Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

+ En quoi consiste l'humilité de Ra'hel?
Il est écrit : "Et Yaakov raconta à Ra'hel qu'il était le frère de son père et le fils de Rivka" (Vayétsé 29,12).
[Rachi commente ce verset : Si Lavan se comporte avec ruse, je saurai moi aussi être son "frère" en ruse ; et s'il se comporte honnêtement, moi aussi je serai honnête, car je suis le fils de Rikva sa sœur qui a toujours été une femme honnête.]

N'est-ce pas qu'il était le neveu du père (Lavan) de Ra'hel (et non pas le frère de son père)?
En fait, Yaakov demanda à Ra'hel de l'épouser ; elle accepta, mais (elle ajouta) : Mon père est rusé et tu ne pourras pas (le vaincre).
Yaakov dit à Ra'hel : A quelle tromperie (fais-tu allusion)?
Elle répondit : J'ai une sœur (Léa) plus âgée que moi et il ne me mariera pas avant elle.
Yaakov lui dit : "Je suis le frère (l'égal) de ton père" (Vayétsé 29,12).

Ra'hel dit alors : "Est-il permis aux tsadikim d'agir avec ruse?"
Yaakov répondit : Oui, cela est permis, d'après ce verset (Chmouël II 22,27) : "Avec l'homme honnête, sois honnête, mais avec l'homme tortueux, sois rusé".

Il donna alors à Ra'hel un code (pour le jour de leur mariage). Lorsque (Lavan) s'apprêta à faire entrer Léa (sous le dais nuptial), Ra'hel s'est dit : Ma sœur va être humiliée (en public, si elle ignore le code) et elle lui révéla le code convenu, en accord avec le verset : "Lorsqu'arriva le matin, voici qu'il s'agissait de Léa" (Vayétsé 29,25), ce qui prouve que jusqu'au matin, Yaakov ignorait que c'était Léa, car il se fiait au code qu'il avait transmis à Ra'hel et qu'elle avait dévoilé à Léa.
[guémara Baba Batra 123a]

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=> Quels signes Yaakov a-t-il transmis à Ra'hel et pourquoi?

-> Les 3 signes (simanim) que Yaakov a transmis à Ra'hel, pour qu'elle les répète sous le dais nuptial ('houpa) afin d'être assuré que c'est bien Ra'hel qui est à ses côtés, sont : nida, 'hala, et hadlakat haner qui sont les 3 mitsvot fondamentales que doit respecter une épouse et mentionnées dans la michna (le respect des lois de pureté, le prélèvement de la pâte et l'allumage des lumières la veille de Shabbath) .
[le Ritba]

-> De même selon le Daat Zékénim MiBaalé Hatosfot, ce sont les 3 mistvot concernant la femme (que Ra’hel devait énoncer) : Nidda (les Lois relatives à la menstruation – Ra’hel devait aussi dire qu’elle était pure), ‘Hala (le prélèvement de la pâte) et l’allumage des bougies (de Shabbath).

-> Yaacov remit à Ra’hel l’amulette du mérite de ses ancêtres qu’il portait autour du cou.
[Torah Chéléma]

-> Yaakov a demandé à Ra'hel 3 signes : saisir le lobe de l'oreille droite, le pouce de la main droite et l'orteil du pied droit.
Pourquoi ces 3 signes?
C'est parce que dans ces 3 membres sont localisées des forces liées au désir. De plus, c'est dans ces 3 membres que le Cohen doit mettre du sang du sacrifice sur le lépreux afin de le purifier de son impureté.
[cela rappelle le procédé de purification -> Métsora 14,25 : "Après avoir immolé l'agneau délictif, le Cohen prendra du sang de la victime, et l'appliquera sur le lobe de l'oreille droite de celui qui se purifie, sur le pouce de sa main droite et sur l'orteil de son pied droit".]
[Yalkout Réouvéni]

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Yaakov a choisi ces 3 signes afin de faire 3 allusions :
- Le pouce de la main droite vient faire allusion au fait que les Bné Israël sortiront d'elles, car ils sont comparés au pouce.
- L'orteil (bohen - בהן) de la main droite fait allusion au fait que sortiront d'elles une élite désignée : Adam (אדם), car les lettres bét, hé et noun du mot בהן suivent respectivement dans l'alphabet les lettres : aleph, dalét et mem du mot אדם.
- Le lobe de l'oreille droite fait allusion à la Torah orale que recevront par audition ses descendants.

