"Roch Hachana a le Shofar, Souccot a le loulav et l'étrog, Pessa'h a la matsa, 'Hanoucca a la ménora, et le 9 Av a les larmes.
C'est la principale préoccupation du jour, car ce n'est qu'avec des larmes que la guéoula viendra"[Rav Yé'hiel Spéro]
<---------------------------->
-> Le rav Ye'hiel Spéro dit que selon nos Sages, si on aurait versé rien qu'une seule larme, le Temple n'aurait pas été détruit.
C'est uniquement après que : "Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous pleurâmes au souvenir de Sion" (Téhilim 137,1)
-> Le rav Nosson Watchfogel voit chaque larme comme une nouvelle brique dans le processus de construction du Temple.
Lorsque Yossef et Binyamin ont vu la destruction future des Temples, ils ont pleuré l'un sur l'épaule de l'autre.
Ces larmes versées, ne l'ont pas été en vain, elles ont débuté la reconstruction de ce qui allait être détruit.
<--->
-> Si une personne n'arrive pas à verser des larmes sur la destruction du Temple, elle doit verser des larmes sur sa destruction personnelle.
Elle doit pleurer sur le fait d'être [dans un état tel, qu'elle est] incapable de parvenir à pleurer sur la perte du Temple.
['Hidouché haRim]
<---------------------------->
-> Rabbénou Yona (Vayikra - chap.3) rapporte un midrach expliquant que la 1ere fois que le terme "larme" apparaît lors de la Création, est durant le 2e jour.
D. y a séparé les eaux supérieures des eaux inférieures.
Les eaux inférieures, ont alors commencé à pleurer, car elles voulaient être au plus proche de D.
Afin de compenser cet état, elles ont eu le privilège de recevoir 2 objets, qui vont être apportés sur l'autel dans le Temple : le sel et l'eau pour la libation.
Les larmes des eaux d'en-bas, avaient comme objectif : créer davantage de proximité avec D.
=> Ainsi, nos larmes doivent avoir cette même finalité.
[nos larmes sont salées, à l'image des eaux inférieures qui sont salées]
Nos larmes ne doivent pas être gaspillées.
On ne pleure pas pour s'apitoyer sur notre sort, on pleure, car c'est le langage de de notre âme, du plus profond de nous même, exprimant notre désir intense de vivre au plus proche de D., et cela passe par la reconstruction du Temple.
<---------------->
-> "Vous avez pleuré sans raison [le 9 Av – lors de la faute des explorateurs], je vais vous donner une raison de pleurer [ce jour-là] pour toutes les générations."
[guémara Ta'anit 29a]
Puisque suite au rapport des explorateurs, nous avons pleuré afin de ne pas aller en Israël, nous pleurons de nos jours, pour la disparition de notre connexion la plus intense avec D., qui est en terre d'Israël : le Temple.
<---------------->
-> "Les larmes sont la transpiration de l’âme"
[Rabbi Samson Raphael Hirsch]
Nos Sages nous enseignent que : les larmes sont ce qui va empêcher l'âme de geler.
Lorsque notre âme est menacée par le gel, par l'immobilisme, nos larmes ont le pouvoir de nous réchauffer, de nous empêchant d'être des morts vivants.
Les larmes, c'est la vie.
-> "Même si les portes de la prière ont été scellées, les portes des larmes n’ont pas été scellées."
[guémara Baba Métsia 59a]
-> "Les portes du Ciel ne sont jamais fermées aux larmes” [guémara Béra’hot 32b]
<---------------->
-> Le rav Aryeh Lévine a répondu à une femme :
" Lorsque le moment viendra pour vous de quitter ce monde, et d’accéder au Trône divin, on vous montrera à quel point vos larmes sont précieuses.
On vous dira que D., Lui-même, a rassemblé chacune des gouttes de vos larmes, les chérissant comme des pierres précieuses.
Et on vous montrera, qu’à chaque fois qu’un décret difficile menace le peuple juif, D. prend une de vos larmes et efface ce mauvais décret. "
-> Le rav Pinkous disait qu’on n’a pas conscience de combien de vies, on a pu sauver grâce à des larmes qui ont coulé lorsque l’on pleure D. pendant nos moments difficiles.
Le rav de citer l’exemple de sa mère qui a souffert très durement de douleurs à ses jambes, et qui avait beaucoup de mal à marcher.
Il lui a dit un jour : "Mère, tu souffres énormément, mais qui peut savoir combien de tragédies et de calamités tes prières ont permis d’éviter."
-> Le 'Hazon Ich a dit :
"D. n’oublie jamais les larmes des juifs.
Si ces larmes sincères n’ont pas réussi à sauver leurs propres enfants, elles ont aidé leurs petits-enfants, et parfois leurs arrière-petits-enfants"
-> "Tout ce que j’ai en moi, c’est grâce aux larmes que ma mère a versé."
[Rav Wolbe – Zri’a Oubinyan Ba’hinou’h]
-> Le rav Chakh disait de même au sujet de sa mère, qui a écrit dans une lettre à sa fille : "Je ne bois pourtant pas autant d’eau que ça, pour verser autant de larmes!"
<----------------------------------->
-> Le mot : "larme" (dim'a - דמעה) est composé des mêmes lettres que : moéd (מועד).
Actuellement, le 9 Av est le jour le plus triste de l'année.
