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"Il n'y avait pas de pain dans tout le pays, car la famine était très forte ; le pays d'Égypte et le pays de Canaan étaient épuisés par la famine" (Vayigach 47,13)

-> Rachi commente : "Dans ce verset, la Torah revient à la description du début de la famine".
Au final, la famine n'a pas duré les 7 années prévle vues par Yossef, car la Torah nous dit qu'ils préparaient déjà la terre pour les semailles la 3e année.
[la Torah nous rapporte que pendant la 2e année de famine, Yossef a fourni des graines pour ensemencer la terre d'Egypte - Vayigach 47,23]

Cependant, cela n'a pas remis en cause l'interprétation du rêve de Pharaon par Yossef. Il était universellement compris, même par les autres nations du monde, que les tsadiki (justes) ont le pouvoir d'annuler un décret céleste. C'est pourquoi nos Sages (guémara Baba Batra 116a) nous disent : "Un homme juste décrète, et Hachem exauce (son souhait)".
La fin de la famine a coïncidé avec l'arrivée de Yaakov, et il était donc évident que c'était son arrivée qui en était la cause. Les égyptiens étaient conscients que Yaakov était un homme de D. et que son arrivée leur apportait la bénédiction, comme le déclarent nos Sages : " La bénédiction suit le sillage d'une personne juste" (guémara Béra'hot42a).

En effet, la famine a été causée par la décrue des eaux du Nil, qui était la principale source d'eau (et donc de nourriture) en Égypte. Lorsque Yaakov bénit Pharaon pour que le Nil remonte vers lui (Rachi - v.47,10), ce qui se produisit immédiatement, la famine prit fin. Il est donc évident que Yaakov a contribué à mettre fin à la famine.

Yossef était conscient de la possibilité que le décret soit annulé par les prières des justes (tsadikim), et c'est pourquoi son interprétation du rêve de Pharaon était soigneusement formulée.
Lorsqu'il décrit les années de famine à Pharaon, il évite le mot "baou" (arrivera) et utilise plutôt "kamou" (surgira). Cela implique que l'arrivée de la famine n'est pas garantie.
À l'inverse, lorsque Yossef fait référence aux années d'abondance dans son interprétation, il utilise le mot "baou", ce qui implique que leur arrivée est certaine.
En effet, nos Sages nous disent qu'un décret céleste en faveur du bien n'est jamais annulé, et par conséquent, Yossef était convaincu que les années d'abondance arriveraient.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
La prédiction de Yossef concernant les 7 années de famine ne s'est pas entièrement réalisée car l'arrivée de Yaakov a apporté la bénédiction à l'Égypte.
Yossef savait qu'un décret d'Hachem peut être annulé par les prières des tsadikim ou par le repentir, et il en a tenu compte dans son interprétation du rêve.

Tous ses fils et toutes ses filles essayèrent de le consoler, mais il refusa d'être consolé et dit : "Car je descendrai dans la tombe en pleurant mon fils." Et son père (Its'hak) pleura sur lui. (Vayéchev 37,35)

-> Rachi commente : "Yaakov ne pouvait pas être consolé de la perte de Yosef, car on ne peut pas être consolé d'une personne vivante que l'on croit morte".

En effet, il existe un décret céleste selon lequel une personne décédée sera oubliée du cœur. Cependant, ce décret ne s'applique pas à une personne que l'on croit morte mais qui est en fait vivante.
Malgré son incapacité à être consolé, Yaakov n'a pas conclu que Yossef était réellement vivant. En effet, il n'existe pas de durée fixe pour l'oubli d'un défunt dans le cœur.
Tout le monde ne vit pas son deuil de la même manière. Certains ne se consolent pas facilement et restent dans le deuil pendant une longue période. Yaakov pensait qu'il faisait partie de ceux qui ne se consolent pas facilement et, par conséquent, son chagrin interminable ne lui prouvait pas que Yossef était toujours en vie.

Le fait de ne pas être facilement consolé découle du trait de caractère négatif qu'est l'obstination. Seules les personnes obstinées refusent d'accepter un décret d'Hachem avec amour et ne sont pas facilement consolées de la mort d'un parent.
Nos Sages qualifient Yaakov de "le meilleur" (de bé'hir) des Patriarches, et il n'avait certainement pas ce trait de caractère négatif.
Si Yossef était effectivement mort, Yaakov aurait accepté le décret d'Hachem avec joie, à l'instar des grands hommes de notre nation. Cependant, dans son humilité, Yaakov ne s'est pas considéré comme une personne juste (tsadik), et il a cru que c'était son obstination qui ne lui permettait pas d'être réconforté (alors qu'en fait, c'était parce que Yossef était encore en vie).

