"Si un homme sait parfaitement, d'une foi entière, que dans toute situation où la Providence Divine est dissimulée .., Hachem s'y dissimule, et que ce n'est absolument pas une dissimulation ... l'homme devra se coller à son Créateur avec une foi pleine et entière et il ne lui arrivera aucune mauvaise chose.
Il recevra de l'amour et de l'affection."
[Baal Chem Tov]
"Moché vit tout le travail" (Pékoudé 39,43)
-> "Moché vit" = qu’a-t-il vu?
Moché a vu les anges qui avaient été créés par les mitsvot accomplies par les Bné Israël lorsqu’ils ont apporté leur contribution au Michkan, puisque celui qui fait une mitsva acquiert un ange défenseur.
Ils avaient atteint une perfection et un niveau très élevé, et Moché a compris de là que la mitsva avait été faite de tout cœur, comme Hachem l’avait ordonnée, avec une pensée très pure et très sainte, c’est pourquoi il les a bénis.
[Birkat Chamayim]
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-> "Moché vit tout le travail, et ils l’avaient fait comme il l’avait ordonné, ils l’avaient fait ainsi » (39,43)
=> Pourquoi répéter "ils l’avaient fait", "ils l’avaient fait ainsi"?
Les Sages ont dit dans Avot : "Celui qui fait une mitsva s’acquiert un défenseur, et celui qui commet une faute s’acquiert un accusateur".
Cela signifie que de toute mitsva naît un bon ange, et de toute faute naît un mauvais ange.
Rabbi Zoucha d’Anipoli dit : Mais je n’ai pas encore vu un mauvais ange né d’une faute d’un juif dont les membres étaient entiers. S’il a une tête, il lui manque une jambe, et s’il a une jambe il lui manque un bras, parce qu’il n’y a pas de juif qui commette une faute dans le but de fauter.
[en ce sens, nous faisons une séouda mitsva, et non une séouda avéra. Une faute est le fruit d'un vent de folie et non d'envie profonde d'un juif.]
C’est pourquoi la Torah souligne : "Ils l’avaient fait comme il l’avait ordonné, ils l’avaient fait ainsi" = ils avaient accompli la mitsva avec une perfection extraordinaire, pour l’amour du Ciel.
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-> "Moché vit tout le travail. Ils l'ont fait comme Hachem l'ordonna, ainsi ils l'ont fait" (39,43)
=> Pourquoi la Thora répète-t-elle les termes "ils l'ont fait"?
-> En fait, chaque élément du Michkan matériel, devait servir de modèle pour que l'on apprenne à construire son propre Michkan intérieur pour parfaire son comportement et son Service d'Hachem.
Ainsi, d'une part, "Ils ont fait (le travail) comme Hachem l'ordonna" = Cela évoque le Michkan matériel qui a été fait en respectant toutes les consignes. Mais en dehors de cela, "ainsi ils l'ont fait", c'est-à-dire que le peuple tira les leçons de ce Michkan, et les appliquèrent en eux-même, pour parfaire leur personnalité et faire ce Michkan intérieur, calqué sur les leçons tirées du Michkan matériel.
[Daat Sofer]
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-> "Et Moché bénit le peuple" (Pékoudé 39,43)
-> Rachi explique que Moché formula la prière suivante : "Qu'il soit la Volonté Divine que la Chekhina (Présence Divine) vienne résider dans l'action de vos mains".
=> Mais cela est étonnant! Hachem demande au peuple de fabriquer un Michkan pour y installer Sa Présence. Il donne les consignes de fabrication. Tous les détails sont respectés à la lettre. Il est donc logique qu'Il y installe Sa Présence! C'est ce qu'Il avait annoncé, et ce qui était naturellement attendu. Pourquoi prier pour obtenir cela?
-> En fait, la prière ne vient pas seulement pour obtenir que Hachem réalise une action qui n'est pas prévue, ou que l'on ne mérite pas, ou qui demande d'opérer une modification de l'ordre naturel. Même si une chose doit se réaliser naturellement et qu'il ne peut pas en être autrement, malgré tout, le moyen de l'obtenir c'est par la prière.
