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"Ils Me feront un Sanctuaire, et je résiderai parmi d’eux" (Térouma 25,8)

-> Il est intéressant de noter que le même principe fut énoncé au roi Chlomo : "Cette maison que tu édifies ... et Je résiderai au sein des enfants d'Israël" (Mélakhim I 6,12).

-> Rabbi 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm 1,4) explique que par "résider en eux", Hachem veut dire aux juifs qu'Il résidera à l'intérieur de chacun d'eux, et rapporte que par ces mots, D. signifie à Moché :
"Ne croyez pas que le but de cette construction soit l'édifice physique qui en résultera.
Par ce Sanctuaire et la fabrication de tous ces ustensiles, Mon intention est que vous vous en inspiriez pour agir de la même manière à l'intérieur de votre personne, pour que Je puisse résider en vous.

Car par vos actes, vous pouvez vous transformer et devenir la copie exacte de ce Sanctuaire et de ses composants".

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-> "Car Hachem, ton D., marche au centre de ton camp ... ton camp devra être saint, il ne faut pas que D. voie en toi une chose malséante, car Il se retirerai de toi" (Ki Tétsé 23,15)

Sur ce verset, Rabbi Chimon bar Yo'haï (rapporté dans le Séfer 'Harédim) dit que le "centre" est le cœur de l'homme, situé au centre du corps humain, et que le "camp" fait allusion aux 248 membres qui le composent.
Ainsi, si l'homme manque de se sanctifier, en quelque sorte, il détruit un "Temple", lieu de réception du Roi du monde.

Notre cœur est une maison consacrée à Hachem, et nous devons tout faire pour qu' "Il ne se retirerai pas de toi".

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-> D'ailleurs, le Néfech ha'Haïm, rapporté ci-dessus, conclut à ce sujet par :
"Lorsque l'homme s'égare en laissant s'insinuer dans son cœur des pensées impures de luxure, c'est comme s'il faisait entrer une prostituée à l'intérieur du Saint des saints d'En-Haut.

Par cela, il consolide les forces de l'impureté dans le Saint des saints céleste, de manière bien plus intense que ce qu'a pu faire Titus (destructeur du 2e Temple) en faisant entrer une prostituée dans le Saint des saints du Temple d'ici-bas.

De même, toute faute et tout esprit de rébellion, que l'homme laisse pénétrer dans son cœur donnent corps au verset : "Notre saint et glorieux Temple ... est devenu la proie des flammes" (le prophète Yéchayahou 64,10). "

-> Hachem a tellement confiance en chacun de nous, qu'Il nous a doté de capacités divine, pouvant être exploitées en bien comme en mal.
L'obligation d'existence d'un libre arbitre, fait que nous n'avons pas conscience de la grandeur des conséquences de chacune de nos actions.
=> Combien devons-nous prendre garde à la pureté et la sainteté de notre Temple intérieur!!

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+ La Torah : le moyen permettant d'accueillir en nous la présence divine

-> Le Ba'h (Ora'h 'Haïm - chap.47) écrit dans son commentaire de la bénédiction sur la Torah :
"Lorsque nous nous consacrons à l'étude de la Torah, afin de renforcer notre âme, nous devenons un Char et un Sanctuaire pour accueillir la présence divine.
Et c'est véritablement à l'intérieur de notre personne que celle-ci élit sa résidence, et la terre entière est alors inondée de Sa splendeur.
[...]
Nous disons dans la bénédiction de la Torah : "Qui nous a choisis" : c'est-à-dire que Hachem nous a amené jusqu'au mont Sinaï pour nous offrir Sa sainte Torah, l'instrument de Son plaisir avec lequel Il se réjouit chaque jour, dans le but de permettre à notre âme de s'attacher à la sainteté de la Torah et à sa spiritualité, afin d'amener à nous la présence divine."

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"Ils me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux" (Térouma 25,8)

-> Le rav Yé'hezkiel Levinstein rapporte que si l'on souhaite réellement acquérir la Torah, il est impératif de laisser dans son cœur, une place pour Hachem.

-> " Où est la place de D.?
Là où on Le laisse entrer!
Le Créateur se trouve partout, Il emplit toute la terre. En vérité, les gens ne cherchent qu’eux-mêmes."
[Rabbi Menachem Mendel de Kotsk]

=> Il faut libérer notre cœur des futilités de ce monde, de notre égo, et laisser Hachem y prendre place.

Nous voulons tous que Hachem réside en nous, mais est-ce que nous Lui avons laissé de la place pour qu'Il y entre? ou bien est-ce complet par les pensées de ce monde et le "moi je" ?

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-> "Ils me feront un Sanctuaire et Je résiderai parmi eux" = Plus on se rapproche de Hachem, plus nous développons en nous un désir puissant de nous attacher à Lui.
[Rabbi 'Hanoch haCohen d'Alexander]

-> Le rav David Pinto (la Voie à suivre n°766) enseigne :
Le nom "Michkan" (Sanctuaire), est fait des mêmes lettres que "Nimchakh" (attiré).
Cela signifie que par une préparation convenable, on attire la sainteté sur soi d’en-haut et on devient un sanctuaire pour Hachem, et alors la Présence Divine repose véritablement à l’intérieur de soi.

Il est écrit : "Ils prendront pour moi one offrande ... de l’or, de l’argent et du cuivre" (Chemot 25, 2-3)
- Quand quelqu’un s’apprête à prier, il doit se préparer dans un esprit de sainteté et de pureté. Il doit purifier toutes ses pensées de toute préoccupation et de tout souci et prier comme il convient.
Et cela, c’est notre Créateur Qui nous l’enseigne : celui qui s’apprête à prier doit commencer par prendre dans sa pensée tout l’argent et tous les intérêts de ce monde-ci et Me les donner, les donner à Hachem.
Cela signifie que tout homme doit vérifier en lui-même si tout ce qui concerne sa subsistance et les autres intérêts de ce monde appartiennent uniquement à D. et viennent de Lui, s’il n’y a aucune autre force qui lui donne ce dont il a besoin.
Si c’est le cas, lorsqu’il s’apprête à prier il doit purifier ses pensées et vérifier en lui-même qu’il fait confiance au Créateur pour lui donner tout ce qui lui est nécessaire, exactement comme on le Lui demande, sans qu’il y manque rien. Si l’on se conduit ainsi, alors seulement on peut commencer d’un cœur serein et sûr à construire le Sanctuaire de la prière. En effet, la prière est en fait la construction du Sanctuaire pour Hachem, car l’homme qui prie correctement, avec toutes les intentions souhaitables, mérite d’attirer la Chekhina sur lui, et se construit lui-même comme un Sanctuaire pour le Créateur ...

- non seulement on doit construire un Sanctuaire à D. en se préparant à la prière, mais il en va de même dans l’étude de la Torah, avec la préparation qui s’impose. Cela signifie que celui qui rentre au beit hamidrach pour étudier la sainte Torah doit aussi se préparer correctement pour pouvoir construire un Sanctuaire à Hachem.
En effet, le beit hamidrach attire également la Présence Divine et prépare un endroit au Créateur. Car chaque instant où l’on mérite d’avoir la Torah en bouche, on ajoute encore une brique, encore une pierre à la maison de Hachem.
C’est pourquoi même quand on veut construire cette maison, quand on s’apprête à entrer au beit hamidrach pour étudier, on doit se préparer vraiment en sainteté et en pureté, se débarrasser l’esprit de tous les soucis et de toutes les préoccupations de ce monde.
"Ils prendront pour Moi une offrande, de l’or ..." = prendre tout ce qui relève de l’or et de l’argent et Me le donner en intention. Et on vérifiera en soi-même clairement et sans ambiguïté que seul le Créateur veille et continuera à veiller à tous nos besoins, si bien qu’il n’y a plus aucune place au souci.
Et à ce moment-là, quand on dépouillera son cœur de tout le reste, on se mettra à étudier la Torah avec joie, pureté et sainteté, et à chaque instant on construira un Sanctuaire, un petit Temple, une maison au Créateur.

En effet, les Sages ont dit (Méguila 29a) qu’aujourd’hui, la maison d’étude s’appelle un petit Sanctuaire. Et voici la parole de Hachem : Souvenez-vous que tout l’or et tout l’argent sont à Moi, c’est pourquoi ne vous souciez de rien, car Je remplirai vos trésors, restez seulement à étudier. Et par là s’accomplira en vous (Térouma 25,8) "Ils Me feront un Sanctuaire et Je reposerai parmi eux." ...

Selon le ‘Hidouché haRim : Hachem a demandé aux Bné Israël : "ils prendront pour Moi une offrande" = Je vous en prie, donnez-Moi de la tsedaka comme à un pauvre.
Cette offrande fait allusion à la tsedaka qu’on donne avant de prier et avant d’étudier ...
Nos Sages (Baba Batra 10a) enseignent qu’il est très important de donner de la tsedaka avant de prier, ainsi qu’il est écrit (Téhilim 17, 15) "Je contemplerai Ta face avec "tsedek"."

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-> Le rav David Pinto (la Voie à suivre n°562) enseigne également :
Avant que le Sanctuaire soit érigé, l’homme pouvait étudier la Torah partout. Depuis le Sanctuaire, il n’étudie la plus grande partie de sa Torah que dans le beit hamidrach.
Il est dit dans la guémara (Yérouchalmi Béra'hot 5,1) : "Une alliance a été conclue selon laquelle ce qu’on a appris au beit hamidrach ne sera pas facilement oublié".
C’est pourquoi Il est écrit "Je résiderai en eux", ils doivent étudier toute leur Torah dans le beit hamidrach.

Nos Maîtres ont dit (guémara Kidouchin 30a) : On doit toujours partager son étude en trois : le tiers pour la Torah écrite, le tiers pour la Michna et le tiers pour le Talmud.
C’est pourquoi Il leur a dit : "Je reposerai parmi eux (bétokham)", si on divise le mot "betokham" (בְּתוֹכָם) :
- le "beit" est une allusion à la Torah écrite qui commence par la lettre beit (Béréchit) ;
- le "mem" est une allusion à la Michna qui commence par la lettre mem (Méémataï) ;
- le "tav" est une allusion à la guémara, qui commence par la lettre tav (Tana) ;
- le "vav" est une allusion aux prophètes (Névi'im), qui commencent par la lettre vav (vayéhi a’harei mot Moché) ;
- le "kaf" est une allusion aux Kétouvim, qui commence par les Téhilim.
=> Tout cela nous indique qu’il faut étudier toute la Torah au beit hamidrach.

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-> "Si l'on compte depuis le verset : "Ils Me construiront un Sanctuaire" (Chémot - Térouma 25,8) jusqu'au verset : "Tout ce que l'Éternel lui avait prescrit, il s'y conforma (Chémot - Pékoudé 40,16), on trouvera 248 "ouvrages" dans la fabrication du Tabernacle et de ses ustensiles, en parallèle aux 248 commandements positifs de la Torah.
[...]
Ces ouvrages correspondent également aux 248 organes du corps humain.
Car de la même manière que le Tabernacle équivaut à l'ensemble de la Création et renferme l'univers entier, il contient également toute la Torah, dans ses 248 commandements positifs, et l'homme, dans ses 248 organes.

Et si ce n'était l'ampleur du sujet, je t'aurai expliqué ce point davantage, car : "Hachem a fait l'un face à l'autre" (Kohélet 7,14). "

[Rabbénou Bé'hayé - Pékoudé 40,16]

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-> Le midrach (Chémot rabba 33) nous transmet le message suivant de Hachem :
"Je vous ai donné ma sainte Torah. Me séparer d'elle, Je ne peux pas!
Vous dire de ne pas prendre la Torah, Je ne peux pas!
Cependant, où que vous alliez, s'il vous plaît construisez-Moi un lieu afin que Je puisse résider près de la Torah".
Comme il est dit : "Ils Me feront un Sanctuaire (Michkan)" (véassou li mikdach - וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ).

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que le mot : "li" (לִי) est composé de la lettre la plus grande (le lamed) et de la lettre la plus petite (le youd) de l'alphabet hébraïque.
Le lamed représente Hachem, qui est Tout-Puissant, et le youd représente le peuple juif qui obéit à la volonté du Maître du monde.
=> véassou li mikdach (וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ) = nous faisons un Sanctuaire (véassou mikdach) pour "li" (לִי), qui représente à la fois nous (לִ) et Hachem (י).

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+ Nécessité du Michkan :

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 95) dit à ce sujet : "Nous avons l'obligation de construire un lieu qui est pur et propre au plus au degré de pureté spirituelle, afin de purifier les pensées des personnes et de parfaire leur cœur vers Hachem".

-> Le Sforno (Ki Tissa 31,18) écrit que si le peuple juif n'avait pas servi le Veau d'or, alors il n'y aurait eu aucune nécessité de construire un Michkan.
Les conséquences de cette faute ont tellement fait descendre le niveau des gens, qu'il était alors nécessaire d'avoir une "tente d'oxygène" spéciale afin de pouvoir respirer (spirituellement parlant), et c'était le : Michkan!

=> Nous devons établir des Michkan pour Hachem : notre maison, nos écoles juives, nos synagogues, ... et les remplir de pureté, en y respirant un air pur de Torah sans les pollutions extérieures de ce monde. Grâce à cela, nous pourrons être spirituellement en vie!

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-> Si la présence divine peut résider au sein de chaque juif, pourquoi était-il nécessaire de construire tout d'abord un Michkan physique?
Le Alshich haKadoch écrit que c'est en raison de la grande unité et fraternité que la construction du Michkan a permis de générer.
En effet, les juifs devaient tous s'unir ensemble pour mener à bien ce saint projet, pour que Hachem vienne les rejoindre.
Le midrach Téhilim (30) nous enseigne que lorsque les juifs se traitent l'un l'autre avec bonté, amour et compréhension, alors cela va amener Hachem plus proche de nous.
Ainsi, tout acte positif permettant de rapprocher les juifs, ouvre la porte pour que Hachem entre en nous.

Nous souhaitons tous bâtir en nous un Mickan où D. réside, mais la condition préalable est de travailler à l'unité avec autrui.
[le Temple a été détruit à cause de la haine, et de même celui à venir sera reconstruit grâce à l'amour entre nous!]