De plus, ces 3 signes correspondent aux 3 membres : la main (yad - יד), l'oreille (ozen - אוזן) et le pied (réguel - רגל) dont les initiales : youd, aleph et réch forment le mot : "yaer" (qui éclaire - יאר), ce qui constitue un bon présage (siman tov).

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=> Pourquoi Yaakov ne s'est-il pas fié à la voix de Ra'hel pour la distinguer de Léa?
En effet, la transmission des signes de Ra'hel était inutile, car Yaakov aurait pu reconnaître la voix de Ra'hel et la distinguer de celle de Léa.
On peut citer les 2 réponses suivantes :

-> Selon le Iyoun Yaakov :
La pudeur de Ra'hel et de Yaakov était telle, durant les 7 années où Yaakov travaillait chez Lavan avant d'épouser Ra'hel, qu'il ne la reconnaissait pas par sa voix.
De plus, Yaakov, qui se méfiait de Lavan, craignait que ce dernier entraîne sa fille Léa à avoir une voix ressemblante à celle de sa sœur Ra'hel.

-> Selon le Razid haZahav :
Si dans la paracha Vayétsé (chapitre 29), il est signalé que Lavan avait 2 filles et que Ra'hel était "yafat maré" (belle de visage), c'est pour nous enseigner que la seule différence entre les 2 sœurs était l'apparence physique, mais en tous les autres points, elles étaient semblables, et en particulier elles avaient le même timbre de voix.
C'est pourquoi Yaakov a transmis des signes à Ra'hel, afin de la distinguer sous la 'houpa.

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=> Pourquoi Yaakov a-t-il gardé Léa comme épouse?

-> Puisque Yaakov ignorait jusqu'au matin que Léa s'était substituée à sa sœur Ra'hel sous la 'houpa, ce mariage erroné était nul et non avenu. Cependant, après que Yaakov ait su que c'était Léa, il a agi envers elle noblement, sans lui faire le moindre reproche, et l'a réépoussée.
['Hizkouni - Vayétsé 29,25]

-> Le Ritba enseigne :
Malgré les signes communiqués à Ra'hel, Yaakov craignait la tromperie de Lavan à son égard. Il a alors envisagé les 2 options :
- si c'est bien Ra'hel qui est avec lui sous le dais nuptial ('houpa), il aura donc épousé Ra'hel ;
- si Lavan place Léa sous la 'houpa, il acceptera Léa comme épouse, afin que dans les 2 cas, sa liaison soit sanctifiée.

-> Le midrach (Béréchit rabba 70,19) rapporte :
Durant la nuit de noces, Yaakov l'appelait plusieurs fois Ra'hel et elle (Léa) répondait comme si elle était Ra'hel. Au matin, après avoir reconnu que c'était Léa qui était à ses côtés, Yaakov lui reprocha son mensonge.
Léa répondit : N'as-tu pas, toi-même, agi ainsi avec ton père Its'hak lorsque tu es entré auprès de lui pour recevoir la bénédiction destinée à Essav et lui as dit : "Je suis (Essav)"?
Ainsi, mesure pour mesure, de même que tu as agi avec ruse sur ordre de ta mère afin de recevoir la bénédiction de ton père, j'ai agi seulement avec ruse sur ordre de mon père afin de te bénir par les nombreuses Tribus d'Israël qui naîtront de moi.
Ces arguments ont convaincu Yaakov qui conserva Léa comme épouse.

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=> Yaakov n'a rien reproché à Ra'hel et l'a même aimée davantage?