Prier Hachem permet d'attirer dans le monde Sa Bénédiction, même si celle-ci doit descendre de façon obligatoire. Mais tant que l'homme ne prie pas, cette bénédiction peut rester suspendue, en attente de la prière de l'homme. Quand Hachem a créé le monde, Il a créé les végétaux le 3ème jour. Les plantes ne pouvaient pas pousser tant qu' il n'avait pas encore plu. Au moment où l'homme a été créé, le 6ème jour, il comprit que la pluie lui était indispensable. Aussi, il pria Hachem pour qu'Il envoie la pluie. Et il se mit à pleuvoir.
Nous voyons de là que bien que Hachem ait prévu dans la marche du monde d'envoyer la pluie, le monde ne pouvait exister sans pluie, mais celle-ci n'est descendue qu'après la prière de Adam auprès de Hachem. Même une bénédiction prévue et qui doit venir naturellement, attend la prière de l'homme pour être envoyée par Hachem.
Cela est une grande leçon pour l'homme qui a tendance à ressentir le besoin de prier dans des moments où l'avenir est incertain, où il appréhende le futur, où les choses vont mal.
Mais quand tout est sensé aller bien, et que son avenir est assuré, il peut avoir tendance à penser que la prière est inutile. Mais cela est une erreur. L'homme ne doit pas se reposer sur la nature, satisfait et confiant en son sort. Même quand il se sent protégé, il est nécessaire de prier.
Même dans une réussite certaine, la prière est nécessaire pour assurer cette réussite. Sinon, sa réussite pourra être "bloquée", en dépit des prévisions naturelles. Hachem attend que l'homme prie, prenne ainsi conscience que tout vient de Sa Bonté et place ainsi sa confiance en Lui.
[rav Mikael Mouyal]
"Celui qui a des épreuves ou des peurs et qui se renforcent, qui espère en Hachem et ne tombe pas dans les mains de ses angoisses verra des prodiges.
Par le mérite de la confiance en Hachem, toutes les rigueurs sont adoucies, tous les décrets sont annulés, l'homme n'a pas à craindre quoi que ce soit ou qui que ce soi"
[Chomer Emounim - chap.1]
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Le Néfech Yéhoudi fait remarquer : celui qui a surmonté l'épreuve du "voile" qui existe dans ce monde-ci, qui s'est rappelé que "Hachem ou haElokim" (c'est la Bonté d'Hachem qui dirige tout), et qui a surmonté sa propre nature (qui le pousse à la peur), ne mériterait-il pas de grands sauvetages surnaturels dans tous les domaines?
+ Dans la Amida, nous disons : "Celui qui est notre délivrance, et qui est notre soutien" (haEl yéchouaténou véézraténou chéla haEl hatov)
Le Gaon de Vilna commente :
"Celui qui place sa confiance en Hachem et qui s'abrite sous Ses ailes ressemble à celui qui vient s'abriter sous un arbre contre un soleil qui frappe (à l'ombre d'Hachem - bétsel Chadaï).
Il n'est pas nécessaire que l'arbre agisse en notre faveur pour que nous soyons protégés du soleil, c'est l'effet naturel de l'arbre que de produire de l'ombre et de parer aux rayons pour tous ceux qui se trouvent en-dessous de lui.
Il en est de même pour celui qui se place sous les ailes de la Présence Divine.
Il n'est pas nécessaire de demander qu'Hachem nous délivre ou nous soutienne.
Hachem est naturellement une délivrance et une aide (yéchouaténou véézraténou) autant que les branches ont de l'ombre, ainsi celui qui se place entre les mains d'Hachem est protégé et délivré naturellement."
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-> Le Gaon de Vilna (Séfer Na'houm 1,7) explique également que :
"les souffrances ne sont pas un but en soi, la Rigueur n'est qu'un moyen qui est mis en place dans ce monde-ci pour que l'homme reste proche d'Hachem.
C'est pourquoi celui qui s'abrite à l'ombre d'Hachem et reste proche de Lui n'a aucune souffrance à subir."
"Et ce sera le jour où Hachem te libérera de ta tristesse et de ta colère" (Yéchayahou 14,3)
-> Le Zohar explique :
"De quel jour parle Yéchayahou?
