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"Ce fut après la mort d'Avraham, Hachem bénit Its'hak son fils" ('Hayé Sarah 25,11)

-> Le Targoum Yonathan explique qu'Avraham lui-même n'a pas béni Its'hak, pour ne pas qu'Yichmaël soit jaloux.

=> D'après cela, pourquoi Avraham n'a-t-il pas béni Its'hak en cachette, secrètement, sans qu'Yichmaël le sache ?

-> Nos Sages disent que les forces du bien et les forces du mal doivent être équilibrées, pour que le libre arbitre soit conservé.
Ainsi, Avraham ne pouvait pas bénir Its'hak, car par cela, il aurait renforcé la force de la sainteté qui provient du côté de Its'hak.
Mais alors, il aurait fallu obligatoirement bénir également Yichmaël pour renforcer aussi l'autre côté et préserver l'équilibre.
Or, Avraham préférait ne pas bénir Its'hak pour ne pas avoir besoin de renforcer parallèlement les forces négatives. Il préféra donc laisser à Hachem le soin de faire ce que bon Lui semble, et de bénir Its'hak s'Il le souhaite.

[Rabbi Moché Sternbuch - Taam Vadaat]

Les chidou’him

"Lavan et Bétouél répondirent et dirent : La chose a émané de Hachem!" ('Hayé Sarah 24,50)

-> La guémara (Moéd Katan 18a) enseigne :
"De la Torah, des Névi'im et des Kétouvim, [nous avons des preuves que] Hachem arrange les chidou'him.
- de la Torah : "La chose [ce chidou'h] a émané de Hachem" (v.24,50) ;
- des Névi'im : "son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de Hachem" (Chimchon trouvant une femme entre les filles des Philistins - Choftim 14,4) ;
- des Kétouvim : "Maison et fortune sont un héritage des parents, une femme sensée est un don de Hachem" (Michlé 19,14)."

-> "Hachem donne un foyer à ceux qui vivent solitaires" (Elokim mochiv yé'hidim - Téhilim 68,7)

-> Selon le 'Hazon Ich, les Chidou'him bénéficient d'une intervention Divine toute particulière, en comparaison à l'intervention Divine générale dans le monde.
Il est vrai que tout vient d'Hachem, mais les chidou'him sont uniques car tout le monde peut y voir clairement la Main d'Hachem.

-> Certains appellent la cérémonie d'engagement le "vort" (qui se traduit littéralement par : "un mot").
Cela doit nous rappeler que : "tout vient par le mot d'Hachem" (chéakol niya bidvaro).
[ou bien dans le verset ci-dessus : méHachem yatsa adavar (La chose a émané de D.)]

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-> Le 'Hidouché haRim fait remarquer que plusieurs miracles se sont passés lorsque Eliézer a cherché le chidou'h de Its'hak.
On peut citer par exemple :
1°/ il a voyagé de la terre d'Israël à Aram Naharayim en seulement un seul jour, la terre se contractant pour lui (kfitsat aarets) ;
2°/ au moment où Eliézer a prié pour le chidou'h, Rivka est apparue ;
3°/ l'eau du puits est montée d'elle-même vers Rivka ;
4°/ un ange a échangé l'assiette empoissonnée d'Eliézer avec celle de Bétouel.

Le 'Hidouché haRim explique que cela nous apprend que chaque chidou'h se passe miraculeusement, et non pas d'après les lois de la nature.

=> Pourquoi les miracles sont-ils tant nécessaires à un chidou'h?

-> Le rav de Koziglav répond que le Satan essaie d'empêcher la bonne réalisation des chidou'him car il est conscient de leur grandeur.
[par exemple, la guémara (Yébamot 62) affirme : "tout celui qui n'est pas marié est sans joie, sans bénédiction, sans bonheur, ..." ; ou encore la guémara (Sotah 17a) enseigne que si un mari et une femme sont méritants, alors la présence Divine réside avec eux. ]

Si un chidou'h devait se passer selon les règles de la nature, il pourrait ne jamais avoir lieu car le Satan viendrait le bloquer.
Les miracles sont ainsi nécessaires pour surmonter chaque obstacle que le Satan va essayer de déployer pour en empêcher l'aboutissement.

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-> "40 jours avant qu'un enfant ne soit formé, un voix Divine annonce : la fille de untel se mariera avec untel" (guémara Sota 2a)

=> Pourquoi les chidou'him sont-ils choisis aussi tôt? Ne peut-on pas attendre que l'enfant soit en âge de se marier?

La guémara (Kidouchin 30b) dit : "Il y a 3 partenaires dans la création d'un homme : Hachem, le père et la mère."
Le rav Elimélé'h Biderman explique qu'en tant que partenaires, les parents veulent donner une opinion sur avec qui leur enfant doit se marier.
C'est pourquoi, Hachem choisit le chidou'h avant que l'enfant ne naisse, bien avant que les parents ne pensent à le marier.
Le temps passant, l'enfant a alors l'âge pour se marier, le chidou'h est déjà choisi du Ciel, et les parents ne peuvent pas protester.

Un homme peut avoir toute une liste de critères pour sa future femme, mais au moment de rencontrer celle qui lui est destinée, Hachem mettra dans son cœur un désir pour ce chidou'h, annulant tous ses plans préétablis.

On trouve une allusion à cela dans le 1er chidou'h de l'histoire, où Hachem a endormi Adam afin de créer 'Hava.
En effet, le fait que Adam dormait à ce moment indique que pour faire un chidou'h, parfois les plans et les idées d'une personne doivent être mis en sommeil. Et ce n'est qu'alors que le chidou'h se produit.

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-> Le rabbi Shlomo de Zvhil dit que certes un chidou'h est déjà arrangé au moment où l'enfant est dans le ventre de sa mère, mais ensuite lorsqu'Hachem le rend réel, il permet aux gens d'avoir le bon sentiment de penser que c'est eux qui l'ont fait.
Hachem choisit le chidou'h, et puisque les parents sont ses partenaires dans la création de l'enfant, et qu'ils ont peiné pendant de nombreuses années pour l'élever, alors Hachem va créer une illusion en donnant un fort sentiment de comme s'ils participaient à la réalisation du chidou'h.

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-> "Le serviteur courut au devant d’elle ... Elle se hâta de faire glisser sa cruche ... et elle courut à nouveau" ('Hayé Sarah 24,17-20)

-> Le Beit Israël avait coutume de rapporter au nom du rav ‘Haïm de Brisk que dans le domaine des Chidoukhim, nous devons savoir que tout se déroule selon les mots du verset : "La chose émane de D. même".
Et pas seulement le Chidoukh lui-même, mais également le jour et l’heure où il sera conclu eux aussi ne dépendent que d'Hachem, et personne n’est en mesure d’anticiper ni de retarder ce moment ne fût-ce d’un instant.
Lorsque le jour décidé par le Ciel où il doit se conclure approche, les événements se précipitent (à l’instar du trajet qui se raccourcit subitement pour Eliézer, de la hâte soudaine de Rivka, ...) afin que tout se termine en temps voulu sans aucun retard (et il est obligé de se terminer en ce jour-même, comme on le voit dans la prière de Eliézer : "Daigne me faire rencontrer aujourd’hui" (verset 11)).

-> Certes une hichdatlout peut être nécessaire, mais il faut surtout être rempli de émouna que : tout dépend uniquement de la parole et de la volonté d’Hachem qui "donne un foyer à ceux qui vivent solitaires" (Elokim, mochiv yé'hidim bayéta - Téhilim 68,7).

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-> On a demandé au Gaon de Tchebin ce qu'il faut regarder dans un chidou'h, et il a répondu : "3 choses : de bonnes midot, de bonnes midot, de bonnes midot".
[le Imré 'Haïm fait remarquer que Eliézer n'a pas été impressionné par les miracles de Rivka, mais par ses midot, car c'est le facteur de loin le plus important.]

"Les années de la vie de Sarah" ('Hayé Sarah 23,1)

-> Rachi commente : "Toutes égales pour le bien" (koulan chavin létova).

-> "Cela aussi, c’est pour le bien" (gam zou létova)
[Na’houm Ich gam zou (un des maîtres de rabbi Akiva) – guémara Taanit 21a]

-> "Tout homme doit s’habituer à dire : "Tout ce qu’Hachem fait, c’est pour le bien qu’Il le fait"."
[rabbi Akiva – guémara Béra’hot 60b]

=> Sarah appliquait tellement ces principes, qu'à ses yeux sa vie était toujours pour le bien.
Pourtant elle n'a pas eu une vie facile.
Elle a souffert avec Hagar, Yichmaël, Pharaon, Avimélé'h, elle a été sans enfant jusqu'à l'âge de 90 ans, ...
Ainsi, elle avait plein de raisons pour voir négativement sa vie, pour se plaindre. Pourtant, à chaque instant elle était pleinement satisfaite, puisque telle est la volonté de D., alors c'est forcément bien.

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-> Sarah a enfanté Its'hak à l’âge de 90 ans et elle endura aussi les 10 épreuves de son mari Avraham (son double enlèvement, la famine,…).
Dans ce cas, comment comprendre l’explication de Rashi : "toutes les années de la vie de Sarah étaient égales pour le bien"?

Rabbi Zoucha d’Anipoli explique que Sarah ne cherchait jamais à analyser et à comprendre pourquoi elle subissait tant de difficultés. Elles étaient persuadée qu’existaient de profonds secrets derrière tous ses problèmes. Tout ce qui m’arrive n’est que pour mon bien (même si actuellement je n’en suis pas conscient(e) voir je pourrais penser – à tort – le contraire)!

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-> D'après le midrach (midrach Béréchit Rabba 58,3), Sarah a vécu 127 années, et en récompense de cela sa descendante Esther va régner sur 127 provinces.
=> Pourquoi Sarah a bénéficié d'une récompense pour le fait de vivre?

Le rabbi de Klausenbourg explique qu'elle a vécu totalement 127 années, en étant heureuse à chaque instant de sa vie. (selon Rachi : "Toutes [années] égales pour le bien").
[quoiqu'il pouvait lui arriver, elle le voyait positivement et était joyeuse. D'une certaine façon, elle a toujours accepté et remercié Hachem, et donc elle a accepté l'intégralité de sa vie.
De notre côté, combien de fois, plus ou moins inconsciemment, nous nous plaignons, refusant d'accepter ce qui nous arrive comme étant le top du top pour nous.
Ainsi, d'une certaine façon en n'acceptant pas de tout notre cœur des moments de notre vie, nous ne la vivons pas pleinement, et notre vie n'est pas totalement complète.
Combien nous devons suivre l'exemple de notre Matriarche Sarah!]

Le rabbi de Klausenbourg dit qu'avoir un regard positif sur la vie est un tel mérite, que Sarah a mérité que sa descendante (Esther) règne sur 127 provinces.

