"Le fils de la femme israélite blasphéma le Nom (Divin)… et le nom de sa mère était Chlomit fille de Divri" (Emor 24,11)
-> Rachi explique que la Torah trouve le besoin de préciser le nom de la mère du blasphémateur, pour nous enseigner que parmi tout le peuple, elle fut la seule femme à s’être débauchée.
De là, on voit l’éloge du peuple dont toutes les femmes juives (sauf elle) restèrent pures.
On peut ajouter que l’éloge du peuple ressort encore davantage du fait que cette femme soit la seule à s’être débauchée, plus que si aucune femme ne s’était pervertie. Car si aucune femme ne s’était débauchée, on aurait pu invoquer pour l’expliquer une raison sociologique ou autre. On aurait pu dire qu’il existe un facteur général qui explique ce fait, mais on n'aurait pas vu la réelle valeur de chaque juive.
=> Cependant l’exception prouve que leur pureté ne venait pas d’une règle transcendante liée à la globalité du peuple, mais de par leurs efforts personnels. Et cela renforce encore bien davantage leur éloge [et la grandeur des femmes juives].
[Rav Chimchon Pinkous]
<--->
-> "Le fils de la femme Israelite blasphéma le Nom" (Emor 24,11)
=> Le Zohar dit qu'un homme d'Israël insulta la mère de cet homme, qui était Chlomit Bat Divri. Pour défendre l'honneur de sa mère, il blasphéma. Mais en quoi un blasphème peut-il défendre l'honneur d'une personne?
-> Lors de l'exil d'Egypte, les femmes juives ont toutes réussi à préserver leur pureté. Aucun égyptien ne s'approcha d'elles. A l'exception de Chlomit Bat Divri qui fut abusée par un égyptien et de cette union naquit ce blasphémateur.
Le Chem Michemouel dit que l'homme qui insulta sa mère, la traita de femme de mauvaise moeurs. Alors, pour la défendre, son fils usa du même argument que Caïn quand il tua Hevel : "Suis-je le gardien de mon frère?" = c'est-à-dire, comme l'expliquent nos Sages : "Ce n'est pas moi son gardien, mais Toi!".
C'est Toi Hachem Qui dirige le monde. Si tu l'avais souhaité, tu l'aurais protégé et ne l'aurait pas laissé mourir ! A l'image de Caïn, le fils de Chlomit Bat Divri dit : "Puisque Hachem dirige le monde, s'Il n'a pas empêché ma mère d'être abusée c'est qu'Il l'a souhaité, c'est donc Lui le responsable! Et s'Il n'a pas eu la capacité d'empêcher cela, c'est qu'Il n'est pas Tout-Puissant et ne dirige pas vraiment le monde".
Tel était le blasphème qu'il prononça pour défendre sa mère. Mais il a ici commis une erreur monumentale. Nos Sages disent que Chlomit Bat Divri était la seule femme juive qui avait eu un comportement un peu léger. Elle se permettait de parler (Divri) avec les hommes et de les saluer (Chlomit).
Quand Hachem voit qu'une personne n'est pas vigilante vis à vis d'une certaine faute, alors il ne l'en protégera pas même dans une situation où cette faute sera contre son gré, comme ici où elle fut abusée. Au lieu de remettre la responsabilité à Hachem, il eût mieux fallu qu'il reconnaisse celle de sa mère.
Quand quelqu'un fait très attention à s'éloigner d'une faute, il en sera protégé même miraculeusement, même dans un cas de force majeure. Et à contrario, s'il a dû transgresser un interdit à contre gré, cela révèle un manque de vigilance le concernant.
<------->
-> "Fait sortir le blasphémateur et lapidez-le devant toute l'assemblée" (Emor 24,14)
=> Pourquoi le blasphémateur devait-il être lapidé hors du camp et devant tous les juifs, ce qui n'est pas le cas des autres condamnés?
En fait, cet homme était le fils d'un égyptien (qui avait abusé d'une femme juive). Son père n'étant pas juif, il devait résider hors du camp. Mais, refusant cette situation, il est venu planter sa tente dans le camp, arguant qu'il faisait partie intégrante de la communauté.
Se voyant repoussé, il se mit à blasphémer. Sa punition devait être mesure pour mesure.
Puisqu'il voulait s'installer dans le camp, sa peine était de sortir hors du camp. Et puisqu'il prétendait faire partie intégrante de la communauté, au même titre que tous les autres membres de l'assemblée, sa peine était aussi d'être lapidé en présence de toute l'assemblée.