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+ Michkan : unification des singularités du peuple juif :

-> Le rav Yaakov Kamenetsky (Émet léYaakov - Bamidbar 1,1) nous aide à comprendre la signification du Michkan.
Au début de la paracha de Bamidbar, la Torah montre le système d’identification de chaque tribu lors de leurs périples dans le désert. Chacune avait son propre drapeau, représentant son rôle et son caractère. Par exemple, un lion figurait sur le drapeau de Yéhouda, indiquant son statut de roi, le lion étant le roi des animaux.
Rav Kamenetsky souligne que ce système, pourtant simple, ne fut mis en place que lors de la 2e année après la sortie d’Égypte ; pourquoi fallut-il attendre un an entier pour l’instaurer?

Il répond que le Michkan aussi fut établi uniquement dans la 2e année qui suivit la sortie d’Égypte et il était impératif qu’il soit construit avant la mise en place du système des drapeaux. Pourquoi cela?
Le rav Kamenetsky explique que les divers drapeaux mettaient en relief de grandes différences entre chaque tribu. Les diverses couleurs et symboles connotent le mode de vie et les forces particulières à chacune. Par conséquent, le risque que les drapeaux entrainent séparation et divergence au sein de la nation juive était grand.
Chaque tribu avait sa propre philosophie et risquait de la canaliser vers des objectifs disparates, voire d’éventuels conflits entre elles. Pour éviter que cela se produise, il était primordial de garder un point de mire, rappelant aux tribus qu’elles ont toutes le même but : celui de la Avodat Hachem, même si les manières de l’atteindre sont différentes.
C’était l’un des objectifs principaux du Michkan : servir d’élément unificateur pour les divers éléments du peuple juif. Chacun a sa façon de voir les choses et divers rôles sont à remplir au sein de la nation, mais si tout le monde vise la même cible : celle de servir Hachem, nos différences n’ont aucune raison de se transformer en conflit ou en dissension. [au contraire elles sont des richesses, permettant au final d'encore mieux service Hachem]
Le rav Kamenetsky compare ceci au corps humain : les oreilles et les yeux ont des fonctions et des aptitudes très différentes, mais ne sont pas en compétition, parce qu’ils ont un objectif commun : ceux de permettre au corps humain de fonctionner correctement.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Deux leçons primordiales sont à tirer de cela. Tout d’abord l’importance de l’unité au sein du peuple, mais savoir aussi qu’être uni ne signifie pas avoir les mêmes rôles et les mêmes forces que l’autre. Si c’était le cas, le peuple juif n’aurait pas pu remplir les myriades de responsabilités qui lui incombent en tant que Peuple élu. Certaines personnes sont plus aptes à étudier, d’autres à aider, d’autres encore sont douées pour l’enseignement, ...
De même, il existe différentes façons de servir Hachem, comme le montrent les diverses tendances et origines ; les Lituaniens, les ’Hassidim, les Sépharades, ...
Chacune donne sa propre saveur à la nation et contribue à sa Chlémout (perfection).

La guémara (fin du traité Taanit) nous permet de mieux comprendre cette idée. Elle affirme qu’à l’avenir, Hachem formera un cercle avec les hommes pieux (tsadikim). La Chekhina (Présence divine) sera au milieu et tout le monde pointera le centre en disant : "C’est Hachem en Qui nous avons espéré".
Les commentateurs analysent cette ronde formée par les tsadikim. Dans un cercle, chaque point est équidistant du centre. Aucun n’en est plus proche ou plus éloigné. Dans le futur, toutes les vaines discordes feront partie du passé. Hachem formera un cercle et en sera le centre et tous les vertueux de ce cercle, des divers "camps", montreront le centre du doigt et verront qu’ils servaient tous le même D. et en étaient équidistants.
Chaque point a une place différente sur le cercle, mais personne n’est plus rapproché que l’autre du milieu.

["Ils Me feront un Sanctuaire et Je demeurerai parmi eux" = on peut appliquer ce même pouvoir d'unification vers un objectif ultime. Nous devons savoir accepter qu'autrui aborde différemment que nous le chemin pour y parvenir, et en ce sens accepter et apprécier toute forme de service d'Hachem (tant que cela reste dans le cadre de la loi juive).
D'ailleurs, un juif ne doit pas être un robot (reproduisant machinalement ce qu'autrui fait), mais il doit vivre personnellement son judaïsme, en y mettant les sentiments qui font vibrer son cœur pour Hachem. Et en ce sens, chaque juif a à l'intérieur de lui ("Je demeurerai parmi eux") une approche unique, un relationnel unique avec son papa Hachem.]

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-> "Ils Me feront un Sanctuaire et Je demeurerai parmi eux" (Térouma 25,8)

-> "Ils me feront" (véassou li - וְעָשׂוּ לִי)
Rabbi Méïr Abou'hatsira enseigne que les 2 lettres du mot : li (pour Moi - לי) sont les acronymes du mot : lachon (langue - לשון) et du mot yessod (brit mila - יסוד).
Ainsi, tout celui qui préservera la sainteté de la langue ainsi que la sainteté de la langue ainsi que la sainteté de la brit mila (circoncision) méritera que la Présence divine réside en son sein.

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-> Les Sages du midrach (Yalkout Chimoni Chémt 25,247a) nous ont enseigné : "A chaque fois qu'il est écrit le mot : li (pour Moi - לי), cela signifie que l'action accomplie durera pour toujours dans tous les mondes.

Le rav Beniahou enseigne : malgré les fautes commises, qui ont entraîné la disparition du Sanctuaire fait de matière, la Présence divine se trouve dans le cœur de chaque tsadik, de génération en génération, et en cela il est éternel.

"Tu la recouvriras d'or pur, à l'intérieur et à l'extérieur" (Térouma 25,11)

-> Rav dit : "Tout érudit dont la vie intérieure ne correspond pas à son apparence n'est pas un érudit"
Abbayé ou selon certains Rabba bar Oula, lui répondit : "Il est même appelé immonde"
Rabbi Chmouël bar Na'hmani dit au nom de Rabbi Yonathan : "Malheur aux érudits qui étudient la Torah sans être animés de crainte du Ciel"
[guémara Yoma 72b]

-> Nos Sages nous apprennent que Bétsalel confectionna l'Arche sainte par 3 coffres : 2 en or, avec entre eux un coffre en bois.
C'est ainsi qu'elle avait un intérieur (en bois), qui n'était pas conforme à son extérieur (en or).

=> Pourquoi prendre l'Arche en exemple d'une idée qui semble évidente (être authentique), et qu'elle semble ne pas respecter?

Le rav Pin'has Goldwasser explique ainsi :

-> 1°/ A l'extérieur : il y avait un 1er coffre en or = cela symbolise le fait qu'un érudit, incarnation de la Torah aux yeux des hommes, est tenu de manifester une dignité princière.

Plus un érudit dégagera (et non imposera) extérieurement du respect, plus les messages qu'il dira, auront de l'importance à nos yeux, car venant d'une personne importance.

-> 2°/ Ensuite, il y avait un coffre en bois = cela symbolise la modestie, l'humilité que l'érudit doit posséder.
Il doit être conscient que s'il est "adulé" c'est pour la Torah qui est en lui, que ce n'est qu'un cadeau de D., qu'un "habit" afin de porter au plus fort l'honneur de la Torah.

On doit veiller à ne pas prendre pour nous, le kavod qui revient à Hachem.

-> 3°/ Enfin, il y avait à l'intérieur un coffre en or = derrière sa grande humilité, l'érudit en Torah doit être conscient de sa véritable valeur, car comme le rapporte le Sabba de Slabodka : "l'essence de la modestie est la conscience d'être doté d'un potentiel élevé".

[Je ne suis pas rien, je ne suis pas tout, je suis moi-même et exploitant au mieux toutes les capacités que D. me donne]

C'est pourquoi la guémara (Sota 5a) statue : "L'érudit doit posséder 1/8e d'orgueil".
=> Au fond lui, il doit y avoir de l'orgueil, symbobilisé par ce coffret en or.

==> On comprend maintenant pourquoi l'Arche est prise en symbole de l'harmonie entre notre attitude extérieure et intérieure.

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-> A ce sujet, le Méam Loez (Térouma 25,16) nous enseigne :
"L'hypocrite ne viendra pas devant [Hachem]" (Iyov 13,16).
Ceci enseigne qu'un hypocrite ne méritera pas de contempler la Présence Divine dans le monde à venir.
On enseigne que 4 catégories de personnes ne mériteront pas d’accueillir la Présence Divine : les railleurs (ceux qui se moquent de tout et ne sont jamais sérieux), les calomniateurs, les menteurs, et les hypocrites. [guémara Sotah]

De même, la guémara (Pessa'him) dit qu'il existe 3 catégories de personnes que Hachem hait, et l'une d'elle est celle qui dit une chose avec sa bouche et en a une autre dans le cœur. Le Temple fut détruit à cause de ces hypocrites détestés.

Les prières d'un hypocrite ne sont pas acceptés et sont considérées comme impures au même titre que le sang menstruel.
Cet homme attire la colère Divine sur le monde : même les fœtus dans le ventre de leur mère le maudissent et demandent qu'il soit fait prisonnier.
Cet homme finira par hériter du Guéhinam.
[...]

L'intégrité suppose de ne pas se montrer meilleur que l'on est.
La guémara (Yoma 86b) enseigne : "Il faut faire connaître les hypocrites à cause de la profanation du Nom".
Il s'agit d'hypocrites n'étant pas particulièrement vertueux, mais qui en public se font passer pour des tsadikim.
... [et cela] pour 2 raisons : afin que les gens n'imitent pas ses mauvaises actions (prenant exemple sur une personne qu'il considère comme vertueuse), et pour éviter la profanation du Nom Divin. En effet, lorsqu'un hypocrite est châtié, les gens peuvent dire : "Les bonnes actions n'aident pas l'homme! Voyez cet homme pieux! Son mérite ne l'a-t-il pas protégé?"
[...]

[selon nos Sages, chez lui, un homme peut être aussi pieux qu'il le désire. Mais hors de soi, il faut couvrir sa piété et la dissimuler.
Faire étalage de sa piété est une marque d'orgueil.]
[...]

Nous voyons que l'Arche de bois, relativement dépourvue de valeur, était cachée entre 2 précieux coffres d'or afin d'être recouverte d'or de tous côtés, comme si la chose la plus importante était le coffre de bois, les coffres d'or étant secondaires.
Nous devons honorer un érudit de la Torah même s'il est pauvre. Lui manquer de respect revient à manquer de respect à la Torah.
Il n'existe aucune différence entre riche et pauvre lorsqu'il s'agit d'un érudit : il faut l'honorer parce qu'il étudie la Torah.

[on peut éventuellement ajouter que dans ce monde matériel, les données sont faussées. Généralement, l'or est la valeur cible, et le bois délaissé. Mais avec l'Arche, c'était l'inverse (" comme si la chose la plus importante était le coffre de bois").
De même, dans le monde futur, on se rendra compte que la seule véritable valeur dans le monde est la Torah!]

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= "Tu la recouvriras d'or pur, à l'intérieur et à l'extérieur"

-> Le Imré 'Hanan (rabbi 'Hanan Lévi) enseigne :
L’Arche symbolise l’homme, qui est doté du bon penchant, symbolisé par l’or, et du mauvais penchant, comparé au bois.
Le bon penchant exige de l’homme qu’il soit parfait dans ses qualités, qu’il ne dise que ce qu’il pense, comme l’Arche qui est recouverte d’or à l’intérieur et à l’extérieur.
En revanche, il faut faire disparaître le mauvais penchant et le soumettre en le recouvrant par le bon penchant des 2 côtés, pour qu’il mette pas a exécution la pensée du mauvais penchant.

-> Rabbi Yossef David de Brisk dit :
Tout talmid ‘hakham est comparé à l’Arche sainte, et le verset l’avertit : ne le recouvrez pas d’or uniquement à l’intérieur et non à l’extérieur. Cela signifie qu’il ne doit pas se préoccuper uniquement de sa subsistance, sans se soucier d’inspirer le respect aussi à l’extérieur et d’avoir des vêtements honorables qui le feront estimer comme il convient.

Quand on donne de la tsédaka, celui qui reçoit devient un objet de mitsva, comme un bel étrog qui réjouit tout le monde et qu’on admire.
[tout juif doit nous apparaître dans son essence, dans son intériorité, comme en or (puisqu'ayant une part Divine en lui), que les fautes viennent dissimuler. De plus, à l'extérieur il doit aussi être comme de l'or car en l'aimant, le respectant, ... ont réalise des mitsvot, et il est ainsi comme un objet de mitsva, comme de l'or à nos yeux!]

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-> "Tu la revêtiras d’or pur" (Térouma 25,11)

Le Sifté Cohen affirme que le comportement à adopter à table est caché dans le terme "zahav" (זהב), dont les lettres sont les initiales des mots "Zimra" (chant), "Hallel" (louange) et "Barou'h" (bénédiction).
Ceci nous enseigne qu’à table, il faut ponctuer le repas de paroles de Torah, réciter des chants et des louanges et ne pas oublier de prononcer la bénédiction correspondant à chaque aliment que nous consommons.

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"Tout élève dont l'intérieur ne correspond pas à l'extérieur, qu'il ne mette pas les pieds dans la maison d'étude"

[Rabban Gamliel le jour où il a été nommé Nassi - guémara Béra'hot 28a]

C'est seulement lorsque que le titre de nassi (responsable) fut transmis à Rabbi Elazar ben Azarya, que le poste de gardien fut supprimé et les portes de la maison d'étude ouvertes à toute personne.
La guémara ajoute qu'en ce jour, on dut ajouter une grande quantité de bancs dans la maison d'étude : 400 selon certains avis, 700 d'après d'autres.

=> Comment à l'époque de Rabban Gamliel, le gardien était -il en mesure de distinguer l'élève sincère de celui dont les apparences cachaient un caractère différent? Sondait-il les pensées?

Le Mayana Chel Torah, rapporte une réponse de l'Admour de Sadigora : le gardien de cette maison n'était autre qu'une grande porte solidement fermée et verrouillée.
L'élève sincèrement désireux d'entrer et d'entendre les enseignements de la Torah mettait tous ses moyens en œuvre pour pénétrer le bâtiment.

S'il n'hésitait pas à grimper, creuser et franchir tous les obstacles, c'était bien la preuve de sa détermination et de sa sincérité.

