Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Et maintenant ne vous affligez pas" (Vayigach 45,5)

A quoi fait allusion le terme : "Maintenant"?

Nos Sages enseignent que la faute de la vente de Yossef fut payée plusieurs générations plus tard, par les 10 martyrs qui furent tués par les romains (dont Rabbi Akiva).

Ainsi, Yossef voulait faire allusion à cela à ses frères.
Il leur dit :"Et maintenant, ne vous affligez pas" = c’est comme s’il leur disait : "Maintenant, dans cette génération, vous n’avez pas à vous affliger, car vous n’allez pas payer pour la faute de la vente. Mais dans le futur, dans la génération des 10 martyrs, c’est là que vous aurez lieu de vous affliger, car c’est là que vous allez payer cette faute par la mort des 10 martyrs !"

[Rabbi 'Haïm Vital]

<--------------->

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne que lorsque Yossef s'est révélé à ses frères, il a pleuré, et ce n'était pas qu'un simple pleur personnel.
En effet, son pleur comprenait également les pleurs des autres tribus, ceux de tout le peuple d'Israël, et ceux des 10 martyrs tués par les romains.

Yossef a pleinement ressenti la douleur des autres, et son pleur était si puissant que toute l'Egypte et le palais de Pharaon ont pu l'entendre, puisqu'étant composé d'un cumul de pleurs collectifs représentant un nombre considérable de souffrances et de douleurs.

<------------------------>

"Et maintenant ne vous affligez pas, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m'avoir vendu" (Vayigach 45,5)

-> Le rabbi de Shinov explique que Yossef leur disait : "Ne vous attardez pas sur votre faute de m'avoir vendu, mais plutôt "Et maintenant" = pensez au présent ; "ne vous affligez pas" = n'en soyez pas tristes.

-> Rabbi Guerchon de Radzin enseigne également :
"L'homme triste n'a pas besoin de raison particulière pour être coléreux. Dès son réveil, il s'emporte contre le monde entier. Il en veut à chacun. A ses yeux, le monde entier est coupable.
C'est la raison pour laquelle, en prenant congé de ses frères, Yossef, le vice-roi d'Egypte, leur a dit : "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes!" (Vayigach 45,5)."

<--->

A ce sujet :
- Un être vivant c’est celui qui vit dans le présent : http://todahm.com/2020/12/27/un-etre-vivant-cest-celui-qui-vit-dans-le-present
- http://todahm.com/2020/12/27/29930

Le Beit Aharon enseigne : "la tristesse n'est pas une faute, mais elle peut amener les gens plus bas que la pire des fautes. La joie n'est pas une mitsva, mais elle peut élever une personne plus haut que la plus grande des mitsva".

"Yossef ne put se contenir ... Faites sortir tout le monde de devant moi!" (Vayigach 45,1)

-> Le nom Yossef, fait ici référence à Hachem.
La guématria de Yossef (156 - יוסף) est équivalente au Nom Divin (26 - Tétragramme - יהוה) multiplié par 6.
Nous sommes actuellement dans le 6e millénaire [suivant la Création du monde], "Hachem ne peut plus supporter/se contenir" de nous voir en exil, et Il désire se révéler à nous.

Finalement, Hachem va renvoyer tous les Accusateurs Célestes qui L'empêchent d'amener le machia'h et de se rapprocher de Son peuple. Il annoncera alors au monde entier : "Faites sortir tout le monde de devant moi!", et Il se révélera alors Lui-même à nous!

[le Abir Yaakov - Rabbi Yaakov Abou’hatséra]

"Pharaon dit à Yaakov : "Combien sont les jours des années de ta vie?"
Yaakov dit à Pharaon : "Les jours des années de mes pérégrinations sont 130 ans. Peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie et ils n'ont pas atteint les jours des années de la vie de mes pères, les jours de leurs pérégrinations"." (Vayigach 47,8-9)

-> Le Daat Zékénim rapporte le midrach suivant :
"Quand Yaakov dit : "Peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie", Hachem lui dit : "Je t’ai sauvé des mains d’Essav et de Lavan, Je t’ai rendu Dina, ainsi que Yossef et tu te plains d’une vie courte et malheureuse! Par ta vie, le nombre de mots depuis "Pharaon dit" jusqu’à "les jours de leurs pérégrinations" te sera déduit et tu ne vivras pas aussi longtemps que ton père, Its’hak. En effet, Its’hak vécut 180 ans et Yaakov mourut à l’âge de 147 ans."

=> Le midrach blâme Yaakov qui qualifia les années de sa vie de "peu nombreuses et mauvaises". Il perdit à cause de cela une année de vie par mot employé dans ce dialogue plaintif. Or celui-ci comprenait 33 mots et c’est ainsi que Yaakov ne vécut que jusqu’à 147 ans au lieu des 180 années de vie de son père.
[il est important de se rappeler que nos Sages grossissent les erreurs des grands personnages de la Torah pour que cela nous serve d’exemple. Yaakov souffrit plus que ce que l’on pourrait imaginer et fut jugé de manière très rigoureuse pour ces paroles.]

-> Le Rav ’Haïm Chmoulévitz (Si’hot Moussar - Maamar 29) note que Yaakov ne prononça que 25 mots, les 8 autres ont été dits par Pharaon ou ont servi à introduire la question de ce dernier.
=> Yaakov ne fut pas seulement sanctionné pour les mots qu’il émit, mais aussi pour ceux de son interlocuteur. Pourquoi?

Le rav Chmoulévitz tire 2 enseignements du midrach :
1°/ le rav explique que Yaakov semblait tellement âgé à cause de son attitude face aux souffrances. S’il n’avait pas eu une vision aussi négative de la vie, il n’aurait pas paru si vieux et cela n’aurait pas éveillé cette question immédiate de la part de Pharaon. Donc, il perdit 25 ans à cause de sa réaction face à ses épreuves, et 8 ans supplémentaires à cause de cette même attitude qui le fit paraitre vieux, au point que Pharaon le questionne à ce propos.
Ceci nous apprend que les sentiments de la personne jouent sur son aspect extérieur et si cette apparence transmet un message négatif, l’individu en est tenu responsable.

