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"C’est un peuple qui demeure solitaire, et parmi les peuples il n’est pas considéré" (Balak 23,9)

-> Quand les juifs prient avec 10 personnes, ce qui est la valeur numérique du mot "badad" (solitaire - בָדָד), alors D. demeure parmi eux et exauce leurs prières.
"Et parmi les peuples il n’est pas considéré" = même si tous les autres peuples s’unissent pour détruire les juifs, ils sont considérés comme rien.
[le Vayessof David]

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-> b'h, également sur ce verset : https://todahm.com/2013/10/27/sans-paire-mais-pas-sans-pere

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+ La Torah sauve et protège :

-> "C’est un peuple qui demeure solitaire, et parmi les peuples il n’est pas considéré"

Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°631) enseigne :
Ce verset n’est dit qu’en fonction de l’amer exil de l’approche du machia’h. Il est presque impossible à un juif de sortir de chez lui, chaque coin de rue est rempli d’impureté et il est impossible de ne pas se laisser aller à regarder, et alors comment ne pas fauter?
Nous devons savoir qu’il est impossible à l’homme d’être préservé de la débauche à moins d’être attaché à la Torah à chaque instant, mais la Torah protège et sauve.

Dans la guémara (Ketoubot 17a) il est dit sur Rabbi Yéhouda bar Ilaï qu’il prenait une tige de myrte et dansait devant la mariée, en disant : "La mariée est belle et bonne".
Rav Chemouël bar bar It'hak dansait en jonglant.
Rav Zira dit : "Ce vieux sage nous fait honte!"
Mais quand il mourut, une colonne de feu vint séparer entre lui et le reste du monde, et nous savons que cette colonne de feu n’apparaît qu’une seule fois par génération, ou deux fois au maximum.
Rav A’ha prenait la mariée sur ses épaules et dansait avec elle. Les autres rabbanim lui dirent : "Pouvons-nous faire la même chose?"
Il leur répondit : "Si elle est pour vous comme une planche, vous le
pouvez, et sinon, non".
Rachi explique : comme une planche = un objet qui n’inspire absolument aucune pensée.
=> Comment ces tsaddikim se conduisaient-ils ainsi sans en venir à des pensées impures ?

Parce qu’ils étudiaient la sainte Torah, elle les protégeait pour qu’ils n’aient pas de pensées malhonnêtes. Ils regardaient, et pourtant cela ne les impressionnait pas.
Dans le même ordre d’idées, on trouve dans la guémara (Béra'hot 20a) : Rav Guidel avait l’habitude de s’asseoir aux portes du mikvé pour expliquer aux femmes comment faire la tévila (l'immersion).
Les rabbanim lui dirent : n’avez-vous pas peur du yetser ara?
Il répondit : pour moi, elles ne sont pas plus que des volatiles blancs.

Le Rambam (Issourei Bia 22, 21) nous enseigne que : "Les pensées
impures ne prennent de force que dans un cœur dénué de sagesse".
Cela se trouve en allusion dans le verset : "C’est un peuple qui demeure seul".
Le mot "lévadad" (seul) a la valeur numérique de 40, allusion à la Torah qui a été donnée au bout de 40 jours. Cela nous enseigne que du fait que l’homme étudie la Torah, il parvient à accomplir "il n’est pas compté parmi les peuples".
Et ainsi, bien qu’il ait l’occasion de rencontrer des choses "laides", comme il étudie la Torah, il a la possibilité de les voir sans que cela
déclenche des pensées impures.

"Il n’est pas compté parmi les peuples" = Cela enseigne qu’il ne pense pas aux mêmes choses que les autres peuples, parce que sa préoccupation est dans la Torah.

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-> Le Kouzari dit qu'il y a 4 catégories dans ce monde : les minéraux, les végétaux, les animaux, les êtres humains et les juifs.
[On peut remarquer qu'à chaque passage à une catégorie supérieure, il y a un ajout toujours plus conséquent de nouvelles capacités.
Il en découle d'un juif ne peut pas se comporter, voir la vie, comme un non-juif, car il y a des potentialités et un impact sur le monde considérablement plus important (ex: un mot positif ou négatif a des conséquences folles pour un juif!).
De même qu'un homme ne s'enorguellit pas d'être supérieur à un animal, de même un juif ne doit pas s'enorgueillir à l'idée d'être supérieur à un non-juif.
Par contre, on se doit d'être joyeux, fier d'être juif, pour développer notre conscience et notre responsabilité d'agir comme il faut.

