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"Hachem se présenta à Bil'am, qui lui dit : J'ai dressé les sept autels, et j'ai offert un taureau et un bélier sur chaque autel" (Balak 23,4)

-> "Un homme doit toujours se consacrer à l'étude de la Torah et accomplir ses commandements, même pour un motif intéressé (chélo lichma), car par cette action intéressée, il finira par s'y consacrer de façon désintéressée (lichma).

C'est ainsi qu'en récompense des 42 sacrifices que le racha Balak a offert, il a eu le mérite de compter Ruth parmi sa descendance.
En effet, rabbi Yossi bar 'Hanina dit que Ruth était la fille du fils de Eglon, roi de Moav.
[rav Yéhouda au nom de Rav - guémara Nazir 23b]

-> Tossefot enseigne :
Le roi de Moav, Balak, sur conseil de Bil'am, construisit 7 autels sur les hauteurs de Baal, et sur chacun d'eux, il offrit un taureau et un bélier, soit 14 korbanot dans le but que Bil'am puisse maudire le peuple d'Israël (cf. Bamidbar, chapitre 23).

[selon le Maharcha, dans la guémara (Horayot 10b), Balak avait peur du peuple d'Israël, et en offrant ces nombreux sacrifices, il croyait pouvoir être délivré de la puissance de ce peuple qu'il craignait]

Devant l'échec de cette tentative de malédiction, Balak dressa 7 autres autels dans un autre lieu, sur le plateau de Tsofim, et offrit sur chaque autel un taureau et un bélier, soit encore 14 korbanot.
Bil'am bénit Israël au lieu de le maudire ; Balak emmena alors Bil'am sur la cime de Péor, construisit 7 autres autels et offrit sur chacun d'eux un taureau et un bélier, soi encore 14 korbanot.

Ainsi Balak offrit au total, en 3 lieux différents, 42 korbanot pour tenter, sans succès, d'obtenir de Bil'am une malédiction du peuple d'Israël.
Ces korbanot ont donc été offert chélo lichma, dans un but intéressé et pervers, et non pas lichma (en l'honneur du Ciel).

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-> Les 42 sacrifices de Balak (il avait construit 3 fois 7 autels et sacrifié 2 animaux sur chacun) ne furent pas perdus.
Certes, les raisons pour lesquelles il les offrit n'étaient pas pures, pourtant il fut récompensé en ayant pour descendante Ruth la Moabite.
En effet, Ruth était la petite-fille du roi moabite Eglone, lui-même petit-fils de Balak.
Cet épisode nous enseigne qu'une personne doit s'adonner à l'étude de la Torah et à l'accomplissement de mitsvot.
Cette personne sera malgré tout récompensée, car grâce à son étude et à ses mitsvot, sa personnalité changera et elle commencera à agir dans un but désintéressé, celui d'accomplir la volonté de D.
[Méam Loez - Balak 23,4]

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-> Pourquoi, à chaque emplacement, Bil'am a-t-il demandé à Balak de bâtir 7 autels en chacun des lieux?

Lorsque Hachem se présenta à Bil'am après l'offrande des 14 premiers sacrifices sur 7 autels, Bil'am dit à Hachem : Leurs ancêtres (avot) avaient construit pour Toi 7 autels (Avraham : 4 ; Its'hak : 1, et Yaakov : 2), et moi j'ai élevé 7 autels, autant qu'eux tous ensemble.
[Rachi - Balak 23,4]

-> Pourquoi Bil'am et Balak ont-ils offert les 42 korbanot en 3 lieux différents?

Il s'agissait de tester le peuple d'Israël sur 3 plans décisifs pour sa survie :
- sur le mont Baal, Balak a voulu savoir si la résistance physique d'Israël pouvait s'opposer et surmonter la malédiction ;
- sur le plateau de Tsofim (des Visionnaires), Balak a voulu savoir si la résistance d'Israël sur le plan spirituel était suffisante pour s'opposer à la malédiction.
- sur la cime de Péor : on pratiquait le culte de Péor qui consiste à se déshabiller et faire ses besoins devant cette idole, et donc à se débarrasser de toute contrainte sociale, morale ou pudeur afin de vivre dans un cadre de permissivité totale, sans aucune retenue, à l'opposé des lois de la Torah.
Il est possible qu'un peuple soit inattaquable dans ses capacités de résistance physique et spirituelle, mais devient fragile s'il a cette tendance à la débauche et à la permissivité.
C'est cette tendance que Balak a voulu tester en 3e lieu.
[rav Chimchon Raphael Hirsch]

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=> Quelle a été la récompense lichma, à travers Ruth, des sacrifices lo lichma du rois Balak?

-> Bien que Balak ait offert 42 korbanot chélo lichma dans le but d'obtenir la malédiction du peuple d'Israël, il a été récompensé par une noble descendance, Ruth, qui sera l'ancêtre du roi David qui abondera (réva, en allusion dans le nom de Ruth) en chants et en louanges (Tehilim) lichma, en l'honneur d'Hachem.
[Rachi - guémara Horayot 10b]

-> En récompense de ces 42 sacrifices, même intéressés (chélo lichma) et avec une intention de maudire, Balak eut dans sa descendance Ruth, de laquelle le roi Chlomo, fils de David, est issu.
Le roi Chlomo offrit 1 000 holocaustes, selon le verset : "Sur cet autel, Chlomo offrit 1 000 holocaustes" (Méla'him I 3,4).
Evidemment, ces offrandes offertes par le roi Chlomo étaient lichma, en l'honneur du Ciel.
[guémara Sota 47a]

-> La guémara (Sota 47a) fait remarquer que le dessein de Balak, qui était de faire maudire Israël, s'est réalisé à travers la mort des 42 enfants déchirés par 2 ours à l'époque du prophète Elicha, à cause des 42 sacrifices offerts par Balak, selon rabbi Yossi bar 'Hanina.

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+ "Bilaam parla à Balak : construis ici pour moi 7 autels et prépare ici pour moi 7 bœufs et 7 béliers" (Balak 23,1)

-> Après la construction des 7 autels par Bilaam, le sitra a'hra vint réclamer une récompense. Hachem lui répondit: Je te donnerai ta récompense!
Le Arizal explique que cette récompense lui fut attribuée à l'époque d'Elicha le prophète, lorsque les habitants de Jéricho vinrent le consulter au sujet des eaux insalubres de la ville. En effet, l'eau était amère et non potable. Les habitants étaient contraints d'acheter de l'eau à des marchands.
Ils dirent à Elicha Hanavi : nous t'en prions! La situation est difficile, peux-tu nous aider à faire en sorte que l'eau devienne potable.

Elicha le prophète prit une assiette en argile et y inscrivit un Nom kadoch. Il la trempa dans la source de Jéricho et les eaux s'adoucirent jusqu'à nos jours.
C'est ainsi que l'on nomma cet endroit: la source d'Elicha.
En ces temps-là, 42 adolescents se rebellèrent contre Elicha car ils s'enrichissaient en vendant de l'eau aux habitants de la région.
Il est écrit dans le Tanakh (Méla'him II 2,24) que deux ours sortirent de la forêt et dévorèrent ces 42 adolescents.
La guémara (Sota 47a) explique un fait encore plus incroyable : il n'y avait ni ours ni forêt à Jéricho, mais le Maître du monde accomplit un miracle en créant une forêt d'où sortirent les deux ours qui dévorèrent les 42 gens.

Le Arizal explique que ces deux ours n'étaient autres que Bilaam et Balak.
Hachem leur dit : prenez ces 42 jeunes pour les 42 sacrifices que vous avez offerts car ceci est votre récompense : 42 rebelles.

Celui qui accomplit seulement les mitsvot qui s'imposent intellectuellement a le pourvoir d'être sauvé des maladies naturelles qu'un médecin peut guérir, mais pas celui d'être également sauvé des maladies dont il est impossible de sortir naturellement.

Mais celui qui accomplit également les mitsvot qu'il est impossible de comprendre, même si l'intelligence ne les saisit pas, aura une aide du Ciel pour être sauvé des maladies dont il est impossible de sortir naturellement.

Cette idée se trouve en allusion dans le verset : "J'ai appelé de tout cœur, réponds-moi, Hachem, j'observerai Tes 'houkim" = par le mérite du fait que j'obéirai à Tes lois, même incompréhensibles, réponds-moi, Hachem, en toute chose que je Te demanderai, même s'il s'agit de dépasser la nature.

[rav Ovadia Yossef]
('Houkat)

[ainsi, plus nous faisons preuve d'une confiance en Hachem au-delà de notre naturalité, plus Hachem peut nous aider au-delà de la naturalité des choses!]

Moché et le géant Og

+ Moché et le géant Og :

-> "Lorsque les hommes de D. se mêlèrent aux filles de l'homme qui leur donnèrent des enfants (puissants)" (Noa'h 6,4)
Le Targoum Yonathan explique : ces "hommes de D." sont 2 anges descendus du Ciel, nommés Cham'hazaï et Ouziel. Ils se mêlèrent aux filles de l'homme et des géants naquirent.
Parmi les géants, il y avait 2 frères devenus rois : Og et Si'hon, tous 2 fils de A'hya, fils Cham'hazaï.
[Rachi - guémara Nida 61a]

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-> Hachem rassure Moché lorsque le roi Og s'avança avec tout son peuple pour livrer bataille à Israël : "Ne le crains pas (Og)" ('Houkat 21,34).

=> Pourquoi Moché craignait-il Og, et ne craignait-il pas son frère Si'hon?

-> Rabbi Chimon bar Yo'haï répond : Moché se disait : "Peut-être le mérite de Og, qui était venu annoncer à Avraham la capture de son neveu Loth par le roi de Elam, le soutiendra-t-il et il pourrait nous vaincre?", comme dit le verset : "Un fuyard vint l'annoncer à Avram l'Hébreu" (Béréchit 14,13)
Rabbi Yo'hanan dit que ce fuyard était le géant Og qui avait survécu au déluge.
[guémara Nida 61a]

-> Le Méam Loez (Dévarim 3,2) donne d'autres explications :
1°/ Telle est la voie des tsadikim. Bien que D. promette de leur donner le bien, ils craignent que leurs fautes ne fassent obstacle et que D. ne s'éloigne d'eux.
Hachem dit : "On ne verra pas chez toi d'impudicité car D. s'écarterait de toi" (Dévarim 23,15) = si tu fautes, D. s'éloignera de toi.
Hachem avait promis à Yaakov : "Je serai avec toi et Je te protégerai de tout mal". Malgré cela, Yaakov avait très peur avant sa rencontre avec Essav. Il craignait d'avoir fauté à l'époque où il habitait chez Lavan et d'avoir perdu la protection divine.
Ici aussi, Moché craignait que pendant la guerre contre Si'hon, les Bné Israël n'aient fauté ou n'aient pris un objet interdit.
Hachem l'a donc rassuré. Il n'avait pas à craindre la moindre faute.

2°/ Og appartenait à la tribu détruite par Amrafel lorsqu'il a combattu les 5 rois, comme il est écrit : "Ils anéantirent les Réfaïm à Achtérot Karnayim" (Béréchit 14,5).
Og était le seul survivant : "Seul Og, roi de Bachan, survécut parmi les Réfaïm" tués par Amrafel.
Ainsi, parmi tous les leurs puissants guerriers, Og était exceptionnel!

3°/ Il n'existait personne d'aussi puisant que lui.
Lorsque Moché et les Bné Israël sont arrivés à Edreï et que Og est sorti à leur rencontre, la nuit était tombée.
Moché a dit : "Passons la nuit ici, et demain matin, nous nous lèverons tôt pour nous battre contre Og. Nous entrerons dans la ville et nous la conquerrons".

Le lendemain, avant l'aube, les Bné Israël ont monté l'attaque. Il faisait encore sombre.
Moché a levé les yeux et a vu Og assis au sommet de la muraille, les pieds touchant le sol.
Moché a pensé : "Je ne sais pas ce que je vois. On dirait que les habitants ont ajouté des pierres à la muraille pendant la nuit".
Hachem lui a révélé : "Ce n'est pas la muraille que tu vois mais Og, le roi de Bachane".

Les jambes de Og mesuraient 38 coudées de long (environ 22 mètres!)
Moché a pris peur de ce qu'il voyait à ce moment-là mais D. lui a dit : "Ne le crains pas car Je l'ai livré, lui, tout son peuple et son pays, en ton pouvoir".

4°/ Moché a eu peur également parce que Og n'était autre que Eliézer le serviteur d'Avraham.
Lorsqu'Avraham a circoncis tous les membres de sa maison, il a également circoncis Og.
En voyant les Bné Israël se préparer à se battre contre lui, Og dit : "Le mérite de ma circoncision remonte à l'époque d'Avraham". Il a donc eu l'audace de lutter contre les Bné Israël.
Lorsque Moché a compris que Og comptait sur le mérite de sa circoncision pratiquée par Avraham en personne, il fut très effrayé. Il dit : "Qui pourrait déraciner ce mérite?"
D. le rassura : "Ne crains rien. Il a déjà souillé le signe de la circoncision. Quiconque souille ce signe est déraciné du monde".

5°/ Moché craignait aussi que Og, c'est-à-dire Eliézer, ne possède le mérite d'avoir trouvé une épouse pour Its'hak et d'avoir négocié avec Lavan jusqu'à ramener Rivka à son maître.
Lorsque Lavan a vu les bijoux que Eliézer avait apportés pour Rivka, lui et ses hommes ont cherché à prendre tous ses biens. Og a démontré alors sa force en prenant les 10 chameaux dans ses 2 mains, en les soulevant et en leur faisant traverser la rivière.
Lavan s'est dit : "Nous ne pouvons combattre contre lui".
Lavan a ensuite mis du poison dans l'assiette de Og pour le tuer, mais par le mérite d'Avraham, les assiettes ont été interverties. C'est Bétouel, le père de Lavan, qui a mangé la nourriture empoissonnée et qui est mort.

D. a dit à Moché : "Ne crains pas le mérite de Og. Il a déjà reçu sa récompense puisqu'Avraham l'a affranchi. Je l'ai également récompensé en le faisant régner sur tous ces territoires. Il n'a donc plus de réclamation valable pour recevoir une récompense pour ce mérite, ni dans ce monde ni dans le prochain".

6°/Par prophétie, Moché a vu que Og aurait un descendant appelé rabbi Chimon ben Nétanel qui éprouvait une grande crainte de la faute.
Moché craignait que le mérite de ce tsadik ne vienne à l'aide de Og.
D. dit à Moché : "Ne le crains pas. Un grand tsadik sera issu de toi aussi. Ce sera rabbi Yo'hanan ben Zakaï, le maître de rabbi Chimon ben Nétanel".
Og est appelé "roi de Bachane", car les lettres du mot Bachane (bét, chin et noun) forment les initiales du nom : Chimon ben Nétanel.

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-> Moché craignait le roi Og car il avait l'âge de 500 ans (une longévité exceptionnelle).
[rav Lumbroso]

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-> Le conflit mené par Og contre Israël est le modèle du conflit permanent de ceux qui possèdent la force matérielle contre ceux qui possèdent la force spirituelle.
[Maharal - Gour Arié ('Houkat)]

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-> "Tu as brisé les dents des réchaïm" (Téhilim 3,8)
Dans la guémara (Bérah'ot 54b), selon Reich Lakich : il ne faut pas lire "que Tu as brisé" (chibarda), mais "que Tu as allongé" (chirbavta).

Le Ein Eliyahou commente que les dents du géant Og se sont allongées et tout le monde a pu voir le miracle que la délivrance ne vient que d'Hachem : seul Lui a pu faire cela.

Rachi (guémara Méguila 15b) enseigne qu'il y a eu un allongement des dents du géant Og de 60 amot (environ 30 mètres).

