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Lorsque Yossef se dévoile à ses frères : "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m’avoir vendu pour ce pays ; car c’est pour le salut que Hachem m’y a envoyé avant vous ... Non, ce n’est pas vous qui m’avez fait venir ici, c’est D. ; et Il m’a fait devenir le père de Pharaon, le maître de toute sa maison et l’arbitre de tout le pays d’Égypte [afin de préparer l’exil et la Délivrance d’Egypte]" (Vayigach 45,5-8).

Ainsi, après 22 ans de séparation d’avec sa famille, Yossef voit ses rêves enfin se réaliser (la vénération que lui témoignent ses frères).
=> Que signifie cette période de 22 ans qui sépare la vente de Yossef aux retrouvailles familiales?

1°/ Calcul de ces 22 années :
Sur le verset : "Et Yaakov déchira ses vêtements et il mit un cilice sur ses reins et il porta longtemps le deuil de son fils" (Vayéchev 37,34), Rachi commente : 22 ans se sont écoulés entre la vente de Yossef et la venue de Yaakov en Egypte (midrach Béréchit rabba 84,20).
En effet, il est écrit : "Yossef, âgé de 17 ans" (v. 37,2), et il en avait 30 lorsqu’il a été présenté à Pharaon (Mikets 41,46). Il s’est ensuite écoulé 7 années d’abondance et 2 années de famine, soit un total de 22 ans, correspondant aux 22 années pendant lesquelles Yaakov n’a pas honoré son père et sa mère (guémara Méguila 17a) : Les 20 ans passés chez Lavan, plus 2 ans sur le chemin du retour, à savoir un an et demi à Souccot et six mois à Beit El.
Ainsi, la Guémara (Méguila 16b) démontre que Yaakov n’a pas été puni pour avoir négligé d’honorer ses père et mère durant les 14 années d’étude à la yéchiva de Ever (il alla étudier toutes ces années avant de se rendre chez Lavan). En effet, poursuit la guémara, Yaakov a été séparé de son père pendant précisément 36 ans (14+22 = 36). Or, la séparation d’avec son fils Yossef (mesure pour mesure) n’a duré que 22 ans.
[derrière ce constat, la guémara corrobore le principe suivant : étudier la Torah est plus important que le fait d’honorer père et mère].

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2°/ Quelques raisons :
Yaakov a été puni pendant 22 ans pour différentes raisons parmi lesquelles :

1°/ Parce qu’il ne s’est pas contenté d’épouser Léa, comme l’envisageaient ces parents ; il désira aussi Ra’hel et travailla 7 ans pour l’acquérir. Ainsi, il resta de nombreuses années chez Lavan de son plein grès.
[Rabbénou Bé’hayé - Toldot 28,5]

2°/ Après les 14 premières années, au cours desquelles il bâtit une famille, Yaakov aurait dû retourner chez son père. Il préféra pourtant travailler 6 années de plus chez Lavan dans le but de s’enrichir. Cette décision personnelle ouvra la porte au Satan qui l’accusa d’avoir eu des intentions lucratives durant les 14 premières années.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

3°/ Le temps de la descente en Egypte de Yaakov n’était pas encore arrivé à son terme. [Divré Yoël]
Le guémara (Béra'hot 55b) enseigne : "Une personne doit toujours espérer que le bon rêve qu’elle a fait se réalise jusqu’à ce que 22 années se soient écoulées. D’où savons-nous cela? De Yossef (car ses rêves se sont réalisés que 22 ans après qu’il les ait faits, comme le démontre la guémara)".
[...]
La Birkat Cohanim a la propriété de réparer un mauvais rêve, lorsque l’on prie à cet effet au moment de sa récitation (Beit Yossef - Ora’h ‘Haïm 130).
C’est pour cela que le temps donné à la réalisation d’un bon rêve est de 22 ans. [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada]

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-> Les 10 fils de Yaakov (hormis Binyamin) séparèrent leur jeune frère Yossef de leur père durant une période de 22 années (voir Rachi sur Vayéchev 37,34).

Selon le Yalkout Réouvéni : Chacun des 10 frères de Yossef a contribué à la séparation de Yossef d’avec son père durant 22 ans. Ainsi, de manière réciproque, Hachem a-t-il puni leurs descendants par un Exil [qui s’apparente aussi à une séparation] de durée égale à : 10x22 [220] moins 10 ans, correspondant à une année par Tribu, en raison de l’expiation causée par leur mort.

De même, une des causes de l'exil en Egypte rapportée par le Meam Loez (Chémot 6,1) est :
"les fils de Yaakov avaient fait souffrir leur père. Yaakov porta le deuil de son fils pendant 22 ans : depuis la vente de Yossef jusqu'à ce qu'il ait appris qu'il était vivant.
10 frères (en excluant Yossef et Binyamin) étaient responsables de ce crime.
Les juifs méritaient un exil de 22 ans pour chacun des frères, soit 220 ans au total. Mais puisque les 10 frères moururent hors de la terre Sainte, cette punition réduisait leur sentence d'un an pour chacun.
Les juifs demeurèrent donc en Egypte pendant 210 ans."

-> Si Yossef s'était abstenu de rapporter ses rêves devant ses frères, ils se seraient réalisés plus tôt. Leur jalousie le frappa du mauvais œil, et ils ne s'accomplirent que 22 années plus tard.
[Zohar - rapport dans le Méam Loez - Vayéchev 40,21-22]

-> Si Hachem avait accordé l'inspiration Divin à Yaakov pendant ces 22 années [de disparition de Yossef], ses prières auraient été exaucées et la situation de Yossef lui aurait été révélée.
D'après le Binyan Yéhochoua (sur Avot déRabbi Nathan 30,4), c'est uniquement après que l'inspiration Divine lui ait été rendue que Yaakov a [pleinement] cru que Yossef était en vie, la présence Divine elle-même l'en ayant informé.
[il se peut que Séra'h a réveillé la joie en Yaakov, permettant alors à la Présence Divine de revenir sur lui, et d'ainsi lui assurer la certitude que son fils Yossef était vivant.]

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-> Yaakov a subi ces 22 années de chagrin pour avoir négligé d'honorer ses propres parents pendant 22 ans.
Il avait séjourné 20 ans chez Lavan, 18 mois à Souccot, et 6 mois à Béthel, soit 22 ans en tout.
[les 14 années durant lesquelles il demeura à la yéchiva ne sont pas prises en compte car l'étude de la Torah prime sur les obligations filiales].
=> C'est pourquoi Yaakov dit à Lavan : "J'ai passé, moi, 22 années dans ta maison" (Vayétsé 31,41). Ces 22 ans furent pour moi comptées contre moi [à l'inverse de celles à la yéchiva]. Ces années vont me coûter très chères, elles m'ont empêché d'accomplir le commandement d'honorer mes parents."
[Méam Loez - Vayéchev 37,34]

-> Le Targoum Yonathan (v.32,8) écrit également que si : "Yaakov eut très peur", c'est parce qu'il n'a pas activement honorer ses parents pendant 22 années.
[c'est lorsqu'il apprend que Essav se dirige vers lui avec 400 hommes]

"Les yeux d’Israël étaient devenus lourds de vieillesse" (Vayé'hi 48,10)

-> Ce fait, que les yeux de Yaakov étaient devenus lourds et que dans sa vieillesse il ne pouvait plus voir, est-il cité comme un avantage ou un inconvénient ?

Le Ritba, dans ses commentaires sur le traité Yoma (28a), explique :
"Ce n’est certainement pas à cause de sa vieillesse que ses yeux étaient devenus lourds et ne pouvaient plus voir, car il est écrit : "ceux qui espèrent en Hachem trouveront des forces nouvelles".
Mais au contraire, c’est à cause de sa grande habitude de l’étude, qui épuise la force de l’homme, que ses yeux étaient devenus lourds et ne pouvaient plus voir.
Le verset le dit en son honneur et non comme un défaut.

"Zévouloun occupera le littoral des mers ; il offrira des ports aux vaisseaux" (Vayé'hi 49,13)

-> Selon nos Sages (Sifrei 33,19), résidant sur le littoral, Zévouloun avait la particularité d’entretenir des relations commerciales avec les autres nations par le biais de ses ports.
Son attitude va entraîner que les marchands étrangers vont vouloir visiter la terre d'Israël, en se rendant entre autre à Jérusalem, afin d'y apprendre davantage sur les juifs.
Il en résulta que ces marchands vont devenir si impressionnés de ce qu'ils vont y voir, qu'ils vont quitter leur religion païenne et se convertir au judaïsme.

=> Ainsi, la tribu de Zévouloun grâce à son comportement exemplaire dans ses relations commerciales avec les non-juifs, va générer des impressions très positives sur la religion juive, entraînant au final un kidouch Hachem très nombreux.

-> Le rav Matisyahou Salomon dit que de nos jours nous devons créer un kidouch Hachem dans nos affaires économiques avec les non-juifs, leur permettant ainsi d'avoir un bel aperçu de ce qu'est être juif.

