+ Les sirènes :
-> Les sirènes font également partie de notre culture et apparaissent dans la guémara (Bé'horot 8a) sous le nom de Dolphanim (דּוֹלְפָנִין).
"Que sont les Dolphanim? Rav Yéhouda dit : Ce sont des créatures appelées les enfants de la mer" (bné yama).
Rachi (Bé'horot 8a) dit que le nom en laaz (langue étrangère), est Sirèna.
Elle est décrite comme une créature dont la moitié supérieure a une forme humaine (de femme) et la moitié inférieure une forme de poisson.
[cela est rapporté aussi dans le Midbar Kedmot (Dag) du 'Hida ; Tossefot Hachalem - Chémini]
[Rachi renvoie une sirène à "bat yam" (fille de la mer)]
Selon le Ramban (Chémini 11,10), un autre nom est Silonis.
Selon le Torah Cohanim (Chémini 3,4) et le Raavad, il y a une divergence d'opinion si le nom est Silonis ou Sironis.
-> Le midrach (Aggada Vaéra) rapporte que les sirènes ont rejoint les autres animaux pendant la plaie des bêtes sauvages.
Pendant cette plaie, leurs bras, de 10 amot de long (environ 5 mètres), étaient remplis de poison, et elles s'agrippaient sur le toit pour ouvrir les portes verrouillées des égyptiens (permettant aux bêtes sauvage de rentrer).
-> On dit qu'elles chantent pour les marins en mer, ce qui les endort, puis elles montent à bord du bateau, tuent et mangent les marins. ['Hida - Midbar Kedmot (Dag) ; Tossefot Hachalem - Chémini]
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-> Rachi (Bé'horot 8a) explique que ce sont des êtres capables de se reproduire comme des êtres humains, à partir d'un être humain, c'est-à-dire que si un homme s'accouple avec cette créature, elle pourra enfanter de lui (contrairement à toutes les autres créatures terrestres).
-> Le 'Hida (dans son Midbar Kedmot - Dag) raconte ses pérégrinations lors de son très long périple autour du monde. Il dit effectivement avoir aperçu ces sirènes en mer Baltique. Elles avaient une voix extrêmement étrange qui attirait les matelots de l'époque qui, souhaitant découvrir d'où venaient ces voix détournaient leurs bateaux qui venaient chavirer sur les récifs dans lesquelles elles se cachaient. Elles montaient ensuite dans les bateaux pour dévorer les matelots. Cependant, il affirme que désormais elles n'existent plus.
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-> "Il existe des créature marines, moitié homme, moitié poisson, appelées sereine en vieux français.
... elles se reproduisent avec les humains. Cela signifie qu'une personne peut avoir une relation avec eux et procréer."
[Rachi - guémara Bé'horot 8a]
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-> "Tout ce qui n'est pas pourvu de nageoires et d'écailles, dans les mers ou les rivières, ce qui pullule dans l'eau, et les créatures vivantes (néfech ha'haya) qui l'habitent, ils vous sont abominables" (Chémini 11,10).
-> Sur ce verset le midrach (Sifra - Chémini 3,7) explique :
"Ha'haya" = c'est un animal de la mer, "Néfech" cela inclut le silonis (ou sirone, selon le Arou'h). On aurait pu penser qu'il transmet l'impureté [lorsqu'il est mort] dans une tente [comme les humains] comme l'avis de Rabbi Hanina, c'est pourquoi il est dit [dans 'Houkat 19,14 au sujet de l'impureté transmise par un cadavre] "Cela" [faisant référence exclusivement à l'homme et excluant le sirone)."
Le Raavad (1120-1197) dans son commentaire de ce Sifra décrit ce sirone comme une créature dont la partie supérieure ressemble à une femme et qui chante d'envoutantes mélodies.
-> Le Mochav Zekénim, commentaire sur la Torah des tossafistes médiévaux, l'explique de la même manière :
"Dans Torat Cohanim (sur Chémini 11,10) il est dit que cela inclut également la sirène. Il s'agit d'une créature aquatique dont la partie supérieure est similaire à une femme en tout point, elle possède des seins et de longs cheveux ; à partir du nombril, elle a les attributs d'un poisson. Elle chante de façon magnifique avec une voix plaisante."
-> Le rav Tsvi Hirch Rapaport (dans son Ezrat Cohanim), explique que cette sirone est le dolfin de la guémara (Bé'horot 8a). Il le décrit comme "étant similaire à un poisson avec des écailles proches de la queue, de longs bras et la forme d'une personne".
-> La compilation midrachique du 13e siècle Yalkout Chimoni (Vayikra - remez 137), reprend le midrach Sifra ci-dessus. Il indique pareillement que le mot "âme" (néfech) vient inclure le silonis (dans d'autres version sironis).