-> Le Kli Yakar enseigne :
Yaakov aurait pu naturellement en vouloir à Ra'hel pour l'avoir trahi et avoir transmis les signes convenus à sa sœur Léa.
Non seulement Yaakov n'a eu aucune rancœur envers Ra'hel et ne lui a fait aucune réprimande, mais de plus il a considéré l'attitude noble de Ra'hel comme une vertu et un acte admirable de tsédaka.
[Yaakov a compris que l'intention de Ra'hel dans cette transmission des signes était un sacrifice personnel en l'honneur d'Hachem (léchem chamayim), afin que sa sœur ne soit pas humiliée en public sous la 'houpa, mais le but de Ra'hel n'était pas de trahir Yaakov. Ce dernier apprécia cette attitude exceptionnelle de Ra'hel. Cette attitude bienveillante de Yaakov envers Léa et Ra'hel prouve, de plus, les qualités remarquables du père de la Nation d'Israël.]

Yaakov a alors aimé Ra'hel davantage, et même plus que Léa dont il avait déjà apprécié les qualités, comme le souligne le verset : "Et il aima aussi Ra'hel, plus que Léa" (Vayétsé 29,30).
Ce verset vient signifier que l'amour naturel de Yaakov pour Ra'hel a été amplifié, paradoxalement, par le fait que Ra'hel avait donné les signes à Léa.

"Et qu'Hachem te donne" (Toldot 27,28)

-> Rachi explique le terme "Et ... (te donne)", comme signifiant : "Qu'Il te donne et recommence à te donner".

=> Mais quel est l'apport de ce renouvellement dans le don? Pourquoi le don devait-il se faire par un recommencement?

-> Le Sfat Emet explique :
En fait, nos Sages disent que bien qu'Hachem aie créé le monde, Il continue et recommence à chaque instant à le refaire exister et à le renouveler.
Ainsi, en plus du fait qu'Hachem bénira Yaakov, Il lui donnera aussi cette bénédiction de sorte à ce qu'il ressente qu'elle lui vient d'Hachem à chaque instant, de façon renouvelée.
Il te donnera une bénédiction qui recommencera et se renouvellera à chaque instant, au même titre que le monde qui est renouvelé constamment.

"Que je te bénisse avant de mourir" (Toldot 27,4)

=> Pourquoi Its'hak n'appela que son fils Essav pour le bénir, et non Yaakov aussi?

En fait, du Ciel on a fait tourner les choses ainsi pour que Yaakov prenne les bénédictions alors qu'Its'hak penserait que c'est Essav qui se tient devant lui.
En effet, si Its'hak avait béni Yaakov clairement, l'ange accusateur aurait pu argumenter qu'un juif, descendant de Yaakov, ne peut bénéficier de la bénédiction d'Its'hak que s'il est aussi méritant que Yaakov. La bénédiction ne peut se transmettre qu'aux juifs aussi tsadikim (Justes) que leur ancêtre.
Mais à présent que Yaakov a reçu les bénédictions alors qu'Its'hak pensait bénir Essav, de cette façon tout juif pourra mériter de bénéficier de ces bénédictions, car il n'y a pas de juif qui soit pire que Essav.
Tout juif mérite donc cette bénédiction qu'Its'hak pensait donner à Essav.
[Beit Its'hak]

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-> b'h, en clin d'œil, on peut ajouter : https://todahm.com/2020/03/22/12617-2

"Hachem le bénit. Et l'homme grandit" (Toldot 26,13)

-> Souvent, quand un homme s'enrichit, il risque de tourner vers l'égoïsme. L'humanité qui est en lui encoure le risque de s'affaiblir, et il aura plus de mal à penser aux autres.
Mais, pour les tsadikim il en est autrement. Plus Hachem les couvre de bénédictions et les enrichit, et plus à titre de gratitude vis-à-vis d'Hachem, ils renforceront leurs vertus et développeront leur bonté.
L'humanité, l''homme'' qui est en eux, prendra alors encore plus d'ampleur.
C'est ce qui en fut concernant Its'hak. "Hachem le bénit". Mais loin de se désolidariser des autres du fait de cette bénédiction, au contraire, "l'homme" qui est en lui "grandit" encore plus.
[Béer Its'hak]

"Hachem l'exauça (à lui)" (Toldot 25,21)

-> Bien que Rivka et Its'hak prièrent tous deux pour avoir des enfants, c'est Its'hak qu'Hachem exauça.
Rachi explique que c'est parce que la prière d'un tsadik fils de tsadik comme Its'hak est plus grande que celle d'un Its'hak fils (ou fille) de racha, comme Rivka.