Rabbi 'Haïm Mordé'haï Katz enseignait à ses élèves quittant la yéchiva pour aller travailler : "Vous devez avoir une préoccupation au-dessus de toute autre : sanctifier le Nom de Hachem. Souvenez-vous que chaque chose que vous faites est soit un kiddouch Hachem, soit un 'hiloul Hachem. Faites le maximum pour choisir correctement!"

=> La tribu de Zévouloun nous sensibilise à l'importance de représenter au mieux Hachem, sans nous laisser aveugler par l'argent, nos perspectives futures, l'honneur, ...

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-> "Zevouloun occupera le littoral des mers (yamim - יַמִּים)" (Vayé'hi 49,13)

Le livre "Darach Yéhouda" apporte un enseignement de rabbi Yéhouda Moualam sur le mot "mer" (yam), qui est
écrit ici au pluriel (yamim).
C'est parce qu’il y a 2 mers (yamim) : la mer matérielle où voguent les navires pour faire du commerce, et la mer spirituelle, qui est la mer du Talmud (la yam chél Torah).

Zévouloun avait une association avec son frère Yissa'har, qui étudiait la Torah, pendant qu'il le soutenait financièrement. Or, on sait que celui qui soutient ceux qui étudient la Torah ont une part dans leur étude, car "à l’ombre de la sagesse à l’ombre de l’argent".
Dans l’avenir, quand le riche arrivera dans le monde à venir, on lui dira : prends le salaire de tel et tel traité.
Il répondra : je n’ai jamais étudié ce traité!
On lui dira : en récompense du soutien que tu as donné à un sage en Torah (talmid 'hakham) qui a étudié ce traité, toi aussi tu as la même récompense que lui pour l'étude de ce traité.

C'est donc ce que signifie le verset : "Zévouloun occupera le littoral des mers", il y a 2 mers (le mot "yamim" - ימים [des mers] est formé de 2 fois le mot "yam" - ים [une mer]) : la mer sur laquelle on vogue pour faire du commerce, et la mer spirituelle, la mer du Talmud, du fait qu’il soutient Yissa'har et mérite ainsi le monde à venir.

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-> Le rav Aharon Lev Steinman demande pourquoi nous ne trouvons une telle association que pour l’étude de la Torah (contrat Yissa'har et Zévouloun), et non pas concernant les autres mitsvot.
Pourquoi n’est-il pas possible que quelqu’un mette les téfilin ou mange de la matsa et que son prochain le soutienne financièrement et en retire la moitié de sa récompense?

Dans Sa grande bonté, Hachem a fait en sorte que les éléments dont l’homme a le plus besoin lui soient le plus accessibles. Ainsi, le pain, nourriture de base, est fait à partir de blé, qui est bon marché, contrairement aux fruits et aux légumes. De même, l’eau, vitale à sa survie, est encore moins chère que le pain. Quant à l’air, sans lequel on ne peut survivre, il est gratuit et se trouve en tout lieu.

Or, il en est de même pour ce qui a trait au spirituel. La pérennité du monde dépend de l’étude de la Torah, comme il est écrit : "Si Mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, Je cesserais de fixer des lois au ciel et à la terre".
Cette mitsva est donc plus importante que toutes les autres et sa récompense l’est également, comme il est dit : "L’étude de la Torah équivaut à toutes".
=> C’est pourquoi Hachem donne à chaque juif l’opportunité de l’accomplir, en cela que l’homme incapable de l’étudier lui-même peut en retirer le mérite en soutenant l’étude d’autrui, y prenant ainsi une part active.

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-> Le ‘Hatam Sofer explique que toute personne qui soutient les étudiants en Torah est associée à leurs mérites, selon l’accord entre Issakhar et Zevouloun. De ce fait, même si elle n’a jamais étudié, elle accède à la connaissance de la Torah étudiée par Issakhar.
Cette affirmation est basée sur le verset : "J’ai été jeune (na’ar), j’ai même vieilli et je n’ai jamais vu un juste abandonné", qu’il interprète ainsi :
- "J’ai été jeune (na’ar ayiti)" = bien qu’étant dépourvu (méno’ar) d’étude de Torah ;
- "j’ai même vieilli" (gam zakanti) = j’ai mérité de connaître la Torah comme un homme âgé qui a acquis la sagesse (zaken : zé kana 'hokhma). Pourquoi cela?
- Car "je n’ai jamais vu un juste abandonné" (lo ra'iti tsadik néézar) = je l’ai toujours soutenu avec mon argent.

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-> "Quand le Sanctuaire (Michkan) devait partir, les Lévi'im le démontaient, et quand il devait s’arrêter, les Lévi'im le montaient" (Bamidbar 1,51)

Le Ktav Sofer dit que cela comporte une allusion.
Les Lévi'im envers le Michkan sont comme Zevouloun envers Issakhar. De même que Zevouloun soutient Yissa'har le talmid ‘hakham, pour qu’il puisse étudier toute la journée, les Lévi'im jouaient ce rôle envers le Michkan.

Quand Yissa'har est installé dans la tente et étudie la Torah, Zevouloun s’occupe de lui, mais si Yissa'har se met à errer dans les rues en méprisant ainsi la Torah, Zevouloun lui dira : "Je peux me passer de toi", et fera
descendre ce talmid ‘hakham de sa grandeur dont il n’est pas digne.
C’est ce qui se trouve en allusion dans ce verset : "Quand le Michkan devait partir" (quand Yissa'har va se promener), alors "les Lévi'im le démontaient" (Zevouloun ne le soutient plus).
Mais "quand il devait s’arrêter", quand il reste assis à étudier, alors "les Lévi'im le montaient."

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-> "Le 3e jour, le chef de la tribu de Zévouloun, Eliav ben ‘Helon" (Nasso 7,24)

Eliav ben ‘Helon porte ce nom parce que celui qui permet à Yissa'har d’étudier est comme un père, il s’appelle "Av", ainsi Moché l’a fait passer avant Yissa'har (Vézot haBéra'ha 33,18) : "Réjouis-toi, Zevouloun, dans tes sorties et Yissa'har dans ta tente."

C’est ce que signifie Eliav : Il convient de l’appeler "Av", bien qu’il soit "‘helon", à savoir "‘houlin" (qui s’occupe de choses profanes), car ce n’est pas un ben Torah, il fait du commerce qui est profane et appartient à ce monde-ci, et pourtant il est considéré comme un père.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> D'après certaines opinions, Zévouloun précède Yissa'har, car après la destruction du Temple, le Sanhédrin sera déplacé du territoire de Yéhouda et finira par s'établir sur le territoire de Zévouloun.
D'après d'autres, Zévouloun a mérité ce privilège en soutenant Yissa'har pour lui permettre d'étudier la Torah.
[rav Yossef Deutsch]

-> Les Pirké Avot (3,17) nous enseignent que "sans farine, il n'y a pas de Torah".
Sans moyens de subsistance, il est impossible d'étudier la Torah. Zévouloun a mérité que le Sanhédrin s'installe dans ses frontières parce qu'il a soutenu la Torah de Yissa'har.
[Sforno, Sékhel Tov]

-> Yissa'har s'investit corps et âme dans l'étude. Le mot 'hamor (âne) a une valeur numérique de 248, symbolisant les 248 membres du corps que Yissa'har utilise pour sonder la Torah dans toute sa profondeur.
[Tsor haMor]

Le midrach nous dit que Aharon a mérité de porter le 'Hochèn (Pectoral) en tant que Cohen Gadol, en récompense de sa joie débordante lorsqu'il a accueilli Moché dans le désert.
En effet, Aharon n'a ressenti aucune jalousie à ce que son frère, plus jeune que lui (de 3 ans), puisse être choisi comme le dirigeant du peuple juif, mais au contraire il était plein de joie sur sa réussite.

De là nous apprenons que même les plus grandes personnes peuvent devenir jalouse, et que c'est considéré comme un mérite de leur part lorsqu'elles retiennent leur jalousie.
Nous aussi, nous devons développer cette attitude d'être heureux de la réussite des autres.

[l'Alter de Kelm - Rabbi Sim'ha Zissel Ziv]

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Le midrach (Ruth rabba 5,6) enseigne que si Aharon avait su que la Torah allait immortaliser sa rencontre avec son frère Moché (Chémot 4,14 : "le voici [Aharon] même qui sort à ta rencontre : ... il se réjouira dans son cœur"), il aurait accueilli son frère en exprimant extérieurement sa joie par des tambourins et des danses.
Comment comprendre cela?

-> Le rav Méïr Shapiro explique que la nature humaine est d'être jaloux du succès de son jeune frère (Moché avait 3 ans de moins que lui), cependant Aharon était joyeux du fait que Moché devienne le dirigeant et libérateur du peuple (alors que c'était lui leur responsable jusque là!).
Aharon avait un niveau si élevé qu'il voulait cacher sa piété en ne la montrant pas à l'extérieure, c'est pourquoi il ne se réjouit que dans son cœur.
Si Aharon avait su que la Torah rapporterait cet événement, en révélant le fait qu'il a préféré cacher sa joie, il aurait alors dansé et joué de la musique afin de dissimuler le fait qu'il était à un si haut niveau.
[en exprimant extérieurement sa joie, il souhaitait par humilité que la Torah ne rapporte pas son réel niveau, sa pleine grandeur!]