Il note qu'une telle attitude de Sarah est même unique parmi nos Matriarches. En effet :
- Rivka dit : "Je suis dégoûtée de ma vie" (Toldot 27,46 - Rachi commente : J’ai du mépris pour ma vie) ;
- Ra'hél dit : "Rends moi mère, autrement j'en mourrai" (Vayétsé 30,1) ;
- Selon Rachi (Vayétsé 29,16), Léa avait les yeux ternes : "Parce qu’elle se croyait destinée à Essav, et elle en pleurait".
=> Ainsi, Sarah est unique car même dans ses moments de difficultés, elle était focalisée sur le bien de sa vie.
["les années de la vie de Sarah" = elle était pleine de joie constamment, quoiqu'il puisse lui arriver!]

-> "Vayiyou 'hayé Sarah" (La vie de Sarah fut de ... -'Hayé Sarah 23,1)
Le 'Hida écrit que le mot : "vayiyou" (וַיִּהְיוּ) se lit de façon identique dans les 2 sens (du début à la fin, et de la fin au début du mot).
Cela nous enseigne que pour Sarah lorsque sa vie allait dans la "bonne" direction ou bien qu'en apparence cela allait dans le sens "contraire", elle voyait toujours sa vie comme étant très très bonne.

-> Le 'Hazon Ich enseigne :
Tout le monde doit traverser ce monde. Certains le font avec le sourire, tandis que d'autres le font dans la tristesse, les larmes.
Nous avons tous la possibilité de vivre dans le rire, tout dépend de la façon dont nous abordons la vie.

[tout le monde a des choses positives dans sa vie (il est en vie!, il peut faire au moins 1 mitsva ce qui est énorme), nous devons accepter ce que Hachem souhaite que nous ayons/faisons dans notre vie, plutôt que de souhaiter ce que nous voulons, et de passer sa vie en état perpétuel de manque, de déception.]

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-> Rav Moché Sternbuch enseigne que notre Matriarche acceptait chaque décision du Ciel avec une foi entière et joie comme nos Sages l’enseigne : "On a l’obligation de remercier Hachem pour le mal, autant qu’on le fait pour le bien" (guémara Béra'hot 33b).
Dans chaque moment difficile, Sarah a ressenti une joie intérieure du même niveau que dans les moments plus simples, car tout ce qui vient de Lui est "tov" (bien).

D’ailleurs le Séfer 'Hassidim enseigne que le but d’une vie est d’arriver à apprécier chaque moment de vie sans s’agacer.
En effet, combien est belle et douce la vie de celui qui vit avec émouna.

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-> Le Nétsiv (début de 'Hayé Sarah) explique 2 notions :
- le roua’h hakodech (esprit saint) = il s’acquiert par l'Homme lorsqu’il s’isole, qu’il se renforce en crainte du ciel et qu’il se connecte dans sa spiritualité jusqu’à ce que l’esprit d’Hachem se pose dur lui.
Cependant le roua’h hakodech n’inclut pas une discussion avec Hachem, seulement une perception très élevée et secrète de toute la création, des mondes supérieurs et même une perception du futur ;
- la névoua (prophétie) = c'est la possibilité pour certaines personnes qui s’y préparaient de pouvoir parler avec Hachem, d’écouter Ses ordres et de s’entretenir avec Lui

Avraham était plus grand que Sarah en névoua : il a parlé à Hachem à de nombreuses reprises, mais en roua’h hakodech, Sarah avait un niveau supérieur à Avraham avinou.
[c'est le sens de la néviout (prophétie), dans Rachi (Vayéra 21,12) : nous apprenons qu’Avraham était inférieur à Sara en prophétie]

Le Nétsiv donne 2 raisons cette supériorité :
1°/ Avraham n’avait pas l’habitude de s’isoler autant que Sarah. Sa avoda tendait à vouloir influencer le monde entier vers la émouna et à rapprocher les gens de la Torah et de la téchouva ; ce qui ne lui permettait pas de se retirer autant que Sarah dont la discrétion a été largement vantée par les anges. Comme il est écrit : "iné baohel", Sarah était constamment en retrait dans sa tente, et en profitait pour se renforcer spirituellement à chaque instant où elle était seule.

2°/ l'esprit divin (roua’h hakodech) dépend de la présence de la joie ; comme le dit la Guemara (Shabbat 30b) : la Présence Divine ne repose uniquement sur celui qui est joyeux.
Le Netsiv poursuit : Or Sarah avait une mida de émouna et bita'hon (foi et confiance en Hachem) qu’elle renforçait perpétuellement et qui lui donnait une sérénité et une joie encore plus élevée que celle d’Avraham.

Pour reprendre les mots du midrach raba (41b) : "Sarah disait à son mari : Ata béavtah’a (toi tu as reçu des promesses d’Hachem [ex: sur sa descednance nombreuse]), véAni béémouna (moi, je n’ai reçu aucune promesse mais je renforce ma foi et j’avance).
Or, ajoute le Nétsiv, la force du bita'hon (confiance en Hachem) est plus élevée que la force des promesses qu’Hachem peut faire aux tsadikim comme à Avraham, Its'hak et Yaakov.
D’une part parce que la promesse ne se réalise pas toujours immédiatement et secondement parce que lorsqu’une faute est commise après la promesse il est possible que cette dernière s’annule.
Comme l’a dit Yaakov : j’ai peur que mes fautes m’enlèvent ma protection Divine et me livrent entre les mains d’Essav.

Or, la émouna dans la bonté infinie d’Hachem et le biah’one puissant que l’on renforce perpétuellement, lui, n’est jamais déçu, et ne tarit pas en procurant à celui qui l’acquiert un véritable roua’h hakodech et une délivrance assurée.
C’est ce que la Torah a dit : toutes les années de Sarah chavine létova, (étaient toutes égales en bonnes choses).
En effet, Sarah savait comment vivre les épreuves nous révèle le Zohar (121b : comme Avraham, Sarah surmontait toutes les épreuves de la vie létova, avec un bon œil et un bon cœur), et elle savait renforcer perpétuellement son lien avec Hachem et son bita'hon, ce qui lui procurait une vie heureuse et stable, au delà de toute épreuve.

-> 'Hayé Sarah :
Selon le Nétsiv, le Mot 'haï a 2 significations dans la Torah. Il veut dire vivant et non mort, mais il désigne parfois la vitalité.
'Haï veut alors dire : vivant à l’exclusion de la tristesse, ou du manque.

Le Netsiv écrit également (dans Vaét'hanan) que cette vitalité dépend du réguech (de la sensation) de la spiritualité qui ajoute à l’homme de la vie.
'Haï veut dire alors énergique : l’énergie de l’âme et le plaisir que l’homme perçoit en atteignant sa perfection (chlémout). [pas seulement pour le corps, mais pour son esprit et son âme]
Celui qui s’investit dans la nourriture, la boisson, et les choses matérielles de ce monde ne peut pas s’appeler "vivant" si ce n’est vivant comme un animal (bééma) ; mais pour l’homme et pour le ben Israël cela n’a rien à voir avec la vie.
L’homme qui possède la émouna et se délecte en ressentant la avodat Hachem est le vrai vivant, chacun selon son niveau de vie.

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-> Le 'Hovot haLévavot écrit :
Le bita'hon c’est la sérénité de l’âme et le fait de se reposer et de compter véritablement sur Hachem dans tous les domaines.
Celui qui a bita'hon ne compte plus sur aucune autre personne ou sur aucune autre chose que sur le Créateur qui a tout entre Ses mains.
Celui qui a bita'hon est serein face à toutes les inquiétudes ; il est tranquille et délivré de toutes les dispersions de l’âme.
Il renforce sa confiance dans Celui dont la bonté et l’amour sont infiniment grands. Il renforce sa confiance sur le fait qu’Hachem intervient en notre faveur à chaque instant sans se détourner de nos besoins à aucun moment.
Il se persuade qu’Hachem n’a aucune limite, et aucune barrière ; Hachem peut accomplir les plus grands miracles et les plus grandes délivrances de la façon la plus simple et naturelle qui soit.
Il se place entre les mains de Celui qui connaît le Bien caché et le Bien révélé, à court terme et à long terme, plus encore que nous-mêmes.
Il se rappelle combien Hachem lui a prodigué des bontés gratuites et des délivrances dans le passé, et combien Il a écouté ses prières et combien donc, Il le fera encore.
Il se renforce dans la perception qu’aucun être ne peut lui faire du bien ou du mal sans qu’Hachem ne le décrète (cf. guémara 'Houlin 7).
Enfin, il cherche à percevoir davantage les bontés d’Hachem qui sont infinies et ne tarissent pas pour ceux qui comptent sur elles et espèrent les recevoir.

=> Notre Matriarche Sarah excellait dans le bita'hon, et en ce sens elle a eu une vie dans la joie la plus totale.

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-> "De même qu'une personne est entière, alors ses jours sont entiers" (midrach Béréchit rabba 58,1).
Les jours des tsadikim sont entiers car ils sont entièrement investis avec Hachem, en utilisant chaque instant pour Le servir.
Ils vivent entièrement ces jours, faisant le bien à chaque moment.

=> Qu'est-ce qui les poussent à être aussi vigilants avec leur temps?

Le rav Elimélé'h Biderman répond : c'est par leur conscience qu'il n'y a pas de plus grand privilège et de plus grande joie possible que le fait de servir Hachem.

[est-ce que faire la volonté de D. est pour nous une certaine lourdeur (une obligation à se débarrasser) ou bien c'est une affaire en or (avec un rien on obtient de l'infini!)
La joie que nous avons à gérer tout ce qui peut nous arriver dans la vie témoigne concrètement de notre confiance en Hachem.
C'est ainsi que Sarah a eu du début à la fin de sa vie le sourire, car elle avait une confiance intègre et totale en D., s'ajoutant à une joie infinie d'être en vie pour faire la volonté du Roi des rois : Hachem.]

"Après cela, Avraham ensevelit Sarah, son épouse" ('Hayé Sarah 23,19)

-> Le Zohar nous enseigne :
Rabbi Chimon a raconté : lorsque Avraham est entré dans la grotte de Ma'hpéla, et y a fait pénétrer Sarah, alors Adam et 'Hava se sont levés et n'ont plus voulu y rester enterrés.

Ils se sont exclamés : "Nous sommes déjà honteux devant D. du fait de cette faute qui a entraîné la mortalité dans le monde. A présent, vos bonnes actions ne feront qu'intensifier notre humiliation!"
Avraham leur a alors répliqué : "Je suis prêt à intervenir auprès de Hachem en votre faveur afin que vous ne soyez plus jamais honteux devant Lui".

Immédiatement : "après cela, il enterra son épouse Sarah".
Que signifie "après cela" (וְאַחֲרֵי-כֵן- véa'haré kén)?