=> Pourquoi en est-il ainsi, alors qu'un tsadik fils de racha devrait avoir encore plus de mérite?

-> Le Saba de Kelm répond :
En fait, à un certain plan, il est encore plus difficile de devenir tsadik pour un fils de tsadik, que pour un fils de racha. Car, si le père est un racha, quand le fils découvrira la Torah, il aura l'impulsion de la nouveauté et de la découverte qui le poussera à avancer.
Ce qui ne sera pas le cas pour un fils de tsadik, qui risque de tomber dans la routine. Ayant toujours connu la Torah, il devra se battre contre la routine et la monotonie pour mettre de la fraîcheur et de la vitalité dans son service d'Hachem, comme s'il était lui aussi le premier à découvrir la Torah dans sa famille, et non pas être dans l'imitation de ses parents.
S'il a réussi ce défi, il aura un grand mérite qui donnera encore plus de force à sa prière.

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-> Nos Sages (guémara Soucca 14b) demandent : "Pourquoi la prière du Juste est-elle comparée, par allégorie, à : une fourche (לעתר)?
Ils répondent : "Car de même que la fonction de la fourche est de déplacer, en retournant la récolte, d'un endroit vers un autre de la grange, de même en est-il pour la prière des Justes qui "déplace et retourne" les intentions de Hachem, de Sa mesure de Rigueur (din), à la mesure de Miséricorde."

-> Its'hak et de Rivka ont prié ensemble afin qu'Hachem adoucisse la rigueur d'Its'hak, par l'intermédiaire de la bonté de Rivka.
Le Mégalé Amokot nous signale que les noms Rivka (רבקה) et Its'hak (יצחק) additionnés ont une valeur numérique de 515, qui est égale au mot prière (תפלה).
[ la prière a la force d'inverser une situation en son contraire, en adoucissant la rigueur en bonté/miséricorde. ]

Le Mont Sinaï était plus petit et plus bas que toutes les autres montagnes. Il n'aurait jamais pu ''imaginer'' que la Torah soit donnée sur lui. Et pourtant, Hachem donna la Torah précisément sur lui.
Par cela, Hachem veut nous enseigner que la Présence Divine continue à résider même avec ceux qui sont à de très bas niveaux.
Que personne n'imagine qu'Hachem l'a abandonné.
[Beit Aharon]

"Seule la terre des prêtres (de l'Egypte), il (Yosseph) ne l'a pas acquise" (Vayigach 47,22)

=> Alors que Yossef acheta toute l'Egypte, on peut se demander pourquoi n'a-t-il pas acheté également la terre des prêtres?

Le Chla haKadoch (Chné Lou'hot haBrit) explique :
En fait, quand Yossef fut accusé par la femme de Potifar d'avoir tenté de l'agresser, il fut au départ condamné à la mort. Seulement, parmi les juges se trouvaient des prêtres égyptiens, qui savaient que Yossef était en réalité innocent. Ils sont donc intervenus pour qu'on épargne sa vie.
Et finalement, il fut "seulement" emprisonné.
Pour témoigner sa gratitude à ces prêtres, qui ont agi pour lui sauver la vie, Yossef a laissé leur terre entre leurs mains et ne l'a pas acquise, au même titre que tout le reste de l'Egypte.
=> Ce comportement de Yossef vient enseigner l'importance de toujours témoigner sa gratitude à tout bienfaiteur.

"Où est la prostituée qui se trouve entre les sources sur le chemin?" (Vayéchev 38,21)

-> Ce verset peut être expliquée d'un point de vue de moral. Les termes que l'on a traduit par "entre les sources" se disent dans la Torah : "ba'énayim" (בעינים), qui signifie littéralement : "dans les yeux".