-> Le Michméret Ariel explique que ce qui fait la différence entre celui qui est "tokho kébaro" (dont l'intérieur correspond à l'extérieur) et celui qui ne l’est pas se trouve dans son désir ardent d’étudier, dans sa disposition à le faire malgré les difficultés ou l’inconfort.
Par exemple, un élève qui est "tokho kébaro" sera prêt à étudier debout, ne cherchera pas à tout prix à s’assoir. D’ailleurs, nos Sages affirment qu’à une certaine époque, les gens étudiaient debout, et à cause du déclin au fil des générations, les gens eurent besoin de s’assoir pour étudier convenablement.
Ainsi, il n’y avait pas réellement de garde à l’entrée de la maison d’étude, mais le "garde", le "filtre" était l’inconfort, le manque de bancs à l’intérieur.
[on pourrait éventuellement avancer qu’un garde était effectivement présent et qu’il prévenait les disciples potentiels du fait qu’il n’y avait pas de banc dans la maison d’étude ; ceux qui n’étaient pas "tokho kébaro" n’entraient pas, parce qu’ils n’étaient pas prêts à subir un tel inconfort.]

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=> Que vient nous apprendre le nombre de bancs ajoutés?

Selon le rav Guédaya Eizman, cela ne souligne pas uniquement le nombre de nouveaux élèves, mais aussi la différence de leur qualité.
En effet, les nouveaux venus, en dépit de leur volonté manifeste d'étudier, n'étaient quant à eux pas prêts à s'y consacrer à n'importe quel prix : il leur fallait des bancs.

Les anciens dont la sincérité était fidèle à leur apparence, ignoraient les difficultés matériels, et étaient satisfaits même sans bancs (tant qu'il y a de la Torah, tout va!).

-> Dans la suite de son explication, le Michméret Ariel enseigne :
A l'époque de Rabban Gamliel, ceux qui n’étaient pas "tokho kébaro" n’étaient pas suffisamment motivés à étudier dans de telles conditions (l’inconfort, le manque de bancs) et restèrent dehors.
Et quand Rabbi Elazar ben Azaria autorisa le retour de tous les disciples, il fallut ajouter des bancs, parce que les nouveaux élèves n’étaient pas au niveau d’étudier debout, d’où l’accent mis par la guémara sur la nécessité d’apporter des sièges.

-> Ainsi, la personne qui n'est pas "tokho kébaro" est celle qui apparait extérieurement comme un tsadik, mais qui s’abstient d’étudier à cause de circonstances pénibles.

Le rav Pin'has Scheinberg insistait beaucoup sur l’importance d’un tel effort. Il dit que nombreux sont ceux qui ne sont prêts à étudier que quand tout va bien (ils ont besoin de chambres spacieuses, d’un climatiseur, le calme, ...), mais si tout ne fonctionne pas comme ils le désirent, ils ne peuvent pas continuer.
Les disciples les plus illustres sont ceux qui poursuivent leur étude en toute circonstance.
C’est le sens de la michna de Pirké Avot (6,4) : "Tel est le chemin de la Torah ; du pain [trempé] dans du sel tu mangeras, tu boiras de l’eau par petites quantités et tu dormiras sur la terre" = cela ne signifie pas que l’on doit vivre ainsi pour pouvoir étudier, mais qu’il faut être capable d’apprendre même dans des situations tellement défavorables.

-> De son côté dans un divré Torah, le rav Yéhonathan Gefen écrit :
Il est important de souligner et de garder à l’esprit que la guémara (Béra'hot 28a) admet que l’approche de Rabbi Elazar ben Azaria était correcte (ex: ajouter du confort, des sièges). Donc même celui qui n’est pas encore "tokho kébaro" doit rester motivé à étudier la Torah. En effet, de l’étude mue par des motivations externes on en arrive à étudier de façon désintéressée (mitokh chélo lichma, ba lichma).
Donc même celui qui ne désire pas encore se dévouer complètement à l’étude (avec messirout néfech) doit s’efforcer d’étudier dans l’espoir de développer cette qualité par la suite.

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-> On a vu que : le poste de gardien fut supprimé et les portes de la maison d'étude ouvertes à toute personne.
La guémara ajoute qu'en ce jour, on dut ajouter une grande quantité de bancs dans la maison d'étude : 400 selon certains avis, 700 d'après d'autres.
Nos Sages rapportent que lorsque Rabban Gamliel a vu combien de nouveaux élèves sont arrivés, il a regretté son action passée (de n'accepter que les élèves dont les actes extérieurs élevés étaient en adéquation avec leur intériorité spirituelle élevée).
Pourquoi cela?

Le 'Hidouché haRim nous explique :
"Lorsque ces élèves dont l'extériorité ne correspondait pas aux hauts niveaux intérieurs de droiture, entraient dans la maison d'étude de la Torah (beit midrach), alors la sainteté du beit midrach les transformait à tel point qu'ils changeaient immédiatement pour le meilleur, et leur extériorité correspondait à leur intériorité.
Lorsque Rabban Gamliel a observé cette transformation, il a été bouleversé de sa décision antérieure, ce qui implique que même à son époque ces disciples auraient dû pouvoir entrer, et alors le pouvoir du beit midrach les aurait également transformé."

[on voit l'importance d'avoir un environnant/entourage qui soit en or spirituellement parlant, afin que cela nous influence à devenir en or dans notre intériorité.
De plus, cela met en avant le pouvoir de la synagogue, du beit midrach : rien que par le fait d'y être on est influencé positivement, au point de devenir une personne avec un intérieur en or.]

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-> La guémara (Yoma 35b) rapporte que Hillel était très pauvre, et il consacré la moitié de ses revenus pour sa famille et l'autre moitié pour écouter les enseignements des maîtres de l'époque : Shémaya et Avtalyon (selon cet avis l’accès aux maisons d'étude était alors payant!).

Une veille de Shabbath, il était incapable de payer les frais d'entrée, il monta alors sur le toit pour assister aux discussions par la lucarne, et on le retrouvera sous une épaisse couche de neige.

=> On se rend compte du caractère indispensable de la Torah à ses yeux, comme de l'oxygène.

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-> "Rava a enseigné que tout érudit dont l'intériorité ne ressemble pas à l'extériorité n'est pas un érudit en Torah" (guémara Yoma 72b).

Ceci provient d'un raisonnement à fortiori : si déjà l'Arche n'entend pas, ne parle pas et ne sait pas ce qu'elle contient en son sein (il est écrit à son propos : "Tu la recouvriras d'or pur à l'intérieur et à l'extérieur" (Térouma 25,11), afin qu'elle soit identique à l'intérieur comme à l'extérieur).
A plus forte raison, l'érudit qui voit, entend et sait ce qu'il y a en son for intérieur, devra être à l'intérieur comme à l'extérieur (to'ho kébaro - תוכו כברו).
De plus, nous pouvons remarquer une allusion sur la formule de Rava : les 2 lettres centrales du mot : "to'ho" (intérieur - תוכו) sont וכ et sont identiques à la 1ere et à la dernière lettre du mot "kébaro" (כברו), et les 2 lettres kaf vav (כו) ont une valeur numérique de 26 qui est équivalente au Nom divin (יהוה).

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-> "Tu le couvriras [le Aron] d’or pur à l’intérieur et tu le couvriras de l’extérieur" (Térouma 25,11)

-> Le Kli Yakar souligne qu’Hachem ordonne à 2 reprises de recouvrir l’Arche ; la première fois pour le côté intérieur et ensuite pour l’extérieur. Elle avait donc deux couches d’or. Toutefois, la Torah précise que l’or doit être pur en ce qui concerne le revêtement intérieur, mais pas pour la couche externe.
=> L’or pur état certainement également requis à l’extérieur, alors pourquoi la Torah n’insiste-t-elle que sur l’intérieur en or pur?

-> Le Kli Yakar explique :
C’est pour nous enseigner une leçon importante dans notre avodat Hachem. La couche intérieure d’or fait allusion à l’accomplissement des mitsvot de manière discrète, en privé tandis que la couverture extérieure se réfère aux mitsvot faites en public. Lorsque l’on effectue une mitsva alors que personne ne nous voit, il est plus facile d’avoir de nobles intentions ; on peut donc décrire l’action de "pure". En revanche, quand d’autres personnes sont au courant de notre bonne action, la motivation est probablement moins sublime, puisqu’il y a un risque qu’elle soit faite avec le souhait que notre entourage puisse en témoigner. On ne peut donc pas la qualifier de "pure".

"Tu passeras les barres dans les anneaux sur les côtés de l'Arche, pour qu'elles servent à la porter" (Térouma 25,14)

-> "L'Arche porta ses porteurs et franchit le Jourdain [...] Si déjà l'Arche portait ses porteurs, à plus forte raison se portait-elle elle-même!"
[guémara Sota 35a]

Or le verset dit : "pour qu'elles servent à la porter".
Comment comprendre cette apparente contradiction?

-> L'Arche sainte symbolise la Torah.
Selon le rav Pin'has Goldwasser, ses porteurs devaient utiliser toutes leurs forces pour la soulever, et lorsque ces dernières commençaient à faiblir, alors seulement l'Arche les portait.

Ceci constitue un modèle pour celui qui est désireux de "porter" le joug de la Torah : il devra engager pour elle toutes ses forces et ses moyens jusqu'à ne rien garder pour lui-même.

Nos Sages disent : "la Torah ne se maintient que chez celui qui se sacrifie pour elle!" (guémara Béra'hot 63b).

[ En allant contre sa nature pour porter la Torah de toutes ses forces, nous sommes assurés que finalement c'est elle qui nous portera, puisqu'elle est la source de toutes les bénédictions!
"L'Arche portait ses porteurs ..." ]

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"Les barres resteront dans les anneaux de l'Arche ; elle ne pourront pas en être retirées" (Térouma 25,14-15)

-> D. a promis que celui qui soutient une personne étudiant la Torah, aura une récompense identique à cette dernière, qui s'y consacre jours et nuits.

Le rav Aharon Kotler (Vézot haBérakha 33,18) dit : "Ceux qui ont soutenu la Torah se réjouiront, lorsqu'ils quitteront ce monde, car outre la récompense qu'ils mériteront pour avoir soutenu les érudits, ils savoureront le privilège de connaître et de comprendre tous les domaines de la Torah dont ils auront financé l'étude."

-> En "portant" (symbolisé par les barres) ceux qui étudient la Torah dans ce monde (symbolisé par l'Arche), on est assuré que "les barres ne pourront pas être retirées de l'Arche", qu'on restera lié avec eux pour l'éternité.

C'est ainsi que dans le monde futur, on nous enseignera les sujets étudiés par cette personne, bien que nous ne les ayons jamais abordés de notre vivant.
Nous aurons alors accès à des lieux d'études et des niveaux de proximité avec Hachem, qui nous auraient normalement été inaccessibles.

Au final, c'est bien l'étudiant en Torah que nous portons dans ce monde, qui nous portera pour l'éternité.
["L'Arche portait ses porteurs ..."]

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-> Le 'Hafets 'Haïm apporte une précision.
En soutenant un étudiant en Torah, nous ne pouvons acquérir un niveau moral identique.
En effet, les barres qui soutenaient l'Arche étaient recouvertes d'or ordinaire, et non d'or pur, comme l'était l'Arche.
Cela témoigne du fait que les étudiants en Torah (l'Arche) auront toujours une qualité spirituelle supérieure à celle de leurs soutiens (les barres).

Par ailleurs, le fait qu'on ne pouvait retirer les barres de ses anneaux, signifie que les donateurs ne doivent pas cesser, même pendant une courte période, de soutenir les étudiants en Torah.

[soutenir la Torah, ne nous dispense évidement pas de l'obligation de l'étudier à chaque fois que nous en avons la possibilité!]

"Parle aux enfants d'Israël et qu'ils Me prennent une offrande" (Térouma 25,2)

-> Le Alchikh pose la question : que signifie l'expression : "prendre une offrande"? Ne serait-il pas plus logique de dire : "donner une offrande"?

-> Le rav Shimshon Raphaël Hirsch note que le terme : "térouma" (offrande - תְּרוּמָה) est à rapprocher de "rom" (רום - élever) : ces contributions élèvent celui qui les offres et lui permettent de mieux percevoir à quoi servent les richesses dont D. l'a gratifié.
=> Ainsi, il est écrit : "prendre une offrande", car le bénéfice qu'on retire de notre acte dépasse de loin ce qu'elle coûte.

-> Le rav Chlomo Gantsfried rappelle que le Sanctuaire et ses ustensiles avaient pour but essentiel de répandre la bénédiciton divine sur les enfants d'Israël, comme nos Sages le disent (guémara Roch Hachana 16a) : "Hachem déclara : Approchez l'offrande du Omer à Pessa'h afin que Je bénisse vos récoltes dans les champs".
=> Ainsi, les offrandes au Temple deviennent des dons que les juifs perçurent pour eux-mêmes, car l'objectif ultime est de recevoir la bénédiction divine.

Le rav Gantsfried dit que c'est la base du : "Nous ferons et nous comprendrons".
Le peuple juif avait totalement confiance en Hachem, et il était convaincu que l'objectif final de chacun des commandements divins est de recevoir la bénédiction divine.
C'est le moyen de fonctionner du monde : l'homme fait un acte, qui entraîne des chutes de bénédictions divines.

-> "J'ai placé devant toi la vie et la mort, le bonheur et la calamité; choisis la vie!" (Nitsavim 30,19)
Les retombées qui découlent d'une vie juive sont tellement incroyables, que le reste est appelé : mort.

-> "Hachem voulut offrir de nombreux mérites au peuple juif, c'est pourquoi Il leur ordonna de nombreuses mitsvot" [Tana déBé Eliyahou]
=> Avoir des mitsvot n'est pas une punition, mais un cadeau.

-> "C'est un bel enseignement (léka'h tov) que Je vous donne" (Michlé 4,2)
Le Gaon de Vilna dit que ce verset fait référence à l'ensemble des préceptes de la Torah.
Le mot "léka'h" est une allusion au fait de "prendre" (léki'ha), qui n'est en fin de compte qu'une manière de "donner".

=> Ce verset se comprend ainsi : Hachem nous offrit de nombreuses mitsvot, dans le seul but que nous puissions, par leur application, prendre de Lui.

D. n'a qu'une envie : nous combler de bénédictions, mais pour ne pas qu'on ressente un goût de honte à tout recevoir gratuitement ("pain de la honte"), il fait comme s'Il a besoin qu'on lui fasse quelque chose (alors que par définition D. n'a aucun manque).

De notre côté, nous sommes tout content d'avoir pu Lui rendre service, et acceptons alors plus facilement l'énorme récompense qu'il nous octroie.

=> La Torah n'est pas une liste "d'exigences" de D., qui serait une série de punitions, mais c'est en réalité l'unique façon d'agir dans ce monde pour générer des pluies de bénédictions sur nous.
Il n'y a rien de plus rentable que de se donner pour Hachem, car pour chaque petite action, il en découle des retombées phénoménales et éternelles.