Après qu'Avraham s'est ainsi engagé, Adam est retourné dans sa tombe, mais 'Hava ne l'a pas suivi. Avraham s'est approché et l'a fait rentrer près d'Adam, qui l'a reçue à cause de lui.

C'est le sens du verset : "Après cela Avraham enterra son épouse Sarah". Il n'est pas écrit "léSarah", mais "ét Sarah" = le mot "ét" vient inclure 'Hava, qui a également été enterrée par Avraham.
Et chacun est alors resté à sa propre place.

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+ Notre ancêtre Avraham est arrivé à la grotte de Mah'péla.
Il a senti l'odeur du gan Eden et a entendu les anges de service dire : "Le 1er homme y est enterré, Avraham, Its'hak et Yaakov, le seront aussi."
Il a vu la flamme brûler et en est sorti. Il a tout de suite désiré ardemment cet endroit.

Avant lui, beaucoup de personnes avaient cherché à enterrer leurs morts là-bas, mais les anges de service gardaient ce lieu. Les gens voyaient un feu y brûler et s'abstenaient d'y entrer jusqu'à ce qu'Avraham arrive et l'achète.
[midrach Aggada Ruth]

-> Quand Adam mourut, son fils l'enterra dans la grotte de Ma'hpéla.
Après la mort de Chét, le secret de la grotte fut jalousement gardé jusqu'à l'époque d'Avraham. [...]
Dès que des hommes tentaient d'y enterrer quelqu'un une langue de feu jaillissait de la grotte et les repoussait.
[Zohar 'Hadach Ruth]

-> Avraham découvrit le caveau de Ma'hpéla lorsque les 3 anges lui avaient rendu visite.
Il avait été prendre 3 veaux de son troupeau pour ses invités. L'un d'eux avait pris la fuite et Avraham l'avait poursuivi.
Le veau avait pénétré dans la grotte de Ma'hpéla et quand Avraham l'y eut rejoint, il vit qu'Adam et 'Hava y étaient enterrés.
L'atmosphère de la grotte apaisa son esprit, et il prit l'habitude de s'y rendre pour servir D. chaque jour.
Ce fut également à cet endroit que Hachem s'adressa à lui.
La sainteté de cette grotte incita Avraham à vouloir y être enterré.
[Pirké déRabbi Eliézer]

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-> Le midrach (Tan'houma 'Hayé Sarah 4) dit que l'éloge funèbre que Avraham a prononcé pour Sarah était le texte du "échet 'Hayil" (que l'on récite avant le Kidouch du vendredi soir).
Il y est dit : "Elle désira le champ et l'a acquis". Cela se réfère, selon ce Midrach, à Sarah, qui désira le champ de Ma'hpéla et en fit l'acquisition, pour y être enterrée.
Cela est très étonnant, car ce n'est pas Sarah qui a acquis le champ de Makhpela, mais Avraham, comme on le voit en longueur dans notre Paracha.
=> Comment comprendre cela?

Chaque élément que Hachem a créé sur terre, peut servir à attester de Son Existence et peut être utilisé pour Son Service. L'homme peut utiliser le monde et tout ce qu'il renferme, pour servir Hachem. Et alors, par cela, il s'élève et élève le monde avec lui.
La dimension spirituelle et Divine présente dans le monde de façon voilée, peut alors se révéler. De cette façon, le ciel et la terre se réunissent.
L'homme, par le Service d'Hachem, arrive à élever la terre vers le ciel, ou encore à révéler ce ciel qui se cache
dans la terre. C'est cela même le but de l'Homme.
Hachem l'a créé dans ce monde, pour utiliser les existences matérielles qui se présentent à lui, pour les raffiner et les élever. Chacun de ses comportements devraient tendre vers cet idéal.

Le lieu par excellence qui exprime cette union entre le ciel et la terre, c'est la ville de 'Hevron.
Le nom de cette ville, a la même racine hébraïque que le mot 'Hibour, qui signifie ''lien'', ''réunion''. Car, c'est le lieu où se réunissent la terre et le ciel. C'est dans cette ville où se trouve la grotte de Ma'hpéla, où sont enterrés nos Patriarches et leurs épouses, nos Matriarches.
Ce sont eux qui ont atteints, de leur vivant, la dimension la plus parfaite d'une vie matérielle, sur terre, sanctifiée le plus possible par le Service d'Hachem, pour l'élever et la relier avec le Ciel.
Ils ont donc été enterrés dans cette ville qui relie ces deux dimensions.

Nos Sages enseignent que l'homme et la femme sont associés dans cette mission.
L'homme est celui qui doit étudier la Thora (la femme est essentiellement dispensée de cette étude). Il doit rester connecté avec le monde d'en-haut. La femme, en revanche, s'occupe de tout ce qui est lié à la maison. Elle est plus terre à terre. En fait, l'association idéale entre un homme et une femme s'exprime par le fait que le mari amène la Torah et la spiritualité à la maison. Alors, la femme va utiliser cette Torah apportée par son mari, pour l'appliquer aux différentes situations de la vie concrète et matérielle auxquelles ils sont confrontés.
De la sorte, c'est à travers le couple que ce travail de raffinement de la matière pourra se faire de la meilleure façon.
L'homme tout seul ne pourra pas appliquer sa Torah dans le monde. La femme toute seule n'aura pas cette Torah pour raffiner son monde.
=> C'est pourquoi, la réunion du ciel et de la terre, qui se réalise surtout par le couple, passe par la grotte de Ma'hpela, la porte du paradis, le lieu qui réunie les 2 mondes.

On peut à présent comprendre pourquoi dans cette grotte, ce sont justement des couples qui y sont enterrés. C'est le travail du couple par excellence qui permet justement la réunion entre la matière et l'esprit, pour vivre une vie élevée, à proximité avec Hachem, dans un monde bas, où se dissimule Sa Présence.
Mais c'est surtout la femme qui joue le rôle essentiel, car c'est elle qui entre le plus en contact avec la vie matérielle. C'est elle qui, concrètement, élève le monde, même si pour cela elle a besoin d'utiliser la Torah de son mari.
L'homme, qui est plus en retrait de la matérialité, joue un rôle plus limité dans l'élévation du monde.
C'est ainsi que Sarah, en tant que femme d'Avraham, n'a pas cessé, de son vivant, d'imprégner toutes les situations du monde qu'elle rencontrait, par la sainteté d'Hachem. Elle profitait de chaque occasion pour révéler l'Honneur Divine dans chaque élément.

=> On peut ainsi comprendre l'éloge qu'Avraham lui fit. "Elle a désiré le champ et l'a acquis" = effectivement, Sarah a acquis la grotte de Ma'hpéla. Et ce, par tout le travail de sa vie. En vivant pour révéler le Divin caché dans le monde physique, elle a réussi à réunir les deux mondes. Par ce travail, elle a réellement fait l'acquisition de cette grotte, qui est la porte qui fait le lien entre le monde matériel et le monde spirituel.
Elle n'accomplissait aucun acte matériel pour répondre à un besoin matériel, mais uniquement pour
pouvoir encore plus servir Hachem.
Ainsi, c'est bien elle qui a acquis la grotte de Makhpela, car elle a su donner de la grandeur à une vie dans ce monde, en la vouant au Nom d'Hachem.
[basé sur Chiour Léyom HaChabbat - rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

+ Lorsque Lavan a entendu qu'Eliézer arrivait à 'Haran et qu'il a vu les bijoux que ce dernier avait offerts à sa sœur Rivka, il est sorti à sa rencontre pour le tuer.
Lorsqu'Eliézer a vu Lavan courir vers lui armé d'un glaive, il a prononcé le Nom Divin, et s'est envolé dans le ciel avec ses 10 chameaux.

A la vue de ce spectacle, Lavan a compris qu'il ne pouvait rien contre lui, et lui a dit : "Viens, bien-aimé du Seigneur! Pourquoi restes-tu dehors, alors que j'ai dégagé la maison et qu'il y a de la place pour les chameaux?" ('Hayé Sarah 24,31).
Et Rachi de commenter : "j'ai dégager la maison : de l'idolâtrie".
[midrach Yalkout Chimoni Béréchit 109 - ('Hayé Sarah)]

[anticipant un éventuel échec à vaincre Eliézer, Lavan avait débarrassé sa maison de l'idolâtrie, pour être en mesure de recevoir, le serviteur d'Avraham.
Selon le Mayana chel Torah, on apprend de là que pour les réchaïm l'argent a plus d'importance que leurs idoles/dieu.]

-> Le Méam Loez ('Hayé Sarah 24,30) enseigne :
La lévitation s'accomplissant également par l'intermédiaire de la magie noire, Eliézer s'éleva au-dessus de l'eau [du puits] afin que Lavan ne pense pas qu'il était un sorcier. En effet, ceux qui pratiquent les sciences occultes voient leurs pouvoirs s'amoindrir au contact de l'eau.
[la guémara (Sanhédrin 67b) enseigne que les sorciers ne peuvent pas réaliser leur magie lorsqu’ils sont en contact avec l’eau (l’eau empêchant tout effet de la sorcellerie).]

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-> Le Baal haTourim (54,33) rapporte qu'ensuite Bétouel et (son fils) Lavan ont essayé d'empoisonner la nourriture d'Eliézer, afin de pouvoir lui voler les richesses d'Avraham.
[en effet, nos Sages (comme le 'Hizkouni) enseignent que Eliézer avait besoin de 10 chameaux pour transporter l'immense richesse d'Avraham qu’il avait avec lui.
Selon le Ramban chaque chameau était chargé de pierres précieuses.]

Cependant, au moment où Eliézer est allé se laver les mains avant le repas, un ange a échangé son plat avec celui de Bétouel.
Ils ont tous mangé, mais c'est Bétouél qui ne s'est pas réveillé le lendemain matin.

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-> "On lui servit à manger; mais il dit: "Je ne mangerai point, que je n'aie dit ce que j'ai à dire" ('Hayé Sarah 24,33)

Lorsque Eliézer est arrivé dans la maison de Bétouel, ils lui ont apporté de quoi manger.
"Je n'aie dit ce que j'ai à dire" (im dibarti dévaraï, vayomer dabèr [דַּבֵּר]).
Le mot "dabér" représente le fait de parler durement, à l'opposé de "amar" (אמר) qui consiste à parler d'une façon agréable.
Le rabbi Moché de Koznitz (Daat Moché) explique que Eliézer s'apprêtait à leur parler durement afin de les réprimander d'avoir voulut mettre du poison dans sa nourriture (comme l'affirme le Yalkout Chimoni 209).
Il était sur le point de leur dire : "Est-ce que c'est comme cela qu'on traite ses invités? Vous mettez du poison dans leur nourriture?"