-> Le rav Berel Povarsky écrit que les tsadikim sont toujours préoccupés par le fait que leurs mitsvot soient 100% en l'honneur de Hachem (léchem chamayim), sans la moindre miette d'intérêt personnel. C'est pourquoi Aharon ne pouvait pas être totalement heureux pour son frère, puisqu'il se demandait s'il n'y avait pas une toute petite part d'intérêt personnel dans son attitude.
Tout ce qui est écrit dans la Torah est complet et parfait, puisque n'étant que Vérité. Ainsi, si Aharon avait su cela (que sa mitsva était 100% désintéressée), sa joie aurait alors été totale, il se serait réjoui encore davantage en dansant et en jouant de la musique.

-> Le midrach (Ruth rabba 5,6) ci-dessus, se conclut par : Sachons qu'aucun acte méritoire ne reste ignoré de Hachem. Eliyahou haNavi le consigne par écrit, et ce compte-rendu est scellé par D. et par le machia'h.
[Par son attitude, Aharon désire nous inspirer sur l'importance qu'a chacun de nos actes aux yeux de Hachem. Il nous interroge personnellement : Que souhaites-tu marquer pour l'éternité dans le livre de TA vie? ... ]

Paracha Vayé’hi & ‘Hayé Sarah

+ Paracha Vayé'hi & 'Hayé Sarah :

-> " 'Hayé Sarah et Vayé'hi, sont les noms de parachiot, décrivant les morts de Sarah et de Yaakov.

- Le 1er mot de 'Hayé Sarah est : "vayiyou" (וַיִּהְיוּ ), d'une guématria de 37, insinuant que ses seules années véritablement heureuses étaient les 37 années qui ont suivi la naissance de son fils 'Its'hak (jusqu'à ce qu'elle décède).

- Yaakov a eu 34 années pleinement heureuses : 17 années entre la naissance et la disparition de Yossef ; et 17 autres années où toutes la famille a été réunie à Goshen (en Egypte).
La guématria de : "Vayé'hi" (וַיְחִי) est de : 34, qui correspondent aux années où il a pu être ensemble avec son fils Yossef, soit durant 34 ans."

[Rav 'Haïm Yossef Kofman - Ma'hchévet haLev]

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Comment comprendre que :
- Vayé’hi signifie : "Yaakov vécut", et traite de la mort de Yaakov ;
- ‘Hayé Sarah signifie : "la vie de Sarah" et commence par la mort de Sarah.

-> Le rav Zalman Sorotzkin (Oznaïm laTorah) suggère que cela nous apprend que la véritable vie n’est pas celle dans ce monde-ci, mais plutôt, celle qui démarre après que l’âme quitte le corps et entre dans le monde à venir.
Ainsi, Sarah et Yaakov sont morts dans ce monde, et ils ont alors pu commencer leur véritable vie.

[Ce monde n’est qu’un bref lieu de passage vers notre endroit de vie éternelle, comme il est écrit (Pirké Avot 4,16) : "Ce monde ressemble à un vestibule devant le monde à venir [éternel]. Prépares-toi dans le vestibule [en accomplissant des bonnes actions, des mitsvot dans ce monde] pour entrer dans le palais." ]

"Efraïm et Ménaché, comme Réouven et Chimon seront à moi" (Vayé'hi 48,5)

-> Le 'Hida (Rabbi 'Haïm Yossef David Azoulaï) enseigne à ce sujet :

"De nombreuses personnes comparent les valeurs numériques de 2 choses, et assez souvent ils ont un écart de 1. Cependant, nous disons que les 2 sont comparables, puisque nous ajoutons le kollel (possibilité d'ajouter un pour le mot lui-même).

Nous trouvons ici une allusion :
- la guématria de : "Efraïm et Ménaché" (אֶפְרַיִם וּמְנַשֶּׁה) est de 732 ;
- la guématria de : "Réouven et Chimon" (רְאוּבֵן וְשִׁמְעוֹן) est de 731.

Bien qu'en apparence, il y a une différence d'une unité, "ils seront à moi" (יִהְיוּ-לִי) = Yaakov montre qu'ils sont les mêmes pour lui."

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-> Le Méam Loez (Vayé'hi 48,5) rapporte que Yaakov a dit à Yossef :
"Efraïm et Ménaché seront comptés comme mes propres fils et chacun recevra une part de la terre de Canaan.

Je désire encore te révéler un autre secret important, mon fils.
Les pensées qu'un couple nourrit lors des relations conjugales peuvent influencer la nature de l'âme transmise à l'enfant conçu à ce moment.
A l'instant précis des relations, une âme descend pour l'enfant, et se tient près de la tête de chaque parent.
Si on bénéficie d'un mérite particulier, on peut voir effectivement cette âme.

J'étais censé engendrer 14 fils. Efraïm et Ménaché devaient être mes fils, conçus par Bil'a comme des jumeaux.
Mais à cause d'un péché mineur commis par Réouven, qui avait déplacé mon lit de la tente de Bil'a à celle de Léa, ces âmes ne descendirent pas lorsque je connus Bil'a.
La Providence Divine décréta que ces âmes demeureraient dans les cieux jusqu'au jour où tu épousas Asnath. Elles furent alors engendrées par toi.

C'est pourquoi je peux dire que tes fils sont pareils à Chimon et Réouven. Ils sont véritablement mes enfants, puisqu'ils devaient être engendrés par moi."

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-> Yaakov a placé son lit dans la tente de Bil'a, ayant su par prophétie que 2 fils devaient encore naître.
En déplaçant le lit de Yaakov, Réouven a empêché la venue au monde de ces 2 fils, et c'est à Yossef qu'ils sont nés.
Efraïm et Ménaché auraient dû être les fils de Yaakov et son choix est donc parfaitement approprié
[Malbim - Vayichla'h 45,22 au nom du Arizal].

D'après certaines opinions (ex: le Rokéa'h), Yaakov devait avoir d'autres enfants mais à la suite de son combat avec l'ange d'Essav, il n'a plus pu en avoir.

"Le sceptre ne quittera jamais Yéhouda, ni l'autorité de sa descendance" (Vayé'hi 49,10)

-> "Tout homme qui affirme descendre de la lignée de 'Hachmonaï ne peut être qu'un esclave, car pas un seul ne survécut."
[guémara Baba batra 3b]

Les 'Hachmonaïm se dévouèrent corps et âme pour la cause du kidouch Hachem, puisqu'ils agirent afin de rétablir la gloire du Nom divin aux yeux des nations.
Ils célébrèrent même des miracles qui se sont déroulés à leur époque en instaurant des mitsvot particulières, qui sont encore fêtées chaque année à 'hanoucca.

Cependant, le Ramban fait remarquer qu'appartenant eux-même à la tribu de Lévi, ils s'arrogèrent le statut de roi, et démentirent, transgressèrent en cela la bénédiction faite par Yaakov : "le sceptre ne quittera jamais Yéhouda".

=> Ainsi, si un léger écart de conduite peut entraîner des conséquences si terribles, et ce à une famille si prestigieuse, combien nos actes vertueux, même minimes et insignifiants, donneront lieu à des récompenses incommensurables!

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-> Le Saba de Kelm dit à ce propos : si celui qui transgresse une bénédiction de Yaakov mérite un tel châtiment, même quand il sanctifie le Nom de D., jusqu'où alors peut arriver le châtiment de ceux qui transgressent la bénédiction de Hachem, et à plus forte raison la malédiction de Hachem, surtout quand ils ne sanctifient pas le Nom de Hachem, mais au contraire le profanent.

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-> "Yéhouda, c'est toi que tes frères reconnaîtront" (Vayé'hi 49,8)

Yaakov a béni Yéhouda par la royauté.
Il est écrit dans les Pirké Avot (6,6) : "La Torah surpasse la prêtrise et la royauté, car la royauté est acquise par 30 vertus et la prêtrise par 24, tandis que la Torah est acquise par 48 vertus."

La guématria de : Yéhouda (יְהוּדָה) est de 30, comme le nombre de vertus nécessaire pour acquérir la royauté.
[Rabbi David Feinstein - Kol Dodi]

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-> Le Kli Yakar enseigne :
"Yéhouda, tes frères te reconnaîtront, parce que toi Yéhouda, tu as reconnu la vérité dans l’histoire de Tamar, comme le montre le nom Yéhouda, donc mesure pour mesure, tes frères reconnaîtront que la royauté est à toi.
Parce que tu n’as pas eu honte de reconnaître la vérité, tes frères n’auront pas honte de reconnaître cette vérité qu’à toi seul convient la royauté."

-> "Yéhouda est un jeune lion, de la proie de mon fils tu t'es relevé" (49,9)
Rachi explique : "De ta proie : du fait que je t’ai soupçonné à propos de "Yossef a été une proie, une bête féroce l’a dévoré", c’est Yéhouda, qui a été comparé à un lion ; tu es monté : tu t’en es détourné et tu as dit "à quoi servirait-il de tuer notre frère ?"
De même, au lieu de laisser tuer Tamar, il a reconnu : "elle est plus juste que moi"."

