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La lecture de la méguila : Est-ce aussi prier?

+ La lecture de la méguila : Est-ce aussi prier?

-> La guémara (Méguila 14a) enseigne que l'on ne récite pas le Hallel à Pourim, car la lecture de la meguilat Esther est considérée comme avoir lu le Hallel.

-> Le Magen Avraham (Ora'h 'Haïm 689,10) dit que la méguila est considérée comme une prière, car elle évoque le rassemblement des juifs pour jeûner et prier à Hachem, afin d'annuler le décret de Haman.

-> "Mon D., j’appelle de jour et tu ne réponds pas, de nuit, et il n’est pas de trêve pour moi." (Téhilim 22,3)
C'est à partir de ce verset, que la guémara (Méguila 4a) déduit l'obligation de lire la méguila la nuit, et de la répéter durant la journée, car à Pourim, les juifs ont crié jour et nuit pour être sauvés par Hachem.

=> Lorsqu'on lit la méguilat Esther, on est en train d'adresser une prière à D., pour qu'Il nous sauve de l'exil actuel, de la même manière qu'il a pu le faire à l'époque de Mordé'haï et Esther.

"[Le jour de Pourim,] A toute personne qui étend sa main (demandant de la charité), nous donnons" (Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 694)

Selon le 'Hidouché haRim, cela a une autre implication : Pourim est un jour particulièrement favorable pour que nos prières soient exaucées, car Hachem, qui peut tout nous donner, ne nous laissera également pas partir les mains vides.

Ainsi, n'hésitons pas à rentrer chez papa Hachem, encore et encore, par des requêtes du fond du cœur, afin de profiter qu'en ce jour : la loi est de donner à tout le monde (méritant ou pas).

Pourquoi se déguise-t-ton à Pourim?

+ Pourquoi se déguise-t-ton à Pourim?

-> L'une des coutumes les plus connues et les plus populaires de Pourim, est le fait de se déguiser (Rama - Ora'h 'Haïm 696:8).

-> Il est écrit dans la guémara ('Houlin 139b) :
"Où est-il fait allusion à Esther dans le Torah?

Le verset dit “Et je cacherai sûrement Ma face ce jour là” (Devarim 31:18).
Le mot en hébreu pour "Je cacherai" est : "astir", de la même racine que le nom : Esther. "

C'est ainsi que le nom de D. n'apparaît nulle part dans la méguilat Esther, comme une allusion au fait que D. était, pour ainsi dire, "caché derrière la scène".

-> A ce sujet, le rav Akiva Tatz a écrit :
"Pourim est l'époque où D. s'est mis un masque, mais Il n'est pas distant.
En effet, si quelqu'un est distant, il n'a pas besoin de masque pour éviter d'être identifié, la distance le permet.

Non, un masque est nécessaire quand on est très proche mais que l'on souhaite rester caché.
Le monde est Son masque ; la nature cache Sa présence, et il suffit seulement de les décortiquer pour révéler Son origine. [1]

L'épreuve, c'est le doute ; tout peut sembler être pure coïncidence et on peut retrouver l'idéologie d'Amalek dans la culture d'aujourd'hui où rien n'a de sens ou de valeur, où tout est accidentel.

Le masque est lourd et convaincant, mais ça ne doit pas nous détourner de notre mission, celle de révéler la Réalité qui se trouve derrière le masque. "

[Rav Akiva Tatz - Le masque du Monde]

[1] : [ Le mot nature : "hatéva" et le nom de D. : "Elokim", ont la même guématria : 86, car malgré les apparences, D. est aux manettes de Sa création en permanence.

Par ailleurs, en hébreu, le monde se dit : "olam", et est en relation avec "néélam" (caché), car Hachem s'est caché pour laisser place au libre arbitre. ]

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-> "Lorsque fut décrété par Haman que les juifs devraient être "détruits, exterminés et anéantis", ils se repentirent comme un seul homme.
Ils jeûnèrent et prièrent, "les juifs accomplirent et acceptèrent pour eux, pour leurs descendants" : ils s'engagèrent à accomplir toute la Torah.

Le principe suivant se dévoila alors en plein jour : les fautes sont une enveloppe superficielle, telle une fine coquille friable.
Pour peu qu'elle éclate, c'est tout le bien, la noblesse et la grandeur de cette sainte nation qui apparaît dans toute sa splendeur!

C'est là le message du déguisement, ce changement d'apparence tout superficiel.
Quelque soit le déguisement, tout n'est que façade! "

[Maayan Moèd - Pourim]

-> La méguilat Eliyahou commente le mot "lifnéém" (Esther 9,3) par : "Littéralement il signifie : "devant leur face". En effet, après avoir fait téchouva, la face des juifs était si brillante que personne ne pouvait se tenir face à eux. "

=> Nos fautes créent un masque entre Hachem et nous, qu'une téchouva sincère permet de retirer.
Nous constatons alors, à quel point D. est toujours lié à nous, et une joie énorme en ressort.

Un déguisement de méchant peut nous faire peur sur le moment, mais ensuite, lorsque l'on se rend compte que c'est qu'une connaissance, on en rigole (c'était trop bien fait, tu m'as fait peur!)

Il en est de même dans notre vie, où à certains moments nous avons peur, nous souffrons, mais plus tard Hachem retirera le masque, et nous en rigolerons (non seulement je me suis inquiété pour rien, mais en plus c'était à mon avantage!).

A l'inverse, le yétser ara peut revêtir un magnifique masque, et nous lui accordons alors toute notre confiance.
Cependant, lorsque plus tard, il le retirera, nous verrons que sous ce masque de gentil, il y avait en réalité un méchant sans scrupule, qui nous a volé ce qu'il y a de plus cher : notre vie!

Ainsi, dans ce monde d'apparence, facilement trompeuse, nous devons utiliser la Torah et la vision de nos Sages (garant de la vérité), afin de ne pas nous faire avoir (arnaque au masque!).

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-> Les déguisements transmettent le message que sur la scène de ce monde : la matière divise (un tel est déguisé en médecin, l'autre en avocat, ...), tandis que le spirituel unit (toute notre vie nous resterons des juifs ayant des objectifs communs).

Nous passons beaucoup de temps à nous émerveiller : regarde comme mon costume est beau, comment mon rôle dans le monde est sublime, ... ("moi je, moi je!"), et nous venons à en oublier de s'intéresser à la personne qui est derrière.

En effet, derrière notre enveloppe corporelle, il y a une âme divine, notre réel soi-même, qui doit être l'essentiel de notre vie.

=> Prenons conscience que derrière le masque superficiel des choses, il y a un vécu infiniment profond, car conseillé par le Créateur Lui-même.

Il serait dommage de passer sa vie à apprécier les papiers cadeaux de D., plutôt que d'exploiter ce qu'Il a mis pour nous à l'intérieur ...

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+ Quelques autres raisons de se déguiser :

1°/ Nos Sages racontent que le roi et sa femme Vachti avaient convenu de multiplier pendant le festin les actes de débauche afin de faire trébucher les juifs.

Hachem punit Vachti en lui faisant pousser une queue comme un animal ou bien qu'elle fut recouverte de lèpre, ce qui dénatura sa beauté, la poussant à ne pas se présenter nue, ce qui conduit à sa mort et à la venue de Esther, permettant notre délivrance.
En allusion à cela, nous aussi à Pourim nous cachons notre personnalité.
[Rav Tsvi Cohen]

2°/ Eliyahou haNavi prit l'aspect de l'un des serviteurs du roi Assuérus, nommé : 'Harbona.
Ce dernier proposa au roi d'utiliser la potence que Haman avait préparée pour pendre Mordé'haï, et c'est alors que le roi décréta : "Pendez Haman!"

3°/ Amalek, pour ne pas être reconnu lors de son attaque surprise, avait revêtu les habits traditionnels des habitants de Kénaan.
[Chlamé Todah]

4°/ Le miracle de Pourim n'était pas surnaturel.
D. se cacha à travers les événements qu'il dirigea Lui-même, et qui se sont déroulaient sur une période de 9 années.
C'est la notion de "Hester Panim" (cacher Sa face).
[Chlamé Todah]

5°/ La haine de Amalek contre le peuple d'Israël a pour origine le testament de son grand-père Essav qui haïssait Yaakov, lequel se déguisa pour lui "dérober" les bénédictions de son père Its'hak.

En se déguisant à nouveau à Pourim, on montre que ceci n'est pas une faute, mais qu'au contraire ces bénédictions revenaient de droit à Yaakov, qui avait racheté le droit d'aînesse.

6°/ Dans la guémara Méguila (12a), il est rapporté que les élèves de Rabbi Chimon bar Yo'haï demandèrent à leur maître la raison spirituelle du décret d'extermination.

Une des réponses était que plusieurs dizaines d'années auparavant, les juifs s'étaient prosternés devant la statue exposé par le roi Nabuchodonozor.
La guémara s'interroge : pourquoi finalement ont-ils été sauvés?

Et de répondre que toute leur intention n'était pas de faire de l’idolâtrie, mais simplement de ne pas provoquer la colère du roi.
Ainsi, à l'extérieur on les voyait pratiquer l'idolâtrie, mais à l'intérieur, dans leur cœur, ils restaient de fervents serviteurs de D.
C'est pourquoi D. se comporta envers eux de la même manière, mesure pour mesure, en leur envoyant un décret qui avait l'apparence d'être réel, mais au fond, D. savait qu'Il allait les sauver à la fin.

=> Nous nous déguisons en cachant notre face réelle, en souvenir du fait que rien n'était réel : ni l'idolâtrie, ni le décret.
[le Bné Yissa'har]

7°/ Pour éviter d'humilier les pauvres qui reçoivent les matanot laévionim, tout le monde se déguise : ainsi, le pauvre n'est pas reconnu, et le donateur non plus.
[Néta Gavriel]

8°/ Car les déguisement ajoutent à l'ambiance de joie et d'allégresse de Pourim.
[en ce jour nous avons l'obligation d'être uniquement joyeux!]

