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Lé’h Lé’ha = moment propice pour acquérir les vertus d’Avraham

+ Lé'h Lé'ha - moment propice pour acquérir les vertus d'Avraham :

-> Le 'Hidouché haRim (Imré Harim’- Lé'h Lé'ha) rapporte au nom du Talmud Yérouchalmi (Chékalim 2,5) que "celui qui cite un enseignement au nom de son auteur devra considérer que celui-ci se tient devant lui". Car l’enseignement inédit que l’auteur a innové fait partie intégrante de son âme (sa néchama) et lorsque l’on étudie ce qu’il a enseigné, sa néchama en est toute illuminée.

Cette paracha est celle qui décrit l’enseignement qu’Avraham a diffusé dans le monde. Cette pourquoi en cette semaine l’âme d’Avraham illumine donc le monde de sa lumière spirituelle.
L’heure est dès lors propice de s’inspirer de la qualité de ‘Hessed (de bienfaisance) et des autres vertus qui caractérisent notre patriarche, et de compter de ce fait parmi "les disciples d’Avraham" au sujet desquels la michna enseigne qu’ils possèdent "un regard bienveillant (ayin tova), un esprit humble et une âme modeste" (Pirké Avot 5,19).

"Hachem dit à Avram : Va pour toi" (Lé’h Lé’ha 12,1)

-> A la Yéchiva de Kotsk, on enseignait : le premier commandement qui fut ordonné à Avraham fut : "Lé'h Lé'ha" (Va pour toi"), parce que c’est la première chose qu’un juif doit se dire : "Sors de là où tu te trouves, ne demeure pas au même endroit!"
Et chacun sait parfaitement quels sont les points qui l’empêchent de progresser spirituellement. C’est donc à chacun d’entre nous que s’adresse le commandement : "Lé'h Lé'ha".

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=> Comment se fait-il que l’épreuve de "Lé'h Lé'ha" est écrite dans la Torah, alors que celle de Our Kasdim (Avraham fut jeté dans la fournaise ardente pour avoir refusé de se prosterner à Nimrod) ne l’est pas (et même d’après les Richonim qui pensent que Our Kasdim fait partie des 10 épreuves d’Avraham, néanmoins, elle n’est pas écrite explicitement dans la Torah)?

Certains répondent à cette question par une allusion : nombre de personnes en allant dormir le soir seront prêtes à accepter sur elles le joug Divin avec amour en faisant don de leur vie.

Le Noam Elimélé'h (dans son Tzetel Katan) écrit : "Un homme dans son lit peut s'imaginer qu’un feu immense brûle devant ses yeux dont les flammes s’élèvent jusqu’au Ciel, et qu’il brise sa propre nature en se jetant dans la fournaise pour sanctifier le Nom Divin. Néanmoins, tout cela se passe pendant la nuit. Mais lorsqu’arrive le matin et que le réveil lui ordonne de se lever et lui suggère "Lé'h Lé'ha et sors de ton lit !", plus personne n’est là pour écouter la voix du réveil!"

C’est pour son importance particulière que l’épreuve de Lé'h Lé'ha est mentionnée dans la Torah.
[le lever du matin n'est qu'un exemple d'habitude]
En effet, les gens ont tendance à laisser planer leur esprit dans les sphères élevées, étant prêts à "mourir pour Hachem" (à l'image de Our Kasdim), mais qui, lorsque vient le moment d’agir (va pour toi - lé'h lé'ha), continuent à dormir!
C’est à eux que s’adressent Lé'h Lé'ha, pour leur dire : "Commence à bouger!".

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[notre yétser ara a tendance à nous laisser tranquillement dans notre zone de confort, tandis que Hachem attend de nous que nous allions exploiter nos potentialités dans la réalité, que nous tendions à être la meilleure version de nous même!
Mais pour cela : "lé'h lé'ha!" = on doit quitter une zone de confort (notre terre natale), vers une destination inconnue (un "moi" qui est devenu meilleur!).]

+ [Hachem a dit : ] "Ne crains point Avram : Je suis un bouclier pour toi" et pas uniquement le tien, mais aussi celui de tes descendants, pour peu qu’ils se vouent à Ma Torah comme tu t’y es voué. Je serai alors leur bouclier, comme il est dit : "La parole de Hachem est infaillible, Il est le bouclier de quiconque espère en Lui" (Chmouel II 22, 31).
[midrach Tan’houma - Lé'h Lé'ha 11]

"Hachem dit à Avram : Va pour toi" (Lé’h Lé’ha 12,1)

-> Rachi explique que les termes ''pour toi'' viennent signifier que cette injonction Divine à Avraham de partir, était ''pour son profit et pour son bien''.

Hachem lui assura que le bonheur allait suivre la réalisation de cette épreuve. Mais on peut s'interroger : puisque ce départ était une épreuve pour Avraham, pourquoi lui dire que ce sera pour son intérêt, détail qui semble réduire l'épreuve?

Ce détail vient en réalité alourdir l'épreuve. Car, quand Avraham arriva en Canaan, il y trouva la famine et descendit en Egypte, où sa femme se fit prendre par Pharaon.
Ainsi, on voit que Avraham a connu de grandes difficultés suite à ce départ. Il aurait pu donc avoir à redire à Hachem, Qui lui dit que ce départ sera pour son intérêt, alors qu'il ne rencontre que des difficultés.

L'épreuve était donc de savoir s'il allait malgré tout faire confiance à Hachem, ou s'il allait arguer à Hachem que ce départ n'était pas pour son profit puisqu'il en pâtit grandement.
Et Avraham surmonta l'épreuve : il n'exprima aucun ''plainte'' à Hachem.