[rabbi de Loubavitch - Likouté Si'hot]
<------->
-> "Le fils de la femme Israélite a blasphémé le Nom" (Emor 24,11)
-> Nos Sages expliquent que cet homme était le fils de l'Egyptien que Moché a tué pour avoir frappé un Hébreu. Cet égyptien avait abusé d'une femme Hébreu, Chelomit Bat Divri, la seule femme d'Israël qui avait un comportement un peu léger avec les hommes. Elle saluait les hommes qu'elle croisait et tenait avec eux la conversation. Ce qui a éveillé les sens d'un égyptien à vouloir abuser d'elle. Lorsque son mari a compris ce qui s'était passé, l'Egyptien a réagi avec violence envers lui et commença à le battre. Témoin de cette scène, Moché tua l'égyptien. Mais Chelomit Bat Divri conçut un enfant de cet égyptien. Celui-ci devint l'homme qui a blasphémé dans le camp.
Nos Sages disent qu'il a prononcé verbalement le Nom de Hachem pour le bénir (comprenez l'inverse). Bien qu'il était un racha, il connaissait le secret du Nom Divin.
Rabbi Yéhouda Petaya, un des plus grands kabalistes du 20e siècle (disciple du Ben Ich 'Haï et rav Kadouri) écrit dans son Min'hat Yéhouda :
J'ai vu en rêve que l'homme de père égyptien, fut réincarné par la suite en cet homme (le Notsri - idolâtré par les chrétiens [Jésus]), qui prononçait également le Nom Divin en toutes lettres.
Il appliquait sur lui-même le verset de Hochéa : "De l'Egypte j'ai appelé mon fils", car l'origine de son âme provenait de cet homme d'Egypte. Il était lui aussi fils d'une femme de mauvaises moeurs, comme le rapporte la guémara à la fin du traité 'Houlin. C'est pourquoi, lui aussi mourut exécuté par le Tribunal [il fut lapidé comme le raconte la guémara Sanhedrin, dont le Texte a été censuré, mais que l'on peut retrouver dans certaines éditions].
C'est parce que sa mère l'avait conçu d'une relation de débauche, (traité Shabbat) que ses adeptes ont fait circuler l'information selon laquelle il n'avait pas de mère, pour occulter ce scandale.
[ à son sujet voir aussi : https://todahm.com/2015/02/16/guemara-jesus ]
<------------------------>
"Le fils d’une femme israélite sortit, et il [était] le fils d’un homme égyptien, au milieu des enfants d’Israël ; ils se querellèrent dans le camp, le fils de la femme israélite et un homme israélite" (Emor 24,10)
-> Rachi explique que les mots "il sortit" se réfèrent au paragraphe précédent. Il se moqua et dit : " "Le jour du Shabbath il les disposera devant Hachem" : l’habitude du Roi est de manger du pain frais chaque jour, [or celui-ci] est un pain rassis, vieux de neuf jours."
=> L’incident concernant le Mékalel (le blasphémateur) commence par un mot énigmatique : "il sortit" et l’on ne sait pas bien d’où il sortit.
Rachi rapporte plusieurs interprétations, dont l’une affirme qu’il sortit du précédent paragraphe.
Celui-ci évoque le Lé'hem haPanim (le pain de proposition) qui était disposé sur le Choul’han chaque veille de Shabbath et qui y restait toute la semaine durant. Le Mékalel se moqua de cette pratique, arguant qu’il était tout à fait inapproprié de donner au Roi un pain rassis et qu’il ne convenait pas du tout de laisser le Lé'hem haPanim dans le Michkan pendant si longtemps. À la suite de ce débat, il en vint à blasphémer D.
La guémara (Ména'hot 29a) affirme par ailleurs que ces pains étaient sujets à un miracle particulier. Ils étaient placés sur le Choul’han chaque Shabbath et restaient tout de même frais et chauds toute la semaine.
Elle ajoute que quand le peuple montait à Jérusalem lors des Trois Fêtes (Pessa’h, Shavou'ot et Souccot), les Cohanim montraient ces pains à la fin de la semaine passée en ville sainte en leur disant : "Voyez donc combien vous êtes chéris par l’Omniprésent : Il accomplit un miracle et garde le pain frais et chaud durant toute la semaine".
=> Dans ce cas, de quoi le Mékalel se plaignit-il ; les pains n’étaient absolument pas rassis, ils étaient très frais, bien chauds, comme s’ils sortaient du fourneau?
-> Le Imré Émet explique que la nature de ces pains se reflétait dans leur nom : Lé'hem haPanim (littéralement : "le pain du visage").
Or le verset nous informe que "Comme dans l’eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes, les cœurs se reflètent" (Michlé 27,19). Cela signifie que l’individu est considéré de la façon dont il voit les autres. Ainsi, s’il a un regard positif sur son entourage, celui-ci sera mutuel tandis que les autres le verront d’un mauvais œil si lui-même considère négativement autrui.
Le Lé'hem haPanim portait ce nom, parce qu’il servait de miroir à quiconque l’observait. Il avait l’apparence du regard qu’on lui portait.