9°/ Esther cacha sa personnalité sans raconter qu'elle appartenait au peuple juif.
C'était comme si elle avait mis un masque sur son visage.
[Rav Tsvi Cohen]

10°/ Lorsque Esther supplia le roi d'annuler le décret, le roi quitta furieux le festin et sortit dans son jardin pour "prendre l'air".
C'est alors que D. envoya des anges qui se déguisèrent en jardiniers et entreprirent d'abattre tous les beaux arbres fruitiers qui s'y trouvaient.
Le roi leur demanda qui leur avait donné cet ordre, et ils répondirent : "C'est Haman!", ce qui le mit en colère effroyable.
[rav Chimon Barou'h]

11°/ Il est écrit : "Un grand nombre parmi les gens du pays se firent juifs, car la crainte des juifs s'était emparée d'eux" (méguila Esther 8,17)
Selon le Sfat Emet, il n'est pas dit qu'ils se sont convertis, mais qu'ils se "firent" juifs extérieurement, et c'est à cela que l'on fait allusion en se déguisant.

Le rav Shlomo Alkabetz fait remarquer que la méguila nous enseigne la différence entre les juifs et les non juifs.
- En effet, lorsque les juifs ont eu connaissance du décret d'anéantissement d'Haman, aucun n'a essayé de se convertir ou de déguiser son identité pour éviter la mort. Plutôt que d'abandonner leur religion à ce moment critique, ils se sont tous réunis ensemble pour s'attacher à Hachem.
[ => plutôt que de les diviser, cela les a unifiés, car tout juif est certain au fond de son cœur que Son papa Hachem est l'Unique Maître du monde, qu'Il l'aime infiniment et qu'Il peut tout!]
- A l'inverse, les non-juifs au fond d'eux-mêmes ont peu de foi dans leurs idoles, et lorsqu'ils sont confrontés à une menace potentielle, ils renient leur religion et s'attachent à ce qui peut les sauver (instinct de survie, plutôt que conviction).

=> On comprend mieux les paroles du Sfat Emet, enseignant que l'on se déguise à Pourim pour témoigner que ce qui compte ce sont les valeurs intérieures, et non pas l'apparence superficielle.
[Un déguisement contribue à ce que des personnes différentes paraissent identiques. De même, extérieurement un juif et un non-juif semblent les mêmes, mais à l'intérieur un juif a une âme Divine beaucoup plus puissante, qui fait qu'il a un pouvoir d'impact beaucoup plus puissant que les non-juifs.
=> En se déguisant à Pourim, on prend conscience de cela afin d'agir en toute responsabilité de notre statut de juif(ve), et ne pas se laisser berner par l'apparence extérieur similaire!]

12°/ Le rav Nevenzahl enseigne que les costumes sont un souvenir d'Amalek, qui a une force énorme de magie noire.
En effet, ils ont la capacité de se transformer en des animaux et d'autres formes, mais Hachem nous sauvera toujours d'eux.
En se déguisant, on se rappelle de ce pouvoir d'Amalek, et du fait que nous avons toujours D. pour nous défendre.

13°/ "Toute moquerie est interdite, hormis les moqueries de l'idolâtrie" [guémara Méguila 25]
Haman est un exemple d’idolâtrie de soi-même (ex: comment se peut-il qu'une seule personne du royaume ne se prosterne pas devant moi!).
Pourim est le moment où l'on observe un très large panel de déguisements.
C'est l'occasion de regarder en nous tout ce qui vient travestir notre véritable être/essence.
Quels sont tous les déguisements de ce monde qui font que nous ne voyons pas la vie comme il le faudrait?
En effet, le yétser ara a un énorme pouvoir d'illusion, transformant la réalité à l'image des déguisements de Pourim. Nous devons se moquer de cela (comment j'ai pu me comporter ainsi!), afin de revêtir notre véritable personnalité.
=> L'ambiance facilement légère de Pourim, nous apprend que nous devons nous moquer du culte de l'égo (mon honneur, mon argent, ma réussite, ...), et en profiter pour jouer notre propre rôle dans la vie, dans ce qui est Véridique et éternel (non un costume brillant pour une soirée, et après dans le monde futur c'est la gueule de bois éternelle!).

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+ Quelques halakhot intéressantes à ce sujet :

-> Il est conseillé de ne se déguiser qu'en tsadikim, comme Mordé'haï ou Esther ou en Cohen Gadol, et non en méchants (réchaïm), car ceci influence l'âme de l'enfant à se diriger vers le bien.
[rav Steinman ; rav 'Haïm Kanievsky]

-> On évitera de se déguiser avec un masque qui pourrait épouvanter ceux qui le voient.
[rav Nissim Karélits]

-> Si l'on est déguisé entièrement, on ne pourra pas prier, car on n'est pas digne de se présenter ainsi devant Hachem (avec légèreté).
[Chévèt haLévi]

-> Un homme ne pourra pas se déguiser en femme, et vice-versa (interdit de la Torah de ne pas mettre des habits de femme), et ceci même pour s'amuser.
['Hazon Ovadia]

Pourim : La coutume de taper des pieds

+ Pourim : La coutume de taper des pieds :

-> Pendant la méguila, à la prononciation du mot : "Haman", on a coutume de frapper (des pieds) afin d'accomplir la mitsva d'effacer son nom.
Le Choul'han Aroukh (Rama 690,17) conclut qu'il ne faut en aucun cas annuler cela, car chaque coutume s'appuie sur des raisons profondes.

-> Le Maté Moché dit que l'on trouve une allusion à cette coutume dans le verset : "Il adviendra, si le méchant est passible d'être frapper avec un fouet" (וְהָיָה אִם-בִּן הַכּוֹת, הָרָשָׁע - Ki Tétsé 25,2), dont les dernières lettres des 3 premiers mots forment : Haman (המן).

-> Dans la méguilat Esther, le nom de Haman est mentionné 54 fois, comme la valeur numérique de : em'hé (j'effacerai - אמחה).

Dans la paracha Béchala'h (17,14), Hachem dit à Moché : "Effacer, J'effacerai" (le souvenir d'Amalek), soit : מָחֹה אֶמְחֶה, et qui a une valeur numérique de : 107, ce qui équivaut à : "C'est Haman!" (זה המן).

[Séfer haMatamim]

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-> Le 'Hatam Sofer enseigne que taper à l'écoute du nom de Haman démontre notre impatience à voir la mémoire d'Amalek effacée.
Le fait d'accomplir un acte, nous aide à internaliser ce désir.

-> Le midrach Eliyahou (rapporté par le rav 'Haïm Falaji dans son commentaire sur le Choul'han Arou'h 969,9) écrit qu'il a reçu un enseignement de ses maîtres qu'à chaque fois qu'un juif tape sur le mot "Haman", Hachem fait en sorte que Haman ressente ce coup.

-> Rav Tchezner (Chaaré Yémé haPourim) fait remarquer que le but essentiel de cette coutume est de montrer son mépris pour Haman, c'est pourquoi ceux qui produisent des sons musicaux (à l'énonciation de son nom) font le contraire, car par cela ils l'honorent.

-> "Toutes les fêtes juives seront un jour annulées, à l'exception de Pourim qui sera toujours célébrée.
Rabbi Eliézer y ajoute : Yom Kippour."

[midrach Yalkout Chimoni Michlé - rémez 944]

-> "Tous les livres des Névi'im et des Kétouvim seront annulés aux jours du machia'h, à l'exception de la méguilat Esther, qui restera, tout comme les 5 livres de la Torah et les lois de la Torah Orale, qui ne seront jamais annulés
[...]
Les jours de Pourim ne seront jamais abandonnés."

[Rambam - Hilkhot Méguila 2,18]

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-> Esther a demandé aux Sages d'ajouter la méguila dans le corpus du Tana'h.
Les Sages ont hésité car le mot : "kétiva" (un écrit) apparaît 23 fois dans le livre de Dévarim, en correspondance avec les 23 livres du Tana'h, alors déjà présents.

-> Hachem dit à Moché : "Écris ceci en souvenir dans le Livre ... qu'effacer, J'effacerai le souvenir d'Amalek de dessous les cieux" (kétov zot zikaron baSéfer - Chémot - Béchala'h 17,14).

Le Rokéa'h commente que pour nos Sages : "Écris ceci" (kétov zot), est une bonne allusion à l'histoire de Pourim (Haman étant un descendant d'Amalek), et qu'il est approprié de l'inclure parmi les autres livres du Tana'h.
Son allusion n'est pas groupé avec les autres, mais est cachée dans le livre de Chémot, en accord avec la nature cachée d'Esther.

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-> le Baal Hatourim fait remarquer que la valeur numérique de l’expression "ma'ho em'hé" (J’effacerai - מחה אמחה) du verset : "car J’effacerai la trace d’Amalek de dessous les Cieux" (Béchala'h 17,14) est égale à celle des mots "zé Haman" (c'est Haman - זה המן - soit 107).
Par ailleurs, on remarque que le nom Haman (המן) est mentionné 54 fois dans la Méguila d’Esther, autant que la valeur numérique du mot "em'hé" (J’effacerai - אמחה).

"Mordé'haï passa (vayavor), il agit selon tout ce qu'Esther lui avait ordonné" (méguilat Esther 4,17)

-> Rav enseigne : "Mordé'haï passa outre au 1er jour de Pessa'h en jeûnant"
Chmouël affirme : "Il passa [dans le sens de traverser] le cours d'eau."
[guémara Méguila 15a]

=> Pourquoi est-il si important de relater que Mordé'haï a traversé un cours d'eau?

-> Le Zohar (III,276a) pose la question : "Comment un méchant comme A'hachvéroch a-t-il pu se trouver attaché à la vertueuse Esther, la prophétesse?

Et de répondre qu'en réalité, c'était une "démone" ayant l'apparence d'Esther qui se montrait à lui.

-> C'est ainsi, lorsque Mordé'haï lut le message provenant d'Esther demandant de passer outre le 1er jour de Pessa'h par le jeûne, et de déroger ainsi à l'obligation de manger de la matsa, il craignit qu'il s'agît là d'un acte n'émanant pas d'Esther, mais de la "démone" ayant son apparence.
Peut-être cette créature voulait inciter le peuple à la faute en l'écartant de la mitsva de matsa.

