+ Le voyage existentiel spirituel d’un juif :
-> L’homme entre dans un nouvel état d’existence à chaque instant de ce monde. Chaque instant offre une autre opportunité de développement spirituel. La véritable teneur spirituelle de chaque moment de vie ne sera révélée qu’a posteriori, à titre posthume, après avoir quitté ce monde. La mort scelle la situation spirituelle à laquelle la personne est parvenue, et cet état final existera pour l’éternité dans l’autre monde.
Le terme "métsiout" (מציאות - existence, réalité), est dérivé de "yétsia" (יציאה - une sortie), faisant allusion à la transformation continue de la vie, du potentiel au réel.
Le voyage existentiel, qui implique de voyager d’un endroit ou d’un niveau à l’autre, consiste à vivre sa vie dans un état continu de révélation. Cela transparaît dans les 42 étapes au cours des 40 années de pérégrinations du peuple juif, du désert à la terre d'Israel.
Ce cheminement dans la révélation de soi de la nation est spécifiquement décrit en utilisant le terme "motsaé'ém" (מוצאיהם - leurs sorties - Massé 33,1-49), de la même racine que le mot "yétsia" (יציאה - Massé 33,2).
Tout comme nous avons entrepris des voyages dans le désert jusqu’à ce que nous atteignions la Terre sainte, de même, nous sommes destinés à entreprendre de nombreux voyages dans le "désert des nations", exil après des exil, jusqu’au retour final dans notre patrie.
Le voyage vers notre patrie est en fait une profonde métaphore du passage de la friche stérile que représente ce bas-monde, vers le monde futur. La fin de la vie marque en quelque sorte l’arrivée de la personne en terre céleste et dans la Jérusalem d’en Haut (Yérouchalaïm chel maala), vis-à-vis spirituel du Jérusalem terrestre (Yérouchalaïm chem mata). [selon le Rama de Pano (Assara Maamarot)]
Les 42 stations du désert trouvent leur parallèle dans les 42 voyages d’une personne, depuis sa naissance (l’exode est symbolique de la naissance de la nation juive) jusqu’à son arrivée à sa destination finale et à son héritage éternel, symbolisé par l’entrée en Terre Sainte. [selon le Déguel Ma'hané Efraïm (Massé)]
[Il y a la révélation d’Hachem dans l’univers à travers le Nom divin de 42 lettres. Chaque étape du voyage sert à répandre l’unité divine tout au long de la Création. Il y a ainsi la révélation de l’homme telle qu’elle se manifeste à travers ses 42 étapes de vie, depuis la sortie d'Egypte, en passant par la traversée du désert, jusqu’à l’entrée en terre d'Israël et le passage de ce monde à l’autre.
Ces révélations sont interconnectées car la véritable révélation de "qu’est l’homme" va de concert avec la révélation de "qu’est Hachem" si l’on peut dire. L’homme a été créé pour utiliser son libre arbitre pour révéler Hachem et en le révélant, il révèle la véritable essence de son être, à savoir la sainteté de son âme Divine.]
Le Nom mystique d’Hachem de 42 lettres est le "chem mém-beit" (שם מ"ב - avec מ"ב qui a une guématria de 42).
Ce Nom est lié à la Création, qui est une expression de l’unité Divine. La genèse de l’univers s’est déroulée pendant les 6 jours de la Création, culminant avec le saint Shabbat, le 7e jour.
[le מ"ב est un acronyme pour "maassé béréchit" (מעשה בראשית). En outre, Hachem a créé le monde avec la Torah. La Torah écrite commence par "béréchit" (בראשית), tandis que la Torah orale commence elle par le mot "méémataï" (מאימתי) [Béra'hot 2a). Les initiales de ces deux mots sont מ"ב.]
Le 6 est symbolique du monde physique achevé qui, à son tour, est orienté vers la sainteté du 7. Leur interaction est liée à la révélation complète de 42, comme le laisse entendre le produit de 6 fois 7 qui est 42.
Les 6 jours de la Création, tel le voyage hebdomadaire pour atteindre le Shabbat, le 7ème jour, correspondent aux 6 millénaires d’existence de ce monde, antichambre menant au monde à venir, dont le jour du Shabbat est un avant-goût.
Les 42 voyages dans le désert sont parallèles au Nom divin de 42 lettres et à l’ascension de niveau en niveau, de la préparation des 6 jours de la semaine jusqu’au chabbat. Chaque station correspond à une autre lettre du Nom de 42 lettres.
Le but est de nous élever au niveau de l’énergie spirituelle de cette lettre spécifique.
La révélation de la création en tant que voyage vers un idéal supérieur trouve son expression dans la formulation des 42 mots du Shema. La déclaration de l’unité d’Hachem se poursuit dans les 6 premiers mots du Shéma. L’unité du saint Nom divin doit s’étendre pour imprégner toute la création, liée au Nom de 42 lettres. Ainsi, le 1er paragraphe du Shéma compte 42 mots.
Cela traduit son engagement à cheminer dans ces 42 stations dans le monde physique, au service d’Hachem, dans une ascension continue.
[traduction d'un dvar Torah rav Yéhochoua Alt]