Dans le verset suivant, il est écrit : "[Eliézer] dit (vayomer - וַיֹּאמַר) : Je suis le serviteur d'Avraham" (24,34).
Ici, on n'a plus l'emploi de "dabér", mais de "vayomer", ce qui implique un échange doux et agréable.
Pourquoi cela? Car : "Je suis (ano'hi) le serviteur d'Avraham". Le terme ano'hi renvoie au 10 Commandements (donc toute la Torah) qui commencent par "ano'hi", qu'Eliézer a appris à mettre en pratique en vivant en permanence avec Avraham.
C'est ainsi qu'Eliézer suit les voies d'Hachem, et faisant preuve d'humilité il ne va pas les réprimander, mais il va leur parler gentiment en dirigeant la conversation sur le chidou'h.
[selon nos Sages dès que la grandeur de Hachem est mentionné, son humilité est également mentionnée.]

-> "Hachem réalisent les miracles. Les bonnes actions et les bonnes midot sont la tâche de l'homme."
[rabbi Yé'hezkel de Kozmir]

-> Le Kédouchat Lévi enseigne que Eliézer voulait parler avant de manger, car ses mots sont très précieux, comme nos Sages (rapporté par Rachi - 'Hayé Sarah 24,42) l'enseignent : "la conversation des serviteurs des patriarches est plus chère à D. que la Torah de leurs enfants".
Ses [saints] mots allaient le protéger du danger. Et c'est ce qui est arrivé puisqu'un ange a échangé les plats, et Bétouel est tombé dans le piège qu'il avait lui-même préparé.

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-> Pour parcourir la distance qui séparait 'Hébron de 'Haran, il fallait 17 jours (près de 880 km).
Par égard pour Avraham, D. envoya un ange escorter Eliézer qui lui permit de faire ce voyage en 3 heures.
[Pirké déRabbi Eliézer]

-> En récompense pour l'accomplissement de sa mission, Eliézer fut affranchi par Avraham de son état d'esclave.
[D'après certains commentateurs,] il devint un roi identifié comme étant Og, le roi de Bachan. [Pirké déRabbi Eliézer]
Selon une autre opinion, Its'hak éleva Eliézer au rang de souverain des anges, et il entra vivant au paradis. [Yalkout Chimoni]
[Méam Loez - 'Hayé Sarah 24,67]

"Avraham était vieux, avancé dans la vie" ("Hayé Sarah 24,1)

-> Il est écrit dans le midrach Yalkout Chimoni ('Hayé Sarah - chap.105) :

"Avraham demanda la vieillesse.
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, quand un homme et son fils arrivent quelque part, personne ne sait qui des deux honorer."
Hachem lui répondit : "Je jure par ta vie : c'est une bonne chose que tu demandes là, et c'est avec toi que la vieillesse commencera".
Depuis le début de Béréchit, il n'est fait aucune mention de la notion de vieillesse, et c'est seulement lorsqu'Avraham la demanda qu'elle fut donnée au monde ; c'est pourquoi il est dit : "Avraham était vieux".

Its'hak demanda les épreuves.
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, un homme meurt sans avoir vécu d'épreuves durant sa vie et l'Attribut de Rigueur/Justice s'abat sur lui ...
Its'hak demanda les épreuves, et elles furent données, comme il est dit : "Comme Its'hak était devenu vieux, sa vue s'obscurcit" (Toldot 27,1).

Yaakov exigea la maladie [qui précède la mort].
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, un homme meurt sans tomber malade, il n'a pas l'occasion de répartir son héritage entre ses enfants. Mais s'il tombe malade 2 ou 3 jours auparavant, il peut alors léguer ses biens ...
C'est pourquoi il est dit : "On fit dire à Yossef : ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)."

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-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou) explique :

- Avraham incarne le 'hessed, et il déplorait le fait qu'une personne respectable (du fait de son âge), puisse être privée de l'honneur qui lui revient.
Par le phénomène de vieillissement, il avait une volonté sincère d'améliorer les relations entre les hommes.

- Its'hak incarne l'attribut de Rigueur/Justice, et il ressentait la nécessité de doter l'humanité d'un instrument capable d'inciter l'homme au repentir.
L'idée est de donner une sorte d'avant goût des épreuves de l'Enfer qui risquent de s'abattre sur cette personne, si elle ne se repent pas.

- Yaakov, l'homme intègre, par l'Attribut de la Perfection, souhaitait que la paix règne entre les héritiers, et la maladie permet d'avoir le temps pour répartir son legs.
Il avait conscience que les rivalités et la jalousie, provoquent une faille dans le service divin.

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-> Dans ce même midrach, il est également écrit :

"Le roi 'Hizkiyahou demanda la "seconde maladie".
Il s'adressa à D. en disant : "Maître du monde, il n'est pas bon pour l'homme que Tu le laisse en parfaite santé jusqu'à l'heure de sa mort. En revanche, s'il tombe malade au cours de sa vie, il se repent sincèrement.
C'est pourquoi il est : "Cantique de 'Hizkiyahou, roi de Yéhouda, composé à l'occasion de sa maladie dont il guérit" (Yéchayahou 38,9)."

=> 'Hzikiyahou est allé au-delà de la demande de Yaakov, en priant Hachem qu'Il suscite en l'homme, tout au long de vie, des maladies qui le conduiraient jusqu'au seuil de la mort, et dont il ne guérirait que par pure charité divine. L'homme serait alors animé d'un profond sentiment de gratitude envers Celui qui l'a sauvé, et il se repentirait sincèrement.

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-> Le midrach (Béréchit rabba Vayéra 43,10) nous rapporte que :

Rabbi Yéhouda bar Rabbi Simon dit : "Avraham fit un grand festin [suite à la naissance de Its'hak]" = il fit un festin pour les grands : Og et tous les grands de ce monde y étaient présents.

On dit à Og : "Ne disais-tu pas d'Avraham qu'il est une mule qui ne peut procréer?"
Il répondit : "Quelle est donc cette créature insignifiante [Its'hak] qu'il a reçue en cadeau? Avec mon doigts seulement, je peux la broyer!"

Hachem dit : "Pourquoi méprises-tu donc son cadeau? Je jure que viendra un jour où se dresseront face à toi des milliers et des milliers de myriades de ses descendants, entre les mains desquels tu tomberas (cf. 'Houkat 21,34).

[Cette interprétation correspond à] ce qu'a enseigné Rabbi Lévi : Jamais un berceau ne fut balancé avant qu'on ne le fît dans la maison d'Avraham."

-> Le Matanot Kéhouna explique que ce texte suggère que Its'hak fut le 1er enfant au monde à naître de la taille d'un nourrisson. Jusque là, les nouveau-nés sortaient du ventre maternel déjà adultes, et n'avaient donc nul besoin d'un berceau.
C'est pourquoi Og avait ainsi tourné en ridicule à la vue d'Its'hak, dans la mesure où l'on n'avait encore jamais vu d'enfant de taille si réduite.

=> Ainsi, Its'hak fut le 1er enfant "dépendant", incapable de pourvoir à ses besoins dès sa naissance.

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-> Pourquoi dit-on lé’haïm? Pourquoi dit-on labriout? : https://todahm.com/2014/05/18/pourquoi-lehaim-pourquoi-labriout

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"Avraham était vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sarah 24,1)

En hébreu, cela donne : וְאַבְרָהָם זָקֵן, בָּא בַּיָּמִים (veAvraham zaken ba bayamim)

La dernière lettre de ces 4 mots forme : מַאֲמִן (un croyant - maamim), c'est une allusion à la foi de Avraham en Hachem.
[Yalkout haEzovi]

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-> Répondre amen comme il le faut, est propice pour avoir une longue vie.
En effet, il est écrit : "Avraham était vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sarah 24,1).
Les dernières lettres de : "zaken ba bayamim" (vieux, avancé dans la vie - זָקֵן, בָּא בַּיָּמִי) forment le mot : amen (אמן).
[Baalé haTossafot]

-> Tout celui qui allonge son amen, sa vie sera allongée et sa vie sera bonne.
[guémara Yérouchalmi Béra'hot 8,8]
Le rav Its'hak Eizik Chaver précise que "sa vie sera bonne" (ouchnotav bétova) signifie : "il aura du plaisir en un jour de sa vie autant que les autres en ont en plusieurs jours."

-> Tout celui qui répond "amen" dans ce monde méritera de répondre "amen" dans le monde futur.
[midrach Tan'houma 96,9]
En ce sens, le Choul'han Aroukh (Ora’h 'Haïm 124,7) statue : "Enseigne à tes jeunes enfants à répondre amen, car lorsque les enfants répondent amen, ils méritent une part dans le monde futur (olam aba).

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-> "Et Avraham fut âgé" ('Hayé Sarah 24,1)

=> La Torah rapporte qu'Avraham était âgé, juste après l'épisode de l'enterrement de Sarah. Quel lien y a-t-il entre ces deux sujets?

Rabbi Nathan de Breslev (Likouté Halakhot) enseigne :
L'une des explications à cela est basée sur le verset de la Torah qui dit : "Que vos jours se multiplient ainsi que les jours de vos enfants sur la terre qu'Hachem a promis de vous donner" = on en déduit que toute la valeur et la plénitude de la longévité et donc de la vieillesse ne s'applique qu'à ceux qui sont en terre sainte.
Certes, Hachem a promis cette terre à Avraham. Mais, Avraham n'a réellement prit possession d'une part en terre d'Israël que pour y enterrer Sarah. C'est là qu'il a acheté le terrain d'Efron, à 'Hevron. Et c'est seulement après cette acquisition de ce lopin de terre que la vieillesse d'Avraham devint une véritable valeur et prit tout son sens, comme on l'a expliqué.
C'est donc logique que juste après cela, la Torah en fasse l'éloge : "Et Avraham fut âgé".

5 Questions/Réponses – Paracha ‘Hayé Sarah

+ 5 Questions/Réponses - Paracha 'Hayé Sarah :

1°/ Pourquoi est-ce que cette paracha s'appelle : "la vie de Sarah" ('Hayé Sarah) alors qu'elle commence par la mort de Sarah, et pourquoi la paracha ultérieure de Vayé'hi, qui signifie : "Yaakov vécut" (Vayé'hi Yaakov), traite de la mort de Yaakov?

-> Le rav Zalman Sorotzkin (Oznaïm laTorah) suggère que cela est fait afin de nous apprendre que la véritable vie n'est pas celle dans ce monde.
Mais plutôt, la vie commence après que l'âme quitte le corps et entre dans le monde à venir.
Ainsi, Sarah et Yaakov sont morts dans ce monde, et ils ont alors pu commencer leur vraie vie.