Dès lors, ce verset peut se lire ainsi :
"Où est la prostituée?" = c'est-à-dire, où se situe la cause première et essentielle de la débauche?
A cela vient la réponse : "Elle est ''dans les yeux'' sur le chemin!" = c'est-à-dire que quand un homme laisse ses yeux regarder tout ce qui se présente devant lui sur son chemin, dans la rue, alors il renforcera par là son mauvais penchant.
C'est alors que grandira en lui le penchant de la débauche. Comme le disent nos Sages : "L’œil voit, et le cœur convoite et désire".
[le Pshvorsker Rebbe - rav Yaacov Leizer]

Sans Hachem, nous n’avons rien!

"Its'hak sema dans ce pays-là et trouva cette même année, au centuple : tant le Hachem le bénissait" (Toldot 26,12)

-> Ce verset présente une particularité : tout d'abord "Its'hak sema (vayizra)", et ensuite : "il trouva" (vayimtsa - וַיִּמְצָא).
Lorsque quelqu'un plante, on ne peut pas dire qu'il trouve par hasard sa récolte.
La nature est telle que si nous plantons alors forcément et naturellement notre culture va se développer.
=> Pourquoi alors dire que Its'hak trouva sa récolte, et non plutôt qu'il la ramassa, cueillit.

-> Le Kédouchat Yom Tov répond que Its'hak a compris que toute chose est une trouvaille.
Nous ne méritons rien pas le simple pouvoir de notre main.
Ce n'est pas parce que je plante, que j'investis des efforts dans mont travail que j'ai forcément ma parnassa.
Pour Its'hak et tous ceux qui ont de la émouna, tout l'argent qu'ils gagnent est une trouvaille car c'est un cadeau du Ciel, sans rapport avec le travail effectué.

[la hichtadlout est une punition liée à la 1ere faute, où l'on se comporte comme si cela venait de nous, afin de dissimuler la réalité du miracle : Hachem nous donne en cadeau notre parnassa (faut faire attention à ne pas croire en la dissimulation, mais plutôt avoir en tête la véritable origine : Hachem).
J'ai travaillé très dur des jours et des jours, et au moment de la récolte, du jour de ma paie, je dois être tout étonné : Waou Hachem m'a fait un cadeau! Merci HM!!]

Le Kédouchat Yom Tov écrit :
"Il considère toute chose comme "trouvée", car il sait que l'abondance n'est pas le fruit de son propre travail.
[La réalité est qu'] absolument tout ce que l'on a vient des bénédictions d'Hachem."

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-> "Its'hak dit à son fils [Yaakov] : comment as-tu trouvé [l'animal] si rapidement?
[Yaakov] a répondu : Hachem l'a placé (ikra - הִקְרָה) devant moi" (Toldot 27,20)

=> Comment Hachem a-t-il pu placer l'animal devant Yaakov? N'est-ce pas Rivka qui le lui a donné : "va au menu bétail et prends moi deux beaux chevreaux [Rachi : le contrat de mariage lui permettait d'y prendre chaque jour 2 chevreaux]" (v.27,9)?
N'est-il pas en train de mentir à son père?

-> Le Zera Chimchon écrit :
"Tout le monde doit savoir que pour chacune de ses actions, il ne peut rien faire si cela n'est pas la volonté d'Hachem ... tous les gains ... ne sont que bonté de Hachem".

Ainsi, Yaakov a dit la vérité : bien qu'il l'a pris des biens de sa mère, il a vu qu'en réalité c'est Hachem qui le lui a préparé.
=> Même lorsque nous prenons quelque chose qui nous appartient, l'origine de pouvoir en bénéficier provient de Hachem, car nous ne pouvons rien avoir sans que D. émette un décret en ce sens.

-> Onkelos traduit en araméen les mots : "ki ikra Hachem éloké'ha léfanav" (Hachem l'a placé devant moi - כִּי הִקְרָה יְהוָה אֱלֹהֶיךָ לְפָנָי) par : "Hachem ton D. l'a préparé pour moi" (aré zamin Hachem élaa'h kadamaï - אֲרֵי זַמִּין יְיָ אֱלָהָךְ קֳדָמָי).

