Aux délices de la Torah

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"Il appela Moché et Aharon pendant la nuit et leur dit : levez-vous, quittez mon peuple" (Bo 12,31)

-> Dans la guémara (Béra'hot 9a), les Sages disent que bien que la délivrance ait déjà commencé à minuit, les Bné Israël se sont malgré tout attardés jusqu’au matin pour sortir.
Eux qui avaient attendu cette délivrance pendant si longtemps sous d'atroces souffrances, et là ils avaient une opportunité peut-être unique de sortir!
Cependant lorsque enfin Pharaon les appelle en disant "levez-vous, quittez mon peuple", tout à coup ils ne sont plus pressés de sortir. Pourquoi cela?
Parce que Hachem leur a ordonné "que personne ne sorte de chez lui jusqu’au matin".

Le rabbi Yaakov Kamenetsky explique que nous apprenons de là que même lorsqu’on sait clairement que le moment de la Délivrance est arrivé, on ne doit pas transgresser fût-ce une seule interdiction.
On ne doit pas désobéir à Hachem, mais attendre et accomplir toutes les mitsvot de la meilleure façon.

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-> "Les Bné Israël s’étaient conformés à la parole de Moché" (Bo 12,35)

Selon le Rambam (Hilkhot Yessod HaTorah - chap.9) : si un prophète ordonne au peuple juif, au nom de D., de transgresser une mitsva temporairement, comme l’avait fait Eliyahou au mont Carmel, il faut lui obéir, sauf si son injonction concerne l’idolâtrie.

C’est ce qui est dit : "Les enfants d’Israël s’étaient conformés" = Sachant qu’il est incorrect de tromper un non-juif et de lui voler ses biens, comment les bné Israël peuvent-ils donner raison à celui qui les incite à commettre une faute?
C’est pourquoi la Torah précise : "selon la parole de Moché", expression qui confère à Moché le statut de prophète.
De ce fait, ils ont donné foi à ces paroles.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

"Fais donc entendre au peuple que chacun ait à demander à son voisin et chacune à sa voisine, des vases d'argent et des vases d'or" (Bo 11,2)

=> A qui nos ancêtres devaient-ils demander des vases d’argent et d’or? Comment le terme : "rééhou" (lit. : son prochain, traduit ici par voisin) peut-il désigner un égyptien?

Le Gaon de Vilna explique : ce mot se réfère, comme toujours, aux juifs.
Chacun devait demander à son frère juif des ustensiles précieux, car lorsqu’un juif se montre charitable envers son prochain, par ce mérite, Hachem fait en sorte que les non-juifs se conduisent également de la sorte à son égard, mesure pour mesure.

"Une nuit de protection pour tous les enfants d’Israël, pour leurs générations" (Bo 12,42)

-> "Une nuit de protection" :
La nuit de Pessa'h est différente de toutes les autres nuits, et appartient à la miséricorde totale.
Non seulement la nuit de Pessa'h qui a eu lieu en Egypte, mais chaque année c'est une nuit de miséricorde totale.
Ce verset se poursuit d'ailleurs par : "pour tous les enfants d’Israël, pour leurs générations".
[le Kaf Cohen]

Qu'est-ce qui est le mieux : de manger de la viande interdite par laquelle on rend sa bouche impure, ou de haïr, ce qui rend le cœur impur?
['Hafets 'Haïm - Ahavat Israël - chap.4]

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-> "Je ne comprends pas pourquoi certaines personnes font si attention à ne pas avaler un insecte vivant, quand de l’autre côté, ils engloutissent un homme vivant."
[rabbi Barou'h de Mézibou'h]

[on est vigilant à l'extrême sur ce qui entre dans notre bouche, tandis que nous sommes très cool sur la cacherout de ce qui en sort.]

"Celui qui garde sa bouche préserve son âme" (Michlé 13,3)

-> Le Gaon de Vilna commente :
"La bouche est le gardien de l'âme entière.
C'est ce qu'on a enseigné : ''Garde ta bouche de toute faute'' (guémara Béra'hot 17a), car grâce à cela tu te sanctifieras et te purifieras de tout péché.
Mais celui qui a la bouche grand ouverte, même s'il a une bonne âme, qu'il accomplit beaucoup de mitsvot et se met de nombreuses barrières, sa bouche brisera tout ...
Tout son désir pour les mitsvot sera rendu nul à cause de cela."