[Ktav Sofer]

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-> "Hachem dit à Avram : Va pour toi, hors de ton pays, de l'endroit où tu es né et de la maison de ton père ... et Avram partit comme Hachem le lui avait dit ... Avram était âgé de 75 ans à sa sortie de 'Haran" (Lé'h Lé'ha 12,1-4)

Il y a une allusion au fait que Avraham avait à cet âge (75 ans) une émouna et un bita'hon en Hachem, car le le mot : bita'hon (בטחון) a une guématria de 75.
Grâce à cela, il a pu surmonter les épreuves de sa vie (tout n'est que volonté de D., qui le fait pour notre bien ultime), dont le fait d'avoir eu la force de quitter sa terre natale, sa maison paternelle et sa famille.

-> Le Beit Israël enseigne en ce sens :
Il est certain qu’Avraham eut du mal à quitter sa terre, son pays natal et la maison paternelle à laquelle il avait été habitué durant toute son existence, pour aller vers une terre étrangère, sans même savoir où elle se trouvait.
=> Où Avraham trouva-t-il une force aussi colossale de tout abandonner pour une destination inconnue?

La réponse est qu’il avait une foi et une confiance totales dans le fait que Hachem ne voulait que son bien et qu’il n’avait qu’à s’en remettre totalement à Lui.
C’est ce qui lui donna la force d’accomplir la volonté Divine même si cela lui était difficile.
C’est le sens du verset : "Et Avram avait 75 ans", car la valeur numérique du mot "bita'hon" (la confiance en D. - בטחון) est 75. En effet, c'est au moment où il sortit de ‘Haran qu’il atteignit ce niveau de confiance en D. et c’est seulement grâce à lui qu’il eut la force de tout quitter : son pays natal, la maison de son père et sa famille.

-> Le Bat Ayin fait également un commentaire similaire :
"Il était certainement très difficile pour Avraham de quitter sa terre natale et la maison de son père, où il était né et où il avait grandi, et de voyager pour une terre étrangère. De plus, il ne savait même pas où il allait!
Mais Avraham avait du bita'hon. Il était persuadé que Hachem ne lui fait que des bontés, [et il croyait que si Hachem l'envoyait à un endroit, c'est assurément pour son bien].
C'est pour cela qu'il est écrit : "Avram était âgé de 75 ans à sa sortie de 'Haran", et 75 est la guématria de בטחון.
[Le verset dit que] Avraham avait du bita'hon, et c'est le bita'hon qui lui a permis de passer l'épreuve, de devoir quitter sa famille et sa terre natale, et de voyager selon l'ordre d'Hachem.
Lorsqu'on a la émouna et le bita'hon dans le Créateur du monde, que tout ce qu'Il fait est pour le bien, alors on a les forces émotionnelles et la volonté de garder les mitsvot et de passer les épreuves les plus difficiles."

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Lorsque quelqu'un s'habituera à discerner l’intervention d'Hachem dans chaque événement, cela lui permettra de réussir à surmonter ces épreuves. Car la foi et la confiance en D. constituent l’appui sur lequel il pourra reposer afin de maintenir sa tête hors des vagues qui cherchent à le submerger. Et il évitera ainsi de se noyer corps et âme dans l'abîme des épreuves.
Il est essentiel que cette confiance en D. soit simple et sans calcul. Il faut être convaincu que le Créateur dirige à Lui tout seul le monde pour le bien.
[...]
Au début, lorsqu'Avraham reconnut le Créateur, ce fut grâce à sa réflexion. Il approfondit sa pensée jusqu'à arriver à la conclusion que le monde possède un Maître qui le dirige.
Cependant, il abandonna facilement tous ses raisonnements et décida de croire tout simplement.
Et c'est ce qui est écrit : "Il eut foi en Hachem" (Lé'h Lé'ha 15,6). Car celui qui base sa croyance sur un raisonnement risque de voir ses enfants trébucher dans leur propre émouna. [lui en a peut-être les capacités, mais si ses enfants ne les ont pas, ils vont en venir à rejeter D. par manque de profondeur de leurs réflexions]
[tamim tiyé im Hachem = il faut agir avec simplicité avec Hachem, sans trop faire de raisonnements pour parvenir à la conviction qu'Hachem existe. Avraham nous montre l'exemple : même si on a des capacités folles, il faut s'armer d'une émouna simple et sans calcul.]

C'est pourquoi, dès que D. annonça à Avraham qu'il mériterait une descendance, ce dernier abandonna tout raisonnement et se mit à croire en Hachem d'une foi simple, comme il est dit "véémin" (וְהֶאֱמִן - sans la lettre youd qui évoque la sagesse).
[Le mot וְהֶאֱמִן est écrit sans la lettre י (Youd). Celle-ci évoque, en effet, la sagesse et l'intelligence, comme le Zohar le rapporte en plusieurs endroits, car pour ce qui est de la émouna, l'homme doit faire abstraction de son intelligence, placer totalement sa confiance en Hachem sans calcul, ni réflexion intellectuelle, et marcher dans les voies d'Hachem avec intégrité.]

"Hachem connaît les jours des gens intègres, et leur héritage persistera à tout jamais" Téhilim (37,18)
"Les gens intègres" dont il s'agit ici, ce sont ceux qui possèdent une foi simple.
Ceux-ci mériteront que "leur héritage persiste à tout jamais", que leur descendance se maintienne (dans cette foi) dans toutes les générations après eux.