La génération de la connaissance (dor déa) a vu que c'était une affaire en or, et s'est exclamé : "Nous ferons et nous comprendrons!"

[quoique nous puissions donner à D., Il nous rendra tellement plus, qu'au final, c'est forcément nous qui "prenons"!!]

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-> Les dernières lettres de "Véyik'hou li térouma" (qu’ils prennent pour Moi un offrande - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה) ont une valeur numérique de 21, comme le nom de Hachem : "Ehyé" (אֶהְיֶה), dans lequel Israël est inclus et qui se réfère toujours au lien et à la proximité entre le peuple et D. : "Je serai (eyé) avec eux" (Or Ha’haïm haKadoch - Chemot 3,14).
Les lettres de ce nom ont la même valeur que les initiales des noms des trois patriarches Avraham, Its'hak et Yaakov, qui sont à l’origine du lien entre le peuple d’Israël et Hachem, et qui eux-mêmes Lui étaient unis et attachés en s’effaçant totalement devant Lui.
[rav David Pinto - La voie à suivre n°662]

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-> "Dis aux Bné Israël qu’ils Me prélèvent une offrande (térouma - תְּרוּמָה) de la part de quiconque y sera porté par son cœur. Vous recevrez mon offrande" (Térouma 25,2)

-> Le Baal Hatourim fait remarquer que le mot תְּרוּמָה (Térouma) est formé des lettres "Torah mem" (תורה מ), allusion à la Torah qui a été donnée à Moché au bout de 40 jours. [ce qui est le temps de la formation de l’embryon : la lettre mem ayant la valeur numérique de 40].
Or, à propos de l’apprentissage de la Torah de Moché, la guémara (Nédarim 38b) enseigne : "Au début Moché apprenait la Torah et l’oubliait, jusqu’à qu’elle lui soit offerte comme un cadeau". Ainsi, l’effort et la fatigue dans l’étude ont donné à Moché le mérite de recevoir en cadeau du Ciel la Torah.
Cette capacité est livrée à chaque juif (car porteur en lui d’une étincelle de Moché Rabbénou), ainsi est-il en mesure, grâce à la fatigue dans l’étude, de recevoir en don du Ciel sa part de Torah, celle-ci ayant déjà été donnée (du moins globalement) à Moché, comme l’enseigne le Midrach (Vayikra rabba 22,1) : "Tout ce qu’un sage assidu va innover dans la Torah ('hidouchim) a déjà été donné à Moché au Mont Sinaï".

C’est le sens caché du verset de notre paracha :
- "Dis aux Bné Israël qu’ils Me prélèvent une offrande (térouma)" = la Torah donnée en cadeau à Moché à la fin des 40 jours sur le Mont Sinaï ;
- "de la part de quiconque y sera porté par son cœur" = Celui qui étudie avec effort et fatigue pour révéler sa part de Torah qui lui incombe.
- "vous recevrez mon offrande" = alors, il recevra de la part d’Hachem, comme ce fut le cas pour Moché, sa portion de Thora en cadeau (pure et authentique).

Dans les dernières générations, les juifs dévoileront la dimension la plus élevée de la Torah : la "50e Porte de l’Intelligence", à laquelle, même Moché, en son temps, n’a pas eu accès (si ce n’est le dernier jour de sa vie), comme il est dit (guémara Nédarim 38a) : "Cinquante Porte de l’Intelligence furent créées, et toutes sauf une ont été données à Moché, car il est écrit: ‘Tu l’as fait de peu inférieur aux êtres divins’ (Téhilim 8, 6)".
En ce sens, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Chémot 3,8) commente : "Sache, que les Bné Israël ont pu atteindre par l’intermédiaire de Moché les 49 Portes de l’Intelligence, et la raison pour laquelle il n’ont pas atteint la 50e Porte, provient du fait que les Bné Israël n’ont pas été plongés dans la 50e Porte de l’impureté, et qu’il n’ont pas eu à la purifier en sortant d’Egypte. Le fait que les Bné Israël ne soient pas entrés dans la 50e Porte de l’impureté, a entrainé qu’ils n’ont pas pu atteindre la 50e Porte de l’Intelligence.
Mais, Hachem nous a promis qu’à la fin des Temps, les juifs entreront dans la 50e Porte de l’impureté et qu’ils pourront grâce à cela, atteindre la 50e Porte de l’Intelligence.
Les Bné Israël en Egypte n’auraient pas pu survivre à la 50e Porte de l’impureté du fait qu’ils n’avaient pas encore reçu la Torah. Mais la génération du Machia’h ne sera pas mise en danger dans l’immersion de la 50e Porte de l’impureté puisqu’ils seront les enfants de la Torah".
[d'après le feuillet de la communauté de Sarcelles - n°114]

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-> "Parle aux Bné Israël : qu'ils prennent pour Moi un prélèvement de tout homme" (Térouma 25,2)

-> Le Zohar (Térouma 134b) explique le verset : "qu'ils prennent pour Moi un prélèvement" = le terme "prélèvement" (térouma) fait allusion à la mitsva de la lecture du Shéma Israël du soir et du matin.

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"Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils prennent pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Le midrach (Yalkout Chimoni 364) dit que c'est une mitsva qui s'applique pour l'éternité.

=> Qu'est-ce que ça signifie? Comment comprendre qu'une mitsva dépendante du Michkan, puisse continuer à être réalisée une fois celui-ci disparu?

-> Le Divré Yoël répond que ce verset fait allusion à la Torah.
De même que le Michkan a été construit afin d'avoir la présence divine qui y réside dedans, de même une personne peut avoir la présence divine qui repose en elle par le biais de son étude de la Torah.
Pour cette raison, le verset dit : "qu'ils prennent" et non pas : "qu'ils donnent", car "prendre" a une connotation d'obtenir quelque chose grâce à des efforts, et l'unique façon d'acquérir la Torah est de s'y investir pleinement.
C'est la mitsva qui s'applique pour l'éternité : mettre des efforts dans l'étude de la Torah, et grâce à cela recevoir la présence divine.
[Divre Yoël]

-> "Ils me construiront un sanctuaire pour que je réside au milieu d'eux (Térouma 25,2)
Rabbi Mendel de Kotzk explique : "Tout homme doit ménager dans son être un espace de sainteté où la Présence Divine puisse s'installer".
[Hachem se trouve partout où on le laisse rentrer. Ainsi, une personne orgueilleuse, centrée sur son "moi je veux, moi je suis ..", alors elle ne laisse plus de place à Hachem.
(de même lorsque par nos actions [contraires à la Torah] on met de l'impureté, on salit notre intériorité spirituelle d'ordures, alors D. ne peut pas vraiment s'installer en nous! (ça sent mauvais, c'est sale!))]

-> "Depuis le jour où le Temple a été détruit, la seule chose que Hachem a dans ce monde est les 4 amot de la Halakha" (guémara Béra'hot 8a)
C'est ainsi que dans les périodes où nous n'avons pas le mérite d'avoir le Temple, il existe toujours un moyen pour bénéficier que la présence divine se repose sur ce monde : c'est par le biais de la Torah.
[le Béér Moché]

-> Selon le midrach (Chémot rabba 33,1), le verset : "qu’ils prennent pour Moi un prélèvement" correspond à ce qui est écrit : "C'est un bel enseignement (léka'h tov) que Je vous donne (natati) : n'abandonnez pas ma Torah (Torati)" (Michlé 4,2).
=> d'une certaine façon se donner à la Torah, c'est comme donner au Michkan, puisque dans les 2 cas la résultante est de permettre à Hachem de reposer sur nous!

-> Le mot: "Térouma" (תרומה - un prélèvement/une offrande), contient les mêmes lettres que : תרוה מ (Torah mém) = la Torah a été donnée en 40 jours (guématria du mèm).
Pourquoi Hachem a-t-il donné la Torah à Moché pendant une période de 40 jours? Il aurait pu le faire en une seule journée!

Le Sifté Cohen répond que c'est afin que nous puissions apprendre de l'effort phénoménal que Moché a déployé pour recevoir la Torah (au Ciel, pendant 40 jours et 40 nuits non stop, de toutes ses capacités!).
La guémara (Nédarim 38a) déclare : "Durant 40 jours, Moché a étudié la Torah et ensuite il l'a oublié, jusqu'à ce que finalement Hachem la lui donne comme cadeau".

[léka'h tov = Le mot "léka'h" est relatif au fait de "prendre" (léki'ha)
La guémara (Avoda Zara 19b) enseigne : "Il n’y a pas de bien (tov), si ce n’est la Torah" (én tov ella Torah)
=> il en découle : "ki léka'h tov" = si tu prendras beaucoup de Torah (en y travaillant durement), alors : "natati" (Je vous donne) = alors Hachem te donnera la Torah en cadeau, comme Il a pu la donner à Moché.]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°352) enseigne :
Hachem demande une offrande aux Bné Israël : "qu’ils Me prennent une offrande".
Le Créateur les appelle par un langage affectueux et leur dit : Je vous en prie, sachez qu’après 120 ans vous ne prendrez avec vous que l’offrande, "térouma", formée des lettres du mot Torah et de mem (valeur numérique : 40), la Torah qui a été donnée en 40 jours (guémara Mena’hot 43b), et aussi cette mitsva de tsédaka avec le reste des mitsvot de la Torah.
C’est cela seulement que vous prendrez avec vous. C’est pourquoi aujourd’hui, c’est maintenant le moment de rassembler et de ramasser encore plus de mérites pour cette mitsva, car elle vous soutiendra pour l’éternité ...

Nous pouvons dire par allusion que les mots : "li lichmi" (Pour Moi, en Mon Nom - לִי לִשְׁמִי - Rachi sur : "véyik'hou li térouma" v.25,2) forment les initiales de : Lekakhtam Youkhal Leolam Chekoulo Metoukan Yafé (Il pourra les prendre dans le monde qui est entièrement parfait).
Car c’est seulement la Torah et les mitsvot qui accompagnent l’homme dans le monde à venir, et par lesquelles il pourra se relier au Créateur.

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"Ils prendront pour Moi un prélèvement" (Térouma 25,2)

-> Rachi explique que les termes : "pour Moi" indiquent que les dons pour le Michkan (Tabernacle) devaient être apportés "pour Mon Nom", avec une intention pure de faire la Volonté d'Hachem uniquement, sans intérêt personnel.
Une telle intention n'est pas exigée pour les autres Mitsvot. Pourquoi était-elle donc nécessaire pour les dons que le peuple apportait pour fabriquer le Michkan?

Nos Sages enseignent que le Michkan venait contribuer à l'expiation du veau d'or, faute liée à l'idolâtrie.
Or, nos Sages disent que si quelqu'un a des pensées de transgresser un commandement, cela n'est pas considéré comme une faute en soi, et ce à l'exception de l'idolâtrie où la pensée est déjà une faute.

=> Ainsi, puisque le Michkan venait expier le Veau d'or, il fallait également que les pensées et les intentions du peuple dans les prélèvements pour sa fabrication soient pures, pour prendre le contre-pied et expier les pensées
d'idolâtrie concernant le Veau d'or, qui étaient déjà une faute qu'il fallait réparer.
[Chaaré Sim'ha]

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-> "De tout homme poussé par la générosité de son cœur, vous prendrez Mon offrande" (Térouma 25,2)

Il est dit (‘Hagaï 2): "A Moi est l’or et à Moi est l’argent, parole de Hachem".
En réalité, l’homme n’offre pas ce qui lui appartient, car l’argent n’est pas à lui. Qu’est-ce que l’homme peut tout de même donner qui est à lui?
C’est la bonne volonté, la générosité du cœur au moment où il donne. C’est pourquoi celui qui donne par obligation, sans que son cœur soit d’accord avec sa main au moment du don, ne donne en réalité rien du tout!
En effet l’argent, comme nous l’avons dit, n’est pas à lui, et il n’a pas non plus la volonté de donner ...

C’est pourquoi le verset dit: "De tout homme porté par la générosité de son cœur", c’est seulement de celui qui donne de bon cœur que "vous prendrez Mon offrande", de lui vous prendrez quelque chose, sa générosité.
Mais de ceux qui donnent avec hésitation, on ne prend rien.
['Hatam Sofer - Torat Moché]

[d'une certaine façon on peut étendre cela à toutes les mitsvot. Hachem nous donne la vie, la santé, ... et de notre côté nous devons principalement y investir le cœur, les émotions : la joie, le zélé, ... ]

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-> Moché demande aux juifs d’apporter des prélèvements pour la fabrication du Michkan. Ces prélèvements devaient être offerts "de bon cœur" (Térouma 25,2). Cela est étonnant. Toutes les mitsvot sont des ordres que le peuple doit respecter, et il doit le faire même contre son gré.
=> Ainsi, pourquoi ces prélèvements ne leur ont-ils pas aussi été imposés? Pourquoi devaient-ils venir de la bonne volonté de chacun?
Parmi ces prélèvements, les derniers à être cités sont les pierres précieuses. Puisque ces pierres sont les dons qui avaient le plus de valeur, pourquoi sont-elles citées en dernier?

Pour répondre à ces questions, il faut se demander comment le Michkan pourra-t-il contenir la Présence Divine? Hachem n’est absolument pas matériel. Ainsi comment Sa Présence peut-elle résider dans une construction physique et matérielle?
En fait, quand la Torah exprime la mitsva de construire le Michkan, elle dit : "Ils Me feront un Sanctuaire, et Je résiderai en eux" (Térouma 25,8).
Les commentateurs s’interrogent. En effet, le verset aurait plutôt dû dire : "Je résiderai en lui", c’est-à-dire dans le sanctuaire.
C’est que la Torah veut enseigner qu’Hachem fera reposer Sa Présence parmi tous les juifs, "en eux". Mais si Hachem souhaite résider au sein de tous les juifs, quel est alors le rôle du sanctuaire?

Nos Sages enseignent qu’Hachem aime le cœur. Il apprécie particulièrement les bonnes intentions et les bonnes volontés de chacun.
Ainsi, Hachem ne trouve pas de meilleur endroit pour résider que dans le "bon cœur" de chacun. Plus on accomplit une mitsva avec bonne volonté, et plus la Présence Divine qui résidera dans cet acte sera importante.