2°/ On ne prétend pas que Yaakov n’a traversé aucune difficulté dans sa vie, mais [dans le midrach ci-dessus] Hachem évoqua les 4 grandes épreuves que Yaakov dut affronter : la menace d’Essav, l’affreuse période passée auprès de Lavan, l’enlèvement de Dina et la disparition de Yossef.
Hachem souligna qu’Il l’avait finalement sauvé d’Essav et de Lavan et qu’Il lui avait rendu Dina et Yossef.
Yaakov est donc critiqué pour ne s’être focalisé que sur la douleur causée par ces événements plutôt que sur le sauvetage d’Hachem à chaque fois (quoique la souffrance endurée à ces moments fût terrible).

C’est une leçon fondamentale ; bien évidemment, on traverse parfois des moments douloureux dans la vie, qui ne se terminent pas de la manière la plus rose qui soit. Mais souvent, l’individu parvient à sortir de cette difficulté et cette même épreuve s’avère parfois positive.
La sévère réprimande contre Yaakov nous enseigne que nous devons tous nous efforcer à voir le côté positif des désagréments subis et de ne pas ressasser sans arrêt leur côté éprouvant.
L’observation du Rav Chmoulévitz va plus loin et s’avère plus exigeante : si l’on traverse une dure épreuve, il nous faut quand même paraître radieux et sereins.
[même si c'est dur actuellement dans notre vie, une pensée doit dissiper cela : la conscience que cela vient de notre papa Hachem pour notre bien ultime! Même si je n'y comprend rien, Lui qui peut tout, Il sait ce qu'il fait!!]

-> De nombreux Guédolim furent frappés par de grandes tragédies au cours de leurs vies, mais on retrouvait toujours en eux un comportement positif. Prenons l’exemple du rav de Brisk : il souffrit le martyre durant l’Holocauste, perdit sa femme et 3 enfants. Sa douleur était telle qu’il n’arrivait même pas à en parler, il en faisait souvent des cauchemars. Il était par ailleurs connu pour son impressionnante crainte du Ciel et pour son sérieux.
Pourtant, son proche disciple (et membre de sa famille), Rav Moché Chmouël Shapira témoigna que ce qui émanait dans la maison du Rav de Brisk, c’était la joie de vivre ambiante.

[cet échange entre Yaakov et Pharaon doit nous aider à mieux aborder nos difficultés de la vie.]

<--->

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) explique que probablement Yaakov avait peur que Pharaon devienne jaloux de sa longue vie, et mette sur lui son mauvais œil (ayin ara). C'est pour cela qu'il a dit : "peu nombreux et mauvais ont été les jours des années de ma vie".

Le rav Sternbuch ajoute : "Nous voyons de là que nous ne devons jamais nous vanter à propos de notre famille, de notre richesse, ... et éviter ainsi le mauvais œil, qui vient sur nous par le biais de la jalousie."

-> b'h, sur le lien entre la jalousie et le ayin ara : https://todahm.com/2018/12/09/jalousie-et-mauvais-oeil

<--->

-> Yaakov a vécu 33 ans de moins que son père (Its'hak qui est mort à 180 ans), parce qu’il est écrit "une malédiction injuste ne se réalisera pas", à propos de la malédiction qu’il a donnée à Ra’hel en disant : "celui chez qui tu trouveras tes dieux ne vivra pas (lo i’hié)" (Vayétsé 31,32).
Il lui manquait le compte de i’hié (יִחְיֶה), à savoir 33, dans ses années.
[Baal haTourim]

["La durée de la vie de Yaakov fut de 147 années" (Vayé'hi 47,28)]

<----->

-> Le rav Simshon Raphael Hirsch donne l'explication suivante :
Dans sa réponse, Yaakov exprime : Les jours des années de ma vie ne sont pas nombreux et ne peuvent se comparer à ceux de mes pères qui ont vécu davantage, au sens où chaque jour de leur existence a été vécu pleinement.

<----->

+ "De combien sont les jours des années de ta vie?"

-> Parce qu'on a dit à Pharaon qu'à l'arrivée de Yaakov, le Nil était monté à ses pieds, alors il en avait été très heureux, et pensait que tant que Yaakov serait en vie, le Nil monterait à ses pieds et arroserait la terre.
Cependant, lorsqu'il vit Yaakov et s'aperçut qu'il était maigre comme un vieillard, il se dit qu'il était certainement très âgé, et qu'il allait mourir bientôt, par conséquent qu'elle cause de réjouissance les égyptiens avaient-ils?
=> C'est pourquoi il lui a demandé son âge, et Yaakov lui a alors répondu : les jours des années de ma vie ont été peu nombreux et mauvais, la vieillesse qui m'atteint vient du nombre des épreuves que j'ai traversées, mais j'espère encore arriver au même âge que mon père, qui a vécu 180 ans.
[Kli Yakar]

<--->

+ "De combien sont les jours des années de ta vie?"

-> Au palais, en Egypte, c'était la coutume que la porte de la pièce où se tenait le roi soit une ouverture basse, de façon à ce que celui qui rentrait soit obligé de se prosterner.
Quand Avraham en son temps se présenta devant Pharaon le roi d'Egypte, Hachem lui fit un miracle et cette ouverture s'éleva, de sorte qu'il ne fut pas obligé de se baisser, mais entra devant lui la tête haute.
Quand Yaakov rentra chez Pharaon, le même miracle se produisit.
=> C'est pourquoi Pharaon s'étonna, car il croyait que l'homme qui se tenait en face de lui était Avraham. Et il a ainsi demandé : "Mais quel âge as-tu?"