Du jour du Shabbath évidemment. Le jour où "Hachem te libère de ta tristesse et de ta colère".
Qu'est-ce que cela veut dire?
Nous voyons donc que la émouna qui se répand le Shabbath et la sérénité qu'Hachem instaure en ce jour, a comme pouvoir de nous libérer de tous ces sentiments (négatifs)."
-> Comment se fait-il alors que nous nous mettions en colère le Shabbath ou que nous ayons peur, si ses sentiments disparaissent à son entrée?
La guémara (Soucca - à la fin de la massékhét) dit que même lorsqu'il n'y a plus de yétser ara dans un certain domaine, l'homme peut encore fauter par habitude.
Il y a donc un certain effort à fournir de notre part pour éloigner de nous la colère et la peur de nos cœurs le jour du Shabbath afin de permettre aux flux du Shabbath de se répandre en nous correctement et que nous méritions toutes la sérénité que ce jour peut nous apporter.
[Néfech Yéhudi - Ki Tissa 5779]
+ "Chaque action d'Hachem a une intériorité et une extériorité.
L'extériorité des actions d'Hachem c'est une conduite juste, c'est-à-dire : récompenses et punitions, mesure pour mesure. Comme un homme se comporte, ainsi il reçoit.
Cependant, c'est seulement la facette extérieure des choses mais en réalité chaque action d'Hachem intérieurement est divinement profonde et a pour but d'amener le monde à sa perfection.
Sache qu'il n'y a pas une action légère chez Hachem ou une action avec peu d'intériorité. Chaque action d'Hachem a comme intention d'amener tous les éléments du monde à leur perfection, et c'est ce que signifie : "gam zou létova" (cela aussi est pour le bien).
A la fin des temps Hachem nous montrera la profondeur de Ses actions et alors nous verrons comment les épreuves et les souffrances étaient des préparations à la bonté et à la bénédiction, car Hachem ne veut que le Bien et que la perfection de Sa bonté.
Il ne repousse pas les réchaïm, et au contraire Il s'efforce de les aider à se réparer et à se rapprocher.
Le roi David dit dans les Téhilim (92) : "combien sont grandes Tes actions, combien sont profondes Tes pensées" (ma gadlou maasé'ha Hachem ...), cela signifie qu'il y a une Bonté Divine infinie et une sagesse profonde derrière chacune des actions d'Hachem.
Pour l'instant, les actions d'Hachem ne nous sont pas compréhensibles du tout, si ce n'est que leur partie la plus extérieure, mais leur contenu est bien caché de nous, car l'intériorité des actions d'Hachem est entièrement bonne et il n'y a pas de mal ; mais cela nous ne le comprenons pas pour l'instant seulement à la fin des temps.
Lorsque l'homme comprend un peu une action d'Hachem, cela ne constitue qu'une goutte dans l'océan."
[Ram'hal - Daat Tévounot]
La force d’Amalek réside dans le découragement des juifs
+ La force d’Amalek réside dans le découragement des juifs :
-> "Il [Amalek] te rencontra en chemin, démembra tous les gens affaiblis sur tes arrières" (Ki Tétsé 25,18)
Rachi commente : "Ils manquaient de force à cause de leur péché, ceux que la nuée avait rejetés."
[le rav Soloveitchik dit que Amalek ne craignait pas D., mais uniquement les hommes, et c'est pour cela qu'il s'en ait pris à ceux qui étaient affaiblis et qui trainaient à l'arrière, las et épuisés, presque incapables de se défendre.]
-> Le Yichma’h Israël (Parachat Zakhor 3) explique qu’Amalek rappelait à ces juifs qui s’étaient souillés par leur impureté, qu’ils ne pouvaient plus réparer leurs actes.
C’est à ce propos, dit-il, qu’il est écrit : "Il démembra tous les gens affaiblis sur tes arrières" ... comme il est enseigné dans le Pirké dé Rabbi Eliézer (chap.48) : "Celui qui avait besoin de se tremper pour se purifier [suite à une faute], la nuée le rejetait."