Quand Hachem a demandé au peuple de construire un Sanctuaire pour y résider, il fallait donc impérativement pour cela que chacun donne les prélèvements pour cette construction avec bon cœur, et surtout pas sous la contrainte. Car c’était justement dans ces bonnes intentions et dans l’amour que chacun a investi en apportant ces dons, qu’Hachem allait résider. Ce n’est pas dans les matériaux à proprement dits qu’Hachem résidera, car Il n’est pas matériel, mais plutôt dans les pieux sentiments qui les imprègnent, parce qu’ils ont été donnés avec amour.

"Ils Me feront un Sanctuaire, et Je résiderai en eux " = dans le cœur de chacun, qui se trouve présent dans ce Sanctuaire, parce qu’il a été conçu avec le cœur et la générosité de chacun.
D’après ce principe, plus un matériau a été donné avec cœur, et plus il pourra être apte à attirer la Présence Divine.
C’est pour cela que la Torah dira, dans la paracha de Vayakél, que Bétsalel et Aholiav, les constructeurs du Michkan, sont des "penseurs de pensées". Cela signifie qu’ils devront connaître les intentions et les pensées de chacun. Car plus ils constateront que tel matériau a été donné avec des bonnes pensées et un bon cœur, et plus ils sauront qu’il devra servir à fabriquer les éléments les plus saints.
La sainteté de chaque don dépendra de l’intention avec laquelle il a été donné.

La Torah dira aussi dans Vayakél, que ce sont les chefs de tribu qui offrirent les pierres précieuses. Et nos Sages d’expliquer qu’ils se dirent : "Que chacun apporte sa contribution, et ce qui manque, nous le compléteront".
Quand tout fut apporté, il ne leur restait à offrir que les pierres précieuses. Ainsi, ces pierres précieuses ont été offertes par les chefs de tribu, avec une certaine nonchalance. Ils ne se sont pas empressés pour les offrir, mais les laissèrent pour la fin. Ainsi, ce manque de bonne volonté et de zèle qui caractérisait ces bijoux, entraîna que la sainteté et la Présence Divine qui les imprégnaient furent aussi déficientes.
Ce manque d’empressement et d’amour provoqua un manque de sainteté. C’est pourquoi, même si ces pierres avaient le plus de valeur au niveau financier. Mais ce qui comptait le plus dans le Michkan, c’était la bonne volonté (cette "générosité du cœur") et rien d’autre. Et ces pierres en manquaient dans une certaines mesures, par rapport aux autres dons. Elles furent donc citées en dernier. Car ce qu’Hachem recherche le plus, c’est le cœur et c’est dans le cœur et les bonnes volontés qu’Il réside.
[d'après le rav Mikaël Mouyal]

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+ La paresse se cache derrière tous nos justificatifs :

-> Au début de la paracha Térouma, Moché Rabbénou reçoit l’ordre Divin de demander au peuple d’apporter les matériaux bruts nécessaires à la construction du Michkan : "Et voici l’offrande que vous prendrez d’eux : or, argent et cuivre ; étoffes d’azur, de pourpre, d’écarlate, de fin lin et de poil de chèvre ; peaux de bélier teintes en rouge, peaux de tahach et bois d’acacia ; huile pour le luminaire, aromates pour l’huile d’onction et pour la combustion des encens ; pierres de choham et pierres à enchâsser, pour l’Éphod et pour le Pectoral." (Térouma 25,3-7)

-> Le Ohr Ha’Haïm haKadoch note que l’ordre des matériaux mentionnés est difficile à comprendre : la pierre de choham et les "pierres à enchâsser" sont les plus précieuses de tous les éléments de la liste, elles auraient logiquement dû être placées en première position. Il répond en rapportant un midrach qui nous apprend le contexte de l’apport des pierres précieuses.
Elles étaient fournies par les nessiim (les princes) après que tout le reste ait été donné. Les nessiim avaient initialement prévu d’attendre que tout le monde apporte sa contribution à la construction du Michkan, et ils voulaient se charger de procurer ce qu’il manquerait. Mais leur projet échoua quand le peuple, dans son grand enthousiasme, donna tout ce qui était nécessaire, à l’exception des pierres précieuses.
Le midrach ajoute qu’Hachem était mécontent, parce qu’ils tardèrent à apporter leur contribution à la construction du Michkan. En "punition", le youd de leur nom fut effacé à un endroit de la Thora.

Le Or Ha’Haïm haKadoch explique que puisque le don des pierres précieuses était lié à une erreur, elles sont mentionnées en fin de liste des matériaux offerts pour le Michkan. Malgré leur grande valeur monétaire, la faille spirituelle qui entraîna le don des nessiim les place à un moindre niveau que tous les autres matériaux apportés.
[ce Ohr ha'Haïm a aussi permis de développer la notion de : la primauté de nos efforts, sur nos résultats : https://todahm.com/2014/02/23/1090-2 ]

-> Le rav ‘Haïm Chmoulewitz souligne qu’il nous faut encore comprendre pourquoi Hachem était insatisfait du comportement des nessiim. Le raisonnement qui expliqua le retard de leur contribution semble très cohérent, pourquoi furent-ils punis pour une "erreur de calcul" apparemment innocente?
[cela pourrait même ressembler à une bonne action : on se retient de donner immédiatement pour que tous les autres juifs puissent donner au maximum.]

Il répond en rapportant le commentaire de Rachi (Vayakel 35,27) concernant leur punition : "Parce qu’ils firent originellement preuve de paresse, ils perdirent un "youd" dans leur nom".
Rachi nous révèle que la véritable raison de leur retard était leur paresse. Leur justification qui semblait tout à fait valable dissimulait une certaine fainéantise.

-> Le Messilat Yécharim développe longuement ce trait de caractère qui empêche la personne de remplir correctement ses obligations. Il écrit : "Nous voyons de nos propres yeux, à maintes reprises, qu’un homme peut être conscient de ses devoirs, et il sait clairement ce qui est nécessaire pour le bien-être de son âme ... pourtant il s’affaiblit [dans sa Avoda], non pas par manque de conscience ou pour une autre raison, mais à cause de la forte paresse qui prend le dessus."

Il ajoute que le grand danger de ce défaut est de réussir à trouver plusieurs "motifs" justifiant son inactivité.
Il écrit (fin du 6e chapitre) : "Le paresseux va prouver par de nombreuses citations des Sages, des versets de la Bible, et des arguments "logiques", qu’il peut alléger son fardeau, sans réaliser que ces considérations proviennent de sa paresse et non d’une réflexion mûre et rationnelle."
Ainsi, lorsque nous sommes confrontés à un choix, nous ne devons pas nous hâter de choisir l’option la plus facile, parce que cette décision découle très probablement de notre paresse.

Le Messilat Yécharim nous enseigne que même le plus "valable" des arguments peut être un voile dissimulant les désirs de la personne qui ne veut pas agir.

-> Le yétser hara de l’oisiveté est si malin et astucieux qu’il peut prendre la forme de la plus admirable des qualités, en particulier la modestie.
Le rav Moché Feinstein (Darach Moché - Nitsavim) parle d’une forte tendance qu’ont certaines personnes à se sous-estimer en prétendant qu’elles sont très peu talentueuses et qu’elles ne pourront jamais atteindre de hauts niveaux. Il écrit que ce genre d’humilité émane en réalité du yétser hara. Cette attitude provient de la paresse, qui est en fait la manifestation d’un désir de confort.

=> Nous apprenons de l’épisode des nessiim que l’élément qui nous empêche le plus de réaliser notre potentiel est le désir de commodité/confort qui découle de la paresse. Celui-ci nous incite à alléguer plusieurs "raisons" qui justifient le fait que nous ne progressons pas comme nous le pourrions.
Or, le Messilat Yécharim nous enseigne qu’il nous faut reconnaître que ces excuses sont très souvent une simple ruse du yétser ara et qu’il faut la repousser et persévérer dans nos efforts pour grandir et agir.

[comme on le voit dans le verset ci-dessus, on a beau être des pierres précieuses, mais à cause d'une paresse sous-jacente on peut en venir à être cités tout à la fin, considérés comme moins de valeur, et tout cela parce qu'on aura moins bien combattu notre paresse naturelle.
Cela est également en lien avec ce qu'on a pu voir précédemment : ce qui donne toute notre valeur ce ne sont pas les capacités que nous avons, mais plutôt le fait de donner tout notre cœur à Hachem, et cela se manifeste par notre capacité à briser notre tendance à la paresse. Lorsqu'on aime vraiment Hachem, qu'on a envie de Lui faire plaisir par nos actions, qu'on a envie d'être proche de Lui par notre comportement, alors on est dynamique, et la paresse n'est pas une option qui peut exister tellement on est en mouvement vers Hachem, qui alors en parallèle réside en nous. ]

-> b'h, voir également : La paresse & la nonchalance : un grand défaut (par rabbi Nissim Yaguen) : https://todahm.com/2021/09/10/la-paresse-la-nonchalance-un-grand-defaut

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-> "Et voici l’offrande que vous recevrez d’eux : or, argent et airain" (v.25,3)
Rabbénou Bé'hayé (Kad haKéma’h) affirme que Hachem accorde la richesse à l’homme uniquement afin qu’il l’emploie pour observer les mitsvot.

La source de cette idée se trouve dans le midrach : "Rabbi Chimon ben Lakich dit : le monde ne méritait pas d’utiliser l’or. Pourquoi donc a-t-il été créé? Pour le tabernacle et le Temple, comme le prouvent les versets “l’or de ce pays-là est bon (tov)” (Béréchit 2, 12) et “cette belle (tov) montagne et le Liban” (Dévarim 3, 25), expression se référant au Temple."

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-> Pourquoi ne dit-on pas de bénédiction sur la mitsva de donner?

Le rabbi de Riminov répond : Parce qu’une bénédiction, il faut la dire de tout son cœur, avec joie. Et en général, on ne donne pas la tsédaka avec un désir et une joie véritables.

Le rabbi Bounam de Peschis’ha répond : S’il fallait dire une bénédiction avant de donner la tsédaka, on commencerait par toutes sortes de préparatifs entraînant un retard, comme de se laver les mains, de dire LeChem yi’houd et ainsi de suite, jusqu’à ce que le pauvre ait déjà le temps de mourir de faim.

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"Ils prendront pour Moi une offrande" (Térouma 25,2)

-> La superficie du Michkan était de 100 amot sur 50 amot, c'est-à-dire 5 000 amot carrées.
Cette superficie était 1/50e de celle du mont du Temple, qui faisait 500 amot sur 500 amot, c'est-à-dire 250 000 amot carrées.

=> C'est pour cette raison que le Baal haTourim explique que Hachem dit : "Ils prendront pour Moi une offrande (térouma)".
En effet, comme la "térouma guédola qui est de 1/50e en moyenne, le Michkan faisait 1/50e du mont du Temple.

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-> L’ouvrage Oumatok Haor fait remarquer que les mots "vayik'rou li térouma" (qu'ils prennent pour Moi un prélèvement - וְיִקְחוּ לִי תְּרוּמָה - Térouma 25,2) ont une valeur numérique de 821, ce qui est équivalent à celle des 3 termes suivants : "chéfa, bérakha, véats'lakha" (abondance, bénédiction et réussite - שפע ברכה והצלחה).
En d’autres termes, l’homme qui dispense généreusement son argent aux nécessiteux mérite que se déverse sur lui une profusion de bénédictions et jouit de la réussite.

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-> Le Baal haTourim note sur le verset : "chacun donnera le rachat de sa personne" (Ki Tissa 30,12), que le terme : vénatnou (ונתנו – traduit ici par "donnera") se lit identiquement de droite à gauche et de gauche à droite, pour souligner que tout ce que l’homme donne à la tsédaka lui sera restitué, et qu’il ne perdra absolument rien.

-> Si nous appliquons la règle du At-bach (faire correspondre à une lettre, celle qui lui est symétriquement opposée dans l'alphabet) au mot : tsédaka (צדקה), nous retrouvons le mot : tsédaka (צדקה).

-> Le Ben Ich 'Haï, nous explique d'après la guémara : "Celui qui veut conserver son argent doit s'en démunir" = c'est-à-dire que tout celui qui veut assurer son capital, devra donner de la tsédaka.

-> Rabbi Chimon bar Yo'haï enseigne dans le Zohar (Térouma) : lorsqu'un homme donne de la tsédaka à un pauvre, il s'insuffle de la vie à lui-même et le Créateur lui accordera de très grandes bontés dans ce monde ici-bas.

-> Le Arizal explique que la mitsva de tsédaka est des plus "visibles" dans le sens où la répercussion de celle-ci se perçoit sur le visage de l'homme. La mitsva de tsédaka étant un acte extérieur, contrairement à la mitsva "d'aimer Hachem" qui est un acte intérieur, lorsque l'homme s'habitue à donner aux pauvres, une lumière unique vient éclairer son visage, car l'habitude des hommes et de dévoiler leur visage au monde extérieur. Ainsi, c'est le visage qui bénéficiera de cette lumière spéciale.

Yaakov a reçu une bénédiction directement du ciel

+ Yaakov a reçu une bénédiction directement du ciel :

"Qu'Hachem vous donne de la rosée des cieux, et de la graisse de la terre" (Toldot 27,28)

-> Le Déguel Ma'hané Efraïm cite le Zohar (I,143b) qui pose la question suivante : En quoi la bénédiction que Yaakov a reçue est-elle meilleure que celle qu'Essav a reçue?
Il a été dit à Yaakov qu'Hachem lui donnerait de la rosée des Cieux, tandis qu'Essav a été informé qu'il recevrait "la graisse de la terre comme lieu d'habitation". En quoi une bénédiction est-elle meilleure que l'autre?

Le Déguel Ma'hané Efraïm répond que le verset dit que sa bénédiction lui sera donnée par "Elokim" (véyitèn lé'ha haElokim - qu'Hachem vous donne), alors que pour Essav, il est simplement dit qu'il recevra sa bénédiction, mais il n'est pas dit qu'elle lui sera donnée par Hachem.
Il explique qu'on a dit à Essav qu'il aurait une bonne terre, mais que si la terre est affectée par un mauvais mazal ou signe astrologique, ou si le pays où se trouve la terre est frappé par la sécheresse ou la famine, sa terre ne s'en sortirait pas mieux que celle des autres.
En revanche, il a été dit à Yaakov que sa bénédiction serait fournie directement par Hachem, ce qui signifie qu'en cas de besoin, il pourrait se tourner vers Hachem dans la prière et qu'Il lui fournirait ce dont il a besoin, même si un mazal ou une autre force aurait autrement affecté négativement sa terre.