<------------------------------------------------------------->

"Yéhouda s'approcha de lui et dit : ... auprès de ton serviteur mon père" (Vayigach 44,18,24)

-> En parlant à Yossef de leur père Yaakov, il en fait allusion par : "ton serviteur, mon père".
Bien que Yossef devait vivre 120 ans, il a perdu 10 années de sa vie car il a permis à ses frères d'appeler ainsi leur père, sans les stopper.
Mais pourquoi a-t-il été puni par 10 années, alors que les frères ne mentionnent qu'à 5 reprises leur père comme étant son serviteur (v.43,28 ; 44,24 ; 44,27 ; 44,30 ; 44,31)?

Le Pirké déRabbi Eliézer (29) répond qu'il a entendu une fois les paroles en hébreu, et qu'ensuite on les lui a traduites, puisque tout le monde pensait qu'il ne connaissait pas l'hébreu.
[le Gaon de Vilna]

<----->

-> C'est Ménaché, le fils de Yossef, qui était le traducteur.
Il a compris que c'était les frères de son père, et dans sa traduction, il a employé : "mon père", en excluant : "ton serviteur", par respect pour Yaakov
=> La question reste alors entière : pourquoi 10 ans?

Yossef a été puni pour avoir demandé des nouvelles de son père lorsque ses frères ont apporté Binyamin.
En effet, à son niveau, il aurait dû anticiper qu'ils pourraient employer ce terme : "ton serviteur".
Il a été puni par 10 ans de vie en moins, car les 10 frères ont répondu en même temps à sa question.
[le Pardess Yossef]

<----->

-> "Il lui apparut, tomba à son cou et pleura abondamment à son cou" (Vayigach 46,29)
Yossef a perdu 10 années de sa vie car il a causé le fait que Yaakov s'est incliné devant lui.
Yossef est venu accueillir son père en revêtant l'habit royal qui comporte 10 vêtements.
Lorsque Yaakov a observé Yossef de loin, il ne l'a pas reconnu, et la vision des habits royaux, l'a poussé à s'incliner.
Si Yossef n'avait pas de tels habits, il aurait évité à son père de se prosterner devant lui!
[Targoum Yonatan ben Ouziel]

<--->

-> Le Haémek Davar (rapporté dans le Darach David) explique que Yossef s'efforçait de faire en sorte que son second rêve s'accomplisse.
Yossef s'affligeait cependant de devoir contraindre son père à se prosterner devant lui.
Du reste, ses jours n'en seraient-ils pas écourtés puisqu'il transgressait ainsi le 5e commancement disant : "Honore ton père et ta mère ... afin que tes jours soient prolongés" (Dévarim 5,16).
Ses pleurs, lors de ses retrouvailles avec Yaakov, soulignaient aussi sa peine pour cette atteinte à l'honneur de son père et son désir qu'il lui pardonne.
Malgré cela, son père se prosterna devant lui, et avec lui toute sa famille ; ainsi le second rêve de Yossef se réalisa à son tour.

"Yaakov n'a jamais cru que Yossef a été tué par un animal sauvage ; il pensait que Yossef avait perdu sa tête en devenant un animal sauvage!

En effet, Yaakov a raisonné que si Yossef était mort, il lui serait apparu en rêve. Mais puisqu'il ne l'a pas fait, cela signifiait forcément qu'il avait perdu sa tête, qu'il était devenu fou et qu'il vivait parmi les animaux.
Le sang sur sa tunique provenait probablement de l'attaque d'un prédateur malade qui l'aurait mordu, ce qui a entraîné qu'il en soit également contaminé."

['Hatam Sofer - Torat Moché]

"Le voici qui se tient derrière le mur, qui regarde par les fenêtres" (Chir haChirim 2,9)

-> Selon le 'Hafets 'Haïm, il s'agit du machia'h, qui est constamment prêt, attendant impatiemment de pouvoir intervenir (regardant même "par les fenêtres"!).

Il écrit : "Nous ne devons jamais oublier que la sonnerie perçante du Shofar, annonciatrice de sa venue, peut être entendue à tout moment [et ce quoique nous soyons en train de faire]."

<------>

-> Le Roch Yéchiva de Porat Yossef surprit une fois une conversation de ses élèves traitant de politique – quels ministres seraient élus. Il les gronda alors en disant : "Celui qui tient de tels propos semble ne pas attendre la venue du machia'h, à D. ne plaise. Car nous devons chaque minute attendre sa venue, et lorsqu’il viendra, tous les pouvoirs seront annulés. Alors, à quoi bon s’intéresser à la politique si, en l’espace d’un instant, tout cela peut être anéanti?"

Et d’ajouter, en guise d’explication : "Ceci est comparable à un homme qui a commandé un taxi : il l’attend dans la rue et ne détourne pas son attention jusqu’à ce qu’il arrive, conscient qu’il peut apparaître d’une minute à l’autre. De même, nous devons savoir que le machia'h peut venir à tout instant!"

"Pharaon nomma Yossef Tsafnat-Panéa'h et lui donna Osnat, fille de Poti-Phéra, chef de On, pour épouse. Et Yossef sortit dans le pays d'Egypte" (Mikets 41,45)

-> Poti-Phéra et Potiphar ne font qu'un (cf.v.37,36), le premier maître de Yossef.
En laissant sa fille épouser Yossef, Potiphar le blanchit des accusations portées par son épouse.
[le Alchikh]

[A ce moment, Yossef a 30 ans, et il était séparé de sa famille depuis 13 années.]

-> Le midrach dit qu Osnat était la fille de Dina et de Che'hèm.

Lorsque les enfants de Yaakov ont voulu tuer Osnat, Yaakov lui a donné une amulette en or qu'elle devait porter autour du cou, sur laquelle il était gravés les mots suivants : "Quiconque épousera cette jeune fille doit savoir que ses enfants seront les descendants de Yaakov". [selon d'autres, c'était sur un minuscule parchemin contenu dans le boitier de ce médaillon]
Elle s'est cachée dans les ronces et les buissons afin de sauver sa vie, car les frères [Chimon et Lévi] voulaient la tuer. D'ailleurs, elle s'appelle Osnat, en allusion au "shné" (buisson) dans lequel elle a pu se dissimuler.