Mais, il arrivera un jour (très prochainement b"h), où ces larmes (דמעה) vont se transformer en moéd (מועד), un jour de grande joie et de bonheur.
-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot - Baba Batra 15a) explique que les larmes sont le début de la mort.
Lorsqu'une personne désire quelque chose, et qu'elle en arrive à pleurer pour cela, c'est d'une certaine façon, comme si elle était prête à mourir pour cette chose désirée.
-> Rav Yonathan Eibeshitz (Yaarot Dévach) fait remarquer que la guématria du mot : "bé'hi" (un cri) est de : 32, qui est la même que celle du mot : lev (le cœur).
Un cri sincère, c'est comme remettre son cœur entier dans les mains de D.
Par ailleurs, le mot : "larme" (דמעה) possède les mêmes lettres que : "amida" (עמדה). Cela souligne que les larmes sont un élément essentiel de la amida, non comme découragement, mais comme expression d'une émotion profonde face à Hachem.
-> Le midrach Tan'houma (Vayétsé 4) nous dit que Léa allait aux carrefours, aux croisements des chemins, afin de se renseigner sur Essav.
Elle avait appris qu'elle était destinée à se marier avec lui, et elle pleurait en entendant chaque jour le récit des ces mauvaises actions.
Le Zohar (Vayé'hi 223,1) d'ajouter :
"Pour les larmes qu'elle a versé sur son désir de ne pas se marier avec Essav, Léa a mérité le privilège de se marier et d'être enterrée juste à côté de Yaakov."
Rachel, qui était naturellement destinée à Yaakov, n'a pas prié, et elle n'a pas été enterrée à ses côtés.
=> On apprend de là, que si on veut quelque chose dans la vie, il faut le demander à D., du plus profond de son cœur, à l'image de Léa qui a crié et pleuré au maximum de ses capacités.
[qui sème dans les pleurs, récoltera dans la joie ... ]
<-------------->
-> Notre sentiment que la face d'Hachem nous est caché dans l'exil, n'est qu'un sentiment qui semble l'être en surface.
Cependant, au plus profond de nous-mêmes, Hachem est toujours avec nous (chaque juif quel qu'il soit).
"Je suis endormi mais mon cœur est éveillé" (ani yéchéna vélibi ér - Chir haChirim 5,2). Par les larmes, nous pouvons atteindre les profondeurs de notre cœur, et le cœur est toujours proche d'Hachem. Il n'est jamais séparé de Lui.
"Des chambres les plus cachées, mon âme pleurera" (bémistarim tivké nafchi - Yirmiyahou 13,17), parce que là, nous sommes toujours ensemble avec Hachem.
[rabbi Nathan Watchfogel]
<--->
-> "Hachem recherche le coeur de chacun" (ki kol lévavot dorech Hachem - Divré haYamim 28,9).
-> "C'est le coeur qu'Hachem recherche" (ra'hamana liba ba'é - guémara Sanhédrin 106b).
-> "Le cœur est le roi de toutes les autres parties du corps et les domine. Si le cœur ne s'engage pas dans la avodat Hachem, alors tout ce que font les autres parties du corps n'a aucune valeur."
[Ram'hal - Messilat Yécharim - ch.16]
-> "Le cœur des tsadikim leur permet d'entrer au Gan Eden, et le cœur des réchaïm les fait descendre au Guéhinam".
[ midrach Téhilim 119 ]
-> Lorsque nous voulons entrer dans une maison, nous frappons à la porte et quelqu'un nous ouvre. Il en va de même pour notre cœur : si nous continuons à frapper, il finira par s'ouvrir (et nous y trouverons Hachem qui est en nous!).
[rabbi Nathan Watchfogel]
<------------------------------>
+ Planter avec des larmes :
-> Sefer Otsrot Hatorah écrit ce qui suit :
Le rav d'Eishoshok, était présent à la pose de la première pierre de la yéchiva Volozhin. Il écrivit : "J'ai vu de mes propres yeux la yéchiva de Volozhin fondée par le Gaon rav Haïm [de Volozhin].
Il l'a établie par ses prières et ses demandes à Hachem (bakachot), au prix de larmes et de cris, jusqu'à mériter tout cela. Il a versé tant de larmes brûlantes qu'il aurait pu les utiliser pour préparer le ciment de la pierre angulaire. Et ces larmes, sur lesquelles repose la yéchiva, la protégeront et la préserveront des difficultés futures. Ainsi, il a accompli le verset : "Qui sème avec des larmes récoltera avec joie" (Téhilim 126,5).
Le 'Hafets 'Haïm disait souvent : "On pense qu'une yéchiva se construit avec de l'argent. C'est faux. Une yéchiva se construit avec trois choses : un lieu digne, un cœur pur et des larmes. Ce n'est qu'avec ces trois ingrédients qu'une yéchiva peut devenir un lieu de résidence pour la Chékhina".
Le 'Hazon Ich dit : "Lorsqu'une nouvelle yéchiva est inaugurée avec du whisky et des mets délicats, elle peut réussir ou non. Mais si les larmes coulent, les larmes pures garantissent le succès de la yéchiva."
[on peut éventuellement transposer cela dans chaque chose que nous faisons, si nous y associons des larmes de demande d'aide de réussite à Hachem (se reposant à 100% sur Lui), alors on peut espérer le meilleur. ]
Pingback: Aux délices de la Torah
Pingback: Le pouvoir des larmes – Aux délices de la Torah
Pingback: Aux délices de la Torah