De plus, la foi simple a plus de valeur et est supérieure à toute perception, aussi élevée soit-elle.
Rabbi Yissakhar Dov de Belz explique ainsi l'ordre des versets dans la paracha Lé'h Lé'ha :
- Il est tout d'abord rapporté qu'Avraham mérita de percevoir des choses très élevées, comme il est dit : "Après cela, la Parole d'Hachem se révéla à Avraham dans une vision en lui disant ... Il le fit sortir dehors et lui dit : 'contemple le Ciel et compte les étoiles' ..." = Cela signifie que Hachem permit à Avraham de percevoir des choses merveilleuses.
Cependant, qu'est-il écrit juste après?
- "Il eut foi en Hachem et Il lui compta comme un mérite" = Avraham dit à Hachem : "Mon Père, je ne désire qu'une chose : croire en Toi avec une foi simple, une foi qui provient du cœur, sans avoir des visions Célestes aussi élevées".
Car la émouna a infiniment plus de valeur que la perception la plus élevée soit-elle.

[on entend des personnes dirent : "Si je vois clairement D., alors je serais pratiquant". Mais elles oublient que toute la grandeur d'un Homme dans ce monde est de croire sans forcément voir/comprendre, de mettre sa confiance en toute simplicité en Hachem.]

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-> "Il eut foi en Hachem et Il lui considéra comme une justice (mérite)" (Lé'h Lé'ha 15,6)

Le Darké Noam l'explique ainsi :
Avraham eut une foi intègre dans le fait que : "tout ce qu'Hachem accomplit est pour le bien".
Bien qu'il ne comprît pas quel bienfait se dissimulait dans chaque chose et comment un malheur pouvait constituer le plus grand des bienfaits, cela n'ébranla en rien cette foi.
Dès lors, on peut lire le verset dans l'autre sens : "Il (Avraham) eut foi en Hachem", et c'est pour cela "qu'il (Avraham) considéra (la conduite d'Hachem) comme une justice (bonté et miséricorde)".

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-> "Un homme est tenu de bénir sur le mal de la même manière qu'il bénit sur le bien" (Béra'hot 54a)
=> Comment peut-on accomplir cet enseignement de nos Sages à la lettre et bénir Hachem sur un malheur comme s'il s'agissait d'un bienfait?

Rabbi Zoucha d'Anipoli enseigne :
celui qui possède une foi parfaite en Hachem ne ressent pas l’adversité. Au contraire, il est constamment plongé dans le bien, heureux en permanence de la manière dont Hachem dirige son existence.
C'est ce que veulent signifier nos Sages lorsqu'ils enseignent que l'on est tenu de bénir sur le bien de la même manière que sur le mal : c’est par la force de la émouna que tout n'est que pour le bien.

-> "Hachem se tient aux côtés de l'homme pour l'aider, le délivrer ou le protéger, selon le degré et la qualité du bita'hon de l'homme lui-même"
[rav Avraham - le fils du Gaon de Vilna]

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-> Hachem dit à Avraham : Marche devant Moi et soi tamim (intègre).

Le Beit haLévi explique :
"L'intégrité : c'est faire la volonté d'Hachem, sans analyse sur les raisons de l'ordre. Certes, on a le droit d'étudier la raison des mitsvot et des lois juives, cela fait partie de la mitsva d'étude de la Torah, mais lorsqu'on accomplit les mitsvot au moment de l'action, l'essentiel doit être : réaliser la volonté d'Hachem sans lien avec les raisons de l'ordre.
[...]

L'intégrité (tmimoute), c'est marcher avec Hachem : dans ses chemins et dans Sa volonté seulement parce qu'Il l'a ordonné, seulement au son de Sa voix, et pas selon notre compréhension et notre acceptation de la chose.

Certes, l'homme doit être conscient de combien c'est une chance de faire la volonté d'Hachem et de Le servir mais qu'il agisse et qu'il suive Hachem à l'instar d'un animal avec intégrité sans faire intervenir d'autres paramètres."

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-> "10 épreuves a subie Avraham, et il les a toutes surmontées afin de faire connaître combien l'amour d'Avraham était grand" (Pirké Avot 5,3)

Le Tossefot Yom Tov rapporte au nom de Rachi : que signifie "surmontées/réussir ses épreuves"? = "Cela signifie qu'Avraham n'a eu aucune arrière-pensée concernant la conduite d'Hachem avec lui".

Le Méam Loez (Vayéra 22,11-12) rapporte qu'à la Akédat Its'hak, au moment où Hachem se dévoila, Avraham Lui dit : "Lors de cette épreuve, j’ai surmonté mes plus secrètes émotions et me suis empressé de t’obéir. J’aurai pu te rappeler ta promesse, mais jamais je n’ai eu une telle pensée."
Hachem lui répondit : "Sois assuré que cette épreuve équivaut à toutes les autres. Je sais que tu as atteint le degré ultime de sainteté, et que ton amour pour moi est parfait. Il est impossible de t’éprouver à un degré plus élevé."

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-> Le Yessod haAvoda (vol.4 2,7) enseigne :
"La bouche est incapable d'exprimer les grands niveaux que nos Patriarches ont pu atteindre, et notre esprit ne peut pas l'appréhender.
Même les anges n'étaient pas capables de percevoir l'étendue de leur sainteté ...
Néanmoins, Avraham a surmonté l'épreuve de la Akéda avec de l'intégrité (témimout) et une émouna simple (péchouta) ...
Avraham s'est dit à lui-même : Je suis un ignorant ... un être humain ne peut comprendre les pensées du Créateur ..."