-> Selon nos Sages un élément relevant de la sorcellerie qui entre en contact avec l'eau, vient à disparaître.
La guémara (Sanhédrin 17b) rapporte au sujet de Zéiri : Ayant acheté un cheval, il le monta et lorsqu'il entra dans l'eau, celui-ci se transforma en lit.

=> Telle est la raison pour laquelle Mordé'haï traversa un cours d'eau, et soumit cette lettre à une telle authentification : émanait-elle réellement d'Esther, ou bien s'agissait-il d'un acte de sorcellerie?

On comprend le lien entre les affirmations de Rav et Chmouël, dans la guémara ci-dessous.

Effacer Amalek de nos jours

+ Effacer Amalek de nos jours :

-> "C'est une mitsva de lire la paracha Zakhor (le Shabbath précédant Pourim), et la Torah est éternelle : chaque homme est un microcosme et a en lui un petit "Amalek" : le mauvais penchant.

Dans ce passage (Ki Tétsé 25,17-19), on peut trouver : "[Amalek] a frappé en toi ceux qui étaient en arrière, tous les faibles à tes arrières, alors que tu étais las et épuisé".

Ce sont nos petites faiblesses, nos légères défaillances qu'on a renoncé à corriger, et dont le mauvais penchant va "tomber dessus" pour nous faire chuter.
[...]
Le mauvais penchant se tient à arrière tel un chien attendant un moment d'inattention [de notre part] pour attraper quelque chose à manger, de même, il essaie de nous voler une mitsva par ci, puis une mitsva par là, ...
Il embrouille l'homme, le persuadant que ce n'est qu'une perte de rien du tout.

[le Maayan Moèd - Pourim]

[Après 120 ans, le yétser ara sera là pour chiffrer ce qu'il a pu nous prendre, et il brandira cela afin de nous accuser lors du grand jugement portant sur notre vie.]

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-> Il est écrit dans la paracha Zakhor : "[Amalek] a surgi devant toi sur le chemin et qu'il a frappé en toi ceux qui étaient en arrière"

On retrouve la stratégie en 2 temps du yétser ara :
- nous faire tomber par la faute ;
- nous empêcher de nous relever, de repartir de l'avant, en nous faisant rester dans un état de tristesse d'avoir fauté.

-> Dans la paracha Béchala'h, pendant l'attaque surprise de Amalek, à chaque fois que Moché avait ses mains au-dessus de sa tête, le peuple juif avait le dessus, et sinon, c'était l'inverse.
["Quand Moché levait la main, Israël vainquait, et quand il laissait ses mains, Amalek vainquait" (17,11)]

On peut citer 2 explications :
1°/ lorsque les mains (naaché, l'action) sont au-dessus de la réflexion (nichma), alors on a : "naaché, vénichma", et Israël gagne.
Cependant Amalek (qui est en nous!) souhaite que nous inversions les priorités, nous faisant aller à notre perte. [Rabbi Akiva Tatz]

2°/ Notre rôle est de s'élever d'un monde où tout n'est que simple coïncidence/hasard, à un vie placée sous l'autorité d'Hachem.
Absolument tout événement prend sa source dans les mondes supérieurs, et Amalek ne souhaite pas que nous remontions aussi loin, préférant que l'on se focalise sur les manifestations visibles, naturelles (ce qui refroidit notre émouna).

Nous devons avoir les mains au-dessus de notre tête, vers le Ciel, démontrant notre certitude que rien ne peut avoir lieu dans ce monde, si Hachem n'a pas donné au préalable son accord.
[Ohr Guédaliyahou]

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-> "Quand Moché leva les mains, Israël gagnait, quand il les lâchait, Amalek gagnait" (Béchala'h 17,11)

On peut s'interroger sur la différence d'expression. Pour parler de la victoire d'Israel, le texte dit : "Quand Moché levait les mains", mais quand on parle de la victoire de Amalek, il n'est pas dit : "quand Moché baissait les mains", mais quand il les "lâchait les mains". Que signifie cette différence?

En fait, Amalek représente le mauvais penchant (yétser ara), qui s'insinue dans le coeur de l'homme pour le tenter à la faute. Le seul moyen de vaincre le mauvais penchant, c'est de "lever les mains", d'être prêt à faire des efforts, d'aller à contre courant de ses habitudes et tendances naturelles. Parfois même, de se faire violence, de renoncer à certaines envies, pour rester fidèle à Hachem, malgré les efforts que cela représente.
Mais si le juif arrête de se battre, de rester sur ses gardes, et si simplement il relâche les efforts, c'est déjà la victoire du mauvais penchant. Car on se serait déjà refroidi et on aurait baissé de niveau spirituel. Même si on n'aurait rien fait de mal dans les actes. Le simple relâchement des efforts est déjà en soi une défaite.
L'homme dans ce monde ressemble à un cycliste qui voudrait gravir une pente à contre-courant. Il doit pédaler, poursuivre et fournir des efforts en espérant gravir la pente. Mais s'il s'arrête de pédaler, il reculera automatiquement.
Dans la vie, c'est pareil : soit on progresse, soit on régresse. On ne peut stagner sur place. Si un jour, on réalise qu'on n'a pas progressé par rapport à la veille, on pourra en déduire qu'on a régressé.

=> D'où la nécessité toujours, de ne jamais se contenter du niveau atteint, le jugeant déjà satisfaisant et pensant qu'il n'est pas nécessaire de poursuivre les efforts déjà accomplis. Si un jour, on se satisfait de là où on est arrivé, on décide de "lâcher les mains", de suspendre l'effort pour une certaine période, alors on devra savoir que Amalek aura gagné une victoire sur nous.
[rav Mikaël Mouyal]

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-> "Quand Moché levait la main, Israël dominait" (17,11)

Il levait la main pour les bénir avec la birkat cohanim.
C’est pourquoi Rabbi Yo’hanan a dit : "Que signifie ce qui est écrit : "Quand Moché levait la main, Israël dominait, et quand il baissait la main Amalek dominait"?
Cela nous enseigne que le monde subsiste grâce à la "nessiat kapaïm" des cohanim."
[Séfer haBahir]

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-> Au tribunal d'En-Haut, certains anges défendaient Israël tandis que d'autres l'accusaient.
Ceux qui les incriminaient arguaient que les juifs ne méritaient pas d'être sauvés à cause de leurs fautes et de leur manque de foi ...
Par moments, la main de Moché s'alourdissait tant qu'il devait la baisser. C'était un signe que les forces dénonçant Israël en-Haut prévalaient et qu'Amalek allait l'emporter.
Cette dénonciation alourdissait la main de Moché et l'empêchait de la garder levée.
[...]
[Dans le Zohar (66b)], rabbi Chimon bar Yo'haï dit : "Ne pensez pas qu'il s'agissait là d'une bataille insignifiante. De la Création jusqu'à l'ère messianique, aucun bataille ne pourra lui être comparée. Même la grande guerre de Gog et Magog ne l'égalera pas."
La bataille n'était pas importante à cause des guerriers ou des armes utilisées, mais en raison des très fortes puissances spirituelles qui y participèrent.

[Selon Rabbénou Bé'hayé,] En Haut, le génie d'Amalek dénonçait Israël de toutes ses forces.
Seule la puissance remarquable des prières de Moché brisa le pouvoir de ce génie.
Par ses prières, Moché finit par forcer le génie d'Amalek à assister Israël contre Amalek.
[...]

"Yéhochoua affaiblit Amalek et son peuple par l'épée" (Béchala'h 17,13)
Yéhochoua avait remporté la victoire grâce à l'aide spirituelle de Moché, Aharon et 'Hour (le fils de Myriam).
Il y est fait allusion dans le verset : "Voici, comme il est bon et agréable lorsque des frères (a'him) résident ensemble en harmonie" (Téhilim 133,1).
Le mot "A'him" (אַחִים) est composé des initiales des noms : Aharon, 'Hour, Yéhochoua et Moché.
[Méam Loez - Béchala'h 17,12]

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-> On peut s'interroger. Apparemment, le verset aurait dû dire : "Quand Moché baissait ses mains ...". Pourquoi dit-il : "Quand Moché levait la main"?

En réalité, pour vaincre Amalek, symbole du mauvais penchant, il faut faire des efforts pour s'élever et progresser. Il faut lever les mains.
En revanche, si l'homme relâche ses efforts et cesse de s'élever et de progresser, alors il échouera et tombera. Et ce, même s'il ne baisse pas ses mains, même s'il ne cherche pas à descendre spirituellement.
En effet, pour vaincre le penchant, il n'y a pas d'autre choix que de s'accrocher et de grandir [garder nos mains vers le haut!]. Si on relâche ses efforts, même si on ne baisse pas les mains, même si on ne cherche pas à descendre, le simple fait d'arrêter de faire des efforts, cela conduit déjà à perdre la guerre contre le mauvais penchant.
[rabbi Zalman Sender Shapira]

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-> "Tout ce qu'un juif accomplit doit se faire dans l'intention d'effacer grâce à cela le souvenir d'Amalek, et lorsqu'il y veillera, je suis certain qu'il se débarrassera de toutes ses souffrances".
[Beit Aharon]

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-> Puisque aujourd'hui nous ne pouvons pas identifier qui est Amalek, l’essence de la mitsva est pour chacun de nous d’effacer Amalek de l’intérieur de nous, de rejeter et mépriser le mal qui est en nous.

[Rav Ye’hezkel Levinstein]

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-> "En chacun d'entre nous se dissimule une zone d'ombre de l'ordre d'Amalek, qui refuse de se plier même s'il connaît la vérité, qu'il nous pousse à refuser de regarder en face.

Or, lorsque l'homme se trouve face à la vérité, impossible à nier, comme lors de la sortie d'Egypte, le mauvais penchant risque de le pousser à lutter contre celle-ci et à la refroidir, par refus de se soumettre."

