Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Notre âme est excédée de ce pain léger" ('Houkat 21,5)

Comment comprendre ces paroles négatives dites par les Bné Israël sur la manne? Surtout qu'ils se sont exprimés ainsi après 40 ans [dans le désert nourris de cette façon sublime].

En fait, la manne était une nourriture hautement spirituelle. Elle convenait parfaitement à des personnes très élevées comme la génération de la sortie d'Egypte (dor déa), qui ont reçu la Torah, et qui étaient tous des prophètes.
Mais à présent, nous sommes face à la nouvelle génération, moins élevée, qui est destinée à entrer en Terre Sainte et se confronter avec la matérialité et la nature. Cette génération ne se sentait pas au niveau de consommer cette manne. C'est pourquoi, ils la critiquèrent.
[selon Abarbanel, ils disaient que la manne est un aliment spirituel qui convient à la vie spirituelle dans le désert, mais elle ne pourra assumer leurs besoins pour les durs travaux agricoles qu'ils devront dorénavant accomplir une fois en Israël.]

Mais malgré tout, Hachem leur donna à eux aussi cette manne. Car, s'ils avaient su accepter leur situation avec joie, sans se plaindre, alors la difficulté aurait été dépassée.
Parfois, face à une épreuve, l'homme se plaint, pensant ne pas pouvoir la surmonter. Mais, c'est en acceptant malgré tout la décision Divine avec joie, que la dureté s’adoucit, et alors on trouve en soi les forces de la surmonter.
['Hidouché haRim]

[on apprend une leçon fondamentale : lorsque nous traversons des moments difficiles, nous devons accepter avec joie et sans se plaindre (certes je ne comprends pas mais cela vient d'Hachem pour mon bien ultime!).
Grâce à une telle attitude (bita'hon), qui va à l'encontre de la naturalité, nous avons le mérite qui donne la possibilité à Hachem de nous adoucir notre vie et nous combler de bénédictions.
Ainsi, une difficulté devient une source énorme de bienfaits lorsque nous surmontons notre instinct et que nous proclamons que c'est notre papa Hachem qui est aux manœuvres derrière.]

"Le Cananéen, roi de Arad, habitant du Sud, entendit qu'Israël était venu par le chemin des explorateurs (déré'h aatarim), et il fit la guerre contre Israël" ('Houkat 21,1)

-> Rachi commente :
Il entendit que Aharon était mort et que les nuées de gloire avaient disparu ..., comme indiqué dans la guémara (Roch hachana 3a). Et Amalek a toujours été la cravache servant à punir Israël, prête à sévir à tout moment.
[...]
L'assaillant était bien Amalek, mais il voulait empêcher le peuple juif de le désigner par son véritable nom dans leurs prières adressées à D. pour solliciter Son aide.
Ainsi, pour les tromper, Amalek a ordonné à ses troupes de parler la langue cananéenne tout en gardant leurs habits traditionnels.
Désemparés à la vue d'un ennemi habillé comme Amalek mais parlant la langue de Canaan, les juifs ont simplement imploré D. de les soutenir contre "ce peuple" (v.21,2), et ils l'ont vaincu.

-> On a vu, selon Rachi, que Amalek est comme rodant en permanence autour du peuple juif attendant que ce dernier faiblisse spirituellement pour avoir le droit de l'attaquer.
Cependant lors de notre épisode, la Torah ne nous indique pas qu'il y a eu une telle faiblesse.
=> Pourquoi Amalek nous a-t-il attaqué?

Rachi explique le peuple juif était en train de marcher sur le chemin "emprunté par les explorateurs".
Rav 'Haim Yaakov Goldvicht (Achoufat maara'hot) enseigne que d'après nos Sages, celui qui se trouve à un endroit où se sont trouvés des réchaïm auparavant, sera influencé négativement par l’impact négatif qu'ils auront laissé dans ce lieu.
De sorte, quand les juifs ont emprunté le chemin des explorateurs, il est sûr qu’ils ont été touchés par leur impact négatif et ont été fragilisés spirituellement.
C'est ainsi que Amalek est venu les combattre, suite à cette affaiblissement.

"Voici la loi de la Torah que Hachem a ordonnée en ces termes : Parle aux Bné Israël et ils prendront pour toi une vache rousse (para adouma), parfaite, sans aucun défaut, et qui n'a pas encore porté un joug" ('Houkat 19,2)

-> Le rav Yaakov Kaminetsky explique que la mitsva de la vache rousse consistait à servir Hachem même sans en comprendre la raison : en effet, cette vache rousse avait la particularité de purifier celui qui était impur, et de rendre impur celui qui était pur.

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 397) dit à ce sujet : "Bien que j'ai écrit des explications pour toutes les mitsvot, en ce qui concerne la vache rousse je n'ose pas "ouvrir la bouche", car elle est très profonde et même le roi Chlomo dit à son sujet : "Je pensais la comprendre mais elle s'est tenue loin de moi" (Kohélét 7,23)."

-> Rachi sur Béchala'h (15,25) et Michpatim (24,3) écrit : "A Mara, Il leur a donné à étudier quelques-unes des sections de la Torah, celles concernant le Shabbath, la vache rousse, le respect des parents et les tribunaux".
=> Nous comprenons facilement que Hachem donna aux Bné Israël, avant qu'ils ne reçoivent la Torah, les mitsvot de Shabbath et du respect des parents, car Il voulait qu'ils se préparent à les accomplir, mais quel intérêt représentait la mitsva de la vache rousse qu'il était encore impossible de réaliser? En effet, pour cela, il fallait attendre de construire le sanctuaire (Michkan)".

Le rav Yaakov Kaminetsky répond : Hachem voulait qu'ils se préparent à recevoir la Torah en l'étudiant, c'est pourquoi il avait choisi précisément la mitsva de la vache rousse, d'où nous apprenons qu'il ne nous est pas demandé de réaliser les commandements de Hachem parce que nous les comprenons et qu'ils nous paraissent rationnels, mais au contraire, qu'il s'agit d'une ordonnance sans aucune logique, que nous accomplissons car tel est le décret de Hachem.
=> En ce sens, la para adouma est une réelle préparation à recevoir toutes les mitsvot de la Torah. Car elle dépasse notre intelligence et notre compréhension, et doit être accomplie parce qu'ainsi nous l'a ordonné notre Créateur.

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+ Le respect des lois irrationnelles, générateur de foi en D.

-> "Voici la loi de la Torah" (zot 'houkat haTorah)
Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°1192) enseigne :
Afin de nous aider à Lui rester fidèles en dépit de tous les malheurs qui dépassent notre entendement, Hachem nous a ordonné de respecter des lois irrationnelles, ayant le statut de décret ne pouvant être remis en question.
En nous habituant à observer des mitsvot que nous ne comprenons pas, nous acquérons une foi absolue en D., résistante aux soubresauts des événements dramatiques de la vie.

Dans notre paracha ('Houkat), nous pouvons lire : "Voici (zot) la règle lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" ('Houkat 19,14) Rapprochons ce verset de celui qui ouvre cette paracha : "Ceci (zot) est un statut de la loi" ('Houkat 19,2).
Chacun d’entre nous doit savoir qu’il reçoit du Créateur les forces nécessaires pour surmonter toutes les difficultés rencontrées au cours de son existence, même les plus ardues où la mort fait intrusion dans sa tente, dans son territoire personnel.
Comment?

Par le biais de l’accomplissement des ‘houkim. En effet, celui qui s’habitue à se plier à ces lois irrationnelles sans poser de question, pour se plier à la volonté Divine, y puisera les forces de résistance à l’adversité, qu’il parviendra aussi à accepter sans remettre en doute sa foi en D.

Dans la paracha Béa'alotékha (10,35), il est écrit : "Or, lorsque l’arche partait, Moché disait : “Lève-Toi, D.! Afin que Tes ennemis soient dissipés et que Tes adversaires fuient de devant Ta face!ˮ"
Rachi commente : "Du fait que l’arche les devançait d’un chemin de 3 journées, Moché disait : “Fais halte, attends-nous et ne t’éloigne pas davantage”."
Il en ressort que l’arche précédait le camp des enfants d’Israël d’une distance de 3 jours, afin de leur indiquer le chemin.
Tentons de nous imaginer la marche de nos ancêtres dans le désert. Une colonne de nuée avançait devant eux pour leur aplanir la route, une colonne de feu en faisait de même durant la nuit pour les éclairer. De plus, ils recevaient une nourriture céleste, la manne, tandis qu’ils étaient accompagnés par un puits qui les désaltérait de ses eaux tout au long de leur traversée.

L’arche les devançait également pour leur indiquer le chemin, mais Moché l’appelait pour lui demander d’attendre les Bné Israël et ne pas s’éloigner plus qu’une distance de trois jours, afin qu’ils se sentent protégés dans sa proximité. S’il s’était éloigné davantage, ils n’auraient pas pu percevoir sa présence et se seraient sentis perdus.

Rappelons que l’arche, qui contenait les tables de la Loi, est le symbole de la Torah. En outre, tout juif détient une étincelle de l’âme de Moché. Chacun d’entre nous lance cet appel à Hachem : "Ne T’éloigne pas trop de moi, car j’ai besoin de Te sentir proche".
Hachem lui répond : "Je reste à Ma place, aussi, si tu as l’impression d’être perdu et loin de Moi, cela signifie que tu t’es éloigné."

Mais comment éprouver continuellement la proximité de Hachem?
En s’attachant à la Torah et aux mitsvot, y compris celles dépassant notre entendement.
Celui qui observe inconditionnellement l’ensemble des mitsvot sans exception méritera de ressentir une proximité continuelle d'Hachem, même lorsqu’il est confronté à des tragédies comme la mort d’un proche. Car, l’homme accoutumé à accomplir la parole Divine sans la moindre contestation ne perdra pas sa sérénité suite à la disparition soudaine et incompréhensible d’un être cher, du fait qu’il perçoit continuellement l’amour et la proximité d'Hachem.