Or, il fut facile de faire ressentir à ces personnes déjà fragiles de la tristesse et de les réduire à néant en les poussant au désespoir ... Car elles s'imaginèrent que tout espoir était perdu, qu'elles avaient même égaré leur âme et l’étincelle Divine qui était en eux ...
Les Bné Israël durent alors se renforcer, en répondant à Amalek qu'une étincelle Divine unique et particulière résidait en eux qui ne s'éteindrait jamais.
Le Yichma’h Israël explique ensuite que là se trouve précisément le travail de tout juif concernant cette mitsva d’effacer le nom d’Amalek = ancrer en lui-même le fait qu’il ne sombrera jamais définitivement et que Hachem tend Sa main à chaque juif quel qu’il soit, l’accepte à bras ouverts et le ramène à Lui comme si rien ne s’était passé.
Nos Sages (guémara Méguila 12a) commentent le verset de la Méguilat Esther (1,8) : "laassot kirtson ich vé ich" (pour satisfaire la volonté de chaque homme - לעשות כרצון איש ואיש) en disant que l’expression : "ich vé ich" (littérallement : chaque homme et homme) évoque Morde'haï qualifié de "un homme juif" (ich Yéhoudi - Esther 2,5) et Haman au sujet duquel il est écrit "un homme oppresseur et ennemi" (ich tsar véoyév - Esther 7,6).
A priori on peut se demander pourquoi le premier mot : ich (איש) est associé à Morde'haï et le second "vé ich" (et homme - ואיש) est associé à Haman? Et pourquoi pas le contraire?
Une réponse qui peut être donnée est que les lettres du mot ואיש sont les mêmes que celles du mot יאוש (yéouch - le désespoir), car celui-ci caractérise les nations réchaïm. Il est donc associé
à Haman, puisque Amalek n’aspire qu’à faire tomber le juif dans le désespoir.
En revanche, le mot איש est l’acrostiche de la phrase : "én choum yéouch" (le désespoir n’existe pas - אין שום יאוש).
C’est pourquoi il est associé à Morde'haï qui ne désespéra jamais de la miséricorde Divine même lorsque le décret fut signé et fermé par le sceau royal.
=> Ce point marque la différence entre Israël et les nations.
Combattre Amalek, c'est combattre toute forme d'abattement, de désespoir, qui s'installe en nous.
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-> Le Rama (Méhir Yain) explique quelle était l’intention de Zérech lorsqu’elle incita son mari Haman à ériger une potence de 50 coudées.
Il écrit que : 50 portes de sagesse ont été créées dans le monde, et même Moché n’atteignit pas la 50e (guémara Roch Hachana 21b).
La potence de 50 coudées évoque le fait qu’Haman désirait inciter Morde'haï à vouloir toutes les atteindre. Et voyant qu’il n’y parviendrait pas, ce dernier en perdrait ses moyens et il serait dès lors facile de le faire fauter et de le vaincre.
Pour ce qui nous concerne, cela signifie que telle est la voie du yétser ara et d'Amalek : faire croire à l’homme qu’il peut prendre de bonnes résolutions au-delà de ses possibilités, afin qu’il ne puisse s’y tenir et qu’il finisse ainsi par tomber entièrement.
Quelle est, en revanche, la voie juste à adopter?
Il faut prendre sur soi petit à petit de bonnes résolutions et avancer pas à pas suivant les possibilités.
C’est de cette manière que les progrès pourront se maintenir.
-> "D. considéra tout ce qu’Il avait fait et voici que c’était très bien" (Béréchit 1,31)
Le midrach (Béréchit Rabba 9, 7) commente : "Bien = cela évoque le yétser atov ; très bien = le yétser ara."
Rabbi Yissa'har Dov de Belz interroge : en quoi l’expression "très bien" (tov méod) suggère-t-elle le yétser ara?
Il répond que c'est parce que celui qui ne vise que le "très bien" et qui pense "commencer à travailler uniquement s'il arrive au sommet de la montagne", alors il sert son yétser ara, car de telles pensées ont de quoi décourager le monde entier.