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-> Pourquoi est-ce après l'allongement des dents de Og que Moché l'a attaqué?

Avant l'allongement des dents du géant Og, Moché craignait de l'attaquer, non seulement parce que Og bénéficiait du mérite d'avoir par son annonce contribué au Kiddouch Hachem réalisé par Avraham, mais surtout parce que Og possédait une étincelle de l'âme (de la néchama) de rabbi Chimon ben Nathanel (d'après le Arizal).

Or les 2 lettres : ש et נ du mot שן (chen : dent) sont les initiales de : Chimon ben Nathanel, ou Nitsouts Chimon (une étincelle de Chimon) ou Nichmat Chimon.
Lorsque les dents de Og se sont allongées pour sortir de sa bouche, Moché a compris que l'étincelle de l'âme de Chimon ben Nathanel était sortie de chez Og et qu'il n'y avait donc plus de raison de le craindre, c'est pourquoi Moché a décidé de le frapper à ce moment.
[Ben Ich 'Haï]

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-> "Quelle était la hauteur de Moché? 10 coudées (environ 5 mètres).
Moché prit une hache de 10 coudées, fit un bond de 10 coudées et porta un coup à Og à la cheville et il mourut." [guémara Béra'hot 54b]

=> Pourquoi Moché a-t-il frappé Og à la cheville?

-> Selon le Ben Ich 'Haï :
Og, qui avait fui la région de Sodome pour annoncer à Avaham la capture de Lot, bénéficie du mérite de ce long déplacement à pied.
Mais Hachem rassure Moché : "Ne le crains pas, car Og était mal intentionné, il s'est dit : "Je vais l'annoncer à Avraham, afin qu'il parte en guerre pour sauver son neveu, il y perdra la vie et je pourrai prendre son épouse Sarah".

C'est pourquoi Hachem a aidé Moché à frapper la cheville de Og pour lui signifier : "La longue marche (de Og) vers Avraham vient, au contraire, accuser Og, car il avait de mauvais intentions au sujet de Sarah."
Nous comprenons ainsi pourquoi c'est la cheville du géant Og, os de l'articulation du pied, nécessaire pour marcher, que Moché a frappé.

-> Selon le Imré Noam :
Moché n'a pas tué directement le géant Og, car Og n'est pas mort par le coup de hache porté à sa cheville.
Mais, sous l'effet de ce coup il est tombé d'une hauteur de 30 coudées (environ 15 mètres), soit 10 coudées de Moché + 10 coudées de la hache + 10 coudées du bond, et il est mort immédiatement après cette chute de très haut.

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-> A la fin de notre paracha, il est question des guerres de Moché avec 2 frères, Si’hon le roi de l’Emori, et Og le roi du Bashan. C’étaient les fils d’A’hiya fils de Sham’hazaï ...

Le Midrach Avkir donne certaines indications sur la vie d'Og :
"Les disciples de Rav Yossef lui ont demandé : qui est Azaël? Il leur a répondu : Quand la génération du déluge a adoré des idoles, Hachem S’est attristé. Immédiatement 2 anges se sont dressés, Cham’hazaï et Azaël, et ont dit : "Maître du monde! Nous T’avions bien dit, lorsque Tu as créé le monde, ‘qui est l’homme pour que Tu T’en souviennes?’
Hachem leur a répondu : Et que deviendrait le monde [sans l’homme]?
Ils ont poursuivi : Maître du monde! Nous suffirions à le peupler.
Il leur a dit : Il est clair et révélé devant Moi que si vous demeuriez sur terre, le mauvais penchant vous dominerait et vous seriez pires que les hommes.
Ils répondirent : Donne-nous la permission de vivre parmi les hommes et Tu verras comme nous sanctifierons Ton Nom.
Il leur dit : Descendez donc et allez vivre parmi eux.

Immédiatement, ils fautèrent avec les filles des hommes, et furent incapables de dominer leur mauvais penchant.
Sham’hazaï vit tout de suite une jeune fille du nom d’Istahar, elle lui plut, mais elle lui dit : ‘Je ne veux pas t’écouter jusqu’à ce que tu m’enseignes le Nom divin par lequel tu montes aux cieux lorsque tu l’évoques.’
Il lui enseigna le Nom, elle l’évoqua, et monta aux cieux sans avoir fauté.
Hachem dit : comme elle a évité la faute, mettez-la parmi ces 7 planètes pour que vous les méritiez à jamais, et placez-la dans la constellation de l’Orion. Quand Sham’hazaï et Azaël virent cela, ils épousèrent des femmes et engendrèrent des fils, Hiva et Hiya."

-> Le Midrach Béréchit Rabbati explique que ces deux fils, Hiva et Hiya, sont nés de Cham’hazaï, ils ont épousé des femmes et engendré Si’hon et Og.
La nourriture de tous ceux-là était chaque jour mille chameaux, mille chevaux et mille taureaux.
[compilation issue de la voie à suivre n°630]

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-> Le midrach (Dévarim rabba 1,25) relate que lorsque Og est venu informer Avraham que Lot a été capturé pendant la guerre, il a trouvé Avraham en train de faire des matsot pour Pessa'h.
Le vrai nom de Og est Palit, puisqu'il a été sauvé (פליט) du déluge à l'époque de Noa'h.
Il a changé son nom en Og (ougot - עוגות), suite à la vision de la fine galette (la matsa) que Avraham cuisinait.

=> On peut facilement comprendre son nom en rapport avec le déluge, mais pourquoi a-t-il changé de nom au regard de Avraham fabriquant ses matsot?

Selon rabbi 'Haïm Zayrchik (Mayanei ha'Haïm), on voit de là l'impact que peut avoir la vision d'un tsadik accomplissant une mitsvot avec beaucoup d'amour, de dévouement.
Néanmoins, le fait que son nom n'est pas été modifié en "matsot", mais plutôt en "gâteau" (og - ougot) indique un degré de superficialité de sa part, à l'image de Essav qui a été appelé "Edom" (rouge), comme la couleur du plat de lentilles qu'il a demandé à Yaakov.

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-> Le Méam Loez (Noa'h 7,5-7) enseigne :
2 créatures ne tenaient pas dans l'Arche :
1°/ La 1ere était l'auroch géant (Réem).
2°/ La 2e créature qui ne pouvait tenir dans l'Arche était Og le géant.
Il monta sur le toit de l'Arche et se fit une protection, au-dessus de la tête, contre les pluies du Déluge.
Pendant une année, Noa'h lui passa la nourriture par la fenêtre de l'Arche.
Certains disent qu'il était beaucoup trop gigantesque pour s'asseoir sur l'Arche, mais qu'il se déplaçait le long de celle-ci, là où les eaux étaient froides.

-> Le midrach rapporte que le géant Og a survécu au déluge en s'accrochant à l'Arche. Il habitait sur le toit et recevait quotidiennement sa nourriture par Noa'h au travers d'un trou.

["Hachem effaça toutes les créatures qui étaient sur la face de la terre ... Il ne resta que Noa'h, et ce qui était avec lui dans l'Arche" (Noa'h 7,23)
Selon le Tour, l'expression : "que Noa'h" (a'h Noa'h - אַךְ נֹחַ) a la même valeur numérique que : "Og" (עוג), le mot "a'h" laissant sous-entendre que quelqu'un d'autre à survécu.]

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-> Le Méam Loez (Dévarim 3,10-11) enseigne également :
Selon certains commentateurs : "De tous les Rafaïm seul Og survécut" (Dévarim 3,11) signifie qu'il a survécu aux géants qui ont disparu dans le déluge à l'époque de Noa'h. Lorsque D. a envoyé le déluge, Og s'est assis sur les marches de l'arche. Il a fait jurer à Noa'h et à ses fils de le nourrir, en échange de quoi il deviendrait leur esclave à vie. Noa'h a accepté et a pratiqué une ouverture dans l'arche par laquelle il lui passait sa nourriture chaque jour. C'est ainsi que Og a survécu au déluge.

D. a permis de laisser Og en vie bien qu'il ne fût pas un tsadik afin que les générations suivantes constatent la puissance de D. et disent : "Des hommes si forts vivaient à 'époque du déluge! Mais ces hommes comptaient sur leur force et se sont révoltés contre D., et Il les a tous anéantis".
Hachem a donc sauvé Og du déluge et l'a laissé en vie afin que les hommes constatent la force des êtres humains d'autrefois.

Ensuite, Og a été donné comme esclave à Nimrod. Lorsque ce roi a jeté Avraham dans la fournaise ardente et que notre Patriarche en est sorti sain et sauf, Nimrod et tous les hommes importants du royaume étaient abasourdis. En signe d'admiration, ils ont offert des cadeaux à Avraham. Nimrod a donné Og comme esclave à Avraham, qui l'a nommé Eliézer.
Après que Og (Eliézer) ait fait tant d'efforts pour ramener Rivka à Its'hak et subi les tentatives de meurtre de Lavan, Avraham l'a récompensé en l'affranchissant.
Hachem l'a donc rétribué dans ce monde : il est devenu Og roi de Bachane ...

Lorsque Og était enfant, son berceau était en fer car un berceau de bois, même fait de poutres épaisses, n'aurait pas pu soutenir son poids.
[Le Rachbam explique que lorsque Og était bébé, il avait un berceau en fer, car lorsqu'on le mettait dans un en bois, il se cassait.]
Il est écrit : "Son berceau, un berceau de fer, de 9 coudées de long et de 4 coudées de large, selon la coudée de cet homme" (Dévarim 3,11) = c'est-à-dire d'après la mesure du bras (la coudée) de Og.
[...]

Si seul Og a survécu au déluge, comment Si'hon, le frère de Og, a-t-il survécu?

Lorsque Cham'hazaï, l'ange descendu du ciel, s'était rendu coupable d'adultère avec l'épouse de 'Ham, fils de Noa'h, qui est devenue enceinte. Lorsque Noa'h et ses fils sont entrés dans l'arche avant le déluge, 'Ham s'est rendu compte que son épouse était enceinte. Afin de dissimuler la faute de son épouse, 'Ham eu des relations avec elle dans l'arche. L'enfant qui est né était Si'hon.

Nos Sages enseignent que la guerre contre Si'hon et Og était plus difficile que celle contre Pharaon et ses armées.
Comme les Bné Israël avaient chanté une louange à D. pour Ses grands miracles après la défaite de Pharaon, ils auraient dû chanter aussi un cantique après celle de Si'hon et Og.
Tous les guerriers ennemis étaient morts en un instants car D. avait envoyé contre eux un frelon qui les avait empoisonnés, aveuglés et anéantis.
Cependant, les Bné Israël n'ont pas chanté de louange à D. pour ce miracle jusqu'à ce que le roi David loue D. dans le grand Hallel : "Il frappa de grands rois, car Sa bonté est infinie ; Si'hon, le roi des Amoréens, car Sa bonté est infinie ; et Og roi de Bachane, car Sa bonté est infinie" (Téhilim 136,18-20).

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+ Eliézer, le serviteur d'Avraham ou Og?

-> On trouve dans le traité Sofrim (21,9) qu’Og est Eliezer, le serviteur d’Avraham.
Comment Eliezer était-il le serviteur d’Avraham?
Quand Avraham est sorti d’Our en Chaldée, tous les grands de la génération lui ont donné des cadeaux, et Nimrod (qui avait reçu Og en héritage de Kouch fils de ‘Ham) a donné son serviteur Eliezer à Avraham.

-> Les Tossafot (Daat Zékénim) écrivent qu’à l’époque où Eliezer était roi, il s’appelait "Og", car tous les rois du Bashan s’appellent "Og", de même que tous les rois d’Egypte portent le titre de Pharaon.

-> En un endroit (Derekh Eretz Zouta 1), nous trouvons qu’Eliezer est entré vivant au Gan Eden, alors que dans notre paracha il est dit explicitement que Moché l’avait tué : "On le frappa, lui et ses fils, et tout son peuple, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucune trace" ('Houkat 21,35).
D’où la conclusion toute simple qu’Eliezer serviteur d’Avraham n’est pas Og le roi du Bashan, qui a été frappé par Moché.

Le Daat Zékenim miBaalé haTossafot ('Hayé Sarah 24,39) relève cette contradiction, et de là en arrive à la conclusion simple qu’il y a eu 2 "Og roi du Bashan", l’un mauvais qui a été tué par Moché, et l’autre qui était le serviteur d’Avraham et qui était un tsaddik.

-> Rabbénou Be’hayé sur notre paracha ('Houkat) cite une opinion selon laquelle Og ici n’est pas le même que celui d’Avraham, mais il était de sa famille et de sa descendance.
Moché craignait qu’il soit protégé par le mérite de son ancêtre, qui vivait à l’époque d’Avraham.
Mais il émet des doutes à ce propos, et fait remarquer que nous n’avons que la tradition reçue par les Sages, selon laquelle Og ici est vraiment le même que celui d’Avraham.

-> Le Arizal dit que : tout homme est composé d’un côté bon et d’un côté mauvais. Les deux se mêlent et sont vraiment comme deux formes d’homme qui se ressemblent et sont confondues, mais le bon côté s’appelle "levouch" et le mauvais côté "bégued".

Se basant dessus, le midrach Talpiot (rabbi Eliyahou haCohen d'Izmir) écrit :
"A mon humble avis, cela réconcilie les enseignements de nos Maîtres selon lesquels Eliezer serviteur d’Avraham est entré vivant au Gan Eden, alors que dans le traité Béra'hot ils ont dit que Moché l’avait tué. Comment est-ce possible?
C’est qu’Avraham a séparé le mauvais côté, c’est-à-dire Og, qui a été tué par Moché, et le bon côté se trouve avec Avraham dans le caveau de Makhpela."
[compilation issue de la voie à suivre n°630]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°580) écrit :
"Og le roi du Bashan était un méchant, et il voulait exterminer tout le camp d’Israël en une seule fois. Il est parti en guerre contre eux, ainsi que l’ont raconté nos Sages dans la guémara (Béra'hot 54b) : il a déraciné une montagne d’une douzaine de kilomètres de diamètre dans le but de la lancer sur le camp d’Israël et de les enterrer dessous.
Og détestait donc Israël et voulait l’exterminer.

Le service qu’il a rendu à Avraham était uniquement dû au fait qu’il savait que Hachem l’en récompenserait. De plus, il avait de mauvaises intentions, car il espérait qu’Avraham serait tué dans cette guerre et qu’il pourrait épouser Sarah. Alors pourquoi Moché craignait-il que le mérite d’Avraham le soutienne? Peut-on imaginer que le mérite du Patriarche permette d’exterminer ses enfants?
Si Og, qui n’avait fait qu’une petite chose, avait un certain mérite, les bné Israël, qui suivent les voies de leur père, profitent à combien plus forte raison de ses mérites, et donc peuvent être sauvés de ce mauvais (racha).

De plus, Og avait vu ce que D. avait fait pour les bné Israël en Egypte et sur la mer. Il avait entendu parler de l’ouverture de la mer et de la guerre d’Amalek, et bien qu’il ait persévéré dans ses mauvaises voies et cherché à tuer les bné Israël, est-il possible que le mérite d’Avraham ait profité à ce scélérat pour lui permettre d’exterminer tout Israël?
On est obligé de dire que Moché savait que le mérite d’Avraham ne protégerait pas Og au point de lui permettre d’exterminer les bné Israël. Il savait que le mérite d’Israël était plus grand que celui de cette seule mitsva faite par Og, mais comme Og avait annoncé à Avraham que Lot avait été fait prisonnier, qu’il était parti immédiatement en guerre avec les rois jusqu’à ce qu’il le libère, et qu’en fin de compte étaient sorties de lui Ruth et Naama, qui sont les deux belles colombes qui se sont levées pour sauver Israël, et qui ont engendré le roi David et le Machia’h qui sont les sauveurs d’Israël, c’est cela le mérite qui le faisait craindre.