Une autre raison plausible pour laquelle Yaakov n'a pas conclu que Yossef était vivant (en vertu de son incapacité à être consolé) est qu'il était conscient, grâce au roua'h hakodech (inspiration Divine), qu'il ne connaîtrait pas le Guéhinam si tous ses enfants restaient en vie de son vivant.
Les 12 fils de Yaakov correspondaient aux 12 mois de l'année, et il avait la garantie que si aucun d'entre eux ne le précédait, il serait épargné des 12 mois du Guéhinam, qui est la peine maximale pour une personne racha (guémara Shabbath 33b). [en ce sens, on prend le deuil pendant une année, car même un racha au bout d'un an, est libéré de sa purification de ses fautes au Guéhinam. ]
Par conséquent, la mort perçue de Yossef était doublement dévastatrice pour Yaakov : il avait perdu à la fois son fils et cette garantie. Yaakov attribua donc son incapacité à trouver du réconfort à cette perte et non à la mort réelle.
C'est pourquoi il pensait qu'il ne pouvait pas être réconforté. Ce n'était certainement pas le cas, car Yossef était bel et bien vivant, et Yaakov ne sera finalement pas du tout puni dans le Guéhinam.
[d'après le Maharal - Gour Aryé]

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-> En résumé :
Si Yaakov n'a pu être consolé de la mort de son fils Yossef, c'est parce que ce dernier était encore en vie. Cependant, Yaakov n'a pas tiré la conclusion que Yossef était toujours en vie, car il pensait que son trait de caractère négatif d'obstination ne lui permettait pas d'être consolé.
Ou encore, Yaakov pensait qu'il ne pouvait pas être consolé parce qu'il craignait que la mort de Yossef n'annonce son futur châtiment dans le Guéhinam.

Les allégations de Yossef

+++ Les allégations de Yossef :

"Voici les descendants de Yaakov : Yossef avait 17 ans ; il était avec ses frères qui gardaient les troupeaux, et il était jeune avec les fils de Bilha et de Zilpa, femmes de son père ; et Yossef apporta à leur père une mauvaise nouvelle à leur sujet" (Vayéchev 37,2)

-> Rachi commente que Yossef a rapporté tout ce qu'il a vu de négatif chez ses frères, les fils de Léa.
Il a rapporté que ses frères mangeaient des membres d'un animal vivant (du éver min ha'haï), qu'ils rabaissaient les fils des servantes en les appelant esclaves, et qu'ils étaient suspects dans l'interdiction des relations interdites (arayot).

-> Le Maharal nous enseigne :
Yossef a été puni pour ces 3 accusations.
Pour avoir prétendu qu'ils avaient mangé du éver min ha'haï, ses frères l'ont vendu comme esclave et ont ensuite abattu une chèvre (Vayéchev 37,31). Cependant, ils n'ont pas mangé de ses membres alors qu'elle était encore en vie.
[il ne s'agit pas d'une punition au sens classique du terme. Cependant, le but d'une punition est de démontrer que le fauteur a commis une erreur. Le fait que les frères n'aient pas mangé du éver min ha'haï montre à Yossef que ses accusations étaient sans fondement. ]

Pour avoir dit qu'ils traitaient leurs frères d'esclaves, Yossef lui-même a été vendu comme esclave. (Téhilim 105,17)
Pour les avoir accusés d'avoir eu un comportement licencieux, il a été séduit par la femme de son maître, comme le dit la Torah : " La femme de son maître leva les yeux" (Vayéchev 39,7).

=> Pourquoi Yossef a-t-il été puni pour avoir dénoncé leur comportement répréhensible?
Après tout, l'interdiction de calomnier quelqu'un ne s'applique que lorsque cela n'est pas fait dans un but constructif. Il est permis (et c'est même une mitsva) de signaler un comportement immoral à une figure d'autorité comme Yaakov afin qu'il puisse les réprimander et les aider à changer leurs habitudes.
[bien qu'un témoignage en bonne et due forme dans un tribunal juif nécessite 2 témoins, le témoignage d'un seul témoin est suffisant pour la réprimande si cette personne bénéficie de la confiance implicite de la figure d'autorité.]