Le Kli Yakar commente : "Yéhouda est un jeune lion. Bien qu’il soit comparé à un lion qui a l’habitude de déchirer ses proies, de ta proie, mon fils, tu es monté, tu n’as pas été d’accord pour que Yossef soit déchiré, mais tu es monté, tu as regardé plus haut que tes frères, ainsi qu’il est écrit : "Yéhouda descendit de ses frères" (Vayéchev 38,1), ce qui signifie qu’il s’est séparé d’eux, il ne voulait pas faire partie de leur groupe."

Le rav David Pinto dit : "Nous constatons que Yéhouda, dans sa conduite jusqu’à présent, avait prouvé que personne n’était plus digne de la royauté que lui.
Quand ses frères décident qu’il faut tuer Yossef, il ne s’incline pas, la majorité ne réussit pas à lui imposer son
avis, car il est clair pour lui qu’un tel acte ne convient pas, c’est pourquoi malgré la grande difficulté que cela comporte, il leur tourne le dos, "de la proie de mon fils tu t'es relevé", jusqu’à ce qu’ils tombent d’accord avec lui.
Ce même trait de caractère apparaît dans l’histoire avec Tamar. Il maîtrise parfaitement son langage et reconnaît
la vérité, malgré tout ce que cela implique. Bien qu’il risque maintenant de perdre son statut aux yeux du peuple, cela ne lui fait pas peur, il dit "elle est plus juste que moi" ...

Yéhouda était, par nature, un roi!
Il régnait sur ses membres, il régnait sur ses désirs et ses volontés ... c’est lui qui est digne de
diriger et de conduire, c’est lui qui est digne de se tenir à la tête du peuple et d’être pour lui un exemple.
Certes, Yossef aussi, quand il était chez Potiphar et qu’il est sorti vainqueur des nombreuses épreuves auxquelles
il a fait face, était digne de la royauté, comme les tribus l’ont constaté en Egypte, encore avant de savoir qui il était. Mais il n’était pas arrivé au niveau de "elle est plus juste que moi" (Yéhouda à propos de Tamar)."

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-> Yaakov soupçonnait Yéhouda plus que ses autres fils, car étant destiné à la royauté il avait plus de raisons de se sentir menacé par les rêves de Yossef. [Gour Arié]

-> Selon le Tour, Yaakov faisait prophétiquement allusion au descendant le plus illustre de Yéhouda : David, qui encore jeune montrera sa force et son courage en tuant un lion et un ours (Chmouël I 17,34 et suivant).

-> Le Zohar (Lé'h Lé'ha 89) enseigne que le nom יְהוּדָה (Yéhouda) se compose des lettres du Nom d'Hachem יהוה avec en supplément la lette dalét - ד , cette dernière faisant allusion au roi David (דוד), descendant de Yéhouda.
=> Pourquoi le Nom Divin entoure celui du roi David?

-> Les Sages nous ont enseigné que les événements se déroulant entre Yéhouda et Tamar étaient orchestrés par le Ciel, afin de rapprocher la délivrance, comme il est expliqué dans la guémara (Makot 23b) : "Yéhouda reconnut et dit : elle a raison, c'est de moi" (Vayéchev 38,26). Une voix céleste sortit du Ciel et proclama : "De Moi sont sorties les conquêtes".

Rachi explique que cela signifie : "c'est de Moi que sortiront 2 enfants qui vont conquérir le monde. Et en effet, dans le futur règneront le roi David, et le roi Machia'h".
Il est également expliqué dans le midrach (Béréchit rabba 85,1) : "Ce fut à cette époque, Yéhouda descendit d'auprès de ses frères" (Vayéchev 38,1). Rabbi Chmouel Bar Na'hman enseigne que les tribus étaient affairées dans la vente de Yossef, Yossef s'était consacré à jeûner et a revêtu un cilice, Réouven s'était consacré à jeûner et a revêtu un cilice, Yaakov s'était consacré à jeûner et a revêtu un cilice, Yéhouda s'était affairé à prendre une femme, et Hachem était occupé à créer les lumières du roi Machia'h".

-> Nos Sages enseignent : une grande néchama (âme) ne peut descendre dans le monde qu'en empruntant des voies tortueuses, en forme de labyrinthes, et ce, afin de tromper les forces du mal. Celles-ci ne peuvent ainsi formuler d'accusation et empêcher la venue au monde de cette âme spéciale.
Comme l'exprime clairement le Arizal (Likouté Torah Iyov) avec la sainteté de son langage :
"Lorsqu'une âme est très précieuse et de grande valeur, elle doit venir dans le monde parmi les forces de l'impureté ... Celles-ci se nourrissent de cette âme, et ne lui laissent aucun répit ... Leur intention est de rendre cette âme impure afin qu'elle reste constamment entre leurs mains et en leur pouvoir. Ainsi, la néchama est déposée en un endroit défectueux précisément (par les forces d'impureté) afin qu'elle puisse s'y détériorer davantage".

=> Pourquoi la Providence agit-elle ainsi? Pourquoi donc ces saintes âmes (néchamot kedochot) descendent-elles dans notre monde, dans des endroits qui sont, à nos yeux, discutables?
Le Sifté Cohen répond que Hachem a agencé le monde de cette manière afin que puisse venir le roi Machia'h, car au vu de la situation, le Satan n'est pas sur ses gardes et n'accuse point. En effet, le Satan pense que le roi machia'h ne peut provenir d'une union interdite, mais seulement d'une voie sainte et limpide ; aussi, il détourne son attention de cette sainte âme et la laisse descendre sur Terre dans notre monde.

Rabbi Méir de Prémichlan nous rapporte une allégorie à ce sujet : lorsqu'un commerçant, qui détient des marchandises de grande valeur, souhaite passer la frontière d'un pays sans payer d'impôts, il jette alors de la boue et de la terre sur toute sa marchandise, si bien qu'elle devient sale et nauséabonde. Ceci afin que les douaniers pensent que la marchandise est défectueuse et abîmée, donc sans valeur. Ainsi ils accepteront de le laisser entrer dans le pays sans payer d'impôts, car la marchandise obsolète est non imposable.
Une fois qu'il est entré dans le pays avec sa marchandise, il lui suffit de la laver et elle redevient propre comme elle l'était au départ ...

-> Le Bné Yissa'har (Tichri maamar 10) enseigne : "Sache que, par l'intermédiaire de la lumière encerclante, s'enfuient toutes les forces du mal, comme il est écrit : "Tous les peuples de la Terre verront que le Nom d'Hachem est invoqué sur toi et te craindront" (Ki Tavo 28,10) - "Le Nom d'Hachem est invoqué sur toi" = cela évoque précisément de la lumière qui nous encercle."
La source des propos de cet enseignement se trouve dans le Arizal (Chaar haKavanot daf 2), qui écrit : "Il n'y a rien qui puisse repousser les klipot (les forces de l'impureté) comme la lumière encerclante, car les forces du mal n'ont aucune emprise et ne peuvent se nourrir de la lumière encerclante"
Nous apprenons ici que le Nom d'Hachem (יהוה) symbolise la lumière encerclante, celle qui fait fuir les forces de l'impureté.

Le rav Pin'has Friedman commente :
À présent, nous comprenons pourquoi le Nom d'Hachem (יהוה), symbolisant la lumière encerclante, entoure la lettre dalet (ד) du nom Yéhouda (יהודה). Cela fait allusion au fait que le Nom d'Hachem encercla la néchama de David (דוד) de toutes parts, afin de la protéger des forces négatives. Et de la sorte, ces forces néfastes ne pourront jamais prendre le contrôle sur elle.

"Le Nom d'Hachem encercla la néchama de David (דוד) de tous les côtés". En hébreu, la lettre hé (ה) est constituée de 2 lettres assemblées : la lettre dalet (ד) en haut à droite et la lettre youd (י) inversée en bas à gauche.
Ainsi le Nom d'Hachem (יהוה) comporte en réalité 3 lettres youd dont 2 dissimulées à première vue : la première lettre qui est un youd classique, et les deux autres youd qui, avec le dalet, constituent les deux lettres hé. Si l'on retire ces 3 youd du Nom d'Hachem, on retrouve le nom David (דוד).
C'est par Yéhouda que naîtra le roi David et par lui descendra le Machia'h. Cette démonstration corrobore cette idée puisque ces 3 youd retirés du Nom d'Hachem ont pour valeur numérique 3 x 10 = 30 qui est la valeur numérique de Yéhouda (יהודה).

Dorénavant, nous comprenons pourquoi la Providence dirigea les événements de sorte que Yéhouda épousa Tamar en lui confiant son sceau portant le nom Yéhouda. Car de cette union naîtra le Machia'h ben David. Comme il est expliqué dans le Zohar Hakadoch (Lé'h Lé'ha 81) : "Le Roi David vit pour l'éternité et il sera le Roi Machia'h".
En effet, l'âme si précieuse du Machia'h ben David nécessitait une protection particulière. D'où la nécessité de la bague donnée par Yéhouda à Tamar, sur laquelle était inscrit le nom de Yéhouda (יהודה), formé des 4 lettres du Nom d'Hachem (יהוה), dont la lumière entoure la lettre dalet (ד) qui fait, elle, allusion au Roi David (דוד).