D. n’a empêché Moché de lutter avec Amon et Moav qu’à cause de cela, ainsi que l’ont dit nos Sages (guémara Baba Kama 38b) : "Ce que vous envisagez n’est pas ce que j’envisage, J’ai deux belles colombes à faire sortir de ces peuples, Ruth la Moabite et Naama l’Amonite".
Dans le même ordre d’idées, Moché craignait maintenant qu’Og n’ait en sa faveur le mérite d’avoir sauvé Lot, car ces colombes ne pourraient apparaître que grâce à lui, qui avait sauvé leur ancêtre Lot, et tant qu’elles n’étaient pas apparues, il se disait qu’il pourrait peut-être profiter de ce mérite.

On apprend de tout cela qu’il est possible de faire une seule mitsva dont le mérite dure pendant de nombreuses générations. Il n’y a personne qui connaisse la récompense des mitsvot. On peut faire une seule mitsva facile et recevoir une grande récompense.
Par exemple, Og le roi du Bashan est tout simplement allé annoncer à Avraham que Lot avait été fait prisonnier, et le mérite de cette mitsva l’a protégé au point que Moché notre maître le craignait.

Dans le même ordre d’idées, Yichmaël n’a mérité que 12 tribus soient issues de lui, et il ne lui a été donné une part dans la terre d'Israël, que par le mérite d’une seule mitsva qu’il a accomplie, et qui est celle de la circoncision, ainsi qu’il est écrit : "Pour Yichmaël, Je t’ai entendu, Je l’ai béni et fait prospérer considérablement, il engendrera 12 chefs de tribus (des Néssi'im - נְשִׂיאִם ), et je le ferai devenir une grande nation" (Lé'h Lé'ha 17,20).
Il est dit dans le saint Zohar (II 32a) : "Hachem leur a donné une part ici-bas dans la Terre sainte par le mérite de la circoncision d’Yichmaël, leur ancêtre. Les enfants d’Yichmaël règneront pendant longtemps en Terre sainte lorsqu’elle sera vide, de même que leur circoncision n’est pas complète et qu’elle est vide, et ils empêcheront les bné Israël de revenir chez eux jusqu’à ce que leur mérite soit épuisé".

Le fils de David (le machia'h) ne viendra que lorsque le mérite des enfants d’Yichmaël sera épuisé, ainsi que le dit la Aggada (Midrach HaGadol Béréchit 25,18) : "Il tombe à la face de tous ses frères" = à un endroit il est dit "il tombe", et à un autre endroit il est dit "il réside à la face de tous ses frères".
Tant qu’il n’a pas porté la main sur le Temple, il réside, mais quand il porte la main sur le Temple il tombe.
La descendance d’Yichmaël est appelée à tomber à la fin des temps, et la gloire d’Israël se relèvera.

Bien que D. sache parfaitement que les enfants d’Yichmaël feront du mal à Israël dans l’avenir, ainsi qu’il est dit : "Pourquoi s’appelle-t-il Yichmaël? Parce que dans l’avenir, D. entendra (yichma) les soupirs que pousseront les enfants d’Yichmaël, c’est pourquoi il s’appelle Yichmaël" (Pirkei DeRabbi Eliezer 30).
Le Midrach (Yilamdeinou Béréchit 79) dit également: "Pour Yichmaël Je t’ai entendu, et Je l’ai béni", sache qu’il engendrera 12 chefs de tribus, ils garderont la royauté, le dernier de 12 sera ‘Hagar, il édictera des mauvais décrets dans le monde, il règnera peu de temps, sa royauté se renforcera à la fin, et Je ferai de lui un grand peuple.

=> On peut faire un raisonnement a fortiori. Si ces réchaïm ont reçu leur récompense en ce monde-ci pour une seule mitsva, qu’ils n’ont même pas faite entièrement, à combien plus forte raison Hachem récompensera les bné Israël, à qui Il a donné 613 mitsvot qu’ils accomplissent de tout cœur.
Mais la récompense des premiers leur a été donnée en ce monde-ci, alors que la récompense des seconds leur est gardée pour le monde à venir, ainsi qu’il est écrit : "Aucun œil ne l’a vu, ô D., à l’exception de Toi" (Yéchayahou 64,3)."

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-> Le Méam Loez ('Houkat 21,34-35) écrit :
Selon une opinion, Moché avait peur que la circoncision accomplie par Og à l'époque d'Avraham ne le protège.
D. lui dit donc : "N'aie pas peur de lui (oto - אותו)";
Le mot "oto" est écrit exceptionnellement avec 2 vav, pour faire allusion au mot : ot (אות) qui désigne le "signe" de l'alliance, c'est-à-dire la circoncision.
En d'autres termes, D. dit à Moché de ne pas craindre le fait que Og portât sur sa chair ce signe de l'alliance car il avait souillé ce que ce signe représentait.
L'alliance de la circoncision ne consiste pas simplement en le retranchement du prépuce. Elle suppose l'abstention totale des fautes charnelles et une conduite sainte et pure.
Lorsqu'un homme n'est pas scrupuleux dans ce domaine, le mérite de la circoncision ne le protège pas.

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+ La mort de Og :

-> Le Méam Loez écrit également :
Lorsque Og, roi de Bachan, appris que les Bné Israël approchaient, il se dit : "Pourquoi m'épuiser à les tuer un par un? En déracinant une haute montagne et en la précipitant sur eux, je les écraserai tous en une fois!"
Il calcula que le camp des Bné Isarël s'étendait sur une superficie d'environ 13 kilomètres sur 13 km.
Og déracina une montagne et la souleva au-dessus de sa tête, se préparant à la lancer sur les Bné Israël.
Cependant, D. fit qu'une multitude de fourmis attaquent la montagne et s'y percent un trou.
La montagne s'effrita et s'enroula autour du cou de Og comme un collier.
Lorsqu'il tenta de se dégager, D. allongea ses dents et les fit dépasser de tous côtés, l'empêchant de bouger ...
A ce moment-là, Moché saisit une hache de 10 coudées de long.
Après avoir fait un saut de 10 coudées (ce qui l'éleva à une hauteur de 30 coudées car Moché en mesurait 10), il frappa Og à la cheville et le tua.
Ensuite, il abattit ses fils et vainquit toute son armée.

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-> Dans la paracha Dévarim (3,2), le Méam Loez explique :
Og pensait que les Bné Israël seraient soutenus par 3 mérites en terre d'Israël : D. avait multiplié leur nombre comme le sable de la mer ; ils avaient de bonnes actions à leur actif ; ils bénéficiaient du mérite des Patriarches.
Og se dit : "J'ai moi aussi ces 3 mérites. J'ai un peuple nombreux, j'ai le mérite de mes bonnes actions car j'ai servi longtemps Avraham, et j'ai le mérite de ma proche relation avec lui".

Nos Sages font allusion à cela en disant que Og a déraciné une montagne et l'a soulevée au-dessus de sa tête. Il a déraciné le mérite d'Avraham qui est comparé à une montagne.
"J'utiliserai ce mérite car je vivais chez Avraham le premier (avant Its'hak)."

Lorsque nos Sages disent que la montagne mesurait 3 parsaot sur 3 (soit 36 mil sur 36 = environ 13 kilomètres sur 13), et le camp des Bné Israël 3 parsaot sur 3, ils font allusion à 3 sortes de mérites dont bénéficiaient Israël et Og.
Les fourmis évoquent le fait que comme la force des fourmis vient de leur bouche, ainsi la force d'Israël provient de sa prière.
De plus, le mérite des bonnes actions d'Israël, nombreuses comme des fourmis, a fait intervenir en leur faveur le mérite d'Avraham, ce qui n'était pas le cas pour Og.

Le fait que Moché mesurait 10 coudées et avait pris un bâton de 10 coudées signifiait la chose suivante : Moché a vu que Og disposait de 2 forces : sa royauté et le mérite d'Avraham.
Il s'est demandé de quelle façon le vaincre. Il a vu que le mérite d'Avraham et de ses 10 épreuves (évoquées par les 10 coudées) ne suffisait pas et a demandé à D. que son mérite à lui ainsi que le mérite d'Israël les protège.
Il a pris un bâton, car de même qu'avec un bâton, on frappe l'ennemi avant de prendre la fuite, ainsi les mérites protègent l'homme devant ses ennemis.

L'idée que Moché ait frappé Og à la jambe révèle qu'il annulait un mérite d'Og : celui d'avoir couru pour faire savoir à Avraham que son neveu avait été fait prisonnier.
Toutes ces idées nous ont été révélées par nos Sages pour nous enseigner que Og n'avait pas seulement compté sur sa force mais aussi sur le mérite d'Avraham et que Moché a annulé ce mérite.

Toute personne qui voit la roche que Og voulait jeter sur les Bné Israël doit remercier Hachem et Le louer.
Elle récitera la bénédiction suivante : "barou'h ata Hachem ... chéassa nissim laavoténou bamakom azé" (qui a fait des miracles à nos ancêtres à cet endroit).

"Si jamais tu oublies Hachem, ton D., et tu t'attaches à des dieux étrangers" (Ekev 8,19)

-> Il y a une règle générale : le mot "vayéhi" dénote un contexte de tristesse/peine, tandis que que le mot : "véaya" implique de la joie.

Le rabbi de Rizhin (rav Israël Friedman) interprète ainsi le verset :
L'unique façon de pleinement servir Hachem est avec joie, et si quelqu'un en vient à oublier cela (faire la volonté de D. sans joie), alors il va certainement s'éloigner d'Hachem et finalement poursuivre ses propres intérêts.

Ainsi, si une personne en vient à oublier que : "véaya" (si jamais - וְהָיָה) = la joie et le bonheur qui doit faire partie intégrante du service Divin, alors "tu oublies Hachem, ton D., et tu t'attaches à des dieux étrangers" = on va s'abaisser à la avoda zara et finir par se détruire soi-même.

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-> Le rav Barou'h de Méziboz donne une autre explication.
La guémara (Méguila 12a) explique que Hachem a cherché à anéantir le peuple juif à l'époque de Mordé'haï et Esther, car les juifs avaient participé et s'étaient pleinement réjouis du festin donné par le roi A'hachvéroch.

=> Ce n'est pas uniquement qu'ils y ont été forcés, mais ils été joyeux d'y participer et de se mêler avec les non-juifs. Ainsi, le résultat de leur joie à fauter (oubliant Hachem) a été à l'origine du décret de destruction contre eux.

Ainsi, le verset signifie que si nous sommes forcés/contraint à faire une faute, et qu'en la réalisant nous oublions Hachem au point d'être joyeux et enthousiaste pendant la faute, alors nous avons franchis un ligne rouge, nous sommes allés trop loin.
["Si jamais tu oublies Hachem, ton D." = si tu oublies la volonté de D., tout en étant dans la joie (véaya)]
A ce moment Hachem nous détruira (la fin du verset ci-dessus v.19 est : "Je vous le déclare en ce jour, vous périrez").

+ "Yaakov resta seul et un homme lutta avec lui jusqu'au lever du jour" (Vayichla'h 32,25)

-> Rachi cite la guémara (‘Houlin 91a) : Yaakov avait oublié quelques « pa’him kétanim » (des petites cruches), et il est retourné les chercher.

"Pour les tsadikim, leur argent leur est plus précieux que leur corps car le vol leur est étranger (inconcevable)"
[rabbi El'azar - guémara Sota 12a]

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-> Rabbi El'azar prouve cet enseignement par le verset : "Yo'hévét prit un berceau de jonc ... et le déposa dans les roseaux (du Nil)" (Chémot 2,3).

-> Rabbi ‘Haïm Chmoulévitch (Si’hot Moussar - si’ha 50) enseigne :
Rachi (guémara Sota 12a) explique : "C'est parce que le jonc est peu coûteux, bien que le corps de Moché (bébé) eut été mieux protégé dans un berceau de bois".

Les parents de Moché, obligés de déposer leur fils sur le Nil selon le décret de Pharaon, ont choisi le matériau (jonc) le moins onéreux au détriment de la sécurité de leur fils qu'ils aimaient beaucoup pourtant.
De plus, ce fils était exceptionnel car à sa naissance, la chambre a été inondée d'une lumière Divine intense ; enfin, il devait être le sauveur d'Israël selon la prophétie de sa sœur Myriam.

Toutes ces raisons auraient dû conduire ses parents à mieux protéger Moché (avec un berceau en bois, plus étanche).
Cet exemple montre à quel point les tsadikim tiennent à leur bien plus qu'à leur corps.

[de même Yaakov a mis sa vie en danger pour aller récupérer de l'autre côté de la rive sa petite cruche qu'il avait oubliée.]

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-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Il est certain que les parents de Moché n'auraient pas fait d'économies pour assurer la survie, la sécurité et le confort de leur fils qu'ils savaient être le futur sauveur du peuple d'Israël et sa lumière sur le plan spirituel.
S'ils l'ont placé dans un berceau de jonc peu coûteux, c'est pour montrer que leur argent leur est cher, car le vol leur est inconcevable, et par ce mérite, ils espéraient éveiller la miséricorde du Ciel pour protéger leur fils Moché.

[selon Tossefot, c'est également parce que le berceau en jonc pouvait mieux passer inaperçu parmi les roseaux du Nil (en hichtaldout : afin que les égyptiens ne le prennent pas pour le noyer).

Le Ben Ich 'Haï ajoute également que prophétiquement Yo'hévét voulait faire une allusion à l'humilité extrême de Moché (on peut citer par exemple : "Un homme doit toujours être souple comme le roseau et ne doit pas être rigide comme le cèdre" [guémara Taanit 20b]).
Ainsi, son intention dans le choix de ce matériau était d'éveiller la défense de Moché dans le Ciel pour sa qualité d'humilité qui fera de lui un grand homme.

Selon Rachi, le jonc est plus souple, amortissant mieux les chocs contre les pierres pour éviter de mettre l'enfant en danger, en risquant de le briser par les chocs.]

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-> Le rav Aharon Kotler dit que nos rabbanim ont ajouté des décrets, afin de ne pas en arriver à transgresser les préceptes de la Torah, selon le principe : "Vous garderez ma mise en garde" (A'haré Mot 18,30).
D'ailleurs, la Torah elle-même, en donne l'exemple à propos du Nazir (cf. Nasso 6,4) : non seulement il ne doit pas boire de vin, mais de plus, elle lui interdit également de manger la peau des raisins et les pépins, de peur qu'il arrive à en boire.

Nos Patriarches, qui ont accompli les mitsvot à la perfection, ont aussi mis tout en œuvre pour s'éloigner au maximum de la faute. C'est pourquoi Yaakov, pourtant très riche, était cependant soucieux de ne pas abandonner de simples ustensiles comme des cruches, afin de s'écarter du vol en cas de besoin d'argent, et éviter ainsi toute tentation.

Toutefois, ajoute le rav Aharon Kotler, plus tard Yaakov donna à Essav tout l'or et l'argent qu'il avait rapporté de chez Lavan pour lui racheter sa part dans le caveau de Makhpéla (Rachi - Vayé'hi 50,5), où étaient déjà enterrés Avraham et Its'hak.
Si là, Yaakov n'épargna pas ses biens, c'est qu'il était question de spiritualité.

Ainsi, bien que Yaakov se mît en danger pour sauver ses ustensiles et s'éloigner de tout vol, il consacra tout son argent à un but relevant entièrement de la spiritualité.

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-> Rabbi Moché Miller explique :
Les biens matériels sont un moyen pour mieux servir Hachem et non pas un but en soi.
Pourquoi alors les tsadikim tiennent-ils plus à leur bien (qui n'est qu'un moyen) qu'à leur corps qui est nécessaire pour accomplir les mitsvot (le but)?