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-> On peut prolonger cela avec les paroles de rabbi Aharon Zakaï (Torat haParacha) :
L’homme doit placer devant ses yeux le fait que l’essentiel de son service est d’être un "serviteur" du Créateur, un serviteur qui n’a rien d’autre au monde que les ordres de son Maître, et qui ne fait pas de calculs compliqués, même si ce sont des calculs pour l’honneur du Ciel, car s’il en faisait il ne serait déjà plus un esclave, mais un homme libre qui se conduit selon son bon vouloir.
C’est pourquoi dans toutes les mitsvot dont nous connaissons la raison, il se peut que même en les accomplissant dans tous leurs détails, nous ne soyons pourtant pas totalement disposés à accepter Sa souveraineté, car il se peut que nous accomplissions seulement ce que notre logique approuve.
Mais dans cette mitsva dont la raison n’a pas été révélée, et dont Hachem a dit : "J’ai édicté une loi, J’ai décrété un décret, tu n’as pas le droit de transgresser Mes décrets" (Bamidbar rabba 19,2), notre véritable service témoigne si nous sommes les esclaves du Créateur, qui accomplissons toutes les mitsvot, ou bien des serviteurs qui ne sont intéressés que par l’accomplissement de notre propre volonté.
C’est pourquoi le Satan et les nations du monde essaient de nous faire trébucher justement par cette mitsva, qui n’a pas de raison, et d’ébranler par là tout notre travail spirituel en nous faisant découvrir que nous ne servons pas Hachem mais uniquement nous-mêmes.
C’est pourquoi nous devons leur répondre : "C’est une loi et un décret devant Hachem, nous n’avons pas le droit d’en discuter, nous devons accomplir Sa volonté, même quand elle est au-delà de notre compréhension".
Il en va de même pour toutes les mitsvot : que nous en comprenions la raison ou pas, nous devons uniquement accomplir Sa volonté.

"On prendra pour celui qui est impur, des cendres de la combustion de [l’animal de] purification, et l’on mettra dessus de l’eau [prise à une source] vive, dans un récipient" (‘Houkat 19,17)

-> La Torah caractérise le processus de purification par la vache rousse de : 'hok (un statut), signifiant qu'il n'est pas compréhensible par l'homme.
Même le roi Salomon, le plus sage de tous les hommes a dit : "Je voudrais me rendre maître de la sagesse. Mais elle s'est tenue loin de moi." (Kohélét 7,23).
Nos Sages (midrach rabba 19:3,6) expliquent qu'avec sa sagesse, il pensa pouvoir comprendre la raison de la vache rousse, mais il n'y ai pas parvenu. Moché est le seul auquel D. l'a expliqué.

La guémara (Roch Hachana 21b) explique le verset : "Kohélet s'appliqua à trouver des dictons de prix, des choses écrites avec droiture, des paroles de vérité" (Kohélét 12,10) comme signifiant que le roi Salomon (Kohélét) voulait être l'égal de Moché en sagesse.
Il est écrit cependant : "Il n'a plus paru, en Israël, un prophète tel que Moché" (Dévarim 34,10).

=> Quelle était l'idée du roi Salomon en pensant atteindre le niveau de compréhension de Moché, en ce qui concerne la vache rousse?

Les 1eres lettres des mots de notre verset : "latamé méafar serfat a'hatat" (לַטָּמֵא, מֵעֲפַר, שְׂרֵפַת הַחַטָּאת) permettent de former le nom : Shlomo (שלמה).
Comme il a trouvé une allusion à son nom dans le passage discutant de la vache rousse, il a présumé qu'avec du zèle et une étude assidue, il pouvait en comprendre le sens et la signification.
Cependant, ces lettres permettent de former aussi le nom : למשה, à Moché, renvoyant au fait que la signification de la vache rousse n'a été révélée qu'à Moché et personne d'autre.

Durant toute l'histoire du peuple juif, les cendres de 9 vaches rousses ont été préparées, et la 10e le sera lorsque le Machia'h sera là (Yalkout Réouvéni et Para 3,5)
Lorsque D. a donné à Moché le statut de la vache rousse, il lui a dit : "Ils prendront pour toi une vache rousse entière" (vayi'hou élé'ha para adouma), que nos Sages expliquent comme signifiant : "cela te sera toujours crédité à toi (Moché) car dans les cendres de toutes les cendres futures, on devra y mélanger des cendres de la 1ere que tu (Moché) as préparé."

On a vu que les 1eres lettres de notre verset : "Pour purifier l'impur, [on prendra] des cendres provenant de la combustion du purificatoire", permettent de former : léMoché (למשה), ce qui renvoie au fait que durant toutes les générations, on devra mélanger les cendres de la vache rousse avec celle de Moché.

C'est à ce propos que les allégoristes disaient : "Venez à 'Hechbon! Cité de Si'hon, qu'elle soit reconstruite et établie" ('Houkat 21,27)

-> Rav Chmouël ben Na'hmani enseigne au nom de rabbi Yo'hanan :
Que signifie le verset : "C'est à ce propos que les allégoristes (mochlim) disaient" = les mochlim (traduit ici par : allégoristes), ce sont ceux qui dominent (mochlim) leur mauvais penchant.
"Venez à 'Hechbon!" = venez établir le compte ('hechbon) du monde : comparez ce que vous coûte une mitsva par rapport à sa récompense, et les bénéfices d'une faute par rapport à sa punition.
"qu'elle soit reconstruite et établie" = si tu agis ainsi, tu te construiras dans ce monde-ci et tu t'établiras dans le monde futur.
[guémara Baba Batra 78b]

-> Considère la perte [occasionnée par l’accomplissement] d’une mitsva en regard de la rétribution [accordée pour son observance] et le gain occasionné par une faute en regard de la perte [qu’elle te vaut].
Considère 3 choses et tu n’en viendras pas à fauter : sache ce qui est au-dessus de toi : un œil qui voit, une oreille qui entend, et que tous tes actes sont consignés dans un Livre.
[rabbi Yéhouda haNassi - Pirké Avot 2,1]

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-> L'une des stratégies employées par le yétser ara consiste à laisser l'homme accomplir une mitsva d'importance relative, en vue de lui faire commettre une faute nettement plus grave.

Le rav Yaakov Neuman (Darké Moussar) affirme que cela ressemble à la façon d'agir d'un chasseur qui place de la nourriture dans des pièges pour attirer ses proies.
Les intentions de cet homme sont sans équivoque : son souci n'est nullement de nourrir les bêtes, mais de les attraper en leur offrant quelques menus bouts de pain.
Ainsi en est-il du yétser ara : il laisse parfois à l'homme la liberté d'accomplir une mitsva, dans l'intention de le capturer ensuite dans ses filets.
... le yétser ara laisse parfois un homme accomplir une certaine mitsva, dans le seul but de l'entraîner ensuite à commettre de nombreuses fautes. Si bien qu'en fin de compte, c'est le gagnant.

[à l'image d'une souris toute content d'avoir sur le moment un magnifique morceau de fromage, se pensant trop forte et intelligente, mais au final c'est cela sa déchéance, sa mort.]

Chacun devra toujours être sur ses gardes, sous peine de tomber dans les filets du yétser ara, qui ne cherche qu'à perdre l'homme ici-bas et dans l'au-delà.

-> Le Saba de Kelm a dit à son fils :
"Vois-tu ces enfants qui jouent? Sache que dans la vie, tous les hommes jouent de la même manière!
La seule différence tient dans leur jeux : lorsqu'un enfant devient adulte, il se choisit d'autres amusements. Mais au demeurant, le yétser ara qui anime ces jeunes enfants est celui que l'on retrouve chez les grandes personnes. Tant qu'un homme ne fait pas l'effort de déraciner ses désirs et ses tentations, il reste un enfant!"

L'unique conseil nous permettant d'échapper aux griffes du yétser ara est celui que nous donnent ici nos Sages : "Etablir le compte du monde : comparer ce que vous coûte une mitsva par rapport à sa récompense, et les bénéfices d'une faute par rapport à sa punition".
En nous y conformant, nous pouvons avoir l'assurance que s'accomplira également la fin de cette sentence : "Si tu agis ainsi, tu te construiras dans ce monde-ci et tu t'établiras dans le monde futur".

[à l'image des enfants, le yétser ara nous donnent un petit joujou, un petit plaisir, afin que nous nous occupions, et faisons abstraction de l'essentiel du pourquoi nous sommes dans ce monde! Nous passons alors à côté de notre vie, puisque ne prenant pas nos responsabilités de rester fidèles à la volonté de papa Hachem!!]

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-> Le Lé'ka'h Tov, se basant sur le 'Hafets 'Haïm (Chem Olam), commente :
Le yétser ara (mauvais penchant) tente souvent de nous séduire avec ce genre d'arguments : "A quoi bon tenir compte du monde futur? Occupe-toi de l'instant présent, et ne te soucie pas d'un avenir inconnu!"

[il y a le temps! Profites à fond maintenant, et ensuite tu te consacrera à fond à ton olam aba!]

Mais la guémara ci-dessus nous propose une réponse à lui opposer : "Si tu méprises le monde futur de la sorte, c'est parce que à tes yeux, il s'agit d'une vie qui durera tout au plus quelques siècles.
Mais cela est totalement faux : le monde de l'éternité est sans limites! [il est réellement éternel, soit sans limite de durée, existant pour toujours!!]
Ainsi, comment troquerais-je donc un monde éphémère contre une existence qui n'a pas de fin?"

Tel est précisément le calcul dont parlent nos Sages :
"Compare ce que vous coûte une mitsva" = l'effort, le coût pour la faire est limité, "par rapport à sa récompense" = qui est quant à elle éternelle, ce qui nous invite à réfléchir au sens de "l'éternité".
- De même : "les bénéfices d'une faute par rapport à sa punition" = laquelle est également éternelle.
[si je faute, j'aurai à en payer un grand prix pour toujours (sauf téchouva), et à l'inverse pour une mitsva, j'en recevrai une grande récompense pour toujours, pendant une durée sans fin!]

La guémara ajoute : "Si tu agis ainsi, tu te construiras dans ce monde-ci et tu t'établiras dans le monde futur" = si tu gardes à l'esprit la signification de l'éternité, tu bâtiras ici-bas un monde de mitsvot, et automatiquement, "tu t'établiras dans le monde futur".

[le yétser ara nous fait passer ce monde-ci pour quasi éternel (il y a le temps!), au point qu’inconsciemment nous pensons que la mort c'est pour les autres, que nous faisons partie d'une minorité de quasi immortels.
Le 'Hafets 'Haïm s'interrogeait d'ailleurs sur comment les gens peuvent consacrer autant d'énergie pour un monde qui dure très peu de temps, et si peu en comparaison pour un monde qui n'a pas de limite de durée, qui est éternel. Cela devrait être l'inverse!

Notre travail est de ne pas se faire avoir, d'avoir conscience de la vérité : lorsque nous n'agissons pas en accord avec la Torah, nous aurons sans fin à payer pour cela (sauf téchouva). Les comptes sont vites fait car payer pour cela, année après année, pour toujours, pour un simple acte, on ne peut pas être plus perdant que cela. Le problème comme on l'a vu c'est qu'on n'a pas conscience de ce qu'implique des conséquences pour l'éternité!