Le rav Elimélé'h Biderman dit que si Avraham avait fait face à l'épreuve de la Akéda avec son énorme conscience intellectuelle, il l'aurait ratée.
C'est pourquoi Avraham a approché la Akéda avec une émouna simple/basique, et il a alors pu réussir l'épreuve.

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-> Le rabbi Mendel de Vitebsk explique que tous les épreuves de Avraham reposaient sur de très fortes contradictions.
Par exemple, une de ses épreuves étaient de venir en terre d'Israël sur l'ordre d'Hahem, et alors il y a trouvé une terrible famine.
Pourquoi Hachem l'a-t-il fait venir dans une terre où il ne pourrait pas rester
Face à un grand paradoxe, l'épreuve était de ne jamais remettre en question la volonté de D., en s'appuyant sur de la émouna simple.

C'est pour cela que lorsqu'Avraham a refusé de se prosterner devant Nimrod et qu'il a été jeté dans une fournaise ardente, cela ne compte pas dans les 10 épreuves.
En effet, de base nos Patriarches étaient prêts à sacrifier leur vie physique pour D.

Les épreuves se jouaient à un niveau de perception intellectuel d'Hachem, qui est rempli de contradictions.
Dans leur tête tout poussait clairement vers une direction, et pourtant la volonté de D. allait dans le chemin opposé.
Ainsi, tout leur test était d'en arriver à admettre que leur esprit (extrêmement développé) était trop faible pour comprendre Hachem et Ses voies, et alors il faut le servir avec une émouna simple, et c'est uniquement cela qui leur a permis de réussir l'épreuve.

=> Nous pouvons tous marcher dans les traces d'Avraham, en croyant en Hachem avec intégrité et en ayant une émouna simple. Grâce à cela nous pouvons surmonter avec succès toutes les épreuves que D. nous envoie.

[Avraham nous transmet l'idée que la grandeur d'une personne se mesure dans sa capacité à agir avec le plus d'intégrité, de simplicité avec Hachem.
Plus Hachem est important/grand à nos yeux, plus on accepte, en toute situation, de supprimer toute miette de notre égo pour se plier à Sa volonté, car Il a forcément raison!]

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-> La Torah dit à propos d'Avraham : "Il crut en Hachem" (véémin - וְהֶאֱמִן - Lé'h Lé'ha 15,6).

Le Bné Yissa'har enseigne que וְהֶאֱמִן est écrit sans la lettre youd (י), car cette lettre représente la sagesse, et Avraham croyait en Hachem sans avoir besoin de recourir à la sagesse pour venir justifier sa émouna.
[en toute simplicité, il n'y a pas d'interrogation car telle est la volonté de D., et c'est toujours ce qu'il y a d'ultimement mieux]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman dit que Avraham a découvert Hachem suite à un énorme travail philosophique (en rationalisant, trouvant des preuves, faisant des recherches, ... jusqu'à arriver à une conclusion : il y a Hachem!).
Mais lorsque Hachem lui a annoncé qu'il aura un enfant, alors Avraham a décidé d'abandonner le chemin de reconnaître Hachem par des réflexions philosophiques, préférant avoir une émouna simple (pchouta).
En effet, il a eu peur que ses enfants ne seraient pas au même niveau de sagesse que lui, et qu'en suivant son exemple de philosopher, ils en viendraient à devenir des renégats (apikorsim).

[par exemple, toute la difficulté de la Akédat Its'hak s'est déroulée à un niveau de émouna, où le yétser ara échangeait avec Avraham pour le faire renoncer sous couvert de faire la volonté de D.
Avraham n'a pu réussir que grâce au fait d'être en mode émouna péchouta.
Il en est de même dans notre vie où notre yétser ara se déguise en tsadik de la génération, et sous couvert de bons conseils d'ami, il nous fait passer à côté de notre vie juive.]

-> "Hachem connaît les jours des "témimim", leur héritage est assuré à jamais" (yodéa Hachem yémé témimim, véna'halatam léolam tiyé - Téhilim 37,18)
Les "témimim" (intègres) sont ceux qui croit en Hachem sans poser des questions.
[cf. "Sois entier (tamim) avec Hachem ton D." : http://todahm.com/2018/10/10/7189-2 ]

Selon le rav Elimélé'h Biderman :
- "Hachem connaît les jours des "témimim" = Hachem apprécie ceux qui croit en Lui avec une émouna péchouta ;
- "leur héritage est assuré à jamais" = car leur héritage et leur émouna se transmettront pour toujours à leurs enfants.

[c'est un conseil important pour éduquer nos enfants : l'essentiel c'est la émouna péchouta.
Comme l'écrit Rachi (Choftim 18,13) : Suis Hachem avec intégrité en Lui faisant confiance, et ne cherche pas à connaître l’avenir. Au contraire, tout ce qui t’arrivera, accepte-le avec simplicité.

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-> Il vaut mieux être simple (tamim) que sage, mais combien de sagesse il faut à un juif pour arriver au niveau d’être simple avec Hachem.
[rabbi Naftali de Ropschitz]

"Les gens de Sodome étaient extrêmement pervers et pécheurs envers Hachem" (Lé'h Lé'ha 13,13)

Le midrach (Yalkout Chimoni Béréchit 70) rapporte qu'il y avait 4 juges à Sodome, qui jugeaient en rapport avec leur nom :
-> Shakraï et Shakrouraï = c'étaient des menteurs (shakraï en araméen) ;
-> Zaïfraï = mot qui signifie un faussaire, un contrefacteur ;
-> Matsli Din = qui pervertit la justice.