En réalité, notre corps nous a été confié en cadeau, sans efforts, alors qu'en général les biens matériels et l'argent sont le fruit d'un labeur et d'efforts spirituels pour ne faire entrer dans notre patrimoine que de l'argent "propre" (sans vol et en payant notre tsédaka).

Il est donc plus difficile pour un tsadik de renoncer à son bien, acquis avec tant d'efforts et auquel il est donc attaché, plus qu'à son corps.

[les biens matériels sont comme des trophées attestant du bon respect de la volonté de Hachem, même au prix de sacrifices et d'efforts. (ex: cela prouve qu'il n'y a pas le moindre soupçon de vol)]

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-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.4,p.296) écrit :
Le tsadik est très conscient que l'argent que le Ciel lui a confié dans son patrimoine est un dépôt qu'il doit gérer au mieux, pour être utilisé essentiellement pour les bonnes actions, comme par exemple pour aider les pauvres.
Donc, s'il ne fait pas attention à ses dépenses et dilapide cet argent, il "profane" cet outil saint et prive de cet argent ceux qu'il devait aider.

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-> Selon le Arizal (Likouté Torah), il existe un principe : Si Hachem nous donne quelque chose, cela signifie que nous en avons besoin. Sinon pourquoi nous l'aurait-Il donné?

Le 'Hidouché haRim ajoute : "Si Hachem nous a gratifié des talents particuliers, alors il est évident que nous ne devons pas les gâcher."

[on apprend de l'épisode de la cruche, que nous devons identifier nos talents, capacités, et faire notre maximum pour les exprimer sans pertes dans notre avodat Hachem.]

-> De même que cette cruche d'huile semble extrêmement simple en apparence, en réalité elle va jouer un rôle primordiale, puisque par exemple c'est à partir d'elle qu'a eu lieu le miracle de 'Hounoucca.
On apprend de là que les mitsvot peuvent nous sembler en apparence comme simples (ça va c'est que quelques mots à dire, c'est qu'une pièce à la tsédaka, c'est qu'un bout de tissu/fil, ...), mais plus tard (à notre jugement de vérité et dans notre monde éternel) chaque mitsva aura une valeur infinie et éternelle.
Celui qui est Sage, c'est celui qui voit ce qui va arriver, ainsi nous devons déjà porter un regard du monde futur sur notre monde actuel, et considérer les mitsvot à leur juste valeur : elles sont extrêmement précieuses!

La birkat Cohanim

+ La birkat Cohanim (Nasso 6,22-27) :

-> Le midrach rapporte que : "Le peuple juif dit à Hachem : "Tu as ordonné à Tes Cohanim de nous bénir. Mais nous n'avons pas besoin de leur bénédiction car Tu peux nous bénir Toi-même ..."
Hachem répondit au peuple juif : "Bien que J'aie ordonné aux Cohanim de vous bénir, les bénédictions ne proviennent pas d'eux mais de Moi. Je me tiendrai au-dessus d'eux pour vous bénir"."

-> Lorsque les Cohanim élèvent les mains pour bénir le peuple juif, Hachem est présent au-dessus d'eux, comme il est écrit : "Voici, Il se tient derrière notre mur, Il regarde par les fenêtres, Il entrevoit par le treillis" (Chir haChirim 2,9).

Lorsque les Cohanim récitent debout la bénédiction, la Présence Divine est là, regardant par les "fenêtres", c'est-à-dire par les espaces séparant leurs doigts écartés. A travers ce "treillis", Hachem observe Israël pour le bénir.

La Torah dit donc : "Ils lieront ainsi Mon nom aux juifs et Je les bénirai" (Nasso 6,27).
Hachem déclare : "Ne pensez pas que ce soient les Cohanim qui octroient la bénédiction. Il leur faut seulement prononcer Mon Nom dans la birkat Cohanim, et J'accorderai Ma bénédiction".

C'est également un précieux cadeau fait aux Cohanim d'être les intermédiaires de l'influence bienfaitrice Divine. Cela constitue le 25e privilège que D. leur a accordé. Les 24 autres sont les diverses dîmes et offrandes.
La nature de cet avantage est sous-entendue dans l'expression : "Voici comment vous bénirez les juifs". Quiconque bénit le peuple juif est à son tour béni par Hachem, comme il est écrit : "Je bénirai ceux qui te bénissent" (Béréchit 12,3).
Le 25e bénéfice des Cohanim leur revient donc grâce à la birkat Cohanim.

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-> Nos Sages enseignent qu'il est interdit de regarder les Cohanim lorsqu'ils récitent la bénédiction des Cohanim, car comme la Présence Divine les accompagne, cela peut être nuisible pour la vue.
C'est la raison pour laquelle les hommes se couvrent le visage de leur talith lorsqu'ils reçoivent la bénédiction des Cohanim.
[A ce sujet,] Nos Sages enseignent qu'Its'hak devint aveugle notamment parce qu'il avait regardé la Présence Divine lorsqu'il avait été attaché sur l'autel de la Akéda.
[Méam Loez - Dévarim 1,5]

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-> Lorsque les Lévi'im ont proclamé les bénédictions et les malédictions, une partie des Bné Israël se tenait sur le mont Guérizim et l'autre sur le mont Eval, avec l'arche de D. au centre.
Les Lévi'im ont dirigé leur visage vers les Bné Israël, présentant le dos à l'arche, afin de témoigner du respect au peuple (cf. Dévarim 25,9).
De même, lorsque les Cohanim récitent la bénédiction des Cohanim, ils sont tournés vers les Bné Israël [bien qu'ils donnent le dos à l'arche] afin de faire preuve de respect envers leurs prochains.
[Méam Loez - Dévarim 1,16]

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-> "Ils imposeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël, et Moi, Je les bénirai" (Nasso 6,27)

-> Quand un homme est célèbre et honoré des autres, son épouse, surnommée "femme d’untel", en retire aussi de l’honneur.
S’il en est ainsi, l'Avodat Israël (rabbi Israël Hofstein), les enfants d’Israël sont plus honorables que les anges célestes, du fait que le Créateur les appelle par Son Nom. Nous sommes comme Sa fiancée, comme il est dit : "Alors, Je te fiancerai à Moi pour l’éternité".
Tel est le sens de notre verset : "Ils imposeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël" = ils seront désignés par le Nom de D., car ils constituent Son peuple bien-aimé. Par conséquent, "Je les bénirai" de toutes les bénédictions, tandis que toute l’armée céleste s’accordera sur le fait que l’honneur du peuple juif est aussi celui d'Hachem.

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-> "Voici comment vous bénirez les bnei Israël, dites-leur: que Hachem te bénisse ... Mettez Mon Nom sur les bnei Israël et Je les bénirai" (6,27)

Nos Sages disent (Tan’houma Pin’has) : "De même que leurs visages ne se ressemblent pas, leurs opinions ne se ressemblent pas". Par conséquent, comment est-il possible de bénir tout Israël avec une seule bénédiction globale et une seule formulation qui comprenne tout? En effet, celui-ci veut des enfants et celui-là de l’argent, celui-ci poursuit les honneurs, ...

C’est pourquoi la Torah n’a pas ordonné que les Cohanim bénissent Israël par des bénédictions détaillées et spécifiques, car de cette façon il est impossible de bénir tout Israël en une seule bénédiction. Elle a donc dit que les Cohanim ne bénissent pas Israël par différentes bénédictions, mais disent à tout le monde que Hachem les bénira.
En effet, Hachem qui sonde les cœurs et connaît les pensées donnera la bénédiction qui convient à chacun.
Il est écrit : "Voici comment vous bénirez les bnei Israël, dites-leur", qu’ils disent à tout le monde : "que Hachem te bénisse", qu’ils mettent seulement Mon Nom sur les bnei Israël et Moi Je les bénirai [chacun recevant ce qu'il y a de mieux pour lui!].
[Atéret Paz]

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-> Le Tsor haMor enseigne :
Bien que Hachem ait ordonné aux Cohanim de bénir le peuple d’Israël, c’est tout de même Lui qui bénit et qui approuve, par l’intermédiaire des Cohanim.
C’est pourquoi Il a dit : "Ils mettront Mon Nom sur les bnei Israël" = les Cohanim ne font que prononcer la bénédiction et les saints Noms, mais D. est Celui qui réalise cette bénédiction à travers eux.

Par ailleurs, quand les Cohanim connaissaient le Nom de D., Hachem répandait Sa bénédiction et les mots étaient placés dans la bouche du Cohen.

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-> "Voici comment vous bénirez les bnei Israël" (Nasso 6,23)
=> Pourquoi est-ce que ce sont les Cohanim qui ont été choisis pour bénir les bnei Israël chaque jour?

Le Beit Aharon rapporte l'explication suivante :
"Le Maharcha a commenté la formule fixée par nos Sages "pour bénir Son peuple Israël avec amour" (Sota 38b) en déclarant qu’une bénédiction se concrétise selon l’intention de celui qui la prononce. Il convient donc que la bénédiction émane d’une personne qui porte un regard positif et qui désire la donner.
Ainsi, l’efficacité d’une bénédiction dépend de la volonté réelle de celui qui la prononce.

Mais puisque nous ne pouvons pas prétendre être au niveau d’aimer chaque membre d’Israël du plus profond de notre cœur, D. a choisi les Cohanim, qui sont évidemment intéressés par l’entière réussite du peuple. En effet, leur subsistance dépend des offrandes données par les bnei Israël, et qu’ils reçoivent en qualité de prêtres (Cohanim).
Ainsi, plus la bénédiction répandue sur les bnei Israël est importante, plus leur contribution pour les cohanim sera abondante.
C’est la raison pour laquelle nous sommes assurés que leur bénédiction proviendra du plus profond de leur cœur et qu’elle se réalisera."

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-> Le 1er verset de la birkat Cohanim (v.6,24) est composé de 3 mots qui évoquent les 3 Patriarches : Avraham, Its'hak et Yaakov : Hachem nous accorde les bénédictions grâce à leur mérite.
Le 2e verset (v.6,25) contient 5 mots. Ceci nous apprend que nous sommes bénis grâce aux 5 Livres de la Torah.
Le 3e verset (v.6,26) renferme 7 mots qui correspondent aux 7 firmaments.

De plus, les 3 mots du 1er verset correspondent aux 3 hommes appelés à la lecture de la Torah le lundi et le jeudi.
Les 5 mots suivants du 2e verset, évoquent les 5 hommes appelés à la lecture les jours de fête (Yom Tov).
Enfin, les 7 mots du dernier verset correspondent aux 7 hommes appelés à la Torah le Shabbath.

Au cours d'une semaine normale, sont donc appelés à la Torah 8 juifs non Cohen ou Lévi (6 le Shabbath : 5 le matin et un l'après-midi à min'ha, un le lundi et un le jeudi) et 8 Lévi'im (4 Lévi'im et 4 Cohanim), soit 4 le Shabbath, 2 le lundi et 2 le jeudi.
Nos Sages établirent cette répartition afin d'éviter toute discorde entre Lévi'im et autres juifs, et matérialiser les derniers mots de la bénédiction : "et t'accorde la paix".

De plus, le 1er verset comprend 15 lettres, correspondant à la valeur numérique du Nom Divin : youd - hé (יה).
Le 2e verset comporte 22 lettres, valeur numérique de : hé - youd - hé (היה).
Les 25 lettres du 3e verset correspondent à : youd - hé - youd (יהי).
Ensemble, ces lettres nous apprennent que Hachem existait par le passé (haya - היה), existe au présent (hové - יה) et existera dans le futur (yiyé - יהי).
[ "Avec le nom [Youd-Hé - יה], Hachem fonda le monde" = avec ces 2 lettres le monde fut créé" (guémara Ména'hot 29b)]
Il était avant d'avoir créé le monde, Il existe dans le présent et Il continuera à être éternellement.

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-> Les 3 versets composants la birkat Cohanim étaient inscrits sur le lit du roi Salomon pour le protéger :
"Voici, la couche de Salomon avec ses 60 guerriers autour d'elle, parmi les puissants d'Israël" (Chir haChirim 3,7).
Ce verset ne veut pas dire littéralement que 60 soldats entouraient le lit du roi Salomon.
Ce roi puissant et intrépide n'avait pas besoin d'une garde de 60 hommes.
Ce verset fait plutôt allusion aux 3 versets de la bénédiction des Cohanim dont les 60 lettres, correspondant à différents Noms Divins, étaient gravées autour de son lit.

Lorsque les Cohanim prononcent cette bénédiction, ses 60 lettres montent vers les royaumes célestes.
Elles sont prises par 60 anges dont chacun est associé à l'une d'elles et leur nombre correspond aux 600 000 juifs.
Après avoir ratifié les bénédictions des Cohanim, les anges présentaient les lettres devant le Trône de Gloire et Hachem les ratifiait Lui aussi.
Tel est le sens de : "Ainsi, ils lieront Mon Nom aux juifs et Je les bénirai".
[...]

[Bien que les Cohanim bénissent tout le peuple juif (une pluralité de personnes), ils le font en utilisant le singulier. Pourquoi cela?]

En réalité, ces bénédictions se réalisent seulement lorsque le peuple juif est uni comme un seul homme.
Les mots de la bénédiction font comprendre à chaque juif : "Ces bénédictions te parviendront à la condition que vous soyez unis. Si la discorde vous sépare, tu n'en bénéficieras pas".

La conclusion de la bénédiction : "et t'accorde la paix" va dans le même sens. La bénédiction se matérialise à condition que la paix règne parmi nous car la paix est la condition essentielle de la bénédiction.

-> b'h, à propos de la paix : https://todahm.com/2019/07/08/la-paix

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-> La bénédiction des Cohanim fut prononcée pour la 1ere fois le 1er Nissan, jour où Hachem fit reposer Sa Présence dans le Michkan.
Ce jour-là, les juifs étaient comparables à une mariée entrant sous le dais nuptial. De même que 7 bénédictions sont récitées lors d'un mariage, les juifs reçurent la bénédiction des Cohanim.

Nous remarquons que dans le verset : "Ils lieront Mon Nom aux juifs et Je les bénirai" (וְשָׂמוּ אֶת שְׁמִי עַל בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וַאֲנִי אֲבָרְכֵם - Nasso 6,27), les lettres qui composent le Nom Divin (יהוה) apparaissent 7 fois (4 fois le youd, et 3 fois le vav).

[la lettre zayin (ז) a 7 pour valeur numérique. Sa forme pointue rappelle celle d'une arme (klé zayin)]
Ceci implique que la bénédiction des Cohanim protège le peuple juif comme une arme.

De plus, nous trouvons dans le verset : "Le jour où Moché termina d'ériger le Michkan" (Nasso 7,1) où le mot : "kalot" (termina - כַּלּוֹת) est une allusion aux 7 bénédictions nuptiales. En effet, ce mot peut également désigner une mariée (kalla).

[Méam Loez]

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-> Rabbi Eliézer dit : Hachem s'adressa à Avraham en disant : "Depuis la création du monde, c'était Moi qui bénissais Mes créatures, mais dorénavant Je confie les bénédictions entre les mains d'Avraham, et par la suite entre les mains des Cohanim"
[midrach Nasso 11,2]

Toutefois, chaque juif qui se fait bénir par les Cohanim doit savoir que cette bénédiction provient du Ciel et qu'elle ne fait que passer par leur bouche.

-> Pour les Cohanim, c'est une mitsva de la Torah que de bénir le peuple (cf. Nasso 6,23-27).
De leur côté, les fidèles qui écoutent attentivement la bénédiction des Cohanim accomplissent eux aussi une mitsva (Biour Halakha - au nom du Séfer 'Harédim).