De même pour une bonne action, qui implique que pour un petit effort, sacrifice, prix à payer initial, on aura de Hachem chaque jour, sans durée de fin, une sublime récompense. Quel investissement est plus rentable que cela?

Un juif doit avoir un regard qui va au-delà de la petitesse de ce monde, et qui doit prendre en considération l'éternité qu'il se construit, et dans laquelle il va évoluer pas pour 1 milliards d'années, mais pour toujours!]

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-> Le rav Eliyahou Lopian (Lev Eliyahou) enseigne :
"Car 'Hechbon était devenue la ville de Si'hon, roi des Amoréens, celui-ci ayant fait la guerre au précédent roi de Moav, et lui ayant pris tout son territoire jusqu'à l'Arnon. C'est à ce propos que les allégoristes disaient" ('Houkat 21,26-27).

Selon la guémara (Guittin 38), ce verset nous apprend que "les territoires de Amon et de Moav ont été purifiés par Si'hon".
En clair, cela signifie qu'il avait été défendu au peuple juif de combattre les nations d'Amon et de Moav, comme il est écrit : "Ne moleste pas Moav et n'engage pas de combat avec lui ... Je ne te permets aucune conquête sur le le sol des enfants d'Amon" (Dévarim 2,19 et 19).
Cependant, après que la ville moabite de 'Hechbon fut conquise par Si'hon, le roi amoréen, celle-ci a été ainsi "purifiée" de l'interdiction d'engager des combats contre elle.
Ce qui permit par la suite aux Bné Israël de la conquérir, puisqu'elle n'appartenait désormais plus au peuple de Moav.

A n'en pas douter, lorsque Si'hon prit le contrôle de 'Hechbon et de tout le territoire moabite, ses victoires lui procurèrent une immense satisfaction, attribuant sa réussite à son génie militaire.

Ce qu'il ignorait, c'est que son triomphe avait été guidé depuis le Ciel pour donner la possibilité à Israël de s'emparer de 'Hechbon.
Tel est le sens littéral de notre verset : "C'est à ce propos que les allégoristes disaient ..." = lorsque 'Hechbon est devenue la "cité de Si'hon", elle a pour ainsi dire ouvert ses portes devant les juifs ...

Selon nos Sages, ceux qui dominent leur yétser ara s'adressent aux gens du peuple et leur disent : "Pourquoi poursuivez-vous fiévreusement les plaisirs de ce bas monde? Réfléchissez donc au sort de la ville de 'Hechbon : si Si'hon avait sur qu'il ne profiterait pas de ses victoires, mais qu'elles permettraient simplement à Israël de lui reprendre tous les territoires conquis, il n'aurait certainement pas mené ces guerres! Ainsi devons-nous nous-mêmes considérer toutes nos ambitions terrestres, qui ne sont que vanités!"

Lorsqu'on établit ce "compte du monde" qui nous invite à envisager la finalité des choses, on saura mesurer avec lucidité ce que nous coûte une mitsva par rapport à sa récompense, et les bénéfices d'une faute par rapport à sa punition.

-> Le Léka'h Tov ajoute :
Généralement, pour attirer les hommes dans ses filets, le yétser ara génère en eux du plaisir et de la satisfaction lorsqu'ils commettent un méfait. De la sorte, le fauteur éprouve un sentiment de "victoire", se considérant comme supérieur à tous ceux qui n'évoluent pas dans le même monde que lui.
Mais la réalité est tout autre : chaque pas franchi dans la direction indiquée par le yétser ara conduit à la perdition. Loin d'être victorieux, celui qui emprunte cette voie court à sa perte.

Le fauteur s'apparente à cet égard au roi amoréen Si'hon, lors de la conquête de 'Hechbon.
Ce dernier était également convaincu que chaque bataille remportée contre Moav le rapprochait de la victoire ultime.
Mais avec le temps, il s'aperçut que tous ses succès militaires avaient finalement entraîné sa perte, puisqu'ils avaient simplement pour but de "purifier 'Hechbon" et d'en ouvrir les portes devant Israël. Ses triomphes n'étaient donc en rien des "victoires" : ils annonçaient au contraire sa futur défaite.

C'est pourquoi les hommes dominant leur yétser ara nous invitent à calculer le "coût" d'une mitsva = ce que le yétser ara s'ingénie à nous présenter comme une perte ; par rapport à sa récompense.
Et inversement, nous devons estimer les "bénéfices" d'une faute = ces prétendues avantages que le yétser ara fait miroiter dans le cœur des contrevenants, par rapport à sa punition.

[en écoutant notre yétser ara, nous nous réjouissons aujourd'hui de ce sur quoi nous pleurons pour l'éternité.
A l'inverse, en faisant les comptes, nous nous permettons une souffrance, renonciation passagère, pour une joie éternelle, sans fin dans le temps, pour toujours!!!]

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-> "Lorsqu'un homme commet une faute, le yétser ara s'efforce d'insuffler dans son cœur un sentiment de satisfaction à l'égard de ce qu'il a réalisé. De la sorte, l'individu sera stimulé dans sa démarche et s'empressera de la réitérer"
[Zohar - rapporté dans le Torat Its'hak (du rav Its'hak Waldesein)]

[ainsi, si nous ne faisons pas les comptes ('hechbon) de façon neutre, sans sentiment, nous risquons de nous faire manipuler par notre yétser ara.]

Par exemple, on peut se focaliser sur les conséquences positives d'une mauvaise action, en se persuadant qu'en réalité c'est pas si mal ce qu'on a fait (légitimation). Cependant, en accomplissant une mitsva, cela aurait entraîné des effets positifs bien plus considérables.

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-> Par l'étude du moussar, la biographie de nos Sages, la fréquentation de nos Sages, ... nous pouvons stimuler nos profondes émotions, et mériter de grandir et d'atteindre la Vérité, si on l'a désire ardemment.

-> "Bien que les tsadikim se dévouent pour les mitsvot et s'adonnent entièrement à l'étude de la la Torah, ils n'ont pas le sentiment de s'épuiser à la tâche.
Au contraire, ils se perçoivent comme un homme qui accumulerait des gains ou qui se divertirait, tant leur passion est grande pour la Torah."
[Ohr ha'Haïm haKadoch - Balak 23,21]

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-> "L'homme n'éprouvera de joie qu'en procurant satisfaction à D., et il ne tirera plaisir que de Son service.
Il n'aspirera qu'à accomplir Sa volonté, et il ne se précipitera que pour remplir Ses missions ...
De même pour chacun de ses mouvements : il ne bougera le pied ni ne clignera les paupières que pour satisfaire la volonté de se son Maître."
[rabbénou Bé'hayé - Avodat haElokim - chap.5]

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-> "Venez à 'Hechbon!" = venez faisons l’examen (‘Hechbon) du monde, ce qu’il y a à perdre à une mitsva contre ce qu’il y a à y gagner, et ce qu’il y a à gagner à une faute contre ce qu’il y a à y perdre.

Le rabbi Israël Salanter explique ainsi ce passage :
Nos yeux voient qu’une personne en vole une autre qui est un tsadik, et il réussit dans ce méfait, alors que celui qui est volé dégringole de plus en plus.
Si nous jugeons l’affaire d’après ce que voient nos yeux, apparemment il y a une injustice dans la conduite du monde de Hachem.
Tout cela est uniquement parce que notre vie est courte.
Si nous étions comme D., sachant ce qui s’est passé dans toutes les années précédentes, nous n’aurions aucune difficulté.
C’est ce qui est dit : "Faisons l’examen du monde", c’est-à-dire l’examen général des événements du monde, et alors nous nous apercevrons qu’il n’y a aucune injustice ni aucun oubli.

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-> "Venez à 'Hechbon!"

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°775) écrit :
"Nous [les juifs] n’avons pas le droit de vivre de manière irresponsable, sans procéder à un examen de conscience. En effet, nous devons analyser tout ce qui nous arrive et comprendre pourquoi Hachem agit ainsi avec nous, afin de pouvoir orienter nos actes, les réparer et les ajuster.
Et même si D. nous envoie du mal et emploie la rigueur envers nous, il nous faudra examiner minutieusement nos actions pour comprendre pourquoi tel a été notre sort, et c’est par ce biais que nous mériterons de réparer nos actes.
On trouve également dans la guémara (Béra'hot 5a) que Rava a dit au nom de Rav ‘Hisda : "Si l’on se voit frappé par des malheurs, on examinera ses actes, comme il est dit ‘‘Examinons nos voies, scrutons-les et retournons à Hachem’’ ...

Il ne faut surtout pas dire, afin d’apaiser sa conscience, que les souffrances sont fréquentes dans le monde et qu’elles sont le fruit du hasard, car quiconque pense ainsi ne fera qu’attirer sur lui encore plus de malheurs, jusqu’à qu’il s’éveille et procède à un examen de conscience.
[Hachem nous fait passer un message sur des choses extérieures à nous, puis sur nous de façon légère, puis Il en augmente l'intensité jusqu'à ce que nous saisissons son appel à faire téchouva. Ainsi, en faisons régulièrement les comptes ('hechbon) de ce qui se passe, nous pouvons alors saisir au plus vite ce que nous devons améliorer, et nous nous épargnons bien des soucis!]

C’est pour cela qu'une paracha est appelée "A’harei Mot".
En effet, après un décret aussi lourd que celui de la mort des fils d’Aharon, chacun doit examiner ses actes, les analyser et essayer de comprendre pourquoi D. a agi ainsi.
Chacun de nous doit dire "C’est à cause de moi que ce malheur a eu lieu".
Ainsi, nous réparerons nos actes et cesserons d’agir de façon répréhensible. C’est le sens de l’expression "A’harei Mot" : après (a’har) avoir assisté à un mauvais décret, ou tout simplement après (a’har) une mort, il y a lieu d’examiner nos actions.
[selon nos Sages tout malheur qui se passe dans le monde, est un moyen pour Hachem de nous inciter à nous améliorer, à retourner vers Lui].
[...]
Le but des souffrances est de nous ramener vers le bon chemin : lorsqu’une personne se repent et améliore ses actes, les malheurs ne la touchent plus, car il n’y a pas de souffrances sans faute, et pas de mort sans péché. Heureux est celui qui sait profiter de ces moments importants pour examiner ses actes dès que des souffrances le touchent. C’est ainsi qu’il mérite d’acquérir son monde à venir en un instant, car en réfléchissant sur les raisons qui ont provoqué une telle situation, il se repent et se rapproche beaucoup de D. et de Sa Torah ...