[Rav Yitzhak Brodiansky]

[il nous arrive tous d'avoir des moments de vérité (ex: un cours de Torah, un événement très fort de notre vie, ...), et plutôt que d'en profiter pour renforcer notre comportement, notre amour envers Hachem, le yétser ara va nous refroidir (ex: ce n'est qu'une coïncidence ; c'est certes un cours impressionnant, mais cela peut bien attendre un peu avant d'être mis en pratique (il y a le temps!)... ]

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-> Si Amalek n'avait pas attaqué Israël, aucune nation n'aurait jamais eu de pouvoir sur les juifs. Les comptes-rendus sur la défaite des égyptiens auraient produit une impression permanente sur le monde ...
Sans Amalek, toutes les nations du monde auraient éprouvé un immense respect pour Israël. Beaucoup se seraient converties au judaïsme et celles qui ne l'auraient pas fait auraient, au moins observé les 7 lois Noa'hiques.
En voyant la puissance de D., les nations auraient craint de fauter.

Mais dès lors qu'Amalek avait attaqué Israël, les nations se mirent à minimiser les miracles de la sortie d'Egypte et de la Mer Rouge.
Si le D. des juifs était si puissant, comment Amalek avait-il pu tuer tant de membres de Son peuple?
Par conséquent, l'attaque d'Amalek fit fauter le monde entier.
Amalek est responsable de tout le mal fait par toutes les nations de tous les temps.
[...]

Chaque fois qu'une personne faute, elle renforce Samaël (l'ange gardien d'Amalek, garant du libre arbitre dans ce monde), et ceci à son tour donne de la force à Amalek.
Ainsi, alors que Hachem Lui-même détruit le pouvoir des autres anges des nations (chacune ayant un ange tutélaire), il nous incombe à nous de briser le pouvoir de l'ange d'Amalek : nos fautes lui donnent de plus en plus de force.

Dans sa bénédiction à Essav, Its'hak dit : "La voix est la voix de Yaakov, mais les mains sont celles d'Essav" (Béréchit 27,22) = lorsque Yaakov (les juifs) faiblit dans l'étude de la Torah et dans la prière, alors la main d'Essav (dont Amalek est un digne descendant) devient plus forte.
La force de Samaël, l'ange d'Amalek (Essav) dépend directement de notre comportement! ...

Amalek ne peut être détruit tant que nos péchés renforcent son ange tutélaire (Samael).
Lorsque nous nous repentirons et que nous améliorons nos actes, Amalek sera automatiquement effacé du monde.

Le Alchikh haKadoch fait remarquer qu'il y a une contradiction importante :
- d'un côté Hachem Lui-même jura de détruire Amalek ("J'effacerai totalement le souvenir d'Amalek de sous les cieux" - Béchala'h 17,14) ;
- pourtant, plus tard, c'est à nous qu'Il donna le commandement de le faire ("Tu effaceras la mémoire d'Amalek de dessous le ciel" - Ki Tétsé 25,19)

Dans le cas des autres nations, Hachem commence par détruire l'ange tutélaire, puis s'occupe du peuple. [lorsque l'ange responsable d'une nation disparaît, alors sa nation n'a plus de force et tombe/disparaît automatiquement]
Ici, la situation est inverse. Nous (les juifs) devons d'abord détruire l'ange tutélaire d'Amalek en cessant de fauter et en nous repentant. C'est là notre responsabilité à nous.
Ensuite, comme Hachem l'a juré, Il détruira sa nation (Amalek).
[Méam Loez - Béchala'h 17,16]
[il se passe la même chose après que nous écoutons un cours de Torah, des paroles pleines de Vérité.
Le Amalek en nous vient tout minimiser, ridiculiser, ... réduisant à minima les implications concrètes de nos bonnes volontés théoriques qui viennent de se réveiller par les paroles de Vérité écoutées/lues.]

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-> "Ta colère le poursuivra, et Tu le feras disparaître de sous les cieux de D." (Eikha 3,66)

Le Imré Emet demande : "Que signifie l'expression 'sous les cieux de D.'? Lorsque l'on voit des événements se dérouler dans notre monde, nous devons retirer l'écran qui nous empêche d'y voir la main de D. C'est alors seulement que l'on voit que tout ce qui se passe ici, c'est au-dessus du Ciel, par la volonté de D. que cela se produit. Tu dois faire disparaître l'idée qu'il puisse y avoir quoi que ce soit dans le monde 'sous les cieux de D.', comme si cela pouvait être en dehors de Sa volonté et de Sa connaissance. 'Tu effaceras le souvenir d'Amalek de sous les cieux' : efface le Amalek qui sommeille en toi, et qui te convainc dans ton cour qu'il existe quelque chose qui existe 'sous les cieux'. Quant à toi, tu dois savoir que tout est 'au-dessus des cieux'."

-> Lorsqu'on est en tension avec un voisin parce qu'il a dit ceci, ou qu'il a fait cela, il est bon de savoir que D. nous regarde tous deux et nous dit : "Ne savez-vous donc pas que tout vient de Moi?"
La guemara (Shabbat 129a), dit : "Il est bon que l'on vende les poutres de sa maison, et que l'on se chausse de chaussures". Les Maîtres de la Tradition expliquent : "Les poutres de la maison, c'est le toit, qui recouvre la maison. Et quel est le lien entre le toit et les chaussures ? Le toit est ce qui nous sépare du ciel. Si l'on vend le toit, on peut comprendre que tout vient du Ciel, et alors on achètera des chaussures, mettant ainsi une séparation entre nos pieds et la terre. En effet, jusqu'à présent, avant de comprendre que tout venait de D., nous étions rattachés à la terre ; mais après avoir retiré le toit, nous pouvons nous détacher du sol, et comprendre que la main de D. est en toute chose, en toute action et en tout sujet."

-> Le Tiféret Chmouël écrit de même :
"Efface le souvenir d'Amalek de dessous les Cieux" (25,19) = "Efface son souvenir et celui de tous ceux qui poursuivent sa voie, en prétendant que tout ce qui advient dans le monde se produit dessous les Cieux, à savoir fortuitement sans l'intervention de la Providence d'Hachem.
En tant que juifs, il nous incombe au contraire, d'enraciner en nous que tout ce qui advient dans le monde, le meilleur comme le pire, est le fruit de la Parole d'Hachem qui, depuis les Cieux, conduit le monde ici-bas à chaque instant et dans ses moindres détails. Car personne ne peut toucher à ce qui revient à autrui sans que cela ne l'ait été décrété au préalable dans le Ciel.
De même, la subsistance de l'homme étant fixée depuis Roch Hachana pour toute l'année, aucun bénéfice ni aucune perte ne peuvent survenir si cela ne l'a pas été décidé d'En-Haut. Une brindille ou un morceau de paille ne peuvent bouger sans avoir reçu un ordre formel au préalable précisant leur destination."

-> Le rav Its'hak Mordé'haï Zilberstein (Rimzé Ma'hchava) écrit :
[A l'époque de Pourim] , à propos du verset : "On rapporta à Mordékhaï tout ce qui était advenu" et le midrach (Esther Rabba 8,5) de commenter : "(Mordékhaï) ordonna à Hatakh : va et dis-lui (à Esther) que le descendant de "il est advenu" s'en prend à vous (aux juifs), c'est ce qui est écrit "Souviens-toi de ce qui t'est advenu" (au sujet d'Amalek dont le descendant était Haman, le terme de "advenu" a une consonance d'évènement fortuit, livré au hasard, et constitue la devise de l'existence d'Amalek qui refuse l'existence de la Providence Divine).
C'est pourquoi Mordékhaï rassembla alors tous les juifs afin de renforcer leur émouna dans le Créateur, et afin qu'ils sachent que l'impureté d'Amalek basée sur un monde livré au hasard, est mensongère et sans fondement, et que tout ce qui arrive dans le monde est le fruit d'une raison Supérieure."

Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Pour cette raison, la Torah nous ordonne au sujet d'Amalek "N'oublie pas", car à chaque instant et à chaque époque, nous avons le devoir de regarder vers le Ciel et d'avoir foi que tout ce qui nous arrive est le fait d'un calcul bien précis de notre Père Céleste. Et personne ne peut dire que Hachem l'a oublié, puisqu'à chaque instant, Son regard est posé sur chaque juif pour lui prodiguer du bien et le soutenir dans ses épreuves.

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-> "J'effacerai le souvenir de Amalek" (17,14)

=> Pourquoi la Torah est-elle aussi radicale concernant Amalek?
Le peuple Juif a plusieurs ennemis, mais c'est uniquement Amalek qui a eu ce traitement aussi catégorique de devoir complètement être effacé!

Amalek est décrit dans la Torah par les termes : "Il ne craint pas Hachem".
Bien que chaque ennemi d'Israël ne craint pas Hachem, si la Torah spécifie Amalek, c'est que lui n'a aucune trace de crainte d'Hachem.
De plus, l'essentiel de la vitalité de l'homme réside dans le fait qu'il a un quelconque lien avec la crainte d'Hachem. C'est ce lien qui le fait exister et qui lui permet de vivre.

=> Amalek, qui n'a aucun rapport avec la crainte d'Hachem, il lui manque donc l'essentiel de ce qui fait subsister un individu. Il n'a donc pas de pérennité, ni de possibilité d'un quelconque devenir. Il est donc condamné à disparaître et à être effacé.
[Maar'hé Lev]

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+ Amalek :

-> Amalek attaqua le peuple juif le 23 Iyar 2448, un mois et 8 jour après la sortie d'Egypte (le 15 Nissan), suite à un manque de émouna du peuple, qui a mis Hachem à l'épreuve.

-> Amalek est le petit-fils d'Essav, par son fils Elifaz.
Le midrach raconte que ce ne sont pas uniquement ses descendants qui vinrent attaquer les juifs dans le désert, mais Aamalek lui-même (âgé alors d'au moins 220 ans!).

-> Selon le midrach Tan'houma, Amalek résidait dans le Néguev ou dans les monts Séïr, et il dut faire un trajet de 1 460 km, afin d'arriver à Réfidim (lieu de campement des juifs).

-> Amalek était accompagné :
- selon le midrach Aba Gourion : de 400 000 hommes ;

- selon le Séfer haYachar : 10,18 millions de soldats, dont de nombreux magiciens et sorciers.
En effet, Amalek était persuadé que la force de Moché provenait de la sorcellerie, et qu'il a juste était plus fort que les magiciens égyptiens.
Il y avait aussi des sorcières, dont la propre femme d'Amalek, afin de multiplier les forces surnaturelles.