La réponse se trouve une étape avant le rapport. Yossef n'a pas été témoin de la transgression de ces actes interdits par ses frères, et en effet, les saints géniteurs de la nation juive étaient innocents de ses allégations. En fait, Yossef a seulement été témoin d'un comportement qui a fait naître le soupçon qu'ils ne s'étaient pas suffisamment éloignés de ces graves interdictions.
Yossef a été appelé "Yossef haTsadik", Yossef le juste, en raison de son niveau élevé. Il s'est éloigné du moindre comportement interdit. Parce qu'il était si scrupuleux, il trouvait déconcertant que ses frères soient moins vigilants dans leur prise de distance.
Néanmoins, parce qu'il n'avait pas été témoin d'actes interdits, il était interdit à Yossef de faire part de ses soupçons à son père.

=> Si Yossef n'a pas vu ses frères commettre de véritables actes interdits, qu'a-t-il rapporté à Yaakov?
Yossef signale que ses frères autorisent leurs esclaves à cuisiner pour eux, ce que Yossef considère comme interdit car on ne peut pas faire confiance aux esclaves pour éviter de cuisiner éver min ha'haï (guémara Guittin 67b).
Yossef rapporte également que ses frères, les fils de Léa, refusent de s'associer avec leurs frères de Bilha et de Zilpa. Yossef, dans sa grande droiture, considérait que cela revenait à les traiter d'esclaves.
Enfin, Yossef rapporta que ses frères ne détournaient pas suffisamment leur regard en présence de femmes, ce qui les entachait à ses yeux d'une trace de l'interdiction des relations interdites, car cela crée une ouverture pour le mauvais penchant.

Bien que la Torah ne précise pas les allégations de Yossef, nos Sages les déduisent des mots "dibatam ra'a" (rapports de mauvaise conduite) dans ce verset. Le mot "ra'a" désigne ces 3 allégations, car la Torah associe ce terme à 3 attributs négatifs : "yétser hara" (mauvais penchant), "ayin hara" (mauvais œil) et "lev hara" (mauvais cœur).
Le "yétser hara" pousse une personne vers des relations interdites, car il la séduit pour qu'elle suive ses désirs physiques au détriment de son intellect.
Le "ayin hara" est la source de l'envie, qui pousse une personne à se valoriser aux dépens d'une autre.
Le "lev hara" est la racine de tout comportement insensible, qui pousse une personne à agir avec cruauté envers les créatures d'Hachem, comme lorsqu'elle consomme les membres d'un animal qui ont été séparés lorsque l'animal était encore en vie.

Ces comportements conduisent une personne hors de ce monde, comme le déclare Rabbi Yéhochoua : "Le Ayin hara, le yétser hara et la haine insensée conduisent une personne hors de ce monde" (Pirké Avot 2,11). [la haine insensée est un des aspects du lev hara]
Cependant, comme les frères étaient innocents de ces allégations, Yossef a été puni pour les avoir accusés, comme nous le disent nos Sages : "Celui qui soupçonne l'innocent subira un préjudice physique."

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-> En résumé :
Yossef a calomnié ses frères, les accusant de s'être engagés dans des comportements interdits. Il n'a pas prétendu qu'ils avaient commis des transgressions réelles, mais plutôt qu'ils ne s'étaient pas suffisamment éloignés d'elles.
Yossef était très strict sur ces questions et ne pouvait tolérer la moindre trace de ces interdictions chez ses frères.

La Providence Divine leur fut révélée

+ La Providence Divine leur fut révélée :

"Hachem vit les Bné Israël et D. sut" (Chémot 2,25)

-> Rashi déclare : "Il mit son cœur sur eux, et ne leur détourna pas les yeux".

-> Le séfer Divré Israël note que ce verset semble inutile, car il est déjà dit juste avant (v.2,23-24) que Hachem entendit les cris du peuple juif et se souvint de Son alliance avec eux. Pourquoi faut-il répéter qu'Il ​​les a vus?

Il répond que l’exil en Egypte était un "galout hadaat", un exil de l’esprit (voir Pri Eitz 'Haïm - chaar Chag Hamatzos, 1). Cela signifie que parce que les égyptiens ont rendu aigris les juifs en les obligeant à effectuer des travaux pénibles, ils sont tombés à un niveau spirituel si bas qu’ils ont même oublié qu’il existe un D. qui gouverne le monde et traite chaque personne avec la Providence Divine.
Ils oublièrent le concept de Hachga'ha Pratit et pensèrent que toutes les souffrances qui leur étaient arrivées étaient simplement "naturelles".