=> Désormais s'éclaircit également la profondeur des paroles de Rabbi Chimon Bar Yohaï, lorsqu'il commente la bénédiction de Yaakov notre patriarche à Yéhouda : "Yéhouda, toi, tes frères te reconnaîtront" (Vayé'hi 49,8) = tout le peuple juif sera appelé par ton nom : Yéhouda (Yéhoudim), et non par le nom d'une autre tribu.
Ceci vient nous enseigner que, de la même façon que le nom de Yéhouda contient le Nom d'Hachem, celui-ci enveloppant et protégeant l'âme de David, il en est de même pour tous les juifs. Lorsque nous observons la Torah et les mitsvot, nous sommes nous aussi entourés de lumières encerclantes qui soumettent nos ennemis, comme il est écrit : "Tous les peuples de la Terre verront que le Nom d'Hachem est invoqué sur toi et ils te craindront" (Ki Tavo 28,10).

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-> "Yéhouda est un jeune lion (gour aryé)"

Il est écrit : "Ar'yé (אריה) chaag mi lo yira" (Un lion rugit, qui n’aurait pas peur? – Amos 3,8).
Le mot "ar'yé" (lion – אריה) renvoie aux yamim noraim (jours redoutables) :
– le א = renvoie à : אלול (Elloul) ;
– le ר = renvoie à : ראש השנה (Roch Hachana) ;
– le י = renvoie à : יום הכפורים (yom aKipourim) ;
– le ה = renvoie à : הושענה רבא (hochaana rabba).

=> Les enfants de Yéhouda, qui sont Israël, doivent faire particulièrement attention (yagourou) à se repentir pendant ces jours-là.
[Zéra David]

[Ces 4 convocations saintes sont des rugissements du lion (D.) nous conduisant à nous blottir dans Ses bras, suite au fait de réaliser qu’Il est notre unique refuge, qu’Il est Le seul à pouvoir véritablement nous aider/sauver à tout moment de notre vie.
Pendant que le monde continue à tourner comme si de rien n’était, nous, juifs, devons saisir cette immense chance d’entendre le lion rugir, afin de pouvoir donner un nouveau souffle à notre vie : dans la pureté, dans la plénitude, dans la joie/shalom, …]

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-> "Yéhouda, toi que tes frères reconnaîtront" (Vayé'hi 49,8)

-> Le midrach (Béréchit rabba 98,6) explique cette bénédiction de Yaakov à son fils :
"Yéhouda, toi, tes frères te reconnaitront" = Rabbi Chimon Bar Yo'haï enseigne : tous les autres frères seront appelés par le nom de Yéhouda (Yéhoudim = Juifs). Aucun homme ne dira : je suis Réouveni, je suis Chimoni, mais seulement je suis Yéhoudi (Juif)".

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Dans les bénédictions de Yéhouda, on ne trouve pas du tout la lettre zayin, parce que zayin signifie "arme".
Bien que la bénédiction de Yéhouda soit de remporter de nombreuses victoires militaires, son succès ne sera pas dû au maniement des armes mais à la Main d'Hachem.
[rabbénou Bé'hayé]

"Yossef leur donna des chariots selon la parole de Pharaon" (Vayigach 45,21)
"Il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter et l'esprit de leur père Yaakov revint à la vie" (Vayigach 45,27)
"Dans les chariots que Pharaon avait envoyés pour le transporter" (Vayigach 46,5)

-> Pharaon a ordonné à Yossef de prendre des chariots, car il voulait que Yaakov vienne en Egypte.
[Tsor haMor]

-> Bien que Pharaon avait préparé des chariots pour eux, Yossef a dû en envoyer d'autres, car ceux de Pharaon étaient décorés par des symboles idolâtres.
[Rabbi 'Haïm Paltiel]

-> Il existait une loi en Egypte interdisant aux chariots de quitter l'Egypte, s'il n'y avait pas un symbole idolâtre gravé dessus.
Yossef a dû demander à Pharaon de donner un ordre spécial lui permettant de quitter l'Egypte avec ses chariots pour aller chercher Yaakov.
[Mochav Zékénim miBaalé haTossafot]

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-> Yossef transmettait à son père le message qu'il était un maître sur l'Egypte, dans le sens où il n'est pas tombé dans l'immoralité égyptienne, qu'il n'avait pas succombé à leur style de vie, et que plutôt il dominait tout cela.

Yaakov a été pleinement rassuré quand on lui a rapporté les paroles de Yossef : "D. m'a fait maître ... sur tout le pays d'Egypte" (v.48,5). Il était heureux, car son fils était toujours humble.
[Béer Moché]

-> Yossef n'était pas en train de fanfaronner de sa grandeur, de son très haut poste, ...
En réalité, dans son humilité, Yossef déclarait qu'absolument tous les honneurs qu'on lui témoignait en Egypte, ne l'étaient que parce qu'il était le fils d'un père aussi important [en mérites] et saint : Yaakov.
[Rabbi Avraham Yéhochoua Heshel - l'Apter Rav]

[dans toute son humilité, c'est comme s'il lui proclamait : Regarde papa! Tout ce que j'ai, c'est grâce à toi!! ]

-> Il est écrit : "Si quelqu’un fuit l’honneur, l’honneur le poursuivra" (guémara Erouvin 13b).
Le rabbi de Plontch explique : cette guémara signifie que l’honneur court après lui, c’est-à-dire que si celui qui fuit l’honneur est parti, l’honneur court après ses descendants. Mon père, le rav Moché de Radzamin a fui l’honneur qu’il méritait. C’est pourquoi l’honneur court après moi ...

Il a ensuite dit que, Yossef disait que tout l’honneur qu’il avait reçu en Égypte était en fait un honneur pour son père. Il disait que parce que Yaakov fuyait toujours l’honneur, l’honneur courait après son fils, Yossef.
Il a conclu : "Nous voyons souvent des hommes qui sont très humbles et qui ne veulent aucun honneur. Et c’est ainsi qu’ils ne reçoivent aucun honneur du tout. Leurs fils, en revanche, deviennent des personnes très honorées et sont traités avec beaucoup de respect. C’est parce qu’ils ont hérité de leurs pères l’honneur qui leur était dû. Les pères ont fui l’honneur, mais l’honneur a rattrapé leurs enfants."

-> Le rav Bounim de Peshischa explique qu’il faut être à un niveau très élevé pour pouvoir recevoir un grand honneur sans que cela ait un effet négatif et nous rende hautain, orgueilleux (même de l'épaisseur d'un cheveu, au regard du niveau attendu par nos Patriarches).
C’est pourquoi Yossef dit à ses frères de dire à leur père tout l’honneur qu’il avait en Egypte. Il lui disait qu’il avait atteint le niveau où il pouvait tolérer l’honneur sans en être affecté.

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-> "Ils lui racontèrent, en disant : "Yossef est en vie"" (v.45,26)

Selon le Zohar :
- "ils lui racontèrent" (vayaguidou lo) = c'est une allusion à la sagesse, ils ont dit à Yaakov que son fils était toujours en vie spirituellement et sage.

- "en disant" (lémor) = c'est une référence à l'immoralité, ils lui ont dit que Yossef avait résisté à l'immoralité, et que grâce à cela il a le mérite de gouverner l'Egypte.

[Kissé Ra'hamim]

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-> "Parce qu'il ne les croyait pas" (v.45,26)

Pourquoi Yaakov ne les a-t-il pas crus?

Rabbi Chimon dit : Tel est le châtiment du menteur : on ne le croit pas même lorsqu'il dit la vérité.
En effet, les fils de Yaakov avaient inventé un mensonge, comme il est dit : "Il l'a reconnu et a dit : 'c'est la tunique de mon fils'."
C'est pourquoi cette fois-ci, il ne les a pas crus même s'ils disaient la vérité.
[Avot déRabbi Nathan]

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-> Selon la plupart des commentateurs, Yaakov ne découvrira jamais la vérité à propos de la vente.
Les frères ont répété tout ce qui s'est dit en Egypte mais ne révèleront pas qu'ils ont vendu leur frère.
D'autres commentateurs (voir Tour, Tsor haMor) objectent que les bénédictions de Yaakov à ses fils sont pleines d'allusions à la vente, ce qui montre que Yaakov était au courant des événements.
D'après le commentaire de Rachi sur Vayé'hi, Yaakov savait la vérité.
[rav Yossef Deutsch]

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"Il vit les chariots que Yossef avait envoyés pour le transporter et l'esprit de leur père Yaakov revint à la vie" (Vayigach 45,27)

+ Symbolique des chariots (agalot) envoyés à son père :

-> Le Chem miChmouël enseigne que : chariot (agala - עגלה) est lié au terme : cercle (igoul - עיגול). [galgal : roue - גלגל]
Dans un chariot, l'élément principal est les roues.
En effet, on aura beau mettre le meilleur conducteur, les meilleurs chevaux, si les roues ne sont pas bonnes, alors ils n'iront pas très loin.