"C’est un peuple qui demeure solitaire, et parmi les peuples il n’est pas considéré" = un juif est une catégorie à part ("solitaire") aux capacités supérieures par rapport aux autres êtres humains, et personne n'a conscience de leur grandeur phénoménale (il n'est pas considéré!).
Selon nos Sages, la plus grande faute d'un juif, est d'oublier, de négliger, ce qu'implique le fait d'être juif!
"Si un juif savait [réellement] ce qu'est être un juif, alors il danserait jusqu'à 120 ans!" (im yéhoudi aya yodéa ...)]

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-> La plus grande faute que puisse commettre un juif est d'oublier qu'il fait partie de la famille royale, fils du Roi des rois, car en faisant cela il quitte son piédestal et se dirige alors vers des fautes toujours plus graves."
[Rabbi Moché de Kobrin]

-> Un jour, après avoir été accueillie chaleureusement par le rav Moché Chmouël Shapira, une personne a a dit : "Je ne suis qu’un simple juif ..."
Le rav Shapira lui a alors répondu en tremblant : "Un simple juif est une chose qui n’existe pas! Savez-vous ce que signifie être juif?
Je vais vous montrer ce qu’être juif implique : je me lève en votre honneur car vous êtes un juif!"
Et le rav Shapira s’est levé de toute sa hauteur et lui a serré dignement la main.

[une des plus grandes forces du yétser ara est de nous faire perdre notre grandeur à nos yeux, pour nous pousser à agir avec moins de grandeur.
En effet, moins nous avons de valeur de nous-même, moins nous tendons vers des sommets spirituels!

L'humilité ce n'est pas s'enorgueillir de "je ne suis rien", mais c'est d'abord prendre conscience des capacités sublimes que Hachem m'octroie, et ensuite tout faire pour les exploiter au mieux.
Plus on se connait réellement (forces/faiblesses - notre moi = ani - אני), alors plus on tend vers le "je ne suis rien" de Moché (en changeant les lettres de ani, on a : én - אין - rien).
Le problème est que le yétser ara inverse l'ordre des choses!]

"Voyez! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion ; il ne se reposera qu’assouvi de carnage" (Balak 23,24)

=> Comment Amalek put-il se tromper en pensant vaincre le peuple juif? Quelle fut son erreur?
D’où eut-il l’audace de combattre les Bné Israël après tous les miracles que Hachem accomplit en leur faveur?

Le ‘Hatam Sofer note que le nom Amalek correspond aux initiales des noms : Amram, Moché, Lévi et Kéhat.
Amalek, constatant que son nom recelait une allusion à ces 4 grandes figures de la tribu de Lévi, en déduisit qu’il détenait le pouvoir de lutter contre le peuple juif.
Cependant, il ne tint pas compte du fait que les lettres finales de ces noms forment le mot mita, allusion au fait que quiconque leur livre bataille est destiné à la mort.

Cette idée peut se lire en filigrane à travers l’oracle de Bil'am concernant Amalek : "Amalek était le premier des peuples (réchit goyim) ; mais son avenir (véa’harito) est voué à l’échec" (Balak 24,20)
Les mots "réchit goyim" peuvent se référer aux 4 personnalités (réchit) du peuple juif (goyim) évoquées ci-dessus, tandis que le terme véa’harito peut être interprété comme signifiant les lettres finales [des noms de ceux-ci], qui comme nous l’avons dit, forment le mot mita (la mort).

"Ce peuple se lève comme un lionceau, il se dresse comme un lion" (Balak 23,24)

-> Le "lion" est plus fort que le "lionceau".
Quand un juif se lève pour servir Hachem, il est seulement comme un "lionceau", mais rapidement on lui vient en aide du Ciel, "celui qui vient se purifier, on l’aide", et il se dresse comme un lion.
[Maayana chel Torah]

Balak & l’importance d’aimer son prochain

+ Balak & l'importance d'aimer son prochain :

-> Rabbi Avraham Yéhochoua Heshel (le rabbi de Apt) a fait remarquer :
"Les lettres du mot : Balak (בלק) sont les premières de : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ - Kédochim 19,18).
[même si sur le papier visuellement seulement 1 lettre est identique, vocalement on ne voit pas la différence : "vé-aavta" avec un bét (en place du vav), et ka-mo'ha avec un kouf (en place du kaf).]