Mais si la personne en question n’accorde aucune attention à ce qui lui arrive et continue à suivre sa voie aveuglément, elle perdra le cadeau que Hachem lui a fait en lui envoyant des malheurs afin de l’éveiller de sa torpeur. Elle pourra alors perdre son monde à venir en un instant. Ainsi, nous pouvons exploiter les souffrances qui viennent à nous comme un tremplin pour évoluer spirituellement, mais à condition d’analyser ce qui nous arrive.
[...]
C’est uniquement en analysant tout ce qui nous arrive dans la vie quotidienne que nous mériterons de connaître Hachem, de nous rapprocher de Lui, de nous repentir et de Le remercier pour toutes les bontés qu’Il nous accorde."

"Quand un homme meurt dans la tente" (‘Houkat 19,14)

-> Selon la guémara (Shabbath 83b) :
Même proche de la mort, l’homme doit étudier la Torah.
Reich Lakich explique pour sa part : "Les paroles de Torah ne s’accomplissent que chez celui qui est prêt à mourir pour elle."

-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot) commente :
"la Torah est du domaine de l’intellect, comment peut-elle s’implanter chez l’homme qui est entièrement matériel? Les deux sont absolument antinomiques!
C’est pourquoi cette Torah (intellect) ne peut se réaliser que chez celui qui est prêt à mourir pour elle, qui fait abstraction de son corps, de sa vie matérielle. Se séparant de son corps, il n’est plus considéré comme tel par rapport à la Torah et celle-ci, qui est ‘intellect’, pourra alors s’accomplir en lui, et non en celui qui, à côté de la Torah, donne de l’importance à son corps."

-> Rabbi David Pinto écrit :
Comment se détacher de tout ce qui est corporel au moment où l’on étudie? Après tout, l’homme a été créé à partir de la matière!
La matière peut-elle se dissocier de la matière?
En réalité, en se consacrant à l’étude de la Torah avec abnégation, on se détache de son côté matériel pour permettre aux paroles de Torah d’entrer dans son cœur.

De quelle abnégation s’agit-il ?
De celle que décrivent nos Sages lorsqu’ils commentent l’expression ‘de toute ton âme’ : "Même si on t’enlève la vie (ton âme)". Cela signifie qu’au moment où l’on étudie la Torah, on doit avoir l’esprit libéré de toutes ses préoccupations matérielles, et que même si on est absorbé toute la journée par son activité professionnelle, on doit fixer des temps d’étude au cours desquels on oublie totalement ses affaires.

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-> "Voici la loi (la Torah), lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" (19,14)

Nos Maîtres déduisent de ce verset : "La Torah ne se maintient qu’en celui qui se tue à la tâche pour elle".

Lors d’un de ses cours, rav ‘Haïm de Brisk prononça les mots suivants :
"Imaginez-vous qu’un jour, D. décide de permettre à tous les morts de se relever et de quitter leur tombe pour une heure, de laquelle ils peuvent profiter à leur gré. Les vivants se précipiteraient alors aux cimetières pour y rencontrer leurs proches décédés et prendre de leurs nouvelles. Cependant, dès l’instant où les sépultures seraient ouvertes, les défunts ne regarderaient même pas leurs visiteurs, mais courraient tous, à grande allure, en direction des lieux d’étude pour étudier assidûment la Torah.

Tel est le sens de l’enseignement de nos Maîtres selon lequel "la Torah ne se maintient qu’en celui qui se tue à la tâche pour elle" = En d’autres termes, elle ne perdure que chez l’homme considérant le temps qui lui est alloué dans ce monde comme l’opportunité, pour un mort, de quitter sa tombe l’espace d’une heure."

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-> on peut également y lier le récit suivant : https://todahm.com/2014/12/21/2511-2

"Voici la loi (la Torah), lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" = plus nous sachons faire le mort face aux tentations matérielle, aux pertes de temps de ce monde, plus nous aurons de vie dans le monde à venir.
Notre véritable âge le jour de notre mort est le cumul de tous nos instants de vie bien exploités selon la volonté de D.

["j'ai mis devant toi la vie et la mort : choisis la vie" => le problème c'est que notre yétser ara nous propose une réalité inversée. Il nous vend de la mort pour de la vie (profites!). D'ailleurs, la Torah nous dit : choisis! (cela n'est pas naturel, à cause du yétser ara).
Nous devons faire le mort à notre yétser ara, pour ne pas se laisser embrouiller et pour mieux se focaliser sur la réelle vie de ce monde!]

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-> "Quand un homme meurt dans la tente" (‘Houkat 19,14)

Nos Sages (guémara Béra’hot 63b ; Shabbath 83b) explique que les les paroles de la Torah ne se maintiennent que chez celui qui se tue pour elles.
[au moment où l’on étudie, il faut faire le mort, dans le sens où rien d’autre n’existe pour venir nous déconcentrer]

La tente fait allusion au fait que de même qu’elle ne comporte pas de porte ni de clef, et qu’elle est ouverte à quiconque veut y entrer, ainsi la Torah est placée dans un coin et quiconque veut l’étudier peut venir le faire (cf. guémara Kidouchin 66a)

Le mot : "Ohél" (tente - אוהל) a une valeur numérique de 42, ce qui correspond à "tu parleras d’eux" (bam), où le mot "bam" (בם) a aussi une guématria de 42.

Les lettres dé : bam (בם) renvoient à la 1ere lettre :
-> du 1er mot de la Torah écrite (בְּרֵאשִׁית – Béréchit)
-> du 1er mot de la Torah orale (מאימתי – michna Béra’hot).

[il faut se considérer comme de passage dans ce monde éphémère (à l’image d’une tente), et se consacrer de toutes ses capacités à la Torah, qui est l’essentiel, puisque chaque lettre que nous y étudierons nous accompagnera et nous servira d’habitat pour l’éternité.]

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-> "Ceci est la loi (Thora), un homme qui meurt dans une tente" (19,14)

Le 'Hafets 'Haïm commente :
La Thora (loi) ne peut se maintenir que pour un homme qui se fait mourir dans la tente d'étude. C'est-à-dire qu'il étudie en sacrifiant son bien-être et en renonçant à ses plaisirs physiques.
Mais, cela fait aussi allusion à une autre idée. Au moment où une personne étudie la Thora, il doit se considérer comme s'il était mort. De la sorte, il n'interrompra pas son étude pour aucune raison au monde, même la meilleure. En effet, s'il était mort, il n'aurait pas pu s'occuper de ses affaires même la plus urgente. Au moment de l'étude, il faudra se voir comme s'il était mort. Rien ne pourra ainsi l'interrompre de son étude.
C'est de cette façon que sa Thora se maintiendra.

[plus on considère la Torah comme étant la vie (le reste devenant "mort" en comparaison), plus la Torah pourra avoir d'impact en nous.]

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-> "Ceci est un statut de la Loi (…) lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" ('Houkat 19,2-14)

-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°1092) enseigne :
"Le Baal Chem Tov explique pourquoi il existe malheureusement de nombreuses personnes étudiant la Torah et qui manquent pourtant de crainte de D.
D’après lui, tout dépend de la manière dont l’homme entame sa journée. Dès son lever, il doit s’impliquer en premier lieu dans des activités spirituelles, se lever avec zèle pour servir son Créateur, réciter Modé ani avec une grande ferveur, remercier Hachem de tout son cœur pour la magnifique création, puis s’empresser de rejoindre la synagogue pour prier cha’harit.
S’il donne ainsi priorité à des mitsvot et à des actes accomplis pour l’honneur divin, le reste de la journée sera à cette image et la crainte du Ciel l’accompagnera.
Par contre, s’il se réveille avec paresse et ne pense qu’à satisfaire ses divers besoins physiques, comme l’alimentation, pour seulement ensuite se souvenir de son devoir de prier, la crainte de D. lui fera défaut, car son ego aura pris le dessus, empêchant la présence Divine de résider en lui.

Tel est le sens des versets : "Ceci est un statut de la Loi ... lorsqu’il se trouve un mort dans une tente" = Le lien d’un homme avec la Torah dépend essentiellement du début de sa journée, du moment où il gît dans son lit comme un mort trouvé dans une tente. Lorsqu’il se réveille de cette mort apparente qu’est le sommeil, s’il se lève avec zèle pour servir Hachem, considérant cela comme "un statut de la Loi", comme une obligation incontournable, il continuera, tout au long de la journée, à Le servir avec joie et entrain, car la Torah représentera pour lui une priorité et il sera continuellement animé de la crainte de D.

Cependant, s’il ne considère pas cette conduite comme une obligation immuable, mais se lève avec paresse pour se consacrer à ses besoins personnels, se laissant chaque jour convaincre par un autre prétexte soufflé à son oreille par le mauvais penchant (ex: "Je suis fatigué" ; "Je suis faible"), la paresse continuera à prendre le dessus le reste de la journée et il sera perdant sur tous les bords.
Telle est la mauvaise racine du manque de crainte du Ciel."

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-> "Voici la règle (zot haTorah), lorsqu’il se trouve un mort [mot à mot: un homme qui meurt] dans la tente (adam ki yamout baOhel)"(‘Houkat 19,14)

=> Ce verset est interprété par nos Sages dans le sens de l’étude de la Torah [Voici la règle (זֹאת הַתּורָֹה) = c’est-à-dire : "voici la manière idéale d’étudier la Thoraé].
On peut rapporter les commentaires suivants à ce sujet :

1°/ Rabbi Chimon Ben Lakich (guémara Béra'hot 63b) enseigne : "D’où apprenons-nous que la Torah ne se maintient que chez celui qui se tue pour elle [qui consacre toutes ses forces pour la Torah]? Du verset: ‘Voici la règle: un homme qui meurt dans la tente [la maison d’étude]’."

2°/ La Torah, purement spirituelle, ne peut subsister seulement chez une personne qui s’éloigne autant que possible de la matérialité [Maharal de Prague].
Aussi, le rav Niventzal explique-t-il que "mourir pour elle" signifie diminuer notre jouissance de ce Monde. Ainsi, moins un homme profite des bienfaits matériels que cette terre lui offre plus la Torah peut résider chez lui.
Lorsque nous réduisons la place du matériel dans nos vies, alors automatiquement nous faisons de la place au spirituel (la Torah).
Et c’est ainsi qu’il est enseigné (Pirké Avot 6,4]) : "Voici le chemin pour acquérir la Thora : mange du pain avec du sel, bois de l’eau avec mesure, dors à même le sol, endure une vie de souffrances et étudie la Torah de toutes tes forces. Si tu fais cela, tu seras heureux dans ce monde-ci et tu auras une bonne part dans le monde futur".

3°/ La guémara veut dire qu’il faut tuer son "moi", c’est-à-dire ses défauts et ses idées préconçues, afin de parvenir à la vérité en toute objectivité [voir Maor Enayim].

4°/ "L’abnégation qui convient aux érudits de la Torah est définie par le verset : ‘Un homme qui meurt dans la tente’, tel que l’expliquent nos Sages : il faut tuer le plaisir que procurent les attraits du monde matériel, car même les plaisirs terrestres les plus anodins empêchent de se consacrer à la ‘tente’ de la Thora" [Hayom Yom - 1er Tamouz].

5°/ "Si un homme veut acquérir un peu de Torah, il doit faire pendant son étude comme s’il était ‘mort’, et quoi qu’il advienne, ne jamais s’interrompre ni repousser ce moment sacré" [Si’hot ha’hafets ‘Haïm].

6°/ La guémara (Shabbath 83b) rapporte : "Rabbi Yonathan dit : Un homme ne doit jamais se limiter dans l’étude de la Torah ... et ce même lorsqu’il est sur le point de mourir comme il est dit : ‘Voici la règle [de la Torah], lorsqu’un homme meurt dans la tente’, même au moment de la mort il faut se consacrer uniquement à la Thora".

A ce propos, il est enseigné dans la guémara (Béra'hot 61b) que lorsque les Romains interdirent l’étude de la Torah, Rabbi Akiva continua d’enseigner en public. Un juif qui était sorti du chemin, et qui se nommait Papous Ben Yéhouda, lui demanda : "Akiva, n’as-tu pas peur des Romains?"
Le Rav lui répondit : "Voilà à quoi cela ressemble : un jour, un renard vit des poissons qui fuyaient dans tous les
sens. Que faites-vous? demanda-t-il. Nous évitons les filets des pécheurs! Pourquoi ne venez-vous pas sur la terre à côté de moi, au moins vous ne serez plus embêtés par les pièges des pécheurs?
Les poissons lui répondirent : imbécile que tu es! Si nous sommes en danger dans notre environnement naturel, alors à plus forte raison si nous allons dans un endroit où la mort nous est promise. Pareil pour nous : tant que nous étudions, nous sommes en vie comme il est écrit: ‘Car elle est ta vie...’ mais si nous arrêtons de l’étudier, nous sommes déjà morts".

On raconte également qu’à la fin de sa vie, le ’Hatam Sofer souffrait d’une grave maladie et son état de santé ne laissait guère d’espoir.
Toute la communauté priait nuit et jour et lisait des psaumes pour la guérison du Rav. Celui-ci était étendu, son chapeau couvrant son visage, les membres de la ‘Hévra kadicha pensant qu’il était à l’article de la mort commencèrent à prier également. Le ‘Hatam Sofer dit alors à un de ses proches de leur demander d’arrêter de prier car ils le dérangeaient dans son étude. En effet, il tenait à réviser tout ce qu’il avait étudié durant sa vie avant de mourir.
[b'h, d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles - Chémini 5782]

"Il se purifiera avec elles (les cendres de la Vache Rousse) le 3e jour et le 7e jour, alors il deviendra pur" ('Houkat 19,12)

-> De nos jours où nous n'avons pas les cendres de la vache rousse (para adouma) pour nous purifier, que doit faire une personne qui s'est souillée?

Le Chla haKadoch répond qu'on doit s'immerger à étudier et enseigner la Torah, afin de pleinement accomplir ses lois.

Le midrach enseigne que pour Hachem, un jour est équivalent à 1 000 années.
[de même, le Téhilim (90,4) : "mille ans sont à tes yeux comme la journée d’hier"]
Selon le Ramban (Béréchit 2,3), les 6 jours de la Création font allusion aux 6 000 années de ce monde-ci, tandis que le 7e jour, le Shabbath, fait référence au monde à Venir.

La Torah a été donnée en l'année 2488, qui est dans le 3e millénaire.
Cela correspond ainsi au 3e jour de la Création, au sujet duquel il est dit : "ki tov" (c'est bien - Béréchit 1,12).
Dans le verset ci-dessus, le mot utilisé pour "purifiera" est : "yit'hata" (יִתְחַטָּא), qui signifie également : fauter.
Ainsi, le verset peut se lire : "quelqu'un qui faute le 3e jour" = quelqu'un qui faute mais se purifie lui-même par la Torah qui a été donnée pendant le 3e millénaire, "il deviendra pur le 7e jour" = dans le monde à venir, qui est comparé au Shabbath (koulo Shabbath), il sera récompensé par la Torah qu'il a étudié.

Nos Sages disent en effet : "Celui qui se prépare la veille de Shabbath, mangera à Shabbath" (guémara Avoda Zara 3a)

=> Ainsi, par la grande puissance de l'étude et de vivre un vie de la Torah, qui a été donné au 3e millénaire, qui correspond au 3e jour de la Création, nous pouvons atteindre une pleine purification de nos fautes, et arriver pur dans le monde à Venir.

[cela explique les dates du processus de la para adouma, le 3 et 7e jour.]

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-> [Selon l’enseignement : "La durée de notre vie est de 70 ans, et à la rigueur, de 80 ans» (Téhilim 90, 10)] Si un homme se "purifie" [dans la Torah] depuis son enfance [bien que durant la jeunesse, l’attirance pour les plaisirs de ce Monde soit persistante], lorsqu’il atteint, sans avoir fauté, la moitié des années de sa vie (entre 30 et 40 ans) [c’est-à-dire le "3e jour" ], il est assuré de ne pas fauter jusqu’à la fin de ses jours (entre 70 et 80 ans) [c’est-à-dire le "7e jour"]. [guémara Yoma 38b]
(la "purification" de l’homme est donc bien liée aux "3e et 7e jour").

Si en revanche, un homme se trouvant dans la force de l’âge (le "3e jour"), ne s’est toujours pas purifié de ses péchés (en faisant téchouva) [il a succombé à la tentation des plaisirs de ce Monde], il peut tenter de le faire à la fin de sa vie (le "7e jour") ; mais s’il laisse passer cette époque sans faire téchouva, alors interviendra le verdict : le "7e jour" arrive, sans qu’il soit purifié, il mourra en tant qu’impie (racha).
[‘Hatam Sofer]

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-> Le "3e jour" symbolise l’Attribut de Yaakov (3e Patriarche et invité du 3e jour de Souccot), l’Attribut de Miséricorde.
Le "7e jour" symbolise l’Attribut de David (invité du 7e jour de Souccot), l’attribut de la Royauté. Par ailleurs, le roi David est appelé : "Mon serviteur" (avdi - עבדי), car il était annulé (batél - בטל) devant Hachem, comme "un esclave devant son Maître".
Ainsi, la Torah vient-elle nous enseigner que l’homme, pour obtenir la véritable purification, doit, d’une part, réveiller la Miséricorde divine, par la téchouva (le "3e jour") et d’autre part, se soumettre entièrement à la Volonté divine, par la pratique des mitsvot (le "7e jour").
C’est ainsi, qu’il est dit à propos de ces 2 bergers que la mort (la source de l’impureté) ne les a pas touchés : "Yaakov Avinou lo mét" (Yaakov notre Père n’est pas mort) et "David Mélé'h Israël 'haï vékayam" (David roi d’Israël est vivant et subsiste).
[Likouté Torah]

Celui qui accomplit seulement les mitsvot qui s'imposent intellectuellement a le pourvoir d'être sauvé des maladies naturelles qu'un médecin peut guérir, mais pas celui d'être également sauvé des maladies dont il est impossible de sortir naturellement.

Mais celui qui accomplit également les mitsvot qu'il est impossible de comprendre, même si l'intelligence ne les saisit pas, aura une aide du Ciel pour être sauvé des maladies dont il est impossible de sortir naturellement.

Cette idée se trouve en allusion dans le verset : "J'ai appelé de tout cœur, réponds-moi, Hachem, j'observerai Tes 'houkim" = par le mérite du fait que j'obéirai à Tes lois, même incompréhensibles, réponds-moi, Hachem, en toute chose que je Te demanderai, même s'il s'agit de dépasser la nature.

[rav Ovadia Yossef]
('Houkat)

[ainsi, plus nous faisons preuve d'une confiance en Hachem au-delà de notre naturalité, plus Hachem peut nous aider au-delà de la naturalité des choses!]

Moché et le géant Og

+ Moché et le géant Og :

-> "Lorsque les hommes de D. se mêlèrent aux filles de l'homme qui leur donnèrent des enfants (puissants)" (Noa'h 6,4)
Le Targoum Yonathan explique : ces "hommes de D." sont 2 anges descendus du Ciel, nommés Cham'hazaï et Ouziel. Ils se mêlèrent aux filles de l'homme et des géants naquirent.
Parmi les géants, il y avait 2 frères devenus rois : Og et Si'hon, tous 2 fils de A'hya, fils Cham'hazaï.
[Rachi - guémara Nida 61a]

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-> Hachem rassure Moché lorsque le roi Og s'avança avec tout son peuple pour livrer bataille à Israël : "Ne le crains pas (Og)" ('Houkat 21,34).

=> Pourquoi Moché craignait-il Og, et ne craignait-il pas son frère Si'hon?

-> Rabbi Chimon bar Yo'haï répond : Moché se disait : "Peut-être le mérite de Og, qui était venu annoncer à Avraham la capture de son neveu Loth par le roi de Elam, le soutiendra-t-il et il pourrait nous vaincre?", comme dit le verset : "Un fuyard vint l'annoncer à Avram l'Hébreu" (Béréchit 14,13)
Rabbi Yo'hanan dit que ce fuyard était le géant Og qui avait survécu au déluge.
[guémara Nida 61a]

-> Le Méam Loez (Dévarim 3,2) donne d'autres explications :
1°/ Telle est la voie des tsadikim. Bien que D. promette de leur donner le bien, ils craignent que leurs fautes ne fassent obstacle et que D. ne s'éloigne d'eux.
Hachem dit : "On ne verra pas chez toi d'impudicité car D. s'écarterait de toi" (Dévarim 23,15) = si tu fautes, D. s'éloignera de toi.
Hachem avait promis à Yaakov : "Je serai avec toi et Je te protégerai de tout mal". Malgré cela, Yaakov avait très peur avant sa rencontre avec Essav. Il craignait d'avoir fauté à l'époque où il habitait chez Lavan et d'avoir perdu la protection divine.
Ici aussi, Moché craignait que pendant la guerre contre Si'hon, les Bné Israël n'aient fauté ou n'aient pris un objet interdit.
Hachem l'a donc rassuré. Il n'avait pas à craindre la moindre faute.

2°/ Og appartenait à la tribu détruite par Amrafel lorsqu'il a combattu les 5 rois, comme il est écrit : "Ils anéantirent les Réfaïm à Achtérot Karnayim" (Béréchit 14,5).
Og était le seul survivant : "Seul Og, roi de Bachan, survécut parmi les Réfaïm" tués par Amrafel.
Ainsi, parmi tous les leurs puissants guerriers, Og était exceptionnel!

3°/ Il n'existait personne d'aussi puisant que lui.
Lorsque Moché et les Bné Israël sont arrivés à Edreï et que Og est sorti à leur rencontre, la nuit était tombée.
Moché a dit : "Passons la nuit ici, et demain matin, nous nous lèverons tôt pour nous battre contre Og. Nous entrerons dans la ville et nous la conquerrons".

Le lendemain, avant l'aube, les Bné Israël ont monté l'attaque. Il faisait encore sombre.
Moché a levé les yeux et a vu Og assis au sommet de la muraille, les pieds touchant le sol.
Moché a pensé : "Je ne sais pas ce que je vois. On dirait que les habitants ont ajouté des pierres à la muraille pendant la nuit".
Hachem lui a révélé : "Ce n'est pas la muraille que tu vois mais Og, le roi de Bachane".

Les jambes de Og mesuraient 38 coudées de long (environ 22 mètres!)
Moché a pris peur de ce qu'il voyait à ce moment-là mais D. lui a dit : "Ne le crains pas car Je l'ai livré, lui, tout son peuple et son pays, en ton pouvoir".

4°/ Moché a eu peur également parce que Og n'était autre que Eliézer le serviteur d'Avraham.
Lorsqu'Avraham a circoncis tous les membres de sa maison, il a également circoncis Og.
En voyant les Bné Israël se préparer à se battre contre lui, Og dit : "Le mérite de ma circoncision remonte à l'époque d'Avraham". Il a donc eu l'audace de lutter contre les Bné Israël.
Lorsque Moché a compris que Og comptait sur le mérite de sa circoncision pratiquée par Avraham en personne, il fut très effrayé. Il dit : "Qui pourrait déraciner ce mérite?"
D. le rassura : "Ne crains rien. Il a déjà souillé le signe de la circoncision. Quiconque souille ce signe est déraciné du monde".

5°/ Moché craignait aussi que Og, c'est-à-dire Eliézer, ne possède le mérite d'avoir trouvé une épouse pour Its'hak et d'avoir négocié avec Lavan jusqu'à ramener Rivka à son maître.
Lorsque Lavan a vu les bijoux que Eliézer avait apportés pour Rivka, lui et ses hommes ont cherché à prendre tous ses biens. Og a démontré alors sa force en prenant les 10 chameaux dans ses 2 mains, en les soulevant et en leur faisant traverser la rivière.
Lavan s'est dit : "Nous ne pouvons combattre contre lui".
Lavan a ensuite mis du poison dans l'assiette de Og pour le tuer, mais par le mérite d'Avraham, les assiettes ont été interverties. C'est Bétouel, le père de Lavan, qui a mangé la nourriture empoissonnée et qui est mort.

D. a dit à Moché : "Ne crains pas le mérite de Og. Il a déjà reçu sa récompense puisqu'Avraham l'a affranchi. Je l'ai également récompensé en le faisant régner sur tous ces territoires. Il n'a donc plus de réclamation valable pour recevoir une récompense pour ce mérite, ni dans ce monde ni dans le prochain".

6°/Par prophétie, Moché a vu que Og aurait un descendant appelé rabbi Chimon ben Nétanel qui éprouvait une grande crainte de la faute.
Moché craignait que le mérite de ce tsadik ne vienne à l'aide de Og.
D. dit à Moché : "Ne le crains pas. Un grand tsadik sera issu de toi aussi. Ce sera rabbi Yo'hanan ben Zakaï, le maître de rabbi Chimon ben Nétanel".
Og est appelé "roi de Bachane", car les lettres du mot Bachane (bét, chin et noun) forment les initiales du nom : Chimon ben Nétanel.

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-> Moché craignait le roi Og car il avait l'âge de 500 ans (une longévité exceptionnelle).
[rav Lumbroso]

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-> Le conflit mené par Og contre Israël est le modèle du conflit permanent de ceux qui possèdent la force matérielle contre ceux qui possèdent la force spirituelle.
[Maharal - Gour Arié ('Houkat)]

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-> "Tu as brisé les dents des réchaïm" (Téhilim 3,8)
Dans la guémara (Bérah'ot 54b), selon Reich Lakich : il ne faut pas lire "que Tu as brisé" (chibarda), mais "que Tu as allongé" (chirbavta).

Le Ein Eliyahou commente que les dents du géant Og se sont allongées et tout le monde a pu voir le miracle que la délivrance ne vient que d'Hachem : seul Lui a pu faire cela.

Rachi (guémara Méguila 15b) enseigne qu'il y a eu un allongement des dents du géant Og de 60 amot (environ 30 mètres).

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-> Pourquoi est-ce après l'allongement des dents de Og que Moché l'a attaqué?

Avant l'allongement des dents du géant Og, Moché craignait de l'attaquer, non seulement parce que Og bénéficiait du mérite d'avoir par son annonce contribué au Kiddouch Hachem réalisé par Avraham, mais surtout parce que Og possédait une étincelle de l'âme (de la néchama) de rabbi Chimon ben Nathanel (d'après le Arizal).

Or les 2 lettres : ש et נ du mot שן (chen : dent) sont les initiales de : Chimon ben Nathanel, ou Nitsouts Chimon (une étincelle de Chimon) ou Nichmat Chimon.
Lorsque les dents de Og se sont allongées pour sortir de sa bouche, Moché a compris que l'étincelle de l'âme de Chimon ben Nathanel était sortie de chez Og et qu'il n'y avait donc plus de raison de le craindre, c'est pourquoi Moché a décidé de le frapper à ce moment.
[Ben Ich 'Haï]

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-> "Quelle était la hauteur de Moché? 10 coudées (environ 5 mètres).
Moché prit une hache de 10 coudées, fit un bond de 10 coudées et porta un coup à Og à la cheville et il mourut." [guémara Béra'hot 54b]

=> Pourquoi Moché a-t-il frappé Og à la cheville?

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
Og, qui avait fui la région de Sodome pour annoncer à Avaham la capture de Lot, bénéficie du mérite de ce long déplacement à pied.
Mais Hachem rassure Moché : "Ne le crains pas, car Og était mal intentionné, il s'est dit : "Je vais l'annoncer à Avraham, afin qu'il parte en guerre pour sauver son neveu, il y perdra la vie et je pourrai prendre son épouse Sarah".

C'est pourquoi Hachem a aidé Moché à frapper la cheville de Og pour lui signifier : "La longue marche (de Og) vers Avraham vient, au contraire, accuser Og, car il avait de mauvais intentions au sujet de Sarah."
Nous comprenons ainsi pourquoi c'est la cheville du géant Og, os de l'articulation du pied, nécessaire pour marcher, que Moché a frappé.

-> Selon le Imré Noam :
Moché n'a pas tué directement le géant Og, car Og n'est pas mort par le coup de hache porté à sa cheville.
Mais, sous l'effet de ce coup il est tombé d'une hauteur de 30 coudées (environ 15 mètres), soit 10 coudées de Moché + 10 coudées de la hache + 10 coudées du bond, et il est mort immédiatement après cette chute de très haut.

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-> A la fin de notre paracha, il est question des guerres de Moché avec 2 frères, Si’hon le roi de l’Emori, et Og le roi du Bashan. C’étaient les fils d’A’hiya fils de Sham’hazaï ...

Le Midrach Avkir donne certaines indications sur la vie d'Og :
"Les disciples de Rav Yossef lui ont demandé : qui est Azaël? Il leur a répondu : Quand la génération du déluge a adoré des idoles, Hachem S’est attristé. Immédiatement 2 anges se sont dressés, Cham’hazaï et Azaël, et ont dit : "Maître du monde! Nous T’avions bien dit, lorsque Tu as créé le monde, ‘qui est l’homme pour que Tu T’en souviennes?’
Hachem leur a répondu : Et que deviendrait le monde [sans l’homme]?
Ils ont poursuivi : Maître du monde! Nous suffirions à le peupler.
Il leur a dit : Il est clair et révélé devant Moi que si vous demeuriez sur terre, le mauvais penchant vous dominerait et vous seriez pires que les hommes.
Ils répondirent : Donne-nous la permission de vivre parmi les hommes et Tu verras comme nous sanctifierons Ton Nom.
Il leur dit : Descendez donc et allez vivre parmi eux.

Immédiatement, ils fautèrent avec les filles des hommes, et furent incapables de dominer leur mauvais penchant.
Sham’hazaï vit tout de suite une jeune fille du nom d’Istahar, elle lui plut, mais elle lui dit : ‘Je ne veux pas t’écouter jusqu’à ce que tu m’enseignes le Nom divin par lequel tu montes aux cieux lorsque tu l’évoques.’
Il lui enseigna le Nom, elle l’évoqua, et monta aux cieux sans avoir fauté.
Hachem dit : comme elle a évité la faute, mettez-la parmi ces 7 planètes pour que vous les méritiez à jamais, et placez-la dans la constellation de l’Orion. Quand Sham’hazaï et Azaël virent cela, ils épousèrent des femmes et engendrèrent des fils, Hiva et Hiya."

-> Le Midrach Béréchit Rabbati explique que ces deux fils, Hiva et Hiya, sont nés de Cham’hazaï, ils ont épousé des femmes et engendré Si’hon et Og.
La nourriture de tous ceux-là était chaque jour mille chameaux, mille chevaux et mille taureaux.
[compilation issue de la voie à suivre n°630]

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-> Le midrach (Dévarim rabba 1,25) relate que lorsque Og est venu informer Avraham que Lot a été capturé pendant la guerre, il a trouvé Avraham en train de faire des matsot pour Pessa'h.
Le vrai nom de Og est Palit, puisqu'il a été sauvé (פליט) du déluge à l'époque de Noa'h.
Il a changé son nom en Og (ougot - עוגות), suite à la vision de la fine galette (la matsa) que Avraham cuisinait.

=> On peut facilement comprendre son nom en rapport avec le déluge, mais pourquoi a-t-il changé de nom au regard de Avraham fabriquant ses matsot?

Selon rabbi 'Haïm Zayrchik (Mayanei ha'Haïm), on voit de là l'impact que peut avoir la vision d'un tsadik accomplissant une mitsvot avec beaucoup d'amour, de dévouement.
Néanmoins, le fait que son nom n'est pas été modifié en "matsot", mais plutôt en "gâteau" (og - ougot) indique un degré de superficialité de sa part, à l'image de Essav qui a été appelé "Edom" (rouge), comme la couleur du plat de lentilles qu'il a demandé à Yaakov.