Ce concept est illustré par les récits de la guémara (voir Taanit 24-25) qui décrivent comment de grands hommes ont pu faire tomber la pluie en période de sécheresse grâce à leurs prières. C'est également ce qui ressort de l'histoire d'Eliyahou haNavi (I Mala'him 18,45) qui a fait pleuvoir grâce à ses prières.

Par conséquent, si un juif vit dans une région également peuplée de non-juifs, ceux-ci bénéficieront également de ses prières.
S'il prie et fait pleuvoir, ils bénéficieront également de la pluie, même si leur mazal dicte qu'il ne doit pas pleuvoir. C'est la bénédiction que Yaakov a reçue, selon laquelle Hachem lui donnerait une bonne terre et la rosée des Cieux.

"On dit à Yossef : "Voici ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)

-> Le midrach explique comment se fait-il que Yossef n'était pas au courant que son père était malade et qu'il fallait lui envoyer un émissaire pour le lui faire savoir. Mais Yossef n'allait-il pas voir son père régulièrement?
Le midrach explique que Yossef craignait que son père lui demande de lui relater comment il était arrivé en Egypte. Il aurait alors été forcé de lui raconter que ses frères l'ont vendu et il risquait alors de les maudire. Pour éviter cela, Yossef décida de ne pas visiter son père et c'est ainsi qu'il ignorait qu'il était malade et c'est donc un émissaire qui est venu l'en informer.

-> Le rav Leib Friedman fait remarquer la grandeur de Yossef. Après 22 ans de séparation avec son père, on peut imaginer combien il désirait le revoir. L'amour mutuel que Yaakov et Yossef se portaient était très grand. Il est clair que Yossef aurait préféré voir son père régulièrement. Et pourtant, pendant 17 ans, il s'est privé de rendre visite à son père.
Il résista à son amour et à son envie de le voir. Et tout cela, pourquoi? Pour éviter que son père ne lui demande une explication et qu'il soit obligé de raconter ce que ses frères lui ont fait subir et qu'ils ne risquent d'être maudits par leur père.

=> Nous voyons ici, l'estime et l'attention que Yossef portait vis à vis de ses frères. Malgré tout le mal qu'ils lui ont infligé, la souffrance qu'il vécut d'être arraché de la maison de son père, d'être vendu comme esclave à un égyptien dans un pays de débauche et d’idolâtrie, sans compter 12 ans d'emprisonnement. Mais après toute cette souffrance, il fut prêt à résister pendant 17 ans à l'envie brûlante de se retrouver près de son père, pour ne pas risquer de devoir lui relater le mal que ses frères lui ont fait subir.

Nous devons apprendre ici,qu'il faut savoir maîtriser notre envie de raconter le mal que les autres nous ont fait subir. Même si on a pu en souffrir, malgré tout, il existe une comparaison avec la souffrance de Yossef infligée par ses frères.
Efforçons-nous de nous maîtriser pour ne pas répéter ce que telle ou telle personne nous a fait. Yossef a su se priver de voir son père pendant 17 ans alors qu'il aimait de toutes ses forces et de toute son âme. Juste pour ne pas à avoir à rapporter ce que ses frères lui ont fait, aussi par amour pour eux, et ne pas qu'ils soient maudits par Yaakov leur père.

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-> "On dit à Yosseph : voici ton père est malade" (Vayé'hi 48,1)

-> Le Gaon de Vilna enseigne :
Nos Sages (guémara Nédarim 39b) enseignent que lorsqu'un homme vient rendre visite à un malade, il lui ôte 1/60e de sa maladie. Mais pour cela, il faut qu'une condition soit respectée : l'homme qui lui rend visite doit avoir la même origine spirituelle que le malade.
Or, Yossef avait la même origine que Yaakov, comme le dit le verset : "Les descendants de Yaakov sont Yossef". Ainsi, avant que Yossef ne vienne le voir, Yaakov avait encore les 60 parts de sa maladie.

C'est ce que dit le verset : "Voici ton père est malade". Le mot "iné" (הנה - voici) a la valeur numérique de 60. Mais quand Yossef vint le voir, il est dit : "Israël se renforça et s'assit sur le lit". Le terme "amita" (המטה - le lit) a la valeur numérique de 59.
=> Grâce à la visite de Yossef, la maladie de Yaakov diminua et il ne lui en restait plus que 59 parts. C'est pourquoi, il se renforça et put même s'asseoir. Tout cela ne fut possible que parce qu'il ne lui restait que 59 parts. C'est ce que conclut le verset : "sur le lit" (המטה de valeur 59).

"On l'annonça à Yaakov, en disant : 'Voici (הִנֵּה) que ton fils Yaakov vient te voir'. Israël rassembla ses forces et s'assit sur le lit (הַמִּטָּה)." (Vayé'hi 48,2)

La guémara (Nédarim 39b) enseigne que chaque visiteur qui est né sous le même mazal (ben guilo) que le malade, lui retire 1/60e de la souffrance.

Rachi (Vayéchev 37,3) laisse comprendre que Yossef était le "ben guilo" de Yaakov, car la vie de l'un était le reflet de l'autre (ils avaient les mêmes traits du visage ; tout ce que Yaakov avait appris, il le lui avait transmis).

Se basant sur cette guémara, le Gaon de Vilna (Kol Eliyahou) fait remarquer que la visite de Yossef à son père, a bien permis de lui retirer 1/60e de sa douleur.

Comment voir cela dans notre verset?

La 1ere fois que Yaakov a appris la visite de son fils, la Torah utilise le mot : "Voici" (הִנֵּה), qui a une valeur numérique de 60.

Le verset nous rapporte que Yaakov s'est renforcé, jusqu'à pouvoir s'asseoir sur "le lit" (הַמִּטָּה), mot ayant une guématria de 59.

Le Gaon de Vilna dit qu'avant l'arrivée de Yossef dans la pièce, Yaakov était trop malade pour pouvoir s'asseoir, mais en raison de la visite de son fils qui lui était un "ben guilo", il a pu retirer 1/60e de sa souffrance (passant de 60 : הִנֵּה à 59 : הַמִּטָּה), ce qui lui a permis de pouvoir s'asseoir.

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-> b'h, cf. également la partie : Retirer 1/60e de sa souffrance : https://todahm.com/2017/12/11/5807

"Je suis Yossef ; mon père vit-il encore?
Ses frères ne purent lui répondre, car ils avaient été frappés de stupeur devant lui" (Vayigach 45,3)

-> "Si déjà les remontrances d'un être humain (Yossef, leur jeune frère) ont eu un tel effet de stupeur, à plus forte raison les remontrances d'Hachem sur nos actions terrestres (auront un tel effet)"
[guémara 'Haguiga 4b]

Le Maharcha ajoute : notre jugement individuel dans le Ciel ne portera pas seulement sur nos paroles et nos actes, mais aussi sur ce que chacun aurait pu faire avec ses qualités et ses potentialités, et qu'il n'a pas réalisé.

-> "Rabbi Chimon ben El'azar dit : 'Malheur à nous au jour du jugement, malheur à nous au jour des remontrances ... Si déjà les grands frères n'ont pas su répondre à leur frère cadet, tant ils étaient éberlués devant lui, à plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun de nous selon ses actions."
[midrach Yalkout Chimoni Béréchit 152]

-> Rabbi 'Haïm Chmoulévitch (Si'ha 23) enseigne :
Les frères de Yossef, qui jusqu'à ce jour ont toujours considéré être dans leur bon droit en agissant ainsi envers leur jeune frère, prennent brusquement conscience de leur erreur de jugement et d'évaluation, et pris de stupeur, ils ne peuvent plus répondre de leur acte.

Toutes les bonnes raisons qu'ils avaient pour justifier leur comportement envers Yossef ne résistent pas devant ces vérités.

La décision de tuer Yossef, transformée en une vente, avait pour but l'annulation de la réalisation de ses rêves, mais non seulement cela n'a pas pu empêcher son ascension à la royauté, mais de plus, c'est ce geste qui a permis l'accélération et la réalisation de ses rêves.

Les moyens mis oeuvre pour atteindre un résultat donné sont entre les mains de l'homme, mais le résultat de cette action ne dépend que de Hachem.

Nous serons jugés sur nos efforts et sur les moyens utilisés pour atteindre un but, et non sur le résultat.

Par ailleurs, même si une finalité nous semble noble, cela ne doit pas justifier l'utilisation de moyens "impropres" (ex: ici faire souffrir Yaakov pendant 22 ans!).

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-> Au moment où Yossef a dit : "Je suis Yossef", le plan de D. est apparu aux frères dans toute sa limpidité et aucune question ne s'est plus posée.
C'est ainsi qu'il en sera, plus tard, lorsque D. Se révélera et annoncera : "Je suis Hachem!"
Tous les yeux (juifs et non-juifs) s'ouvriront et l'on comprendra toutes les péripéties qui ont jalonné le cours de l'histoire.
[le 'Hafets 'Haïm]

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-> "Lorsque les frères rencontrèrent Yossef, ils reconnurent les traits de son visage, et ils comprirent que c'était le visage de leur frère Yossef. Toutefois, ils ne pouvaient admettre que Yossef était devenu roi.
Il était pour eux absolument impossible qu'un esclave atteigne le trône. Ainsi, ont-ils supposé qu'il s'agissait là d'un homme égyptien qui ressemblait à Yossef, mais il ne pouvait nullement s'agir de leur frère".
[midrach Ohr 'Hadach]

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-> "Une personne voit tous les défauts, à l'exception des siens" [Négaïm 2,5]

-> "Se trouve-t-il un seul individu, dans cette génération, qui soit apte à faire des remontrances? Il voit la paille dans l’œil du voisin, et ne voit pas la poutre dans le sien!" [le Sifri sur la guémara Arakhin 16b]

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+ Abba Kohen Bardela (midrach Béréchit Rabba 93,10), discerne un élément de réprimande dans l’annonce faite par Yossef :
"Malheur à nous au jour du Jugement! Malheur à nous au jour de la Réprimande!
Si les frères n’ont pas su supporter sa réprimande, lui qui était le plus jeune, à plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun selon ce qu’il est."

Selon le Beit haLévi, cela signifie que chacun d'entre nous devra faire face :
-> à un jour de jugement : nous serons tenus pour responsable des fautes que nous avons commises durant notre vie ;

-> et à un jour de remontrances : en plus du prix à payer pour nos fautes, on nous montrera l’hypocrisie de chacune des excuses que nous avons pu avoir.
Un remontrance (to'ha'ha) est le fait de rendre apparent la sottise d'agir d'une telle façon, et pourquoi il faut absolument changer.

D'abord on nous exposera nos fautes. Sur ce, nous voudrons nous expliquer et ramener plein de bonnes raisons pour les justifier.
C'est pour cela qu'immédiatement, suite à cela, il va y avoir des remontrances, où toutes nos justifications vont voler en éclat, et seul le 100% vérité va rester.

C'est alors que le jugement peut se tenir, sans interruption, jusqu'à ce que justice soit faite.

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-> "D. viendra réprimander chacun selon ce qu’il est" (midrach Béréchit Rabba 93,10)

Nous serons jugés en fonction du vrai nous-même.

Nous ferons face à toutes nos contradictions internes sur nos valeurs.
Par exemple, nous justifierons le fait de n'avoir pas pu aller à la synagogue le matin. On nous montrera alors la vidéo de toutes les fois où nous avons pu nous lever tôt lorsqu'il s'agissait de nos occupations personnelles.

Nous affirmerons ne pas avoir pu donner davantage à la tsédaka car nous ne le pouvions pas, mais est-ce que nous tenions le même langage pour nos dépenses personnelles non vitales?

Le jugement ne portera pas sur ce que nous ne pouvions pas faire, mais sur ce qui était dans nos possibilités, et que nous n'avons pas fait, préférant le justifier par des excuses malhonnêtes.

Nous verrons alors ce que nous aurions pu devenir, ce que nous aurions pu obtenir par nos prières, et nous verrons de façon apparente à quel point nos excuses étaient vides de vérité, donc inexistantes.

Nos Sages affirment d'ailleurs que le plus douloureux n'est pas la punition pour nos fautes, mais ce choc face à la vérité, ce sentiment horrible d'être plein de regrets : "Comment ai-je pu croire à ces justifications si minables, et avoir aussi peu fait de ma vie!"

[nous risquons d'être des criminels, car nous avons tué la personne magnifique que nous pouvions être!]

=> Essayons d'être honnête et sincère avec nous même, et ne pas hésiter à bénéficier du regard d'autrui, afin d'avoir une remontrance finale qui soit la moins amère possible.

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-> Le Beit haLévi explique que Yossef savait que s'il faisait directement une remontrance à ses frères pour l'avoir vendu, ils pouvaient facilement se justifier en disant : "Yossef, nous avons fait exactement ce qu'il fallait faire. Nous avons réuni un beit din et jugé que tu devais mourir".

Puisqu'ils considéraient que Yossef méritait son sort, une approche frontale n'aurait pas fonctionné.

Ainsi, Yossef a élaboré un plan pour Binyamin, le rendant coupable d'un crime entraînant son emprisonnement.
Au début de la paracha, dans son plaidoyer pour Binyamin, Yéhouda, qui représentait ses autres frères, fait appel à de la compassion pour Yaakov, leur vieux père, qui risque d'en mourir en apprenant cela (cf.Vayigach 44,31).

Yaakov s'est alors tourné vers ses frères, et a demandé : "Je suis Yossef ; mon père vit-il encore?"
Cela était un message clair : "Vous affirmez que la perte de son fils chéri va tuer votre père, mais alors comment avez-vous pu me vendre en esclavage? N'avez-vous pas réalisé que cela aussi pouvez 'tuer' notre père?"

Face à leur contradiction interne : "Ses frères ne purent lui répondre, car ils avaient été frappés de stupeur devant lui".

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+ On a pu voir, b"h, 2 midarchim ayant un contenu similaire, mais se terminant de façon légèrement différente :

-> "A plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun de nous selon ses actions" (léfi maasaï)"
[midrach Yalkout Chimoni Béréchit 152]

-> "A plus forte raison quand D. viendra réprimander chacun de nous selon ce qu’il est (léfi ma chéou)"
[midrach Béréchit Rabba 93,10]

Selon le rav Acher Weiss, on retrouve cette distinction dans notre paracha :
-> selon vos actions : "Je suis Yossef votre frère, que vous avez vendu en Egypte" (Vayigach 45,4)

C'est une remontrance sur les actions qu'ils ont pu faire : le jeter dans le puits, le vendre en tant qu'esclave, tremper sa tunique dans le sang et prétendre qu'il a été tué.