[On apprend de là que ] Si l'on se focalise sur les petites différences entre nous et notre frère juif, plutôt que de se concentrer sur les grandes similarités, nous ne pourrons alors jamais accomplir cette mitsva."

[même si l'apparence (l'écriture) est différente, l'essence, l'objectif proclamé est commun (on va tous dans la même direction!
Nous profitons de nos différences pour donner davantage de superbe à la tâche collective!!).]

"Il n'a pas observé d'iniquité en Yaakov ... Hachem son D. est avec lui et l'amitié du Roi est en lui" (Balak 23,1)

-> Selon Rachi, lorsque Israël faute, D. s'abstient d'observer de trop près ses péchés.

-> Rabbi Lévi Yits'hak de Berditchev fait remarquer : Si Hachem, à qui tout est révélé et connu, ne regarde pas les fautes des juifs, combien à plus forte raison il nous est interdit de se focaliser sur les fautes d'un autre juif.
Nous devons également atteindre cette attitude élevée de : "Il n'a pas observé d'iniquité en Yaakov".

-> Le Ibn Ezra dit que les 2 parties du verset sont liées : tant qu'il n'y a pas de faute chez Yaakov, D. lui voue son amitié. En revanche si Israël faute, D. lui retire a bonté.
C'est pourquoi Bil'am a compris que la meilleure façon de nuire aux juifs n'est pas de les maudire, mais de les inciter à pécher.

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-> Selon nos Sages, un bon ange est créé pour chaque mitsva réalisée, tandis qu'un mauvais ange est créé pour chaque faut que nous accomplissons (que D. nous en préserve).

Rabbi Zoussia d'Anipoli d'ajouter : "Les juifs sont saints, car j'ai pu voir les anges créés par leurs bonnes actions, et ceux créés par leurs fautes.
Les anges créés par leurs fautes sont imparfaits, faibles, pleins de défauts, car un juif ne faute pas de tout son cœur, puisqu'en fautant il est rempli de honte et de remords."

"Balak fils de Tsipor vit tout ce qu'Israël avait fait à l'Amoréen" (Balak 22,2)

-> La Torah nomme d'abord Balak sans titre, car il n'a reçu le titre de roi de Moav uniquement parce que le peuple avait peur du peuple juif, et pensait qu'il pourrait les aider.
[Ramban]

Rachi rapporte : "Moav eut beaucoup peur …" (en apprenant que les juifs avaient vaincu Si'hon et Og, les puissants rois amoréens).

D'ailleurs, Rabbénou Bé'hayé dit que le titre roi est omit dans notre verset, car Balak avait tellement peur qu'il ne se sentait plus comme un roi.

-> Le mot : émori (Amoréen) provient de la racine : émor (dire).
Ce verset peut se comprendre ainsi : "Balak fils de Tsipor vit tout ce qu'Israël avait fait" avec la parole.
Il a réalisé comment les juifs peuvent transformer le pouvoir de la parole par la Torah, la prière et le fait de se retenir de lachon ara.
Lorsqu'il a pris conscience de cela, il a eu très peur.
[Magen Avraham]

-> Nous en tant que juifs, nous avant été directement témoins des événements écrits dans la Torah, à l'exception du récit sur Bil'am.
Nos ancêtres étaient en Egypte, et tout ce qui a pu se passer depuis la Création du monde a été transmis de génération en génération.
La seule chose dont la nation juive n'a pas été témoin est ce qui s'est passé (dans l'intimité du duo) entre Balak et Bil'am
Comment cela a-t-il pu être rapporté [dans la Torah]?