[Ce monde n'est qu'un bref lieu de passage vers notre endroit de vie éternelle, comme il est écrit (Pirké Avot 4,16) : "Ce monde ressemble à un vestibule devant le monde à venir [éternel]. Prépares-toi dans le vestibule [en accomplissant des bonnes actions, des mitsvot dans ce monde] pour entrer dans le palais." ]

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-> Par ailleurs, on peut remarquer qu'il est écrit :
- "les années de la vie de Sarah" (שני חיי שרה - v.23,1)
- "les années de la vie de Yichmaël" (שְׁנֵי חַיֵּי יִשְׁמָעֵאל - v.25,17)

Sachant que Rachi commente : les années de la vie de Sara = Toutes égales pour le bien.
Comment peut-on expliquer une telle similitude dans les mots?

-> Selon le Daat Zékénim, Yichmaël a fait une sincère téchouva sur toutes ses fautes (cf. Rachi 25,9), et il a alors été considéré comme une nouveau-né avec aucune faute à son actif.
[plus encore, une téchouva faite par amour, transforme nos fautes en mérites!]
Ainsi, d'une certaine façon, ses années étaient "toutes égales pour le bien", comme celles de Sarah.

Nos fautes ne pourront jamais se comparer à celles très graves de Yichmaël.
=> Si lui a réussi à faire une téchouva totale, nous ne devons donc jamais désespérer de pouvoir également faire une téchouva totale.

Comme l'affirme le Rambam (Hilkhot Téchouva 7,4) : "Une personne qui a fait téchouva est aimée et chérie par D., comme si elle n’avait rien transgressé".

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2°/ "Rivka, levant les yeux, aperçut Its'hak et se jeta à bas du chameau ... [elle demanda à Eliézer : ] Qui est cet homme qui marche dans le champ" ('Hayé Sarah 24,64-65)

Qu'est-ce qui a poussé Rivka à demander l'identité de Its'hak en le voyant pour la 1ere fois, sachant qu'elle n'a surement pas interrogé Eliézer concernant chaque personne qu'ils ont pu croiser pendant leur trajet?

-> Le Nétsiv (Haémek Davar 24,65) dit que la 1ere fois que Rivka a vu Its'hak, il était en train de prier.
Dans sa prière, il était si retiré de ce monde, qu'il apparaissait comme un ange, au point que Rikva a glissé de son chameau et s'est couverte par respect pour cette sainte personne.

Cette rencontre a tellement mis en elle du respect pour Its'hak, que durant toute sa vie elle sera incapable de se confronter à lui.
C'est pourquoi, par exemple, elle ne lui demandera pas le départ de Essav, comme Sarah avait pu le faire au sujet de Yichmaël, à son mari Avraham.

-> Le Mochav Zékénim, ainsi que le Panéa'h Raza, citent le midrach affirmant que Its'hak marchait à l'envers, avec ses pieds en l'air.
Ils expliquent que Avraham a blessé Its'hak au moment de le ligoter afin de l'offrir en sacrifice, et les anges l'ont ensuite pris au Gan Eden afin qu'il puisse récupérer et guérir.
Or, il est d'usage que les personnes revenant du Gan Eden marchent à l'envers (cf. Rachi Chmouël I 28,12).

=> Ainsi, Rivka remarquant cette façon inhabituelle de se déplacer, elle a demandé son identité à Eliézer.

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-> Rabbi Ovadia de Barténoura écrit : "Its'hak venait du Gan Eden. Il y était pour se guérir de la blessure que son père avait fait à sa gorge lors de la Akédat.
Il marchait sa tête en bas et ses pieds en haut [car c'est de cette façon que les gens marchent au Gan Eden]."

Le Riva (à partir du Baalé haTossefot) écrit : "Rivka a vu Its'hak venant du Gan Eden, et il venait la tête en bas, et les pieds en haut. Rachi écrit : "raata oto adour". Le mot "adour" (הָדוּר) signifie : retournée, car ses pieds étaient en haut."

=> Pourquoi les gens au Gan Eden marchent-ils la tête en bas et les pieds en haut?

-> Le rav Eliméléh Biderman rapporte l'explication suivante :
Dans ce monde notre visage est dirigé vers le ciel, car le ciel est la source de notre vie.
Cependant au Gan Eden, nous ne pouvons plus réaliser de mitsvot. Nous pouvons alors uniquement monter à un niveau supérieur lorsque nos enfants dans ce monde font des mitsvot.
Ainsi là-bas on marche avec la tête vers le sol, car nous sommes dépendants de nos enfants en bas sur terre.

-> Rav Yossef, fils de rabbi Yéhochoua ben Lévi, tomba malade dans un état comateux, puis reprit conscience.
Il répondit à son père qui lui demandait ce qu’il avait vu : "J’ai vu un monde à l’envers : les gens importants (notables et riches) ici-bas (mais peu appréciés aux yeux d’Hachem) sont insignifiants dans le monde d’en-haut [Gan Eden]"
Son père lui lui dit alors : "Mon fils, c’est un monde ordonné (clair) que tu as vu!"
[guémara Pessa’him 50a ; Baba Batra 10b]

Rachi explique que le Ciel évalue les gens différemment de la façon dont nous le faisons.
Dans notre monde, les gens sont évalués en fonction de leur richesse (symbole de réussite).
C'est ainsi qu'il y a de nombreuses personnes qui sont honorées dans ce monde, mais qui seront à un niveau nettement moins bon au gan Eden.
Et à l'inverse, il y a des pauvres, que les gens tendent à mépriser dans ce monde (c'est des ratés, des paresseux, des gens à la charge de la société!), qui seront à un haut niveau au gan Eden.

Selon le rav Elimélé'h Biderman, on peut également comprendre cette guémara en la liant à notre sujet.
Au Gan Eden :
- "ceux qui sont [ici] importants/élevés" (éliyonim) = il s'agit de la tête [organe le plus haut] ;
- "en bas" (lémata) = qui sera en bas sur le sol ;
- "ceux qui sont tout en bas" (ta'htonim) = il s'agit des pieds ;
- "en haut" (lémala) = qui seront en haut.
= tout cela car au Ciel les gens marchent de façon inversées à notre monde actuel.

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3°/ Rachi (v.23,2) écrit : Le récit de la mort de Sarah fait immédiatement suite à celui du sacrifice de Its'hak. Lorsqu’elle a appris que son fils avait été ligoté sur l’autel, prêt à être égorgé, et qu’il s’en était fallu de peu qu’il fût immolé, elle en a subi un grand choc et elle est morte.

La guémara (Pessa'him 8b) enseigne que ceux qui réalisent des mitsvot ne seront en aucun cas lésés du fait d'avoir fait une mitsva.
=> Comment est-il alors possible que la mitsva de la ligature d'Its'hak a pu entraîner la mort de sa femme bien-aimée?

-> Le rav 'Haïm Kanievsky explique que l'intention de la guémara est que la réalisation d'une mitsva n'entraîne pas une souffrance supplémentaire.
Cependant, si le temps naturel de mourir d'une personne est arrivé et qu'elle est méritante, alors Hachem va faire en sorte qu'elle meurt pendant la réalisation d'une mitsva.
En effet, le midrach (Kohélet rabba 3,22) enseigne que celui qui fait une mitsva juste avant sa mort, est considéré comme ayant observé toutes les mitsvot de la Torah.

-> Le Mérafsin Igri est d'avis que Hachem protège une personne lorsqu'elle fait une mitsva, mais ce principe ne s'appliquait pas à la Akédat Its'hak, puisque son but était de tester le dévouement d'Avraham à Hachem, même dans les circonstances les plus difficiles.

Dans ce cas, la permission a été donnée au Satan pour rentre encore plus difficile cette situation : en montrant à Avraham que ses actions ont causé la mort de sa femme bien-aimée.
=> Alors que le moment de la mort de Sarah était arrivé, cela permettait en plus de magnifier l'épreuve et d'apporter à Avraham une récompense beaucoup plus importante.

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-> Rabbi 'Hanan dit : celui qui en appelle au jugement contre son prochain sera jugé en premier, d'après les 2 versets : "Saraï dit à Avram : Que l'injure qui m'est faite retombe sur toi ... Que Hachem juge entre moi et toi!" (Lé'h Lé'ha 16,5) et plus loin : "Avraham vint pour prononcer l'oraison funèbre sur Sarah et la pleurer" ('Hayé Sarah 23,2).
[guémara Roch Hachana 16b]

-> Le Pné Yéhochoua enseigne :
Qui prouve que le décès prématuré de Saraï est une conséquence d'avoir invoqué le Ciel contre Avram? Peut-être son décès à 127 ans n'était-il pas une sanction, mais correspondait à la date prévue de sa mort?
Il n'en est rien, car dans le verset ('Hayé Sarah 23,2), il aurait suffi d'écrire : "Avraham prononça l'oraison funèbre de Sarah" et l'expression : "Avraham vint (vayavo Avraham) semble apparemment superflue.
En fait, le texte veut nous enseigner, par l'expression: "Avraham vint" que cette arrivée n'était pas prévue, naturellement, car il était prévu dans le Ciel que c'est Sarah qui devait prononcer l'oraison funèbre au Ciel contre son époux, elle a diminué sa durée de vie (en invoquant le Ciel contre lui) et c'est donc son époux qui vint l'enterrer.

[ => Combien nous devons être vigilant à ne pas "appeler au jugement contre son prochain", car nous sommes alors "jugé en premier", et même pour notre Matriarche Sarah cela s'est terminé par une mort prématurée!! ]

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4°/ "Avraham vint faire l'éloge funèbre de Sarah et la pleurer" ('Hayé Sarah 23,2)

Le Baal haTourim fait remarquer que la lettre kaf (כ) de : וְלִבְכֹּתָהּ (vélivkota - et la pleurer) est écrite dans la Torah plus petite que les autres lettres, afin de nous enseigner qu'il s'est autorisé à ne pleurer qu'une petite quantité.

Pourquoi Avraham n'a-t-il pas pleuré davantage sur la perte de sa femme bien-aimée?

-> Le Baal haTourim répond qu'il a peu pleuré parce qu'elle était déjà très âgée (127 ans!).

Par ailleurs, la guémara (Baba Kama 93a) enseigne que Sarah a été punie pour avoir demandé à Hachem de juger sa plainte contre Avraham ("Que Hachem juge entre moi et toi!" - Lé'h Lé'ha 16,5), faisant qu'elle allait mourir prématurément.
Etant considérée comme partiellement responsable de sa mort, il l'a pleuré avec moins d'intensité.

-> Le Darké Moussar fait remarquer que Avraham a voyagé pendant 3 jours afin de réaliser la Akéda le jour de Kippour.
Le temps qu'il retourne chez lui pour enterrer et prendre le deuil de Sarah, c'était la veille de Souccot, faisant que la période de deuil a été réduite à uniquement un seul jour. [puisque la fête interrompt le deuil, il ne lui restait pas beaucoup de temps pour la pleurer!]

Par ailleurs, puisque Sarah avait laissé un enfant très vertueux pour continuer dans son chemin, elle était considérée à un certain niveau comme toujours en vie. C'est pour cela qu'il a réduit les pleurs.

