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"Les enfants d'Israël fructifièrent, pullulèrent, se multiplièrent et se fortifièrent et le pays en fut rempli" (Chémot 1,7)

-> Selon le midrach Yalkout Chimoni (1,1), c'est à partir du moment où les théâtres et les lieux de divertissement ont été remplis par les juifs, que les égyptiens ont mis en place des décrets discriminants afin de se séparer d'eux.

-> "Plus les juifs désirent s'introduire dans le monde culturel des non-juifs, plus la haine des non-juifs s'accroît à leur égard, et ils promulguent des lois pour isoler les juifs et les écarter d'eux.
[...]
Lorsque les enfants d’Israël échangent leur foi contre des sottises et des coutumes non-juives qui leur paraissent plus importantes que les commandements éternels de la Torah, ils sont attaqués et pourchassés par des peuples qui perdent leur aspect humain et les haïssent de façon irrationnelle."
[le Avnei Azel - Rav Alexander Zoucha Friedman - dans son Mayana chel Torah]

-> "Les gens disent qu'il est dur d'être un juif ; mais il est encore plus difficile d'agir comme un non-juif. "
[car les citoyens non-juifs sont naturellement contrariés par cela, et nous le feront alors ressentir].
[Rav El'hanan Wasserman]

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-> "les enfants d'Israël avaient augmenté, pullulé, étaient devenus prodigieusement nombreux vayaam'tsou bim'od méod" (Chémot 1,7)

-> La traduction littérale du verset indique que les enfants d'Israël se sont renforcés "avec beaucoup" (bim'od méod).
Rabbi Moché Chagiz (cité dans Drachot 'Hasam Sofer I, p.216) explique que le peuple juif était devenu trop occupé à accumuler des richesses, des biens matériels.
Jusqu'à la mort de Yossef, ils s'étaient consacrés à l'étude de la Torah. Cependant, l'absence de son influence les a détournés de cet effort spirituel, et à son tour, les a amenés à subir l'influence négative de la terre qui les entourait.

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-> "Si les juifs ne font pas le kiddouch (qui sanctifie), les non-juifs feront la havdala (qui sépare)"
[Rabbi ‘Haïm de Volozhin]

Ce qui signifie que si notre façon de vivre est identique aux autres nations, que nous n'avons pas une attitude juive (qui sanctifie), alors ce seront les autres qui vont nous forcer à nous séparer d'eux.

-> "Vous serez saints pour Moi… et Je vous séparerez des nations" (Kédochim 20, 26)
Rachi de nous enseigner : "Si vous restez séparés d’eux, vous êtes à moi, et sinon vous êtes à Nevou'hadnétsar (Nabuchodonosor) et à ses semblables ... il faut que votre séparation d’avec eux soit en l’honneur de mon nom, il faut se séparer du péché et accepter sur soi le joug du royaume céleste."

Rabbi 'Haïm de Volozhin commente ce verset :
"Les Juifs doivent mener un mode de vie saint, basé sur la Thora et les mitsvot, et se séparer ainsi des comportements des autres nations.
Mais si les Juifs ne se sanctifient pas par eux-mêmes, alors Hachem provoquera que les nations les sépareront et leur rappelleront qu’ils sont différents.
Même si un Juif cherche à s’assimiler et à se fondre avec les non-Juifs, ces derniers finiront par leur rappeler leur différence.
Ainsi, à priori "vous serez saints", mais si vous ne vous sanctifiez pas et vous souhaitez vous assimiler, alors c’est Moi Qui "vous séparerez des nations" : Je mettrai dans leur cœur la volonté de vous écarter. "

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 33a ; ainsi que Yérouchalmi Béra'hot 5,2) font remarquer qu'à la sortie de Shabbath nous ajoutons un passage dans la amida (ata 'honan'tanou), et ce dans la bénédiction relative à la sagesse ('hochma), car s'il n'y a pas de sagesse, il ne peut y avoir de havdala (séparation).

Rachi explique qu'il est nécessaire d'être une personne dotée de sagesse afin de pouvoir faire la distinction entre le sacré et le mondain, entre le pur et l'impur.

C'est tout le message de la havdala, moment où après 25 heures plongé uniquement dans le kodech, on s'apprête à retrouver le monde environnant, et où tout notre travail sera de garder notre identité juive intacte au contact des nations.

