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"Les Bné Israël gémirent du sein de leur travail (min aavoda) et se lamentèrent ; leur plainte monta vers D. du sein de leur travail" (Chémot 2,23)

-> Les Bné Israël ne se sont pas plaints des épreuves physiques qu'ils ont subies en Égypte.
Ils ont compris qu'il s'agissait d'un décret du Ciel et ils l'ont accepté avec amour. Ils ont plutôt crié que leurs travaux éreintants du matin au soir ne leur laissaient pas un seul moment de libre pour servir Hachem.
Au lieu de consacrer leur énergie au service d'Hachem, ils ont été contraints de servir les égyptiens par des travaux inutiles qui n'apportaient aucun bénéfice spirituel.

Cela leur était particulièrement pénible lorsqu'ils comparaient leur propre situation à celle de leurs ancêtres, Avraham, Its'hak et Yaakov, dont la vie entière s'était déroulée au service de l'amour d'Hachem.
Lorsqu'ils comparèrent cela à leur propre service des égyptiens, ils crièrent à Hachem jour et nuit pour mériter de Le servir à leur place.

Hachem entendit leurs supplications et fut submergé par la compassion.
Malgré toutes leurs difficultés physiques et leurs malheurs, leur principale préoccupation était le service d'Hachem. Si telle était leur préoccupation, alors ils étaient certainement dignes de la rédemption.
Bien qu'ils n'aient pas encore accompli les 400 ans qui leur avaient été imposés lors du Brit bein HaBétarim, ils méritaient un plus grand crédit pour les années de servitude qui s'étaient déjà écoulées, étant donné que leurs épreuves étaient si horribles.
[...]

L'épisode qui a réveillé l'amour d'Hachem pour Ses enfants et Son désir de les racheter, c'est lorsque Pharaon est tombé malade, atteint d'une lèpre cutanée, et qu'on lui a conseillé de se baigner dans le sang d'enfants juifs. (voir midrach Chémot rabba 1:34)
Les Bné Israel ont crié d'une voix amère, mais Hachem a vu qu'en dépit de toutes leurs terribles épreuves, leur plus grande demande était de pouvoir Le servir.
C'est pourquoi le verset nous dit qu'ils ont crié "au sein de leur travail" (min aavoda). Cela ne se réfère pas à leur travail d'esclave auprès des égyptiens. Il s'agit plutôt du travail (aavoda), le travail le plus important de l'existence, qui est le service d'Hachem.
Ils s'écrièrent dans leurs prières : "Si seulement nous pouvions déployer le même effort que celui avec lequel nous servons les égyptiens, et servir Hachem à la place!"

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi le verset utilise tant de mots différents pour exprimer les cris de Bei Israël. Ce n'est qu'après avoir crié à Hachem (ils gémirent - וַיֵּאָנְחוּ) à cause du travail (de leur désir de Le servir), qu'ils ont crié (lamentèrent - וַיִּזְעָקוּ) à cause des tortures qu'ils ont endurées.
Le verset ajoute ensuite que leurs cris (leur plainte - שַׁוְעָתָם) sont montés jusqu'à Hachem.
Bien qu'ils aient également pleuré leurs difficultés physiques, ce sont leurs prières pour pouvoir servir Hachem qui ont entraîné leur rédemption.
[...]

Ainsi, les Bné Israel ont été délivrés avant le temps fixé, grâce à leurs prières sincères pour pouvoir mettre les efforts au travail du service d'Hachem.

C'est aussi ce mérite par lequel nous avons mérité de recevoir la Torah ...
Le Zohar (I,27a) explique que les durs labeurs des Bné Israël en Egypte symbolisent nos labeurs dans l'étude de la Torah :
"Ils ont aigri leur vie par un dur labeur" (Chémot 1,14) = cela fait référence au Talmud.
"Avec du mortier ('homer)" = cela fait référence au kal va'homer (le processus logique par lequel les idées talmudiques sont développées).
"Avec des briques (liv'énim)" = cela fait référence à la clarification (livoun) des halakhot.
"Et avec toutes les formes de travail sur le terrain" = cela fait référence à la braïta (les enseignements de nos Sages au temps de la Michna, que Rabbi Yéhouda haNassi a choisi de ne pas incorporer dans les 6 ordres de la Michna Le Talmud les cite souvent. ).

Que signifie ce parallèle entre le travail d'esclave des Bné Israël en Egypte et le labeur de l'étude de la Torah?
D'après ce que nous avons expliqué précédemment, cela est bien compris. Alors que les Bné Israel accomplissaient leurs pénibles travaux [d'esclaves] en Égypte, ils priaient pour mériter d'appliquer le même effort à l'étude de la Torah, au service d'Hachem.
Hachem entendit leurs prières et leur accorda la Torah, ainsi que la Michna et le Talmud, qui exigent un effort extraordinaire pour être compris correctement.
[ rabbi Yaakov Abou'hatséra - Bigdé Hasrad ]

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