Cela dura jusqu’à ce que Hachem se révèle à eux et leur envoie le message qu’Il ​​allait les délivrer. Il leur donna la compréhension (daat) pour reconnaître que tout ce qui se passe dans ce monde est contrôlé par Lui et que tout se produit pour une bonne raison.

Lorsque le verset dit que "Hachem vit les Bné Israël et D. sut" = cela signifie qu’ils en vinrent à comprendre qu’Il ​​contrôle le monde, comme le dit Rachi : "Il a mis Son cœur sur eux et ne leur a pas caché Son regard" = Il leur a donné le cœur pour comprendre que Ses yeux voient le monde entier et qu’Il ​​règne sur tous avec la Providence divine.

"Hachem dit à Moché : "Parle aux Cohanim, les fils d’Aharon et dis-leur : ‘Nul ne doit se souiller au contact d’une personne [morte] parmi son peuple’"." (Emor 21,1)

-> Rachi explique sur les mots "Parle aux Cohanim" : "Parle" (Émor - אֱמֹר) et "dis" (Amarta - אָמַרְתָּ). La répétition vient prévenir les adultes à propos des enfants.

-> Hachem emploie à 2 reprises le même terme quand Il ordonne à Moché d’enseigner les lois de pureté des Cohanim. Rachi, sur la base de la guémara (Yébamot 114a), explique que la redondance vient nous apprendre que les Kohanim doivent également enseigner ces lois à leurs enfants. Ceci met en avant un principe fondamental dans le ’Hinoukh (l’éducation des enfants) qui s’applique à tous les domaines de la Torah : un parent doit s’assurer que ses enfants respectent les mitsvot.
=> Comment peut-on élever ses enfants et les faire adhérer aux valeurs auxquelles on est attaché sans qu’ils soient touchés par l’influence extérieure?

-> Une réponse est apportée par le rav Moché Feinstein (dans son Darach Moché sur ce verset).
Il explique, sur la base du Rachi précité, que la double expression vient nous indiquer 2 aspects dans l’éducation des enfants aux mitsvot.
- On peut simplement leur apprendre les diverses obligations ainsi que les difficultés annexes à surmonter. Mais cela ne suffit pas ; car cette simple information ne les rendra pas suffisamment forts pour affronter les nombreuses épreuves qu’ils rencontreront.
- Donc le deuxième "Parle", ajoute l’importance de communiquer la joie de la pratique des mitsvot. De cette façon, l’enfant recevra comme message que le respect de la Torah n’est pas seulement une étape difficile à passer, mais la source de notre bien-être dans ce monde autant que dans le monde futur.
Dans cet ordre d’idées, Rav Feinstein disait que la fameuse phrase répétée par plusieurs Juifs des générations antérieures : "C’est dur d’être juif", inculquait aux enfants l’idée que la Torah est un joug à supporter, envers et contre tout. La conséquence est triste ; nombreux de ces enfants décidèrent de rejeter la Torah, parce qu’ils aspiraient à une vie "meilleure".
[lorsqu'un parent va répéter : "moi je fais Shabbath, mais qu'est-ce que c'est difficile, combien de concessions je dois faire pour cela", alors l'enfant associera le Shabbath à du négatif, et il se dira : "pourquoi dois-je tellement me sacrifier pour le Shabbath si ce n'est que de la prise de tête!".
Au contraire on doit témoigner dans la pratique que nous avons une "Torah de vie", et non une "Torah de concessions, de mort (je renonce à ça, et ça ...)"]

-> Le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Cette leçon du rav Feinstein est la clé de la réponse à notre question initiale. Nos enfants verront inévitablement des juifs d’un autre niveau de pratique des mitsvot, mais si on leur montre que le respect de la Torah est une opportunité formidable et qu’il nous rend joyeux, ils seront bien moins tentés par les modes de vie qui semblent plus "faciles" ou "agréables".
Prenons pour exemple l’approche des parents devant les fêtes juives qui demandent beaucoup de travail et de préparations, comme Pessa’h. Si l’ambiance est tendue à l’idée d’avoir à effectuer le ménage de toute la maison, les enfants grandiront avec l’impression que Pessa’h est un poids. Mais si le dur travail est anticipé positivement, ils considèreront cette fête comme un moment réjouissant.