On retrouve à de nombreuses reprises cette notion : "qui sépare entre Israël et les nations" (Havdala - la conclusion du Shabbath) ou bien : "Hachem ne nous a pas créé comme les peuples des (autres) pays" (alénou léchabéa'h - la conclusion de la prière du matin).

-> Le Beit haLévi fait remarquer que dans le Téhilim (105,25) nous louons D. et nous Le remercions, car lorsque le peuple juif est en train de s'assimiler, oubliant ses différences avec les autres nations, Hachem empêche que cela aille trop loin.

Bien qu'infiniment patient, lorsque la limite est dépassée, Hachem va réveiller chez les non-juifs des sentiments de haine envers les juifs.

=> La meilleure façon de se faire accepter des autres nations, est d'être nous-même, et non pas d'essayer de leur ressembler, de leur faire plaisir.

==> Ainsi, fuir les difficultés qu'imposent notre responsabilité à être juif, entraîne naturellement d'autres difficultés que vont nous imposer nos concitoyens non-juifs.

Notre identité spirituelle se trouve dans notre Torah, et non pas dans ce que la société peut nous proposer de divertissant.

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+ "Mais, plus on l'opprimait, plus sa population grossissait et débordait et ils eurent du dégoût pour les Bné Israël" (Chémot 1,12)

-> À première vue, il semblerait que ce "dégoût" des Bné Israël se soit fait au détriment de ces derniers.
Cependant, le rav Yosef Dov haLévi Soloveitchik (le Beit haLévi) explique que ce dégoût était pour le bien du peuple juif. Chaque fois que le peuple juif se rapproche trop des nations qui l'entourent, Hachem provoque la haine dans le cœur de ces nations. Cela empêche les Juifs de s'assimiler à ces nations.
Ainsi, le sentiment de dégoût n'était pas une punition pour le peuple juif, mais plutôt une protection contre l'assimilation.

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-> Déjà à l'époque du prophète Yé'hezkel, il était question de la thèse qu'une assimilation intégrale au sein des nations serait susceptible de rendre la vie meilleure aux juifs.
Le prophète y écrit : "Ce qui vous vient à l'esprit ne se réalisera pas ; lorsque vous dites : "Devenons comme les nations, comme les familles des autres pays pour adorer le bois et la pierre"." (Yé'hezkel 20,32)

-> "De la même manière que l'huile ne se mélange pas aux autres liquides, ainsi Israël ne se mélange pas aux enfants de Noa'h (les autres nations).
[Cette division s'avère en effet impossible], dans la mesure où Hachem a donné au peuple juif la Torah et les mitsvot pour le distinguer des nations du monde, conformément au verset : "Je vous ai séparés des autres peuples pour que vous soyez à Moi" (Vayikra 20,26).
Or, si le peuple juif en venait à se rapprocher de ces peuples, que D. préserve, Hachem devrait alors réactualiser leur différence en faisant naître la haine dans le cœur des nations, et ce pour le bien du peuple juif, afin qu'il cesse de se mêler à elles.
[...]
C'est ce phénomène que, dans notre long exil, nous constatons ostensiblement en Hongrie et en Roumanie, où chaque jour la dose de haine contre les juifs ne cesse de s'accroître. Or, si l'on s'en remettait à la raison et à la nature des choses, la haine devrait au contraire s'amoindrir au fil des jours, comme tout phénomène au monde qui débute avec puissance et qui ne cesse ensuite de régresser par l'effet du temps. Ainsi, notre exil aurait logiquement dû être plus terrible à son début que par la suite.
L'explication de ce phénomène réside dans le fait que plus les juifs tentent d'estomper la démarcation voulue par la Torah grâce à l'accomplissement de ses mitsvot, plus Hachem accroît la haine dans le cœur des nations pour maintenir le but recherché, c'est-à-dire que le peuple juif reste séparé."
[le Beit haLévi - paracha Chémot - citant et commentant le midrach Chir haChirim 1,3]

=> Ainsi c'est dans les périodes où les juifs ont rejeté le joug de la Torah et des mitsvot pour mieux s'assimiler aux nations, que l'antisémitisme les a frappé avec la plus grande cruauté.

-> "L'Allemagne ne persécutera pas le juif sans prétexte ...
Prenez aujourd'hui note de ce que j'avance! C'est à cause de la transgression de notre Choul'han Arou'h par Geiger [l'un des chefs du mouvement de Réforme du judaïsme : la haskala], qu'un nouveau "Choul'han Arou'h" version allemande sera rédigé (un code légal institutionnalisant la haine du juif), dans lequel on pourra lire : "Le meilleur des juifs, tue-le!"
Que D. nous garde et nous protège!"
[le Maguid de Kelm - dans ses discours de 1870 (environ 70 ans avant la Shoah!)]

