Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

La veille de Pessa’h – Quelques enseignements

+ La veille de Pessa'h - Quelques enseignements :

1°/ Le jeûne des premiers-nés :

-> Selon le Rama (Ora'h 'Haïm 470,1), il est de coutume que les premiers-nés masculins jeûnent la veille de Pessa'h.

-> Certains commentateurs disent que c'est en souvenir de la nuit de Pessa'h durant laquelle tous les premiers-nés égyptiens ont été tués, tandis que les les premiers-nés juifs ont été épargnés.
Cette raison semble difficile, car non seulement les premiers-nés masculins ont été sauvés, mais également les féminins.
De plus, dans les maisons égyptiennes où il n'y avait pas de premier-né, Hachem a tué le membre le plus âgé de la famille.
=> Si c'est ainsi, pourquoi les premiers-nés féminins et les membres les plus âgés du foyer (peu importe qu'il ou elle soit premier-né) devraient également jeûner?

-> Le rav Shlomo Zalman Auerbach répond que cette coutume que les premiers-nés masculins jeûnent la veille de Pessa'h, n'est pas liée à leur sauvetage miraculeux, mais elle provient du fait que spécialement en jour, ils sont accablés de chagrin et d'un profond sentiment de perte.

Initialement, les premiers-nés mâles étaient affectés pour accomplir le service dans le Temple.
Ils ont reçu ce rite sacré à la suite de la plaie des premiers-nés. En épargnant leur vie, Hachem les a sanctifiés pour qu'ils deviennent Ses serviteurs.
Cependant, à la suite du péché du Veau d'or, les premiers-nés ont perdu leur statut sanctifié, et le droit de réaliser le service du Temple a été transféré à Aharon et ses descendants.

Aucun autre jour de l'année ne souligne davantage la perte des premiers-nés que la veille de Pessa'h.
A l'époque du Temple, tous les juifs se rassemblaient à Jérusalem en ce jour afin d'apporter leur sacrifice Pessa'h au Temple, et ainsi pas moins de 600 000 offrandes étaient apportées en ce seul jour.
Tandis que les Cohanim s'immergeaient totalement dans le saint service de ce jour, les premiers-nés regardaient d'un air découragé, témoins de leurs propres yeux de l'étendue de leur perte.
A chaque offrande/sacrifice supplémentaire, leur angoisse et leur sentiment de perte s'intensifiaient davantage, puisqu'ils se rappelleraient comment le service du Temple pourrait être le leur s'ils n'avaient pas participé à la faute du Veau d'or.
=> Leur douleur était si importante la veille de Pessa'h, qu'ils n'arrivaient pas à manger ou à boire.
C'est comme cela qu'il arrivait que les premiers-nés jeûnaient la veille de Pessa'h.

[ainsi en l'absence du Temple les premiers-nés ne ressentent pas cette douleur, mais le jeûne la veille de Pessa'h doit nous relier à cela, et à espérer en la venue du machia'h avec laquelle les premiers-nés auront de nouveau une part dans le service du Temple.]

<--->

-> Le Yaavets (Siddour Yaavets, Inyané Erev Pessa'h) écrit que pendant le jeûne des premiers-nés, les personnes pieuses jeûnent également.

=> Avant Pourim, il y a le jeûne d'Esther, et avant Pessa'h, il y a le jeûne des premiers-nés. Pourquoi jeûne-t-on tout particulièrement avant ces 2 fêtes?

-> Le Maguid Mécharim (p.74) explique :
il existe un ange céleste du "côté du mal", qui encourage les gens à boire et à s'amuser.
Ensuite, cet ange monte au Ciel et accuse ces personnes pour leur imprudence.
A Pourim et à Pessa'h, nous avons l'obligation de boire une quantité considérable de vin.
Le fait de jeûner avant Pourim et Pessa'h va affaiblir cet adversaire céleste, l'empêchant d'émettre des accusations contre nous.
Le fait de jeûner en ces jours, démontre que notre consommation de boissons pendant la fête n'est pas pour satisfaire nos désirs corporels, mais uniquement afin de servir notre Créateur.

<--->

=> Il en résulte : on peut se poser la question suivante : est-ce qu'on doit faire un effort délibéré pour éviter de susciter la colère des anges et des démons lorsque l'on accomplit une mitsva?

-> Il y a plusieurs sources qui indiquent que c'est effectivement le cas :
1°/ nos Sages ont institué que la déclaration avec laquelle nous annulons le 'hamets avant Pessa'h (le Kol 'Hamira), doit être faite en araméen.
Le Séder Hayom (séder biour 'hamets) dit que la raison pour cela est que cette déclaration éveille les accusations d'anges contre les juifs pour avoir parlé de manière désobligeante du pain ("soient considérés comme inexistants et sans valeur, comme la poussière de la terre").
Puisque les créatures célestes ne comprennent pas l'araméen (cf. guémara Béra'hot 12b), ils ne peuvent pas comprendre ce qui est dit pendant l'annulation du 'hamets.

2°/ Le Shibolé haLéket (Pessa'h 218) dit que la raison pour laquelle "Ha La'hma anya" (l'ouverture de Maguid de la Haggada, où l'on convit à notre Séder tout celui qui a faim), est récité en araméen afin que les démons (mazikim) ne puissent pas comprendre notre invitation. En effet, sinon, ils viendraient et feraient des ravages à notre repas.

