Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

Rav ben Tsion Abba Chaoul disait que tous les problèmes entre les hommes, ou entre un homme et sa femme, proviennent de ce que chacun voit combien l’autre lui doit, et combien il manque à son devoir envers lui.
Mais moi, disait-il, quand je vois un juif, je vois combien je lui dois d’après les limites de la halakha :
- Je lui dois "tu aimeras ton prochain comme toi-même",
- et je lui dois "tu ne détesteras pas ton prochain dans ton cœur",
- et je lui dois "ne te venge pas et ne tiens pas rancune",
- et je lui dois "ne vous lésez pas l’un l’autre",
- et je lui dois "ne va pas en colportant des médisances dans ton peuple",
- et je lui dois "ce que tu détestes, ne le fais pas à ton prochain",
Et si je lui dois tout cela, quels problèmes peuvent se présenter?
Et si le regard porte sur les devoirs envers le prochain, il n’est que naturel et clair qu’il faut céder dans les relations avec lui.
Non seulement personne ne lui devait rien, mais il se sentait redevable envers tout le monde.

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[autrui nous permet de faire énormément de mitsvot, et nous donne ainsi d'énormes biens éternels. (c'est nous qui lui sommes redevables!)
Cela est vrai lorsque tout va bien, mais cela a une valeur encore plus considérable dans nos moments de frictions. En effet, accomplir la volonté d'Hachem dans la douleur (où notre égo nous pousse à avoir le dernier mot), augmente de façon incroyable la récompense.

De plus, la paix est le réceptacle pour recevoir les bénédictions de D., notre papa, qui aime plus que voir ses enfants (les juifs) s'aimer les uns les autres!
Ainsi, se disputer avec autrui c'est mettre des gros trous dans notre conduit de bénédictions (qui n'arrive alors plus sur nous), tandis que rester en bonne relation va attirer sur nous des bénédictions de part la joie d'Hachem de voir la famille juive unie.]

+ Rabbi 'Hanina dit : "La séparation de l'âme et du corps est aussi difficile que la sortie d'une corde enfilée dans le trou du mât d'un bateau".
Rabbi Yo'hanan dit : "C'est comme une corde épaisse, qui relie 2 bateaux, qu'on sort difficilement des trous pratiqués dans le bois (de la coque)".
Rabbi Lévi fils de 'Hayata dit : "Lorsqu'on se sépare d'un mort, on ne lui dira pas : "Va vers la paix (léShalom)", mais "Va en paix (béShalom)".
Par contre, lorsqu'on se sépare d'un vivant on ne lui dira pas "Va en paix (béShalom)", mais : "Va vers la paix (léShalom)" ..."
[guémara Moéd Katan 28b-29a]

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-> Dans la guémara (Moéd Katan 28a), Rabba, qui était au chevet de rav Na'hman mourant, lui fit promettre de lui apparaître en rêve après sa mort. Lorsque rav Na'hman lui apparut, Rabba lui demanda s'il avait souffert pour mourir.
Rav Na'hman lui répondit : "Ce fut aussi facile que le retrait d'un cheveu à la surface du lait!"
=> Comment lever la contradiction apparente entre cette affirmation et les enseignements de la guémara précédente?

-> Selon le Maharcha, la mort aussi facile qu'ôter un cheveu sur la surface du lait est réservée aux tsadikim, comme rav Na'hman.
Par contre, [l'autre passage] souligne la difficulté de la mort pour les gens "moyens" et a fortiori pour les réchaïm.

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.3,p.28-30) explique la différence entre la façon de mourir des 2 extrêmes : chez les tsadikim (justes) et chez les réchaïm :
- chez les tsadikim = au moment de leur mort, son âme supérieur (qui réside dans le Ciel) descend pour s'unir à son âme d'ici-bas.
Dans cette fusion, le tsadik bénéficie d'une lumière spirituelle intense, à laquelle il n'a jamais eu accès de son vivant, et son âme quitte facilement le corps, dans un attachement intense avec Hachem, sans que son corps ne s'y oppose.
C'est la mort par "baiser Divin" où la néchama est attirée irrésistiblement vers le monde à venir.