Nous le savons directement par Hachem, qui a demandé à Moché de l'écrire dans la Torah.
Ainsi, si une personne croit dans toute la Torah mais nie cette paracha, c'est quelle refuse la vérité de notre D.
['Hatam Sofer]

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+ "Il envoya des messagers (mala'him) à Bil'am" (Balak 22,5)

-> Balak était un plus grand sorcier que Bil'am, mais il ne savait pas comment finaliser la sorcellerie par sa bouche.
[Zohar]

-> Les nations (à l'exception d'Israël) sont sous la supervision d'un ange.
Pensant que cela était également le cas pour Israël, Balak envoya des mala'him (littéralement : des anges) à Bil'am : il écrivit le nom des 12 anges (un par tribu) en charge d'Israël.
Ce qu'il ne savait pas c'est que le peuple juif est sous la supervision directe de Hachem.
[Yalkout Réouvéni]

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-> Rachi (v.22,5) rapporte : Pourquoi Hachem a-t-Il fait reposer Son esprit majestueux sur Bil'am, un païen pervers? C'est afin que les autres nations n'aient pas l'excuse de dire : "Si nous avions eu des prophètes, nous aurions trouvé le bon chemin".

-> Le rav Eliyahou Lopian s'interroge : Pourquoi Bil'am, qui ne se démarquait pas de tous les hommes des autres peuples, a-t-il été choisi pour être le prophète de toutes les nations?

Il répond que Bil'am était doté d'une grande intelligence ; cependant, ceci n'avait aucun rapport avec ses "qualités de cœur".
En effet, les nations n'estiment l'homme qu'en fonction de ses capacités intellectuelles, sa conduite personnelle n'entrant pas en ligne de compte, car leur sagesse n'a pas d'implication sur leur façon de vivre.
Ainsi par exemple, on trouva un jour Aristote en train d'agir de manière détestable. On l'interpella sur ce fait et il répliqua : "Maintenant, je ne suis pas Aristote".

Cependant, en ce qui concerne les Bné Israël, ce n'est pas uniquement leur intellect qu'ils développent par l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvot : c'est surtout leur pureté d'âme et leur sainteté, et c'est précisément ce que Hachem attend de nous (comme le disent nos Sages dans la guémara Sanhédrin 106b).

C'est ainsi que Bil'am s'exclama au sujet des Bné Israël (cf.Rachi 23,24) : "Lorsqu'ils se lèvent le matin, ils s'empressent d'accomplir les mtisvot, se vêtissent du talit, lisent le Shéma et mettent les téfilin ; de même le soir ils lisent le Shéma".
Bil'am vit que les Bné Israël étaient liés aux mitsvot du matin au soir, et s'attachaient ainsi à leur Créateur.

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+ "Il (Balak) envoya des messagers à Bil'am, fils de Béor" (Balak 22,5)

-> Selon une tradition, Balak était un grand astrologue. Il vit bien qu'un homme issu de Moav détruirait les Moavites.
En réalité, il s'agissait du roi David, un descendant de Ruth la Moavite.
[Méam Loez - Balak 22,5]

-> Bien que Balak fût un meilleur jeteur de sort, il avait malgré tout besoin de Bil'am qui connaissait les moments propices aux influences magiques.
Balak ne possédait pas cette science ; dans ce domaine, il ressemblait à un aveugle que Bil'am devait guider.
Le midrach rapporte la comparaison suivante entre Balak et Bil'am : l'un ressemblait à un homme tenant un couteau mais ne sachant pas où couper ; son compagnon savait où couper mais ne disposait pas de couteau.
Balak était très savant en sorcellerie mais ne savait pas où la pratiquer.
Pour sa part, Bil'am connaissait les lieux où les Bné Israël allaient commettre des fautes et où ils seraient vulnérables.
Balak conduisit donc Bil'am à l'un de ces lieux afin que sa malédiction soit efficace.
[...]

"Mais comment puis-je maudire si D. ne donne Sa malédiction? Comment pourrais-je attirer la colère Divine si Hachem n'est pas courroucé?" (Balak 23,8)
Bil'am disait : "Mon seul pouvoir consiste à connaître le moment précis où D. est en colère. Si D. n'éprouve pas de colère à ce moment-là, je suis impuissant!"
[...]