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-> "[Avant la fin des temps, le peuple juif] s'efforcera d'abandonner les lois de la Torah pour ressembler aux non-juifs, pensant que cela lui fera trouver le repos. En fin de compte, non seulement cela ne lui aura été d'aucune utilité mais cela aura même accru l'antisémitisme."
[Méam Loez - Ki Tavo 28,36]

-> Le Méam Loez (Vaét'hanan 4,9) enseigne :
[Avant de mourir] Moché met les Bné Israël en garde : "Les nations vous estimeront et diront qu'il n'existe pas de peuple aussi sage et intelligent à condition que vous étudiiez la Torah, observiez les commandements et ne les oubliiez pas. Si vous abandonnez par contre le droit chemin, si vous oubliez la Torah en négligeant de l'étudier, vous serez méprisés et considérés comme des sots par les nations."

Cela est comparable à un roi qui a marié sa fille. Tant qu'elle reste mariée, son époux est honoré car il est le gendre du roi et il est proche de lui jour et nuit. Mais s'il ne veut plus de la princesse, le roi s'éloigne de lui. Le gendre ne sera plus respecté par le peuple car l'honneur dont il jouissait provenait uniquement de son lien de parenté avec le roi.

Le verset dit donc : "Sois vigilant et prends bien garde".
L'estime dont tu jouis auprès des nations provient de ta vigilance et du fait que tu prends bien garde à tout ce que tes yeux ont vu au mont Sinaï. Ces peuples t'admireront si tu n'écartes pas la Torah et les commandements de ton cœur durant toute ta vie. Tu dois observer les commandements non pas parce que tu les trouves justes et nécessaires mais pour la seule raison que D. te les a ordonnés.

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-> Le Nétsiv enseigne que dans le domaine de la nature, lorsqu'une créature perd son identité, elle descend tout en bas de la chaîne de création.
Les 4 catégories d'existence sont : minéral, végétal, animal et être humain.
Une plante morte est en réalité inférieure à un pierre inanimée.
[Le Kouzari ajoute une catégorie au dessus des autres : les juifs]
Ainsi, lorsqu'un juif perd sa caractéristique unique (sa judaïcité), alors il sombre même en dessous d'un animal, et il est regardé comme un sous-homme par les gens environnants.
Ochéa (8,8) écrit ainsi : "Israël [lui-même] est dévoré; le voici parmi les nations comme un vase dont personne ne veut."

=> Ainsi, lorsqu'un juif proclame être un "juif dans le cœur", mais qui a honte de pratiquer son judaïcité, alors les non-juifs le regardent avec mépris et le traitent comme "un vase dont personne ne veut", qui doit être mis au rebus (comme un sale juif!) et éliminé.

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-> (b'h) Voir aussi :
-> https://todahm.com/2018/04/21/reaffirmons-notre-fidelite-a-nos-origines
-> https://todahm.com/2018/05/30/6452

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+ "Vous direz : "tes serviteurs sont des bergers…" Car tout berger est une répugnance pour l’Egypte" (Vayigach 46,34)

Le 'Hidouché Harim explique que c’est parce que Yossef savait que l’Egypte répugne les bergers, qu’il a dit que ses frères étaient des bergers, et ce, pour ne pas que se crée de proximité entre les égyptiens et sa famille.

Le Rambam (Yad ha'Hazaka Hilkhot Déot 6,1) enseigne : "L'homme, par sa nature innée, est sensible aux influences, de ses amis et de son entourage, que ce soit dans ses opinions ou dans ses actes, et il sera tenté de se comporter de la même manière que les habitants du pays où il vit."

[Comme on peut le voir au cours de la 10e plaie, seul Hachem a cette faculté d'aller dans un environnement néfaste et d'en ressortir indemne.]

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"Un nouveau roi se leva sur l'Egypte, qui ne connaissait pas Yossef.
Il [Pharaon] dit à son peuple : "Voici, le peuple des enfants d'Israël est plus nombreux et puissant que nous (miménou)". " (Chémot 1,8-9)

-> Selon le Or ha'Haïm, Pharaon explique à son peuple que la puissance et l'opulence des juifs leur vient uniquement de "nous" (miménou) : "Ils se sont épanouis aux dépens de notre hospitalité, pendant et après la famine! A présent, nous avons donc tous les droits de reprendre ce qui nous appartient!".