L'ange Gavriel l'a pris et l'a placé proche de la femme de Potiphar. Elle y grandit et y fut élevé comme sa fille adoptive.

Après que Yossef ait interprété le rêve de Pharaon, et qu'il est devenu vice-roi d'Egypte, toutes les femmes d'Egypte sont venues devant Yossef afin de lui exposer leur beauté.
Chacune de ces femmes lui jetait quelque chose (comme des bijoux), et c'est ainsi que Osnat lui a lancé l'amulette que Yaakov lui avait donnée.
Yossef a vu l'amulette et il a reconnu qu'elle était la petite-fille de Yaakov, et il s'est marié à elle.

[Tséda laDéré'h]

<--->

-> Le Méam Loez (Mikets 41,45) rapporte un autre commentaire :
La phrase inscrite sur le médaillon était indéchiffrable pour les égyptiens. Quand Osnat se trouvait dans la maison de Potiphar, elle se rendit auprès de tous les savants d'Egypte afin d'essayer d'en comprendre la signification. Mais personne ne savait comment la lire.
Bien qu'elle vivait sous le même toit que Yossef, elle ne s'adressa jamais à lui pour déchiffrer cette phrase étrange. Elle pensait que si les magiciens ne pouvaient le faire, à plus forte raison un simple esclave.
Maintenant que Yossef était reconnu comme l'homme le plus sage du pays, Potiphar vint le consulter et lui en expliqua le sens.
Pharaon comprit l'intention de Yossef, et le jour même, il l'autorisa à épouser Osnat.

En partie, ce bienfait était dû également au mérite de Yossef. Quand Yaakov rencontra Essav, Yossef se plaça devant Ra'hél, sa mère, afin qu'Essav ne l'aperçoive pas. Ce qu'il fit alors aucun de ses frères ne l'avait accompli pour leur mère.
En récompense, Yossef épousa Osnat, la fille de Dina, la fille que Yaakov avait tenté de cacher des yeux d'Essav (en la dissimulant dans une boîte).

<--->

-> "Il lui donna sa fille Asnat pour épouse"
"Asnat" (אָסְנַת) a la même valeur numérique que : "zou hi bat Dina" (c'est la fille de Dina).
Cette fille était effectivement Asnat, la femme de Yossef.
[Sifté Cohen]

<--------------------------------------------------->

+ "Pharaon nomma Yossef : Tsafnat Paanéa'h"

-> Rachi : [Pharaon a appelé ainsi Yossef, et ce nom signifie : ] Qui explique les choses cachées (tséfounot).
[au-delà du fait qu'il a révélé le rêve de Pharaon, ce changement de nom va permettre de dissimuler son identité lors de la venue ultérieure de ses frères.]

A noter que Tsafnat Panéa’h (צָפְנַת פַּעְנֵחַ) a la même valeur numérique [828] que "Mistarim Mégalé" (des mystères, il dévoile - מסתרים מגלה)
[Séfer Panéa’h Raza - Mikets]

-> "Tsafnat Panéa’h" : C’est un mot égyptien (qui signifierait: "D. a parlé et a donné la vie" ou "Délivrance du Monde" - voir Haktav VéHakaballa).
Telle était l’habitude au moment où l’on nommait quelqu’un dans leur Maison, comme Moché qui a nommé Hochéa Bin Noun, Yéhochoua, lorsqu’il en fit son serviteur.
[Rachbam]

-> Rabbi Leib ‘Harif explique que les égyptiens étaient irrités contre Pharaon. Comment avait-il pu mettre un esclave à leur tête? protestèrent-ils.
Le roi chercha donc un moyen de leur prouver que Yossef n’était pas un esclave. Que fit-il?
Il lui donna le nom "Tsafnat Panéa’h = "celui qui dévoile prophétiquement les choses cachées", prouvant qu’il ne pouvait être un esclave puisque "D. ne fait reposer Sa Présence que sur les familles de lignée irréprochable" (guémara Kiddouchin 70b).

-> Si tel est le sens de ce nom, Yossef n’aurait-il pas plutôt du s’appeler : Panéa’h (qui révèle) tsafnat (les choses cachées) [en inversant l’ordre des deux noms]?
Yossef a atteint ce niveau élevé de dévoilement des choses cachées parce qu’il était extrêmement discret et dissimulait son intégrité.
Tel est le sens de son nom : "Tsafnat" = étant donné qu'il se cachait et dissimulait ses qualités ; "Paanéa'h" = il a mérité la capacité de révéler les choses cachées.
[Sfat Emet].

Cette nomination provenait du Ciel, afin que son vrai nom Yossef soit dissimulé à la face du monde, et que ses frères ne le reconnaissent pas lorsqu’ils descendront en Egypte durant les années de famines [cf. 'Hatam Sofer].

<--->

-> Le midrach (Béréchit rabba) rapporte :
Les Sages disent que "Tsafnat Paanéa'h" est composé des initiales de :
Tsadik => Tsofé (voit) = il voyait l'avenir ;
Pé => Podé (rachète) = par sa sagesse, il sauvait et rachetait l'Egypte ;
Noun => Navi (Prophète) = il prophétisait l'avenir ;
Tav => Tomé'h (soutien) ;
Pé => Poter (interprète) = il interprétait les rêves ;
Ayin => Aroum (rusé) = il était sage ;
Noun => Navon (intelligent) ;
'Hét => 'Hozé (il avait la vision).

<--------------------------------------------------->

+ Récompense de Yossef :

-> Chacun des nombreux membres de notre corps, outre leur fonction physique possède une fonction spirituelle.
Si ce membre contribue à accomplir une mitsva, il sera récompensé et s'il participe à une transgression, il sera sanctionné.
C'est ainsi que chaque membre du corps de Yossef, qui a fui devant les avances de l'épouse de Potifar, a été récompensé, selon le midrach (Béréchit rabba 20,3) :
- sa bouche (qui n'a pas embrassé cette femme) donnera des ordres à tous les égyptiens ;
- son corps (qui ne l'a pas touchée) sera revêtu de vêtements royaux de lin ;
- son cou sera paré d'un collier royal en or ;
- sa main recevra l'anneau royal de Pharaon ;
- ses pieds monteront dans le char royal ;
- ...