A plusieurs reprises Onkelos traduit : הִקְרָה (pris) par זמין (préparé).
Le terme "ikra" (הִקְרָה) signifie généralement quelque chose qui arrive par hasard, par accident.
Cependant Onkelos le traduit par : "zamin" (זמין - préparé), car même les choses qui semblent être le plus dues, qui nous arrivent le plus naturellement (j'ai fait des efforts, je l'ai acheté, ..., c'est normal que ce soit le mien!), et bien la vraie réalité c'est qu'elles nous sont toutes préparées par Hachem.

Hachem se cache tellement, que nous nous persuadons de tout faire nous-même.
Certes cela est nécessaire pour permettre d'avoir un libre arbitre, mais c'est également une bonté de D. pour nous éviter au maximum un sentiment de redevabilité infinie.
Ainsi, D. nous permet de faire une hichdadlout, mais en réalité c'est Hachem qui fait tout.
[ex: notre patron n'est qu'un conduit pour qu'Hachem nous transmette notre parnassa.]

[l'effort, le travail que nous faisons met en place le récipient, mais ce qui va y arriver dedans c'est Hachem qui le donne.
Chaque jour de paie nous devrions être aussi étonnés que de trouver une forte somme par terre dans la rue.]

[bien que D. nous comble constamment de cadeaux gratuits (indépendant de nos mérites), notre hichtadlout vient cacher cette bonté infinie de papa Hachem, et nous donne le sentiment à tort qu'on se débrouille tout seul, qu'on l'obtient par nous-même.]

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-> Quelqu'un qui a une bonne vision des choses ne perd jamais espoir.
En effet, pourquoi désespérer si c'est Hachem qui est celui qui permet toute chose (rien ne peut se passer sans décret Divin)?

Ceux qui désespèrent sont ceux qui pensent pouvoir agir uniquement par eux-mêmes.
Lorsqu'ils reconnaissent que leurs capacités sont limitées et insuffisantes, alors ils deviennent inquiets et perdent espoir.
S'ils avaient su qu'absolument tout vient d'Hachem, alors ils auraient également su qu'il y a toujours de l'espoir, car Hachem peut tout faire.
[d'après les enseignements du rabbi Mendel de Kotzk]

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+ "Its'hak sema dans ce pays-là et trouva cette même année, au centuple : tant le Hachem le bénissait" (v.26,12)

-> "C'est la bénédiction d'Hachem qui enrichit" (Michlé 10,22)

On a pu voir que le Kédouchat Yom Tov enseigne :
- "Its'hak sema dans ce pays-là" = l'effort que l'homme doit investir n'est nécessaire que pour s'acquitter de la malédiction originelle (comme un taxe à s'acquitter) : "C'est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain" ;
- "trouva cette même année, au centuple : tant Hachem le bénissait" = les 100 mesures que produisent la terre, lui fut octroyée comme cadeau du Ciel.

-> Le Séfer haBrit écrit sur ce sujet :
"Il ne sied pas à un homme sage et sensé comme toi de s'évertuer à investir dans ses besoins [plus que nécessaire], mais tu dois au contraire te renforcer dans la confiance en D.
Remets ta subsistance entre les mains d'Hachem et Il te nourrira moyennant un effort minime correspondant à tes forces sans que tu ne te sois forcé de t'évertuer du matin au soir par monts et par vaux et d'affronter de nombreux dangers sans répit, la nuit comme le jour.
De plus, tu ne te procureras pas cette subsistance par des moyens tortueux et tu ne te rendras pas coupable ...
Tu devras te reposer sur Hachem et Lui faire confiance.
Ainsi, dans tout ce que tu entreprendras avec intégrité et droiture, Il te bénira en retour".

Yaakov répondit : "C’est que Hachem ton D." m’a donné bonne chance"
Its'hak dit à Yaakov : "Approche que je te tâte, mon fils, pour savoir si tu es mon fils Essav ou non"
Yaakov s'approcha d'Its'hak, son père, qui le tâta et dit: "Cette voix, c'est la voix de Yaakov ; mais ces mains sont les mains d'Essav" (Toldot 27,20-21)

-> Rachi (v.21) commente : Its'hak s’est dit en lui-même : "Il n’est pas dans les habitudes d'Essav d’avoir à la bouche le nom de D."