Moché par la puissance de la prière a réduit à néant ces forces de la sorcellerie, inversant par exemple les horaires du soleil, de la lune et des autres astres.

-> La guémara (Yérouchalmi Roch Hachana 3,8) rapporte que Amalek choisit des guerriers dont c'était l'anniversaire, sachant qu'en ce jour, la chance les accompagnerait et qu'ils seraient ainsi invincibles.
Il utilisait l'astrologie pour calculer les heures propices à l'attaque.

-> Le Yalkout Chimoni ('Houkat 764,21) écrit que Amalek reçut en testament un enseignement de son grand-père Essav qui lui disait : "Garde précieusement cette tradition et transmets-la à tes descendants : Tu pourras vaincre les juifs dès qu'ils se relâcheront dans leur service divin".

"Réfidim", signifie : "faible" ou "relâché", les juifs étaient devenus vulnérables à l’attaque d'Amalek, car ils s’étaient relâchés dans l’étude de la Torah.
[rafou yédé'hèm min haTorah - guémara Sanhédrin 106a]

-> On a l'obligation d'effacer le nom d'Amalek, car il s'attaqua à la émouna, effaçant par cela le nom de D., en expliquant que tous les phénomènes surnaturelles sont dus au hasard (cf. Rachi sur le mot : "kar'ha").

En lisant la paracha Zakhor, on se rappelle les pouvoirs de notre yétser ara : il nous refroidit aux mitsvot (ex: encore rien qu'une fois avant de changer!, c'est pas si grave!), il diminue notre émouna (ex: c'est le hasard ; tu peux agir sans l'aide de D., où est Hachem lorsque tu es dans la difficulté?, ...).

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-> "Amalek vint et combattit contre Israël à Réfidim" (17,8)

Les Amalécites utilisèrent les moules à briques qu'ils s'étaient procurés dans les archives égyptiennes.
Ainsi, possédant la liste des noms des juifs, ils les appelaient par leur nom, comme des amis.
Lorsque les juifs quittaient la protection des Nuées de Gloire pour aller à leur rencontre, les Amalécites les tuaient. [midrach Tan'houma - Ki Tétsé]
Ce fut ainsi qu'ils amorcèrent leur attaque.

Les Amalécites attaquèrent ainsi les hommes devenus rituellement impurs et qui devaient quitter le camp pour se tremper dans un cours d'eau.
Ils n'étaient pas admis dans le camp car Hachem avait ordonné : "Ton camp sera saint" (Dévarim 23,15).
Lorsque ces hommes quittèrent la protection des Nuées de Gloire, les Amalécites les soumirent à des violences homosexuelles et les tuèrent. [Pirké déRabbi Eliézer 44]
[Méam Loez - Béchala'h 17,8]

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-> La force d'Amalek provient du kiboud av exemplaire d'Essav, que nous pouvons effacer lorsque nous donnons notre cœur à Hachem - cf. : http://todahm.com/2019/03/02/10162-2

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+ La mitsva d'effacer le souvenir d'Amelek

-> Cette mitsva s'accomplit en tuant hommes, femmes, enfants, animaux, et en détruisant tout souvenir d'Amalek.
Il est à noter qu'aujourd'hui nous ne savons pas précisément qui est descendant d'Amalek.

Par le passé, elle a pu être accomplie :
- partiellement dans le désert par Yéhochoua bin Noun, à l'époque de Moché, suite à leur attaque surprise (cf.fin paracha Béchala'h) ;

- à l'époque du roi Chaül, sur ordre du prophète Chmouël, mais il cru bon de laisser vivre le gros bétail, et leur roi Agag ne fut tué que le lendemain par le prophète Chmouël.
Cependant, durant cette nuit, Agag eut des rapports avec une servante qui put ainsi donner une descendance à Amalek, d'où sortira par exemple : Haman.

- à l'époque du roi David, son général Yoav continua cette mitsva en allant les combattre (cf. guémara Baba Batra 21).

- Mordé'haï et Esther réussirent eux aussi à en anéantir nombre d'entre eux, mais plusieurs réussirent à s'échapper.

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-> Le Maharal Diskin (19e siècle) écrit qu'il possède une transmission (massorét), selon laquelle le Gaon de Vilna (18e siècle) a affirmé que la nation allemande faisait partie des descendants d'Amalek.
Le Gaon de Vilna ajoute que ces derniers ont des signes particuliers, facile à reconnaître : ils s'embellissent aux yeux du monde avec toutes sortes de civilités, mais leur cœur est empli de haine pour les juifs.

-> Le rav Yoël Shwartz dit que néanmoins, on ne peut aujourd'hui plus faire aucune conclusion à ce sujet, car tous les peuples ont été mélangés et déplacés de leur terre natale par le roi San'hériv, il y a près de 2600 ans.
On ne pourra accomplir cette mitsva de nouveau qu'à la venue du machia'h.

=> De nos jours, on doit combattre le Amalek qui est en nous, comme cela a été abordé (b"h) au tout début de ce dvar Torah.

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+ Peut-on accepter la conversion des descendants d'Amalek?

-> La guémara (Guittin 57b) écrit que les petits-fils de Haman étudièrent la Torah à Bné Brak.

-> Le 'Hazon Ich explique qu'il s'agit des petits-fils de la fille de Haman. Or, la règle chez les non-juifs est que la transmission se fasse d'après le père, qui dans notre cas n'était pas un descendant d'Amalek.
Par contre, s'ils ont combattu contre les juifs, il est impossible de les accepter.

-> Voici 2 mérites expliquant leur conversion future :

1°/ Selon le midrach (Esther rabba 10,4), bien qu'étant complètement méchant, il a une fois proclamé sa reconnaissance de la providence divine, lorsqu'il a été forcé à déplacer Mordé'haï sur un cheval.
Rabbi 'Haïm Pin'has Scheinberg dit que par ce mérite d'avoir été momentanément conscient, que ses succès et ses souffrances sont entièrement dans les mains de Hachem, il a mérité d'avoir une si belle descendance.

2°/ Selon rabbi Yaakov Kamenetsky, on apprend un principe très important : une personne est récompensée pour avoir générée du Kiddouch Hachem indépendamment de ses motivations personnelles.
Puisque la chute miraculeuse de Haman a généré un grand Kiddouch Hachem, rien que pour cela il mérite une énorme récompense.
[évidemment, qu'il devra rendre des comptes pour chacun de ses mauvais actes]

Selon l'Alter de Kelm, on peut tirer la leçon suivante : si Hachem récompense aussi grandement les personnes mauvaises (comme Haman), et ce pour une conséquence contraire à leur volonté ; combien à plus forte raison, Hachem récompensera infiniment toute personne qui volontairement s'efforcera de sanctifier Son nom.

"Pendant la journée de Pourim, Hachem désire que nous nous trouvions dans une grande joie, que nous mangions et buvons, et lorsque nous accomplissons Sa volonté, Lui aussi exécute la nôtre, et nous accorde tout ce que nous Lui demandons."

[le Divré Chmouël]

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-> "Lorsque le mois d'Adar arrive, nous augmentons la joie" [guémara Taanit 29a]
Le 'Hidouché haRim de commenter : "Cela fait référence aux mitsvot. On doit se réjouir des mitsvot qui se présentent à nous!"

-> Pourim est un jour riche en mitsvot, qui sont d'une certaine façon "faciles" à accomplir (ex: il faut manger, faire des cadeaux à autrui, être joyeux).
C'est donc un jour idéal pour se rendre compte de la chance d'avoir des commandements de D., qui ne sont que des "excuses divines" afin de nous combler de bénédictions.
Cette prise de conscience doit nous illuminer de joie pour toute l'année à venir!

-> Le rav Yossef Salant (le Béer Yossef) rapporte que l'erreur des juifs à l'époque de Pourim, fut de croire qu'en situation d'exil, dominés et soumis au joug des nations, une certaine tolérance religieuse peut être envisagée.
A leurs yeux, ces circonstances justifient une certaine permissivité envers les mitsvot dont le but est de nous distinguer des nations du monde.

Le midrach (cité par Rachi sur Ekha 1,25) exprime la pensée des juifs de cette époque : "C'est par Ta faute [Hachem] qu'ils me haïssent, parce que Tu m'as distingué d'eux par la nourriture, les boissons, et l'interdit du mariage. Si Tu m'avais laissé me marier avec eux, ils m'auraient pris en pitié moi, mes fils et mes filles."

=> Ainsi, ils pensaient qu'en se tenant à l'écart, en ne participant pas au festin, le roi considérerait cela comme un affront dont il se vengerait.
Comme si la Torah n'impose ses commandements que lorsque le peuple vit paisiblement sur sa terre.
Or, la Torah précède l'existence de ce monde, et tout dépend d'elle.

La guémara (Méguila 12a) rapporte qu'à l'époque de Nabuchodonosor, les juifs se sont prosternés devant la statue, la servant extérieurement, mais dans leur cœur ils sont restés fidèles à Hachem.

Rabbi Chimon bar Yo'haï d'y conclure : "Eux n'avaient servi l'idole qu'en apparence [à l'époque de Nabuchodonosor], aussi Hachem menaça les juifs qu'en apparence [à l'époque de Pourim"] "

=> Pourim est le moment où l'on ré-accepte sur nous la Torah, mais dans la joie, dans la conscience de la chance et de l'honneur de pouvoir la réaliser pleinement.

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-> "Esther le déchêcha à Mordé'haï pour savoir ce que cela voulait dire [ma zé] et pourquoi cette manière d'agir [al ma zé]" (Esther 4,5)

La guémara (Méguila 15a) de commenter :
"Esther avait fait dire à Mordé'haï : Peut-être les juifs ont-ils transgressé les 5 livres de la Torah, dont il est dit : "Des tables écrites d'un côté [mizé] et de l'autre [oumizé]." (Ki Tissa 32,15). "

=> Le message est que nous devons être fidèle à notre Torah, d'un côté (notre intériorité : dans notre foyer en privé, dans notre cœur), mais également d'un autre côté (à l'extérieur, à toute époque et environnement/milieu).