-> Cette bénédiction qui sort de la bouche des Cohanim est d'une importance suprême, bien qu'elle provienne parfois, d'un Cohen très simple, qui n'est pas érudit en Torah.
En effet, l'acceptation de cette bénédiction ne dépend pas du Cohen, mais émane directement de la bouche du Cohen. (Ramban chap.15,6-7 ; Ben Ich 'Haï introduction à la paracha Tétsavé).
Le Zohar écrit que le moment où les Cohanim bénissent l'assemblée est un instant privilégié où les prières sont acceptées (chaat ratsone), où les mondes supérieurs et inférieurs reçoivent leur bénédiction et leur abondance spirituelle et matérielle (Kaf ha'Haïm 128,138).

-> Chaque Cohen qui s'abstient d'accomplir cette mitsva sans raison halakhique perd l'occasion de réaliser une mitsva. Il manifeste par cela un mépris pour la birkat Cohanim et éloigne de lui la bénédiction matérielle (Kaf ha'Haïm 128,16).
Par contre, s'il accomplit la birkat Cohanim, Hachem le bénit personnellement (Ben Ich 'Haï - Tétsavé 7).

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-> Dans le Zohar, il est expliqué qu’au moment où les Cohanim prononcent leur bénédiction, la Rigueur se transforme en Miséricorde, laquelle enveloppe tous les mondes.

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-> "Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël" (Nasso 6,23)

Dans les ouvrages saints, il est rapporté que cette grande mitsva donnée aux Cohanim de bénir le peuple éveille la miséricorde Divine, entraînant le déversement de la bénédiction sur les juifs et leur salut.

Dans son ouvrage Erets ha’Haïm, l’un des élèves du Baal Chem Tov, rapporte une kabbala au nom de Rabbi Chimchon d’Astropoli, selon laquelle certains moments de la prière sont très propices à l’agrément de nos requêtes : l’ouverture de l’arche sainte, l’élévation du séfer Torah et la bénédiction prononcée par les Cohanim à l’assemblée.
Il conclut par ce bon conseil : "Celui qui a une demande, qu’il la formule à l’un de ces moments-là et il pourra être assuré qu’elle sera exaucée".

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-> Nos Sages (Talmud de Jérusalem Sota 46,1) nous révèlent que la bénédiction des Cohanim est la ségoula que Hachem, dans Sa grande bonté, nous a accordée afin de nous protéger de toute calamité.
Citant le verset des Téhilim : "Le Tout-Puissant fait sentir Sa colère tous les jours", nos Maîtres se demandent qui peut annuler le courroux divin. Et Rabbi Abin affirme, au nom de Rav A’ha, que "la bénédiction des Cohanim en a le pouvoir".

-> La bénédiction des Cohanim est l’unique moyen de protection datant de l’époque du Temple qui est resté entre nos mains. Comme lors de ces jours d’antan, elle continue à nous protéger aujourd’hui.
Le Ramban (Béaaloté'ha) souligne que c’est le vestige du service au Temple effectué par les Cohanim, et il affirme qu’à notre époque, le service des sacrifices n’existe plus et les Cohanim ne l’effectuent plus, mais il nous reste cependant la bénédiction des Cohanim, seule fonction qu’ils pratiquent encore de nos jours.

Ceci rejoint les propos du Talmud de Jérusalem selon lesquels, en l’absence de Temple, où nous sommes malheureusement exposés à toutes les menaces, la bénédiction des Cohanim, qui, elle, s’est perpétuée jusqu’à nos jours, déverse sur nous la bénédiction Divine, nous protège de tout danger et mauvais décret et nous ouvre l’ensemble des portes nous permettant d’améliorer notre qualité de vie et de voir nos entreprises couronnées de succès.

-> Le Nétivot Shalom de Slonim explique la vertu de la bénédiction des Cohanim : "cadeau donné par Hachem à Son peuple ». Il ajoute que "la Torah et les mitsvot sont une aide accordée par Hachem au juif et contrebalançant tout ce qui l’éloigne ; mais, en plus de cela, le Créateur, dans Sa grande bonté, lui a donné la bénédiction des Cohanim, qui lui permet, chaque jour, de jouir de la bénédiction supérieure."

-> Le rav ‘Haïm Kanievski raconte qu’il a vu dans un ouvrage datant d’environ 100 ans (dont il ne se souvient plus le titre) que chaque mot de la bénédiction des Cohanim comprend une bénédiction particulière.
Par exemple, le terme vi’hounéka constitue une bénédiction pour les enfants ; l’expression véyassem lékha chalom, pour la paix conjugale, ...
Il ajoute que nous pouvons demander au Cohen de penser à nous quand il prononce le mot de la bénédiction correspondant au salut dont nous avons besoin, conseil s’étant bien souvent avéré efficace.
Rav Kanievsky ajoute : "Tous les jours, des gens connaissant des conflits au sein de leur foyer viennent me voir. Je pense qu’ils pourraient essayer cette ségoula".

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-> Le ‘Hida écrit que les Cohanim ont mérité de Hachem d’être ceux qui envoient l’influence des biens matériels vers les bnei Israël.
Comment ont-ils mérité cela?
A cause de la bonne conduite des Lévi'im en Egypte.

Le ‘Hida (dans son Peta’h Enayim) au nom du Chakh, explique : quand les bnei Israël ont emprunté aux égyptiens des ustensiles d’argent et d’or, dans le cadre du butin de l’Egypte, les enfants de Lévi ont décidé de ne rien prendre aux égyptiens, parce que cet argent revenait aux bnei Israël pour le travail qu’ils avaient effectué en Egypte pendant 210 ans. Mais comme eux, les enfants de Lévi, n’avaient pas été asservis en Egypte, ils n’avaient pas le droit de prendre du butin de l’Egypte.
Quand Hachem a vu qu’ils se dominaient en ce qui concerne l’argent, ce qui n’est pas du tout facile, Il les a estimés dignes de transmettre l’abondance des bénédictions matérielles pour la communauté d’Israël.
C’est pourquoi les cohanim sont ceux qui bénissent aujourd’hui le peuple d’Israël pour qu’il connaisse une abondance de bénédiction et de réussite.

-> Le rabbi ‘Haïm de Brisk a dit : je suis surpris de ceux qui courent au loin pour recevoir des bénédictions de tsadikim, alors qu’ils peuvent mériter cette bénédiction des Cohanim, à qui Hachem a donné la responsabilité officielle de bénir le peuple d’Israël.
C’est la signification du premier verset, "Que Hachem te bénisse et te garde" : que Hachem envoie à Israël une abondance de biens matériels et de sagesse, et les garde des voleurs, pour qu’ils ne viennent pas prendre cet argent. Et si nous cherchons des bénédictions, les cohanim, qui sont les envoyés de D., sont la bonne adresse.

-> Dans son approbation à l’ouvrage Birkat Cohanim béAhava, rabbi David Cohen (roch Yéchiva de 'Hevron), écrit : "Il y a quelque temps, je me suis rendu chez Gaon rav Steinman, qui m’a dit être très étonné que tant de gens attendant le salut dans un certain domaine cherchent à recevoir une bénédiction et sont souvent prêts à parcourir de longues distances pour cela, alors que rien ne leur garantit que cette pratique sera salvatrice. Ils ne prêtent pas attention au fait qu’ils disposent, chaque jour, d’une bénédiction dont Hachem a assuré le pouvoir de déclencher une abondante bénédiction, en l’occurrence la bénédiction des Cohanim, qu’ils ne s’efforcent donc pas d’écouter à tout prix".

-> Rabbi Moché Chmouël Schapira écrit :
Imaginons que nous entendions que le ‘Hafets ‘Haïm vient dans la ville et va bénir tous ceux qui iront le trouver : nous nous dépêcherions d’aller nous faire bénir par lui. Et s’il se répandait une rumeur selon laquelle tel tsadik qui a fait des miracles bénit ceux qui sont accablés de malheurs et que ses bénédictions se réalisent, il y aurait évidemment une longue queue au seuil de sa chambre, car tout le monde a envie d’être béni et pris en miséricorde.
Par conséquent, à combien plus forte raison il faut faire attention et se dépêcher pour ne perdre aucune occasion d’être béni par les Cohanim serviteurs de Hachem, puisque Hachem en personne promet : "Ils mettront Mon Nom sur les bnei Israël et Je les bénirai".

-> Rabbi Its’hak Weiss (dans son Eleph Ktav) écrit : "Quand un homme venait me demander de le bénir, j’avais l’habitude de lui répondre : “Puisse la brakha des Cohanim s’appliquer en ta faveur de ses 60 lettres, avec toutes les bénédictions qu’elle inclut d’après le Shass, les Midrachim et le Zohar!ˮ"

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-> Le Séfer ha’Hinoukh écrit à propos de cette mitsva :
Les Cohanim ont reçu l’ordre de bénir les bnei Israël tous les jours. Les fondements de la mitsva sont que Hachem dans Sa grande bonté désire bénir Son peuple par Ses serviteurs qui se tiennent toujours dans la maison de D., et dont toute la pensée est attachée à Son service. Leur âme est reliée tout le jour à la crainte du Ciel, et par leur mérite la bénédiction s’accomplira et ils seront bénis dans toutes leurs entreprises.

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On sait que le monde entier subsiste par le mérite de la birkat Cohanim, car il est dit dans midrach Téhilim : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, il n’y a pas de jour où il n’y a pas de malédiction, la rosée ne descend pas bénéfiquement, et le goût des fruits nous a été enlevé ... Par quel mérite subsistons-nous? Par le mérite de la birkat Cohanim!"
[Rabbénou Bé’hayé - dans son Kad haKema’h]

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b'h, voir également :
- https://todahm.com/2015/06/23/3387
- https://todahm.com/2019/01/23/9306-2

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-> "Que D. te bénisse et qu'Il te garde" (יַבָרֶכְךָ יַהוָה וַיִשְׁמְרֶך - Nasso 6,24)
-> "Que Dieu éclaire sa face vers toi et qu'Il te prenne en grâce" (יָאֵר יַהוָה פָּנָיו אֵלֶיךָ וִיחֻנֶּךָּּ - Nasso 6,25)
-> "Que Dieu tourne sa face vers toi et qu'Il te mette la paix" (יִשָּׂא יַהוָה פָּנָיו אֵלֶיךָ וַיָשֵׂם לְךָ שָׁלוֹם
- Nasso 6,26)

-> Nous pouvons observer qu'il y a 3 versets, 15 mots et 60 lettres.

Ces trois nombres ont un point commun en ce qui concerne l'expiation de la faute du Veau d'or. En effet, les trois versets correspondent aux trois fêtes qui expient par leur sainteté la faute du Veau d'or.
Les 15 mots qui sont contenus dans les trois bénédictions correspondent aux 15 jours existant dans les trois fêtes : 7 jours de Pessa'h, 7 jours de Souccot et 1 jour de Shavouot.
Les 60 lettres font allusion au fait que ces 15 jours annulent les 6 heures que dura la faute du Veau d'or du fait qu'ils représentent 60 fois 6 heures (un jour est constitué de 24 heures, donc 15 jours représentent 360 heures soit 60 fois six heures).
[nous pouvons ajouter que dans la bénédiction des Cohanim, il y a réellement six bénédictions, deux bénédictions par verset : 1- yévaré'hékha, 2- véyichméré'ha, 3- yaér , 4- vi'hounéka , 5- yissa , 6- shalom.
Chacune correspond aux 6 heures d'idolâtrie que le peuple d'Israël doit réparer. En ce qui concerne l'annulation dans une quantité de 60 fois supérieur (voir 'Houlin 108a).
Lorsqu'un morceau de nourriture non cashère se retrouve mélangé dans un récipient, il est nécessaire d'avoir 60 fois plus de nourriture cashère pour que cela s'annule et que la totalité reste considérée comme cashère (le batél béchichim).
De la même façon, les 6 heures de faute avec le Veau d'or, nécessitent 60 fois plus de temps pour parvenir à ce qu'elle soit annulée, expiée.]

À présent, nous comprenons pourquoi le Maître de l'univers ordonna à Aharon et à ses descendants les Cohanim de bénir Israël. En effet, avant la faute du Veau d'or, le peuple d'Israël n'avait pas besoin de recevoir de bénédiction par l'intermédiaire des Cohanim car chaque enfant d'Israël recevait directement un flux de bénédictions d'Hachem Lui-même depuis les mondes supérieurs sans aucun intermédiaire.
Cependant, après la faute du veau d'or, Israël endommagea ce lien privilégié d'abondance.
Ainsi, Hachem ordonna aux Cohanim, qui descendaient de la tribu de Lévi et qui ne prirent pas part à la faute du Veau d'or, d'attirer le flux de bénédiction sur tout Israël. Ainsi, le Maître de l'univers inséra en allusion, dans la bénédiction des Cohanim, l'expiation de la faute du Veau d'or.

Enfin, nous comprenons aussi pourquoi Aharon réalisa ces bénédictions sur le peuple avant même d'en avoir reçu l'ordre. En effet, à travers ce pouvoir de bénédiction accordé par le Créateur, le peuple put voir qu'Aharon avait été pardonné depuis le Ciel et qu'il constituait le vecteur d'abondance pour le peuple aux yeux des mondes supérieurs. En effet, Aharon était prêt à donner sa vie et à perdre son monde futur pour sauver les Bné Israël du décret de mort engendré par la faute du Veau d'or.
[Shvilé Pin'has]

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-> Le Torat Cohanim (Chémini - ot 17) rapporte que lorsque "Aharon leva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22), il hérita au même moment de la prêtrise et il mérita de bénir avec ses mains le peuple d'Israël mais aussi toutes les générations qui descendront de lui jusqu'à la résurrection des morts.

-> Aharon le Cohen mérita d'accéder par prophétie à la bénédiction du peuple d'Israël avant même qu'il ne reçoive ce commandement.
C'est la raison pour laquelle les Sages n'instituèrent pas la formule habituelle "acher kidéchanou", pour nous enseigner que les Cohanim réalisent cette mitsva uniquement par le mérite de la sainteté d'Aharon (bikdouchato chel Aharon) qui reçut cette bénédiction par prophétie.
[Shvilé Pin'has]

La femme Sota

+ La femme Sota (Nasso 5,27-31)

-> Après la combustion de l'offrande d'orge (min'hat hakénaot), la femme buvait l'eau amère.
Si elle était innocente, rien ne se produisait et elle était libre de retourner vivre avec son mari. Mais si elle s'était souillée, l'eau commençait à faire son effet : son visage devenait verdâtre, ses yeux sortaient de leurs orbites et ses organes enflaient.

Dès que ceux qui l'entouraient constataient ces symptômes, il criaient qu'on la fît sortir. Car la douleur déclenchait ses règles, ce qui interdisait sa présence sur le parvis du Temple.
Ensuite, son ventre se dilatait, ses organes sexuels se rompaient et la mort s'ensuivait.

Par miracle, à ce moment précis, l'homme avec lequel elle avait fauté mourait de façon semblable là où il se trouvait. Son ventre éclatait et ses organes sexuels se rompaient et la mort s'ensuivait.

["elle boit des eaux de la malédiction" (Nasso 5,24)]
Le mot "malédiction" (méarérim - מְאָרְרִים) a une valeur numérique de 496, soit 2 fois 248, ce qui correspond à 2 fois le nombre des organes du corps humain.
Cela nous apprend qu'à la fois l'homme et la femme coupables d'adultère mouraient.

L'épreuve de l'eau amère n'était efficace que si l'époux de la femme soupçonnée était lui-même innocent de toute faute, notamment s'il ne s'était jamais rendu coupable d'adultère. Sinon, l'eau ne causait aucune réaction.

[La guémara (Sota 28a) affirme que les eaux amères n'agissent sur la femme Sota que si son époux est net de toute faute, mais pas dans le cas contraire.
Le 'Hida enseigne que même si le mari était dévergondé comme son épouse, les eaux amères pourront avoir un effet sur sa femme, si son mari fait téchouva avant qu'elle ne boive ses eaux.]