Par contre, selon la guémara (Sota 8b), tous les membres de la femme Sota, qui auraient participé à l'acte d'infidélité envers son époux, seront sanctionnés afin d'expier ses fautes : son visage verdira, ses yeux deviendront globuleux, ses ongles tomberont, son ventre gonflera, ...
[rav Lumbroso]

Questions/Réponses – Paracha Vayigach

+ Questions/Réponses - Paracha Vayigach :

1°/ "Il adviendra, lorsqu'il verra que le jeune homme n'est pas là [Binyamin], et tes serviteurs auront fait descendre la vieillesse de ton serviteur notre père avec affliction dans la tombe" (Vayigach 44,31)

=> Pourquoi est-ce que Yéhouda évoque à Yossef, uniquement la douleur de leur père Yaakov, et nullement celle des 10 enfants qu'avait Binyamin à cette époque?

Rabbi Mendel de Kotzk enseigne qu'on peut dériver de là que l'amour d'un père pour chacun de ses 12 enfants est plus grand, que le cumul de l'amour de chacun des 10 enfants pour leur père.

Le rav Dessler écrit que les sentiments d'amour envers une autre personne, proviennent de tout ce que l'on a pu faire bénévolement pour elle.
Comme tout parent peut l'affirmer, élever un enfant représente une opportunité de pouvoir constamment donner de soi-même. C'est pourquoi, les sentiments d'amour générés n'ont pas d'équivalents, comme Yéhouda l'explique à Yossef.

<----------------------------->

2°/ Comment comprendre une apparente contradiction entre les 2 versets suivants :

-> "[Pharaon dit à Yossef : ] Si tu sais qu'il y a parmi eux des hommes vaillants, nomme-les intendants surs les troupeaux qui m'appartiennent." (v.47,6)

-> "[Yossef dit à ses frères : ] Vous demeuriez dans la province de Gochen, car tout berger de moutons est une abomination pour les Égyptiens" (v.46,34)
Rachi commente Gochèn : c’est une région de pâturage. Lorsque vous lui direz que vous n’êtes pas experts à un autre travail, il vous éloignera de lui et vous y fera demeurer.
Le mouton est pour eux une divinité.

-> Le Ibn Ezra écrit que les troupeaux de Pharaon n'étaient pas constitués de moutons, mais de chevaux et d'ânes.

-> Le Maskil léDavid affirme que les égyptiens possédaient certainement des moutons, et comme preuve, on peut voir qu'ils donnaient à Yossef des moutons en échange de nourriture (v.47,17), et lors de la 5e plaie (la peste) Moché avertit Pharaon que les moutons des égyptiens seraient touchés (Chémot 9,3).

Ainsi, il est d'avis que les égyptiens avaient de la haine uniquement envers ceux qui élevaient des moutons dans le but de les égorger et de les manger, mais ils respectaient ceux qui prenaient soin d'eux pour les engraisser.

En effet, tous les égyptiens avaient pour divinité les moutons, et ils détestaient les bergers.
Cependant, Pharaon se voyant lui-même comme un dieu, il n'avait pas besoin d’idolâtrer les moutons, et il avait donc son propre troupeau.

-> Le Mochav Zékénim (46,34) explique que les égyptiens avaient interdit la présence de moutons parmi eux, mais loin d'eux ils étaient permis, et c'est pour cela que Yossef conseilla à ses frères qu'en se déclarant berger, ils auront l'assurance de vivre séparément à Goshén.

=> On peut comprendre leur haine envers ceux qui mangent leur divinité : les moutons, mais pourquoi également envers les bergers qui prennent soin d'eux?

-> Selon le Sifté 'Hakhamim, c'est parce que les bergers sont constamment autour des moutons, devenant ainsi témoins de tous leurs actes, et donc du fait qu'ils font les mêmes activités que les autres créatures.
Les bergers réalisent donc clairement qu'ils ne sont en rien des divinités et qu'ils ne possèdent aucun pouvoir particulier.

=> En raison de leur conscience de la véritable nature des dieux qu'ils idolâtraient, les égyptiens avaient de la haine pour les bergers.
[ce qui est parfait pour maintenir une distance entre les juifs et les égyptiens]

-> Le Ibn Ezra écrit qu'en étant fréquemment présent avec les moutons, les bergers buvaient de leur lait.
Les égyptiens voyaient cela comme une attitude insultante et dégradante envers leurs divinités, et c'est pour cela qu'ils les détestaient.

<----------------------------->

3°/ Quelles bénédictions Yaakov a-t-il récité lorsqu'il a retrouvé Yossef en Egypte?

-> La guémara (Béra'hot 58b) enseigne qu'une personne qui rencontre un ami, après ne pas l'avoir vu pendant une période d'au moins 12 mois, doit réciter la bénédiction : barou'h mé'hayé amétim (Beni est celui qui fait revivre les morts).
Le Chou'han Arou'h (Ora'h 'Haïm 225,1) ajoute que cette bénédiction n'est à dire que si cette personne nous est extrêmement précieuse à nos yeux, et que le fait de la retrouver nous procure de la joie.

Le Na'halat Avraham écrit que Yaakov et Yossef ont récité cette bénédiction en se revoyant pour la 1ere fois depuis 22 ans.

-> Le Shibolé haLékét ajoute que lorsque Yaakov est arrivé en Egypte, et que tous ses enfants ont été de nouveau réunis, il a également récité la bénédiction : barou'h ata Hachem mékabets nid'hé amo Israël (Béni Tu es Hachem qui réuni les exilés du peuple d'Israël).

<----------------------------->

4°/ "Yossef leur dit : Ne vous agitez pas en chemin" (Vayigach 45,24).