Shabbath : un jour spécial pour l’étude de la Torah

+ Shabbath : un jour spécial pour l'étude de la Torah

-> "La seule raison pour laquelle le Shabbath et les jours de Yom Tov ont été donnés, est afin d'accorder au peuple juif du temps pour étudier la Torah"
[guémara Yérouchalmi - Shabbath 15,3]

Selon la Pessikta (déRabbi Bére'hya 23), ceci est tout particulièrement le cas de ceux qui travaillent durant la semaine, et qui se doivent d'étudier autant que possible en ce jour.

-> Par le fait d'étudier la Torah, un juif construit un édifice spirituel ... qui sera sa part dans le monde à venir.

Puisque Shabbath est un semblant du monde à venir, la Torah et le Shabbath sont liés intrinsèquement.
Le jour du Shabbath cette capacité de construction de son monde futur est 1 000 plus importante que le restant de la semaine.
[le Ben Ich 'Haï]

=> Si l'on avait un journée durant laquelle notre employeur multipliait notre salaire par 1 000, est-ce qu'on se priverait d'en profiter?
Il en est de même à Shabbath (à une échelle spirituelle!), et l'on imagine la honte de Hachem, lorsqu'Il voit que malgré ce salaire phénoménal, Son peuple continue à négliger Sa volonté, Sa Torah, et ce pour des futilités.

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-> Pendant que le peuple errait dans le désert, la Torah s'est plainte à Hachem :
"Maître du monde! Lorsque les juifs entreront en terre d'Israël, qu'adviendra-t-il de moi?
Ils seront alors trop occupés par labourer leurs champs, par planter et par effectuer les récoltes.
Quand est-ce qu'ils auront du temps afin de m'étudier?

Hachem a répondu : "J'ai un partenaire pour toi : le Shabbath.
Le jour du Shabbath, ils ne travailleront pas, ils iront à la synagogue et se consacreront à l'étude de la Torah."

[Tour - Ora'h 'Haïm 290]

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-> En se retenant de travailler, nous accomplissons passivement la mitsva de garder le Shabbath.
Garder activement le Shabbath se réalise par le biais de la parole : en étudiant la Torah et en priant.

[le Kédouchat Lévi - Vayakel]

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-> [L'absence de la parole Divine le Shabbath après les 6 jours de Création du monde,] nous enseigne que l'on doit éviter de dire des choses vaines ce jour.
On s'efforcera de prononcer des paroles de Torah, tel rabbi Chimon bar Yo'haï qui disait : "Aujourd'hui c'est Shabbath", dès que sa mère désirait parler de choses triviales.
[Méam Loez 2,2]

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-> La guémara (Guittin 38b) dit qu'il y a 3 raisons expliquant pourquoi une personne perd sa richesse.
Une des raisons est le fait de prendre son repas principal de Shabbath, pendant que le cours de Torah est donné à la synagogue.
Pourquoi cela?

Shabbath a été donné à chaque personne afin qu'elle se libère de ses soucis matériels et pour qu'elle s’immerge dans l'étude de la Torah, ce qui amène beaucoup de satisfaction à son âme.

A Shabbath, nous recevons une âme supplémentaire, qui nous rend plus intelligent et capable de comprendre les enseignements de la Torah.
C'est pourquoi, un riche qui va prendre son temps pour savourer de somptueux repas, et ce au détriment de l'étude de la Torah, sera puni par la perte de sa fortune.

[le Maharal - 'Hidouché Aggadot Maharal - Guittin 38]

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-> Le Shabbath est la fondation de toute la Torah, faisant que la Torah se pose sur le Shabbath.

En effet, le Shabbath est une condition préalable à la Torah, et c'est uniquement en l'observant qu'on peut acquérir la connaissance de la Torah.
C'est pour cette raison, que les lois du Shabbath ont été données au peuple juif à Marah, peu après la sortie d'Egypte et avant le don de la Torah.

[le Méor Enayim]

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-> Pendant Shabbath, Hachem augmente la sagesse afin de nous permettre de contempler et d'admirer les merveilles de Sa création.

Puisqu'une personne est occupée par travailler durant toute la semaine, à Shabbath, elle doit focaliser toute son attention sur des recherches spirituelles en étudiant la Torah et en évitant de discuter de sujets futiles.

[Ibn Ezra - Yitro]

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-> Le Zohar appelle Shabbath : "la journée de l'âme" (yoma dénichmata) et également : "la journée de la Torah" (yoma déOraïta).

A tout moment, chaque âme a la capacité de découvrir de nouvelles pensées de Torah.
Cependant à Shabbath, cette capacité est plus importante, puisque chaque juif reçoit une âme supplémentaire. Ceci explique le lien entre ces 2 dénominations de ce jour.

[Bné Yissa'har - Shabbatot 5,1]

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-> Le Chlah haKadoch (guémara Soucca 45) cite le Baal HaAkéda comme ayant dit que le but de l'âme supplémentaire qui nous est donnée le Shabbath est de nous permettre de mieux comprendre la Torah.

-> Le Dericha (Ora'h 'Haïm 430) écrit que le Shabbath est une occasion spéciale pour ceux qui recherchent la Torah. Le Shabbath, ils peuvent réaliser beaucoup de choses dans leur étude qu'ils ne sont pas en mesure de réaliser pendant la semaine.

C'est pourquoi le Chazon Ish disait, à propos des sugyot qu'il avait du mal à comprendre pendant la semaine, qu'il les étudierait à nouveau le Shabbath, et que ce n'est qu'à ce moment-là qu'il parviendrait à les comprendre complètement.

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-> L'inspiration pour de nouvelles pensées de Torah a lieu principalement le Shabbath.

[Magen Avraham - Ki Tétsé]

-> Selon le Avnei Nézer, certaines idées de Torah ne peuvent venir à l'esprit que pendant Shabbath.

-> "A Shabbath, nous pouvons comprendre des idées profonde (en Torah), qu'il serait parfois impossible à comprendre durant la semaine"
['Hazon Ich - rapporté dans le Séfer rabbi Shimon biTorato]

[une explication est qu'à Shabbath : "ménou'ha vésim'ha, or laYéhoudim" => la Torah étant appelé "or", il y a une meilleure clarté dans la Torah le jour du Shabbath!]

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-> A la sortie de Shabbath, lorsque l'âme supplémentaire retourne au Ciel, les anges demandent : "Quelle nouvelle idée de Torah as-tu pensé durant ce Shabbath?"

Si la néchama yétéra n'a pas eu de nouvelles pensées sur la Torah, elle est expulsée des Courts internes du Ciel.

C'est pourquoi tout le monde doit s'efforcer d'avoir une nouvelle interprétation d'un passage de la Torah, ou bien d'écouter d'une autre personne une nouvelle perspective sur la paracha de la semaine.

[Ohr Tsadikim 29,26]

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-> Selon le Tana déBé Eliyahou rabba (1), tout notre temps libre du Shabbath se doit d'être consacré exclusivement à l'étude de la Torah.

-> L'étude de la Torah est toujours une source de joie et de plaisir, mais la sainteté du Shabbath lui donne une "faveur" toute spéciale, faisant que l'étude en ce jour est particulièrement agréable.
Il est écrit : "Du miel et du lait sous ta langue" (דְּבַשׁ וְחָלָב תַּחַת לְשׁוֹנֵךְ - Chir haChirim 4,11).
Le 'Hida fait remarquer que les 3 dernières lettres de "du miel et du lait sous" (dvach vé'halav ta'hat - דְּבַשׁ וְחָלָב תַּחַת) forment le mot שבת (Shabbath). Cela fait allusion au fait que le plaisir de l'étude de la Torah est ressenti à Shabbath d'une manière particulièrement profonde.

-> Le midrach (Chémot rabba 5,18) rapporte que pendant l'esclavage en Egypte, Moché a donné aux Bné Israël des parchemins pour qu'ils les lisent et les étudient pendant Shabbath, afin que la joie de cette étude puisse élever leur esprit et leur donner les forces, les encourageant au sein de leurs terribles souffrances.
Pharaon a alors dit : qu'ils ne s'occupent pas (véal yichou) de paroles mensongères" (Chémot 5,9).
Le midrach explique le mot "yichou" comme faisant référence au plaisir si particulier de l'étude de la Torah.
Pharaon ne voulait pas que les Bné Israël soit encouragé et élevé par la joie de l'étude de la Torah pendant Shabbath.
Comme le commente le midrach : "Qu'ils ne se réjouissent pas et ne se reposent pas le jour du Shabbath".
Pharaon avait compris que l'étude du Shabbath amène une joie sans commune mesure, et il ne voulait pas que les Bné Israël ressentent cette joie.

-> Le midrach Cho'her Tov (Téhilim 119) met en lien 2 versets :
- "Que le travail s'appesantisse sur les hommes et qu'ils y soient astreints, et qu'ils ne s'occupent pas (véal yich'ou) de paroles mensongères" (Chémot 5,9) ;
- "Si ta Torah n'avait fait mes délices (chaachouaï), j'aurais succombé dans ma misère" (Téhilim 119,92).
Les mots "yichou" et "chaachouaï" sont similaires.

Le midrach explique que lorsque Pharaon désirait que les juifs "ne s'occupent pas de paroles mensongères", il désirait qu'ils ignorent les parchemins qu'ils avaient en leur possession, desquels ils tiraient énormément de plaisir en les étudiant le Shabbath, c'était leur chaachouaï (mes délices).

-> Le 'Hazon Ich disait :
"Si un non-juif réaliserait et ressentait le goût si magnifique qu'une personne expérimente lorsqu'elle étudie une page de guémara avant les prières du saint jour de Shabbath, il viendrait se convertir et se réfugier sous les ailes de la Présence Divine (Chékhina)."

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-> La sainteté (kédoucha) existe dans 3 dimensions : le temps, l'espace et les personnes.
Le temps le plus sacré est Shabbath, comme nous récitons chaque vendredi soir dans le kiddouch : "té'hila lémikraé kodech", Shabbath est le premier à être déclaré saint.
Le rav Tsadok haCohen de Lublin fait remarquer que le premier contexte dans lequel tout concept est mentionné dans la Torah révèle son essence.
Puisque la sainteté est mentionnée dans la Torah pour la première fois en référence au Shabbath, nous pouvons conclure que le Shabbath signifie l'expression ultime de la sainteté.