Selon une source, Bil'am n'était nul autre que Lavan l'araméen, beau-père de Yaakov.
Son nom Bil'am (litt. avaleur) évoque son désir d'avaler les Bné Israël par sa malédiction.
De plus, le nom "Béor" (בעור) signifie "stupide", comme il est écrit : "Je suis dépourvu d'intelligence (baar - בער) et je ne sais pas " (Téhilim 73,22).
L'intelligence de Bil'am fut transformée en sottise car il aurait dû être pris de compassion envers les Bné Israël au lieu de les maudire, eux qui n'étaient pas des étrangers pour lui mais sa propre chair, les descendants de ses filles.

Selon une autre opinion, le père de Bil'am, Béor, était Lavan l'araméen, identifié également à Kouchan Richatayim, le roi d'Aram mentionné dans le livre de Shoftim (3,8-11).
Il reçut le nom de Richatayim à cause des 2 forfaits (rachaouyot) dont il s'était rendu coupable.
A 2 occasions, il chercha à détruire les Bné Israël : à l'époque de notre père Yaakov et à l'époque des Juges (Shoftim).
[Méam Loez - Balak 22,5]

"Il ne voit pas le mal en Yaakov ... Hachem son D. est avec lui" (Balak 23,21)

-> Même si une personne commet des fautes, s'il porte sur lui le joug de la Royauté Divine et qu'il accepte qu'Hachem est son D. et son Roi, alors Hachem ne verra pas et ne considérera pas ses fautes, car Il les considérera comme accidentelles.
En effet, un homme qui est conscient de la Royauté d'Hachem sur lui, même s'il commet une faute, elle ne peut être profonde et enracinée. Ses fautes ne sont que des accidents de parcours, commises un peu contre son gré, et Hachem ne les considère pas.

Cela est en allusion dans ce verset :
"Hachem ne voit pas le mal en Yaakov " si "Hachem son D. est avec lui" = Si un homme prend avec lui cette réalité qu'Hachem est son D. et son Roi, alors vis-à-vis d'un tel homme, Hachem ne verra pas le mal et les fautes qui sont en lui.
['Hidouché haRim]

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-> "Il ne regarde pas de faute en Yaakov, il ne voit point de péché en Israël : Hachem, son D., est avec lui, et l'amitié du Roi est en lui" (Balak 23,21)

Rabbi ‘Haïm de Zanz avait l’habitude d’interpréter ainsi la juxtaposition des versets : "Il ne regarde pas de faute en Yaakov, il ne voit point de mal en Israël", et "Hachem, son D., est avec lui, et l'amitié du Roi est en lui".

Voici ce qu’il dit :
- "Il ne regarde pas" = seul celui qui ne voit pas de "faute en Yaakov" ni de "péché en Israël", ne cherche pas les transgressions des bné Israël et les juge toujours favorablement dans tous leurs actes et leurs façons de vivre, seul un tel tsadik mérite que s’accomplisse en lui ce que dit le verset : "Hachem, son D., est avec lui, et l'amitié du Roi est en lui".

["l'amitié du Roi est en lui" : se dit littéralement dans le verset : "la sonnerie du Roi en lui" (outérou'at mélé'h bo - וּתְרוּעַת מֶלֶךְ בּוֹ). Lorsqu'au mois d'Elloul, à Roch Hachana, ... on entend la sonnerie du Shofar, on doit penser à ce qu'elle sonne aussi en nous, en développant un regard positif, favorable, envers tout juif!
Celui qui préserve la paix, maintient de l'amitié, alors "Hachem est avec lui, et l'amitié du Roi [Hachem] est en lui".
De même que l'on juge autrui favorablement, de même Hachem nous juge favorablement!]

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-> "Il ne voit pas de mal en Yaakov" (Balak 23,21)

Rachi explique que même quand le peuple juif commet des fautes, Hachem ne regarde pas et ne prête pas attention à ces méfaits. Mais cela paraît étonnant, car Hachem est Juste et ne commet pas d’iniquités. Nos Sages disent qu’Hachem n’ignore aucune action de l’homme.
=> Comment peut-on donc dire qu’Hachem ne regarde pas les fautes d’Israël?