3°/ Le Ritva (Haggada Chel Pessa'h) rapporte une autre raison pour laquelle nous lisons le passage "Ha La'hma anya" en araméen, c'est afin d'empêcher les anges d'élever des accusations contre les juifs.
En effet, dans cette déclaration de "Ha La'hma anya", nous nous enorgueillissons de notre stricte observance des mitsvot, au point que nous affirmons plein de confiance que "l'année prochaine à Jérusalem".
Si les anges avaient la possibilité de comprendre notre déclaration, ils rappelleraient nos péchés et affirmeraient en retour que nous ne sommes pas méritants de la délivrance.
[ à ce sujet, voir également : https://todahm.com/2018/04/22/a-lahma-anya ]

-> Cependant, d'après d'autres opinions, on ne doit pas se préoccuper du mécontentement des créatures célestes lorsque l'on accomplit une mitsva.
Le principe directeur dans ce domaine est : "Celui qui observe les mitsvot ne connaîtra pas de mal" (chomer mitsva, lo yéda davar ra - Kohélét 8,5).
D'ailleurs, le midrach (Kohélet rabba chap.8) applique ce verset spécifiquement à la mitsva de se débarrasser du 'hamets avant Pessa'h.
Cela s'applique d'autant plus pendant la nuit de Pessa'h qui est appelée : "lél chimourim" (une nuit de protection), que la guémara interprète comme signifiant : "une nuit qui est gardée des esprits nuisibles".
[rabbi Binyamin - le frère du Shibolét haLéket ]

C'est pourquoi ces autorités apportent d'autres explications sur la nécessité de réciter ces textes en araméen :
1°/ puisque l'araméen était le dialecte parlé à Bavél, les Sages babyloniens ont institué que ces déclarations soient récitées dans la langue que tout le monde comprend. [Shibolé haLéket]
Les Sages qui vivaient en Israël ont en effet formulé une version en hébreu de l'annulation du 'hamets, puisque c'était la langue couramment parlée à cet endroit.
[voir la guémara Yérouchalmi Pessa'him 2,2, qui rapporte une version en hébreu de l'annulation du 'hamets.
Le Shibolé haLéket dit qu'en réalité même les résidents de Jérusalem récitaient une version araméenne, puisque l'araméen est "une langue joyeuse".]

2°/ La matsa n'est pas seulement un signe de délivrance, mais elle rappelle également ce qui se passe lorsqu'on ne se débarrasse pas du 'hamets.
Il est écrit : "Yéhouda est allé en exil, accablé par la misère (mé'oni - מֵעֹנִי)" (Eikha 1,3), et nos Sages (midrach Eikha rabba 1,28) commentent : ils sont allés en exil à cause du fait d'avoir mangés du 'hamets à Pessa'h ("oni" [misère] fait référence à "lé'hem oni", l'autre nom de la matsa).
Le "Ha La'hma anya" commence par la phrase : "voici le pain de misère" (ha la'hma anya). Nous lisons ce passage dans une langue étrangère (l'araméen) pour se rappeler que la raison de l'exil a été leur non vigilance à manger de la matsa et à avoir consommé du 'hamets à la place.

Rabbi Binyamin (dans le Shibolé haLéket - Pessa'h 218) donne cette explication, et ajoute que le restant du "Ha La'hma anya" continue sur ce même thème :
- "quiconque a faim qu'il vienne et mange" = nous assurons aux invités qu'ils peuvent se sentir à l'aise de manger chez nous, car nous mangeons uniquement de la matsa, et aucunement du 'hamets.
- "aujourd'hui nous sommes ici" = nous réalisons que la raison pour laquelle nous sommes en exil est parce que nous avons transgressé l'interdiction de manger du 'hamets à Pessa'h ;
- mais "l'année prochaine nous serons en terre d'Israël" = puisque nous ne transgressons plus la faute de manger du 'hamets à Pessa'h, nous sommes confiants que notre délivrance est imminente.

<-------------------------------->

2°/ La matsa la veille de Pessa'h :

-> On ne doit pas manger de matsa la veille de Pessa'h afin de pouvoir la manger avec appétit pendant le Séder.
Nos Sages (guémara Yérouchalmi Pessa'him 10,1) disent que celui qui mange de la matsa la veille de Pessa'h est comme celui qui se lie avec sa fiancée alors qu'elle est toujours dans la maison de son père.

=> Quelle est la comparaison entre ces 2 actions en apparence si différentes?

-> à un niveau simple, cette analogie a pour but de montrer comment une même action peut être un grande mitsva, mais peut aussi avoir des conséquences dévastatrices si en raison de notre désir effréné nous la réalisons prématurément.

-> Le Shibolé haLéket (208) ajoute une facette plus profonde à cette analogie.
Il doit y avoir 7 bénédictions (shéva bra'hot) que l'on récite avant qu'un mari et sa femme ne puissent vivre ensemble. D'une façon similaire, nous devons réciter 7 bénédictions au Séder avant d'avoir la permission de manger la matsa.
Il s'agit de :
1°/ haguéfen ;
2°/ mékadech Israël vé'azémanim (également dans le kidouch) ;
3°/ ché'hékhiyanou ;
4°/ haadama (pour Karpass) ;
5°/ acher guéalanou (à la fin de Maguid) ;
6°/ hamotsi ;
7°/ al akhilat matsa.
[la bénédiction de nédilat yadaïm n'est pas comptée car ce n'est pas une mitsva spécifique au Séder.
Le Lévouch (Ora'h 'Haïm 471) donne une autre façon de compter les 7 bénédictions avant de manger la matsa, mais l'idée reste la même.]

-> Selon le Ritva (guémara Pessa'him 50a), la matsa est comparable à une fiancée, puisque la matsa a été la première mitsva qui a été donnée à la fiancée d'Hachem, qui est le peuple juif, et ce à leur sortie d'Egypte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *