Aux délices de la Torah

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"Yossef ne put se contenir" (Vayigach 45,1)

-> Yossef était à un si haut niveau qu'il fut en mesure d'évaluer lui-même combien il lui était permis de se comporter avec vengeance envers ses frères.
Malgré les grandes difficultés que représentait pour lui cette conduite hostile sous les apparences d'un étranger, il le fit estimant qu'il se devait de se conduire ainsi.

Il était si honnête vis-à-vis de lui-même qu'il savait qu'il agissait de manière désintéressée, jusqu'à ce qu'il ressentît d'avoir atteint la limite lui indiquant qu'il lui était désormais interdit de poursuivre dans cette vie, et dès lors, il ne put se contenir.

=> D'après cela, l'expression "ne put se contenir" ne s'explique pas comme le veut sa 1ere lecture, dans le sens sentimental, mais plutôt dans le sens d'un interdit, comme dans d'autres versets où la non-possibilité se réfère en fait à un interdit de la Torah.

[rav Asher Kalmon Brown - Alé Vradim]

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+ "Et maintenant, ne vous affligez point, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m'avoir vendu" (Vayigach 45,5)

-> Rav Abba a vu une personne échapper à 2 morts successives. En effet :
1°/ un morceau de bois est tombé sur un serpent venimeux qui s'approchait de lui, alors qu'il dormait ;
2°/ et il a survécu à l'effondrement d'une partie d'une avancée de la montagne.

Rav Abba a demandé à cette personne de lui révéler ses bonnes actions.
L'autre de lui répondre :
"Toute ma vie, il n'est jamais arrivé que je ne pardonne pas à celui qui m'a fait du mal, ni que je lui garde rancune.
A partir d'aujourd'hui, je m'efforcerai même de me montrer bienfaisant envers ceux qui me causeraient du tort."

Lorsqu'il entendit ces paroles, rav Abba pleura et dit :
"Les actes de ce juif sont encore plus grands que ceux de Yossef.
Car, ceux qui opprimèrent Yossef étaient ses frères, aussi était-il plus naturel qu'il ait pitié d'eux. Mais cet homme se comportait également de la sorte envers tout un chacun, et il méritait donc bien que le Créateur accomplisse en sa faveur un miracle après l'autre."

[le Zohar]

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+ "Et maintenant, ce n'est pas vous qui m'avez envoyé" (Vayigach 45,8)

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) enseigne :
Nous apprenons de ces paroles de consolation de Yossef à ses frères un grand principe de conduite. Il ne suffit pas de pardonner à celui qui nous a offensés, mais il faut lui donner une bonne impression, comme s'il n'avait jamais commis la moindre faute contre nous.
C'est ainsi que Yossef a expliqué à ses frères que D. l'avait envoyé en Egypte (et non eux seuls!), et qu'ils n'avaient pas à s'attrister ni à sentir aucune gêne.

-> Rabbi Yérou'ham Lévovitz dit à ce sujet :
Si celui qui nous a fait du mal veut s'expliquer, et qu'on lui répond qu'il n'a aucun besoin de se justifier, de cette façon on l'empêche d'avoir le sentiment agréable d'avoir demandé pardon, on est donc obligé de l'écouter pour lui rendre ce sentiment agréable.

[on doit être prêt à sacrifier ce si agréable sentiment de supériorité en permettant à autrui de redevenir à nos yeux notre égal.
(Quelqu'un a fauté envers moi, et je lui permets de s'excuser (en le laissant parler, en lui faisant comprendre que cela n'est vraiment rien, ...).
Aux yeux de l'autre : puisque c'est humain de fauter, et puisque j'ai demandé pardon, alors c'est derrière moi, c'est de l'histoire ancienne, et alors tout le monde a de nouveau un rapport de force identique.
=> Je perds ma supériorité afin de revenir au même niveau qu'autrui, pour ne pas qu'il en souffre!
Nous devons suivre l'exemple de Yossef, qui a fait le maximum pour éviter toute souffrance de honte d'infériorité à ses frères!)

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-> Quand Yossef a vu que ses frères étaient pleins de honte, il leur a dit : "Approchez-vous de moi, s'il vous plaît. Et ils se sont approchés".
II a embrassé chacun d'eux et pleuré, ainsi qu'il est dit : "Il embrassa tous ses frères et les baigna de ses larmes" (Vayigach 45,15).

De la même manière que Yossef a apaisé ses frères au moyen de pleurs, Hachem sauvera Israël à travers les larmes, comme il est dit : "Avec des larmes ils reviendront et par des supplications Je les dirigerai" (Yirmiyahou 31,8).
[midrach Tan'houma]

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-> "Je suis Yossef votre frère que vous avez vendu en Egypte" (v.45,4)

Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch :
Les frères ressentaient de la crainte à l'image d'un voleur pris sur le fait, et il fit donc en sorte que : ne redoutez rien, car "je suis Yossef votre frère" = ce qui signifie qu'il se conduisait avec eux comme un frère, comme si rien ne s'était jamais passé.
Il a ajouté : "votre frère que vous avez vendu" pour dire que même au moment de la vente, la fraternité ne l'a pas quitté.

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-> Le midrach souligne, au nom de rav Chmouël bar Na'hman : "Yossef s'est exposé à un grand danger, car si ses frères l'avaient tué, personne n'aurait jamais su son identité.
Ainsi, pourquoi dit-il : "Faites sortir tout le monde d'ici?"
Car il s'est dit : "il faut mieux que je meurs et que je ne cause pas de honte à mes frères devant les égyptiens".

[ -> b'h, Par exemple, à ce sujet : https://todahm.com/2018/12/09/7722 ]

"Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années ; et les jours de Yaakov, les années de sa vie, furent de 147 ans" (Vayé'hi 47,28)

-> La paracha de Vayé'hi a la particularité d'être fermée (stouma), c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'espace entre la fin de la précédente et le début de celle-ci.
[Vayé'hi est considérée comme "fermée", parce qu'elle n'est pas précédée d'un espace vide de 9 lettres comme la plupart des autres parachiyot.]

Rachi apporte 2 explications :
- c’est parce qu’elle contient le récit de la mort de Yaakov, laquelle a marqué le début de la souffrance de l’esclavage, et donc de la "fermeture" des yeux et des cœurs d’Israël.
- Yaakov voulait livrer à ses fils le secret de la fin des temps (cf.Rachi 49,1), mais sa vision a été "fermée".
[la prophétie s'est fermée lorsqu'il était sur le point de révéler ce qui arriverait à la fin des temps]

La fin de Vayigach est : "Israël (Yaakov) s'établit dans le pays d'Egypte ... fructifièrent et se multiplièrent prodigieusement", et le début de Vayé'hi enchaîne tout de suite par : "Yaakov vécut dans le pays d'Egypte 17 années".
=> Que vient nous enseigner le fait qu'il n'y a pas d'espace entre ces 2 parachiot (Vayigach et Vayé'hi)?

-> Selon le Kli Yakar, cela nous informe que les juifs vécurent confortablement, agréablement, en Egypte uniquement pendant le temps de la vie de Yaakov..
A partir de sa mort, la servitude des juifs a commencé.

[Par exemple, la mort de Yaakov a entraîné que Yossef ne pouvait plus s'adresser directement à Pharaon, devant passer par ses conseillers]

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-> Rachi : "Cette paracha est "Stouma" (fermée), parce que les yeux et le coeur des Bné Israël se fermèrent à cause des épreuves de la servitude."

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Cela signifie : toutes les autres parachiot de la Torah sont séparées les unes des autres par un espace vide correspondant à plusieurs lettres de 'blanc'. En revanche, celle-ci est "Stouma" parce que dans cet espace blanc se trouvent écrits les mots : "Yaakov vécut" (ויחי יעקב).
Certains y voient l’allusion suivante : Il peut sembler parfois à une personne qu’elle traverse soudain un épisode de vie 'fermé' : de difficiles et amères épreuves s’abattent sur elle. Ses yeux et son coeur s’obscurcissent alors et elle ne sait plus vers qui ni quoi se tourner. Elle a l’impression qu’Hachem lui ferme toutes les portes.
Elle doit alors savoir que cette pensée n’est qu’un mirage, car la Torah elle-même écrit dans cette 'fermeture' les mots "Yaakov vécut", pour nous enseigner que tous ces événements n’ont qu’un seul but : la rendre plus forte et la faire vivre, en lui apportant richesse et honneur.
Elle devra donc se renforcer dans une foi intègre que, même si elle ne comprend pas la conduite d’Hachem, il n’en est pas moins vrai que dans cette période, elle est train de construire les moyens par lesquels Hachem lui apportera tout ce dont elle a besoin et tous les bienfaits.

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-> La paracha fermée symbolise la façon dont le cœur et l'esprit des égyptiens s'est fermé après la mort de Yaakov. [midrach Béréchit rabba 96,1 - avec Ets Yossef]
Bien qu'en pratique, l'esclavage n'ait commencé que 77 ans plus tard, l'attitude des égyptiens a commencé à se faire hostile dès la mort de Yaakov.

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-> Le rav Moché Sternbuch écrit que lors du vivant de Yaakov, les Bné Israël bénéficiaient d'une grande bénédiction, et c'est à lui qu'ils l'attribuaient.
Mais lorsqu'il décéda, ils pensèrent qu'en se rapprochant des égyptiens, ceux-ci les aideraient et les protégeraient.
En fait, c'est précisément à ce moment-là que plaçant leur confiance dans les goyim, débuta l'asservissement spirituel : les Bné Israël prirent exemple sur ces derniers et adoptèrent leur mauvaise conduire.

Ainsi, bien qu'à proprement parler, les Bné Israël ne devinrent esclaves qu'à la mort des tribus, c'est au décès de Yaakov que l'asservissement spirituel commença.

Le rav Sternbuch conclut : "Nous devons savoir que notre existence relève du surnaturel, et ce n'est que par le mérite de l'accomplissement de la Torah et des mitsvot que les juifs ont parcouru l'histoire et perdure."

[à défaut d'ouvrir nos yeux à cette réalité, nous les fermons et évoluons dans le mensonge, et c'est un message que transmet la paracha fermée]

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-> On constate un passage entre le nom : "Israël" (fin Vayigach) à "Yaakov" (début Vay'hi).

Selon le Gaon de Vilna, lorsque les juifs font la volonté de Hachem, alors ils sont appelés : Israël.
S'ils ne suivent pas Sa volonté, on fait référence à eux sous le nom : Yaakov.

Le Béer Moché enseigne qu'en commençant notre exil par : "Yaakov vécut", le message est qu'au fond de chaque juif, même s'il descend au plus bas niveau, s'écartant au maximum de D., il y aura toujours une étincelle Divine en lui qui vit (vayé'hi).

=> La paracha est fermée pour nous enseigner que collectivement et individuellement, lorsque nous descendons d'un niveau élevé (Israël) à un niveau spirituel très bas (Yaakov), il y aura toujours du divin qui nous accompagnera.
Rien ne pourra enlever cette partie de D., qui nous aide, qui nous aime, ...
Un juif n'est jamais seul, car Hachem l'accompagne, le soutient absolument tout le temps (en tout lieu, en toute situation, ...).

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-> "Je vous direz ce qui vous arrivera à la fin des jours" (Vayé'hi 49,1)

-> Le midrach explique que Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, mais alors, la Présence Divine se retira de Lui. Il pensa que ses enfants avaient peut-être fauté. Alors, ils lui répondirent : "Ecoute Israël Hachem est notre D., Hachem est Un". Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, qui se dit Kets (קץ), de valeur numérique 190.
En fait, il voulut leur dévoiler que l'exil d'Egypte durerait en tout et pour tout 189 ans et ils seront libérés la 190e année.
En effet, le Zohar dit que cet exil fut causé par la faute de la vente de Yossef. Une fois cette faute commise,
chaque tribu portait atteinte au Nom Divin אהיה (éyé) de valeur numérique 21. C'est pourquoi l'exil dura 210 ans, car les 10 tribus ont participé à cette faute. Mais en fait, Réouven n'était pas présent lors de la vente de Yossef. Il ne revint que plus tard. Seulement 9 tribus ont donc porté atteinte à ce Nom Saint, ce qui devrait entraîner un exil d'une durée de 189 ans. Aussi, Yaakov voulut dévoiler la fin de l'exil, le Kets (190), qu'ils seraient libérés la 190e année et non après 210 ans.
Mais en fait, le midrach dit que la Présence Divine s'associa aux 9 frères au moment de la vente et ils furent donc en tout 10, d'où un exil de bien 210 ans. Mais Yaakov oublia de compter la Présence Divine. C'est pour cela que celle-ci se retira de lui à ce moment là. Mais lui, crut que c'était parce que ses enfants avaient commis une faute.

=> Ainsi, ils s'exclamèrent : "Ecoute Israël (renvoyant au nom de leur père Yaakov), Hachem est notre D., Hachem est Un " = Lui aussi compte comme Un et c'était Lui le 10eme, d'où un exil d'en fait 210 ans et non de 189 ans. C'est parce que tu as oublié de Le compter dans les 10 que Sa Présence s'est retirée de toi. Et non parce que nous avons commis une faute. Tu peux donc te rassurer.
[d'après Rabbi Chimchon de Ostropoli]

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-> D'après certains commentateurs, Yaakov n'a pas révélé à ses fils quand l'exil prendrait fin pour qu'ils ne perdent pas confiance. Il a imploré D. de leur révéler au moins la fin de l'exil en Egypte.
Hachem a consenti et Yaakov a jeté son bâton sur le sol où il est devenu serpent. Il a ensuite introduit la main dans sa tunique et lorsqu'il l'en a retirée, elle était devenue blanche comme la neige.
"Ne croyez aucun messager venu vous dire qu'il est venu vous délivrer, a-t-il dit, sauf s'il vous montre ces 2 signes".
[cf. midrach Yélamdénou ; Tossefot sur Béréchit 49,1 ; rabbénou Bé'hayé]

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-> Selon le Maharil Diskin, cela signifie que même en Egypte Yaakov a vécu totalement avec la présence Divine, comme Hachem lui avait dit : "Je descendrai avec toi en Egypte" (Vayigach 46,4).

-> Cette paracha est "fermée" car la vraie vie est celle du monde à venir.
Le nom : Yaakov (יעקב) a la même guématria que : "la vie dans le monde à venir" (ayé olam aba - חיי עולם הבא).

Yaakov a fermé les yeux pour ne pas observer la vie en fonction de ce que l'on voit naturellement, mais plutôt en étant déjà dans le monde à venir, avec les véritables priorités afférentes.
[adaptation du Sifté Cohen]

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-> Rabbi Tsadok haCohen explique que la descente en Egypte, marquant le début de l'exil, est fermée, car cela renvoie au fait que cela engendre chez nous beaucoup de questions dont la réponse est au-delà de nos capacités de compréhension humaines.

Par exemple : Quelle est la nécessité d'aller en Egypte, pays rempli d'impureté? Pourquoi y subir des horreurs dans le but de recevoir la Torah? Pourquoi la Torah n'a-t-elle pas été donnée en Israël?

Rachi au début du livre de Vayikra explique que la raison des espaces dans la Torah est afin de pouvoir réfléchir au passage précédent.
Ici, il n'y a pas d'espace car la compréhension nous est impossible, nous devons simplement aller de l'avant, persuadés que Hachem gère au mieux, que tout est finalement pour notre meilleur.

[ => c'est un vrai secret que Yaakov nous transmet : dans les difficultés de l'exil, parfois il faut accepter notre petitesse, et se reposer sur l'infinie grandeur de papa Hachem!
Parfois, il faut arrêter de trop réfléchir, trop s'interroger, mais plutôt fermer les yeux (comme dans le Shéma), et avancer plein de confiance en notre papa Hachem, qui est l'Unique (é'had)!]

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-> Le Zohar dit que Adam a donné 70 ans de sa vie pour permettre au roi David d'exister.
Avraham, Yaakov et Yossef étaient des réincarnations de l'âme de Adam, et ils ont également donné 70 ans à David.

Its'hak n'étant pas une réincarnation de Adam, il n'a rien donné à David, et c'est pour cela qu'il a vécu le plus longtemps des Patriarches, au terme des 180 années qui avaient été prévues pour lui.

- Avraham a vécu 175 ans, et il a donné 5 ans à David ;
- Yaakov devait vivre jusqu'à l'âge de Avraham (175), mais a vécu en réalité 147, donnant 28 années à David. (comme l'affirme le Zohar Vayichla'h)
[28 : guématria de koa'h (force - כח) = Yaakov a donné de la force de sa vie au roi David, pour qu'il puisse vivre 28 années] ;
- Yossef devait vivre jusqu'à l'âge de Yaakov soit 147, mais il est mort à 110 ans, donnant ainsi 37 ans à David.
[ainsi : 5+28+37 = les 70 années de la vie du roi David]
[Ets Adaat aTov]

=> La paracha est fermée, comme pour nous rappeler que Yaakov a lui même fermé une partie de sa vie avant le terme qu'il aurait dû atteindre, pour permettre au roi David de vivre.

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-> "La durée de la vie de Yaakov fut de 147 années" (Vayé'hi 47,28)

Avraham a vécu 175 ans et Its'hak a vécu 180 ans.

=> Pourquoi Avraham vécu-t-il 5 ans de moins que Its'hak?

Le Ben Ich 'Haï dit :
Avraham a quitté ce monde à 175 ans, soit 5 ans avant l'âge prévu de 180 ans (date de décès de son fils It'hak), afin de ne pas assister aux 5 transgressions graves de son petit-fils Essav.

=> Pourquoi Yaakov vécu-t-il 33 ans de moins que son père Its'hak, et 28 de moins que Avraham?

1°/ ci-dessus (28 années au roi David).

2°/ Lorsque Lavan poursuivit Yaakov et l'accusa de lui avoir volé ses divinités, Yaakov prononça inconsciemment une malédiction à l'adresse de celui des membres de sa famille chez qui se trouvaient les "dieux" de Lavan.
Yaakov s'écria à l'égard de l'auteur présumé du vol : "celui chez qui tu trouveras tes dieux ne vivra pas (lo yi’hié)" (Vayétsé 31,32).
Cette parole malencontreuse, cette malédiction injustifiée, s'est réalisée (une malédiction même vaine d'un Sage finit par se réaliser). Elle frappa son épouse Ra'hél, qui mourut prématurément.
Cette même prédiction se retourna également contre lui. Voici ce qui entraîna sa mort 33 ans avant le terme naturel, correspondant à la valeur du mot "yi’hié" (יִחְיֶה) qui est de 33.
Il manquait à la durée de sa vie le compte de yi’hié (יִחְיֶה), à savoir 33, dans ses années.
[Baal haTourim - Béréchit rabba 74]

[ "Yaakov vécut ..." (vayé'hi Yaakov - Vayé'hi 47,28) = le Ohr ha'Haïm commente : par sa parole Yaakov a entraîné la mort de Ra'hél avant son temps. Et du fait de cette disparition de Ra'hél 33 ans avant son temps, on lui a retiré aussi à lui 33 ans, et c'est cela que fait allusion le mot "Vayé'hi" qui signifie une tristesse, pour nous indiquer que al vie du tsadik a été diminuée de 33 ans. ]

3°/ Selon le midrach (rapproté par le Daat Zékénim miBaalé haTossfot), lorsque Yaakov déclara à Pharaon : "(le nombre de mes années) est court et malheureux" (Vayigach 47,9), Hachem lui dit : "Je t'ai sauvé d'Essav et de Lavan, je t'ai ramené Dina et Yossef et tu te plains que tes années ont été peu nombreuses et mauvaises! Je jure que Je vais diminuer tes jours de 33 années, correspondant aux 33 mots de ce verset (v.8 et 9)".
Ainsi, Yaakov vécut 147 ans au lieu de 180 comme son père.

4°/ On a retiré 33 années à Yaakov (33 est la valeur numérique du mot "גל" - monticule), car lorsqu’il contracta une alliance avec Lavan, ce dernier appela le lieu du pacte "Yégar chaadouta"(monticule de témoignage - יְגַר שָׂהֲדוּתָא - Vayétsé 31,47), et introduisit ainsi, dans la Torah, 2 mots de langue étrangère et impure (l’araméen).
Yaakov dut réparer le tort commis (extirper l’impureté introduite) dans les 3 "Piliers" du service Divin : Torah, Avoda (les sacrifices) et la bienfaisance (guémilout 'hassadim).
Ainsi, existe-t-il 3 versets faisant référence à ces 3 fondements et comportant le mot "גל" :
- "gal énaï" (גַּל עֵינַי) = "Dessille-moi les yeux pour que je puisse contempler les merveilles issues de ta Loi" (Téhilim 119,18) = la Torah ;
- "gal naoul" (גַּל נָעוּל) = "Une source fermée, une fontaine scellée" (Chir haChirim 4,12) [allusion au Temple dont le Service est celui des sacrifice (korbanot)] = Avoda ;
- "gal méalaï" (גַּל מֵעָלַי) = "Affranchis-moi de la honte et du mépris" (Téhilim 119,22).

C'est pour cela que Yaakov vécut 147 ans, valeur numérique du mot "גל" (écrit avec chaque lettre en complet - bémilouï) = למד גמל.
Par ailleurs, il mérita l'Attribut de Vérité, comme il est dit : "Tu donneras la Vérité à Yaakov" (titèn émet léYaakov - תתן אמת ליעקב - Mikha 7,20), car la réparation du "גל" (gal) dans les 3 "Piliers" du Service Divin fit apparaître la valeur numérique du mot "émet" (3*147 = 441) : אמת.
[Torat Moché - Bé'houkotaï]

"Israël (Yaacov) se prosterna à la tête du lit" (Vayé'hi 47,31)

-> Rachi : Il s’est tourné vers la chekhina, d'où l’on apprend que la présence divine se trouve au-dessus de la tête d’un malade.

-> Une raison à cela est que le malade n’a plus la force de se repentir par des actes et de corriger ses actions.
En raison de son état où il risque de quitter ce monde et qu'il va devoir rendre des comptes devant Hachem, il a certainement des pensées de regret et de repentir sur ses mauvaises actions.
C'est pourquoi, la présence Divine se trouve au-dessus de sa tête, car c’est dans sa tête que traversent toutes ces pensées de repentir.

[rav Yonathan Eibschutz]

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-> Rachi explique que par ce geste (se prosterner), Yaakov voulait remercier Hachem que son fils Yossef soit un tsadik, malgré le fait qu’il ait été captif en Egypte.

=> Mais, qui lui prouverait qu’il restera toujours tsadik et qu’il ne trébuchera pas par la suite?

Nos Sages (guémara Yoma 38b) enseignent qu’un homme qui n’a pas fauté la majorité de sa vie, ne fautera plus.
Yossef vécut 110 ans. Or, la Torah affirme qu’il avait 30 ans quand il régna sur l’Egypte.
Si on y ajoute les 7 années d’abondance, les 2 années de famine (jusqu'à ce qu’il retrouve sa famille) et les 17 ans que son père vécut auprès de lui en Egypte (jusqu'au jour de sa mort), cela lui donne 56 ans lorsque son père mourut (30+7+2+17=56).

Or 56 ans, c’est justement la majorité de sa vie (qui fut de 110 ans), et puisqu'il n’a pas fauté la majorité de sa vie, cela indique donc qu’il ne fautera plus.
=> Son père put donc, sous inspiration, remercier Hachem que son fils soit un tsadik et l’ait été la majorité de son existence, et aussi qu’il le restera donc toute sa vie.

[Messe'h 'Hokhma]

"[Yaakov dit à Yossef: ] D. Qui m'assiste depuis mes débuts (méodi - מֵעוֹדִי) et jusqu'à ce jour (ayom azé - הַיּוֹם הַזֶּה)" (Vayé'hi 48,15)

-> Il y a 2 périodes dans la vie de Yaakov : ses 130 années douloureuses avant de venir en Egypte, et 17 années agréables dans cette terre (une fois réuni avec tous ses enfants).
La guématria de : méodi (מֵעוֹדִי) est de 130, et celle de : azé (הַזֶּה) est de 17.

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-> "Le D. Qui a été mon berger depuis ma naissance jusqu’à ce jour" (Vayé'hi 48,15)

Le Malbim souligne que Hachem s’est conduit avec moi comme un berger envers son troupeau, qui ne décide pas si ses bêtes sont dignes de paître en fonction de leurs actes ou de leur préparation.
Ainsi de même, Hachem me fait paître et me donne ma nourriture en abondance, comme il est habituel pour les besoins de Ses créatures.

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-> "Que la Divinité dont mes pères, Avraham et Its'hak, ont suivi les voies" (48,15)

Le Ohr ha'Haïm haKadoch note que Yaakov invoque Hachem en s'appuyant tout d'abord sur les mérites de ses pères, avant de mentionner le sien.
Les hommes de la Grande Assemblée en ont déduit l'ordre dans lequel agencer les bénédictions de la Amida : commencer par évoquer les Patriarches, aimés par Hachem, puis formuler ses demandes et éveiller la Miséricorde Divine.
Yaakov mentionna son propre mérite par l'expression : "Que la Divinité qui a veillé (haroé) sur moi", laissant entendre qu'il se considérait face à Hachem comme une pièce de bétail devant son berger (roé), prête à le suivre aveuglément en tout lieu.

-> Dans les mots du Ohr ha'Haïm haKadoch :
Yaakov mentionna le mérite des pères, Avraham et Its’hak, car grâce à cette évocation, il commença par réveiller l’amour des anciens, comme dans la prière du "Chemoné Esré" (la Amida) dans laquelle on commence par rappeler le mérite des pères (pour ensuite prier). Puis, il mentionna discrètement son propre mérite en disant : "le D. mon berger", car Yaakov se laissait conduire par la volonté d'Hachem, comme une brebis par son berger".

-> La confiance en D. n’est pas seulement un mérite pour celui qui la possède, mais une source de bonheur, puisqu’il suit ainsi son Créateur avec sérénité, comme la brebis son berger, dont le sort est placé entre ses bonnes mains. Elle peut compter sur lui en toute quiétude, sans craindre pour sa subsistance, ni pour ce qui pourrait lui arriver.

Le Chem miChemouël (‘Hanouca 5683) explique que c’est la raison pour laquelle les dirigeants du peuple juif sont appelés "bergers", car ils apprennent aux Bné Israël à suivre Hachem d’eux-mêmes, sans réfléchir, avec une foi simple, comme il est écrit : "Tu résideras dans la terre en paissant (grâce à) la foi"(Téhilim 37,3).
Le Chem miChemouël écrit : "Puisqu’ils impriment la émouna dans leur coeur, ils sont appelés "bergers", car c’est un principe essentiel et basique, comme l’affirment nos Sages (guémara Makot 24a) : "’Habakouk est venu et a basé toute la Torah sur un seul principe : ‘Le juste vivra par sa émouna’ ... parce que l’essentiel de la émouna est que l’homme s’annule devant Hachem à travers tous ses traits de caractère."

"Acher, son pain est bien gras" (Vayé'hi 49,20)

-> Nos Sages enseignent que Acher fils de Yaakov se tient aux portes de l’enfer et ne laisse pas y entrer quiconque s’est consacré à l’étude de la michna (compilation de la loi orale).

C’est pourquoi, le verset dit que le pain de Acher est "gras" (chéména - שמנה), terme qui est composé des même lettres que "michna" (משנה).
En effet, Acher protège ceux qui se sont consacrés à la michna.
De plus, le verset parle du pain de Acher qui est gras, allusion à la recommandation du Maguid (ange) qui a enjoint à rabbi Yossef Caro d’étudier un chapitre de michna avant de prendre son repas et de manger son pain.

[Rabbi Its'hak Faladji - Yafé Lélev]

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-> Un père était troublé par sa fille qui ne trouvait pas de partenaire, après des sorties pendant des années. Une nuit, le Yéhoudi ha-kadoch lui apparut en rêve et lui révéla qu’il existait 3 types de zivougim : le zivoug de Shabbat et du peuple juif, celui du corps et de l’âme, et le zivoug d’un mari et d’une femme.
Ces 3 zivougim ne sont qu’entre les mains d’Hachem, et Lui seul peut les coupler. Ceci est évoqué dans les mots "d’Acher, son pain sera gras et il pourvoira aux jouissances des rois" (מאשר שמנה לחמו והוא יתן - Vayé'hi 49,20).
Quelles sont les lettres après celles du nom אשר Acher (=מאשר peut être compris comme les lettres au-dessus de : א , ש , ר car la lettre מ au début d’un mot signifie « de »- la provenance -, mais aussi « plus que », et donc ce qui est au-dessus)?
Au-dessus du א se trouve le ב, au-dessus du ש le ת, et au-dessus du ר se trouve un ש.
Ces 3 lettres forment le mot שבת . Cela fait allusion au zivug du Shabbat et du peuple juif.
Le mot שמנה est lui composé des mêmes lettres que le mot שמנה .נשמה signifie aussi gras, faisant allusion au corps matériel. Par conséquent, nous avons une allusion au zivoug du corps et de l’âme.
Enfin, le mot לחמו correspond au zivoug d’un mari et d’une femme parce qu’une femme est appelée allusivement "le pain de l’homme".
C’est le sens profond de la bénédiction d’Acher : מאשר שמנה לחמו והוא יתן (méAcher chéména la'hmo véou yiten) = ces 3 zivougim, Seul Hachem peut les ‘donner’.

Quand le père se réveilla, ce rêve s’enracina en lui au point qu’il atteint le niveau d’émouna que seul Hachem était capable de trouver un chidoukh pour sa fille. Animé de cette puissante foi, Hachem lui envoya alors immédiatement un partenaire pour sa fille qui se fiança rapidement.

"Tout le pays d'Egypte commença à ressentir la famine, et le peuple mit à crier auprès de Pharaon pour du pain. Pharaon dit à tous les Egyptiens : "Allez à Yossef, ce qu'il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

-> Rachi commente : Yossef leur disait de se faire circoncire, [et c'est à cette condition qu'il leur donnerait de quoi manger].

=> Quel est l'intérêt d'un tel décret? Pourquoi imposer à des non-juifs de se circoncire?

-> Rabbi Yonatan Eibeschuetz apporte 2 réponses :
- 1°/ Dans le Yaarot Dvach, il enseigne que Yossef savait par inspiration Divine que sa famille était amenée à descendre en Egypte, et qu'au fil du temps, les juifs allaient s'installer et prendre leurs marques dans ce pays.
Ainsi, Yossef craignait que la génération suivante ne cherche à s'intégrer voire même à s'assimiler aux égyptiens, et que cela l'amène à arrêter de se circoncire pour ressembler aux égyptiens.

=> C'est pourquoi, pour éviter de telles fâcheuses conséquences, Yossef a anticipé les choses et a émis le décret que les égyptiens doivent se circoncire. De la sorte, même si dans l'avenir les juifs cherchent à ressembler aux égyptiens, au moins ils ne lâcheront pas la circoncision.
En effet puisque les égyptiens seront aussi circoncis, pour leur ressembler, les juifs ne se priveront pas de se circoncire.

De cette façon, ce décret de Yossef venait pour protéger la mitsva de la cironcision (mila) pour les juifs des générations suivantes.

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- 2°/ Dans son Tiféret Yonathan, il rapporte l'enseignement des commentateurs selon lequel la circoncision (mila) réduit le désir et les pulsions de l'homme.
Or, nos Sages disent que les égyptiens étaient embourbés dans la débauche, les mœurs étaient particulièrement dépravées/immorales en Egypte.

D'autre part, nos Sages rapportent que la débauche amène à la pauvreté : "Celui qui se laisse aller à la perversion finira par en venir à demander du pain et il n'en trouvera même pas".
[par exemple, dans le Séfer haMidot (partie sur l'argent, point n°66) de rabbi Na'hman de Breslev, il est écrit : "L'immoralité sexuelle entraîne la pauvreté".]