-> En fait, chaque juif a en lui une âme Divine d’une pureté absolue. C’est une "partie" d’Hachem Lui-Même.
Ainsi, même si l’homme dispose également d’un mauvais penchant qui le séduit et le pousse à la faute. Malgré tout, même quand il commet une transgression, en réalité au fond du fond de cet acte se cache une intention positive et complètement pure, qui lui vient de son âme divine. Ainsi par exemple, un juif qui commet un vol, il se peut qu’au fond de son cœur, il se réjouisse de pouvoir utiliser cet argent pour aider un pauvre. Il en est ainsi de chaque action.
Au fond, se cache une petite étincelle d’une pureté authentique qui est consacrée à Hachem uniquement. Ce principe permet de comprendre l’obligation de juger son prochain positivement. Même si parfois il est clair que son comportement est répréhensible et on ne voit aucun moyen d’interpréter en bien, néanmoins au fond de chaque action se cache une intention pure.
Ce que l’on demande à l’homme c’est de s’efforcer de découvrir cette partie lumineuse et le juger favorablement du fait de cette étincelle. Et quand on se focalisera à ne voir que la pointe de bien en l’autre, alors cette pointe de lumière se renforcera et repoussera toute l’obscurité. Bien plus, de cette façon il sera même possible de le rapprocher du repentir.

Et c’est justement ce qu’Hachem fait avec chaque juif. "Il ne voit pas de mal en Yaakov" = cela ne veut pas dire qu’il ignore les méfaits, mais plutôt au contraire, qu’Il regarde chaque acte d’un regard authentique. Et c’est ainsi qu’Il se rend compte qu’il n’y a pas d’acte complètement mal. Même dans les mauvaises actions, Il voit cette pointe de lumière et de pureté, car telle est la réalité.
C’est ce que dit la suite du verset : "Hachem Son D. est avec lui" = même dans ses mauvaises actions, Hachem est avec lui, il a une intention pure et authentique, consacrée à Hachem son D.
[rav Mikaël Mouyal]

"Hachem se présenta à Bil'am, qui lui dit : J'ai dressé les sept autels, et j'ai offert un taureau et un bélier sur chaque autel" (Balak 23,4)

-> "Un homme doit toujours se consacrer à l'étude de la Torah et accomplir ses commandements, même pour un motif intéressé (chélo lichma), car par cette action intéressée, il finira par s'y consacrer de façon désintéressée (lichma).

C'est ainsi qu'en récompense des 42 sacrifices que le racha Balak a offert, il a eu le mérite de compter Ruth parmi sa descendance.
En effet, rabbi Yossi bar 'Hanina dit que Ruth était la fille du fils de Eglon, roi de Moav.
[rav Yéhouda au nom de Rav - guémara Nazir 23b]

-> Tossefot enseigne :
Le roi de Moav, Balak, sur conseil de Bil'am, construisit 7 autels sur les hauteurs de Baal, et sur chacun d'eux, il offrit un taureau et un bélier, soit 14 korbanot dans le but que Bil'am puisse maudire le peuple d'Israël (cf. Bamidbar, chapitre 23).

[selon le Maharcha, dans la guémara (Horayot 10b), Balak avait peur du peuple d'Israël, et en offrant ces nombreux sacrifices, il croyait pouvoir être délivré de la puissance de ce peuple qu'il craignait]

Devant l'échec de cette tentative de malédiction, Balak dressa 7 autres autels dans un autre lieu, sur le plateau de Tsofim, et offrit sur chaque autel un taureau et un bélier, soit encore 14 korbanot.
Bil'am bénit Israël au lieu de le maudire ; Balak emmena alors Bil'am sur la cime de Péor, construisit 7 autres autels et offrit sur chacun d'eux un taureau et un bélier, soi encore 14 korbanot.

Ainsi Balak offrit au total, en 3 lieux différents, 42 korbanot pour tenter, sans succès, d'obtenir de Bil'am une malédiction du peuple d'Israël.
Ces korbanot ont donc été offert chélo lichma, dans un but intéressé et pervers, et non pas lichma (en l'honneur du Ciel).