Le mauvais penchant lui suggère dans le même temps jour après jour : "De toutes façons, tu n'atteindras pas le sommet. Dès lors, à quoi bon commencer, ne fût-ce qu'un peu, à avancer ?"
Et de fait, on s’aperçoit que lorsque ces personnes qui désirent grimper très haut jusqu’au niveau le plus élevé n’atteignent pas leur but et n’obtiennent pas de satisfaction du peu qu’elles ont accompli, elles sont entièrement brisées.
Elles ne retirent aucune joie de leur spiritualité et lorsqu’elles ne remplissent pas toutes leurs aspirations, plus rien n’a de valeur à leurs yeux.
Mais il faut savoir que de telles pensées sont le fruit du yétser ara qui cherche à les faire tomber au plus profond de l’abîme.
D’où le commentaire de nos Sages : ''Très bien'', c’est le yétser ara.
Certes, il est nécessaire d’aspirer à progresser sans arrêt, mais il est nécessaire dans le même temps de se réjouir du plus petit progrès comme du plus grand en sachant que le moindre petit acte accompli en l’honneur d’Hachem a une importance immense à ses yeux.
[rapporté par le rav Elimélé'h Biderman]
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-> b'h, voir également : Amalek, le yétser ara, profite de nos moments où l'on manque de tranquilité d'esprit pour bien nous faire chuter : https://todahm.com/2022/01/17/35613
"L'un tourné vers l'autre" (Térouma 25,20)
-> Nos Sages (guémara Baba Batra 99a) disent que lorsque Israël accomplissait la volonté d'Hachem, les visages des chérubins étaient tournés l'un vers l'autre.
Dans le cas contraire, ils se tournaient chacun vers les murs du Sanctuaire (ils étaient alors dos à dos).
-> Le Beit Israël voit en cela une allusion : lorsqu'un juif est tourné vers autrui et cherche à lui faire du bien, il accomplit alors la volonté d'Hachem.
L'allusion va plus loin : même celui qui est pur de toute faute comme un nouveau-né (évoqué par les chérubins), et "étend ses ailes vers le haut" symbolisant ainsi qu'il est spirituellement élevé, n'est pas encore considéré pour autant comme accomplissant la volonté d'Hachem tant qu'il ne se tourne pas vers autrui afin de lui venir en aide, en parole ou en acte, en renonçant parfois à son propre droit et en étant disposé à lui rendre le bien pour le mal.
En revanche, si "il tourne sa face vers le mur" en ignorant son prochain et ses besoins, il pourrait avoir "les ailes dirigées vers le haut" et se conduire avec piété dans ses devoirs envers D., il n'en demeurerait pas moins comme n'accomplissant pas la volonté d'Hachem.
Car le fondement de tout est de veiller à ses devoirs envers autrui.
-> Le Tiférét Chlomo enseigne : Grâce à la bienveillance qu'il manifeste envers son prochain, l'homme mérite également l'expiation de ses propres fautes.
Le Tiférét Chlomo voit une allusion à cela dans la fin du verset : "leur visage sera tourné l'un vers l'autre" = à savoir sans dispute ni haine.
Au contraire, en veillant à prier pour son prochain, il méritera alors d'être vers la Kaporet (sorte de couvercle de l'Arche en or massif orné des chérubins. En hébreu le terme "Kaporét" évoque "Kapara", l'expiation des fautes).
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-> Le Sfat Emet (Shékalim 5634) enseigne que c'est précisément parce que "dès que débute le mois d'Adar on redoublera de joie" (guémara Taanit 29a), que nos Sages ont institué "dès le 1er Adar on rappelle l'obligation de donner le demi-Shékel" (Shékalim 2,1).
Ceci nous enseigne que grâce à la bienfaisance qu'il prodigue aux autres, un juif mérite de redoubler de joie.
-> "Tu as ouvert mon cilice et Tu m'as étreint de joie" (pita'hta shaki, vatéazéréni sim'ha - Téhilim 30,12)
Selon le Beit Israël, on peut le comprendre allusivement : "Tu as ouvert mon sac (c'est-à-dire ma bourse) et grâce à cela Tu m'as donné la joie".