Une des explications de Rachi est : Ne marchez pas à grandes enjambées.
En effet, la guémara (Taanit 10b) enseigne qu'en faisant ainsi, cela entraîne à une personne de perdre 1/500e de sa vue.

=> Pourquoi une personne ne devient-elle pas totalement aveugle après avoir fait 500 grandes enjambées?

-> Les Tossefot (Taanit 10b) écrivent que la 1ere enjambée retire un 1/500e de la vision d 'une personne, et la 2e enjambée lui en retire moins : 1/500e de ce qu'il reste.
Ainsi, puisque chaque nouvelle enjambée retire de moins en moins, même un nombre important ne rend pas totalement aveugle.

=> Pourquoi est-ce que c'est particulièrement la 1ere enjambée qui retire le plus de vision?

-> Les Tossefot répondent que : "tous les débuts sont difficiles", signifiant qu'il est plus dur de commencer.

Par ailleurs, ils suggèrent que seule la 1ere enjambée entraîne véritablement des dommages, car ensuite une personne est de plus en plus habituée à faire des enjambées.

<----->

-> b'h, un beau dvar Torah indirectement lié : Le Shabbath rend la vue : https://todahm.com/2015/02/16/le-shabbath-rend-la-vue

<--->

-> b'h, d'autres explications sur ce verset (v.45,24) : http://todahm.com/2020/11/02/38180

<----------------------------->

5°/ "Fils de Acher : Yimna, Yichva, Yichvi, Béria et leur sœur Séra'h" (Vayigach 46,17)

-> Le Baal haTourim (Dévarim 33,24 - citant le Pirké déRabbi Eliézer 38) écrit que lorsque les frères ont vendu Yossef en tant qu'esclave, ils ont émis une interdiction entraînant qu'aucune personne ne pouvait rapporter ce qui s'y été déroulé.
[certains commentateurs disent que Hachem et Its'hak ont également été associés à ce serment de ne rien révéler]

Le Targoum Yonathan ben Ouziel (Béréchit 46,17) écrit que la vérité à propos du destin de Yossef a été révélée de façon prophétique à Séra'h fille de Acher, qui a alors rapporté à Yaakov que Yossef était encore en vie en Egypte.
Lorsque les frères de Yossef ont entendu que Séra'h connaissait leur secret, ils ont supposé qu'elle avait dû l'apprendre de son père Acher, et ils ont décidé de l'excommunier pour avoir violer l'interdiction.
Par la suite, Moché rabbénou a été au courant de la véritable source d'information de Séra'h, et à la fin de sa vie, il a pu modifier son excommunication.

La guémara (Moéd Katan 15b) enseigne qu'un excommunié ne peut pas avoir de relation conjugale. C'est pourquoi Moché a béni Acher d'avoir des enfants (barou'h mibanim Acher).

De plus, puisque ses frères avaient pris de la distance avec lui, Moché l'a béni : "qu'il soit agréable à ses frères".
[idem sur le fait de porter des chaussures, car selon le Yoré Déa (334,2), un excommunié n'a pas le droit d'en porter]

-> Selon le Pirké déRabbi Eliézer, c'est Séra'h qui a été choisie pour annoncer la bonne nouvelle que Yossef était vivant. Elle le fit en jouant de la harpe et en chantant délicatement cette annonce à Yaakov.
Ce dernier a alors béni sa petite-fille de lui avoir apporté la consolation, lui promettant qu'elle mériterait pour cela la longévité ; elle a effectivement vécu de longs siècles et finalement, elle est entrée vivante au gan Eden.

Par exemple, Rabbénou Ephraïm, rapporte qu'on moment de la sortie d'Egypte, Moché va s’adresser à Séra’h, fille d’Acher, seule descendante directe des tribus restant encore en vie.
Elle lui apprendra que les égyptiens ont scellé les restes de Yossef au fond du Nil, espérant que sa présence apportera la bénédiction.
[Grâce à cela, Moché pourra récupérer les ossements!]

[Séra'h jouira d'une vie extrêmement longue, puisqu'on cite son nom dans les chroniques de l'histoire (Divré haYamim), plus de 690 ans plus tard, au temps du roi David. ]

-> Le Pérouch Yonathan (v.46,17) dit que Naftali est arrivé le 1er auprès de Yaakov et lui a appris que Yossef était vivant. Il ne l'a pas cru et c'est seulement après la douce mélodie de Séra'h que Yaakov a permis à la vérité d'entrer dans son cœur et a admis que Yossef était vivant.

-> Si Hachem avait accordé l'inspiration Divin à Yaakov pendant ces 22 années, ses prières auraient été exaucées et la situation de Yossef lui aurait été révélée.
D'après le Binyan Yéhochoua (sur Avot déRabbi Nathan 30,4), c'est uniquement après que l'inspiration Divine lui ait été rendue que Yaakov a [pleinement] cru que Yossef était en vie, la présence Divine elle-même l'en ayant informé.
[il se peut que Séra'h a réveillé la joie en Yaakov, permettant alors à la Présence Divine de revenir sur lui, et d'ainsi lui assurer la certitude que son fils Yossef était vivant.]

<----------------------------->

-> Le saviez-vous?

Binyamin est arrivé à un niveau attribué à personne d'autre dans l'histoire juive.
En effet, c'est le seul à faire partie des 2 listes suivantes :
- Selon la guémara (Shabbath 55a ; Baba Batra 17a), il y a uniquement 4 personnes dans l’histoire du monde qui sont mortes sans n’avoir jamais fait de faute.
Il s’agit de : Binyamin (le fils de Yaakov), Amran (le père de Moché), Yshaï (le père du roi David) et Kilav (le fils du roi David). Selon certains, on peut y ajouter : Lévy et Yéhochoua.
Rachi explique : "Cela signifie qu'il n'avait pas mérité de mourir (puisque sans faute personnelle), mais le décret avait été prononcé pour toute la descendance d'Adam à la suite du conseil du serpent".
- Nos Sages (guémara Baba Batra 17a) le comptent parmi les 7 personnes qui n'ont pas été la proie des vers après la mort (il y a : Avraham, Its'hak, Yaakov, Moché, Aharon et Myriam. Certains ajoutent le roi David).