- chez le racha, qui a délaissé les besoins de son âme (néchama) de son vivant et qui a éteint en lui toute aspiration spirituelle = cette séparation corps-âme est très difficile.
Du fait que tous les désirs de sa vie étaient matérialistes, son âme ne veut pas sortir de son corps et souffre de cette séparation contre son gré.
Même après la mort, cette âme cherchera en vain à réintégrer le corps, et devant ce corps en décomposition, la prise de conscience de la nullité de ses aspirations matérialistes auxquelles il a consacré sa vie, renforce sa douleur.

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=> Pourquoi doit-on souhaiter : "Va vers la paix" (lé'h léShalom) à un vivant que l'on quitte, et "Va en paix" (lé'h béShalom) à un mort que l'on quitte?

-> Tant qu'un homme est en vie, il peut encore accomplir la Volonté d'Hachem par ses actes, ses paroles et ses pensées. Il peut ainsi augmenter, de son vivant, sa récompense dans le monde à venir où il espère bénéficier d'une paix éternelle (béShalom).
C'est pourquoi, on lui souhaite : "Va vers la paix (léShalom) afin d'atteindre ton objectif futur (béShalom).
Par contre, au sujet d'un défunt que l'on quitte, il ne lui est plus possible de bénéficier d'une récompense supplémentaire ; il est donc déjà dans la situation de béShalom, l'état de paix interne qu'il a acquis de son vivant par ses mitsvot et ce capital ne peut plus progresser.
[Hakotev - dans Ein Yaakov]

[la vie d'une personne devrait consister en un effort continu dans la direction de la paix et de l'harmonie. C'est pourquoi, lorsqu'on prend congé d'un vivant, on lui souhaite "va vers la paix" (lé'h léShalom), c'est-à-dire de tendre asymptotiquement vers un état de paix relatif croissant.
Par contre, lorsqu'on prend congé d'un mort qui a atteint le but de ses pérégrinations sur terre, on lui souhaite : "va en paix" (lé'h béShalom), car il a atteint son état de paix absolu (éternel).]

-> Le Maharcha explique :
- "Va vers la paix" (lé'h léShalom) = partout où tu te déplaceras que la réussite t'accompagne dans cet endroit, afin de te sentir apaisé. Ce souhait ne s'adresse qu'aux vivants.
- "Va en paix" (lé'h béShalom) = que le déplacement lui-même vers le monde à venir, vers ses pères, s'effectue sans obstacles.

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[on fête Roch Hachana qui est le jour de la création de l'homme, et pas le jour de la création du monde. Pourquoi?
Car c'est à partir de ce jour que l'homme est né avec ses potentialités sublimes, et son travail d'au maximum les exprimer dans la réalité!]

Voici la question que posa Tournous-Roufous le racha à rabbi Akiva : "Si votre D. aime les pauvres, pourquoi ne leur fournit-Il pas leurs besoins?"
Rabbi Akiva répondit : "C'est pour nous épargner du jugement du Guéhinam, grâce à eux".
[guémara Baba Batra 10a]

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=> Pourquoi les pauvres devraient-ils souffrir afin d'épargner aux riches qui les assistent le jugement du Guéhinam?

-> Le Iyoun Yaakov explique :
Il est certain que la pauvreté est une sanction liée aux fautes des pauvres.
[selon le Ben Ich 'Haï, en général l'état de pauvreté est une conséquence des fautes, car s'il y a délit ou faute (avone - עון), de guématria 126, la personne n'est plus dans le cadre des fils (banim) d'Hachem, mais est dans le cadre des serviteurs (avadim - עבדים) d'Hachem, de même guématria. (même s'il n'agit pas très bien, un père chouchoute son enfant, car il l'aime indépendamment de ce qu'il peut faire, ce qui n'est pas le cas avec un serviteur!).]
=> Pourquoi alors Hachem ne les nourrit-Il pas avec le minimum vital pour éviter qu'ils dépendent financièrement des caisses de tsédaka?
La réponse est : c'est pour que les généreux donateurs soient épargnés du jugement dans le Guéhinam.