-> Le Kessef Nivchar, cite la guémara (Moed Katan 27b), qui enseigne qu'il faut pleurer un mort pendant 3 jours et prendre le deuil pendant 7 jours.
Après avoir mis pratiquement 3 jours pour revenir chez lui après la Akéda, il ne restait plus que quelques heures pour la pleurer.

-> Rabbi Shimshon Raphaël Hirsch dit que son chagrin était certainement immense, mais il n'a pas voulu exhiber sa souffrance, dissimulant la pleine mesure de sa douleur dans le fond de son cœur et dans l'intimité de sa maison.

-> Le Kéhillat Its'hak explique qu'en entendant que la Akéda a entraîné la mort de Sarah, Avraham n'a pas voulu pleurer excessivement d'une manière qui aurait pu être interprétée par autrui, comme l'expression d'un regret de la Akéda, à cause de ses conséquences.

En effet, la guémara (Kiddouchin 40b) enseigne que le fait de regretter d'avoir réalisé une mitsva ou bien de ne pas avoir fait une avéra, a le pouvoir d'annuler cette bonne action ou le fait de s'être retenu de fauter.

Le Pirké déRabbi Eliézer (chap.31) rapporte que sur le chemin aller, le Satan a mis une rivière (Avraham était sur le point de mourir noyé) et est également apparu sous la forme d'une vieille personne se moquant de ce qu'il s'apprêtait à faire. Ces plans n'ont pas fonctionné.

Le Kéhillat Its'hak dit qu'une fois la Akéda réalisée, le Satan a essayé de le faire regretter en montrant que la mort de sa femme Sarah était de sa faute (bien que son heure était arrivée), profitant de sa détresse émotionnelle, ce qui aurait alors comme conséquence d'annuler toute récompense à cette incroyable mitsva.

Le yétser ara tenta de faire regretter à Avraham les conséquences de la Akéda. Ainsi, il espérait qu’Avraham s’en veuille d’avoir entrepris ce projet en constatant la mort de Sarah
Néanmoins, Avraham surmonta cette épreuve et n’éprouva aucun regret concernant la Akéda, en dépit du décès de sa femme qui s’ensuivit. D’ailleurs, quand la Torah raconte qu’Avraham pleura Sarah, elle écrit le mot "Vélivkota" : décrivant les larmes versées par Avraham (v.23,2) avec un petit "kaf". Le Ba'al Hatourim écrit que cela nous indique qu’Avraham ne la pleura pas abondamment. [comme exposé ci-dessus]
Le Kéhilat Its’hak explique qu’il agit ainsi délibérément, de peur que les gens ne le voient pleurer amèrement et qu’ils pensent que ses sanglots étaient un signe de remords quant à la Akéda.
=> Donc, non seulement Avraham ne regretta pas son acte, malgré son "effet direct" sur sa femme, mais il se soucia même de ce que les gens penseraient, et qui réduirait également l’effet de la Akéda.
Il savait que le mérite du sacrifice d’Its’hak accompagnerait le peuple juif à travers l’histoire et il refusa de laisser une quelconque conséquence négative troubler ceci.

[Le rav Ozer Alport enseigne : ce test du yétser ara : d’essayer de nous faire regretter les mitsvot accomplies, accompagne généralement chacun d’entre nous. Certains commentateurs précisent que c’est la signification de la demande faite durant la prière du soir : "Retire le Satan (le yétser ara) de devant nous et de derrière nous" (véasser aSatan milfanénou ouméa'harénou - prière d'Arvit).
Le "Satan de devant" fait référence à ses tentatives de nous empêcher de faire les mitsvot et le "Satan de derrière" est celui qui tente de faire regretter les mitsvot déjà effectuées.]

Bien évidemment, de manière générale, le fait de respecter la Torah et les mitsvot procure à l’individu une satisfaction, déjà dans ce monde, que d’autres modes de vie n’apportent pas. Mais il est vrai que les résultats immédiats d’un comportement positif ne sont pas flagrants. Le défi est alors de réaliser que ceci constitue une épreuve supplémentaire et qu’au bout du compte, les mitsvot n’ont que des conséquences positives.

Le Kéhilat Its’hak affirme : preuve en est la tentative du yétser ara de nous faire regretter les mitsvot en laissant paraître qu’elles sont la cause d’une difficulté ou d’un revers.
[c'est cela l'épreuve : rester convaincu que même si en apparence il est clair qu'une mitsva a entraîné une mauvaise chose, en réalité c'est impossible. Il ne faut jamais regretter d'avoir fait une mitsva, car au final, en vérité absolue, rien de mal ne peut résulter d'une mitsva, bien au contraire!]
La réaction d’Avraham lors de la mort de Sarah nous enseigne comment réagir face aux défis qui viennent "en conséquence" de nos mitsvot (au "Satan de derrière").

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-> Il peut être intéressant d'ajouter que bien que le roi Chlomo soit considéré comme l'auteur du livre de Michlé, le midrach Tan'houma ('Hayé Sarah 4) enseigne que le dernier chapitre de Michlé (31,10-31), qui est connu comme le : Eshét 'Haïl (chant du vendredi soir), a été composé bien avant sa naissance.

En effet, à la mort de sa femme bien-aimée Sarah, Avraham a commencé à faire son éloge, et il a composé cette magnifique expression de son appréciation pour sa femme de grande valeur.

Le midrach explique en détail comment chaque ligne est une expression unique de louange pour un événement qui a pu se passer dans la vie de Sarah.

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-> Le midrach explique que Avraham "est venu du Mont Moriah", où se réalisa la ligature d'Its'hak.
On peut expliquer que ce midrach propose de nous enseigner quel était le contenu de l'éloge funèbre qu'Avraham fit pour Sarah.
Il est venu = c'est-à-dire il a choisi d'amener ses propos, à partir du Mont Moriah, et il mit en valeur le fait qu'une femme qui a réussi à élever et à éduquer un fils de sorte qu'il soit prêt à offrir sa vie à Hachem avec joie, une telle femme ne peut être que de très grande valeur.
Le meilleur éloge que Avraham pouvait faire sur Sarah, c'est l'éloge qui venait du Mont Moriah.
[haDrach véhaIyoun]

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-> "Avraham vint pour prononcer l'éloge de Sarah et pour la pleurer" (וַיָּבֹא אַבְרָהָם לִסְפֹּד לְשָׂרָה וְלִבְכֹּתָהּ - 'HAyé Sarah 23,2)

=> D'où Avraham venait-il?
Certains Sages disent qu'il revenait de l'enterrement de son père Téra'h. Nous y trouvons une allusion dans le premier mot du verset : "vayavo" (וַיָּבֹא - vint) qui sont les mêmes lettres que le mot "aviv" (אביו - père).
Comme cela est rapporté dans le midrach (Béréchit rabba 58) : "d'où venait-il? Rabbi Lévi dit qu'il revenait de l'enterrement de son père Téra'h".

Nous pouvons y trouver également une allusion supplémentaire dans le verset précédent : "chéné 'hayé Sarah" (שְׁנֵי חַיֵּי שָׂרָה - 'Hayé Sarah 23,1), les premières lettres des 3 mots ont une valeur de 608, qui a la même valeur numérique que : Téra'h (תרח).

D'autres Sages nous enseignent que le même jour où Sarah notre Matriarche quitta ce monde, sa fille qui s'appelait Bakol quitta également ce monde.
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou ]

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5°/ "Je suis venu aujourd'hui vers la fontaine" ('Hayé Sarah 24,42)

Rachi explique que nous déduisons du mot "aujourd'hui" qu'Eliezer est arrivé à Na'hor (Irak) le jour même de son départ de 'Hébron. De là, nous apprenons que la terre s'est contractée pour lui.
Le midrach (Yalkout Chimoni) ajoute qu'au lieu des 17 jours escomptés de voyage en chameau de Kyriat Arba à 'Haran, le voyage n'aura duré que 3 heures.

=> Comment Eliezer, le serviteur d'Avraham, a-t-il réussi à convaincre la famille de Rivka (qui étaient des idolâtres), que la Providence divine l'avait aidé à raccourcir un long voyage de 17 jours en seulement 3 heures?

On peut rapporter les réponses suivantes :

1°/ Sur le verset : "Sarah, la femme de mon maître, lui a donné un fils" ... "Et il lui a donné tout ce qu'il possède".
Rachi explique qu'Eliezer montra à la famille de Rivka le contrat de donation où il était stipulé qu'Its'hak était le détenteur de tous les biens d'Avraham.
Lorsqu'ils regardèrent le contrat attentivement, ils remarquèrent qu'il fut écrit et signé par Avraham et était daté du jour-même. Ils comprirent alors que la terre s'était effectivement rétrécie pour le serviteur d'Avraham.

2°/ Sur le verset : "Le serviteur apporta des objets d'or et des vêtements et les donna à Rivka; des fruits doux, il les donna à son frère et à sa mère".
Rachi nous apprend qu'Eliezer emporta avec lui des fruits suaves de la terre d'Israël. Lorsqu'Eliezer présenta les fruits, ils étaient frais et de grande qualité, comme s'ils venaient d'être cueillis sur l'arbre le jour même.
Si Eliezer avait effectué un voyage de 17 jours en pleine chaleur, les fruits n'auraient pas pu garder leur fraicheur et leur saveur, et auraient été impropres à la consommation. Ceci leur prouva que la terre s'était effectivement rétrécie pour lui.

"J'enterre mon mort ...enterre ton mort ... pour inhumer ton mort ... d'ensevelir mon mort ... ensevelis ton mort ... j'y ensevelisse mon mort ... et ton mort enterre-le" ('Hayé Sarah 23,4-15)

Dans cette discussion du début de la paracha entre Avraham et Efron, il apparaît 7 fois la notion d'enterrer ton mort.
Pourquoi était-il besoin de tant de répétitions?
Pourquoi est-ce que nous avons 6 fois une tournure identique du type : "enterre ton mort", et une seule fois une formulation inversée : "ton mort enterre-le"?

Nous allons voir b'h les réponses du Gaon de Vilna.

Avraham savait qu'en plus de Adam et 'Hava, il y aurait 3 autres couples qui allaient être enterrés dans le caveau de Ma'hpella : Avraham et Sarah ; Its'hak et Rivka ; Yaakov et Léa.
De plus, la guémara (Sotah 31a), nous rapporte que la tête de Eisav y sera également enterrée.

=> Au total, il y aura dans ce caveau : 6 tsadikim et un racha.

Nos Sages (guémara Béra'hot 18) enseignent :
"Les réchaïm sont tenus pour morts même de leur vivant.
Les tsadikim même dans leur mort, ils sont toujours considérés comme vivants et de plus, ils exercent une plus grande influence après leur disparition que de leur vivant."