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-> Le Méam Loez (Noa'h 7,5-7) enseigne :
2 créatures ne tenaient pas dans l'Arche :
1°/ La 1ere était l'auroch géant (Réem).
2°/ La 2e créature qui ne pouvait tenir dans l'Arche était Og le géant.
Il monta sur le toit de l'Arche et se fit une protection, au-dessus de la tête, contre les pluies du Déluge.
Pendant une année, Noa'h lui passa la nourriture par la fenêtre de l'Arche.
Certains disent qu'il était beaucoup trop gigantesque pour s'asseoir sur l'Arche, mais qu'il se déplaçait le long de celle-ci, là où les eaux étaient froides.

-> Le midrach rapporte que le géant Og a survécu au déluge en s'accrochant à l'Arche. Il habitait sur le toit et recevait quotidiennement sa nourriture par Noa'h au travers d'un trou.

["Hachem effaça toutes les créatures qui étaient sur la face de la terre ... Il ne resta que Noa'h, et ce qui était avec lui dans l'Arche" (Noa'h 7,23)
Selon le Tour, l'expression : "que Noa'h" (a'h Noa'h - אַךְ נֹחַ) a la même valeur numérique que : "Og" (עוג), le mot "a'h" laissant sous-entendre que quelqu'un d'autre à survécu.]

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-> Le Méam Loez (Dévarim 3,10-11) enseigne également :
Selon certains commentateurs : "De tous les Rafaïm seul Og survécut" (Dévarim 3,11) signifie qu'il a survécu aux géants qui ont disparu dans le déluge à l'époque de Noa'h. Lorsque D. a envoyé le déluge, Og s'est assis sur les marches de l'arche. Il a fait jurer à Noa'h et à ses fils de le nourrir, en échange de quoi il deviendrait leur esclave à vie. Noa'h a accepté et a pratiqué une ouverture dans l'arche par laquelle il lui passait sa nourriture chaque jour. C'est ainsi que Og a survécu au déluge.

D. a permis de laisser Og en vie bien qu'il ne fût pas un tsadik afin que les générations suivantes constatent la puissance de D. et disent : "Des hommes si forts vivaient à 'époque du déluge! Mais ces hommes comptaient sur leur force et se sont révoltés contre D., et Il les a tous anéantis".
Hachem a donc sauvé Og du déluge et l'a laissé en vie afin que les hommes constatent la force des êtres humains d'autrefois.

Ensuite, Og a été donné comme esclave à Nimrod. Lorsque ce roi a jeté Avraham dans la fournaise ardente et que notre Patriarche en est sorti sain et sauf, Nimrod et tous les hommes importants du royaume étaient abasourdis. En signe d'admiration, ils ont offert des cadeaux à Avraham. Nimrod a donné Og comme esclave à Avraham, qui l'a nommé Eliézer.
Après que Og (Eliézer) ait fait tant d'efforts pour ramener Rivka à Its'hak et subi les tentatives de meurtre de Lavan, Avraham l'a récompensé en l'affranchissant.
Hachem l'a donc rétribué dans ce monde : il est devenu Og roi de Bachane ...

Lorsque Og était enfant, son berceau était en fer car un berceau de bois, même fait de poutres épaisses, n'aurait pas pu soutenir son poids.
[Le Rachbam explique que lorsque Og était bébé, il avait un berceau en fer, car lorsqu'on le mettait dans un en bois, il se cassait.]
Il est écrit : "Son berceau, un berceau de fer, de 9 coudées de long et de 4 coudées de large, selon la coudée de cet homme" (Dévarim 3,11) = c'est-à-dire d'après la mesure du bras (la coudée) de Og.
[...]

Si seul Og a survécu au déluge, comment Si'hon, le frère de Og, a-t-il survécu?

Lorsque Cham'hazaï, l'ange descendu du ciel, s'était rendu coupable d'adultère avec l'épouse de 'Ham, fils de Noa'h, qui est devenue enceinte. Lorsque Noa'h et ses fils sont entrés dans l'arche avant le déluge, 'Ham s'est rendu compte que son épouse était enceinte. Afin de dissimuler la faute de son épouse, 'Ham eu des relations avec elle dans l'arche. L'enfant qui est né était Si'hon.

Nos Sages enseignent que la guerre contre Si'hon et Og était plus difficile que celle contre Pharaon et ses armées.
Comme les Bné Israël avaient chanté une louange à D. pour Ses grands miracles après la défaite de Pharaon, ils auraient dû chanter aussi un cantique après celle de Si'hon et Og.
Tous les guerriers ennemis étaient morts en un instants car D. avait envoyé contre eux un frelon qui les avait empoisonnés, aveuglés et anéantis.
Cependant, les Bné Israël n'ont pas chanté de louange à D. pour ce miracle jusqu'à ce que le roi David loue D. dans le grand Hallel : "Il frappa de grands rois, car Sa bonté est infinie ; Si'hon, le roi des Amoréens, car Sa bonté est infinie ; et Og roi de Bachane, car Sa bonté est infinie" (Téhilim 136,18-20).

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+ Eliézer, le serviteur d'Avraham ou Og?

-> On trouve dans le traité Sofrim (21,9) qu’Og est Eliezer, le serviteur d’Avraham.
Comment Eliezer était-il le serviteur d’Avraham?
Quand Avraham est sorti d’Our en Chaldée, tous les grands de la génération lui ont donné des cadeaux, et Nimrod (qui avait reçu Og en héritage de Kouch fils de ‘Ham) a donné son serviteur Eliezer à Avraham.

-> Les Tossafot (Daat Zékénim) écrivent qu’à l’époque où Eliezer était roi, il s’appelait "Og", car tous les rois du Bashan s’appellent "Og", de même que tous les rois d’Egypte portent le titre de Pharaon.

-> En un endroit (Derekh Eretz Zouta 1), nous trouvons qu’Eliezer est entré vivant au Gan Eden, alors que dans notre paracha il est dit explicitement que Moché l’avait tué : "On le frappa, lui et ses fils, et tout son peuple, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucune trace" ('Houkat 21,35).
D’où la conclusion toute simple qu’Eliezer serviteur d’Avraham n’est pas Og le roi du Bashan, qui a été frappé par Moché.

Le Daat Zékenim miBaalé haTossafot ('Hayé Sarah 24,39) relève cette contradiction, et de là en arrive à la conclusion simple qu’il y a eu 2 "Og roi du Bashan", l’un mauvais qui a été tué par Moché, et l’autre qui était le serviteur d’Avraham et qui était un tsaddik.

-> Rabbénou Be’hayé sur notre paracha ('Houkat) cite une opinion selon laquelle Og ici n’est pas le même que celui d’Avraham, mais il était de sa famille et de sa descendance.
Moché craignait qu’il soit protégé par le mérite de son ancêtre, qui vivait à l’époque d’Avraham.
Mais il émet des doutes à ce propos, et fait remarquer que nous n’avons que la tradition reçue par les Sages, selon laquelle Og ici est vraiment le même que celui d’Avraham.

-> Le Arizal dit que : tout homme est composé d’un côté bon et d’un côté mauvais. Les deux se mêlent et sont vraiment comme deux formes d’homme qui se ressemblent et sont confondues, mais le bon côté s’appelle "levouch" et le mauvais côté "bégued".

Se basant dessus, le midrach Talpiot (rabbi Eliyahou haCohen d'Izmir) écrit :
"A mon humble avis, cela réconcilie les enseignements de nos Maîtres selon lesquels Eliezer serviteur d’Avraham est entré vivant au Gan Eden, alors que dans le traité Béra'hot ils ont dit que Moché l’avait tué. Comment est-ce possible?
C’est qu’Avraham a séparé le mauvais côté, c’est-à-dire Og, qui a été tué par Moché, et le bon côté se trouve avec Avraham dans le caveau de Makhpela."
[compilation issue de la voie à suivre n°630]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°580) écrit :
"Og le roi du Bashan était un méchant, et il voulait exterminer tout le camp d’Israël en une seule fois. Il est parti en guerre contre eux, ainsi que l’ont raconté nos Sages dans la guémara (Béra'hot 54b) : il a déraciné une montagne d’une douzaine de kilomètres de diamètre dans le but de la lancer sur le camp d’Israël et de les enterrer dessous.
Og détestait donc Israël et voulait l’exterminer.

Le service qu’il a rendu à Avraham était uniquement dû au fait qu’il savait que Hachem l’en récompenserait. De plus, il avait de mauvaises intentions, car il espérait qu’Avraham serait tué dans cette guerre et qu’il pourrait épouser Sarah. Alors pourquoi Moché craignait-il que le mérite d’Avraham le soutienne? Peut-on imaginer que le mérite du Patriarche permette d’exterminer ses enfants?
Si Og, qui n’avait fait qu’une petite chose, avait un certain mérite, les bné Israël, qui suivent les voies de leur père, profitent à combien plus forte raison de ses mérites, et donc peuvent être sauvés de ce mauvais (racha).

De plus, Og avait vu ce que D. avait fait pour les bné Israël en Egypte et sur la mer. Il avait entendu parler de l’ouverture de la mer et de la guerre d’Amalek, et bien qu’il ait persévéré dans ses mauvaises voies et cherché à tuer les bné Israël, est-il possible que le mérite d’Avraham ait profité à ce scélérat pour lui permettre d’exterminer tout Israël?
On est obligé de dire que Moché savait que le mérite d’Avraham ne protégerait pas Og au point de lui permettre d’exterminer les bné Israël. Il savait que le mérite d’Israël était plus grand que celui de cette seule mitsva faite par Og, mais comme Og avait annoncé à Avraham que Lot avait été fait prisonnier, qu’il était parti immédiatement en guerre avec les rois jusqu’à ce qu’il le libère, et qu’en fin de compte étaient sorties de lui Ruth et Naama, qui sont les deux belles colombes qui se sont levées pour sauver Israël, et qui ont engendré le roi David et le Machia’h qui sont les sauveurs d’Israël, c’est cela le mérite qui le faisait craindre.

D. n’a empêché Moché de lutter avec Amon et Moav qu’à cause de cela, ainsi que l’ont dit nos Sages (guémara Baba Kama 38b) : "Ce que vous envisagez n’est pas ce que j’envisage, J’ai deux belles colombes à faire sortir de ces peuples, Ruth la Moabite et Naama l’Amonite".
Dans le même ordre d’idées, Moché craignait maintenant qu’Og n’ait en sa faveur le mérite d’avoir sauvé Lot, car ces colombes ne pourraient apparaître que grâce à lui, qui avait sauvé leur ancêtre Lot, et tant qu’elles n’étaient pas apparues, il se disait qu’il pourrait peut-être profiter de ce mérite.