-> Le 'Hatam Sofer enseigne :
Le monde fonctionne ainsi : aujourd'hui Réouven est riche et Chimon est pauvre ; lorsque Réouven distribue sa tsédaka à Chimon, il aura le mérite d'être épargné du Guéhinam.
Dans une autre réincarnation (guilgoul), les états seront inversés : Réouven sera pauvre et Chimon sera riche.
Par sa tsédaka distribuée à Réouven, Chimon sera épargné du jugement du Guéhinam. Ainsi globalement, il n'y aura pas d'injustice.

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome1, p.152) écrit :
Il est faux de croire que le pauvre souffre de pauvreté "pour rien" afin que ceux qui l'aident financièrement soient préservés du Guéhinam.
En effet, le pauvre est l'associé du riche dans cette mitsva de tsédaka, car il est l'outil (kéli) indispensable de réception de la tsédaka. De ce fait, le pauvre aura dans le Ciel une récompense (comme le riche) pour sa participation à la mitsva de tsédaka qu'il a provoquée et une autre récompense pour la peine (tsaar) induite par sa pauvreté (gêne financière, dépendance, humiliation, ...).

-> Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Si'ha 94) dit à ce sujet :
Certes, les pauvres souffrent dans ce monde des manques de ce qui leur est nécessaire ; cependant, c'est un mérite pour le pauvre de faire bénéficier les donateurs de la suppression du jugement du Guéhinam.
Ce mérite est si grand que le pauvre s'élève très haut, ce qui justifie de supporter une vie matérielle difficile, afin de donner des mérites à autrui.

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-> b'h, au sujet de l'importance future des pauvres : https://todahm.com/2020/07/20/14169

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-> Le Séfer 'Hassidim donne quelques autres raisons au décret d'être pauvre :
- peut-être, s'il était riche, il n'aurait pas distribué de tsédaka en proportion de sa richesse et sa vie aurait été un échec ;
- peut-être sa richesse l'aurait entraîné à l'orgueil et à d'autres transgressions de la Torah ;
- peut-être Hachem aurait fait Untel ou Untelle pauvre, afin de favoriser les mariages complémentaires entre un (ou une) pauvre et une (ou un) riche.

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-> "Car Tu viens en aide à un peuple pauvre et Tu rabaisses les yeux hautains" (Téhilim 18,28)

Selon le rav Moché Feinstein, lorsqu'un homme envie les biens matériels du prochain, c'est une preuve qu'il est mécontent de son sort ; il ressent ainsi une certaine frustration et se sent pauvre et malheureux.
Si au contraire, une personne est satisfaite de la part que Hachem lui a accordée, la pauvreté cesserait d'être ressentie comme une disgrâce.
C'est pourquoi, le roi David dit dans ce verset qu'Hachem rabaissera les yeux envieux pour venir en aide au "peuple" qui se sent pauvre : en élimant l'envie, on l'élimine la "pauvreté" imaginaire.

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-> par exemple, voir aussi : https://todahm.com/2021/01/21/30304

+ "Jusqu'à (l'époque) d'Avraham, les signes de vieillesse n'existaient pas. Ainsi, celui qui voulait parler à Avraham, parlait (par erreur) à Its'hak (qui lui ressemblait) et celui qui voulait parler à Its'hak parlait à Avraham.
Alors, Avraham pria et les traits de vieillesse apparurent (afin de distinguer un vieillard d'un jeune) sur son visage, d'après le verset : "Avraham était devenu vieux, avancé dans la vie" ('Hayé Sara 24,1).

Jusqu'à (l'époque de) Yaakov, la maladie qui précédait la mort n'existait pas. Alors Yaakov pria et la maladie apparut, selon le verset : "On vint dire à Yossef : Voici, ton père est malade"(Vayé'hi 48,1).

Jusqu'à (l'époque de) Elicha, toute personne malade ne guérissait jamais. Elicha (tombé malade) pria et il guérit.
[guémara Baba Métsia 87a]

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=> Comment interpréter au sens figuré le fait que la vieillesse n'existait pas jusqu'à Avraham?