-> selon ce que vous êtes : "Je suis Yossef! Est-ce que mon père est toujours vivant?" (Vayigach 45,3)

C'est une remontrance sur ce qu'ils sont, sur leur trait de caractère.
Yossef utilise : "MON père", et non : "NOTRE père", comme une subtile allusion au fait qu'ils ont pu agir sans cœur, en oubliant ce qu'il pourrait ressentir pour la perte de son fils.

Ses frères l'ont vu pendant 22 ans dans un deuil inconsolable, est-ce qu'ils ont tout mis en oeuvre pour le retrouver et le rendre à leur père?

Cela a été la remontrance la plus douloureuse.

=> Nous nous devons de faire attention, non seulement à nos actions, mais également à notre attitude, notre état d'esprit, car nous aurons des comptes à rendre là-dessus.

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-> Après une longue discussion avec Yéhouda, Yossef finit par se dévoiler à ses frères. Alors, il leur dit : "Je suis Yosseph". La Torah relate qu'en entendant ces mots, "ses frères ne purent lui répondre, car ils étaient perturbés devant lui".
En apparence, on aurait tendance à expliquer qu'ils furent perturbés de par la peur que Yossef ne se venge. Mais, nos Sages expliquent qu'en réalité, ils furent perturbés par la honte. Les frères reçurent les propos de Yossef comme une profonde réprimande et remise en cause, et en ressentirent une grande honte.
Et nos Sages de conclure que cette réprimande était à l'image de la réprimande qu'Hachem adressera à l'humanité dans les temps futurs.
=> Cependant, on peut s'interroger sur tout cela. D'une part, en quoi les mots : "Je suis Yossef" constituent-ils une réprimande, alors qu'en apparence, par ces termes Yossef ne fait que se dévoiler à ses frères? Et d'autre part, quel lien y a-t-il entre ce passage et la réprimande qu'Hachem adressera au monde dans les temps futurs?

En fait, il faut savoir au préalable que le comportement et le mode de vie de Yossef se distinguaient de ceux de ses frères.
- Les autres tribus s'isolaient pour servir Hachem. Pour eux, on ne peut s'élever spirituellement qu'en s'éloignant du monde matériel et profane. Il est nécessaire d'adopter un comportement visiblement pieux, en recul avec le monde.
- Mais Yossef voyait les choses différemment. Il optait plutôt quant à lui pour cacher sa piété sous une apparence de superficialité. Il adoptait des habitudes profanes, soignait sa coiffure et son vestimentaire, et dissimulait sa sainteté.
C'est d'ailleurs cette attitude qui suscita l'intérêt de la femme de Potifar, qui le trouvait beau et séduisant, jusqu'à vouloir l'attirer à elle. Et même quand il devint vice-roi de l'Egypte, Yossef poursuivit cette manière d'être. Il était mêlé aux affaires politiques et économiques du pays.
Extérieurement, on ne pouvait distinguer sa grandeur. Mais, au fond de lui, dans ses pensées et dans son cœur, il était pleinement attaché à Hachem.
Il utilisait un revêtement profane pour y envelopper une redoutable sainteté et une très grande proximité avec Hachem.
Si pour ses frères, le monde matériel était à éloigner, ne pouvant servir de moyen pour servir le Créateur. Pour Yossef, la matérialité est un vecteur de sainteté. Il se servait du profane pour l'emplir discrètement de sainteté.
Ce monde n'était pas à écarter.

Ainsi, ne remarquant que l'apparence superficielle et profane de Yossef, ses frères ne sont pas parvenus à saisir sa grandeur et sa sainteté.
Pour eux, Yossef s'était éloigné du droit chemin et menait une vie ancrée dans le matériel. Rien de bien ne sortirait de lui. Ils finirent aussi par s'en débarrasser.
La profonde sainteté que dissimulait Yossef, ils ne la remarquèrent pas ni ne la distinguèrent.
Mais quand Yossef finit par se dévoiler à ses frères, alors qu'auparavant sa sainteté était constamment cachée et il ne l'avait encore jamais mise à jour, mais à ce moment là, il la laissa se dévoiler. La lumière intense de sa sainteté éclata au grand jour.
C'est dans cet état de grande élévation qu'il formula les mots : "Je suis Yossef!"
Et enfin, pour la première fois, ses frères se trouvèrent face à la grandeur si puissante de Yossef. Enfin, ils comprirent qu'au delà de son apparence d'homme simple et profane, se cachait un être redoutable en sainteté.
Et là, ils furent perturbés "devant lui", ou littéralement : "de sa face" (mipanav - מפניו) = c'est qu'en voyant l'éclat qui rayonnait de son visage, ils en furent perturbés. A cet instant, ils comprirent qu'ils s'étaient grandement trompés à son sujet, et qu'ils avaient en réalité affaire à un homme saint. Ils ressentirent une grande honte de cette erreur. C'était pour eux une vraie réprimande.

=> Dans les temps futurs aussi, Hachem se dévoilera dans le monde matériel et proclamera : "Je suis Hachem".
Alors, on comprendra que ce monde, que l'on a utilisé pour son profit et parfois même pour se laisser aller à des fautes, qu'il était en réalité empli de la Lumière Divine qui s'y cachait.
Et alors, on ressentira aussi une grande honte, d'avoir utilisé un monde empli de Divinité, pour transgresser la Volonté Divine, ce qui constitue une offense au sacré.
Cette réprimande future sera bien à l'image de celle de Yossef.

[d'après le rav Mikaël Mouyal]

"Il [Yossef] ne l'écoutait pas pour reposer près d'elle, pour être avec elle" (Vayéchev 39,10)

-> "Elle a tenté de le séduire par tous les moyens possibles : par des paroles, en changeant continuellement de toilette, en le menaçant de le faire jeter en prison, de l'humilier et de le rendre aveugle, et en faisant miroiter à ses yeux la perspective de recevoir d'énormes sommes d'argent"
[guémara Yoma 35b]

-> Rachi rapporte la guémara (Sotah 3b), où elle souhaitait qu'il s'allonge près d'elle, même sans avoir de rapports.

Elle essayait de l'attirer en lui faisant comprendre : viens au plus proche de moi, comme cela tu acquerras plus de mérites pour le fait de m'avoir résisté.

-> La guémara (Avoda Zara 5a) explique :
- "pour reposer près d'elle" : comme faisant référence à ce monde. Yossef ne voulait pas fauter avec elle.
- "pour être avec elle" : cela fait allusion au monde à venir.

Yossef avait compris que fauter avec la femme de Potiphar dans ce monde entraînerait le fait d'être avec elle dans le monde à venir.

-> Dans cette même guémara (Avoda Zara 5a), il est également écrit :
"Lorsqu'une personne réalise une mitsva dans ce monde, la mitsva le précède et va devant lui dans le monde à venir.

Chaque faute qu'une personne commet va l'envelopper et l'accompagner au jour du jugement.
Selon Rabbi Eliézer, une faute nous devient liée comme peut l'être un chien."

Le Maharcha explique qu'une entité spirituelle est créée lorsque l'on réalise un mitsva ou une avéra.
L'accomplissement d'une mitsva va créer un défenseur pour son auteur, tandis que l'accomplissement d'une avéra (faute) va créer un accusateur pour son auteur.

Lorsque l'on raccompagne quelqu'un d'important, on est devant lui.
Lorsque l'on escorte un malfrat, on est derrière lui, pour parer à toute éventualité de fuite.

De même, l'ange créé par une mitsva va nous "précéder et aller devant" son auteur, annonçant l'arrivée d'un homme juste.
Tandis que l'ange créé par une avéra "va envelopper et accompagner" son auteur, l'amenant à son destin en enfer.

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-> A ce sujet, le Yéchouot Yaakov rapporte un passage de la prière de Arvit : "retire le Satan de devant nous et de derrière nous" (véasser Satan miléfanénou ouméa'harénou).

Une explication est que l'attaque du yétser ara peut venir de tous les côtés.

Mais, il apporte également une autre explication :
- "de devant nous" = avant la faute, le Satan essaie de nous tenter et de nous leurrer par des plaisirs matériels. Il se met devant nous et cherche à vendre sa marchandise.

Marchant devant, il se fait passer à nos yeux pour quelqu'un escortant une personne importante (nous), au point que l'on en oublie d'être fidèle à Hachem.
[je suis quelqu'un de tellement grand, que Hachem et sa volonté en deviennent inexistant!]

- "de derrière nous" = après que nous ayons fauté, ce même Satan va nous pousser et nous guider vers un destin épouvantable.

En général après une faute, le yétser ara cherche à nous faire culpabiliser (je suis vraiment un moins que rien!), à envelopper en nous de la tristesse, ce qui a le pouvoir de nous entraîner au plus bas.

Marchant derrière, il se fait passer comme accompagnant un bandit (nous), cherchant à entretenir cette phase de déprime destructrice suite à nos regrets.
[de toute façon je suis quelqu'un de tellement mauvais, que c'est normal si je fais de actes mauvais! Pourquoi faire de bons actes, vu comment je suis un racha!]

-> Le rav David Abehssera donne une autre explication de ce passage :
- "de devant nous" = il s'agit des mitsvot positives, ce que nous devons faire. Notre yétser ara se tient devant nous et fait tout pour nous empêcher de l'accomplir, en anesthésiant nos envies d'avancer spirituellement.
- "de derrière nous" = il s'agit des mitsvot négatives, ce devant quoi nous devons fuir/reculer. Notre yétser ara se tient derrière nous, nous barrant la route et nous poussant à avancer vers la faute.

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
- "de devant nous" = le yétser ara essaye de bloquer notre route lorsque nous voulons faire une mitsva ... Il essaye de mettre des embûches sur notre chemin, de nous montrer combien est dure à réaliser cette bonne action que nous désirons faire, et nous dissuader de mettre en application nos bonnes intentions.
Ce Satan là : nous demandons à Hachem de le retirer.
- "de derrière nous" = ici le rôle du yétser ara est de nous pousser à fauter, d'aider, d'assister, ainsi il réussit à nous leurrer facilement et à nous conduire dans la proximité des péchés ...
Pour être également sauvé du yétser ara, une aide divine particulière est nécessaire, c'est pour cela que nous prions qu'Hachem retire le Satan de derrière nous.

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-> "Écarte-toi du mal et fais le bien" (Tehilim 34,15).
Au-delà de la compréhension littérale, le Beth Avraham nous éclaire de la façon suivante :
Quand on souhaite faire de bonnes choses, le mauvais penchant se présente avec les montagnes de fautes que l'on a commises, non pas pour qu’on s’en repente, mais plutôt pour nous décourager de réaliser la bonne action.
Ainsi, "écarte-toi du mal" : ne considère pas le mal que tu as commis (si cela n'est pas constructif) ; "et fais le bien" : comme si tu n’avais jamais fauté.

["de derrière nous" : le yétser ara peut également tenir des propos opposés : "Quel tsadik tu es! Combien de belles actions/mitsvot tu as pu faire! Tu mérites bien de te laisser un peu aller, juste un peu, comme cela après tu auras encore plus de forces pour les mitsvot."
Il ne peut pas nous faire fauter directement, alors il cherche à ce que l'on fasse moins, petit à petit, jusqu'à tomber (à l'image d'une minuscule mite qui va à force de persévérance faire s'écrouler un imposant bâtiment!).]

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Ainsi, Yaakov avait conscience que s'il fautait, ce ne serait pas l'histoire d'un moment, car il serait alors lié avec elle par la faute, dans le monde à venir.

=> Avant tout acte demandons-nous : "Qu'est-ce que je gagne? Qu'est-ce que je perds?", car c'est vraiment dommage de devoir se retrouver à payer un prix très très élevé pour une consommation aussi éphémère.

Dans le monde à venir, est-ce que nous voulons être entouré d'anges qui crient nos bonnes actions dans ce monde, ou bien, voulons-nous être enveloppé par des anges qui hurlent toutes nos fautes?

Ce monde est éphémère, mais ses conséquences sont éternelles ...

NB: La téchouva sincère par amour a le pouvoir de transformer un accusateur (derrière nous) en défendeur (devant nous), dans le cas où nous n'avons pas fauté en sachant que nous pourrions ensuite y faire téchouva.

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"Ce fut, quand elle (la femme de Potiphar) lui parlait (à Yossef) jour après jour, et qu’il ne l’écoutait pas" (Vayéchev 39,10)

Nos Sages disent que la femme de Potiphar pensait que c’était une volonté Divine qu’elle ait un enfant de Yossef, d’après ce qu’elle voyait dans les astres. Mais en fait, même Yossef avait un doute et pensait qu’elle avait peut-être raison, ce qui lui rendait l’épreuve bien plus dure.
Seulement, quand Yossef vit son insistance ("jour après jour"), il comprit que ce n’était pas une bonne chose et qu’au contraire, cet acte émane du mauvais penchant.
En effet, l’habitude du bon penchant est de dire une fois ou deux à l’homme de faire une mitsva, puis il le laisse le suivre ou non. Mais, quand on voit que dans un sujet, on ressent au fond de soi une insistance incessante, alors on peut en conclure que cela provient du mauvais penchant, qui ne cesse de pousser l’homme à la faute, jusqu’à ce qu’il cède, D. Préserve.
=> Ainsi, quand on sent une grande insistance, souvent il ne faut pas suivre ce chemin.
[le 'Hidouché haRim]

"Il [Yossef] donna à tous, individuellement, des habits de rechange ; mais à Binyamin, il donna 300 pièces d'argent et 5 habits de rechange" (Vayigach 45,22)

-> Yossef a donné 2 tenues vestimentaires à chacun des 10 frères (Ibn Ezra), afin qu'ils s'habillent avec la distinction convenant aux frères du vice-roi (Rabbi Avraham ben haRambam), et ils remplacèrent les vêtements qu'ils avaient déchiré dans leur détresse (cf. Mikets 44,13).

Mais il a fait un cadeau beaucoup plus généreux à Binyamin, qui était son seul vrai frère (les 2 ayant la même mère).

-> La guémara (Méguila 16b) demande comment Yossef, lui-même victime de la jalousie, a pu agir d'une façon susceptible d'éveiller un tel sentiment (5 vêtements à Binyamin, et 2 aux autres).