Une roue symbolise l'idée que pour avancer, cela nécessite un mouvement où ce qui était tout en haut (au top!), devient ensuite tout en bas (au fond du trou!), ...
Ainsi, c'est le changement de situation qui permet à une roue d'aller de l'avant, et de ne pas rester statique.

En voyant les roues du chariot, Yaakov a compris le message : il lui était nécessaire de descendre en Egypte, afin de permettre à sa descendre de pouvoir s'élever dans le futur jusqu'à devenir une grande nation, et recevoir la Torah.

Le Kédouchat Lévi apporte une réponse similaire.
Des épreuves temporaires, comme le fait de devoir quitter la terre Sainte d'Israël, vont lui permettre finalement d'apporter beaucoup plus de biens, de choses positives pour sa descendance.

Nous devons appliquer ce message à nous même :
- lorsque nous sommes en bas (période difficile), cela signifie que la prochaine étape (de la roue de la vie), c'est de monter.
Il faut ainsi garder le moral, que c'est un signe que de belles choses arrivent pour nous.
- Lorsque tout va bien, nous devons les savourer, les apprécier, car on ne sait jamais combien de temps cela va durer.

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-> Lorsque les juifs sont arrivés en Egypte, ils se sont installées dans le territoire de Gochèn.
Or, il s'avère que la guématria de : "à Gochèn" (Gochena - גשנה), est la même que : machia'h (משיח).

La paracha se nomme : Vayigach (ויגש), qui signifie : "il [Yéhouda] s'approcha" (v.44,18).
De plus, au moment où Yossef dévoile son identité, il est écrit : "ils s'approchèrent et il dit : "Je suis Yossef votre frère" (v.45,4), où l'on peut noter également l'emploi du terme : "vayigachou" (ils approchèrent - וַיִּגָּשׁוּ).

[ => cela vient conforter l'idée précédente : en descendant en Egypte à Gochen, ils ont alors rapproché la venue du machia'h!]

-> Qu'est-ce qui a été la cause de ses souffrances, de l'exil en Egypte?
"Ils [les frères] l'aperçurent [Yossef] de loin ; et, avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

Rabbi Nisson Alpert (Limoudé Nisson) fait remarquer que :
- ce qui amène des malheurs, rallonge l'exil, c'est notre attitude de : "ils l'aperçurent de loin" (vayi'ou oto méra'hok);
- à l'inverse, ce qui rapproche la guéoula, amène la bénédiction divine sur tous, c'est un comportement de type : "ils approchèrent" (vayigachou).

=> Vayigach est un appel à se rapprocher l'un de l'autre, car il en découle le meilleur pour tous.
D'ailleurs, il vaut mieux subir quelques souffrances (ex: en ne répondant pas aux provocations), car le gain qu'il en résultera du shalom, est infiniment plus élevé que cette petite perte momentanée.

[à l'image d'un père [Hachem] qui a toutes les richesses du monde, et qui gâte au maximum ses enfants en résultat du plaisir de voir que la paix règne entre eux!]

=> Les chariots témoignent d'une volonté que toute la famille se retrouve réunie, c'est le symbole qu'un amour profond règne entre tous les frères.
Cela a réjouit l'esprit de Yaakov!

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-> [A la demande de son père, Yossef se rendit auprès de ses frères. Alors qu'il approchait] "Ils l'aperçurent de loin ; et avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir" (Vayéchev 37,18)

Le rabbi de Vorki (rabbi Its'hak Kalich de Vorki - Ohel Its'hak) commente :
Si 2 adversaires se rencontrent et discutent de leurs différends, ils découvriront que leur hostilité mutuelle a été déclenchée par de fausses rumeurs et de la médisance.
Ils deviendront alors de bons amis immédiatement.
Mais s'ils gardent une distance et ne parlent pas ouvertement, leur haine grandira de jour en jour.

Le verset cité véhicule cette idée :
- "Ils l'aperçurent de loin" = ils ont agi avec froideur et détachement, le tenant à distance.
- par conséquent, leur animosité s'accrut à un point tel que "ils complotèrent de le faire mourir".

[on a trop tendance à se dire que c'est à autrui de faire le 1er pas. En effet, pourquoi dois-je me rabaisser à demander pardon, lui aussi est responsable de cette situation!
Lorsque les 2 parties campent sur leur égo (MOI je ne cède pas le 1er pour reconnaître mes tords, Moi je peux me débrouiller sans lui, ...), alors la situation va pourrir, se développer négativement.]

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-> Le terme agalot (chariots - עגלות) est formé de la lettre Ayin (ע - équivalant numériquement à 70) et du mot galout (exil - גלות), laissant entendre qu’à travers celles-ci, le Patriarche perçut la vaillance de son fils, parvenu à continuer à étudier la Torah, aux 70 facettes, alors qu’il se trouvait exilé.
Cette perception le fit littéralement revivre.
[rabbi David Pinto]

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-> b'h, d'autres divré Torah à ce sujet : cf. vayigach 45,27 : https://todahm.com/2010/12/06/paracha-vayigach

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"A son père : il [Yossef] envoya ce que voici : 10 ânes chargés du meilleur de l'Egypte ..." (Vayigach 45,23)

-> Rachi rapporte la guemara (Méguila 16b) qui précise que Yossef a envoyé à son père du vin vieux, spécialement salutaire aux vieillards.

-> Le Maharal de Prague fait remarquer que les termes : "vin vieux" (yayin yachan - יַיִן יָשָׁן), ont une guématria de : 430.
Par cela, Yossef fait allusion à son père que l'exil égyptien durera 430 années.

-> Le rav 'Haïm Yossef Kofman dit que 430 est également la guématria de : "réjouit le cœur" (méchamé'hé lev - משמחי לב).

Le vin devient meilleur avec l'âge.
En lui envoyant du vin, Yossef transmet l'idée à son père que lorsqu'il arrivera en Egypte, qu'il y verra l'unité retrouvée entre ses enfants, il comprendra que les épreuves à venir en Egypte le sont pour davantage de bontés au final.

Le vin devait réjouir le cœur de Yaakov, puisque renvoyant aux magnifiques années futures durant lesquelles la présence divine sera quotidienne ressentie, qu'il y aura le Temple, ...

[l'Egypte est le creuset amenant à la véritable naissance de la nation juive, au don de la Torah. En pensant à tout cela, l'esprit de Yaakov s'en trouva apaisé (ex: chaque minute en Egypte nous rapproche de la Torah!)]

[On peut noter que de même qu'il faut écraser des raisins pour faire du vin, de même les juifs devrons se faire écraser durement par les égyptiens, y vidant leur jus, afin que Hachem lève cette coupe pleine du vin vers les plus hautes grandeurs.]

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-> Le rabbi Avraham Avli de Vilna demande : L'Egypte était-elle un pays loué pour son vin? Au contraire, le raison est un des 7 fruits caractéristiques de la terre d'Israël.

En réalité, nos Sages (guémara Baba Batra 98a) ont dit : "Quiconque se montre prétentieux, son vin devint aigre".
Ainsi, il n'y avait pas de chance de trouver en Egypte, pays rempli d'arrogance, un bon vin, et encore moins un vin vieux.
De cette manière, en envoyant à son père un vin vieux, Yossef voulait lui prouver qu'il n'avait pas appris des mauvaises midot des égyptiens, et qu'il était restait droit. Preuve en est que son vin n'était pas devenu aigre.

=> On apprend d'ici que ce que la Torah appelle : "meilleurs produits de l'Egypte" ne désigne pas une ressource que l'on y trouvait spécialement. Au contraire, le vin était une denrée rare en Egypte et c'est pourquoi elle pouvait faire partie des "meilleurs produits" du pays.
[d'une certaine façon la denrée rare que Yossef envoyait à son père était : sa mida d'humilité!]

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-> Le Mahari Assad dit que tous les bois conviennent pour le foyer de l'autel (mizbéa'h) dans le Temple, sauf celui de la vigne et de l'olivier.
Pourquoi ne brûle-t-on pas la vigne et l'olivier sur l'autel?
A cause de leurs produits, l'huile et le vin.
Sur l'autel on faisait des libations de vin, et on sacrifiait des offrandes accompagnées d'huile, et c'est pourquoi ils épargnaient à leurs "ascendants" d'être brûlés.

Yaakov pensait tout le temps qu'il descendrait au chéol vers son fils. Et qui avait dit que son fils se trouvait au Guéhinam?
La réponse est que Yaakov croyait que Yossef, avec sa beauté, avait certainement fauté. Et s'il a fauté, je vais le suivre au Guéhinam, parce que j'ai un fils mauvais.
=> Yossef lui a donc envoyé du vin et de l'huile, en allusion au fait qu'on ne brûle pas la vigne parce qu'elle a un fils juste : le vin.