-> La guémara (Sanhédrin 109a) nous rapporte :
"Les habitants de Sodome ne s'enorgueillirent qu'à cause de la générosité dont les avait gratifiés Hachem ...
Ces gens dirent : "Dans la mesure où notre terre fait sortir le pain, des saphirs et de l'or (cf. Iyov 28,5-6), que nous valent les voyageurs?
Ils ne viennent chez nous que pour nous priver de nos richesses, annulons donc la notion d'hospitalité dans nos contrées.
[...]
Celui qui possédait un bœuf devait faire paître toutes les bêtes de la ville un seul jour, et celui qui n'en possédait pas devait les emmener paître 2 jours ...
Si un homme blessait son prochain, on disait à ce dernier : "Donne-lui son salaire, car il t'a offert une saignée". "

-> Le Béer Yossef explique :
Les fautes des habitants de Sodome étaient nettement plus graves que celles de la génération du déluge. En effet, à cette époque bien que le vol et l'iniquité fussent alors pratique courante, aucune loi ne les avait officialisés, et il va sans dire qu'on ne punissait pas un homme qui pratiquait la charité.
En revanche à Sodome, la corruption et la perversité avaient été établies légalement, et chacun devait s'y conformer. Tant et si bien que tout contrevenant était sévèrement sanctionné, et parfois même mis à mort.
Ces lois impitoyables, bien qu'établies à l'origine pour protéger leurs ressources naturelles, exercèrent une profonde influence sur le comportement et la psychologie des habitants de Sodome.
La mise en pratique de cette législation sordide, va changer la nature de l'ensemble de sa population en la faisant devenir profondément cruelle, car investie du devoir de faire appliquer la loi.
Ainsi, lorsque que Loth transgressa la loi (en pratiquant l'hostilité), il est ainsi écrit : "les gens de Sodome affluèrent vers la maison [de Loth] du jeune au vieillard, tout le peuple, de toutes parts" (v.19,4).
D'une manière générale, lorsqu'une règle est mise en application et qu'on l'exécute, l'habitude fait d'elle une seconde nature, au point que l'on vient finalement à l'adopter comme une évidence.
On a même de l'hostilité envers celui qui ne s'y plie pas.

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-> "Le cri est venu jusqu’à moi, ils se sont livrés aux derniers excès" (v.18,21)
Rachi explique : c'est la plainte d’une jeune fille torturée et mise à mort pour avoir donné à manger à un pauvre.
[c'est à partir de cet acte que Hachem a mis en jugement la ville de Sodome]

-> Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.28) raconte davantage de détails à propos de cette fille : Plotite, fille de Loth, qui s'était attendrie sur un pauvre de la ville de Sodome :
"Chaque jour, lorsqu'elle sortait puiser de l'eau, elle remplissait sa cruche de tout ce qu'elle possédait chez elle, et nourrissait ainsi ce pauvre.
Les gens de Sodome se demandèrent : "Comment ce pauvre parvient-il à subsister?"
Lorsqu'ils découvrirent les faits, ils la brûlèrent vive.
Le cri de cette femme monta jusqu'au Trône divin."

=> La destruction de Sodome fut causée précisément par le dévouement de la fille de Loth, qui lui coûta un sort tragique.

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On peut rapporter également les faits ci-dessous (rapportés dans le Méam Loez) :
-> Une fois 2 hommes sont apparus à la cour de Sodome avec l'un d'entre eux proclamant que l'autre avait coupé l'oreille de son âne.
Les juges ont examiné le problème et sont arrivés au verdict suivant : le propriétaire de l'âne (le plaignant) devait remettre son âne chez l'autre personne en dépôt jusqu'à que l'oreille aura repoussé.

-> Il y avait un pont à Sodome pour permettre de traverser la rivière passant dans la ville.
La cour de justice a émis la loi que toute personne passant le pont devait payer un frais de péage de 1 zouz, et que celui qui traversait la rivière sans utiliser le pont devait payer 8 zouz.
Un nettoyeur de vêtement a visité un jour Sodome, et ne connaissant pas les lois, il s'est dit qu'il allait patauger dans l'eau afin de s'éviter les frais de péage.
Lorsqu'il est arrivait de l'autre côté de la rivière, les collecteurs du péage lui ont demandé de payer 4 zouz.
Il a refusé en disant qu'il n'avait pas utilisé le péage. Sur quoi les collecteurs lui ont demandé de payer 8 zouz.
Refusant toujours de payer, ils l'ont battu et blessé.
Le nettoyeur est alors allé voir les juges pour attaquer en justice les collecteurs.
Les juges ont alors dit : "Puisque ces gens ont laissé sortir de ton sang, ce qui est bénéfique pour ta santé, tu devras leur payer pour ce grand service qu'ils t'ont fait.
Cela viendra en addition aux 8 zouz de frais de passage de la rivière."

-> Eliézer, le serviteur de Avraham, marchait dans la ville de Sodome, et des habitants l'ont attaqué et blessé.
Eliézer a présenté son cas devant la justice, qui a dit : "Puisque ces hommes ont amélioré ta santé en te faisant saigner, tu dois les payer pour leur service".
En entendant le verdict, Eliézer a pris une grande pierre qu'il jeta sur le juge.
Le juge saignant et blessé, cria : "qu'as-tu fait?"
Eliézer lui répondit : "S'il te plaît donne l'argent que tu me dois pour t'avoir fait saigné, à mes agresseurs. L'argent en ma possession peut maintenant rester en ma possession."

[de même, on allongeait les visiteurs sur un lit, si la personne était trop grande on lui coupait les pieds, si elle était trop petite on lui étirait de force ses membres (mains, pieds).]