-> Le Maharal enseigne :
Le mot "zikna" (זקנה) dont le sens habituel est "la vieillesse", peut prendre le sens de "sagesse" ('hokhma) d'après l'enseignement de la guémara (Kidouchin 32b) : "On désigne "zaken" (זקן) celui qui a acquis de la sagesse" (zé kana 'hokhma).
En effet, lorsqu'un homme vieillit, son corps s'affaiblit, et corrélativement ses "forces" de l'âme se renforcent.
La guémara (ci-dessus - Baba Métsia 87a) a donc voulu nous enseigner que jusqu'à l'époque d'Avraham, les gens n'avaient pas de sagesse, car ils n'avaient pas reconnu leur Créateur qui dirige le monde.
"Celui qui voulait parler à Avraham parlait par erreur à Its'hak et vice-versa" = l'intention est d'enseigner que jusque-là, les gens mettaient au même niveau le vieux sage et le jeune qui n'a pas de sagesse.
Par sa prière, Avraham, qui désirait que la matérialité s'affaiblisse et la sagesse remplisse le monde, obtint que le monde renforce son niveau d'intelligence et accède à un niveau de sagesse sur le plan spirituel, même si tout le monde n'accédait pas à cette sagesse.

-> Le Na'halat Yaakov écrit :
La guémara (Baba Métsia 97b) enseigne que les pièces de monnaie à l'époque d'Avraham, portaient gravées un homme âgé et une femme âgée (Avraham et Sarah) sur une face, un jeune homme et une jeune fille (Its'hak et Rivka) sur l'autre face de la pièce, ce qui traduisait l'équivalence des 2 faces de la même pièce.
Avant qu'Avraham ne prie, les gens pensaient que de même que le corps périt après la mort, l'âme aussi ; d'après leur opinion, plus l'homme vieillit, plus il perd de son importance, car son corps et son âme s'affaiblissent et vont vers leur disparition.
Ainsi, ils portaient plus de considération aux jeunes qu'aux vieux : c'est le sens de l'expression : "la vieillesse n'existait pas".
Avraham a alors prié pour "ouvrir" les yeux de ses contemporains et leur dire que l'âme des vieux se renforce, et donc, au contraire, il faut honorer davantage les vieux que les jeunes, et c'est le sens de "la vieillesse a été instaurée" après la prière d'Avraham qui a été exaucée.

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=> Pourquoi Yaakov a-t-il demandé l'instauration de la maladie?

-> Yaakov a demandé la maladie, afin que chacun de ses enfants, notamment Yossef, ait le temps de se déplacer et d'être présent à ses côtés au moment de sa mort, afin de leur communiquer ses dernières volontés et de les bénir.
[Rachi]

-> Depuis la Création du monde et jusqu'à la fin de la vie de Yaakov, personne n'était malade [avant de mourir].
Qu'une personne soit à son domicile ou dans la rue, elle éternuait simplement et mourait soudainement.
Yaakov intervint et pria ainsi : "Maître du monde, ne reprends pas mon âme avant que je n'aie eu le temps d'exprimer mes dernières volontés à tous mes enfants et de faire pénitence" et il fut exaucé : la maladie l'a frappé quelques jours avant sa mort.
La coutume est demeurée de dire à celui qui éternue : lé'haïm (pour la vie) ou "labriout" (à ta bonne santé).
[Pirké déRabbi Eliézer - chap.52]

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-> Selon le Maharil Diskin, Yaakov est tombé malade 5 jours avant sa mort.

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=> Comment peut-on interpréter au sens figuré le fait que la maladie n'existait pas jusqu'à Yaakov?

-> D'après la guémara (Shabbath 12b), la Présence Divine est présente au-dessus de la tête du malade et le soutient d'après ce verset : "Hachem soutiendra (le malade) au-dessus de son lit de douleur" (Téhilim 41,4).
Lorsque le malade souffre, ses fautes sont pardonnées dans ce monde-ci, afin de recevoir la récompense complète de ses bonnes actions dans le monde futur.
De plus, parfois Hachem éprouve une personne qui n'a presque pas de faute à expier, par des souffrances induites par l'amour d'Hachem à son égard (yissourim chel aava), afin d'augmenter sa récompense dans le monde futur.