Ainsi, si le mari se savait coupable d'une faute, il ne devait pas forcer son épouse à passer cette épreuve, de crainte qu'il ne subisse une sévère punition pour avoir causé l'effacement du Nom Divin en vain.

De plus, il gâchait la fonction disciplinaire de l'épreuve. En effet, sa femme se vanterait certainement devant ses amies d'avoir commis l'adultère, d'avoir bu l'eau et d'être sortie indemne de cette épreuve.
Ainsi, elle prétendrait que si ses amies fautaient comme elle, il ne leur arriverait rien non plus.

Du reste, à l'époque du 2e Temple où l'immoralité s'était répandue parmi le peuple et où les maris n'étaient pas irréprochables, le Sanhédrin abolit l'épreuve de l'eau amère.

Si une femme refusait de boire l'eau, on ne l'y forçait pas.
Son mari divorçait d'elle sans lui verser la somme prévue par son contrat de mariage (kétouba).
Par contre, si elle refusait de boire après l'effacement du Nom Divin dans l'eau, on l'y contraignait.

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+ L'histoire de 2 sœurs :

-> Voici l'histoire de 2 sœurs habitant dans 2 villes différentes, et qui se ressemblaient beaucoup.
Le mari de l'une d'elles devint jaloux de son épouse, et après l'avoir avertie de ne pas s'isoler avec un certain homme, exigea qu'elle passe l'épreuve de l'eau amère pour prouver son innocence.

En route vers Jérusalem, ils passèrent par la ville de la sœur de l'épouse, et la femme demanda à lui rendre visite.
Lorsqu'elles se rencontrèrent, la sœur soupçonnée dit à l'autre : "Ma chère sœur, sache que mon mari me soupçonne d'infidélité et veut me conduire à Jérusalem pour boire l'eau maudite. Que faire? Je me suis effectivement rendue coupable d'adultère!"

Sa sœur lui répondit : "Ne crains rien. Reste ici. J'irai à Jérusalem et je boirai l'eau à ta place. Rien de mal ne m'arrivera puisque je suis pure".
Elle passa les habits de sa sœur et partit pour Jérusalem. Elle but l'eau amère, et en effet rien ne se produisit.

A son retour, elle fut accueillie joyeusement par sa sœur qui l'embrassa, pleine de gratitude qu'elle lui ait sauvé la vie. Alors qu'elles s'embrassaient, la femme coupable sentit l'haleine de sa sœur. Cette odeur pénétra en elle et elle mourut sur place ...

=> Lorsque Hachem envoie l'ange de la mort pour prendre l'âme d'un homme, nul stratagème que le racha invente pour échapper à la mort ne lui sera utile.

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+ Mesure pour mesure :

-> Le sort de la femme adultère nous apprend que le châtiment subi par l'être humain correspond exactement, mesure pour mesure, à sa transgression.

[Par exemple : ]
- La femme s'est postée à l'entrée de sa maison pour que son amant la voie, le Cohen la place dévêtue à l'entrée du parvis du Temple.
- Elle a posé des fleurs dans ses cheveux pour s'embellir ; le Cohen la décoiffe et retire son foulard ;
- Elle a mis du fard, ainsi son visage devint-il verdâtre ;
- Elle a maquillé ses yeux, alors ses yeux grossissent ;
- Elle a tressé ses boucles, ses cheveux sont décoiffés ;
- Elle s'est parée de ceintures séduisantes, le Cohen l'entoure d'une corde de paille ;
- Elle a tendu sa cuisse, sa cuisse se rompt ;
- Elle a soumis son ventre à la faute, son ventre éclate ;
- Elle lui a servi des mets de choix, l'offrande qu'elle apporte est composée d'orge, un aliment pour les aliments.
L'orge symbolise également l'effronterie de la femme adultère.
Contrairement au blé, qui émerge du sol recouvert de nombreuses couches de balle, l'orge sort relativement découvert comme cette femme s'est découverte pour séduire les hommes.
[...]

- Elle a fauté en cachette et Hachem a fait connaître sa faute à tous.
[...]

La terre du Michkan mélangée à l'eau faisait allusion au sort qui attendait la femme adultère : elle allait mourir et reposer dans la terre infestée de vers ...

Les 3 choses bues par la Sota (la terre, l'eau et les lettres du Nom Divin) rappellent les 3 éléments que mentionne la michna (Pirké Avot 2,1) : "Considère 3 choses et tu n'en viendras pas à la faute :
- "d'où tu viens : d'une goutte malodorante" => il s'agit de l'eau amère ;
- "où tu vas : dans un lieu de terre et de vers" => il s'agit de la terre prise sous le Michkan ;
- "devant qui tu devras rendre compte : devant le Roi des rois, le Saint, qu'Il soit exalté" => il s'agit du Nom de D. introduit dans l'eau.

Ces 3 éléments sont mélangés à l'eau amère afin de rappeler que si la femme avait médité à ces 3 choses, elle n'aurait pas commis cette faute.

Le fait que l'eau amère lui soit donnée par un Cohen est également significatif.
Le Cohen Gadol aimait la paix et s'efforçait de la faire régner parmi les hommes.
La consommation de l'eau amère permettait de rétablir la paix entre l'homme et son épouse lorsqu'elle était innocente.
[...]

Lorsque les juifs vivaient en Egypte, les égyptiens affirmaient avoir cohabité avec les femmes juives.
De ce fait, de nombreux juifs soupçonnèrent leur épouse.
Hachem dit donc à Moché : "Je désire que tu fasses passer aux femmes l'épreuve de l'eau amère. Écris le Nom explicite, mets-le dans l'eau, et fais-leur boire cette eau".

Toutes les femmes [juives] furent mises à l'épreuve et leur innocence fut prouvée.
De fait, c'était grâce à leur moralité que les juifs furent délivrés. Hachem les mit à l'épreuve par l'eau [amère] comme on le fait à une femme soupçonnée d'adultère.
Cette épreuve leur fut administrée [à Mara], comme il est écrit : "Et là Il les mit à l'épreuve" (Chémot 15,25), afin d'ôter tout soupçon de l'esprit des époux.

Au même moment, les hommes furent aussi, de fait, mis à l'épreuve pour déterminer s'ils n'avaient pas fauté avec les femmes égyptiennes.

[Meam Loez - Nasso 5,27-31]

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-> La femme Sota (soupçonnée d'infidélité conjugale) a jeté son regard sur un homme qui ne lui est pas approprié.
Elle n'obtient pas ce qu'elle désirait, et de plus ce qu'elle possédait lui est retiré, car quiconque convoite ce qui ne lui appartient pas n'obtiendra pas ce qu'il désire et se verra privé de ce qu'il possède.
[guémara Sota 9a]

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-> "Le Cohen puisera de l'eau ... et prendra de la terre du sol du Michkan" (Nasso 5,17)

-> On utilise la terre, qui possède 2 propriétés contradictoires :
- d'une part, la terre est un matériau méprisable de peu de valeur et foulé par tous ;
- d'autre part, la terre fécondée par la pluie produit de beaux fruits et la nourriture de l'homme.
Ces 2 propriétés contradictoires font allusion aux 2 effets contradictoires que peuvent produire les eaux amères bues par la femme Sota :
- si son ventre gonfle et son flanc dépérit, c'est qu'elle s'est souillée et elle devient ainsi méprisable ;
- si elle reste indemne, c'est qu'elle est restée pure et produira de "beaux fruits" : une postérité de tsadikim.
[Maharcha - 'Hidouché Aggadot]

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+ Rava dit : Pourquoi la Torah demande-t-elle (au Cohen) de mettre de la poussière (afar) dans l'eau que doit boire la femme Sota (soupçonnée d'adultère par son époux)?
C'est parce que si elle est innocente, elle aura un fils comme Avraham qui avait dit : "Et moi qui ne suis que poussière et cendres" (Béréchit 18,27), et si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière.

Rava fait ce commentaire : Par le mérite (d'humilité) d'Avraham qui s'est comparé à la poussière et aux cendres, ses descendants ont bénéficié de 2 commandements : les cendres (purificatrices) de la Vache Rousse (para adouma) et la poussière (purificatrices) de la femme Sota.
[guémara Sota 17a]

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=> Comment comprendre : "Elle aura un fils comme Avraham"?

-> Cette femme, accusée à tort d'infidélité, s'est considérée comme la poussière de la terre en acceptant les humiliations de la procédure de Sota.
C'est pourquoi, mesure pour mesure, elle aura le mérite d'avoir un fils humble, qui se considérera comme poussière et cendre, malgré son haut niveau, comme notre ancêtre Avraham.
[Tiféret Tsion]

-> L'intention n'est pas de dire que la femme innocente aura un fils du niveau d'Avraham, mais qu'elle aura un fils convenable (hagoun), comme d'Avraham est sorti un fils hagoun : Its'hak.
En effet, il y a un parallèle entre la situation d'Avraham et celle de la Sota innocente : les moqueurs attribuaient la paternité d'Itshak à Avimélé'h, roi de Guérar, qui avait pris Sarah dans son palais avant de la libérer, et Its'hak s'est révélé être un fils hagoun ; de même, cette femme Sota a subi la médisance de ses concitoyens, et déclarée innocente, elle aura le mérite d'avoir un fils hagoun.
De plus, si elle enfantait jusque-là avec difficulté, elle enfantera facilement ; si elle n'avait eu que des filles, elle enfantera un garçon ; si elle avait des enfants de petite taille, celui-ci sera grand.
[Min'ha 'Hariva]

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=> Comment comprendre : "si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière"?

-> C'est à partir du petit os nommé : louz (לוז), habituellement indestructible, que s'effectuera la résurrection des morts.
Cependant, pour la femme Sota, si elle meurt après avoir bu les eaux "amères", ce qui prouve sa culpabilité, son louz redeviendra poussière et elle ne pourra pas bénéficier de la résurrection.
Pourquoi? Du fait qu'en ne reconnaissant pas sa faute, elle a provoqué l'effacement du Nom Divin qui ne doit pas être effacé inutilement, alors mesure pour mesure, son louz sera réduit en poussière alors qu'il est indestructible pour les autres personnes.
[Tiféret Tsion]

-> Habituellement, chacun des 2 composants de l'homme rejoint sa source, après la mort :
- le corps retourne vers la poussière avec laquelle il a été créé ;
- l'âme rejoint le Ciel d'où elle est issue.
Cependant, si la femme Sota est coupable, bien que son corps retourne dans la poussière de la terre, son âme ne rejoint pas sa source ; c'est pourquoi Rava dit que la femme coupable, et non pas seulement son corps, retournera dans la poussière.
[Iyé haYam]

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-> Selon le 'Hatam Sofer, la guématria des 2 mots : afar (poussière - עפר) et éfer (cendres - אפר) est de 631.
Or, c'est la même guématria que celle du mot : kéTorah (comme la Torah - כתורה).
Cette guématria commune fait allusion au fait que la Torah ne peut se maintenir que chez les gens humbles et non pas chez les orgueilleux.

-> Avraham voulait dire : comme la poussière (afar), je ne vaux rien au départ (on peut alors l’ensemencer pour fournir de la nourriture, on peut la modeler pour en faire des récipients, ...), et comme les cendres (éfer), je ne vaux rien après (ex: un bois a beau être précieux, il n'est plus rien d'utile réduit en cendres).
Les descendants d'Avraham auront 2 récompenses :
- la poussière de Sota = pour prouver que la Sota était pure jusque-là ;
- les cendres de la para = pour purifier le tamé mét à partir de maintenant.
[Beit haLévi]

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-> "Le Cohen l'approchera (la femme Sota) et la placera devant Hachem" (Nasso 5,16)

Apparemment les mots : "Et la placera" sont en trop. Le verset aurait pu dire simplement : "Le Cohen l'approchera devant Hachem".
En fait, au moment où la femme Sota nie avoir fauté, le Cohen doit lui rappeler que si elle ment, on devra effacer le Nom Divin pour rien. Si elle a fauté, elle doit avoir "pitié" du Saint Nom et avouer sa faute pour ainsi éviter de l'effacer.

Ce verset fait allusion à cela : "Le Cohen l'approchera" physiquement de la cour du Michkan, "et la placera" moralement "devant Hachem", c'est à dire qu'il la placera face à ses responsabilités en lui faisant prendre conscience que sa faute va avoir des conséquences "devant Hachem", puisqu'on effacera Son Nom.
Si elle est fautive, il est donc préférable qu'elle avoue, par "pitié" pour le Nom Divin.
[Zeved Tov]

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-> "Si elle est pure, elle sera disculpée et engendrera une descendance" (Nasso 5,28)

Il est dit dans la guémara (Bera'hot 31b) que si la femme était auparavant stérile, elle engendrera. Si elle enfantait dans la douleur, elle enfantera facilement. Si elle avait un enfant, elle en aura deux.

=> Puisque tout ce qui concerne cette femme a été amené par le fait qu’elle s’est isolée avec un étranger, a suscité la jalousie de son mari et ne lui a pas obéi : par conséquent, pourquoi devrait elle avoir une tellement grande récompense?

Selon le rav Eliyahou Lopian, on apprend de là un grand principe dans le service de D. :
Cette femme, qui est arrivée à un point de telle bassesse qu’elle s’est isolée avec un homme étranger, même après les mises en garde de son mari, a en fait surmonté une épreuve terrible.
Maintenant, on s’aperçoit que par sa force spirituelle, elle a vaincu son désir et n’en est pas arrivé à la faute, "elle est pure". Un tel acte de courage, de conquête des instincts, lui fait mériter une récompense énorme, bien que si elle ne s’est pas repentie, elle doive aussi recevoir le châtiment de l’acte même de s’être isolée.
Mais pour avoir dominé ses instincts, elle aura sa récompense, "elle sera disculpée et engendrera une descendance".

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-> "Hachem parla à Moché en disant (lémor) : Parle aux enfants d’Israël et dis-leur: Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs, lui devient infidèle" (Nasso 5,11-12).

Le midrach explique que le terme "en disant’ (lémor) signifie ici : pour les générations à venir.
=> Sur quoi ce midrach s’appuie-t-il pour affirmer une telle chose (alors que ce terme est très souvent employé dans la Torah).

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan) explique que lorsque les Bné Israël se trouvaient dans le désert, ils n’avaient pas besoin d’utiliser les «eaux amères» de la Sotah (soupçonnée d’infidélité) afin de savoir si une femme avait effectivement été infidèle ou non. En effet, la génération du Désert jouissait au quotidien de la Manne.
Le Tiféret Yonathan (se basant sur la guémara Yoma 75b) enseignent :
"Le Prophète révélait à Israël [tout ce qui était caché] dans les trous et les fissures ; la Manne faisait exactement la même chose. Comment? [Par exemple,] deux hommes en litige comparaissaient devant Moché; l’un accusait: ‘Tu m’as volé mon esclave’, et l’autre répondait: ‘Tu me l’as vendu’. Moché déclarait alors: ‘Je remets mon jugement à demain matin’. Le lendemain, selon qu’on trouvait la mesure de Manne destinée à l’esclave chez son premier ou chez son second maître, on savait s’il avait été volé par le second ou vendu par le premier.
De même, si deux époux comparaissaient devant en s’accusant mutuellement, Moché disait: ‘Je remets mon jugement à demain matin’. Le lendemain, si l’on trouvait la mesure de Manne destinée à l’épouse au foyer de son mari, on savait que c’était lui qui l’avait outragée; mais si on l’a trouvée chez son père, on savait qu’elle était coupable".

=> Grâce à la manne qui tombait le matin, Moché avait la réponse. Si elle tombait près de la maison du père, cela indiquait que la femme avait trompé son mari.
Ainsi, pendant la période du désert, il n’était absolument pas nécessaire de faire boire la Sota. Ce passage concerne donc les générations suivantes.