Enfin, notons qu’il est très difficile, sinon impossible, de communiquer la joie de l’observance de la Torah aux enfants, si le parent ne ressent pas lui-même cet enthousiasme. Les enfants sont beaucoup plus marqués par notre façon de vivre que par nos paroles. Donc cet enseignement ne se limite pas à l'éducation des enfants, mais il nous touche personnellement ; la Torah est l’unique source de satisfaction réelle. En intériorisant ceci, nos enfants le ressentiront certainement aussi.

[en étant dans la société, nous sommes constamment en concurrence, et si nous ne travaillons pas à avoir une vision positive, à apprécier le fait de pouvoir faire la volonté d'Hachem, alors on va en venir à le faire par habitude, et avoir davantage de plaisirs dans des activités profanes.
Plus nous entretenons notre feu de joie, de fierté, ... d'être juif, alors plus cela se traduira dans des actes de feu, plus on vivra une vie joyeuse juive, plus on témoigne à Hachem de notre joie/désir de faire Sa volonté (ce qui donne une dimension beaucoup plus élevée à nos actes).
(à l'inverse, notre yétser ara cherche à diminuer l'intensité de ce feu : sois juif, mais n'y met pas trop de ta fougue, de ton cœur. Sois un juif de type "mort vivant", agissant au mieux comme un robot par habitude)]

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-> "Dis au Cohanim, fils de Aharon, et tu leur diras" (Emor 21,1)

-> Nos Sages nous enseignent que la répétition du verbe "dire" vient "pour mettre en garde (léazhir) les grands sur les petits". Les adultes ont une responsabilité de veiller à ce que les petits aussi se conforment à la Volonté de Hachem.

Cela évoque le principe de l'éducation. Mais le terme employé, "léazhir", de la même racine que "Zohar", "lumineux", suggère ainsi le sens de "faire briller".
Ainsi, l'enseignement prend le sens de : "Pour faire briller les grands sur les petits". Cela signifie que lorsqu'un adulte éduque un enfant, il doit essentiellement insister sur la dimension positive de la transmission, montrer à l'enfant son potentiel lumineux intrinsèque, ses qualités et sa richesse intérieures. Lui montrer également, le côté positif et lumineux de l'enseignement.
Le fait de se conformer à la Torah va l'éclairer, lui apporter de la lumière et du bien dans sa vie. Un tel enseignement aura la garantie d'imprégner une influence positive sur l'enfant.

Mais, les mots : "Pour faire briller les grands sur les petits", met aussi le doigt sur l'impact d'un tel enseignement sur les adultes eux-mêmes. Les premiers à bénéficier de cet éclairage, ce sont les adultes.
L'éducation permet "de faire briller les grands" eux-mêmes, "sur les petits", par le fait qu'ils font briller la lumière de la Torah "sur les petits".
[Likouté Si'hot]

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"Il ne se rendra pas impur pour un mort" (Emor 21,1)

=> Certes la mort comprend une certaine impureté et le Cohen incarne l'idéal de sainteté. Mais il existe d'autres sources d'impureté. La seule qu'il est interdit au Cohen de contracter, c'est celle de la mort. Pourquoi cela?

-> Le Mé haChiloa'h explique que le Cohen est l'homme destiné par excellence à transmettre la connaissance d'Hachem au peuple juif. Comme il est dit : "Les lèvres du Cohen préserveront la connaissance et la Torah, on recherchera de sa bouche".
La connaissance d'Hachem c'est la conscience que tout vient de Lui et qu'absolument rien n'est le fruit du hasard et n'échapperait à Sa Volonté. Le Cohen détient cette conscience de façon très prononcée.
Quand, à D. ne Plaise, il arrive un drame, et particulièrement lorsqu'un être humain décède, cela provoque de la peine et de la douleur. Mais le Cohen, qui naturellement relie tout à Hachem, ressent encore plus fort la Rigueur Divine, Qui a reprit cet individu. Cela risque d'éveiller en lui une plainte et une forme de colère vis-à-vis de Hachem.
Certes, tout le monde peut ressentir de tels sentiments, ce qui mène même certains à rejeter la pratique, exprimant ainsi leur colère envers Hachem. Mais il est néanmoins possible de tempérer ces sentiments en rattachant ce drame à des causes naturelles et rationnelles. Mais le Cohen, dont le sens du Divin est encore plus prononcé, ne peut se contenter de telles explications pour trouver répit et calmer ses griefs envers Hachem, car il ne peut inexorablement avoir d'autres interprétations, il reviendra toujours à relier les événements à leur Véritable Cause, Qui est Hachem.
=> C'est pourquoi, la Torah interdit au Cohen de se trouver en contact avec un mort, car cela éveillera en lui colère et plaintes à l'encontre du Créateur et il s'en retrouvera abîmé. C'est de cette impureté là que la Torah cherche à le protéger en l'éloignant de la mort.