"Je suis Yossef ; mon père vit-il encore? (aod avi 'haï - הַעוֹד אָבִי חָי)
Ses frères ne purent lui répondre, car ils avaient été frappés de stupeur devant lui.
Yossef dit : ... Je suis Yossef votre frère" (Vayigach 45,3-4)

-> Pourquoi est-ce que Yossef a commencé par dire : "Je suis Yossef", et ensuite : "Je suis Yossef votre frère"?

Au départ Yossef ne savait pas si ses frères regrettaient de l’avoir vendu, et il ne pouvait donc pas les considérer véritablement comme ses frères s’ils ont toujours de mauvais projets à son égard.
Mais quand il vit qu’en entendant ses propos ils furent bouleversés et eurent honte, il en déduisit qu’ils regrettaient leur acte et en avaient profondément honte.

Nos Sages (guémara Béra'hot 12b) enseignent que toute personne qui fait une faute et qui en a ensuite honte, sa faute lui est pardonnée.

S'il en est ainsi, ses frères n'ont plus la faute de l'avoir vendu, et de fait cela explique pourquoi Yossef les appelle alors : "Je suis Yossef votre frère".
A présent que la haine est terminée et qu’ils regrettent de l’avoir vendu, la fraternité peut être rétablie.

[Ktav Sofer]

<--------------------------------->

-> Yossef disait à ses frères : "Je suis Yossef", signifiant : Je suis toujours le tsadik connu comme Yossef. Non seulement je n'ai pas perdu mon nom Yossef, mais "encore" (aod - הַעוֹד) : la lettre ה était עוד, c'est-à-dire ajoutée à mon nom [Je suis maintenant connu comme : יהוסף].

Ainsi : "mon père est encore en vie", car si Yossef avait fauté, il aurait entraîné un défaut spirituel également Yaakov.
En effet, le Zohar déclare : Yaakov représente le corps, et Yossef représente la brit, et ils sont les 2 considérés comme un.
Puisque Yossef n'a pas fauté : "mon père est encore en vie" = Yaakov est encore en vie et sans défaut [du fait de son fils].

[Ben Ich 'Haï]

<------>

-> Rabbi Schechter enseigne que le mot : "père" (אָבִי) a une guématria de 13, comme le mot : "un" (אחד).

Yossef exprime à ses frères que ce qu'ils ont pu faire est derrière eux.
Il leur témoigne de l'amour, et le fait qu'il ressent leur chagrin.
Ainsi, le verset peut se lire : "Est-ce que notre unité (a'hdout) vit-elle encore?"

-> Le Ben Ich 'Haï fait remarquer que le mot : "un" (אחד) d'une valeur de 13, fait allusion au fait que les 2 enfants de Yossef : Ménaché et Efraïm, vont chacun être à la tête d'une tribu, comme les autres frères de Yossef.
=> Ainsi, les 13 tribus vont former une seule unité (אחד) : le peuple juif.
["Est-ce que notre unité (de 13 tribus) vit-elle encore?"]

"Vous direz : "tes serviteurs sont des bergers …" Car tout berger est une répugnance pour l’Egypte" (Vayigach 46,34)

En général, les gens aiment bien plaire devant les autorités et avoir une certaine importance devant le monde extérieur. Pour cela, ils s’efforcent de dire des choses qui trouveront grâce à leurs yeux.

Cependant, Yossef n’a pas agi ainsi, puisque c'est parce qu’il savait que l’Egypte répugne les bergers, qu’il a dit que ses frères sont des bergers.
Il a justement dit ce qui n’allait pas favoriser leur intégration, et ce pour ne pas que se crée de proximité entre les égyptiens et sa famille.

['Hidouché Harim]

<--------->

-> b'h, pour approfondir ce sujet : https://todahm.com/2018/02/20/6023

"Et Yossef ne put se contenir en présence de tous ceux qui se tenaient devant lui ; il s'écria : "Faites sortir tout le monde de devant moi!" Et personne ne resta auprès de lui lorsque Yossef se fit connaître à ses frères" (Vayigach 45,1)

-> Selon Rachi : Il ne pouvait accepter que les Égyptiens se tiennent là et qu’ils assistent à l’humiliation de ses frères au moment où il s’en ferait reconnaître.

-> Le midrach rapporte qu'une fois que Yossef a congédié tout le monde, ne laissant avec lui que ses frères, ces derniers ont décidé de le tuer, n'ayant pas réalisé que c'était leur frère.
L'ange Gavriel est alors intervenu et les a tous éparpillés aux 4 coins du palais, afin qu'ils ne puissent faire aucun mal à Yossef.

-> Le Yichma'h Moché poursuit en expliquant que nous pouvons établir que l'ange Gavriel est toujours resté aux côtés de Yossef.

En effet, par exemple :
-> 1°/ Lorsque Pharaon l'a nommé vice-roi, ses serviteurs ont alors argumenté qu'il n'était pas convenable qu'un serviteur reçoive une position si élevée, et qu'il ne parlait pas plusieurs langues.

=> L'ange Gavriel est immédiatement apparu, et il a enseigné à Yossef 70 langues.

[La guémara (Sotah 36b) relate cela, en disant qu'il y avait une loi en Egypte imposant de savoir parler 70 langues pour prétendre à la royauté.
Suite à l'intervention de l'ange Gavriel, Yossef maîtrisait une langue de plus que Pharaon : le lachon hakodech.
Il a essayé de la lui apprendre, mais Pharaon ne retenait rien du tout, entraînant que ce dernier l'a fait juré de ne pas révéler publiquement sa faiblesse.