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-> Les 42 sacrifices de Balak (il avait construit 3 fois 7 autels et sacrifié 2 animaux sur chacun) ne furent pas perdus.
Certes, les raisons pour lesquelles il les offrit n'étaient pas pures, pourtant il fut récompensé en ayant pour descendante Ruth la Moabite.
En effet, Ruth était la petite-fille du roi moabite Eglone, lui-même petit-fils de Balak.
Cet épisode nous enseigne qu'une personne doit s'adonner à l'étude de la Torah et à l'accomplissement de mitsvot.
Cette personne sera malgré tout récompensée, car grâce à son étude et à ses mitsvot, sa personnalité changera et elle commencera à agir dans un but désintéressé, celui d'accomplir la volonté de D.
[Méam Loez - Balak 23,4]

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-> Pourquoi, à chaque emplacement, Bil'am a-t-il demandé à Balak de bâtir 7 autels en chacun des lieux?

Lorsque Hachem se présenta à Bil'am après l'offrande des 14 premiers sacrifices sur 7 autels, Bil'am dit à Hachem : Leurs ancêtres (avot) avaient construit pour Toi 7 autels (Avraham : 4 ; Its'hak : 1, et Yaakov : 2), et moi j'ai élevé 7 autels, autant qu'eux tous ensemble.
[Rachi - Balak 23,4]

-> Pourquoi Bil'am et Balak ont-ils offert les 42 korbanot en 3 lieux différents?

Il s'agissait de tester le peuple d'Israël sur 3 plans décisifs pour sa survie :
- sur le mont Baal, Balak a voulu savoir si la résistance physique d'Israël pouvait s'opposer et surmonter la malédiction ;
- sur le plateau de Tsofim (des Visionnaires), Balak a voulu savoir si la résistance d'Israël sur le plan spirituel était suffisante pour s'opposer à la malédiction.
- sur la cime de Péor : on pratiquait le culte de Péor qui consiste à se déshabiller et faire ses besoins devant cette idole, et donc à se débarrasser de toute contrainte sociale, morale ou pudeur afin de vivre dans un cadre de permissivité totale, sans aucune retenue, à l'opposé des lois de la Torah.
Il est possible qu'un peuple soit inattaquable dans ses capacités de résistance physique et spirituelle, mais devient fragile s'il a cette tendance à la débauche et à la permissivité.
C'est cette tendance que Balak a voulu tester en 3e lieu.
[rav Chimchon Raphael Hirsch]

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=> Quelle a été la récompense lichma, à travers Ruth, des sacrifices lo lichma du rois Balak?

-> Bien que Balak ait offert 42 korbanot chélo lichma dans le but d'obtenir la malédiction du peuple d'Israël, il a été récompensé par une noble descendance, Ruth, qui sera l'ancêtre du roi David qui abondera (réva, en allusion dans le nom de Ruth) en chants et en louanges (Tehilim) lichma, en l'honneur d'Hachem.
[Rachi - guémara Horayot 10b]

-> En récompense de ces 42 sacrifices, même intéressés (chélo lichma) et avec une intention de maudire, Balak eut dans sa descendance Ruth, de laquelle le roi Chlomo, fils de David, est issu.
Le roi Chlomo offrit 1 000 holocaustes, selon le verset : "Sur cet autel, Chlomo offrit 1 000 holocaustes" (Méla'him I 3,4).
Evidemment, ces offrandes offertes par le roi Chlomo étaient lichma, en l'honneur du Ciel.
[guémara Sota 47a]

-> La guémara (Sota 47a) fait remarquer que le dessein de Balak, qui était de faire maudire Israël, s'est réalisé à travers la mort des 42 enfants déchirés par 2 ours à l'époque du prophète Elicha, à cause des 42 sacrifices offerts par Balak, selon rabbi Yossi bar 'Hanina.

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+ "Bilaam parla à Balak : construis ici pour moi 7 autels et prépare ici pour moi 7 bœufs et 7 béliers" (Balak 23,1)

-> Après la construction des 7 autels par Bilaam, le sitra a'hra vint réclamer une récompense. Hachem lui répondit: Je te donnerai ta récompense!
Le Arizal explique que cette récompense lui fut attribuée à l'époque d'Elicha le prophète, lorsque les habitants de Jéricho vinrent le consulter au sujet des eaux insalubres de la ville. En effet, l'eau était amère et non potable. Les habitants étaient contraints d'acheter de l'eau à des marchands.
Ils dirent à Elicha Hanavi : nous t'en prions! La situation est difficile, peux-tu nous aider à faire en sorte que l'eau devienne potable.