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-> "Un homme dont la femme s'écarte (tisté - תשטה)" (Nasso 5,12)

-> La Paracha de Nasso décrit le cas de la Sotah, cette femme soupçonnée d’adultère après s’être isolée avec un certain homme, malgré la mise en garde de son mari. Celle-ci devait boire une eau amère dans laquelle un parchemin comportant le passage relatif à cette mitsva, y compris le nom de D., avait été effacé et son encre dissoute. Si elle était coupable, cette potion la tuait. Si elle était innocente, l’eau devenait pour elle un élixir de bénédiction.
Cet épisode est une allégorie de notre relation avec Hachem, le peuple juif étant comparé à une jeune mariée et D. à son époux. En effet, le lien forgé entre eux au Sinaï fut semblable à celui d’un mariage. Ainsi, chaque fois qu’un juif commet un péché, si léger soit-il, il trahit l’alliance, "le contrat matrimonial", entre lui-même et D.
Il est coupable d’adultère spirituel, d’infidélité envers son partenaire divin.
=> Pourquoi l’adultère est-il le prototype de tout péché?

La Torah commence sa description de la femme Sotah par le verset : "Un homme dont la femme s’écarterait [du bon chemin]" (Nasso 5,12).
Le terme hébraïque pour "s’écarterait" (tisté - תִשְׂטֶה), possède la même racine que le mot : Shtout (שטות), la folie. C’est aussi le sens du nom Satan (שטן), l’autre appellation du yétser ara (le mauvais penchant) (voir guémara Baba Batra 16a), celui qui nous détourne du "droit chemin".
[le yétser ara" est appelé par le roi Shlomo : "un roi vieux et stupide" (mélé'h zakén ou'hssil - Kohélet 4,13)
Selon le Abir Yaakov, il est "vieux" car il arrive dès la naissance d'une personne, tandis que le yétser atov (le bon penchant) ne vient qu'à compter de 12 ans (femme) ou 13 ans (homme).
Il est un "roi sot", car il règne sur la folie en faisant tomber les hommes, comme il est dit : "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui" (guémara Sotah 3a).]

Remarquant cette similitude, la guémara (Sotah 3a) enseigne : "Une personne ne commet une faute que lorsqu’un esprit de folie s’empare d’elle". Si ce n’était pour cette folie, nous demeurerions constamment attachés à D. en accomplissant Sa volonté, de par l’expression de notre libre arbitre.
La Sota est interdite de relations conjugales avec son mari jusqu’à ce que l’épreuve des eaux amères l’ait innocentée. Après cela, cependant, elle peut non seulement retourner auprès de lui, mais de plus ils sont bénis par de nouvelles heureuses naissances.
=> Il en va de même spirituellement : la division entre D. et nous causée par nos fautes n’est que temporaire. Et bien qu’il soit vrai que celui qui transgresse la volonté de D. nie en quelque sorte Son unité, et par ailleurs, contemplant ses péchés, qu’il puisse tomber dans le désespoir en pensant que "D. m’a abandonné et Hachem m’a oublié" (Yéchayahou 49,14), il doit se souvenir qu’il peut toujours se rapprocher à nouveau du Créateur.
En effet, nous avons la possibilité de revenir à Lui, de nous attacher à Lui et de faire naître en nous de nouveaux sommets d’amour et de crainte de D., comparés à des enfants qui illuminent notre vie.
Cette relation renouvelée est l’effet de la révélation de la partie la plus profonde de l’âme, qui surmonte "l’esprit de folie". Cette libération personnelle est ressentie par chaque juif et chaque juive qui fait téchouva. Et chaque rédemption individuelle s’additionne aux autres de sorte que bientôt nous mériterons la Rédemption générale de l’Univers tout entier avec la venue du machia’h.
[Collel de Sarcelles - feuillet de la communauté - 5782]

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-> "Un homme dont la femme s'écarte (tisté - תשטה)" (Nasso 5,12)

Nos Sages constatent que ce terme "tisté" (תשטה) peut aussi signifier "qui est prise de folie". Et ils expliquent que cela vient enseigner qu'un homme ne peut fauter que s'il est pris d'un vent de folie. Mais cela est étonnant. On sait que le mauvais penchant s'évertue pour séduire l'homme et éveiller en lui le désir de la faute. Parfois même, une personne peut lutter contre son penchant pour ne pas fauter même si finalement, ses pulsions pourront avoir raison de lui.
=> Comment donc affirmer que la faute n'est possible que par esprit de folie?

-> Les livres de Moussar insistent sur l'origine Divine de l'âme d'un juif, qui est même plus haute et sainte que
les anges les plus élevés. Par cette âme, il est attaché à Hachem et bénéficie de l'honneur et de l'élévation inégalable que lui confère cette proximité. D'autre part, la faute c'est la transgression de la Volonté Divine.
Quand un homme commet une faute, il se détache d'Hachem pour tomber dans les abîmes de l'impureté. Cela constitue une chute vertigineuse du si haut niveau de proximité et d'intimité avec Hachem, source de toute vie et de tout bien, pour tomber dans les filets du penchant et de l'impureté que cela représente.

Cela ressemble à un roi, vêtu de parures royales et qui jouit de tous les honneurs et prestige, même pour satisfaire le plaisir le plus grand et le plus alléchant, serait-il prêt à se jeter dans des égouts, remplis d'immondices à l'odeur insupportable et où il serait couvert de saleté et de pourriture?
S'il le fait, tout le monde dira sans aucun doute qu'il a été traversé d'un vent de folie! Un roi si raffiné et glorieux, comment a-t-il pu s'humilier et se rabaisser à ce point? Et même pour le plus grand plaisir imaginable!
Il en est exactement de même pour la faute. Certes, le penchant éveille avec force le désir de la faute. L'homme peut parfois même lutter contre la tentation pour ne pas céder au désir. Mais si finalement il cède, c'est que le penchant a réussi à le rendre "fou". Il lui a fait oublié la sainteté divine de son âme et lui fait croire que ce simple plaisir ne va pas changer grand chose à son niveau. S'il était conscient de la réalité de la chute et de l'humiliation insoutenable que vivait son âme au moment de la faute, aucune tentation au monde ne pourrait le mener à aucune faute.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

[ainsi de nos jours, la notion de femme Sota se rapporte à notre relation avec Hachem, et d'à quel point on doit éviter de se laisser aller à un "esprit de folie" passager. ]

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-> "Elle approchera son offrande ... de farine d'orge" (Nasso 5,15)

-> La femme Sota soupçonnée d'adultère devait apporter une offrande de farine d'orge, sans huile, ni Lévona, contrairement aux autres offrandes de farine, qui étaient constituées de blé et contenaient de l'huile et du
Lévona. Rachi explique que cette femme en s'isolant avec cet homme interdit a adopté une attitude animale, elle apportera donc de l'orge, nourriture des animaux. Elle a agi dans l'obscurité, elle n'amènera donc pas d'huile qui permet d'éclairer. Et comme nos saintes matriarches sont appelées Lévona dans le verset : "Dans la plaine de Lévona" et qu'elle s'est éloignée de leurs comportements, elle n'amènera donc pas de Lévona.
=> Mais on peut s'interroger. Comment peut-on reprocher à la femme Sota de ne pas ressembler à nos saintes matriarches au même moment où on lui reproche de s'être comportée comme un animal, dans l'obscurité? Peut-on reprocher à une femme de comportement débauchée de ne pas être une sainte?

Le rav Ben Tsion Brok fait remarquer que nous voyons de là que même dans l'impureté la plus profonde, un homme ne perd jamais son libre arbitre et sa possibilité de faire machine arrière. Certes, le repentir doit être progressif, mais s'il le décide, il pourra petit à petit sortir de toutes ses corruptions jusqu'à atteindre les plus hauts niveaux de sainteté.
L'homme ne doit jamais dire : "Au point où j'en suis, si éloigné que je suis, je suis perdu. Je ne peux plus revenir à la Torah". Tout homme, là où il se trouve, peut à tout moment s'il le décide, sortir de sa boue et se sanctifier jusqu'à finir par pouvoir ressembler à nos saints ancêtres.
=> C'est pourquoi, même à la femme Sota, qui s'est comportée comme un animal, la Torah continue à avoir espoir en elle.
Même au plus bas de sa corruption, elle aurait pu se ressaisir et remonter la pente jusqu'à s'élever à la sainteté des matriarches.
Et comme le dit le Rambam, dans le Ciel on reprochera à Yérovam Ben Névat d'avoir confectionner ses veaux pour l'idolâtrie au même titre qu'on lui reprochera d'avoir négliger le érouv tavchilin, qui est bien plus léger. Car chaque juif conserve toujours cette sainteté qui lui permet à chaque moment de se ressaisir jusqu'à finir par pouvoir atteindre les plus hauts niveaux de sainteté. Et effectivement, Hachem exige même aux pire des impies : "Pourquoi n'as-tu pas été aussi saint que les patriarches?"

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-> "Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : "Tout homme (ich ich) dont la femme dévie et commet un adultère à son encontre..."" (Nasso 5,12)

La paracha Nasso aborde la mitsva de Sota, le cas où une femme mariée s’isole avec un autre homme après avoir été mise en garde par son mari, qui l’a défendue de récidiver. Quand la Torah évoque le mari en question, elle répète le mot "ich".
Le Midrach relève cette redondance apparemment superflue. Il affirme qu’il convient d’être "vatran" (accommodant, conciliant) : par exemple si du vin se renverse, il ne doit pas en tenir rigueur à sa femme.
=> Une question s’impose : pourquoi la Torah choisit-elle de donner ce conseil ici, alors que le lien avec le verset n’est pas du tout apparent?

-> Le rav Yissa'har Frand explique que ce midrach vient éclaircir la terminologie inhabituelle "ich ich" employée par la Torah pour décrire le mari. Il explique que le mot "ich" fait allusion au côté masculin à la force de l’homme et à sa confiance en soi, la réitération montre que le mari fut peut-être trop ferme ou dominateur dans sa manière de diriger son foyer et trop sévère devant les erreurs commises par son épouse. Sa nature accablante ou intransigeante incita sa femme à se dévoyer, afin d’être traitée plus affablement.
Bien entendu, on ne cherche pas à justifier la conduite de la femme (même si son mari était mauvais), qu’elle ait concrètement commis un adultère ou qu’elle se soit "simplement" isolée avec un autre homme. Mais le midrach souligne qu’un tel comportement ne s’est pas déclenché tout seul. Ses actions sont probablement le résultat d’une relation problématique, quid débuta par de petites choses, par exemple par les cris du mari si elle a renversé du vin. Le midrach en déduit qu’il faut faire attention à ne pas être trop autoritaire ou oppressant.

[ un homme doit faire l'effort d'aller contre nature pour être indulgent, souple et dire de nombreux compliments, des paroles d'amour, ... à sa femme
De cette façon, le lien créé est fondé sur l’amour et la confiance plutôt que sur la crainte et la menace. ]

[il est intéressant de noter que lorsque l'on est en colère on est prêt à jurer qu'on ne va pas se laisser faire, qu'on aura le dernier mot. (on se fait D., reniant d'une certaine façon la volonté de D.)
Or, dans l'épisode de la Sota, Hachem demande qu'on efface son nom dans l'eau pour parvenir à la paix. De même, au moment de notre colère avec notre épouse, où l'on est prêt à jurer fortement au point de le faire comme sur le nom de D. (ou bien sur la Torah), alors on doit être prêt à dissoudre ce nom (ce jugement qu'on fait) [annulant son essence], et ainsi il en ressortira de la paix, de l'amour renforcé, b'h.]

"Procédez à un recensement" (Bamidbar 1,2)

-> En général, tous les avantages que Hachem offre au peuple juif sont soumis à la condition qu'ils observent les commandements de la Torah.
D. leur dit : "Je vous aime plus qu'aucun peuple et Je désire vous élever au-dessus de toutes les nations. Moi qui suis élevé au-dessus de toutes les créatures, comme il est écrit : "A toi, Hachem, est la royauté et Tu es élevé au-dessus de toutes choses", Je vous élèverai au-dessus de tous les peuples, comme il est écrit : "D. fera de vous les plus hauts parmi toutes les nations de la terre".
Cependant, il n'en sera ainsi que si vous observez les commandements de D."

["Procédez à un recensement" (chéou ét roch = qui signifie littéralement : "élevez la tête".]
La Torah fait allusion à cette promesse dans l'expression "élevez la tête" qu'elle emploie dans ce verset. Au lieu d'utiliser le mot usuel "pékod" signifiant compter (comme : pékoudé), comme elle le fait au sujet du recensement des Lévi'im, la Torah emploie l'expression : séou ét roch, littéralement : élevez la tête".

L'expression "élevez la tête" a 2 connotations, l'une positive, l'autre négative.
Elle peut signifier être élevé à une fonction importante, ou être décapité.
En effet, lorsque Yossef déclara au maître panetier : "Pharaon élèvera ta tête" (Béréchit 40,19), il voulait dire que le roi le décapiterait.

L'expression "élever la tête" signifie que les juifs peuvent devenir supérieurs aux nations. Cependant, s'ils négligent les commandements le contraire se produira et ils seront livrés aux mains de leurs ennemis pour briser leur orgueil.

[Méam Loez - Bamidbar 1,2]

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-> Le Sim’hat haTorah soulève 2 questions : pourquoi le verset n’emploie-t-il pas le verbe "compter" mais "élever" [traduction littérale de : séou - שְׂאוּ] et pour quelle raison évoque-t-on "toute la communauté", alors qu’il est ici question d’un compte individuel?

En réalité, Hachem connaît pertinemment le nombre exact de Ses enfants, mais, en les comptant, chacun d’entre eux acquiert plus de valeur à Ses yeux. Devenant ainsi membre de la légion du Roi, il s’élève et devient plus important.
Néanmoins, le particulier ne prend toute sa valeur que dans la mesure où il fait partie intrinsèque de la collectivité. C’est pourquoi le relevé des enfants d’Israël correspond au compte de "toute la communauté".

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-> Le rav Yaakov Galinsky (Véhigadéta) enseigne :
"La paracha Bamidbar commence par le décompte des juifs. Ce recensement se fait en 2 temps. Tout d'abord, il y a le compte individuel où chaque personne par tribu fut comptée (Bamidbar 1,20-43). Puis, intervient le décompte global où la Torah donne le nombre de tous ceux qui ont été dénombrés.
La 2e partie de la paracha Bamidbar consiste à placer chaque tribu sous des drapeaux autour du camp d'Israël. Là aussi tout d'abord chaque tribu, placée à une certaine position, est comptée. C'est la dimension individuelle. Puis la Torah englobe tout le peuple et
donne le nombre de toute la communauté.
=> On peut se demander pourquoi la Torah, qui est d'une précision et d'une exactitude absolue, a tenu à réaliser ces deux décomptes : l'un individuel, et l'autre collectif ?

Chaque juif a son importance de par lui-même. Il a un rôle spécifique à jouer que personne d'autre ne pourra faire à part lui. Il a son originalité et des forces uniques ...
Personne n'est parfait, comme le dit si bien le verset : "Il n'existe point d'homme sur terre qui fasse le bien sans jamais fauter".
Quand un homme est observé de façon individuelle, ses défauts apparaissent. Mais, quand il est intégré dans la collectivité, alors tous ses défauts sont neutralisés. On ne les voit plus.
Si au titre personnel, l'individu a des défauts, au titre global, la collectivité d'Israël est parfaite. Comme le dit le verset :
"Tu es toute entière belle, ma compagne, et tu n'as aucun défaut".
C'est à dire que quand tu es ''toute entière'', c'est-à-dire que toute la communauté est rassemblée, alors ''tu es belle, sans aucun défaut''. Tous les défauts de l'individu se dissolvent quand il fait partie de l'ensemble.
Ainsi, les accusations qui peuvent exister quand on regarde chacun séparément n'ont plus de place dans la collectivité.