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-> De même que dans les maladies du corps il n'y a rien de plus contagieux que la lèpre, dans les maladies de l'âme il n'y a rien qui cause plus de tort à l'homme que le lachon ara.
Ainsi qu'il est dit : "Les plaies ne viennent qu'à cause du lachon ara" (midrach Dévarim 6,4).
[Tsror haMor - Métsora]

+ Le Nom Divin "Elokim" (אלהים) a une guématria de 86, c'est le Nom d'Hachem dans sa rigueur, dans sa justice sévère et stricte.
Lorsque nous rajoutons un de plus, allusion à l'Unique (à "Hachem é'had" ; au א de valeur : Un, symbole de "alouf" : אלוף - le Maître), alors nous obtenons 87, qui est la guématria de : "ani Hachem" (אני יהוה - Je suis Hachem).
Or, Hachem (יהוה) est le Nom Divin dans Sa miséricorde, dans Sa compassion.

=> Lorsque nous sommes persuadés que quoiqu'il puisse nous arriver dans la vie, cela provient d'un décret de l'Unique [Hachem], alors nous ajoutons un à אלהים (Rigueur Divine) et cela devient "אני יהוה", c'est-à-dire compassion et bonté.
Le bita'hon que rien ne vient par hasard, que tout arrive avec précision par Hachem, va adoucir les jugements qui sont sur nous, en nous faisons tout voir positivement, mais également en les transformant en bontés.
Ainsi, la meilleure solution aux problèmes de la vie est de renforcer notre conviction que derrière toute chose il y a un décret d'Hachem qui la rend possible pour notre bien ultime.

[basé sur un commentaire du Shach sur la Torah (Vaéra 6,2)]
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-> Le rabbi Hershel de Liska rapporte ces idées, et pose la question suivante : "Pourquoi Hachem a-t-Il créé la Rigueur au début, s'Il souhaite qu'au final nous ayons de la miséricorde?
Il pourrait très bien nous donner dès le début de la bonté.

Il répond : Hachem souhaite que nous transformions la situation de nous même afin que nous soyons heureux du bien que nous recevons.
En effet, sinon nous serions embarrassés de recevoir tellement de bonté d'Hachem.
[on parle de "pain de la honte" : la honte de recevoir sans absolument rien donner en contrepartie.
Hachem n'a besoin de rien, mais il fait en sorte que nous ayons le maximum, et ce sans sentiment de honte, et c'est pour cela qu'Il nous demande un petit quelque chose de notre part.]

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-> La guémara (Taanit 21a) écrit que "Na'houm Ich gam zou" (נחום איש גם זו) est appelé par ce titre car il disait constamment : "gam zou létova" (Cela aussi, c’est pour le bien).

Il semble que le mot le plus important : "létova" est manquant de son nom.
Pourquoi n'avons nous pas plutôt : "Na'houm Ich gam zou létova"?.

Le rabbi Hershel de Liska répond que le mot "gam" (גם - aussi, également) nous enseigne d'ajouter un de plus (cf. guémara Baba Kama 65b), car Na'houm ajoutait un de plus au Nom אלהים afin que cela devienne la guématria de אני יהוה.
C'est pourquoi le Nom de "Nahoum ich gam zou", qui était un des maîtres de rabbi Akiva, signifie : Na'houm, l'homme qui ajoutait encore un (gam : ajouter encore un de plus), et par cela il transformait la Rigueur Divine en Miséricorde Divine.

=> Il disait toujours "gam zou" = cela aussi provient d'Hachem, et grâce à cela il a mérité que tout devienne "létova" (des bontés).

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-> Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada - guémara Taanit 21a) écrit :
L’expression : "gam zou" (même ceci – גם זו) est formée des mêmes lettres hébraïques que celles du mot : "mizoug" (mélange – מזוג).
Il y a ici une allusion : si les souffrances d’aujourd’hui sont acceptées avec amour alors la miséricorde d’Hachem se mélangera à cette rigueur (midat hadin) afin de la tempérer.

[ainsi, la émouna a la capacité de transformer les Rigueurs qui sont sur nous, et alors tout ne devient que douceurs! ]

"La fille de Pharaon embrassait et enlaçait Moché. Elle l'aimait comme si c'était son propre enfant ...
Moché était si beau que tout celui qui le voyait ne pouvait pas le quitter des yeux.
Pharaon embrassait et enlaçait Moché."
[midrach Chémot rabba 1,26]

=> Ceci montre à quel point Hachem gère tout dans le monde.
Pharaon pensait faire le maximum pour noyer le sauveur des juifs dans le Nil, mais au final il l'embrassait et l'enlaçait.
Hachem, tu es Unique!