En priorité la douleur de notre père

+ En priorité la douleur de notre père :

"Car comment remonterais-je vers mon père sans que le jeune homme soit avec moi, de peur que je ne vois le mal qui accablerait mon père?" (Vayigach 44,34)

=> Pourquoi Yéhouda déclare-t-il qu'il ne peut pas revenir sans Binyamin de peur de voir la réaction négative de son père, qu'en est-il de la question plus urgente de sa garantie qu'il avait invoquée quelques instants auparavant?

Apparemment, le bien-être de Yaakov pesait plus lourd dans l'esprit de Yéhouda que son existence même dans ce monde et dans l'autre. Il se peut que ce soit précisément l'intention de Yéhouda, de souligner à quel point la question de Yaakov était sérieuse, dans l'espoir que Yossef, lui aussi, soit ému de compassion pour le bien de Yaakov.

Il se peut également qu'au départ, Yéhouda ait été poussé à intercéder en raison de son intérêt personnel dans l'affaire. Cependant, une fois impliqué dans sa requête héroïque, il a été progressivement élevé au niveau où la douleur de son père a transcendé la sienne.
Une fois que les intérêts personnels de Yéhouda se sont effacés de l'équation, ses paroles désintéressées ont immédiatement marqué son antagoniste et l'impasse a été brisée.

Ce processus est un modèle pour nos propres moments difficiles. Si nous nous tournons vers Hachem dans la prière et le repentir afin d'alléger notre propre souffrance, ce qui est tout à fait naturel, cet engagement même nous élèvera au point que c'est la "souffrance" d'Hachem à la vue de notre malheur qui sera la plus importante dans notre esprit.
[Sfat Emet - 5640]

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-> Le Imré Emet enseigne que grâce à la défense désintéressée de Binyamin par Yéhouda, ce dernier a rectifié son rôle prépondérant dans la vente de Yossef.
Une fois ce crime passé, les souffrances des frères aux mains de Yossef n'avaient plus lieu d'être et le Ciel mit immédiatement un terme à leurs souffrances.

Le Pné Ména'hem ajoute qu'étant donné que c'est Binyamin qui a servi, bien qu'involontairement, de catalyseur pour cette réconciliation cosmique entre Yossef et Yéhouda, son descendant Mordé'haï a mérité d'instituer la pratique des michloa'h manot, qui facilite l'harmonie et la bonne volonté entre les juifs pour toujours.

"Yéhouda s'approcha de lui" (Vayigach 44,18)

=> De qui Yehouda s'est-il approché?
Bien que le contexte indique clairement qu'il s'agit de Yossef, l'utilisation inhabituelle du pronom au début du passage permet d'autres interprétations.

-> Les frères étaient plongés dans une crise qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. Un vice-roi indiscret avait bouleversé leur vie sur la base d'accusations fabriquées de toutes pièces. Alors que l'affaire semblait derrière eux, elle allait de mal en pis.
Binyamin est pris en flagrant délit de possession de la coupe et semble condamné à une vie de servitude en Égypte. Yehouda, en particulier, se trouve dans une situation désespérée : il a engagé son éternité pour garantir le retour sain et sauf de Binyamin auprès de son père. Les frères se tournent vers lui pour qu'il les guide dans ce moment désespéré. Que devait-il faire ?

Le Sfat Emet (5631) répond qu'il s'est simplement tourné vers Hachem.
"Vayigach Elav (vers Lui - Hachem). De quelle manière?
"Yéhouda" = par la qualité de "odaa", le remerciement, c'est-à-dire la reconnaissance que tout ce qui se produit, grand ou petit, n'est rien d'autre que la volonté d'Hachem.
En reconnaissant et en acceptant que même les heures les plus sombres sont animées par Lui, on peut faire appel à cette Divinité intérieure, qui illumine les circonstances et met fin aux difficultés.
Tel était le but du monologue de Yéhouda. Il ne contient aucune information nouvelle ni aucun argument pour justifier Binyamin ; au contraire, en reprenant la chaîne des événements, Yéhouda a pu mettre de l'ordre dans ses émotions confuses et renforcer sa conviction que c'était Hachem qui menait la danse. Et en effet, immédiatement, Yossef n'a pas pu se contenir et la crise a été résolue contre sa volonté.