-> Rav Yossef Dov Soloveitchik fait observer qu'on y retrouve l'un des arguments de base de l'antisémitisme.

Si Pharaon s'adresse aux égyptiens comme à "son peuple", il parle en revanche des juifs comme d'un peuple étranger, alors même qu'ils vivent en Egypte depuis plus d'un siècle et que Yossef a enrichi le pays de façon monumentale.

Comme le fait remarquer le midrach (sur Chémot 1,1), les égyptiens ont perçu les juifs comme "un peuple qui venait d'arriver" : quelle que fût leur ancienneté en Egypte, ils étaient toujours des nouveaux venus.

=> Quoique nous puissions faire pour un pays (Yossef a sauvé l'Egypte d'une famine longue et mortelle!), nous ne resterons pour eux que comme des "étrangers".

Au lieu de chercher vainement à trouver grâce à leurs yeux, investissons toutes nos forces et notre temps afin de trouver grâce aux yeux de Hachem, l'Unique.

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Chémot : Début de l'exil, début de l'antisémitisme :

Rabbi Chlomo Zalman Bregman note qu'en ce début de Chémot, qui marque le début de notre exil, on trouve quelques exemples d'antisémitisme :

-> verset (1,1) : "qui vinrent en Egypte" :
Comment comprendre cela alors que les juifs étaient déjà en Egypte depuis longtemps, avant la promulgation des décrets?

Selon le 'Hizkouni, lorsque les non-juifs cherchent à critiquer les juifs, ils les considèrent toujours comme venant d'arriver et n'ayant rien fait pour leur pays.

-> verset (1,7) : "le pays en fut rempli" :
Comment est-ce possible, car les juifs n'étaient absolument pas majoritaires en Egypte?

On retrouve cela de nos jours : les jours contrôlent les médias, le cinéma, ... ils sont partout (alors qu'ils sont à peine 0,5% de la population française).

Il suffit qu'une minorité juive se montre, pour qu'on nous accuse d'être partout.

-> verset (1,8) : "un nouveau roi se leva .... qui ne connaissait pas Yossef".

Yossef avait sauvé le pays d'une grande famine, et avait permis un enrichissement considérable de l'Egypte. C'était un héro national!
Comment pouvait-il être oublié?

Durant l'histoire juive, les juifs ont beaucoup fait pour les nations qui les ont accueilli.
Il suffit de voir par exemple les apports dans le domaine de la médecine, de l'éducation, la culture, ...

Au vu de cette vérité, les non-juifs ne peuvent pas en venir à nous détester, à moins d'en arriver à être ingrat et d'oublier les bénéfices considérables qu'ils ont reçu de nous.

Ainsi : "qui ne connaissait pas" = plutôt que d'assumer une dette de reconnaissance envers les juifs, on va oublier tout ce qu'ils nous ont fait.

-> verset (1,9) : "Pharaon dit à son peuple : Voici, le peuple des enfants d'Israël est plus nombreux et puissant que nous (rav véatsoum miménou)".

Les juifs n'étant pas majoritaires en Egypte, comment comprendre cela?

Si nous mettons une virgule entre : "rav véatsoum" et "miménou", nous comprenons mieux le sens des paroles de Pharaon : les juifs sont "plus nombreux et puissant", "de nous" (miménou).

Pharaon se plaint que les juifs sont devenus riches au détriment des autres. Ils viennent chez nous pour aspirer tout ce qu'ils peuvent, ne nous laissant plus rien!

A leurs yeux, notre réussite n'est pas le fruit de nos efforts, mais une injustice les dépouillant de tout ce qu'ils ont.

-> verset (1,10) : Pharaon dit : "Usons de sagesse envers lui (peuple d'Israël), de peur qu'il ne s'accroisse et il se pourrait, si une guerre survenait, qu'il se joigne lui aussi à nos ennemis ..." .

On peut remarquer l'emploi des mots : "de peur que" ; "il se pourrait" ; "si".

Les juifs en exil sont quasiment toujours des citoyens productifs et loyaux, qui apportent beaucoup à leur pays.
Afin de leur trouver des reproches, on va se baser sur des scénarios hypothétiques, sur des éventualités, des "on-dit".

[les juifs deviennent des "boucs émissaires", ils sont à l'origine, plus ou moins directement, de tout ce qui ne va pas dans un pays]

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