Ainsi, Yossef craignait que malgré ses réserves, la pauvreté et la faim se renforcent en Egypte du fait de l'immoralité de ses habitants.
Pour tempérer leurs pulsions et tenter de réduire la débauche dans ce pays, Yossef décréta que les égyptiens doivent se circoncire.
=> De cette façon, Yossef cherchait à préserver les réserves de blé, et d'éviter que la pauvreté et la famine se renforcent aussi en Egypte.

-> D'ailleurs, le Kli Yakar ajoute que c'est parce que Yossef a préservé son alliance de la circoncision (mila) et n'a pas succombé à la tentation de se débaucher avec la femme de Potifar, qu'il mérita que ce soit justement lui qui nourrisse l'Egypte et engrange de la récolte pendant les années d'abondance pour préparer les années de famine, sans que sa récolte ne pourrisse.

=> En effet, car si la débauche entraîne la pauvreté, le fait de résister à cette faute amène la bénédiction au niveau de la récolte (subsistance/parnassa).

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-> Le Alchikh haKadoch explique que la famine qui devait sévir dans le monde provenait des influences astrales. C'est ainsi que cette famine était annoncée à travers les 7 vaches maigres du rêve de Pharaon.

Le chiffre 7 évoque la marche naturelle du monde basée sur les 7 astres dont l'influence se succède pendant les 7 jours de la semaine.
Pour dépasser cette famine émanant des astres, Yossef imposa aux égyptiens de se circoncire, car la circoncision permet d'élever l'homme au-dessus des astres et des étoiles.

En effet, le prépuce fige l'individu sous le règne naturel du monde et la circoncision le libère des influences astrales. D'ailleurs, cela est une des raisons pour laquelle un juif doit se circoncire le 8e jour de sa vie, car le chiffre 8, qui est au-dessus du 7, représente justement la dimension qui dépasse la nature et les astres.

=> En imposant que les égyptiens se circoncissent, Yossef cherchait à élever l'Egypte à une dimension surnaturelle, en vue de la libérer du décret astral concernant la famine.

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-> Le Maskil léDavid rapporte le commentaire de Rachi qui dit que quand les frères ont vendu Yossef, ils ont conclu entre eux un vœu pour interdire à quiconque de révéler cette vente, et d'ailleurs Hachem Lui-même s'est associé à eux pour s'engager à garder ce secret.
C'est d'ailleurs pourquoi Hachem n'a pas révélé à Yaakov que son fils se trouve en Egypte [malgré le fait qu'il avait l'inspiration Divine!].

Puisque Yossef connaissait ce vœu, il ne pouvait pas informer sa famille et leur donner des nouvelles.
D'un autre côté, il s'imaginait bien dans quelle peine se trouvait son père pour penser avoir perdu son fils bien-aimé. Et Yossef se sentait avoir le devoir de le rassurer pour calmer son angoisse.

=> Il trouva la solution de décréter que les égyptiens se circoncisent. Yossef comptait sur le fait que très probablement, une telle chose se diffuserait dans les alentours.
Un tel décret [aussi incroyable] selon lequel tous les égyptiens doivent se circoncire devra forcément se répandre.

Ainsi, Yossef comptait sur le fait qu'en Canaan aussi, on apprenne cela et que Yaakov en entende parler. Et certainement, s'il entend qu'en Egypte, un homme a décrété que tout le monde doive se circoncire, il saura qu'une telle loi ne peut venir que d'un juif, et il se doutera alors que certainement cela vient de Yossef.
Et cela rassurera son père Yaakov, car il en conclura que Yossef est toujours vivant

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-> Yossef désirait suivre l'exemple d'Avraham, Its'hak et Yaakov, qui avaient converti des non-juifs par la manière douce et en utilisant la logique afin de les amener au judaïsme.

=> Yossef espérait amener les égyptiens par la circoncision à reconnaître le D. vrai et à se soumettre à Sa loi universelle.
[le Yéfé Toar rapporté dans le Méam Loez - Mikets 41,53-54]

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-> "Tout le pays d’Egypte était affligé par la famine, le peuple demanda à grands cris à Pharaon du pain. Pharaon répondit à tous les Égyptiens : "Allez chez Yossef ; ce qu’il vous dira, vous le ferez"." (Mikets 41,55)

Rachi explique sur les mots "Ce qu’il vous dira, vous le ferez" : "Parce que Yossef leur avait dit qu’ils devaient se circoncire".

En tant que vice-roi, Yossef gérait toute la nourriture engrangée en Égypte. En échange des bienfaits qu’il avait prodigués aux Égyptiens en subvenant à leurs besoins, Yossef leur demanda de se circoncire.
=> Les commentateurs se demandent pourquoi il fit une telle requête alors que les non-juifs n’ont pas l’obligation de faire la brit mila.

-> Le rav Yérou’ham Leibovitz (Daat Torah - Béréchit - Biourim) propose une réponse intéressante.
Il rapporte un verset de la paracha Vayigach (la paracha suivant Mikets) dans laquelle les égyptiens reconnaissent tout ce que Yossef a fait en leur faveur : "Ils dirent : "Tu nous as fait vivre"" (Vayigach 47,25).
Le midrach (Béréchit rabba Mikets 90,6) raconte qu’ils reconnurent ensuite qu’il leur avait sauvé la vie dans le Olam Hazé (ce monde-ci) et dans le Olam Haba (le monde à Venir) = cela signifie qu’il les a aidés dans le domaine spirituel et matériel.
Les commentateurs de ce midrach (Ets Yossef - Matnot Kéhouna) expliquent comment Yossef les a préservés spirituellement : il les força à pratiquer la brit mila (circoncision).
Cela leur fut d’une grande aide, bien qu’ils restèrent non-juifs. En effet, la Orla (l’excroissance) que l’on retire est source d’une grande impureté et le fait de l’enlever est bénéfique aux non-juifs également.

Le rav Yérou’ham Leibovitz explique ensuite pourquoi Yossef leur imposa la circoncision : il les avait tant aidés matériellement, en leur sauvant littéralement la vie durant la famine qu’il se sentait responsable de les aider aussi spirituellement.

En effet, la meilleure façon d’aider son prochain est de le soutenir au niveau spirituel.
C’est un concept discuté par les commentateurs concernant la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même.