En effet, telle est la nature des choses : celui qui donne aux autres se détache de ses propres besoins et il peut ainsi permettre à la joie de l'envahir.
[une personne qui manque de joie, est quelqu'un qui ne s'occupe pas assez d'être utile à son prochain]
[rapporté par le rav Elimélé'h Biderman]
Pourim – l’importance d’être toujours dans la joie
+ Pourim - l'importance d'être toujours dans la joie :
-> Esther a invité A'hachvéroch et Haman à son festin, et son but était de plaider pour les juifs.
Mais au cours de sa 1ere réception, Esther n'a rien demandé, si ce n'est qu'ils reviennent pour un autre repas festif le lendemain.
=> Pourquoi n'est-elle pas intervenu dès la 1ere fois, qui semblait pourtant un moment idéal puisque : "Au cours du festin, le roi dit à Esther : "Formule ta demande, et elle te sera accordée ; dis ce que tu souhaites : quand ce serait la moitié du royaume, tu l'obtiendrais"." (Esther 5,6).
Y avait-il un meilleur moment que cela?
La réponse se trouve dans la suite du texte : "Ce jour-là Haman se retira, joyeux et le cœur content" (Esther 5,9).
Esther savait qu'elle ne pouvait pas entraîner la chute d'Haman si celui-ci était joyeux, et c'est pourquoi elle a tout repoussé au lendemain.
Le lendemain, il est écrit : " Haman gagna précipitamment sa maison, accablé de tristesse et la tête basse" (Esther 6,12).
C'est pourquoi Esther a rapporté à A'hachvéroch les mauvais plans d'Haman, et Haman a été pendu ce jour là.
-> Par la suite, la guémara aborde tous les honneurs que Mordé'haï a reçu d'Haman.
Haman menait Mordé'haï dans les rue de Shoushan, et criait devant lui : "Voici ce qui doit être fait à celui que le roi désire honorer".
Mordé'haï était vêtu d'habits de roi, et était sur un cheval royal.
Le Tiféret Shlomo enseigne : "[Lorsque Haman a mené Mordé'haï dans les rues] les gens chantaient et dansaient devant lui.
Tout cela avait pour but de rendre Mordé'haï joyeux.
Immédiatement après cela, le peuple juif a été sauvé et un miracle merveilleux a eu lieu".
=> Le moment de la délivrance était arrivé, mais il manquait un ingrédient indispensable pour que cela arrive : la joie.
[rav Elimélé'h Biderman]
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-> Le Noam Elimélé'h (Vaéra) écrit :
"Lorsqu'on est joyeux et qu'il n'y a pas de tristesse, les forces du mal (klipot) tombent et le côté de la sainteté s'élève.
Moché voulait soumettre la force du mal (klipa), qu'était Pharaon, en faisant que les juifs soient joyeux au sujet de la délivrance à venir. Mais ils ne voulaient pas être joyeux ...
C'est pourquoi, Moché a dit : "Les Bné Israël ne m'écoutent pas, alors comment Pharaon va-t-il m'écouter? Comment pourrais-je soumettre les forces du mal [s'il ne sont pas joyeux]?""
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-> "Mordé’haï ayant eu connaissance de tout ce qui s’était passé [il vient d’avoir conscience des plans d'Haman], déchira ses vêtements, se couvrit d’un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers" (Esther 4,1)
En réaction à cela, Esther : "la reine en fut toute bouleversée. Elle envoya des vêtements pour les mettre à Mordé'haï, en enlevant son cilice ; mais il ne les accepta point." (Esther 4,4)
=> Pourquoi a-t-elle envoyé des vêtements à Mordé'haï? Est-ce qu'elle pensait qu'il n'avait rien à se mettre?
Le Tiféret Shlomo répond que Mordé'haï et Esther étaient en train de débattre sur la façon dont ils pouvaient annuler le terrible décret d'Haman.
Mordé'haï a décidé de prendre le chemin des pleurs et du deuil, car cela éveillerait la compassion d'Hachem.
Esther était d'avis qu'ils pouvaient accomplir beaucoup plus par le fait d'être joyeux.