Ainsi : "Jusqu'à Yaakov, il n'y avait pas de maladie" = les hérétiques, jusqu'à l'époque de Yaakov ne croyaient pas qu'un homme frappé de souffrances ou d'une maladie bénéficierait de ces privilèges : Présence Divine, expiation des fautes, affection d'Hachem.
Ils pensaient donc que la maladie ou une épreuve n'apportait aucun avantage, et ils n'y voyaient que des souffrances "pour rien".
Cependant, à l'époque de Yaakov, ils ont reconnu sa droiture et sa sainteté exemplaires.
Ils ont compris qu'il était "aimé" par Hachem, et pourtant il a été fortement éprouvé durant sa vie.
De plus, lorsque Yaakov a demandé lui-même à Hachem de créer la maladie, ils ont compris les "bénéfices" que l'homme peut tirer des épreuves et d'une maladie.
[Ora'h Yacharim]

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=> La maladie n'existait-elle pas déjà avant Yaakov?

-> Le Tossefot (guémara Baba Batra 16b) enseigne :
Selon la guémara (Baba Batra 16b), une pierre précieuse était suspendue au cou d'Avraham, et tout malade qui l'observait guérissait.
Donc la maladie existait déjà à l'époque d'Avraham, le grand-père de Yaakov, contrairement ce qu'affirme notre guémara.
On pourrait répondre qu'à l'époque d'Avraham, la pierre précieuse guérissait une blessure ou un coup, mais une véritable maladie interne n'existait pas.
Rabbénou Tam répond autrement : même si la maladie existait au temps d'Avraham, elle n'entraînait pas la mort et la pierre d'Avraham avait un pouvoir de guérison.
Lorsque Yaakov pria pour la maladie, il s'agissait d'une maladie qui précédait la mort, sans possibilité de guérir, afin que le malade se prépare à quitter ce monde.
D'ailleurs, plus tard, Elicha réclama la guérison de maladies mortelles.

"Moché dit à Kora'h : ... N'est-ce pas assez pour vous que le D. d’Israël vous ait mis à part de la communauté d’Israël, pour vous rapprocher… et vous demandez aussi la kéhouna" (Kora'h 16,9-10)

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.11) enseigne :
La convoitise des honneurs est plus forte que toutes les autres convoitises de l’homme.
En effet, il aurait été possible que l’homme domine ses instincts en ce qui concerne l’argent et les autres plaisirs, mais ce sont les honneurs qui le poussent, car il ne peut pas supporter de se voir inférieur au prochain.
En cela, beaucoup ont échoué et se sont perdus.

Yérovam ben Nevat n’a été chassé du monde à venir qu’à cause de la gloire.
C’est ce qu’ont dit nos Sages (guémara Sanhédrin 102a) : "Hachem l’a attrapé par son vêtement et lui a dit : "Repens-toi, et Moi, toi et le fils d’Ichaï (il s'agit du roi David) nous nous promènerons dans le Gan Eden!"
Il a répondu : "Qui est en tête?"
"Le fils d’Ichaï est en tête".
Il a alors dit : "S’il en est ainsi, je ne veux pas".
[il a préféré tout perdre plutôt que d'être au Gan Eden avec Hachem mais derrière le roi David.]

=> Qu’est-ce qui a provoqué que Kora’h se perde, lui et tous ses partisans avec lui?
Uniquement la gloire.
C’est un verset explicite : "Vous voudriez aussi la kéhouna?" Et les Sages (midrach Bamidbar rabba 18,2) nous ont dit que tout cela a été provoqué parce qu’il a vu Elitsafan fils d’Ouziel chef de tribu, alors qu’il aurait voulu être lui-même chef de tribu à sa place.

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-> "Il vous a rapproché de Lui et vous recherchez aussi la prêtrise (kéhouna)" (Kora'h 16,10)

=> Kora'h cherchait à s'élever toujours plus dans le Service Divin et c'est justement pour cela qu'il voulait être Cohen. Ainsi, comment comprendre que Moché lui dise que puisque Hachem l'a déjà rapproché, pourquoi recherche-t-il encore à être Cohen? Mais c'est qu'il voulait justement encore plus se rapprocher d'Hachem!