"Ce fut après ces paroles-là que Hachem mit Avraham à l'épreuve" (Lé'h Lé'ha 22,1)

-> "10 épreuves a vécu Avraham, et il les a toutes surmontées afin de faire connaître combien l'amour d'Avraham était grand" (Pirké Avot 5,3)

-> Le midrach rabba commente (paracha 55, psika alef) : "épreuve après épreuve, évolution après évolution tu éprouves les tsadikim dans ce monde afin de les faire grandir comme le drapeau qui est sur le mât d'un bateau que l'on fait monter, monter jusqu'au sommet."
[le mot : "nissa" (mise à l'épreuve) est en lien avec "ness" (drapeau) qui est sur le mât d'un bateau.]

-> Le Ramban (Béréchit 22,1) enseigne :
"Voici d'après moi ce qu'est une épreuve (nissayone). C'est un événement qui n'intervient que pour les besoins de celui qui est mis à l'épreuve, mais pas pour les besoins d'Hachem qui connaît déjà les résultats de l'épreuve.
En l'occurrence, Hachem ordonne au travers de l'épreuve, de faire sortir nos potentiels intérieurs dans le monde de l'action afin que nous puissions d'obtenir une récompense pour de bonnes actions et pas seulement des récompenses pour les bonnes intentions que nous avions à l'intérieur de nous avons l'épreuve.

Sache aussi que le verset dit dans les Téhilim : "Hachem met à l'épreuve le tsadik" = c'est-à-dire qu'Hachem sait lorsqu'un tsadik veut faire sa volonté et peut s'améliorer, il lui donne alors une épreuve. Il ne met pas à l'épreuve les réchaïm qui ne l'écoutèrent pas".

[il ne faut pas se sentir délaissé lorsque Hachem nous envoie des épreuves, au contraire, même si c'est dur sur le moment, c'est un honneur!]

-> Le Sforno (Béréchit 22,1) écrit :
"Le but de l'épreuve est que l'homme extériorise son amour et sa crainte selon les potentiels intérieurs qu'il cachait jusqu'alors.
Grâce à l'épreuve, l'homme ressemblera un peu plus à son Créateur qui ne se suffit pas d'être bon en potentiel mais qui est également bon dans Ses actions ; car c'est là l'intention de toute la création que l'homme ressemble à Hachem, comme Hachem le dit : faisons l'homme à notre image."

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-> Le Maharal (Pirké Avot 5,3) enseigne :
"Sache que le but de l'épreuve qu'Hachem envoie au tsadik est de faire sortir sa tsidkout à l'extérieure afin qu'il ne soit pas qu'un tsadik caché.
D'ailleurs, Avraham ne méritait pas tout ce qu'Hachem lui a donné si ce n'est une fois sa grandeur révélée et confirmée ...

Le mot "nissayone" (épreuve) vient du mot "ness" (miracle) car de même que le miracle va en essence contre la nature, de même le "nissayone" ne débute que lorsque l'on va à l'encontre de notre nature.
Dans le cas où celui qui est mis à l'épreuve doit suivre sa propre nature, il ne s'agit pas d'une épreuve.

Les Patriarches ont été mis à l'épreuve bien plus que n'importe qui (guémara Sanhédrin 107) car ce sont des hommes qui n'étaient pas du tout attachés à leur nature mais qui sont allés au-delà de la nature jusqu'à devenir des gens divinement élevés ...

Avraham étant le 1er des Patriarches, il a eu besoin d'être mis à l'épreuve bien plus qu'Its'hak et Yaakov afin de s'élever et de se distinguer de tout autre homme de sa génération, de tout autre peuple, pour pouvoir être le fondateur du peuple d'Hachem : le peuple juif (klal Israël).

Tout l'intérêt de la Torah de nous parler d'Avraham est de nous présenter qui est le fondateur de notre nation, la racine de notre existence.
Le Rambam dit même : tout ce qu'a vécu Avraham, le peuple juif va le vivre, d'où la grande nécessité de ces parachiot."

[C'est à partir de ses épreuves qu'Avraham s'érige en fondateur du peuple juif, et c'est pour cela que la 1ere chose dont nous parle la Torah à propos d'Avraham ce sont ses épreuves.]

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-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Pirké Avot 5,3) écrit :
"10 épreuves a vécu Avraham" = dans la michna précédente, il est écrit : "10 générations se sont écoulées entre Noa'h et Avraham" (Pirké Avot 5,2), mais là il n'est pas écrit la mention : "notre père" (avinou) concernant Avraham.
Le Tana vient souligner ici qu'Avraham, par ses épreuves, est bien notre Père. Tout ce qu'il a acquis au travers de ses 10 épreuves, il l'a transmis à ses enfants et à tout le peuple ...

Ne t'étonne pas de ce que nous voyons clairement que de nombreux juifs, parfois des gens simples, se sacrifient pour Hachem, pour sanctifier Son Nom car cela est ancré en eux depuis la réussite des 10 épreuves d'Avraham.
Sans parler des juifs qui entreprennent de faire leur Alya vers la terre d'Israël, là aussi c'est un héritage d'Avraham qui n'a pas eu d'arrière-pensées concernant la famine où les autres épreuves d'Hachem qu'il a surmontées."

-> "Prends s'il te plaît ton fils, ton unique"
Rabbi Chimon bar Abba (guémara Sanédrin 89b) dit que Hachem a demandé une faveur à Avraham : de grâce, réussis cette épreuve, accomplis-là afin que l'on ne dise pas que toutes les premières épreuves que tu as surmontées ne valaient rien".