C'est pourquoi, dans la paracha Bamidbar après avoir dénombré chaque juif pour faire apparaître sa spécificité, il est nécessaire de l'inclure ensuite dans le groupe. C'est alors que les accusations disparaissent.

Après la paracha de Bé'houkotaï, qui décrit les malédictions, la Torah doit introduire Bamidbar, pour inclure chaque juif dans la totalité, de sorte que par rapport à cette collectivité, toutes les malédictions et les accusations se taisent.
On peut dire que Bamidbar permet de se protéger de Bé'houkotaï, c'est le remède à ses malédictions.
Quand Balak cherche à obtenir les malédictions de Bil'am à l'encontre d'Israël, il l'amène à un certain endroit et lui dit que là "tu le verras en partie, mais pas en entier" = c'est le moyen que Balak a trouvé pour maudire Israël. Quand on le voit en partie. Là les défauts apparaissent. Mais, si on le voit en entier, on ne peut plus maudire.
"Ton peuple est tout entier des Justes (tsadikim)" = Quand le peuple est réuni, tout entier, il n'y a alors que des Justes. Les imperfections de chacun disparaissent.

A l'image de Bamidbar pour Bé'houkotaï, la paracha de Ki Tetsé aussi rapporte de dures malédictions. Mais là aussi, la paracha qui la suit, Nitsavim, vient s'en prémunir. En effet, cette Paracha commence par les mots : "Vous êtes debout aujourd'hui vous tous". Là encore, c'est le "vous tous", c'est l'union de toute la communauté, qui a la force de se protéger des malédictions et de s'en prémunir."

-> b'h, également sur ce sujet : https://todahm.com/2021/05/23/31770

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+ Les raisons du recensement :

[Outre le fait qu'il exprimait l'amour de D. envers les juifs, le recensement avait plusieurs autres objectifs dont : ]

1°/ Faire passer chaque homme devant les saints Moché et Aharon.
Tandis qu'ils inscrivaient le nom de l'homme debout devant eux, Moché et Aharon le regardaient et lui murmuraient une bénédiction :"Puisse D. te multiplier mille fois et te bénir".
Cela éveillait l'attribut de pitié et de bonté de D. en faveur de chacun, ce qui ferait prospérer le peuple juif.

2°/ [Inscrire tous les hommes aptes aux services militaires.] De même que les souverains recensent leurs armées lorsqu'ils se préparent à la guerre pour connaître les forces dont ils disposent, Hachem ordonna le recensement des juifs avant leur départ en guerre contre Si'hon, Og et tous les autres rois cananéens pour conquérir la Terre Sainte.

Certes, les guerres menées par les juifs ne ressemblaient pas à celles livrées par les autres rois, tablant sur leur supériorité numérique et la puissance de leur armée. Toute chose que l'on peut accomplir par des moyens naturels doit être effectuée de cette façon.

3°/ Selon certaines opinions, Hachem a ordonné de compter les bnei Israël est pour que les forces impures n’aient aucune prise sur eux. Car le désert est l’endroit où règnent les démons et les esprits mauvais, c’est pourquoi Hachem les a protégés dans le désert en les comptant, puisque les forces impures n’ont aucune emprise sur toute chose comptée et mesurée.

Cette idée figure dans la guémara 'Houlin (chap.8), où la guémara parle de travailleurs qui transportaient du vin, et à chaque fois ils se reposaient dans la rue au-dessous d’une gouttière. Un jour, un démon arriva et cassa tous les fûts. Les travailleurs décidèrent d’assigner ce démon en din Torah devant Mar fils de Rav Achi.
Quand Mar fils de Rav Achi entendit leurs griefs, il décida d’excommunier le démon.
Quand le démon entendit cela, il eut peur, se présenta devant le Rav, et lui dit que les travailleurs s’étaient assis exactement sur son lit.
Le Rav lui demanda : "Et pourquoi as-tu choisi de dormir dans la rue? S’il en est ainsi tu dois payer".
Le démon promit de payer, mais de nombreux jours passèrent et il n’apparaissait pas. Quand il finit par se montrer, Mar fils de Rav Achi lui demanda : "Pourquoi as-tu tellement tardé?", et il répondit : "Sache que sur toute chose liée, mesurée et scellée, je n’ai aucun pouvoir. C’est pourquoi j’ai cherché une chose abandonnée qui ne présentait aucune de ces caractéristiques, et c’est seulement maintenant que je suis venu".

Cela signifie que sur une chose comptée et scellée, les démons n’ont pas de pouvoir, c’est pourquoi Hachem a ordonné de compter les bnei Israël.

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-> [Ce recensement permet aux juifs de dire : ] "Nous avons été recensés afin de pouvoir répondre aux nations : "Nous sommes les fils du D. vivant", et nous ne servons que Lui.
Il nous est impossible de nous assimiler parmi vous car nous sommes une entité individuellement dénombrée."
[Méam Loez - Bamidbar 1,2]

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+ "Tel fut le nombre des juifs selon leur famille paternelle, répartis dans les camps par divisions : 603 550 hommes" (Bamidbar 2,32)

-> Bien que la Torah ait donné plus haut dans la paracha, le résultat du recensement, elle le répète ici pour souligner le fait remarquable que pendant les 20 jours séparant le recensement de leur départ, le nombre des juifs n'avait pas diminué. Aucun d'eux n'était mort!

Sur une multitude de plus de 600 000 hommes, le fait qu'aucun homme ne soit mort est vraiment surprenant.
La Torah l'atteste explicitement plus (v.34) : "Ils campèrent sous leurs bannières de la façon prescrite, chaque personne marchant avec sa famille, selon sa lignée paternelle" = autrement dit, depuis leur dénombrement, chacun campa dans sa tente, pas un d'entre eux ne mourut.
[Méam Loez]

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-> "Hachem parla en ces termes à Moshé, dans le désert de Sinaï, dans la tente d’assignation, le 1er jour du second mois de la 2e année après leur sortie du pays d’Egypte" (Bamidbar 1,1)

-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Ce verset introduit le compte des Bné Israel, qui intervient le 1er Iyar juste un mois après l’intronisation du Michkan. Dans la paracha Ki Tissa, on nous explique qu’il faut donner un demi-shékel par personne et ensuite on multiplie le nombre de shékalim par deux pour savoir combien de Bné Israel nous avons, ceci pour ne pas laisser le ayin ara avoir emprise sur le peuple quand on le compte.
Mais dans la précision de la date du compte on peut voir une autre protection qu’Hachem a prévu pour ses enfants. En effet, le premier [Iyar], valeur numérique du Alef, du deuxième mois, valeur du Beth, de la deuxième année, encore un Beth. Cela nous donne Beth, Beth, Alef, qui sont les premières lettres de : Béréchit Bara Elokim.
C'est pour nous dire que c’est grâce au mérite de la sainte Torah que ce compte ne fera pas de mal aux Bné Israël.

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Hachem a donné la Torah à Israël. Le corps de la Torah est l'âme de la nation juive, parce que les 600 000 racines d'âmes de la nation sont enracinées dans les 600 000 lettres de la Torah.
Il en résulte que lorsque Moché à compter les juifs, il était en train d'étudier la Torah.

[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Métsora]

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-> "Comme Hachem ordonna à Moché, il les dénombra dans le désert de Sinaï" (Bamidbar 1,19)

=> On peut s'interroger sur la formulation de ce verset. On se serait plutôt attendu à lire la formule inverse : "Moché les dénombra dans le désert de Sinaï, comme Hachem lui ordonna".

En fait, nos Sages nous enseignent que chaque juif correspond à une lettre dans la Torah.
La sainteté de l'âme (néchama) de chaque juif est extrêmement haute, même du juif le plus simple et le plus éloigné. Sa âme relève d'une sainteté illimitée qu'il est impossible d'imaginer. Parce que la sainteté de chaque âme est liée à celle de la Torah.
La tradition révèle qu'il existe 600.000 âmes juives correspondant aux 600.000 lettres de la Torah. C'est ainsi que le nom ישראל (Israël) est composé des lettres de la phrase : יש ששים רבוא אותיות לתורה (Il y a 600.000 lettres dans la Torah). Car chaque juif correspond réellement à une lettre de la Torah.
D'où l'importance de respecter chaque juif. Et lui manquer de respect reviendrait à la gravité de mépriser la Torah elle-même!

C'est pourquoi, lorsque Hachem a demandé à Moché de dénombrer tous les juifs, cet acte fut considéré comme le comptage de toutes les lettres de la Torah. L'ordre de Hachem donné à Moché, celui de compter les 600 000 âmes, revenait à réunir la sainteté même d'un Sefer Torah tout entier.
Tel est le sens du verset : "Comme Hachem ordonna à Moché" = cela fait allusion à la sainteté de la Torah, qui contient tout ce que Hachem ordonna à Moché. La même sainteté fut atteinte lorsqu' "il les dénombra dans le désert de Sinaï".
[Kédouchat Lévi]

La responsabilité d'El'azar, fils du Cohen Aharon, [portera sur] l'huile d'éclairage, l'encens odorant, l'offrande de semoule pour le sacrifice quotidien et l'huile d'onction.
[Il sera également] responsable de tout le Michkan et de tous ses sujets et ustensiles sacrés. (Bamidbar 4,16)

-> Lors des déplacements des juifs, El'azar, fils d'Aharon avait pour charge de transport de 4 objets : l'huile d'éclairage, l'encens parfumé, l'huile d'onction et les offrandes de semoule nécessaires au sacrifice quotidien ...

Selon une interprétation, El'azar fils d'Aharon devait porter ces 4 objets sur lui.
Dans sa main droite, il tenait l'huile d'éclairage ; dans sa gauche, l'encens ; l'offrande de semoule pendait de son bras et la fiole d'huile d'onction était attachée à sa ceinture.

[Concrètement,] il lui fallait porter la réserve d'huile d'éclairage pour un an, c'est-à-dire 1 278 log, soit plus de 320 okkas (soit environ 700 litres).
La quantité d'encens qu'El'azar portait devait également suffire pur un an.
Il s'agissait donc de 365 portions pesant chacune 150 draches, soit 137 okkas (soit environ 300 litres).
Avec 13 log de l'huile d'onction, El'azar portait 460 okkas au total (soit environ 1 000 litres), sans compter l'offrande de semoule.

S'il avait porté ce poids sur son dos, ce n'aurait peut-être pas été surprenant, mais il portait ces objets en main : 320 okkas (environ 700 litres) d'huile d'éclairage dans sa main droite et 137 okkas (environ 300 litres) d'encens dans sa gauche.
En ajoutant l'offrande de semoule qu'il portait sur le bras, cela représentait une masse extrêmement lourde.

[Méam Loez - Bamidbar 4,16]

"Dit à Elazar fils d’Aharon le Cohen de ramasser les encensoirs" (Kora'h 17,1)

=> Pourquoi Hachem ne demande-t-Il pas que ce soit plutôt Aharon, le Cohen Gadol, qui ramasse les encensoirs de l’assemblée de Kora’h, qui ont apporté de l’encens et en sont morts? Pourquoi demande-t-Il plutôt que ce soit Elazar, son fils?

Puisque Kora’h s’est opposé à Aharon et voulait être Cohen Gadol à sa place, quelque part sa punition lui a été causé de par Aharon. Et Hachem ne trouva pas cela vraiment correct que ce soit Aharon qui ramasse les encensoirs de ceux qui ont été punis en s’opposant à lui.

=> Même quand Hachem punit des réchaïm, Il prend en compte leur sensibilité et leur honneur, et même s’ils sont morts.
En effet, cela aurait été trop méprisant pour eux (alors morts) qu’Aharon lui-même vienne ramasser leurs encensoirs.

[Méiri ; le Ohr ha'Haïm commente également en ce sens]

=> Combien à plus forte raison nous devons faire attention à ne pas blesser autrui (qui est vivant).
Par exemple, si nous sommes obligés d'en venir à réprimander autrui, il faut que cela soit 100% pour son bien, en prenant le plus grand soin de sa sensibilité, de lui garder tout son honneur, avec beaucoup d'amour, ...

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-> Rachi explique ainsi le mot ma’hatot (encensoirs - מַּחְתֹּת) : "Des instruments dans lesquels on met des braises, et qui ont des poignées".

Rabbénou Ovadia Bartenora objecte : Pourquoi Rachi veut-il expliquer ici ce que c’est qu’un encensoir, étant donné qu’il l’a déjà expliqué dans la parachat Terouma? Et pourquoi souligne-t-il qu’il y a une poignée? Il est évident qu’il faut bien les tenir!
Il explique que Kora’h était conscient du danger de l’encens, il savait qu’un feu risquait de descendre du Ciel pour brûler et détruire. Mais les poignées l’ont aveuglé, il a cru qu’avec une poignée assez longue, le feu n’arriverait pas jusqu’à lui.

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-> Moché reçut l'ordre que le Cohen El'azar enlève les pelles de l'endroit de leur combustion.
Si Aharon avait accompli cette tâche, le peuple aurait pensé que tous ces hommes avaient trouvé la mort pour avoir manqué de respect à Aharon mais qu'après le décès d'Aharon, il n'y aurait aucun inconvénient à ce qu'un non Cohen accomplisse ce service.
D. demanda donc qu'El'azar reçoive la tâche de retirer les pelles, montrant ainsi que quiconque tenterait d'accomplir un service sacré réservé aux descendants d'Aharon serait puni de la même façon que Korah' et son clan.
[...]
Il ne convenait pas qu'Aharon accomplisse cette tâche car cela lui aurait rappelé que l'offrande d'encens de ses fils Nadav et Avihou n'avait pas trouvé grâce devant D.
Pour éviter de causer de la peine à Aharon, D. ordonna qu'El'azar se charge de la fabrication du revêtement pour l'autel.
[Méam Loez - Kora'h 17,1-3]

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-> "Le Cohen El'azar prit les pelles de cuivre que les victimes du feu avaient présentées et les lamina pour couvrir l'autel. Cela serait un rappel pour les Bné Israël afin que personne, hormis les descendants d'Aharon, n'apporte de feu non autorisé, ne brûle d'encens devant D. et ne subisse le sort de Kora'h et de son assemblée.
[El'azar fit] ainsi que D. le lui avait dit par l'intermédiaire de Moché (béyad Moché lo)" (Kora'h 17,5)

-> Le Méam Loez commente :
"Selon certains commentateurs, les derniers mots du verset : "le lui avait dit" font référence à Moché lui-même.
D. disait à Moché qu'il n'était pas non plus autorisé à présenter l'offrande d'encens, bien qu'il fût le frère d'Aharon et le plus grand homme de sa génération. Pour ce service, Moché était considéré comme un étranger.
Si Moché n'était pas apte à présenter l'offrande d'encens, il s'ensuit évidemment que personne d'autre ne pouvait être considéré comme "un descendant d'Aharon" à cet égard.

Certains commentateurs remarquent que, dans ce verset, le mot "main" (yad) : "ainsi que D. le lui avait dit, par la main de Moché" fait allusion à la forme de punition qui frappe quiconque tente d'offrir de l'encens alors qu'il ne fait pas partie des descendants d'Aharon.
Cette expression fait référence à la main de Moché qui se couvrit de tsaraat.
Il est écrit dans la paracha Chémot : "Lorsque [Moché] mit la main sous sa tunique et la retira de sa poitrine, elle était atteinte de tsaraat, [blanche] comme la neige".
Voilà le châtiment destiné à tout homme qui apporte une offrande d'encens sans être un descendant d'Aharon : il sera frappé par une maladie de tsaraat comme le roi Azaria lorsqu'il vint offrir de l'encens dans la sanctuaire de D. (Méla'him II 15)."