-> Le Chem miChmouël explique que le Cohen est appelé "saint", c'est-à-dire "séparé". Le Cohen doit se séparer de tout attachement à la matérialité et aux intérêts personnels. Et dans ce cadre, il devait aussi être même séparé de l'intérêt personnel que l'on peut obtenir par l'élévation spirituel et la proximité avec Hachem.
En effet, quand un homme s'élève et se rapproche de Son Créateur, il en ressent un grand plaisir et un intense épanouissement personnel. Il n'y a pas de plus grande complétude qu'être en intimité avec Son Créateur.
Mais le Cohen devait être aussi séparé de cet intérêt, aussi noble soit-il. Il se devait de servir Hachem uniquement pour faire plaisir à Hachem et réaliser Sa Volonté, sans rechercher son perfectionnement personnel.
C'est pourquoi, il est aussi appelé 'Hassid, c'est-à-dire celui qui fait du 'Hessed, de la bonté. Tout son but est de faire de la bonté avec Hachem, si on peut ainsi s'exprimer. C'est-à-dire que son existence se résume au fait de réaliser la Volonté Divine et non la sienne, même celle de se délecter des plaisirs spirituels que la proximité avec Hachem fait bénéficier.

Kora'h cherchait certes à s'élever spirituellement et à gravir les échelons du service Divin, car il était conscient des délices que cela comportait. Mais cette démarche de trouver épanouissement et complétude personnelles par l'élévation spirituelle, ce n'est déjà plus la démarche du Cohen, qui oriente son intention exclusivement vers l'« Intérêt » du Très-Haut.
=> Même si Kora'h cherchait à se rapprocher d'Hachem, il n'avait malgré tout rien à voir avec le niveau du Cohen. Il est certes très louable de trouver épanouissement et satisfaction dans le Service d'Hachem. Mais le niveau ultime c'est de ne rechercher que le plaisir d'Hachem.

"L'homme que J'aurai élu, son bâton fleurira, et ainsi mettrai-Je fin à ces murmures contre Moi" (Kora'h 17,20)

-> "C'est à ce sujet que le verset dit : "Heureux l'homme qui ne suit pas les conseils des réchaïm ... et ne prend pas place dans la société des railleurs" (Téhilim 1,1).
Il s'agit de Kora'h qui tournait Moché et Aharon en dérision.
Comment l'a-t-il fait?
Il a rassemblé toute la communauté autour d'eux et a commencé à proférer des moqueries."
[Yalkout Chimoni]

-> Pour le rav Yéhouda Leib 'Hasman (Ohr Yahel), ce récit nous révèle l'immense influence de la moquerie sur les hommes.
Il enseigne :
Si Kora'h parvint à séduire les chefs du peuple, c'est uniquement par la force de ses railleries.
Kora'h n'était pas sot, il savait pertinemment que s'il avait engagé un débat sérieux contre Moché et Aharon, il n'aurait jamais réussi à déclencher une rébellion.
S'il avait tenté d'avoir gain de cause avec des arguments rationnels, Moché l'aurait aisément vaincu.
C'est pourquoi il fit usage de la moquerie, laquelle a le pouvoir de l'emporter sur 100 remontrances, aussi justifiées soient-elles.
En effet, un reproche consiste à exposer des griefs de façon raisonnée et raisonnable ; or, la moquerie est tout le contraire, puisqu'elle sollicite la frivolité et l'inconséquence, lesquelles émanent de la "matière animale" dont est façonné l'homme.
Lorsqu'un individu se moque, il éveille en lui sa nature bestiale ; or, il va sans dire qu'une bête est totalement indifférente à la raison et au bon sens.
C'est pourquoi une seule moquerie peut l'emporter sur toutes les remontrances.
[...]

"Maintenant donc, trêve à vos railleries! Elle renforceraient vos chaînes, car c'est un arrêt de destruction que j'ai entendu prononcer par Hachem" (Yéchayahou 28,22).
Nos Sages en concluent : "La moquerie est très grave, car [sa punition] commence par des tourments et se finit par la destruction" (guémara Avoda Zara 18).
Le Ram'hal s'étend longuement à ce sujet, expliquant notamment que : "cela relève de la justice élémentaire : lorsqu'une personne réussit à se stimuler par ses réflexions et son étude, elle n'a nul besoin d'être éprouvée physiquement ... En revanche, les moqueurs, qui sont insensibles aux reproches à cause de leur état d'esprit, ne peuvent s'amender qu'avec des châtiments" (Messilat Yécharim - chap.5).