En ce sens, elle envoya des vêtements à Mordé'haï pour lui signifier qu'elle pensait qu'il ne prenait pas le bon chemin.
Le Tiféret Shlomo écrit que Mordé'haï savait également que la joie était essentielle pour la délivrance du peuple juif, mais il pensait qu'il ne fallait pas commencer par la joie.
Tout d'abord il faut prier, pleurer et crier à Hachem, et seulement ensuite la délivrance viendra par la joie.
-> D'une façon similaire, le 'Hatam Sofer explique que Mordé'haï et Esther étaient en train de débattre : est-ce que pour annuler les décrets d'Haman il fallait des larmes et des prières ou bien de la joie?
Mordé'haï était vêtu d'un sac, car il voulait annuler le décret par un cœur brisé et de chaudes larmes.
Esther lui a envoyé des habits car elle voulait annuler le décret par le biais de la joie.
Le 'Hatam Sofer ajoute que c'est la raison pour laquelle Esther a organisé des festins : elle voulait annuler les terribles décrets par la joie.
Le 'Hatam Sofer conclut que c'est l'approche d'Esther qui était la plus juste, et c'est pourquoi la délivrance est venue grâce à son approche.
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-> La guémara (Méguila 16a) écrit : "Haman a pris des vêtements royaux et un cheval royal et il est allé [chez Mordé'haï]. Lorsque Mordé'haï a vu Haman approcher avec le cheval, il a eu peur ...
Mordé'haï s'est levé et il a commencé à prier.
Haman est arrivé, il s'est assis, et il a attendu jusqu'à ce que Mordé'haï ait fini de prier", et alors Haman a mené Mordé'haï dans les rues de Shouchan avec un honneur extrême."
=> Le Ben Ich 'Haî (Ben Yéhoyada) demande : Pourquoi Haman a-t-il attendu que Mordé'haï termine de prier? Pourquoi ne lui a-t-il pas dit immédiatement qu'il est venu pour l'honorer?
Le Ben Ich 'Haï répond :
"Haman savait que Mordé'haï priait avec de la tristesse, et Haman savait que de telles prières ne sont pas aussi efficaces [que des prières faites dans la joie].
Haman a pensé : "Si j'interromps sa prière, il va prier de nouveau, et après avoir entendu la bonne nouvelle [que Haman devait l'honorer], il va prier avec une joie immense, et alors il est probable que ses prières seront exaucées".
Haman a donc préféré que Mordé'haï prie dans la tristesse, et c'est pourquoi il a patiemment attendu que Mordé'haï finisse de prier.
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On peut citer par exemple :
-> "Grâce à ta joie, ta prière entrera dans le Palais du Roi" (Rabbi Na’hman de Breslev – Séfer haMidot – Téfila 70) ;
-> "On peut accéder à davantage de choses par le biais d’une prière dans la joie que d’une prière dite en pleurant" (Rabbi Sim’ha Bounim de Peshischa) ;
-> Le Baal Chem Tov affirme que la joie est un degré plus élevé que les pleurs, car ces derniers déchirent les cieux tandis que la joie fait tomber toutes les cloisons.
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-> "Si une personne est heureuse simplement parce qu'elle est juive, alors je garantis que rien de mal lui arrivera, ni spirituellement ni matériellement"
[rabbi de Karlin]
[le Zohar dit : "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être un juif".
En ce sens, si nous le ressentons réellement, alors aucune contrariété de la vie ne peut nous retirer notre joie constante : je suis juif (ve)! Cela est une protection énorme contre toute mauvaise chose!]
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-> Le Gaon de Vilna (Michlé 18,14) dit que : "avec sa joie, on peut mettre un terme à une maladie" (בשמחתו יבטלנו).
-> Le Beit Israël enseigne que : celui qui est joyeux et de bonne humeur [de façon cashère], sera nettoyé de toutes ses pensées impures.
A l'inverse, le Baal haTanya écrit que les pensées de avoda zara (idolâtrie) entre dans le cœur de celui qui est triste.
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-> Le 'Hazon Ich dit que l'on peut vivre notre vie aussi bien dans le sourire ou bien dans la tristesse. A nous de choisir de la vivre dans la joie.