-> Le Ben Ich ’Haï affirme que malgré la place prépondérante qu’elle occupe dans la Torah, une grande partie de cette mitsva (’aimer son prochain comme soi-même) est négligée par plusieurs personnes. Selon lui, bien que beaucoup de gens aient conscience qu’elle exige une sollicitude vis-à-vis du bien-être physique du prochain, ils réalisent moins l’obligation qu’elle impose sur le plan spirituel.
Il ajoute que lorsque l’on aide son ami dans la spiritualité, on accomplit la mitsva de façon bien plus parfaite que quand on lui prodigue un bienfait dans la matérialité.

Le Ben Ich ’Haï explique (Péniné Ben Ich ’Haï - Parachat Kédochim) :
"Lorsque l’on soutient l’autre physiquement, on exprime notre préoccupation pour son corps. Mais l’essence de la personne provient du côté divin qui est en elle, de son âme, qui ne tire aucun profit de la matérialité.
Par contre, si l’on réprimande son ami et qu’on l’empêche par là de transgresser les mitsvot d’Hachem, on manifeste un souci pour son âme et l’on montre que notre amour pour son bien-être spirituel est bien plus grand que celui porté sur son aise matérielle."
=> Le Ben Ich ‘Haï nous enseigne donc que pour accomplir au mieux la mitsva d’aimer son prochain, on ne peut pas limiter sa gentillesse à la matérialité, mais il faut s’efforcer de l’aider encore plus dans la spiritualité.

-> Dans le même ordre d’idées, le Or’hot Tsadikim (Chaar Nédivout) nous précise qu’il y a 3 sortes de dons : l’apport d’argent, l’assistance physique (don de soi) et la transmission du savoir.
Il détaille ces 3 formes, puis termine le chapitre en se focalisant sur le fait d’enseigner la Torah aux autres.
Il écrit : "Il faut être particulièrement généreux en ce qui concerne les connaissances en Torah ; instruire autrui et rapprocher son cœur du Ciel. C’est le meilleur don : lui permettre l’accès au Monde Futur."

=> Rav Yérou’ham nous informe que Yossef était d’un tel niveau qu’il sentait que sa bonté envers les égyptiens était incomplète s’il ne sauvait pas aussi leurs âmes.
Cet enseignement est très pertinent dans notre quotidien.

-> Il existe plusieurs façons d’aider les autres dans ce domaine. Le Ben Ich ’Haï évoque la réprimande, mais dans la génération présente, il est très difficile de faire un reproche correctement, sans causer de tort.
On peut, en prenant moins de risques, partager sa Torah avec les autres. D’ailleurs, nos Sages affirment à diverses reprises que l’enseignement de la Torah est un objectif prioritaire ; la guémara (Roch Hachana 23b) fait savoir que celui qui apprend et qui n’enseigne pas ressemble à un myrte dans le désert.
Le Maharal (Hidouché Haggadot 23b) explique que le myrte est l’arbre le plus parfumé ; il fut créé pour que les gens profitent de son odeur agréable. Un myrte dans le désert ne réalise pas son objectif puisque personne ne jouit de lui. De même, la Torah est là pour être transmise et celui qui y renonce ne réalise pas son but sur terre.

La michna dans Pirké Avot (2,9) déclare : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’enorgueillis pas (Al Ta’hzik Tova Léastmékha), parce que c’est pour cela que tu as été créé."
D’après son sens simple, on comprend de cette michna qu’il ne faut pas se sentir fier de ses réalisations dans l’étude de la Torah parce que c’est le but de la vie.
Cependant, plusieurs commentateurs proposent une interprétation différente et comprennent les mots de la michna au sens littéral. Ils pensent que si quelqu’un a appris beaucoup de Torah, il ne doit pas garder ce bien pour lui-même, mais en faire profiter les autres et l’enseigner. Pourquoi?
Parce que son objectif sur terre est d’apprendre et d’enseigner.
[Rav Yehonathan Gefen]

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-> Yossef veillait scrupuleusement à préserver sa sainteté au point qu’il fut appelé "tsaddik yéssod olam" (Juste fondement du Monde - qui garde l’Alliance de la Mila). Cette qualité lui faisait répugner les hommes incirconcis.
Malgré cela, disent nos Sages dans le midrach, le fait d’avoir marqué les égyptiens du sceau de la Sainteté lui fut compté comme une faute. En effet, le tsaddik doit être tolérant même envers ceux qui sont le contraire de son caractère.
[Sfat Emet]

-> L’imposition de la Mila aux Egyptiens est à mettre en rapport avec le phénomène de moisissure de blé qui se produisait chez eux, mais non chez Yossef. Aussi, ce dernier attribuait-il cette différence aux bienfaits de la brit mila. Celle-ci a, en effet, le pouvoir de conférer la pérennité de vie et de biens à ses adhérents, comme le prouve l’histoire du peuple juif.
Yossef considérait donc l’accomplissement de la Brit Mila comme un antidote de la déchéance et comme une garantie de durée et de persistance (à noter que le mot ברית – Brit (alliance de la Mila) est traduit en araméen, dans le commentaire de Onkelos (Lé'ha Lé'ha 17,11), par le mot קימא – Kima qui signifie "survie"). [voir Rabbénou Bé’hayé].

Yossef de la prison au titre de vice-roi d’Egypte

+++ Yossef de la prison au titre de vice-roi d'Egypte :

-> En prison, Hachem bénit Yossef, qui devint très rapidement le protégé du gouverneur de la prison, qui conscient de l'innocence de Yossef, voyait que D. était avec lui, comme il est écrit : "Le gouverneur de la prison ne vérifiait rien de ce qui passait par sa main, parce que Hachem était avec lui, et ce qu'il entreprenait, Hachem le faisait réussir" (v.39,23).
[...]

D'ailleurs, le geôlier ne garda pas Yossef en prison à cause du travail qu'il accomplissait, mais parce qu'il l'aimait beaucoup.
Il lui confiait des tâches faciles, comme laver les ustensiles de cuisine ou faire les lits.
[aucune mesure de quelque importance n'est décidée dans la prison sans son approbation, et Yossef bénéficie en prison du même statut et privilège qu'auparavant dans la maison de Potiphar (Targoum Yonathan).]
[Méam Loez - Vayéchev 39,21-23]

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-> Potiphar a veillé à ce que Yossef ne soit pas avec des détenus meurtriers, mais plutôt dans une prison contenant des détenus politiques et dignitaires royaux démis de leurs fonctions.
[Ramban ; Rabbénou Bé'hayé]

-> Potiphar accorde quelques heures de permission par jour à Yossef.
Tous les matins, on fait sortir Yossef de la fosse [de sa prison souterraine] pour le conduire à la demeure de Potiphar où il devient son serviteur. Il lave la vaisselle, dresse la table et sert les repas à son maître.
[midrach Béréchit rabba 87,10 avec Yéfé Toar]

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-> Rachi (v.40,1) dit que D. a suscité l'accusation du maître-échanson et du maître panetier afin que le peuple cesse de parler de Yossef et commence à jaser sur ces 2 nouveaux incidents, survenus immédiatement après que Yossef ait été mis en prison.