[le lieu le plus saint est le Temple, et la personne la plus sainte est Yaakov Avinou, comme nous le récitons dans le birkat hamazone : "kédochénou kédoch Yaakov", faisant référence à Hachem par "Le sacré de Yaakov".
De même dans la Amida, la 1ere bénédiction est liée à Avraham (magen Avraham), la 2e à Its'hak (mé'hayé métim - selon la tradition il a ressuscité sur l'autel lors de la Akéda), et la 3e bénédiction est liée à Yaakov (ata kadoch = tu es saint ; puisqu'il incarna la qualité de sainteté).]

Nos Sages observent que ces 3 dimensions de sainteté reçoivent tous leur statut saint de la Torah.
C'est ainsi que la Torah a été donnée le plus sacré des jours : à Shabbath.
Le Temple a reçu sa sainteté des Lou'hot, qui étaient stockées dans l'Arche dans la chambre la plus sacrée du Temple.
Yaakov était saint car il excellait dans le domaine de la Torah. [Avraham = 'hessed, et Its'hak = avoda (prière et sacrifice à D.)
La dévotion spéciale de Yaakov dans la Torah, se remarque dans le fait que l'ange d'Essav, qui représente le Satan, s'est attaqué qu'à Yaakov, et pas à Avraham ('hessed) ou à Its'hak (avoda), car seule l'étude de la Torah est véritablement une menace mortelle pour lui.

=> Ainsi, si nous voulons véritablement expérimenter la sainteté du Shabbath, nous devons passer du temps à y étudier la Torah. En effet, puisque toute la sainteté du Shabbath prend racine dans la sainteté de la Torah, l'étudier est indispensable pour atteindre pleinement la sainteté à Shabbath.
[rav David Sutton]

-> Le roi Shlomo enseigne : "la mitsva est [comparée à] la bougie, et la Torah la lumière" (ki nér mitsva véTorah or - Michlé 6,23).
Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm) explique que les mitsvot sont les réceptacles que nous avons besoin pour contenir la sainteté, mais sans Torah, ils vont rester que ce simples réceptacles.
[ainsi, la mitsva du Shabbath est un réceptacle incroyable, mais pour pleinement l'enflammer, le faire briller, nous avons besoin d'y étudier la Torah en ce jour]

-> Il existe un grand lien entre l'observance du Shabbath et l'étude de la Torah.
Il est fait référence de : "haTorah haKédocha" (la sainte Torah), et de même nous avons : "Shabbath kodech" (le saint Shabbath).
De plus, dans différents contextes nos Sages parlent de la Torah et du Shabbath comme des "cadeaux" que Hachem nous a donné avec amour.
Egalement, le Shabbath est un jour où nous sommes libérés du fardeau de la parnassa, pour pouvoir consacrer bien plus de temps à la Torah que nous pouvons le faire durant la semaine.
[rav David Sutton]

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1089) écrit :
"Il est affirmé : "Les Shabbatot et jours de fête n’ont pas uniquement été donnés pour manger et boire, mais aussi et surtout pour se plonger dans les paroles de Torah" (guémara Yérouchalmi - Shabbath 15,3). De même, dans le Tana debé Eliahou (chap. 1), nous pouvons lire : "Hachem dit au peuple juif : Bien que vous travailliez durant les six jours de la semaine, le Chabbat, vous vous consacrerez à l’étude de la Torah" ...

L’étude de la Torah pratiquée lors du jour saint apporte la bénédiction sur tous les autres, le Shabbat y faisant descendre un courant de sainteté et de pureté. Nos Maîtres affirment à cet égard (guémara Guitin 77a) que le dimanche, le lundi et le mardi sont liés au Shabbat qui les précède, tandis que le mercredi, le jeudi et le vendredi sont attachés à celui qui les suit. Le Shabbat se situe donc au milieu, entouré de part et d’autre par les jours de la semaine sur lesquels il diffuse lumière et sainteté.

Par conséquent, la lumière de la Ménora symbolise celle de la Torah, conformément à l’enseignement de nos Sages selon lequel "la lumière c’est la Torah" (guémara Méguila 16b).
La lumière diffusée par la bougie centrale représente celle de la Torah du Shabbat, centre de la semaine, tandis que les 3 branches placées de part et d’autre du candélabre sont l’image des jours de la semaine entourant le Shabbat.
Ceci est donc porteur d’un message édifiant à notre intention : la lumière de la Torah du Shabbat se diffuse sur tous les jours de la semaine et y déverse la bénédiction.

Tel est le sens profond de notre verset : "C’est vis-à-vis de la face du candélabre que les sept lampes doivent projeter la lumière" (Béaaloté'ha 8,2) = Plus on fera monter la lumière centrale, celle du Shabbat, par l’éclairage de la Torah, plus on amplifiera la bénédiction se déversant par ce biais sur le reste de la semaine ...
Plus l’homme s’investit dans l’étude lors du jour saint, plus il en récolte les fruits tout au long de la semaine."

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-> Le 'Hafets 'Haïm écrit que par le fait d'étudier à Shabbath, nous tournons notre temps de travail de la semaine en un service d'Hachem.
Il explique que si on s'affaire à étudier le Shabbath où l'on a du temps de libre, cela atteste rétroactivement que le but de toute notre semaine de travail n'est qu'afin d'être capable de pouvoir étudier.

[à l'inverse si lorsqu'on a le temps (Shabbath) on étudie pas, alors toutes nos activités terrestres sont plutôt pour notre égo, que pour Hachem, et alors non seulement on ne profite pas de l'incroyable force de l'étude du Shabbath (1000 fois plus que la semaine), mais en plus on perd l'occasion d'élever notre semaine passée en du temps entièrement d'étude de Torah.]

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-> En ce sens différentes sources soulignent le fait que Shabbath est un moment où l'on doit se consacrer au maximum à l'étude de la Torah.
- Le Ohr Zaroua écrit que la raison pour laquelle à min'ha nos Sages n'ont fixé que 3 montées et pas de haftara, est afin que cette prière soit courte pour laisser un maximum de temps aux gens pour qu'ils puissent étudier la Torah à Shabbath. [mais en principe sinon on aurait dû avoir 7 montées et la haftara, même à min'ha]

- Dans le passage où le Kaf ha'Haïm aborde la question de jouer à la balle Shabbath, après l'exposé du point halakhique, il écrit :
"Toute personne craignant D. contemplera ce que nos Sages de mémoire bénie ont dit : "Shabbath et les Yom Tov n'ont été donnés à Israël que pour s'engager dans la Torah".
C'est pourquoi, comment peut-on abandonner en ce jour la sainte Torah, qui est plus précieuse que l'or, et s'engager dans des futilités ... Qui sait combien de fois est plus importante la récompense de l'étude de Shabbath et Yom Tov que [l'étude] pendant la semaine ..."

- Shabbath et Yom Tov sont de temps en temps décrits dans la Torah par les termes : "mikra kodech".
Le haKétav véHakabala explique que le mot "mikra" signifie "invite".
Shabbath et les Yom Tov sont des "mikraé kodech", dans le sens où ils sont prévus comme des occasions pour "inviter" la kédoucha, amener la sainteté dans nos vies.
Les repas spéciaux que nous mangeons et les beaux habits que nous portons, ne sont que de simples stimuli externes afin de réveiller la nature spéciale de ce jour.
L'essence de Shabbath ne sont pas les repas ou les habits, mais plutôt la kédoucha.
Si nous passons Shabbath uniquement à manger et à se reposer, sans étude de Torah, alors nous avons raté le composant principal et essentiel du Shabbath, tout l'objectif pour lequel on l'observe.
En effet, Shabbath est un moment destiné à amener de la sainteté dans notre vie, ce qui se fait principalement en se dévouant à l'étude de la Torah.
[rav David Sutton]

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-> "C'est pourquoi la Torah a été donnée un Shabbath, car l'étude principale de la Torah est accomplie pendant Shabbath".
[Sifté Cohen - Yitro 19,12]

-> La Torah a été donnée un Shabbat parce qu'il faut l'étudier en ce jour encore davantage que durant la semaine.
Le Shabbath est un jour de repos où l'homme est dégagé de tout souci matériel. Dès lors, celui qui ne l'étudie pas mais perd son temps à écouter des commérages ou à lire des romans est considéré comme profanant le Shabbath et sera puni par Hachem.
[Sifté Cohen - rapporté par le Méam Loez (Yitro 20,1)]

[Le Tiféret Yonathan écrit que la Torah est la plus grande bénédiction qui soit car grâce à elle l'homme acquiert la vie éternelle dans le monde futur. Ainsi, nul jour n'est plus approprié pour donner la Torah que le Shabbath.
(en étudiant davantage la Torah le Shabbath, nous prouvons concrètement cette réalité!)]

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-> Dans ce monde aussi, ils [les juifs] bénéficieront grandement en recevant l'âme supplémentaire qui leur est octroyée le Shabbath.
Il est écrit : "entre Moi et les juifs" (v.31,17). En hébreu, "entre Moi" se dit : "béni" (בֵּינִי), un acrostiche des mots : "béShabbath yéch néchama yétéra" (le Shabbath, il existe une âme supplémentaire) ...

L'âme ne tire aucun plaisir de la nourriture, de la boisson ou d'autres agréments mais seulement de la Torah.
L'âme supplémentaire vient à l'homme pour ouvrir son cœur aux paroles de la Torah et pour lui permettre de comprendre des notions qu'il ne comprend pas durant la semaine.
Par conséquent, ces personnes qui gaspillent le Shabbath en repas et en promenades ne donnent à leur âme aucun plaisir, mais au contraire la font souffrir.

Le mot : "vayinafach" (וַיִּנָּפַשׁ) peut être lu : "vay néfech" (וַיִּ נָּפַשׁ -> vaï = cri de malheur!). La Torah nous dit : "Malheur aux gens qui détruisent leur âme!"
Par leur consommation abusive de nourriture et de boisson, ils écartent leur esprit de l'étude de la Torah.
C'est comme s'ils détruisaient leur âme de leurs propres mains!
L'âme supplémentaire reste abandonnée et desséchée et ne ressent aucun plaisir.