=> Lorsqu'un homme fait usage de la moquerie, il s'identifie à sa nature animale, si bien que les remontrances le laissent de glace.
C'est pourquoi il est dit que les "châtiments conviennent aux railleurs" (Michlé 19,29), car seules les souffrances peuvent briser les forces bestiales qui dominent l'homme et lui permettre d'entendre raison.
Tant que l'intelligence est reléguée au second plan, il n'y a rien à tirer de lui puisqu'il se comporte comme une personne ivre. (Ram'hal Messilat Yécharim)

Par ses railleries, Kora'h refréna tout sentiment positif chez ceux qui lui prêtèrent l'oreille.
Dans cette situation, ils devinrent incapables de raisonner, de réfléchir à leur attitude et d'effectuer une introspection.
Même si les Cieux s'étaient ouverts devant eux, ils ne se seraient pas rétractés, car la moquerie a le pouvoir d'amoindrir l'effet des spectacles les plus édifiants.
Cela n'est nullement dû à la faible portée de ces visions ni à un manque de compréhension, mais simplement à la force des railleries, lesquelles "anéantissent tout principe éthique et toute crainte du Ciel!" (Messilat Yécharim).

C'est seulement après que ces hommes eurent été engloutis dans la terre, après qu'une partie du peuple mourut brûlée et frappée par l'épidémie, que le cœur des survivants devint alors sensible aux messages véhiculés par ces punitions.
De la sorte, leur esprit qui avait été aveuglé par ces discours biaisés put s'ouvrir. Et lorsque Hachem montra au peuple le signe des bâtons, tous comprirent à ce moment-là qu'Aharon avait été désigné par D. : "Ils les regardèrent et chacun reprit son bâton"(v.24).
[d'après le Léka'h Tov]

"Tu verseras un quart de hin (révi'it ahin) de vin sur l'holocauste" (Chéla'h Lé'ha 15,5)

A la suite du passage des explorateurs, la Torah traite des libations de vin qu'on versait sur l'autel quand on apportait des sacrifices.
=> Quel est le lien entre les libations de vin et la faute des explorateurs?

En fait, après cette faute, le peuple se mit à regretter amèrement leur situation. Ils rentrèrent dans une grande affliction.
C'est pourquoi, Hachem leur transmit alors la mitsva de verser du vin sur l'autel. Dans Sa Grande Bonté, Il cherchait par là à les apaiser et à leur redonner de la vigueur. En effet, comme on le sait, le vin permet de réjouir le cœur des gens tristes.
[Mé haChiloa'h]

"Ne montez pas ... car le Amaleki et le Canaani est là-bas devant eux et vous tomberez par l'épée" (Chéla'h Lé'ha 14,42-43)

=> Pourquoi le verset précise-t-il que Amalek et Canaan sont "là-bas devant eux"? Qu'ajoutent les mots ''devant eux''?

En fait, les actions qui sont réalisées dans un endroit y laissent une trace qui aura une influence dans l'avenir.
Ainsi, quand des réchaïm commettent des fautes quelque part, celui qui viendrait même plus tard en ce lieu, pourra ressentir une certaine chute spirituelle du fait de l'influence négative qui s'y trouve, provoquée par les fautes passées.
Ainsi, après la faute des explorateurs, quand une partie du peuple décida de monter quand même, Moché leur dit que Amalek et Canaan se trouvent là-bas "avant eux" (en hébreu, ''avant eux''
et ''devant eux'' se disent ''Lifnéhem'').
Et de la sorte, ils ont commis de grandes fautes dans le passée. Et c'est du fait de cette influence néfaste que "vous tomberez par l'épée".
Vos forces s'affaibliront du fait de l'impureté laissée dans ce lieu.
[Tiféret Avot]

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Qu'est-ce qui les a motivés à vouloir aller en terre d'Israël?