Elicha le prophète prit une assiette en argile et y inscrivit un Nom kadoch. Il la trempa dans la source de Jéricho et les eaux s'adoucirent jusqu'à nos jours.
C'est ainsi que l'on nomma cet endroit: la source d'Elicha.
En ces temps-là, 42 adolescents se rebellèrent contre Elicha car ils s'enrichissaient en vendant de l'eau aux habitants de la région.
Il est écrit dans le Tanakh (Méla'him II 2,24) que deux ours sortirent de la forêt et dévorèrent ces 42 adolescents.
La guémara (Sota 47a) explique un fait encore plus incroyable : il n'y avait ni ours ni forêt à Jéricho, mais le Maître du monde accomplit un miracle en créant une forêt d'où sortirent les deux ours qui dévorèrent les 42 gens.

Le Arizal explique que ces deux ours n'étaient autres que Bilaam et Balak.
Hachem leur dit : prenez ces 42 jeunes pour les 42 sacrifices que vous avez offerts car ceci est votre récompense : 42 rebelles.

Hachem dit à Bil'am : ... Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni (lo taor ét aam ki barou'h ou - לֹא תָאֹר אֶת-הָעָם כִּי בָרוּךְ הוּא - Balak 22,12)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Le mot en hébreu utilisé ici pour désigner la malédiction est "ארה" comme dans ארור.  [dans le verset : לֹא תָאֹר = tu ne maudiras point]
Il est intéressant de remarquer que dans ce verset se cache le secret pour se protéger de la malédiction des nations. En effet la différence entre la valeur numérique du mot ארה (malédiction) et du mot ברוך (bénit) est : 228-206=22 ce sont les 22 lettres [de l'alphabet hébraïque] de la sainte Torah.
C’est par le mérite de l'étude de la Torah et de sa pratique que le peuple d’Israël reçoit sa protection divine qui empêche Bil’am de le maudire. Et c’est cette Torah qui a protégé , protège et protégera le peuple d’Israël jusqu’à la venue de Machia’h, Bimhéra Béyaménou, Amen.

Il leur répondit : "Restez ici cette nuit, et je vous rendrai réponse selon ce qu’Hachem m’aura dit". Et les princes de Moav restèrent avec Bil’am" (Balak 22,8)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Dans ce verset, deux éléments paraissent superflus à priori. Tout d’abord, quand Bil’am leur dit de rester dormir, pourquoi préciser "ici", il parait évident qu’il les invite à dormir chez lui et non pas à l’hôtel de quartier.
Ensuite quand le verset précise : "Et les princes de Moav restèrent avec Bil’am" pour quoi nous le dire, vu que plus loin la Torah nous raconte qu’il leur rend compte de la prophétie et qu’il les renvoie bredouille chez eux. S’ils sont là le lendemain matin c’est qu’ils sont restés.

Il nous faut donc comprendre quels sont les enseignements cachés dans ces mots, que la Torah n’a pas écrits pour rien.
A l’époque, il était connu des initiés en sorcellerie et divination que Bil’am recevait un dévoilement prophétique provenant des forces du mal, et pour ce faire il devait s’impurifier avec son ânesse, ce qui le rendait réceptif à ce dévoilement du monde de l’impureté.
Mais ce qui était alors inconnu, c’était que par le mérite des étincelles de l’âme de Hével qui étaient en lui, il pouvait aussi recevoir une prophétie d’origine divine et pure, et c’est justement celle-là qu’il leur propose de consulter, mais comme ils ne le croient pas et qu’ils pensent qu’il n’est capable de prophétiser qu’après impurification avec son aînesse, alors Bil’am leur dit de rester avec lui, concrètement, dans sa propre chambre à coucher. Comme ça ils pourront vérifier qu’il ne va pas approcher son ânesse et que sa prophétie sera divine et pure, et c’est ce qu’ils firent.
"Et les princes de Moav restèrent avec Bil’am" = avec lui, concrètement, pour le surveiller et confirmer la provenance de sa prophétie.