Cependant, nos Sages (guémara Shabbath 152) font remarquer qu'il y aura une courte période durant laquelle même les tsadikim vont goûter à la mort. Cela se passera juste avant qu'ils ne se relèvent de leur tombe au moment de la résurrection des morts.
Ainsi, c'est uniquement durant ce bref moment, qu'ils mourront d'une vraie mort.

Il en découle que l'enterrement d'un tsadik a lieu avant sa mort.
Son corps est enterré alors qu'il est toujours considéré comme vivant (ayant même plus d'influence que lorsqu'il était vivant physiquement!), et ce n'est que dans le futur qu'il devra mourir pendant un court instant.

A l'opposé, l'enterrement d'un racha a lieu après sa mort. En effet, même s'il vit physiquement, il est considéré comme mort.

Nous voyons donc qu'il y a 6 tsadikim qui vont être enterrés dans le caveau de Ma'hpella, et ce avant leur mort, puisqu'ils sont toujours considérés comme vivants (jusqu'à ce moment précédant la résurrection des morts).
=> Il est ainsi mentionné 6 fois : enterre ton mort = d'abord il est enterré, et ensuite il va mourir.

Par contre, concernant Essav, sa tête y a été enterrée après sa mort.
Il apparaît une seule fois : ton mort enterre-le = d'abord il était mort (puisque se comportant comme un racha) et ensuite il a été enterré.

"[Efron dit à Avraham] "Une terre de 400 Shékels en argent entre toi et moi, qu'est-ce que cela?" ...
Avraham écouta Efron, et Avraham pesa à Efron le prix qu'il avait dit ... 400 Shékels en argent, en monnaie qui a cours partout" ('Hayé Sarah 23,15-16)

+ "Entre toi et moi" :

-> Rachi explique que par ces mots : "entre toi et moi", Efron voulait dire à Avraham : "Que représente cette somme pour 2 personnes qui s’aiment comme toi et moi".

-> Sachant que Avraham et Efron se connaissaient à peine, on peut s'interroger : depuis quand sont-ils devenus des amis, des personnes qui s'aiment?

Dans les mots de Rachi : "2 personnes qui s'aiment" se dit : "chéné oavim" (שְׁנֵי אוֹהֲבִים).
Littéralement, ces termes signifient : "2 gens, qui aiment".
Efron fait donc remarquer à Avraham que chacun d’entre eux est : "une personne qui aime".
Avraham aime les mitsvot de tout son cœur et est prêt à tout pour les accomplir. Et Efron aime l’argent plus que tout.

Ainsi, il convient qu’Avraham paie cher (400 Shékels en argent) le caveau de Ma'hpella. En effet, il aime tellement les mitsvot que cette somme est minime pour lui, si elle peut lui permettre de réaliser une mitsva.
Et Efron aime tant l’argent que cette grande somme est infime pour lui. Il en voudrait bien plus.

=> Efron voulait ainsi signifier à Avraham : "Que représente cette somme pour deux "aimant" comme nous? Toi qui aime les mitsvot et moi qui aime l’argent".

-> Selon Rabbénou Yona, c'était la dernière épreuve de Avraham : prouver qu'il aimait Hachem de tous ses moyens, sans se plaindre du prix élevé de la mitsva.

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-> La paracha 'Hayé Sarah commence par le retour d’Avraham (à la suite de la Akéda) qui apprend une terrible nouvelle ; le décès de sa femme, Sarah. Elle nous raconte ensuite les difficultés endurées pour lui acheter une sépulture.
Nos Sages (Pirké Avot 5,3) affirment qu’Avraham dut affronter 10 épreuves. La plupart des commentateurs estiment que la Akéda fut la dernière et la plus éprouvante. Mais Rabbénou Yona (Pirké Avot 5,3) écrit que l’achat d’un caveau chez "Efron le rusé" constitua l’ultime épreuve (la 10e!).
=> Aussi difficile que cela puisse être de devoir organiser l’enterrement de sa femme, comment imaginer que ce soit plus éprouvant que de devoir sacrifier un fils unique et tant aimé?

-> Rav Yissa'har Frand pense qu’il ne s’agit pas d’une épreuve plus difficile, mais d’un test complètement différent des précédents. Après avoir réussi celui de la Akéda, Avraham aurait pu s’attendre à vivre, dès lors, une vie plus facile. La difficulté fut d’être immédiatement confronté à la nouvelle tragique du décès de Sarah et de devoir s’occuper de son inhumation.

Rav Eliahou Dessler (Mikkhtav méEliyahou - vol.4) affirme qu’il s’agit vraiment de l’épreuve la plus rude qu’Avraham dut surmonter. Il fit face à 2 problèmes. Tout d’abord, il venait d’endurer 2 expériences émotionnellement très éprouvantes : celle de la Akéda lors de laquelle il pensait réellement aller sacrifier son fils unique qu’il avait attendu durant plusieurs décennies et celle de la disparition de son épouse. [on oublie parfois que nos Patriarches aussi élevés qu'ils soient, restent des êtres humains!]
Il dut, immédiatement après, gérer une tâche mondaine et frustrante ; celle d’acheter une sépulture pour sa femme. Imaginons-nous revenir à la maison après une journée difficile et affronter une autre situation délicate à notre retour. Les épreuves d’Avraham furent infiniment plus rudes que celles dans lesquelles la plupart des gens se trouvent.

Ce qui rendit également cette épreuve si pénible fut le personnage avec lequel Avraham dut traiter. Efron n’était manifestement pas l’homme le plus intègre. Rav Yissa'har Frand le compare à un vendeur de voitures d’occasion, qui est prêt à tout pour gagner de l’argent. Il prétend se soucier de l’acheteur, mais augmente le prix de vente au maximum. Si le client réalise que le vendeur essaie de l’escroquer, il se sentira frustré, lui en voudra et désirera certainement, et à juste titre, annuler la vente. Avraham connaissait Efron, il savait à quel genre d’individu il avait affaire, et il venait en plus de vivre des moments très éprouvants.

Quelle fut sa réaction?
La Torah nous raconte qu’il se prosterna devant Efron, le considéra avec grand respect, avec beaucoup de savoir vivre (dére'h erets), comme si ce dernier était l’homme le plus honorable au monde. Avraham garda à l’esprit qu’en dépit de ses vilains défauts, Efron était un être humain. Il voyait en lui un tsélem Élokim (un être créé à l’image de D.).
Comme l’exprime le Rav Dessler : "Ce n’est pas parce que je souffre qu’autrui doit souffrir également".

=> Ainsi, l’enterrement de Sarah fut l’épreuve la plus difficile en matière de relations interpersonnelles ; se conduire convenablement avec son prochain, bien que l’on ait toutes les excuses pour réagir différemment.

[imaginons le tourbillon émotionnel d'Avraham de partir secrètement sacrifier son fils, réussir une épreuve énorme (la Akéda), son impatience de vouloir le partager avec sa femme, d'apprendre qu'elle est morte (c'est ça Ta récompense Hachem pour mes actions), se faire baratiner et arnaquer pour enterrer sa femme, ... tout cela dans de la fatigue du trajet, ...
En ce sens, selon le rav Dessler il s’agit vraiment de l’épreuve la plus rude qu’Avraham dut surmonter!]

Rav Yissa'har Frand applique cette idée à notre quotidien : "Le fait que l’on ait eu une rude journée au bureau ne justifie pas celui de faire souffrir ses enfants ou son conjoint par une humeur orageuse. Ceci demande un contrôle de soi énorme et une capacité à traiter tout être humain : juif ou non juif, le plus dignement possible."

b'h, puissions-nous suivre l'exemple d'Avraham et nous efforcer de traiter les autres correctement, même quand cela nous est particulièrement difficile.

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-> Les Parpéraot léParachat haChavoua expliquent : "entre toi et moi", comme faisant référence à la lettre que Efron (עֶפְרוֹן) et Avraham (אַבְרָהָם) partagent ensemble dans leur nom, soit : le réch (ר).

Le réch a une guématria de 200, et si on la multiplie par 2 (puisque présente dans les 2 noms), nous arrivons à 400.

=> Efron exprime à Avraham que cette somme est l'expression du lien les unissant.
[ainsi qu'importe si c'est un montant important, paie!]

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"Avraham écouta Efron (עֶפְרוֹן) et Avraham pesa à Efron (עֶפְרֹן)"

Dans tout ce paragraphe, le nom de Efron est écrit en entier, avec la lettre vav : “עפרון”, sauf dans ce verset où il est écrit sans le vav (עפרן).

-> Rachi explique que la Torah vient ici faire allusion au fait que Efron a certes au début, tenu de belles paroles, offrant le terrain (où se trouvait le caveau de Ma'hpella) à Avraham. Mais finalement, il n’en a rien fait, prenant de Avraham beaucoup d’argent.
Ce grand défaut de sa part s’est exprimé par la réduction d’une lettre de son nom.

-> Le Baal haTourim explique que ce vav en moins, est parce que Efron avait un "mauvais œil" (rav ayin - רַע עָיִן expression que nous trouvons par exemple dans : michlé 16,7).
La guématria de : רַע עָיִן est de : 400, qui est la même que le nom Efron écrit sans le vav : עפרן.

-> Selon rabbénou Bé'hayé, Éfron désirait introduire un "mauvais oeil" (עין רע) dans l’argent du tsaddik (Abraham), c’est pour cela qu’il proposa la somme de 400 sicles d’argent, équivalente à la valeur numérique de עין רע (ou רַע עָיִן œil malveillant).

-> Pourquoi est-ce spécialement la lettre vav qui symbolise ce trait (midda) d'un "mauvais œil" (personne généralement mesquine, avide de toujours plus de biens).
Le Kli Yakar apporte la réponse suivante.

La guémara (Baba Batra 9b) enseigne que celui qui donne de l'argent à un pauvre est béni par 6 bénédictions, tandis que celui qui est avare avec son prochain juif qui est dans la pauvreté, en ne lui donnant rien, ne reçoit pas ces 6 bénédictions.

La lettre vav, a une valeur de 6.
Ainsi, puisque Efron avait un "mauvais œil", il lui manquait ces 6 bénédictions (en allusion par le vav en moins dans son nom).

-> Le nombre 400 a la même valeur que : "mauvais œil", et le Kli Yakar ajoute que l'on peut observer à 4 reprises dans la Torah un lien entre 400 et le trait du mauvais œil :

1°/ Efron a témoigné d'un "mauvais oeil" en demandant un prix énorme de 400 Shékels "en monnaie qui a cours partout".
Rachi (guémara Baba Métsia 87a) explique que chaque Shékel payé par Avraham pour cette parcelle valait 2500 Shékels ordinaires.
Il a payé un total de 1 million de Shékels ordinaires pour l'achat du caveau.

2°/ Essav, par jalousie que son frère ait reçu les bénédictions de son père, va aller combattre Yaakov accompagnait de 400 hommes.