Donc quand on l’admirait, à la fin des Fêtes de Pèlerinage, et qu’on le voyait tout chaud et frais, on y percevait la bonté d’Hachem et on réalisait à quel point Il nous aime. Par contre, un regard cynique et une attitude négative laissaient apercevoir un pain froid et rassis. C’était le cas du Mékalel et c’est pour cette raison qu’il vit ce pain de manière négative et qu’il en vint à blasphémer le nom de D.
-> Le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Cette leçon est pertinente dans notre quotidien. Notre regard sur le monde joue sur notre approche, sur notre comportement. Une personne optimiste verra tout en rose et ceci influera inévitablement sur maintes situations dans sa vie. À l’inverse, l’individu au regard morose verra tout d’un œil négatif et cela aura un effet dévastateur sur sa manière d’agir.
Comment faire partie de la première catégorie? C’est en observant les lois de la Torah et en appliquant son mode de vie. Ceci inclut les lois du langage et l’obligation de juger autrui favorablement. On ne peut respecter correctement ces mitsvot qu’en étant aimable et en voyant le monde bienveillamment.
<------------------------>
On le mit en lieu sûr, jusqu'à ce qu'une décision intervînt de la part d'Hachem (Emor 24,12)
-> La paracha Emor s’achève avec l’incident du Mékalel, qui blasphéma le Nom d’Hachem.
La Torah (dans le verset ci-dessus) nous raconte qu’après son acte odieux, il fut emprisonné en attendant la sanction qu’il méritait. Rachi rapporte un midrach qui affirme qu’il y avait alors un autre homme qui attendait son verdict : le Mékochech (celui qui avait publiquement enfreint le Shabbat), et il était dans une autre cellule.
La situation des 2 hommes était bien différente. Le Mékochech était condamné à mort, mais l’on ne savait pas quelle peine devait lui être infligée. Par contre, en ce qui concerne le Mékalel, le doute portait sur la sanction même : était-il condamnable ou pas?
-> Le Sifté 'Hakhamim précise que s’ils avaient été incarcérés ensemble, le Mékalel aurait souffert injustement, puisqu’il aurait pu imaginer subir la même peine de mort que son compagnon. Pour lui éviter une anxiété inutile, il fut enfermé séparément.
-> Le rav Mordékhaï Gifter ajoute que s’ils avaient été placés ensemble, cela aurait également pu causer au Mékochech une souffrance superflue : si le Mékalel avait été exempté et qu’il l’avait su, sa douleur aurait été d’autant plus grande, parce qu’il est plus affligeant d’être seul à traverser une épreuve que de la partager. Par conséquent, le Mékochech fut éloigné et inconscient du sort du Mékalel.
-> Le rav Yéhonathan Gefen commente :
Cet incident nous montre la sensibilité qu’impose la Torah : ces 2 hommes avaient transgressé de terribles fautes, mais furent tout de même traités avec égard.
De plus, nous apprenons que même lorsqu’une personne mérite une sanction, il faut faire très attention à ne pas lui causer plus de tort que nécessaire. Malgré la gravité du jugement de ces deux individus, leur souffrance ne devait pas être plus grande que celle exigée par la Loi.
Ce principe est appliqué plusieurs fois dans la Torah, dans la Halakha, par nos Sages. Par exemple, on n’a pas le droit de dire du lachon ara, même à des fins utiles, si cela va causer un dommage plus important que celui mérité. (’Hafets ’Haïm, Hilkhot Lachon ara, Klal 10, Séif 2)
Les Guédolim (dirigeants spirituels de la génération) ont toujours fait preuve d’une grande sensibilité quand il leur fallait réprimander quelqu’un ou agir pour une certaine cause. [un bon objectif ne justifie pas de blesser autrui pour cela ]
Par exemple, il arriva, à maintes reprises que le rav Chakh soit contrarié par l’attitude d’un certain Roch Yéchiva (directeur d’une institution de Torah) ; un jour, il entreprit un long voyage pour lui en faire le reproche. Quand il arriva à destination, il ne resta qu’un court instant et prit congé sans faire aucune remontrance.
Il expliqua ensuite que la femme du Roch Yéchiva était présente durant sa visite et Rav Chakh ne voulut pas le réprimander devant elle. Tous les efforts déployés pour ce déplacement ne valaient pas une peine superflue causée à un juif.
Dans notre quotidien, nous avons maintes occasions de réprimander ou de punir, en particulier nos enfants ou nos élèves. Mais il est essentiel de ne pas être trop dur ; il vaut mieux éviter une remontrance s’il est probable qu’elle cause plus de dommages que nécessaire.
Le fait que la Torah juge important de nous préciser que le Mékalel et le Mékochech furent séparés pour être épargnés de toute souffrance inutile nous montre à quel point nous devons faire attention, dans nos relations avec notre prochain, à ne pas lui infliger une peine non méritée.