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"Mais un ange de Hachem l'appela du haut du Ciel, et il dit : "Avraham! Avraham!"
Il répondit : "Me voici!"
Il reprit : "N'étends pas ta main sur ce jeune homme, ne lui fais aucun défaut! car désormais, je sais que tu crains D., toi qui ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique." (Vayéra 22,11-12)

-> "Avraham! Avraham!" = Selon le Zohar (paracha Noa'h), l'un était pour Avraham en-haut et l'autre était pour Avraham en bas.

-> Le Ohr Guédaliyahou enseigne :
Il faut savoir que depuis la création du monde, l'image d'Avraham se trouvait déjà En-Haut. Lorsque Avraham est né, il détenait des forces spirituelles très importantes. Avraham devait, dans sa vie se perfectionner et réaliser ses forces et ses potentiels, jusqu'à en venir à ressembler à l'image d'Avraham qui était En-Haut. Il devait, par son travail, s'efforcer de rendre réel ses forces et de les sortir du potentiel à la réalité.
[Hachem créé chaque personne avec une image de ce à quoi il est censé ressembler au Ciel. Chacun a une mission à remplir, et Hachem offre à chacun des opportunités d'arriver là où il a besoin d'être. S'il réussit ses épreuves dans les circonstances où Hachem le place, son image "ici-bas" correspond à l'image qu'Hachem a de lui "là-haut".]

D'après le Ramban, c'est cela tout l'objectif des épreuves : permettre à l'homme de se dépasser et de sortir ses forces du potentiel au réel.
En cela, les épreuves élèvent l'homme. Comme l'expliquent les commentateurs, le terme Nissayone (épreuve), vient du mot Ness, qui signifie aussi "étendard", qui est toujours placé en hauteur. Car, quand un homme surmonte une épreuve, il s'élève et grandit.

Par les 10 épreuves qu'il surmonta, Avraham se perfectionna et ses potentialités passèrent au réel et se révélèrent, au point que sa forme spirituelle d'en-bàs correspondit à la forme qu'il avait à l'origine En-Haut.
C'est pourquoi, quand Avraham surmonta sa 10e épreuve, celle de la ligature d'Yits'hak, il acheva son travail de perfectionnement. Alors, l'ange l'appela en disant : "Avraham Avraham" (v.22,11).
Il prononça son nom à deux reprises. Et le Midrash en explique la raison : « Avraham en haut, et Avraham en bas ». Car une fois qu'il surmonta toutes ses épreuves, alors la dimension qu'il atteint ici-bas s'identifia à celle qu'il avait En-Haut. Il est alors devenu ce qu'il devait devenir, ce qu'il était prévu qu'il devienne.

Rabbi Zouchia d'Anipoli dit : "Si dans le Ciel, on me dit : Pourquoi n'es-tu pas devenu Avraham ou Moché, cela ne me ferait pas peur. Mais je tremblerai si on me dit : Pourquoi n'es-tu pas devenu Zouchia!" ...
En effet, tout l'objectif d'un homme est d'atteindre son essence, ce qu'il doit être. Il doit révéler et réaliser son potentiel. Et c'est à ce but que sont destinées les épreuves.

C'est ainsi qu'en introduction aux 10 épreuves, Hachem s'adressa à Avraham et lui dit : "Va pour toi" (lé'h lé'ha), ou en d'autres termes : "Va vers toi!" = tout son travail doit être d'aller et se diriger vers lui-même, vers ce qu'il est vraiment.
On ne reprochera pas à l'homme de ne pas avoir été au dessus de ses potentialités. On lui reprochera uniquement d'avoir été en dessous de ses forces ...

Au démarrage, les aptitudes n'appartiennent pas à l'homme. Elles ne lui sont que confiées et en dépôt. Mais par ses efforts et ses bonnes actions, il va pouvoir les acquérir pour qu'elles deviennent à lui.
Parfois, l'homme risque de se dire qu'il est encore jeune et qu'il a encore du temps devant lui. Il se met à penser qu'il utilisera ses forces quand il grandira.
Cependant tout cela est un leurre, car s'il ne réalise pas ses potentialités maintenant, c'est à dire au moment où se présente à lui l'épreuve, et que ses forces attendent d'être révélées, alors il risque de ne plus retrouver ses capacités dans le futur.

Comme pour Avraham. Si le jour de l'épreuve de la fournaise, il s'était dit que plus tard il donnera sa vie pour Hachem, alors on lui aurait retiré ses forces ...
En effet, si l'homme ne surmonte pas l'épreuve, ses forces ne s'étant pas réalisées, on les lui enlève!

"Voici Mon alliance avec toi" (Lé'h Lé'ha 17,4)

-> L'épreuve d'Avraham dans le fait de se circoncire n'était pas seulement que de réaliser une opération douloureuse dans sa vieillesse.
Il ne s'agissait pas seulement de s'imposer une douleur physique, mais l'épreuve était aussi spirituelle. En effet, Avraham passait son temps à rapprocher l'humanité du Service Divin. Toute sa personne était investie à cette cause, de se mêler à la population en vue de leur enseigner la Voie d'Hachem.
Ainsi, quand Hachem lui demanda de se circoncire, cela allait à l'encontre de sa nature. Par la circoncision (mila), Avraham allait se séparer physiquement du reste du monde. Il allait être différent des autres. Et il craignait que cela n'entrave sa mission. Car, il risquait de ne plus pouvoir autant influencer l'humanité, du fait qu'il était à présent séparé et différent de tous.
=> C'était surtout cela qui constituait la véritable épreuve pour Avraham de se circoncire.