Comme le diraient le 'Hidouché haRim, un juif est appelé un ''Yéhoudi", parce qu'il reconnaît la main d'Hachem derrière tout ce qui se produit et lui exprime sa gratitude.
De même, lorsqu'il rencontre des difficultés, chacun peut utiliser la stratégie de Yéhouda, qui consiste à se débarrasser mentalement de ses émotions tourbillonnantes et à se concentrer sur le point de lumière intérieur qui l'anime.

"Yaakov resta seul" (Vayichla'h 32,25)

-> Le guémara ('Houlin 91a, citée par Rachi) raconte que Yaakov est resté seul après avoir transféré sa famille et ses biens de l'autre côté de la rivière parce qu'il avait oublié de petites fioles et qu'il était revenu les chercher.

Le Arizal explique que tout ce qu'une personne possède, aussi insignifiant soit-il en apparence, lui est donné dans le cadre de la mission de sa vie, et que le fait de le dédaigner témoigne d'un mépris pour le Ciel.

Le 'Hidouché haRim ajoute que cela est d'autant plus vrai en ce qui concerne les talents, les compétences et les bonnes qualités d'une personne. Il faut veiller à ne pas en abuser (les utiliser en mal) et à ne pas les atrophier (ne pas les utiliser en bien comme on pourrait le faire).

Miraculeusement, ils ne reconnurent pas son visage

+ Miraculeusement, ils ne reconnurent pas son visage :

"Ses frères ne purent lui répondre parce qu'ils étaient surpris par son visage" (Vayigach 45,3)

-> Le séfer Imré Pin'has cite le rav 'Haïm Krasner expliquant que le visage de Yossef ressemblait beaucoup à celui de Yaakov. Si c'est le cas, pourquoi ses frères ne l'ont-ils pas reconnu tout de suite?

La seule réponse possible est qu'un miracle s'est produit et qu'ils ont été incapables de le reconnaître jusqu'à ce qu'Hachem décide que c'était le bon moment pour qu'il leur révèle qui il était. Une fois ce moment arrivé, ils ont immédiatement reconnu qu'il ressemblait exactement à leur père.
C'est pourquoi le verset dit qu'ils ont été surpris par "son visage". Ils ont vu que son visage ressemblait à celui de leur père, et cela les a beaucoup effrayés.

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-> Le séfer Agra déKalla demande ce que signifie le fait qu'ils aient été surpris "par son visage". Pourquoi ne dit-on pas simplement qu'ils ont été surpris "par lui"?

Il répond qu'ils ont regardé son visage et ont vu qu'il était illuminé par la sainteté. Ils ont réalisé que leur frère était toujours un tsadik et ils ont été surpris. Ils étaient stupéfaits qu'il ait réussi à surmonter les tentations de ce pays immoral et qu'il soit resté complètement juste (tsadik).
Ils se demandèrent comment il avait pu rester aussi saint, avec un visage aussi brillant, alors qu'il vivait dans un endroit aussi corrompu.

"Puisque son âme est attachée à son âme" (Vayigach 44,30)

Comment les âmes de Yaakov et de Binyamin sont-elles devenues attachées l'une à l'autre?

Le mot : "attachée" se dit : kéchoura (קְשׁוּרָה), et il a pour valeur numérique : 611, qui est la même que celle du mot : "Torah" (תורה).

Yaakov a enseigné à Binyamin la Torah, et par le biais de cette étude de la Torah, leurs âmes se sont attachées.

=> La Torah est la langue qui unifie entre eux les juifs du passé, du présent et des générations futures.

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+ "Notre peuple n’en est qu’un uniquement grâce à la Torah."

[Rav Saadia Gaon – Emounot véDéot 3,7]

Source (b"h) : traduction personnelle issue d’un dvar Torah du rabbi Bogomilsky (Védibarta Bam)

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+ "Il (Yaakov) envoya Yéhouda devant lui, chez Yossef, pour préparer devant lui, à Gochen" (Vayigach 46,28)

-> Rachi commente : pour lui préparer un centre d’études d’où sortira l’enseignement.