Selon Rabbi Binyamin bar Yéfét, Yossef a donné à Binyamin une allusion au fait que Mordé'haï, lui-même descendant de Binyamin, parcourra les rues de Suze vêtu des 5 habits royaux.
[En effet, il est écrit :
- "Mordé'haï, fils de Yaïr, fils de Sim'i, fils de Kich, de la tribu de Binyamin" (Méguilat Esther 2,5) ;
- "Mordé'haï sortit de chez le roi en costume royal (1), bleu d'azur (2) et blanc (3), avec une grande couronne d'or (4) et un manteau de byssus (5) ..."]

[Le Tsor haMor dit que les 300 pièces d'argent représentent les 300 dignitaires amalécites que Mordé'haï, descendant de Binyamin, mettra à mort.
La Pessikta Zouta fait remarquer que le nom : "Mordé'haï" (מָרְדֳּכַי) a une guématria de 274, et si on lui rajoute le 26 du Nom Divin, alors cela donne 300.]

-> Selon le Gaon de Vilna (Shénot Eliyahou), puisque ces 5 vêtements sont uniquement une allusion à des événements futurs, il est probable que leur valeur globale avait la même valeur que les 2 habits qui ont été donnés aux autres frères.

Dans notre verset, pour les frères le mot habit ('halifot) s'écrit : "חֲלִפוֹת", tandis que pour Binyamin, il s'écrit sans le vav : "חֲלִפֹת", afin de suggérer que chacun des habits qu'il a reçu, n'était pas particulièrement de valeur.

=> Les tribus n'avaient aucune raison d'en être jalouses.

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-> b"h, Nous venons d'expliquer la différence en ce qui concerne les vêtements, mais qu'en est-il des pièces d'argent?

Nous allons voir ci-après la réponse de Rabbi Méïr Yé'hiel haLévi (l'Ostrovtzer Rebbe)

Les 12 enfants de Yaakov servaient chacun leur tour leur père, tandis que les autres étaient dehors avec les troupeaux (cf. Rachi sur Vayéchev 37,29 : Réouven n'avait pas assisté à la vente [de Yossef], car c'était son tour, ce jour-là, d'aller servir son père).

Cette rotation quotidienne n'était valable que durant 300 journées de l'année, les autres jours (Shabbath, les Yom Tov) étant des moments où ils étaient tous à la maison, et durant lesquels ils s'occupaient tous ensemble des besoins de leur père.

Si nous divisons ces 300 jours de l'année par les 12 enfants, nous pouvons noter que chacun s'occupait individuellement de Yaakov pendant 25 jours (300/12).

Lorsque Yossef a été vendu, il manquait alors 1/12e de la main-d'oeuvre, les autres frères devant prendre sur eux les jours qu'il faisait auparavant.

Yossef a été absent pendant 22 années, ce qui représente : 550 jours (22*25) durant lesquels il n'a pas fait son tour auprès de son père.
Les 11 autres frères se sont partagés ces jours, soit 50 jours chacun (550/11).

Ainsi, d'une certaine façon, Yaakov devait à chacun de ses frères 50 jours de travail.

Cependant, il pouvait leur répondre : "C'est de votre faute! Vous m'avez vendu, m'empêchant ainsi de servir mon père. Je ne vous dois rien!"

La seule personne avec laquelle il était véritablement endetté, est Binyamin, qui n'a pas été impliqué dans la vente de Yossef (puisqu'étant à la maison en train de servir son père).
C'est pourquoi, Yossef lui devait 50 jours de travail injustifié.

Le midrach (Béréchit Rabba 61,7) dit qu'un travailleur en moyenne reçoit un salaire de 1 dinar par jour.

Un dinar est l'équivalent de 6 pièces d'argent.
Yossef a payé Binyamin pour ses 50 jours, à un prix de 6 pièces d'argent.
=> Il lui a donné 300 pièces d'argent (50*6).

[Les autres frères n'ont aucune raison d'en être jaloux.]

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-> Le 'Hida rapporte au nom du Rokéa'h ce que le 'Hizkouni explique également.
Nos Sages (guémara Guittin 44a) ont dit : dans le cas d'un serviteur qui est vendu à un non-juif, le maître a l'obligation de venir le racheter jusqu'à 10 fois son prix.
Nous voyons dans la Torah (Michpatim 21,32) que le prix d'un simple serviteur s'élève à 30 sicles. Or, puisque les frères de Yossef l'avaient vendu à des non-juifs, il incombait à chacun d'entre eux de le racheter, selon la loi, jusqu'à 10 fois son prix, c'est-à-dire 300 sicles d'argent.
Mais lorsque Yossef leur a accordé son pardon, chacun des frères a donc gagné une somme de 300 pièces d'argent.
Quant à Binyamin, il n'avait pas participé à la vente, et c'est pourquoi Yosef lui a réellement fait présent de 300 pièces d'argent, sans éveiller de jalousie.

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-> Le don de cette somme par Yossef vient compenser les 3 façons dont il avait calomnié ses frères.
[cf. Rachi Vayéchev 37,2 : Il s’agit du fait : qu’ils mangeaient de la viande arrachée à des animaux vivants, qu’ils humiliaient les fils des servantes en les traitant de serviteurs, qu’ils étaient soupçonnés d’actes de débauche.]
Or, la pénalité pour une calomnie est une amende de 100 sélas (Ki Tétsé 22,19).
Il donna l'argent à Binyamin car celui-ci n'avait pas participé à la vente.
[Méam Loez - Vayigach 45,22]

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-> Les 300 pièces d'argent ne constituent pas un don préférentiel, mais comme pour les 5 vêtements, une allusion à son descendant Mordé'haï.
En effet, Tossefot signale dans la guémara (Méguila 13b) que : hakéssef (l'argent - הכסף) que voulait remettre Haman au roi A'hachvéroch a la même guématria que : haéts (la potence - העץ), soit : 165.
Or, la potence préparée par Haman pour y pendre Mordé'haï avait une hauteur de 50 amot, soit 300 téfa'him (50*6, car 1 ama = 6 téfa'him, qui vaut environ : 50cm).
Ainsi, les 300 pièces d'argent remises à Binyamin n'étaient qu'une allusion symbolique au fait que son descendant Mordé'haï, prévu pour être pendu sur une hauteur de 300 téfa'hïm, sortira finalement d'auprès du roi avec 5 vêtements royaux.
[Korban Torah]

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-> La somme de 300 pièces d'argent n'est pas un don marquant une préférence de Yossef envers son frère Binyamin, mais une indemnité de honte due à Binyamin pour l'avoir humilié en l'accusant faussement d'avoir volé la coupe en argent de Yossef.
Ce don ne devait donc pas éveiller la jalousie des 10 frères.
[Iyoun Yaakov]

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-> "A tout le monde il donna des habits et à Binyamin, il donna 300 pièces d'argent et 5 habits"
La guémara explique que Yossef donna un habit à chacun de ses frères, sauf à Binyamin à qui il en donna 5, pour faire allusion à Morde'haï qui descendra de lui et qui sortira devant le roi avec 5 vêtements royaux.
Mais cela n'explique pas que les 5 vêtements. Ainsi, comment expliquer les 300 pièces d'argent supplémentaires?

En fait, chaque vêtement que Yossef donna à chaque frère avait une valeur de 300 pièces d'argent. C'est pourquoi, il donna à Binyamin 300 pièces, en contrepartie de l'habit qui lui revenait de droit, au même titre que ses autres frères. Seulement, à Binyamin il ajouta encore 5 habits et c'est à leur propos que la guémara explique qu'ils faisaient allusion aux 5 habits royaux de Morde'haï.
D'autre part, il donna l'habit revenant à Binyamin sous forme d'argent et non sous forme d'habit, car alors il aurait dû lui donner 6 habits, le sien et les 5 faisant allusion à Morde'haï. Or, s'il lui en avait donné 6, cela aurait altéré l'allusion aux 5 habits de Morde'haï.
[Taama Dikra]

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-> Selon le Ben Ich 'Haï, si Yossef a donné à Binyamin 5 vêtements, donc 4 vêtements de plus qu'à chacun de ses autres frères, c'est pour faire une allusion à Binyamin selon laquelle les 4 emplacements de la Chékhina en Israël (Chilo, Nov, Guib'one, Yérouchalaïm) seront tous localisés dans son territoire, dans le futur.

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 54,5), c'est parce que Hachem n'a pas apprécié qu'Abraham ait contracté une alliance (brit) avec le roi des Philistins et lui a offert 7 agneaux, qu'à 7 reprises les Tabernacles (Michkan) des enfants d'Abraham seront détruits tout au long de l'histoire :
1) le Ohel Mo'ed du désert, 2) le Tabernacle de Guilgal, 3) le Tabernacle de Chilo, 4) le Tabernacle de Nov, 5) le Tabernacle de Guib'one, 6) le premier Temple de Yérouchalaïm et 7) le second Temple de Yérouchalaïm (Jérusalem).

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-> En apparence, les cadeaux supplémentaires à Binyamin semblent un acte imprudent.

Le Pardès Yossef dit qu'une raison à cet acte est : en procédant ainsi, Yossef donne à ses frères l'occasion de se défaire du passé.

Le Rambam (Hilkhot Téchouva 2,1) enseigne qu'une téchouva complète a lieu, lorsque l'on se retrouve dans les mêmes conditions que la fois où nous avions fauté, et que cette fois-ci, nous arrivons à surmonter la faute.

Il va de soi qu'une personne ne doit pas d'elle-même recréer des circonstances dans l'espoir d'atteindre une téchouva totale, car il est interdit de se mettre dans une situation de danger spirituel.

Rav Tsadok haCohen (Tsidkat haTsadik 73) écrit que lorsqu'une personne est prête pour ce challenge, Hachem va organiser les événements d'une telle façon lui permettant d'atteindre une téchouva totale.

Au moment, où un sentiment de "déjà vu" va se présenter, et que dans les mêmes conditions qu'auparavant on surmonte la tentation, alors on peut être certain que la téchouva est acceptée.

Rav Tsadok rapporte une guémara (Sanhedrin 25a) confirmant cela.
Il s'est avéré qu'un boucher trompait ses clients, en vendant de la viande non-cachère, comme étant cachère.
Rav Na'hman l'a exclut et renvoyé.

Suite à cela, ce boucher a laissé ses cheveux et ses ongles excessivement pousser, ce qui semblait être des signes de téchouva (repentance).
Rav Na'hman pensait a le réhabiliter, mais Rava lui a dit : "Peut-être qu'il ne fait que prétendre s'être repenti".

Rav Iddi bar Avin a eu une suggestion : "Celui qui est suspecté d'écouler de la viande non-cachère à ses clients, on ne peut pas lui faire confiance, à moins qu'il quitte ce lieu pour un endroit où il est inconnu.
Pendant qu'il sera là-bas, s'il a l'occasion de retourner un bien de grande valeur, ou bien s'il déclare une pièce de viande de valeur (chère) qui lui appartient, comme étant non cashère, alors nous serons qu'il s'est repenti"

Rav Tsadok dit que lorsqu'une personne est prête, alors elle "revit" l'épreuve dans laquelle elle a fauté, et elle a alors l'occasion de prouver que sa téchouva est complète.

Nous pouvons expliquer le comportement de Yossef, d'une façon similaire.

Ses frères se sont trompés sur lui, emportés par de la jalousie et de la haine, allant jusqu'à le vendre comme esclave.

Après la ruse afin d'amener leur plus jeune frère, et après l'incarcération potentielle de Binyamin, les frères ont pris conscience qu'ils avaient fauté, et ont alors regretté.

Mais cela n'était pas suffisant pour arriver à une téchouva totale, il fallait voir leur réaction lorsque Binyamin recevrait davantage qu'eux. Est-ce que la jalousie referait surface?

Lorsque Yossef a vu qu'ils retournaient vers leur père dans la joie, il savait alors qu'ils s'étaient véritablement repentis.

=> On comprend ainsi la nécessité de donner davantage à Binyamin, qui bien qu'en apparence semble susciter la jalousie, cela était en réalité un cadeau, un moyen de rendre leur téchouva totale.

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-> "Or, vous voyez de vos yeux, comme aussi mon frère Binyamin, que c’est bien moi qui vous parle" (Vayigach 45,12)

-> Le Ben Ich 'Haï (dans ses drachot) commente :
Pourquoi Yossef n’a jamais envoyé un message a son père pour lui dire qu’il était en vie? Pourquoi fait-il toute cette mise en scène rocambolesque?

Son but caché est de créer pour ses frères une situation de parfaite téchouva.
C’est, comme le dit Rabbi Yehouda (guémara Yoma 86b), se retrouver dans la même situation avec les mêmes intervenants et les mêmes paramètres, et ne pas reproduire la faute.
Il donne ainsi la "possibilité" à ses frères de faire descendre Binyamin (qui représente Yossef étant son seul frère de la même mère et étant le fils de la vieillesse, le préféré de Yaakov) en Egypte et de l’y abandonner, comme ils l’ont fait pour lui. Et en même temps de causer ce chagrin immense qu’ils ont déjà causé à leur père.
Et c’est quand ils sortent vainqueurs de cette épreuve en ne cédant pas à Yossef. Il se dévoile alors et son pleur est la preuve qu’au plus profond de lui, il n’a jamais éprouvé de haine ni de cruauté mais uniquement une volonté d’entraîner la réparation de leur faute.
Et c’est ce qu’il dit: "Or, vous voyez de vos yeux, comme aussi mon frère Binyamin, que c’est bien moi qui vous parle."

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+ "Il [Yossef] donna à tous, individuellement, des habits de rechange"

-> La Torah dit littéralement que Yossef donna à chacun un "habit de rechange". Il fournit à ses frères 2 tenues complètes : l'une pour le Shabbath et l'autre pour les fêtes.
['Houpat Eliyahou]

-> Yossef remit à chacun de ses frères des vêtements de rechange, car ils l'avaient dépourvu de ses vêtements avant de le jeter dans le puits (Vayéchev 37,23). Il leur offrit ces habits, neufs afin de leur montrer qu'il avait chassé de son cœur toute idée de vengeance.
Il leur remit également des vêtements neufs pour réparer le tort qu'il leur avait fait subir en les accusant du vol de la coupe. En effet, ils avaient alors déchiré leurs tuniques en entendant les accusations portées contre Binyamin (Mikets 44,13).
[Méam Loez - Vayigach 45,22]

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+ "Il donna à tous, 5 tuniques par personne"

Le mot : 'haméch (חָמֵשׁ) est formé des initiales de : 'hodéch, moéd et Shabbath.
Pour nous insinuer qu'à ces moments-là, il faut changer de vêtement en l'honneur de ces jours.
[Yessod véChorech haAvoda]