Le mois de Shvat

+ Le mois de Shvat :

-> "Ce fut la 40e année, le 11e mois, le 1er du mois (il s'agit du jour de Roch 'Hodech Shvat) ... que Moché commença à expliquer la Torah" (Dévarim 1,3-5)

-> Le 'Hidouché haRim commente qu'à Roch 'Hodech Shvat les sources de la Torah s'ouvrent.
Il en découle que toutes les nouveautés en Torah de l'année entière proviennent de Roch 'Hodech Shvat.

Le rav Elimélé'h Biderman dit que c'est donc un moment idéal pour prendre un nouvel engagement dans notre étude et notre développement dans la Torah.

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-> Etant la source des bontés de Torah à venir, on comprend pourquoi les initiales de ce mois renvoient à tellement de positivité.
Par exemple :
- à "Shalom" (paix), "Bra'ha" (bénédiction) et "Tova" (bienfait) ;
- ou bien selon le rabbi de Boyan à : "Shana Tova Broukha" ("année bonne et bénie") ;
- ou encore : "Chénichma Bessorot Tovot" ([puissions-nous être bénis] d'entendre [que] de bonnes nouvelles).

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-> La Torah est appelée : "ets 'haïm" (un arbre de vie), et Tou biShvat, le nouvel an des arbres, a lieu le 15 Shvat.

Lorsqu'un homme ressent véritablement qu'il n'existe rien dans le monde en dehors d'Hachem, toute rigueur est adoucie grâce à la lumière de la émouna et il n'a même pas besoin de supplier ni de prier.
Grâce à la confiance et à la foi en Hachem, il bénéficie sur le champ de Sa bonté.
[rabbi Eïzik Safrin de Komarno - Zohar 'Haï (Vaéra)]

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-> "Si dans le Ciel, on veut punir quelqu'un qui le mérite, on lui enlève sa confiance en D., car lorsqu'un homme a confiance en Hachem et dans Sa Providence, aucune force au monde ne peut lui nuire."
[Baal Chem Tov - rapporté par le Toldot Yossef (Michpatim)]

-> "Béni soit celui qui place sa confiance en Hachem et dont Hachem est son appui" (Yirmiyahou 17,7)
Le Sfat Emet (Térouma - תרל"ד) commente : le plus nous plaçons notre confiance en Hachem, le plus de bonnes choses nous arriveront.
Le bita'hon en lui-même amène de grandes délivrances sur une personne.

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-> "Moché revint vers Hachem et Lui dit : "Hachem pourquoi as-Tu fait du mal à ce peuple et pourquoi m'as-Tu envoyé" (Chémot 5,22)

Le rabbi de Komarno explique que sous le poids écrasant de l'esclavage, la foi du peuple était affaiblie et dans ces conditions, les Bné Israël perdaient le mérite d'être délivrés.
Dès lors, si la émouna était absente, Moché demanda : "pourquoi m'as-Tu envoyé" en vain puisque sans émouna, ils ne pourront pas être délivrés.

"Et vous saurez que c'est Moi Hachem votre D. qui vous ait fait sortir du joug de l'Egypte" (Vaéra 6,7)

-> Le Sfat Emet (Vaéra 5634) rapporte que la connaissance de "c'est Moi Hachem" est précisément celle qui "fait sortir" l'homme du joug de son esclavage personnel et de ses épreuves.
En effet, grâce à cette foi, il sait que Hachem le dirige à chaque instant et qu'Il est l'auteur de tout ce qui lui arrive.
Et dès lors, tout ce qui lui apparaît comme souffrance et comme épreuve n'est en réalité que bienfait et bénédiction, joie et délectation.

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-> Hachem dit : "Je suis le premier, je suis le dernier, hors moi point de D.!" (Yéchayahou 44,6)

Le rabbi Hershel de Ziditchov fait remarquer que l'acronyme de : "ani richon vaani a'haron" (Je suis le premier, je suis le dernier - אֲנִי רִאשׁוֹן וַאֲנִי אַחֲרוֹן) est : וארא (Vaéra).
La raison est que la paracha Vaéra doit nous faire prendre conscience que : "Je suis le premier, je suis le dernier", que rien ne peut se passer sans un décret d'Hachem.

[normalement un miracle a pour but de sauver un individu ou un groupe de personnes, mais les miracles de la sortie d'Egypte avaient pour objectif de faire connaître Hachem, et en ce sens plus il y avait de miracles manifestes, le mieux c'était.]

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-> Sortie d'Egypte & émouna : https://todahm.com/2021/01/21/30348