[rabbi Avraham de Sokhatchov - le Avnei Nézer]

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-> "Avraham retourna vers ses serviteurs; ils se remirent en route ensemble pour Béer Chéva, et Avraham habita à Béer Chéva" (Vayéra 22,19)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
La répétition du nom de Béer Chéva, est pour nous apprendre le niveau d’Avraham, comme il est dit dans la paracha Lé'h Lé'ha (14,19) : "Il le bénit, en disant : "Béni soit Avram de par le D. Suprême, auteur des cieux et de la terre!"
Avraham avait atteint le niveau du ciel et de la terre, qui contiennent chacun 7 éléments, les 7 cieux et les 7 terres, et avec la circoncision qui se fait au 8e jour, il acquiert un niveau supérieur au ciel et à la terre, il est maintenant du niveau de Béer Chéva, le puits du 7, qui abreuve et nourrit les 7 niveaux inférieurs.
Cette mitsva de la circoncision (mila) qui lui confère ce niveau du 8, se fait au 8e jour et est considérée comme un "Ot", un signe entre Hachem et nous, tout comme les téfilin, qui sont aussi considérées comme un signe et qui contiennent le niveau du 8, car celui qui accomplit la mitsva de téfilin accomplit 8 mitsvot et à l’inverse celui qui la dédaigne en enfreint huit.

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-> "Et au 8e jour, on circoncira son excroissance" (Tazria 12,7)

-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - Yébamot 71b) enseigne :
La guémara (Yébamot 71b) nous explique qu’Avraham, bien qu’ayant reçu la primeur de la mitsva de Brith Mila, n’a pas reçu sa 2e partie, qui est la Péri’a. La Mila c’est couper la peau de la ‘Orla (l’excroissance) dans la largeur pour en enlever un morceau, mais la Péri’a, c’est déchirer la peau qui reste dans la longueur. Et ça, Avraham n’a pas été ordonné par Hachem de le faire, c’est une mitsva uniquement pour sa descendance, pas pour lui-même.
La raison en est qu’il existe une supériorité à celui qui fait une mistva sans y être obligé, mais qui prend sur lui de la faire quand même, de la même manière qu’il y a aussi un avantage à être ordonné de faire les mitsvot, comme le dit la guémara (Kidoushin 31a).
Hachem voulait que le premier à accomplir la mitsva de Mila (avec la Péri’a) et qui en sera le légataire pour les générations l’accomplisse avec ces 2 aspects, l’ordre et le bénévolat, c’est pour cela qu’Avraham en a reçu la moitié, la Mila en obligation et l’autre moitié, la Péri’a, il l’a accompli volontairement.

"Elle (Hagar) vit qu'elle avait conçu et sa maîtresse devint sans importance à ses yeux ... Sarah la persécuta, et elle s'enfuit de devant elle." (Lé'h Lé'ha 16,4-6)

=> Comment comprendre que Sarah peut être suspectée de persécuter une femme enceinte uniquement par jalousie?

-> Le machguia'h de la yéchiva de Lomza répond qu'il est évident que Sarah ne l'a pas persécutée, elle l'a simplement employée pour les mêmes travaux que Hagar avait l'habitude de faire auparavant.
Mais comme "sa maîtresse devint sans importance à ses yeux", elle sentait qu'elle n'était déjà plus une servante et que Sarah n'était déjà plus la maîtresse.
C'est pourquoi les mêmes travaux qu'elle considérait comme normaux auparavant lui paraissaient humiliants aujourd'hui.
La persécution ne venait pas de Sarah, mais de la conduite de Hagar.

"Hachem dit à Avram : Va pour toi... vers la terre que Je te montrerai" (Lé'h Lé'ha 12,1)

La terre d'Israël est un endroit providentiel où se cachent des secrets spirituels que tout le monde ne peut discerner. Seules des personnes très élevées méritent de percevoir ces mystères.
Hachem dit ici à Avraham que lui, méritera de voir ces choses cachées.
Tu iras "vers la terre que Je te montrerai" = c'est-à-dire que Moi, Je te ferai voir cette terre et ses secrets. Ce que tout un chacun ne peut pas voir par ses propres yeux physiques, Moi Je te le révélerai.

[rabbi Yaakov Moché Charlap - élève du rav Kook]

"La parole de Hachem se fit entendre à Avram dans une vision, en ces termes : "Ne crains pas, Avram, Je suis pour toi un bouclier, ta récompense sera très grande"." (Lé'h Lé'ha 15,1)

-> Avram pensait que compte tenu des miracles dont il avait bénéficié, il avait perdu sa récompense dans le monde futur. Alors, Hachem lui affirma que son salaire n'avait pas été entamé.

Rav Moché Sternbuch écrit que le Saba de Novardok compare ce monde-ci à un restaurant ouvert à tous, où l'on peut consommer des repas de roi, mais où il faut payer la note à la sortie.
Ainsi, le "prix" de chaque profit de ce monde-ci est très élevé et réduit en conséquence la récompense reçue dans le monde futur.
Cependant, le Saba de Novardok affirme que de même que les employés de ce restaurant y mangent gratuitement, il y va de l'intérêt de leur patron qu'ils aient des forces pour travailler, de même lorsque l'homme qui sert Hachem profite de ce monde-ci, c'est en vue du service Divin qu'il le fait, et donc son salaire n'en est pas entamé.

Le rav Sternbuch explique qu'après avoir vaincu de nombreux miracles contre les 4 rois, Avram pensait avoir perdu sa récompense dans le monde futur.
Hachem lui affirma alors qu'il était Son fidèle serviteur et que tout ce qu'il avait fait n'était qu'une sanctification du nom Divin.
Ainsi, comme les employés du restaurant, Avram n'avait rien perdu de son monde futur.