-> Ensuite, à leur arrivée en Egypte, ils vont voir Pharaon, qui leur demande : "Quelles sont vos occupations?" (v.47,3).
Le rabbi David Gourwitz fait remarquer que le mot : "occupations" (maassé'hem - מַּעֲשֵׂיכֶם) a une guématria de 480, qui est la même que : "Talmud" (תלמוד).
En effet, quelles sont les occupations des juifs?
Ils ont des actions (maassé'hem) qui se basent sur le Talmud, ils étudient la Torah quand et où ils le peuvent.
Notre profession n'est pas ce que nous faisons dans la vie, puisque ce n'est qu'une malédiction nécessaire pour nous permettre de faire ce que tout juif doit réellement faire dans sa vie : étudier et vivre selon la Torah.

-> Le rav 'Haïm Friedlander dit que le 1er souci de Yaakov pendant cette période d'exil en Egypte, fut d'assurer aux enfants l'enseignement sacré. En fait, même si Yaakov n'entretient pas de relations avec les égyptiens, ce centre d'études était nécessaire pour clarifier ce qui est permis et ce qui est interdit, et distinguer la vérité du mensonge.

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+ "Pour préparer devant lui, à Gochen" :

-> Le Yichma'h Israël (l'Alexander rabbi) commente sur ce verset :
Les actions des Pères sont un signe pour les enfants. En descendant en Egypte, Yaakov traça la voie pour ses enfants pour survivre en exil jusqu'à la venue du machia'h.
Nous en trouvons une indication dans le fait que : "à Gochèn" (Gochena – גשנה), a la même valeur numérique que : machia’h (משיח), soit 358.

=> Ainsi, en allant en exil à Gochen, Yaakov a fait les préparatifs pour nous donner les moyens de rester confiant en D. et en la Torah durant le long et amer exil.
Le midrach dit que Yaakov envoya Yéhouda à Gochen pour préparer une école pour l'étude de la Torah. En effet, c'est la lumière de la sainte Torah qui illumine nos vies jusqu'au jour où : "Hachem sera pour toi une lumière qu'il est impossible d'éteindre" (Yéchayahou 60,20).

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-> Le pays de Gochen est la terre que Pharaon avait donné à Sarah en compensation de ce qu'il l'avait séquestrée dans son palais lorsqu'elle et Avraham étaient descendus en Egypte pendant la famine.
Depuis, un esprit de sainteté réside en ce lieu grâce au mérite de Sarah. L'influence corruptrice de l'ange gardien de l'Egypte n'a pas affecté cet endroit.
[Pirké déRabbi Eliézer 26]

[en effet, l'environnement dans lequel nous évoluons a une influence indirecte sur nous, d'où l'importance de rester autant que possible dans notre territoire rempli de sainteté (notre Gochen à nous!).]

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+ "Tu t'installeras dans le pays Gochen ... toi et tes enfants et les enfants de tes enfants" (Vayigach 45,10)

-> Pourquoi Yossef a-t-il décidé d'installer son père et sa famille dans le pays de Gochen, loin de la capitale, et n'a-t-il pas plutôt proposé à son père de s'installer près du palais du roi dans la capitale de l'Egypte, pour qu'il puisse le voir à chaque instant?

Nous trouvons la réponse dans la décision du Rema (Choul'han Aroukh - Yoré Déa 240,7) selon laquelle : "Si le fils est grand en Torah et que le père aussi lui doit le respect, il faut qu'ils s'éloignent l'un de l'autre, pour qu'aucun d'eux ne néglige le respect dû à l'autre".
Yossef s'est conduit en accord avec cette hala'ha. En effet, Yaakov et Yossef se devaient le respect mutuellement.
Yaakov devait honorer Yossef parce qu'il était le gouverneur du pays et le vice-roi d'Egypte, et Yossef devait honorer Yaakov parce que c'était son père.
Par conséquent, Yaakov et Yossef se sont installés à des endroits éloignés l'un de l'autre.

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[en étant éloigné de son père, Yossef se permettait également de respecter son engagement de ne pas révéler à son père ce que ses frères lui ont fait.
Il était prêt à sacrifier de beaux  moments avec son père adoré (après une séparation de 22 ans), car cette distance entre eux rassurerait ses frères (il ne risque rien de dire!), et de plus il s'empêche ainsi de révéler la réalité afin de leur éviter une honte énorme (comment ont-il pu faire cela!).]

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-> Le rav Yossef Chlomo Kahenman (v.45,28) dit que quand Yaakov vit les charrettes (allusion à la égla aroufa) [envoyées par Yossef], il s'exclama : "Od Yossef 'haï" (Yossef est toujours vivant!). Avec ces mots "toujours vivant", Yaakov voulait signifier que pour accéder à la vraie vie, il faut s'attacher à l'étude de la Torah.