-> https://todahm.com/2016/06/30/4634-2

-> Leur aveu était davantage motivé par le regret d'avoir manqué l'occasion d'entrer en terre d'Israël que par les remords sur leur faute. [Ohr ha'Haïm haKadoch]

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-> "Ils s'obstinèrent à monter au sommet de la montagne" (Chéla'h Lé'ha 14,44)

-> Suite à la faute des explorateurs et la sanction qui s'en suivit d'errer 40 ans dans le désert, une partie du peuple décida malgré tout de forcer les choses et monter malgré tout en Israël. Conscients de la gravité de la faute commise d'avoir écouter les explorateurs, ils voulurent réparer et monter en terre sainte. Seulement, Hachem s'opposa et leur défendit de monter. Mais ils s'obstinèrent et montèrent quand même. Le résultat fut qu'ils ont été décimés.
=> Mais si ces gens regrettèrent leur faute et souhaitèrent monter en terre sainte pour se repentir, comment comprendre que lorsque Hachem leur interdit formellement telle chose, qu'ils s'obstinèrent malgré tout à monter? Mais si leur démarche provint d'une bonne intention de repentir, comment en même temps ont-ils pu désobéir et transgresser purement et simplement l'Ordre Divin?

-> Rabbi Tsadok HaCohen de Lublin l'enseignement de nos Sages selon lequel quand un homme est invité, tout ce que son hôte lui dit de faire, il devra le faire, sauf s'il lui dit de sortir de chez lui, là il ne l'écoutera pas.
Il en est de même vis-à-vis d'Hachem. L'homme se doit d'écouter tout ce que Hachem lui demande de faire et de réaliser toutes les mitsvot de la Torah. Tout, à l'exception de : "Sors!"
Même si un homme a tellement fauté et s'est tellement enfoncé dans le mal qu'Hachem en vienne à lui dire : "Sors! Je ne veux plus de toi. Même si tu te repens, Je ne t'accepterai pas", il ne prêtera pas attention à cela. Il devra s'entêter et se repentir malgré tout. Jamais un homme doit renoncer à sa part dans le Service d'Hachem. Même s'il voit tous les obstacles et qu'il sent qu'Hachem le repousse. Malgré tout, il ne faudra jamais se résigner. On n'écoutera pas le Maître de la maison s'Il lui dit : "Sors!". Il forcera les choses et se repentira quand même, jusqu'à ce qu'Hachem finisse par l'accepter.

=> Suite à la faute des explorateurs, Hachem leur interdit l'accès en Israël. Certaines personnes du peuple vécurent cela comme un rejet d'Hachem. Ils entendirent comme si Hachem leur disait : "Sortez! Je ne veux plus de vous!". Ainsi, dans cette logique, ils n'ont pas prêté attention à cela et s'obstinèrent malgré tout à monter en terre sainte.

"Les non-juifs ne font jamais de mal à moins que les juifs ne se fassent du mal les uns aux autres"
[Séfer "Hassidim]

=> Cela signifie que la raison de la persécution des non-juifs est en réalité le fait que les bnei Israël se persécutent mutuellement, si bien que celui qui cause de la peine à autrui y perd à la fois en ce monde-ci et dans le monde à venir.

"Quant à vos cadavres (pigré'hem atem), ils tomberont dans ce désert" (Chéla'h Lé'ha 14,32)

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch commente :
J’ai entendu au nom des sages de Castille exilés que le mot "atem" renvoie à Moché et Aharon, sur qui Hachem avait également décrété qu’ils mourraient dans le désert.
Hachem a justifié leur propos en disant : "Si Je ne fais pas cela pour toute la communauté, ils finiront dans ce désert et ils y mourront", comme l’ont dit nos Sages (midrach Bamidbar rabba 19,13) sur le verset "Il s’avance aux premiers rang du peuple" (Vézot haBéra'ha 33,21) : la raison pour laquelle Moché a été enterré de l’autre côté du Jourdain est qu’il puisse mener la génération du désert vers le monde à venir, or si Moché et Aharon n’étaient pas morts dans le désert, ils n’auraient pas pu faire vivre la génération du désert.

Et c’est dit sur le mode allusif, car on ne parlerait certainement pas de "cadavre" à propos de Moché et Aharon, dont le corps était pur comme des anges, non plus que de "tomber" à propos des deux lumières du monde.