-> Juste avant, Yaakov dit à sa mère : "Si par hasard mon père me tâte, je serai à ses yeux comme un trompeur, et au lieu de bénédiction, c'est une malédiction que j'aurai attirée sur moi" (Toldot 27,12)

=> Comment comprendre que Yaakov a dit le nom d'Hachem, au point où Yaakov a trouvé que : "Cette voix, c'est la voix de Yaakov "?

-> Le Imré Emet répond que Yaakov a pensé : "Je suis prêt à m'habiller avec les vêtements d'Essav, et je suis prêt à prendre d'autres précautions, mais je refuse de m'abstenir de dire le nom d'Hachem.
Je pourrais ne pas recevoir les bénédictions, et risquer d'être maudit, mais je ne suis pas prêt à me mettre dans une situation où je me retiendrais de dire le Nom d'Hachem."

[Je suis prêt à renoncer à toutes les bénédictions que me réserve mon père Its’hak dans le seul but que le Nom d’Hachem demeure fréquent dans mes paroles!
Et de fait, ce mérite se maintint pour toute la descendance de Yaakov, comme il est écrit : "Il ne voit pas la faute chez Yaakov, ni la tromperie chez Israël, Hachem son D. est avec lui et l’affection du Roi est en lui" (Balak 23,21). Pourquoi Hachem ne considère-t-Il pas les fautes de Yaakov?
Parce que le Nom d’Hachem est avec lui et qu’il vit en présence de son Père Céleste à chaque étape de son existence.]

-> Le Chla haKadoch (Béaaloté'ha 9,20) dit : Lorsque nous prévoyons de faire quelque chose, nous devons dire : "si D. veut" (im yirtsé Hachem), et lorsque nous réussissons à le faire, nous devons dire : "grâce à l'aide de D." (béézrat Hachem), car de cette manière le Nom d'Hachem sera en permanence sur nos lèvres.
Il conclut : "En agissant ainsi, une personne internalisera et fixera dans son cœur les notions de base de la émouna, et cela amènera de la bénédiction dans sa vie."

Dans Balak (23,21) est écrit : Il [Hachem] n'aperçoit point de fautes en Yaakov [chez les juifs], il ne voit point de mal en Israël" car : " Hachem, son D., est avec lui" = le nom d'Hachem est constamment sur ses lèvres.
[ainsi, Yaakov n'a pas pris un risque, au contraire, en ayant la conscience que rien ne peut se faire sans Hachem, et il a reçu une aide Divine toute particulière]

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-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Yaakov ne perdit rien à aller dans la voie de la émouna. Au contraire : il gagna grâce à cela toutes les bénédictions car s’il n’avait pas mentionné le Nom d’Hachem, Its’hak aurait été certain qu’il s’agissait de Essav, et il l’aurait béni avec l’intention exclusive de bénir Essav.
Mais à présent, il eut un doute et il bénit son fils en pensant qu’il s’agissait peut-être de Essav ou peut-être de Yaakov. Et grâce à cela, les bénédictions dont Yaakov bénéficia se réalisèrent.

-> Selon le midrach (Béréchit rabba 1,15) : "A cet instant [où il comprit que son frère était passé avant pour lui prendre les bénédictions de son père], Essav se mit à crier en disant : ‘Vois ce que m’a fait ce ‘Tam’ (homme intègre)!
=> A priori, cela est étonnant : pourquoi Essav mentionna-t-il ce qualificatif de ‘Tam’ précisément à ce moment-là ? Il aurait mieux convenu qu’il dise : ‘Vois ce que m’a fait ce trompeur!’

Le Ktav Sofer explique : ce fut justement grâce à son intégrité et à sa émouna que Yaakov ne renonça pas à mentionner le Nom d’Hachem, et que le doute surgit dans le coeur d’Its’hak permettant ainsi d’englober dans sa bénédiction l’éventualité qu’il s’agissait de lui. Il en résulte que grâce à son intégrité ('Tam'), Yaakov mérita que les bénédictions puissent prendre effet sur lui.

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-> b'h, divré Torah similaire : https://todahm.com/2015/06/23/3410-2