La punition de ces personnes est très sévère car l'âme supplémentaire se plaint d'avoir été affligée.
Par conséquent, le Shabbath, il faut faire très attention à ne pas écarter son esprit de la Torah au cours des repas. A la fin du repas, on doit étudier la Torah, chacun suivant ses possibilités.
Si un homme ne sait pas étudier, qu'il aille chez un ami ou à la synagogue écouter le Rav.
Alors son âme supplémentaire le bénira pour la satisfaction qu'il lui a procurée en faisant ce à quoi elle aspire.
[Méam Loez - Ki Tissa 31,16-17]

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-> "Mais le 7e jour, il y aura repos" (Emor 23,3)

Citant l’enseignement de nos Sages selon lequel le Shabbat n’a été donné au peuple juif qu’afin de lui donner le loisir d’étudier la Torah, l’auteur du Bné Chouchan y trouve une allusion à travers le verset : "Mais le 7e jour, il y aura repos" (וּבַיּוֹם הַשְּׁבִיעִי שַׁבַּת שַׁבָּתוֹן).
Il fait remarquer que les initiales hébraïques de cette expression équivalent numériquement au mot Torah (תורה).
En d’autres termes, durant Shabbat, il nous incombe de nous plonger dans l’étude de la Torah.

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-> b'h, quelques idées sur ce sujet : http://todahm.com/2014/02/23/1190-2

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-> Rabbi Tsadok haCohen de Lublin (Pri Tsaddik - Pekoudé - par.5) cite le Zohar (Vayakel 205a), expliquant que Shabbat est un jour destiné aux activités spirituelles plutôt que physiques. Hachem désire principalement que l'homme Le serve sans s'impliquer dans les occupations de ce monde. C'est pourquoi Shabbat est considéré comme la réalisation du but principal de la création.
[comme nous le disons dans la prière du vendredi soir : "Tu as sanctifié le 7e jour pour Ton Nom, achèvement de la création du Ciel et de la terre" (takhlit maassé chamayim vaarets)]

Rabbi Tsadok haCohen de Lublin dit à plusieurs autres endroits (paracha Béhar par.8 ; paracha 'Houkat par.5) que D. avait pour but, en créant le monde, que Ses créatures acceptent Sa royauté ; le Shabbat est le jour où un peuple entier met de côté ses poursuites matérielles pour rehausser l'honneur d'Hachem, qui "se lève et s'assoit sur Son Trône de Gloire".

Aussi, le Sfat Emet (Choftim 5633) avance une autre interprétation du mot "takhlit" qu'il rapproche du mot "kilyon" (languir) : "Le sens de 'takhlit' est que, le Shabbat, le physique est annulé et toute la [création] se languit de s'attacher à la Source de vie en Haut".

Abarbanel (Ki Tissa 31,12) dit que les jours de la semaine sont des jours où l'homme s'engage dans les activités de ce monde qui le mèneront au monde futur, but ultime de la création. Shabbat lui-même est semblable au monde futur (guémara Béra'hot 40b).
[le but de la création de ce monde qui durera 6000 ans, est d'atteindre le monde futur, qui existera au 7e millénaire, Shabbath, le 7e jour faisant allusion au monde futur.
Ainsi, en se consacrant à la spiritualité pendant Shabbath on se plonge déjà dans un état semblant à celui qui va arriver avec la venue du machia'h. Non seulement cela remet les pendules à l'heure sur les vraies priorités (préparer notre éternité, et non investir dans l'éphémère), mais également cela témoigne à Hachem de notre impatience que ce moment arrive où l'on pourra s'adonner entièrement à la Torah (ce qui est malheureusement bien dur en semaine).]

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-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David - Moadim) enseigne :
Pourquoi Shabbath est-il appelé "le but de la création du ciel et de la terre"?
La Création du monde a pour but que ses éléments physiques soient sanctifiés en servant de véhicules à l'avodat Hachem. C'est pourquoi, avant la faute, Adam Harichone fut placé au Gan Eden où le monde matériel, dans un état sublime, méritait déjà de servir de réceptacle à la sainteté.
Après la faute d'Adam, l'humanité reçut la mission de réparer la dégradation du monde et de sanctifier le monde matériel.

Shabbat sert donc à introduire la sainteté dans notre vie quotidienne. Il remplit le but de la création, en élevant le monde matériel et en faisant de lui un outil pour l'avodat Hachem. De ce fait, Shabbat est appelé "takhlit" (but principal), de la création du ciel et de la terre.

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+ Que considère-t-on comme un 'hiddouch de Torah?

-> Toute nouveauté en Torah (à notre esprit), même minime constitue une nouvelle idée.

-> A ce sujet, il est intéressant de rapporter les paroles du Yessod véChorech haAvoda (8,12) :
"Si une personne prend sur elle d'adopter un nouveau bon trait de caractère, Hachem la chérit comme si elle avait créé une nouvelle pensée de Torah.

Si elle décide, par exemple, de moins parler de paroles inutiles pendant Shabbath, ou d'étudier plus que la semaine précédente, ou bien de prier avec plus de concentration, ... Hachem compte ces bonnes résolutions comme de l'étude de la Torah, et ensemble avec les anges, Il se réjouit de ces bonnes intentions.

Il n'y a pas de plus grand 'hiddouch (nouvelle interprétation) que de prendre sur soi une amélioration dans sa façon d'agir. "

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-> Le 'Hida (Machzik Béra'ha - Ora'h 'Haïm 290) écrit qu'il y a une valeur toute particulière à développer un 'hiddouch pendant Shabbath.
Il cite le Arizal qui enseigne que lorsqu'une personne développe un 'hiddouch pendant Shabbath, cela amène un plaisir tout particulier aux âmes de ses parents et de ses ancêtres décédés, dans le monde à Venir.

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+ Etudier les lois du Shabbath :

-> Hachem a dit à Moché : "Les rabbins des générations futures suivront ton exemple, en organisant chaque Shabbath, des cours enseignant les lois de ce jour, et c'est ainsi que Mon nom sera glorifié parmi Mes enfants."

Moché a alors proclamé au peuple juif : "Si vous continuez à agir ainsi, Hachem considérera comme si vous l'aviez fait Roi du monde".

[midrach Yalkout Chimoni - Vayakél]

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-> De même, qu'observer le Shabbath est équivalent à avoir réalisé les 613 mitsvot, de même l'étude des lois de ce jour est équivalente à avoir étudié toutes les mitsvot.

[le Avnei Nézer - Eglei Tal - Introduction]

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-> "Les lois du Shabbath sont comme une montagne suspendue à un fil " [guémara 'Haguiga 10a]

Les détails des lois du Shabbath ne sont pas clairement exprimés dans la Torah, n'y étant qu'en allusion : par une lettre ou un mot supplémentaire.

Etant transmises oralement, il est important d'aller voir un rabbin afin d'apprendre ces lois avec toutes leurs nombreuses ramifications.

[Zikné 'Hassidim]

[Si l'on n'est pas fréquemment vigilant à apprendre et à réviser les lois du Shabbath, nos Sages nous assurent qu'il est alors impossible de ne pas y fauter. ]

La Matsa : à la sortie d’Egypte et dans le désert

+++ La Matsa : à la sortie d'Egypte et dans le désert :

+ A la sortie d'Egypte :

-> Le Targoum Yonatan (Chémot 12,39) explique que les juifs ont pétri la pâte en Egypte, mais n'avaient pas le temps pour la cuisiner.
En quittant l'Egypte, la chaleur du soleil a cuit la pâte en des matsot, et nous en mangeons depuis en souvenir de cela.

Cependant une Tossefta (Pessa'him 2,19) établit que le pain qui a cuit par le biais du soleil n'est pas casher pour être utilisé en tant que matsa.
=> Comment ce fait-il alors que ce pain, qui n'est à priori pas une matsa cashère, en soit à l'origine?

Rav 'Haïm Kanievsky donne la réponse suivante.
La guémara (Baba Batra 84a) cite l'avis qu'au lever du soleil, le soleil passe par l'entrée de l'enfer (guéhinan) et réfléchit ses feux.
La guémara (Shabbath 39a) statue que les feux de l'enfer sont considérés comme un feu réel au regard de la loi juive.

Le peuple juif a quitté l'Egypte au moment du lever du soleil. (*)
Ainsi, le soleil qui a brillé à ce moment a cuit la pâte avec un feu réfléchissant celui de l'enfer.
La matsa était bien casher pour Pessa'h, et elle est apte à servir de base à notre consommation de matsa en souvenir.

(*) Pendant la nuit du Séder, les adultes juifs en Egypte n'avaient pas le droit de passer le seuil de la porte de leur maison, faisant qu'ils auraient dû escalader les fenêtres pour en sortir, et partir alors comme des voleurs!

+ Dans le désert, d'où provenaient les graines pour faire la matsa?

-> La guémara (Yérouchalmi 'Halla 2,1) rapporte que dans le désert des marchands étrangers venaient voir les juifs pour leurs vendre des marchandises.
En théorie, ils pouvaient leurs acheter les grains nécessaires.
Cependant, la loi juive demande que les graines à la base des matsot, soient récoltées avec l'intention d'accomplir cette mitsva.
C'est pourquoi, il n'était pas possible d'acheter ces graines aux marchands non-juifs.

Le rav 'Haïm Kanievky rapporte le midrach (Tan'houma Kédochim 7), selon lequel les juifs plantaient des arbres dans l'eau qui s'écoulait du puits de Myriam, et dont ces arbres produisaient des fruits à une vitesse miraculeuse.
Il est probable qu'ils y ont également planté les graines nécessaires à la réalisation des matsot.

+ Est-ce que la manne pouvait servir de matsa?

Le rav 'Haïm Kanievsky répond que même si la manne avait le goût de la matsa, ce n'était pas réellement de la matsa.
Sur le pain nous faisons la bénédiction : "amotsi lé'hem min aarets" (qui amène le pain de la terre), tandis que sur la manne nous faisions : "amotsi lé'hem min achamayim" (qui amène le pain du ciel).

Cela prouve que la manne était une entité distincte, et ne pouvait pas être utilisée comme de la matsa.