Mes serviteurs", et comme l'expliquent nos Sages
"et ils ne sont pas les serviteurs de Mes serviteurs", c'est-à-dire d'un autre homme.
Il en ressort qu'un juif qui devient serviteur d'un autre homme, ne peut plus être considéré comme serviteur d'Hachem, mais il n'est que serviteur du serviteur. Pourtant, l'esclave Hébreu est soumis à l'accomplissement des 613 Mitsvot, il peut parallèlement à sa servitude être un très bon juif, accomplissant toutes les lois de la Thora dans les moindres détails.
=> Pourquoi ne peut-il pas être un parfait serviteur d'Hachem, malgré sa servitude?
-> On apprend de là, constate le Saba de Kelem, que pour être un serviteur d'Hachem, il ne suffit pas d'accomplir toute la Thora dans sa totalité. Un serviteur, c'est celui qui n'est assujetti qu'à la volonté de son maître, rien ne compte et n'a d'existence pour lui, si ce n'est la volonté de son Maître, exclusivement.
Or, l'esclave Hébreu, même s'il accomplit toute la Torah et se conforme à la Volonté d'Hachem dans tous les détails, mais il doit parallèlement à cela, se soumettre également à la volonté de l'homme dont il est esclave. Sa volonté également compte et a de l'importance pour lui, il se doit de la remplir.
Certes, il peut être un très bon juif, mais pas un serviteur d'Hachem. Car pour en être un, l'homme ne doit avoir aucun autre centre d'intérêts, aucune autre priorité ou autre chose qui n'a d'existence pour lui, si ce n'est la Volonté Divine.