De nombreuses années plus tard, lorsque Yossef a voulu faire sortir le cercueil de Yaakov pour l'enterrer en Israël, il avait peur que Pharaon refuse cela, car la venue de Yaakov avait amené beaucoup de bénédictions au pays (ex: fin de la famine, Nil en était béni).
C'est pourquoi, il a dit à Pharaon : "Mon père m'a fait juré de le sortir d'Egypte afin de l'enterrer en terre de Canaan".
Pharaon a répondu : "Demande aux Sages d'annuler ton vœux!"
Yossef lui a alors dit : "Dans ce cas, je vais demander aux Sages d'annuler le vœux que je t'ai fait : à savoir de ne pas révéler que tu ne parles par le lachon haKodech."

Pharaon n'avait alors d'autre choix que d'accepter la demande de Yossef : aller enterrer son père en Israël.]

<----->

-> 2°/ Lorsque Yaakov a demandé à Yossef d'aller retrouver ses frères pour prendre de leurs nouvelles, il est écrit qu'en arrivant à Chékhem, lieu où devait normalement se trouver ses frères, il y trouva à la place : un homme (Vayéchev 37,15).
Le Targoum Yonathan (ainsi que Rachi) explique que cet homme était l'ange Gavriel, qui avait pris un aspect humain.
[Rachi tire cela de : "et “l’homme” Gavriel." (véa'Ich Gavriel - Daniel 9,21)]

Selon le Ramban, D. a délégué cet ange pour qu'il conduise Yossef auprès de ses frères, afin que la prophétie faite à Avraham s'accomplisse.

=> Le Yichma'h Moché conclut que l'ange Gavriel était toujours au côté de Yossef, le protégeant de tout mal.

Lorsque Yossef a fait partir tout le monde, même l'ange Gavriel n'est plus resté à ses côtés comme d'habitude, puisqu'il était occupé à éparpiller les frères de Yossef dans toutes les directions pour pas qu'ils le tuent.

Littéralement le verset est : "vélo amad ich imo", et il peut se comprendre : exceptionnellement, l'ange Gavriel (ha'Ich) ne se tenait pas à côté de lui à ce moment, puisque occuper à disperser les frères.

<----------------------------------------->

-> Selon le midrach (Zouta, Eikha 1,23), dans le futur Hachem viendra apaiser le peuple juif, qui lui demandera alors : "Avec quoi seront-nous consolés? Tu n'as pas agi avec nous comme Yossef l'a fait.
En effet, Yossef ne s'est pas vengé de ses frères, et il a même eu de la pitié pour eux, bien qu'ils l'aient traité d'une mauvaise façon."

[nous demandons de même à Hachem de nous traiter avec beaucoup de pitié, même si nous avons beaucoup fauté envers Lui!]

<----------------------------------------->

+ Cette nuit-là, l'Ange Gavriel vint apprendre à Yossef les 70 langues.
Yossef ne réussit pas à tout apprendre (en une nuit) ; l'Ange ajouta alors au nom de Yossef une des lettres (le ה) du Nom Divin (et il connut les 70 langues) ...
Le lendemain, Yossef répondit dans toutes les (70) langues que Pharaon lui parlait.
Yossef parla dans la langue sainte (l'hébreu) à Pharaon ; ce dernier ne comprenait pas ce qu'il lui disait et demanda : "Quelle langue parles-tu?"
Yossef répondit : "l'hébreu".
Pharaon demanda : "Enseigne-moi cette langue".
Yossef essaya en vain. Pharaon fit jurer à Yossef de ne révéler à personne son ignorance de l'hébreu.
[guémara Sota 36b]

<--->

=> L'Ange Gavriel changea le nom de יוסף en יהוסף et Yossef put ainsi retenir les 70 langues apprises. Pourquoi cela?

-> Dans la guémara (Sota 36b), rabbi Chimon dit que Yossef a mérité l'adjonction de la lettre ה du Nom Divin à son nom, pour avoir sanctifié Hachem en secret en refusant les séductions de l'épouse de son maître Potifar.
Cette adjonction sera effectuée plus tard par l'Ange Gavriel au moment où Yossef devra connaître les 70 langues pour être nommé roi, selon l'usage en Egypte.
Si Yossef avait fauté avec l'épouse de Potifar, il n'aurait jamais pu assimiler les 70 langues.
Mais depuis que l'Ange Gavriel a ajouté à son nom la lettre ה, en témoignage pour avoir sanctifié Hachem par sa retenue, le cœur de Yossef s'est ouvert, et ainsi il a pu apprendre les 70 langues afin d'être nommé roi, en récompense pour avoir maîtrisé son yétser ara.
[Iyoun Yaakov]

-> Chacune des 70 nations est représentée dans le Ciel par un prince (sar) qui dirige sa nation et la langue parlée par cette nation.
C'est pourquoi, chacun de ces princes, jaloux de Yossef, est intervenu cette nuit-là pour faire oublier à Yossef la langue apprise, afin qu'il ne puisse pas être nommé vice-roi par Pharaon.
Alors, l'Ange Gavriel intervint en ajoutant au début du nom de Yossef la lettre ה qui avait le pouvoir d'empêcher les princes de faire oublier chacun leur langue apprise.
[Ben Ich 'Haï]

<---->

=> Qu'en est-il de la langue sainte (hébreu)?

-> L'hébreu ne fait pas partie des 70 langues des nations du monde ; d'ailleurs, Israël n'est pas gouverné par un prince (sar) dans le Ciel, comme les 70 autres nations.
Nous pouvons également déduire cela de par le fait qu'à la fête de Souccot, le peuple d'Israël offre 70 taureaux au total en faveur des 70 nations, et le sacrifice spécifique à Israël est offert en plus.
[Tossefot Santz]

-> Si Pharaon tenait à apprendre la langue sainte, ce n'est pas pour apprendre une 70e langue, sans la connaissance de laquelle il ne serait pas digne de régner, car la langue sainte n'est pas inclus dans les 70 langues.
La seule raison qui a poussé Pharaon à apprendre l'hébreu est la honte, le déshonneur, qu'il ressentait de voir que Yossef, le vice-roi, connaissait les 70 langues et l'hébreu, donc une langue de plus que le roi lui-même qui ne connaissait pas l'hébreu.
[Maharcha]