Le Maguen Avraham (1635-1682) explique que le silonis est une "personne de la mer". [Zayit Ra'aman - commentaire sur le Yalkout Chimoni]
-> Le rav Avraham ben Chmouel Guédalia de Jérusalem (17e siècle) explique :
"Sireni = une personne de la mer, dont la partie supérieure a la forme d'une femme qui chante constamment, et qui est déduite du mot "âme" (nefech). On aurait donc pu penser qu'il entre dans la catégorie de "lorsqu'une personne meurt dans la tente" , c'est pourquoi il est dit dans le passage traitant de la vache rousse : "Voici la loi : lorsqu'un homme meurt dans la tente" (début de 'Houkat), spécifiquement une personne qui vit sur la terre et qui généralement meurt dans une tente, qui transmet l'impureté et pas une personne de la mer."
[Brit Avraham sur Yalkout Chimoni Vayikra Remez 137]
-> L'idée est que le sirone dont parle le Sifra fait forcément référence à une créature humanoïde. En effet, s'il a trouvé nécessaire de nous apprendre que le cadavre de cette créature ne transmet pas l'impureté comme celui des humains, c'est parce qu'elle doit beaucoup lui ressembler. Par ailleurs, Rabbi Hanina maintien que son cadavre est effectivement impur comme celui des humains.
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-> Dans le texte médiéval Sefer HaArou'h (Eré'h sironi), on trouve écrit :
"Sironi : le Sifra (parachat Chémini) explique sur le passage traitant des poissons : "Hanéfech sert à inclure la sirène". Dans certains textes, il est écrit silonis, mais il s'agit d'une erreur. Ce mot, grecque ou latin, désigne une créature dont la partie supérieure ressemble à une femme et la partie inférieure à un poisson.
Il m'a été rapporté que le roi de la région Nord, qui régnait sur le Danemark et la Norvège, vit une de ces créatures sur un banc de sable lorsqu'il naviguait près de son royaume. Il y a plus de dix ans, je le questionnais à ce propos, il restait silencieux. Je compris qu'il doutait, à cause de la distance, si la créature qu'il avait vue était une sirène ou un autre animal. De plus, lorsque la créature entendit l'officier du bateau crier, "Mon maître le roi, tournez-vous et regardez cette chose extraordinaire", la créature plongea immédiatement dans la mer. Mais l'officier et les marins témoignèrent que c'était bien une sirène qu'ils avaient vue.
Les poètes firent des sirènes des créatures qui chantent d'une voix mélodieuse, et peut-être que sirène vient du mot : "chira" (chant).
-> Il est à préciser que contrairement à ce que certains pensent, ce récit n'est pas celui de l'auteur du Arou'h, Rabbi Nathan ben Ye'hiel de Rome (1035-1106), mais plutôt une glose du 17e siècle de Rabbi Binyamin Moussafia (1606-1675), auteur du Moussaf HaArou'h, un commentaire du Arou'h. Il était le médecin de Christian IV, roi de Danemark et de Norvège qu'il eut donc la possibilité de questionner.
Le Gaon de Vilna (dans son Adéret Eliyahou - Chéminin 11,10) va en ce sens, et cite l'explication de Rabbi Binyamin Moussafia de sironis comme étant la sirène.
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-> Le Hida (1724-1806) écrit (Midbar Kedmot - maaré'het dalet 13) :
"Il y a un poisson de la mer appelé sirène, dont la partie supérieure a la forme d'une jeune femme, et la partie inférieure celle d'un poisson. Cette créature vit dans les zones rocheuses et dangereuses de la mer. Lorsque les bateaux passent, elle commence à chanter d'une voix extraordinairement plaisante jusqu'à ce que le sommeil tombe sur les marins puis elle grimpe sur le bateau, et dévore tous ses passagers."
-> La sirène est également mentionnée par le Kabbaliste italien le rav Chlomo Aviad Sar Chalom Basilia (1680-1749). Dans son Emounat Ha'hamim (chap.5), il rapporte :
"À présent, sache que concernant cette sirène (en faisant référence au midrach Sifra), les sages non-juifs sont tous d'accord qu'il n'a jamais existé de telle créature, mais qu'il s'agit plutôt d'une parabole des poètes grecs connus pour inventer des mythologies.
Et l'un des philosophes d'une autre nation m'a donc affirmé que nos Maîtres de mémoire bénie, ont été influencés par les Grecs et s'étaient trompés, parce que tous les naturalistes les ont cherchées sans jamais les trouver. Mais après des siècles, juste l'année dernière, les hommes du roi de France lors de leur traversée en mer ont trouvé une créature dont le visage et le corps étaient similaires à ceux d'une personne, excepté les mains. Les marins l'ont tous vu, et envoyèrent leur récit dans toutes les contrées d'Europe, et les paroles de nos Sages s'en sont trouvées vérifiées!"