[il y aura toujours des raisons pour s'apitoyer, se plaindre, et il y aura toujours des raisons pour se satisfaire, se réjouir de sa situation.
A force d'attendre la perfection avant d'être heureux, notre vie passe et nous ne le sommes pas vraiment.
Etre joyeux, c'est reconnaître que tout vient avec précision de D. et que c'est le top du top de ce qu'il nous faut!]
De même, rabbi Zalman Brizel enseigne : "Si tu peux être joyeux pourquoi devrais-tu être à l'opposé".
En effet, bien souvent le fait d'être joyeux est une décision personnelle.
Par exemple, s'il y a un problème : est-ce que je peux le résoudre?
- si oui = donc pourquoi s'inquiéter puisqu'il va disparaître.
- si non = donc pourquoi s'inquiéter, ça n'aidera en rien!
De belles idées sur Pourim
+ De belles idées sur Pourim :
-> "Le 14e jour et il a fait (véasso - וְעָשֹׂה) un jour de festin et de joie ... le 15e jour, dont il a fait un jour de festin et de joie" (Méguilat Esther 9,17-18)
=> Pourquoi n'est-il pas écrit : "ils ont fait un jour de festin et de joie" (véassou), puisque c'est tous les juifs qui fêtaient leur victoire, leur non-extermination?
Le Sfat Emet (5652) répond que : "véasso" (il a fait) fait référence à Hachem.
"Il a fait un jour de festin et de joie" = cela signifie : Hachem fait la fête lorsque les juifs sont sauvés, car Il souhaite que nous annulions les mauvais décret.
Nos Sages disent : "Hachem est heureux lorsque nous Le "vainquons" et faisons changer Ses décret."
Ainsi, à Pourim les juifs se réjouissent en bas, et Hachem se réjouit au Ciel.
Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Cela n'est pas valable qu'au 1er Pourim [de l'Histoire], mais à chaque Pourim Hachem se réjouit et célèbre la fête, et ainsi nous devons également être heureux.
Et si nous essayons d'être joyeux, alors Hachem nous aider à réussir.
<--->
-> A Pourim ... Hachem accorde [aux juifs] tous les désirs de leur cœur.
[Ma'hzor Vitri 465]
-> La force de Pourim n'est pas fonction des actes des Bné Israël [actuels], mais de ceux des juifs de l'époque où les évènements eurent lieu.
[Rachba - Responsa 1,93]
[indépendamment de nos mérites, chaque année il se reproduit Pourim avec la même intensité de ce que les mérites de Mordé'haï, Esther, et les juifs de l'époque ont pu générer.]
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-> La méguilat Esther dit : "michloa'h manot ich léréé'ou" (d'envoyer des cadeaux l'un à son ami).
Selon le Sfat Emet (guémara Méguila 7b), il n'est pas convenable pour une personne ordinaire d'envoyer un michloa'h manot à son rav ou à son roch yéchiva, car la mitsva est de donner à un ami, et il n'est bien pour une personne ordinaire d'appeler son rav : "mon ami".
Cependant le Sfat Emet est d'avis que si le roch yéchiva lui donne un michloa'h manot, alors cela signifie que le roch yéchiva le considère comme un ami. Maintenant, on peut agir réciproquement et lui transmettre également un michloa'h manot.
A Pourim, Hachem nous envoie des michloa'h manot aux juifs, qui sont composés de nombreuses bontés.
Après que Hachem nous considère comme : Ses amis (rééou), alors nous pouvons réciproquement Lui envoyer notre michloa'h manot, qui est composé des mitsvot de Pourim.
La coutume des michloa'h manot est de donner de la nourriture avec le plat, avec la corbeille (sans demander qu'on nous le rende par la suite).
C'est une allusion au fait qu'à Pourim, Hachem nous donne Son michola'h manot de bontés avec le plat.
Cela signifie que même si quelqu'un n'a pas de récipient pour accepter les bontés d'Hachem, Hachem donne également le récipient, ce qui permet à tout juif de recevoir les bontés de D. [même si normalement il ne pourrait les recevoir. Telle est la puissance de Pourim : tout le monde peut recevoir!].