3°/ Les frères de Yossef étaient jaloux de Yossef, ce qui a conduit à sa vente aux Yichmaëlim, et cela a entraîné un exil en Egypte qui devait durer 400 années.

4°/ Le mesquin Naval haKarméli que David a attaqué avec 400 hommes.

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-> Nos Maîtres disent que le nom d’une personne reflète l’essence profonde de cette personne.
Ainsi, si le nom de Efron est réduit, c’est que par le mauvais comportement qu’il a adopté, il en a été réduit dans son être, celui-ci a donc changé négativement.

Cela vient nous apprendre que les actions d’une personne ne restent pas extérieures à elle. En réalité, elles influent sur son identité et sa nature pour même les modifier, en bien comme en mal.
[Léovdé'ha béEmet]

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-> Quand Efron reçut l’argent, il se sentit plus important car il était dès lors riche. Mais il a en réalité perdu une lettre à son nom ; or le nom représente l’essence de la personne. Il perdit donc de la valeur, de sa véritable valeur.
Notons que la lettre qu’il lui manque est le vav, qui marque le lien entre 2 concepts, 2 choses, il signifie "et". Son lien avec Hachem s’est émoussé. En effet, lorsqu’un individu accorde une plus grande importance à son corps, son âme est inévitablement éprouvée.
Une lutte oppose le corps et l’âme et les 2 forces sont en conflit continu. Si l’âme prend une place prépondérante, le corps est automatiquement affaibli et l’inverse est vrai également.

Le Maharal (Gour Arié - Toldot 25,23) fait une remarque sur le commentaire de Rachi à propos du destin inversement proportionnel de Yaacov et d’Essav. Quand Yaacov tombe, Essav s’élève ; quand Yaacov s’améliore, Essav trébuche. C’est Yaacov qui mène la barque : Essav ne peut s’élever qu’en résultat de la chute de Yaacov et si Yaacov triomphe, Essav est impuissant.
=> Il en est de même pour la lutte entre le corps et l’âme. On peut décider de celui qui vaincra : si l’on s’efforce de renforcer notre âme, la force du corps décline.
[d'après le rav Yéhonathan Geffen]

[Face au yétser ara, il faut appliquer les paroles du roi David (Téhilim 34) :
-> "fuir le mal" (sour méra) = je mets en place toutes les barrières me permettant d'éviter d'y être confronté ;
-> "et fais le bien" (assé tov) = je suis tellement occupé positivement, qu'il n'a pas de place pour venir en moi.
L’abandon du mal signifie affaiblir l’emprise du corps. Mais il faut aussi "faire le bien" ; en s’élevant spirituellement, notre attache au monde matériel sera alors forcément amoindrie.]

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-> Le Steïpler affirme que Efron a fait payer à Avraham le prix fort pour cette terre, puisque Yaakov a pu acheter un terrain apparemment équivalent pour 100 kessita (Vayichla'h 33,19), ce qui est équivalent à seulement 5 Shékels.
Cela indique que Efron a profité de Avraham en lui faisant payer à minima 80 fois plus que le prix du marché.

-> Le 'Hatam Sofer suggère que Efron aurait dû recevoir 406 Shékels, qui est la valeur numérique de son nom écrit avec un "vav", mais en étant si désireux de maximiser le prix, il s'est trompé en établissant un prix de 400 Shékels, qui est la valeur de son nom écrite sans le "vav".

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"400 Shékels en argent, en monnaie qui a cours partout" (v.23,16)

Nous allons voir b'h, un commentaire du 'Hida (Torat ha'Hida) sur les mots : "qui a cours partout" (ovèr lacho'hèr - עֹבֵר לַסֹּחֵר).

Le terme : "ovèr" signifie : qui précède, qui vient avant (comme dans : עובר לעשייתן - avant qu'un acte ne soit fait).
Ainsi : "ovèr lacho'hèr" peut se comprendre comme : qui précède le mot : cho'hèr (סֹּחֵר).
En prenant pour chaque lettre, celle venant juste avant, on obtient : nézék (un dommage - נזק).
[réch-> kouf ; 'hét -> zaïn ; samé'h -> noun]

De plus, ce mot : "cho'hèr" (סחר) a les mêmes lettres que : 'hassèr (חסר - manquant)

=> En escroquant Avraham sur le prix du terrain, Efron s'est endommagé lui-même (נזק), et on s'en souvient comme de quelqu'un de cupide.
Cela a prouvé à quel point Efron était malhonnête, manquant (חסר) totalement d'intégrité.

"It'shak la conduisit dans la tente de Sarah sa mère ; il épousa Rivka, elle devint sa femme et il l'aima ; et Its'hak se consola de sa mère." ('Hayé Sarah 24,67)

-> Rachi : Aussi longtemps que Sarah était en vie, une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante, la pâte qu’elle pétrissait était bénie, et une nuée était fixée au-dessus de la tente. Tout cela a cessé à sa mort, pour reprendre à l’arrivée de Rivka.

-> Le Gour Aryié explique qu'il s'agit des 3 mitsvot destinées spécifiquement aux femmes :
- la lumière représente l'allumage des bougies de Shabbath ;
- la pâte, c'est le prélèvement de la pâte de la 'hala (la afrachat 'Hala) ;
- la nuée, symbole de la présence divine (cf. Chémot 40,34), fait référence à la pureté familiale, puisque la pureté permet à une personne de recevoir la présence divine.

-> Lorsque le peuple juif arriva près du mont Sinaï et y érigea le Michkan, Hachem rétablit Sa présence parmi eux. A cet instant précis, ils retournèrent au statut de leurs Pères, qui avaient vécu à un niveau tel que la Présence Divine planait au-dessus de leur demeure.
[Ramban - Introduction au Séfer Chémot]

Le Chem miChmouël ('Hayé Sarah 5671) poursuit que les miracles de Sarah sont à mettre en parallèle avec ceux du michkan :
- sa lampe brillait toute la semaine, de même que la lampe occidentale (nér atamid) de la Ménorah restait miraculeusement allumée continuellement alors même que les autres lumières s'éteignaient.
Les autres lumières étaient du reste allumées par le feu du ner hamaaravi (guémara Shabbath 22b).
- sa pâte était bénie, de même que les pains de proposition (lé'hem apanim), c'est-à-dire les 12 miches de pain qui étaient placées sur la table d'or dans le Michkan, qui restaient chauds et frais pendant toute la semaine.
En effet, après avoir passé une semaine entière sur la table, d'où ils étaient ensuite retirés pour être consommés par les Cohanim, ils avaient encore conservé toute leur fraîcheur et leur onctuosité.
De plus, une bénédiction spéciale accompagnait ce pain, dont il suffisait de consommer une petite quantité afin de se sentir tout à fait rassasié (Rabbénou Bé'hayé - Vayikra 24,7).
- une nuée était fixée au-dessus de la tente, et il en était de même au-dessus du michkan.

Le Chem miChmouël écrit :
"La nuée de Gloire Divine qui planait au-dessus du Michkan était tel un signe venant rappeler au peuple juif que D. était toujours à ses côtés, de manière ostensible. Il s'agissait sans doute de la même Gloire Divine que celle qui se trouvait sur la tente de Sarah Iménou.
En effet, la tente de Sarah était un lieu de repos pour la Présence Divine, un Michkan miniature appelé à remplir le même rôle que ce dernier."
[la tente de Sarah représente la maison juive par excellence, et il nous appartient donc de suivre son exemple]

-> Pourquoi est-ce que : "une lumière était allumée de chaque veille de Shabbath à la suivante"?
Le Chem miChmouël répond : C'est parce que dans la tente de Sarah, la sainteté de Shabbath restait durant toute la semaine sans aucune perte, jusqu'à ce qu'elle soit renouvelée le Shabbath suivant.

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-> "Le soleil se lève, le soleil se couche" (Kohélet 1,5)

Avant que le "soleil" de Sarah ne se couche, celui de Rivka s'est levé.
Rivka a réalisé les mêmes bonnes actions que Sarah, et a ainsi mérité les mêmes bénédictions.
[Rabbénou Efraïm]

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-> Les 3 signes particuliers qui régnaient dans la tente de Sarah correspondent aux 3 principaux devoirs de la femme juive : celui d’allumer les lumières de Shabbath (הדלקה – Hadlaka), celui de prélever la ‘Hala de la pâte ( חלה) et le devoir d’observance des Lois de pureté de la vie conjugale (נדה – Nidda).
Les femmes sont particulièrement concernées par ces 3 Commandement car, héritières de ‘Hava la première femme, elles viennent ainsi réparer la faute originelle attribuée à cette dernière, comme il est dit: "La femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence ; elle cueillit de son fruit et en mangea ; puis en donna à son époux, et il mangea" (Béréchit 3,"6).

-> L’allumage des bougies de Shabbath : En faisant fauter son mari, ‘Hava éteignit "la Bougie de D."
En effet, en consommant du fruit de l’Arbre de la Connaissance, ‘Hava entraîna la mort dans le monde. Or l’âme de l’homme est comparée à la "Bougie de D.", comme il est dit : "L’âme de l’homme est un flambeau divin" (Michlé 20,27).
En fautant, elle causa la séparation du corps et de l’âme du 1er Homme, entraînant ainsi l’extinction dans le monde physique de la "Bougie de D." : l’âme d’Adam.
=> En allumant les bougies de Shabbath, la femme répare et rétablit cette "Bougie originelle" que ‘Hava endommagea.

-> La pureté familiale : En poussant son mari à manger le fruit défendu, elle versa d’une certaine manière son sang à terre. En effet, D. dit à Adam haRichone : "Du jour où tu en mangeras, tu dois mourir" (Béréchit 2,17).
Or il est écrit: "Celui qui verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé car l’homme a été fait à l’image de D." (Béréchit 9,6).
=> Ainsi, pour expier la faute de ‘Hava, la femme connait-elle une période de menstruation au cours de laquelle la Torah l’oblige à s’éloigner de son mari et à respecter les Lois de pureté familiales.

-> Le prélèvement de la ‘Hala : Adam haRichone est comparé à la "‘Hala du Monde".
De même que la femme mélange la farine avec l’eau avant de pétrir sa pâte, de même Hachem a-t-il imbibé la terre avant de façonner l’homme, comme il est dit : "Et une exhalaison s’élevait de la terre et arrosa toute la surface du sol. Hachem façonna l’homme" (Béréchit 2,6-7).
En faisant fauter Adam, ‘Hava rendit la "‘Hala du Monde" impure.
=> Ainsi, mesure pour mesure, la femme doit accomplir le Commandement du prélèvement de la ‘Hala pour réparer la détérioration causée par ‘Hava à la "‘Hala du Monde".

==> Ainsi, Sarah et Rivka qui vécurent de façon miraculeuse les 3 signes cités plus haut, furent les premières à réparer la faute de ‘Hava.
[d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles (n°145) - année 5782]