On apprend de tout cela qu’il est possible de faire une seule mitsva dont le mérite dure pendant de nombreuses générations. Il n’y a personne qui connaisse la récompense des mitsvot. On peut faire une seule mitsva facile et recevoir une grande récompense.
Par exemple, Og le roi du Bashan est tout simplement allé annoncer à Avraham que Lot avait été fait prisonnier, et le mérite de cette mitsva l’a protégé au point que Moché notre maître le craignait.

Dans le même ordre d’idées, Yichmaël n’a mérité que 12 tribus soient issues de lui, et il ne lui a été donné une part dans la terre d'Israël, que par le mérite d’une seule mitsva qu’il a accomplie, et qui est celle de la circoncision, ainsi qu’il est écrit : "Pour Yichmaël, Je t’ai entendu, Je l’ai béni et fait prospérer considérablement, il engendrera 12 chefs de tribus (des Néssi'im - נְשִׂיאִם ), et je le ferai devenir une grande nation" (Lé'h Lé'ha 17,20).
Il est dit dans le saint Zohar (II 32a) : "Hachem leur a donné une part ici-bas dans la Terre sainte par le mérite de la circoncision d’Yichmaël, leur ancêtre. Les enfants d’Yichmaël règneront pendant longtemps en Terre sainte lorsqu’elle sera vide, de même que leur circoncision n’est pas complète et qu’elle est vide, et ils empêcheront les bné Israël de revenir chez eux jusqu’à ce que leur mérite soit épuisé".

Le fils de David (le machia'h) ne viendra que lorsque le mérite des enfants d’Yichmaël sera épuisé, ainsi que le dit la Aggada (Midrach HaGadol Béréchit 25,18) : "Il tombe à la face de tous ses frères" = à un endroit il est dit "il tombe", et à un autre endroit il est dit "il réside à la face de tous ses frères".
Tant qu’il n’a pas porté la main sur le Temple, il réside, mais quand il porte la main sur le Temple il tombe.
La descendance d’Yichmaël est appelée à tomber à la fin des temps, et la gloire d’Israël se relèvera.

Bien que D. sache parfaitement que les enfants d’Yichmaël feront du mal à Israël dans l’avenir, ainsi qu’il est dit : "Pourquoi s’appelle-t-il Yichmaël? Parce que dans l’avenir, D. entendra (yichma) les soupirs que pousseront les enfants d’Yichmaël, c’est pourquoi il s’appelle Yichmaël" (Pirkei DeRabbi Eliezer 30).
Le Midrach (Yilamdeinou Béréchit 79) dit également: "Pour Yichmaël Je t’ai entendu, et Je l’ai béni", sache qu’il engendrera 12 chefs de tribus, ils garderont la royauté, le dernier de 12 sera ‘Hagar, il édictera des mauvais décrets dans le monde, il règnera peu de temps, sa royauté se renforcera à la fin, et Je ferai de lui un grand peuple.

=> On peut faire un raisonnement a fortiori. Si ces réchaïm ont reçu leur récompense en ce monde-ci pour une seule mitsva, qu’ils n’ont même pas faite entièrement, à combien plus forte raison Hachem récompensera les bné Israël, à qui Il a donné 613 mitsvot qu’ils accomplissent de tout cœur.
Mais la récompense des premiers leur a été donnée en ce monde-ci, alors que la récompense des seconds leur est gardée pour le monde à venir, ainsi qu’il est écrit : "Aucun œil ne l’a vu, ô D., à l’exception de Toi" (Yéchayahou 64,3)."

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-> Le Méam Loez ('Houkat 21,34-35) écrit :
Selon une opinion, Moché avait peur que la circoncision accomplie par Og à l'époque d'Avraham ne le protège.
D. lui dit donc : "N'aie pas peur de lui (oto - אותו)";
Le mot "oto" est écrit exceptionnellement avec 2 vav, pour faire allusion au mot : ot (אות) qui désigne le "signe" de l'alliance, c'est-à-dire la circoncision.
En d'autres termes, D. dit à Moché de ne pas craindre le fait que Og portât sur sa chair ce signe de l'alliance car il avait souillé ce que ce signe représentait.
L'alliance de la circoncision ne consiste pas simplement en le retranchement du prépuce. Elle suppose l'abstention totale des fautes charnelles et une conduite sainte et pure.
Lorsqu'un homme n'est pas scrupuleux dans ce domaine, le mérite de la circoncision ne le protège pas.

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+ La mort de Og :

-> Le Méam Loez écrit également :
Lorsque Og, roi de Bachan, appris que les Bné Israël approchaient, il se dit : "Pourquoi m'épuiser à les tuer un par un? En déracinant une haute montagne et en la précipitant sur eux, je les écraserai tous en une fois!"
Il calcula que le camp des Bné Isarël s'étendait sur une superficie d'environ 13 kilomètres sur 13 km.
Og déracina une montagne et la souleva au-dessus de sa tête, se préparant à la lancer sur les Bné Israël.
Cependant, D. fit qu'une multitude de fourmis attaquent la montagne et s'y percent un trou.
La montagne s'effrita et s'enroula autour du cou de Og comme un collier.
Lorsqu'il tenta de se dégager, D. allongea ses dents et les fit dépasser de tous côtés, l'empêchant de bouger ...
A ce moment-là, Moché saisit une hache de 10 coudées de long.
Après avoir fait un saut de 10 coudées (ce qui l'éleva à une hauteur de 30 coudées car Moché en mesurait 10), il frappa Og à la cheville et le tua.
Ensuite, il abattit ses fils et vainquit toute son armée.

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-> Dans la paracha Dévarim (3,2), le Méam Loez explique :
Og pensait que les Bné Israël seraient soutenus par 3 mérites en terre d'Israël : D. avait multiplié leur nombre comme le sable de la mer ; ils avaient de bonnes actions à leur actif ; ils bénéficiaient du mérite des Patriarches.
Og se dit : "J'ai moi aussi ces 3 mérites. J'ai un peuple nombreux, j'ai le mérite de mes bonnes actions car j'ai servi longtemps Avraham, et j'ai le mérite de ma proche relation avec lui".

Nos Sages font allusion à cela en disant que Og a déraciné une montagne et l'a soulevée au-dessus de sa tête. Il a déraciné le mérite d'Avraham qui est comparé à une montagne.
"J'utiliserai ce mérite car je vivais chez Avraham le premier (avant Its'hak)."

Lorsque nos Sages disent que la montagne mesurait 3 parsaot sur 3 (soit 36 mil sur 36 = environ 13 kilomètres sur 13), et le camp des Bné Israël 3 parsaot sur 3, ils font allusion à 3 sortes de mérites dont bénéficiaient Israël et Og.
Les fourmis évoquent le fait que comme la force des fourmis vient de leur bouche, ainsi la force d'Israël provient de sa prière.
De plus, le mérite des bonnes actions d'Israël, nombreuses comme des fourmis, a fait intervenir en leur faveur le mérite d'Avraham, ce qui n'était pas le cas pour Og.

Le fait que Moché mesurait 10 coudées et avait pris un bâton de 10 coudées signifiait la chose suivante : Moché a vu que Og disposait de 2 forces : sa royauté et le mérite d'Avraham.
Il s'est demandé de quelle façon le vaincre. Il a vu que le mérite d'Avraham et de ses 10 épreuves (évoquées par les 10 coudées) ne suffisait pas et a demandé à D. que son mérite à lui ainsi que le mérite d'Israël les protège.
Il a pris un bâton, car de même qu'avec un bâton, on frappe l'ennemi avant de prendre la fuite, ainsi les mérites protègent l'homme devant ses ennemis.

L'idée que Moché ait frappé Og à la jambe révèle qu'il annulait un mérite d'Og : celui d'avoir couru pour faire savoir à Avraham que son neveu avait été fait prisonnier.
Toutes ces idées nous ont été révélées par nos Sages pour nous enseigner que Og n'avait pas seulement compté sur sa force mais aussi sur le mérite d'Avraham et que Moché a annulé ce mérite.

Toute personne qui voit la roche que Og voulait jeter sur les Bné Israël doit remercier Hachem et Le louer.
Elle récitera la bénédiction suivante : "barou'h ata Hachem ... chéassa nissim laavoténou bamakom azé" (qui a fait des miracles à nos ancêtres à cet endroit).

"On prendra pour celui qui est impur, des cendres de la combustion de [l'animal de] purification" ('Houkat 19,17)

La vache rousse en raison de sa rareté et de son importance dans la vie juive, que lui donne la Torah, devait avoir une valeur/prix très élevée.
Et qu'est-ce qu'on faisait à ce bien si précieux?

On le brûlait, le réduisant en cendres afin de les utiliser pour purifier ceux qui ont été exposés à l'impureté d'un mort.

[seule la procédure de la vache rousse peut rendre pur, celui qui est devenu impur suite à un contact avec un mort. ]

=> Que pouvons-nous apprendre de cela?

-> Selon la guémara (Béra'hot 18b), une personne qui est remplie de fautes est considérée comme morte même de son vivant.

Rabbi David Feinstein explique qu'en effet, puisque l'objectif de la vie est de grandir spirituellement, celui qui est spirituellement mort est considéré également comme mort physiquement, car sa vie est sans but.
Pour en sortir, il faut revoir ses priorités, et se rappeler que la fin de toute personne est de finir en poussière (nous ne garderons rien de nos possessions matérielles).

La vache rousse symbolise cela :
-> Sa valeur monétaire très importante renvoie aux plaisirs matériels de ce monde dont les gens accordent tant d'importance, et pour lesquels ils sont prêts à dépenser tellement de temps, d'efforts et d'argent afin de les acquérir.

-> Mais au final, il ne reste rien de cela.
La vache rousse est brûlée, et c'est seulement ses cendres qui ont une utilité, puisqu'elles vont transmettre cette leçon de la vanité de l'éphémère matérialité, afin que l'on s'investisse pleinement dans l'éternel spirituel.
Cette réalisation/constatation va retirer l'impureté, et restaurer toute la magnifique pureté qui est en nous.

=> En constatant que le temps passant, ce que le yétser ara nous vend comme important n'est en réalité que de la poussière (éfer - אפר), on en vient à se guérir (rapé - רפא - même lettres que éfer) de notre mauvaise vision des choses, à redéfinir nos priorités.
Redevenant alors pur, nous brillons de beauté, de splendeur (péér - פאר - même lettres que éfer).