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-> Selon le midrach (sur v.45,23), Yossef a envoyé à son père : "du vieux vin que les personnes âgées apprécient".
Rabbi Yéhouda Tsadka (Kol Yéhouda) donne l'explication suivante :
Les jeunes se vantent toujours en disant que les vieux ont vieilli et n'ont plus de raison d'être, la nouvelle génération est plus développée, ce qui n'est pas le cas des vieillards.
C'est pourquoi le vieux vin est apprécié par les personnes âgées, parce que les vieux disent le contraire : que c'est justement l'esprit des vieillards qui est plus détendu et plus posé. Ils ont plus de goût que les jeunes dont l'intelligence pétille, et la preuve en est le vieux vin : plus il devient vieux plus il s'améliore, c'est pourquoi les vieillards l'apprécient.

Or Yossef craignait que son père pense que Yossef tendait déjà à adopter l'avis des jeunes et ne lui obéirait pas.
Dans ce cas, quelle utilité y aurait-il à aller chez lui?
=> C'est pourquoi Yossef a pris les devants et lui a envoyé du vin vieux, pour lui suggérer qu'il appréciait l'âge comme par exemple celui du vin, qui plus il prend de l'âge plus il s'améliore. Or, les juifs sont comparés à la vigne, plus ils prennent de l'âge plus ils deviennent sages, comme l'adage : "Plus les anciens de la Torah prennent de l'âge, plus leur opinion devient fiable."

[on peut éventuellement commenter : l'âge représente la tradition, et l'idée que plus une personne est âgée, plus elle est proche du don de la Torah, et donc on doit la respecter pour cela!
En envoyant du vin vieux, Yossef exprime à son père à quel point il vit selon cette réalité (la Torah devant être notre référentiel pour toute chose).]

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-> Le rabbi Chlome Alter enseigne :
Le vin devient de plus en plus fameux en vieillissant, si au début, c'était un vin fin fabriqué avec des raisins de 1eres qualités.
Mais lorsqu'un vin de qualité médiocre vieillit, il devient de plus en plus acide. La vieillesse est certes une qualité, mais elle dépend de ce qu'était l'homme dans sa jeunesse.
[Yossef voulait rassurer son père, en lui disant que malgré son apparence (de vice-roi d'Egypte), il était resté intérieurement le même qu'avant.]

-> "Ne considère pas le récipient. Il peut y avoir un récipient neuf rempli de vieux vin" (Pirké Avot 4,20).
Yossef voulait dire à son père que, malgré son apparence, il était resté intérieurement le même qu’avant. La voie qu’il avait apprise chez Yaakov était restée entière en son coeur. Il savait qu’ainsi, il apaiserait la conscience de son vieux père, qui s’inquiétait de la situation spirituelle de son fils.
Tel est le sens des propos de Rachi : "Il lui envoya du vieux vin" = il lui fit dire que le vin à l’intérieur de lui était resté le même vieux vin que par le passé, sans altération, "que les personnes âgées apprécient" = car cela sera approprié de son vieux père. Le vin devient de plus en plus fameux en vieillissant si, au début, c’était un vin fin fabriqué avec des raisins de première qualité. Mais lorsqu’un vin de qualité médiocre vieillit, il devient de plus en plus acide. La vieillesse est, certes, une qualité mais elle dépend de ce qu’était l’homme dans sa jeunesse.
[Rabbi Chlome Alter]

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-> "Et à son père, il (Yossef) envoya 10 ânes chargés des meilleurs produits de l’Égypte et d10 ânesses portant du blé, du pain et des provisions de voyage pour son père" (Vayigach 45,23).

-> Pour rassurer son père à propos de sa descente en Egypte, Yossef lui transmit-il le message suivant:
Même si effectivement l’Egypte représente une vertigineuse décadence spirituelle [symbolisée par les "10 ânes" - figures des égyptiens (voir Yé'hezkiel 23,20)], il n’empêche que se dissimule au fond d’elle [le mot יין - yayin (vin) a la même valeur numérique (70) que סוד – Sod (secret)], un trésor divin (les "étincelles de sainteté") ["les meilleurs produits de l’Égypte"] que les descendants de Yaakov se saisiront lors de leur sortie d’Egypte [voir Ohev Israël].

La précision de l’ancienneté du vin ("vin vieux" (יין ישן - yayin yachan) cachait également un signe : L’asservissement en Egypte durera 430 années (voir Bo 12,40), autant que la valeur numérique de 70+360 (יין ישן).
En annonçant à son père la durée de l’exil, Yossef, d’une part, rassurait : L'exil commencera depuis la naissance d’Its’hak, chose que "que les personnes âgées [Abraham et Its’hak] apprécient". [Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada], et d’autre part, révélait que la raison profonde du décret de l’exil, étant la réparation de l’âme d’Adam HaRichone [le mot נפש (Néfech – âme) a pour valeur numérique 430 (comme la durée de l’exil) ; ce terme est aussi le את־בש (At Bach) de טּוּב (de מִטּוּב מִצְרָיִם - "meilleurs produits de l’Égypte")]. [Mégalé Amoukot]

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-> "A son père, il envoya ceci : 10 ânes chargés de tout le bon de l'Egypte" (v.45,23)

Selon nos Sages, la charge moyenne qu'un âne peut porter sur son dos est de 90 kabin. Or, un kab équivaut à 1,376 litre.
La charge de 10 ânes est donc de 900 kabin, soit 1 238 litres de vin.
=> Yaakov était-il un ivrogne pour que pendant la courte période avant qu'il descende en Egypte, il lui faille tant de vin?

Le Séfer "Séder haDorot" de rabbi Yé'hiel Halpérin, rapporte au nom du midrach une description des dernières heures de Yaakov au pays de Canaan :
"On donna à chacun selon ce qu'avait envoyé Yossef et tout le monde s'habilla selon ce qu'il avait envoyé. Yaakov mit sur sa tête le turban qu'il lui avait envoyé.
Tous les habitants de Canaan entendirent et vinrent se réjouir avec Yaakov, il leur fit un festin pendant 3 jours, et tous les rois de Canaan et les notables du pays se réjouirent."

=> Il en découle que le vin était nécessaire pour le festin d'adieu que Yaakov a fait aux habitants de Canaan. Pour cette raison, Yaakov avait besoin de la charge portée par 10 ânes, du vin vieux que les personnes âgées apprécient.

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-> "A son père, il envoya ceci : 10 ânes chargés de tout le bon de l'Egypte" (v.45,23)

Le Maharal (Guévourot Hachem 10) explique que les ânes ne sont pas conscients de ce qu'ils portent, ni de pourquoi ils le portent.
Yossef a envoyé à son père 10 ânes pour faire allusion au fait que ses 10 frères ne sont pas responsables de l'avoir vendus en Egypte.
A l'image des ânes, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient.
Ils pensaient agir d'eux-mêmes, mais ils ne faisaient que mettre en œuvre le plan d'Hachem.
Le message de Yossef est : "Ne soit pas en colère contre mes 10 frères qui m'ont vendu. Au final, c'était le plan d'Hachem que je sois vendu en Egypte, et c'est la raison principale pour laquelle cela s'est produit".

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-> "Et à son père, il (Yosseph) envoya comme ceci (chala'h kazot) : 10 ânes qui portaient du meilleur du pays ..." (Vayigach 45,23)

=> Les mots "comme ceci" (kazot - כָּזֹאת) semblent superflus. Le verset aurait pu en faire l'impasse et dire directement "à son père, il envoya 10 ânes"
Rachi explique : "Il envoya comme ceci = comme ce nombre (ka'hechbon azé).
Mais, on peut se demander que vient expliquer Rachi par ce commentaire.

-> Le rabbi Israël de Rouzhin explique :
En fait, à présent, une famine sévissait dans le monde. Or, il y a un Nom Sacré auquel il est bon de penser pour attirer la subsistance. C'est le Nom חת''ך qui ressort des lettres finales des mots פותח את ידך (potéa'h ét yadé'ha - ouvre Ta Main), qui est le verset approprié à la subsistance. [en ce sens, c'est l'intention à avoir dans ce verset du achré dans la prière]
Ainsi, Yossef transmet à son père qu'il serait bon de penser à ce Nom Saint pour permettre d'attirer la subsistance dans cette période de famine.

C'est à ce message que Rachi fait allusion dans son commentaire. Les mots "comme ceci" se disent dans la Torah כָּזֹאת dont la valeur numérique est de 428, soit la même valeur numérique que les lettres חת''ך .
C'est à cela que fait allusion Rachi qui commente : "Il envoya comme ceci (כזאת) = comme ce nombre", c'est-à-dire comme le nombre, soit la valeur numérique, de ce mot. Cela fait allusion au Nom Sacré חת''ך . C'est justement cela que Yossef envoya à son père. Il lui transmit comme message de penser sur ce Nom, pour pouvoir attirer la bénédiction de la subsistance par la force de sa sainteté.

[ainsi en cette période de très grande famine en Egypte, Yossef envoya comme message à son père Yaakov : "Puisses-tu prier pour la parnassa avec le Nom d'Hachem חתך".
Il lui demanda que l'abondance puisse se déverser sur le monde par son mérite. ]

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"Racontez à mon père tout l'honneur qui est le mien en Egypte" (Vayigach 45,13)

En quoi importait-il à Yaakov de savoir que Yossef avait de l'honneur, de la gloire en Egypte?

Yaakov était très prudent à descendre en Egypte, car il avait conscience que cela marquerait le début de l'exil.

Au travers l'histoire de notre peuple, de nombreux juifs ont quitté le bon chemin spirituel : soit à cause de leurs souffrances, soit parce qu'ils se sont laissés séduire par les richesses qu'ils ont pu amasser.

Yossef leur dit : "Les actions des parents sont un signe pour leurs enfants. J'ai pu subir ces 2 extrêmes : être un esclave humilié, et atteindre une gloire fabuleuse, et j'ai toujours conservé mon niveau spirituel.
S'il vous plaît dites cela à mon père pour lui diminuer ses craintes."

[le Divré Chaoul - Rav Yossef Chaoul Nathanson]

[Le chariot (agala) peut renvoyer au fait que Yossef est descendu en tant qu'esclave dans des caravanes de marchands, et que maintenant il est vice-roi d'Egypte, pouvant même faire sortir des chariots royaux (sans idoles dessus).
Aussi bien en haut, qu'en bas de la roue de sa vie, il a toujours gardé la bonne direction : Hachem!

Cela peut également se comprendre à un niveau plus global.
En effet, lorsqu'un parent surmonte une épreuve difficile, il transmet à sa descendance une facilité pour vaincre cette épreuve dans le futur.
Par exemple, le fait que Yossef a triomphé dans la très difficile épreuve de l'immoralité, va permettre à tous les juifs venant ensuite d'avoir plus de facilité à en faire de même.

Ainsi, symboliquement son passage de chariots d'esclaves à chariots du vice-roi d'Egypte, symbolise qu'il a réussi à amasser de nombreux trésors, une richesse de mérites spirituels, qui vont permettre aux juifs d'avoir davantage de facilités à rester fidèle à Hachem.
Cette idée a réjoui grandement Yaakov, qui était auparavant préoccupé à l'idée de devoir descendre en Egypte. ]

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-> "Pour toi, tu es chargé de cet ordre : Faites ceci : Prenez pour vous, du pays d'Egypte, des charrettes pour vos enfants et pour vos femmes" (Vayigach 45,19)

-> Le rav Yossef Né'hémia Kourtziner enseigne :
"A priori, on peut se demander pourquoi la Torah détaille et précise : ‘Pour vous, pour vos enfants, pour vos femmes’. Il aurait en effet suffi d'écrire : "Prenez des charrettes et venez ici!"
A mon humble avis, il me semble que l'on peut l'expliquer à partir de l'enseignement que mon aïeul, le 'Hatam Sofer, donne sur le verset : "Vous vous tenez tous ... chaque homme d'Israël, vos enfants et vos femmes" (paracha Nitsvim) et qui est le suivant : "Car en rassemblant tout le peuple devant Moché, il était inconvenable que viennent ensemble hommes et femmes, ce qui aurait pu conduire à des embuches. C'est pourquoi dans le verset il existe une interruption entre "chaque homme d'Israël" et "vos femmes" (pour suggérer qu'ils fassent des séparations entre les hommes et les femmes lorsqu'ils se rassembleraient)."

Si Yossef Hatsadik était, certes, intègre dans toutes les vertus qui caractérisent un homme de sa stature spirituelle, il se distinguait néanmoins particulièrement par l'une d'entre elles : la sainteté des mœurs.
Il ne fait aucun doute que sa vigilance dans ce domaine fit grande impression sur le peuple au milieu duquel il se trouvait, tant et si bien que Pharaon lui-même comprit qu’il en était de même pour les frères de Yossef. Méticuleux à ce sujet, ils se gardaient de tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à une proximité inconvenante.
Aussi cela aurait-il été une abomination pour eux que les hommes et les femmes voyagent ensemble.
C'est pourquoi il dit à Yossef : Prenez des charrettes qui conviennent pour vous ... pour vos enfants et pour vos femmes, à savoir des charrettes où les enfants constitueraient une séparation entre vous et vos femmes. Or, lorsque ses frères revinrent chez Yaakov et qu'ils lui dirent que Yossef était encore vivant, et que bien qu'il résidât en terre d'Egypte, terre tellement dépravée dans ses mœurs, il s’était maintenu dans sa foi, sans avoir le moins du monde entaché la sainteté de sa conduite, son cœur resta froid, car il ne put se résoudre à les croire, pensant qu'il était impossible de demeurer intègre dans un tel environnement.
Cependant, lorsqu'il aperçut les charrettes que Yossef avait envoyées, conçues de telle manière qu'elles garantissaient la pureté des mœurs et la décence en conformité avec les exigences du judaïsme, la vie revint au cœur de Yaakov, car il dut alors se rendre à l'évidence qu'en effet, Yossef était encore vivant, et que son âme était demeurée intègre."

"Avraham a planté des acacias à Béer Shéva.
Lorsque Yaakov est descendu en Egypte, il a transplanté ces arbres là-bas.
Il a alors dit à ses enfants que Hachem leur ordonnera un jour de construire le Michkan, et ils devront utiliser ces arbres.

Il y avait sûrement de très bons arbres en Egypte. Pourquoi nos Patriarches se sont-ils compliqués la vie à planter des arbres, et à ensuite les transplanter?

S'ils ont agi ainsi, c'est pour remonter le moral à leurs descendants qui seront esclaves en Egypte.
En effet, il n'était pas suffisant de promettre aux juifs qu'ils seraient délivrés, la vision des acacias que Yaakov avait planté en Egypte, était un rappel concret que leur éventuelle libération sera une réalité."

[rav Yaakov Kamenetsky - Emet léYaakov]

[de la même façon dans notre difficile exil, nous sommes rassurés à la vue du Kotel, qui témoigne que d'un moment à l'autre Hachem va reconstruire le Temple, nous libérant totalement de l'emprise de nos oppresseurs]

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-> Yaakov eut la vision de tous les événements qu'allaient connaître ses descendants, et il sut qu'ils construiraient le Michkan ... ces arbres appartenaient à une espèce rare, introuvable dans d'autres régions, poussant droit ; ils étaient de taille impressionnante (près de 15 mètres), et de plus ne comportaient ni nœud ni fissure.
[Méam Loez - Vayigach 46,1]

"Et maintenant ne vous affligez pas" (Vayigach 45,5)

A quoi fait allusion le terme : "Maintenant"?

Nos Sages enseignent que la faute de la vente de Yossef fut payée plusieurs générations plus tard, par les 10 martyrs qui furent tués par les romains (dont Rabbi Akiva).

Ainsi, Yossef voulait faire allusion à cela à ses frères.
Il leur dit :"Et maintenant, ne vous affligez pas" = c’est comme s’il leur disait : "Maintenant, dans cette génération, vous n’avez pas à vous affliger, car vous n’allez pas payer pour la faute de la vente. Mais dans le futur, dans la génération des 10 martyrs, c’est là que vous aurez lieu de vous affliger, car c’est là que vous allez payer cette faute par la mort des 10 martyrs !"

[Rabbi 'Haïm Vital]

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-> Le Ben Ich 'Haï enseigne que lorsque Yossef s'est révélé à ses frères, il a pleuré, et ce n'était pas qu'un simple pleur personnel.
En effet, son pleur comprenait également les pleurs des autres tribus, ceux de tout le peuple d'Israël, et ceux des 10 martyrs tués par les romains.

Yossef a pleinement ressenti la douleur des autres, et son pleur était si puissant que toute l'Egypte et le palais de Pharaon ont pu l'entendre, puisqu'étant composé d'un cumul de pleurs collectifs représentant un nombre considérable de souffrances et de douleurs.

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"Et maintenant ne vous affligez pas, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m'avoir vendu" (Vayigach 45,5)

-> Le rabbi de Shinov explique que Yossef leur disait : "Ne vous attardez pas sur votre faute de m'avoir vendu, mais plutôt "Et maintenant" = pensez au présent ; "ne vous affligez pas" = n'en soyez pas tristes.

-> Rabbi Guerchon de Radzin enseigne également :
"L'homme triste n'a pas besoin de raison particulière pour être coléreux. Dès son réveil, il s'emporte contre le monde entier. Il en veut à chacun. A ses yeux, le monde entier est coupable.
C'est la raison pour laquelle, en prenant congé de ses frères, Yossef, le vice-roi d'Egypte, leur a dit : "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes!" (Vayigach 45,5)."

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A ce sujet :
- Un être vivant c’est celui qui vit dans le présent : https://todahm.com/2020/12/27/un-etre-vivant-cest-celui-qui-vit-dans-le-present
- https://todahm.com/2020/12/27/29930

Le Beit Aharon enseigne : "la tristesse n'est pas une faute, mais elle peut amener les gens plus bas que la pire des fautes. La joie n'est pas une mitsva, mais elle peut élever une personne plus haut que la plus grande des mitsva".