[il est à noter que ces 2 dignitaires n'ont été incarcérés que 9 ans après les faits qui leurs sont reprochés, car pendant cette période ils bataillaient juridiquement pour prouver leur innocence.
Cependant, malgré leurs excellents avocats, au bout de 9 années de débats, Pharaon déclara qu'en attendant qu'une décision soit prise à leur sujet, ils iraient en prison.
Yossef est resté en prison durant 12 ans en tout : 9 ans seul, 1 année avec les 2 hauts dignitaires, et 2 années après qu'ils soient sortis de prison.]

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-> Certains commentateurs sont d'avis que le maître-échanson et le maître panetier ont chacun comploté pour tuer Pharaon, et d'autres qu'ils sont innocents, Hachem ayant mis en place cela pour mener Yossef au palais.

On peut citer le Rokéa'h (v.40,19) disant que le maître-panetier avait intentionnellement introduit un caillou dans le pain pour que Pharaon s'étouffe en le mangeant.

Le Yéfé Toar rapporte que la mouche mise dans le vin était chargée d'une dose de venin mortel.

-> Selon le 'Hemdat Yamim (cité par Torah Chéléma v.40,1), Pharaon a été prévenu en rêve que ses dignitaires cherchaient à attenter à ses jours.

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+ L'échanson conta son rêve à Yossef. Il dit : "Dans mon rêve, une vigne était devant moi. A cette vigne étaient trois pampres. Or, elle semblait se couvrir de fleurs, ses bourgeons se développaient, ses grappes mûrissaient leurs raisins. J'avais en main la coupe de Pharaon; je cueillais les raisins, j'en exprimais le jus dans la coupe de Pharaon et je présentais la coupe à la main du roi." (Vayéchev 40,9-11)

-> Yossef comprit immédiatement que les 3 branches représentaient : Avraham, Its'hak et Yaakov, les 3 Patriarches.
Leurs enfants étaient destinés à l'asservissement en Egypte et leur libération devait survenir grâce à 3 messagers de D. : Moché, Aharon et Myriam. [par lesquels ils bénéficieront de la manne, des colonnes de nuée et du puits]

La coupe dans la main de Pharaon symbolisait la coupe des malheurs par lesquels D. allait frapper l'Egypte en châtiment des souffrances infligées à Israël.
Le mot "coupe" est répété 4 fois dans ce passage. Ils correspond aux 4 grands empires de l'antiquité : Babylone, la Perse, la Grèce et Rome.
Ces 4 puissances finiront par boire la coupe de l'amertume (cf. Yirmiyahou 25,15-30), [en rétribution des souffrances qu'elles ont fait subir aux juifs]
De même que les bourgeons, les fleurs et la vignes éclosent presque instantanément, la libération d'Egypte devaient survenir de façon soudaine.

Yossef comprit tout cela de son rêve. Il pensa : "L'échanson m'a transmis un bon enseignement. Je vais donc lui donner une bonne interprétation de ses rêves".
[Méam Loez]

-> Il est à noter que le mot "coupe", qui revient à 4 reprises dans ce passage, fait également allusion aux 4 coupes de vin que nous buvons le soir du Séder
Avant même que Yossef ne devienne vice-roi et que ses frères ne descendent en Egypte, le processus menant à la délivrance a été mis en place.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Le Ben Ich 'Haï (Halakhot alef - akdamat 'Hanouca) écrit :
"Les trois rameaux" (de vigne du rêve du maitre échanson) : Yossef Hatsadik, ainsi que les ‘Hachmonaïm, ont mérité un miracle car dans 3 choses ils étaient parfaits : dans la pensée, la parole et l’action.
Les 3 choses par lesquels le service divin se parfait.

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+ Le maître panetier, voyant qu'il avait interprété dans un sens favorable, dit à Yossef : "Pour moi, dans mon songe j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête. La corbeille supérieure contenait tout ce que mange Pharaon en fait de boulangerie; et les oiseaux le becquetaient dans la corbeille, au dessus de ma tête." (Vayéchev 40,16-17)

-> Yossef vit que les 3 corbeilles correspondaient aux 3 types de souffrance qu'Israël allait endurer en Egypte : le dur labeur des briques et du mortier, les travaux des champs, et le décret condamnant tout nouveau-né mâle à être noyé dans le Nil.

Yossef comprit par ce rêve que Pharaon allait prononcer de terribles décrets à l'encontre d'Israël.
Il pensa : "Puisque ce rêve m'annonce de mauvaises nouvelles, je vais en donner une mauvaise interprétation".

Yossef ne permit pas au panetier de raconter complètement son rêve. Ce dernier étant négatif, il ne désirait pas l'entendre en entier.
C'est pourquoi la Torah dit : "Yossef répondit et dit" = cette formulation indique qu'il coupa la parole au panetier et ne lui laissa pas achever le récit de son rêve.
[Méam Loez]

-> Les oiseaux symbolisent les ennemis du peuple d'Israël qui les attaqueront et les disperseront aux 4 coins de la terre comme des miettes qu'un oiseau éparpille çà et là en picorant un morceau de pain.
Les 3 paniers symbolisent les empires qui asserviront le peuple juif : la Babylonie, la Perse et la Grèce.
Les pâtisseries, dans le panier du dessus, représentent les romains qui lèveront de lourds impôts et opprimeront de nombreuses nations.
[midrach Béréchit rabba 88,6]

-> L'oiseau symbolise également le machia'h qui picorera l'empire romain et le réduira à néant.
[midrach haGadol Béréchit 40,17-18]

-> Au-delà du message négatif pour les juifs, Yossef a compris que si les oiseaux picoraient directement sur la tête du maître-panetier, c'est qu'il était un homme mort, car normalement les oiseaux redoutent de s'approcher d'une personne vivante.
['Hida - Pné David]

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-> "Dans 3 jours, Pharaon te fera trancher la tête" (Vayéchev 41, 19) :

=> Pourquoi Yossef a-t-il interprété le rêve du maître panetier en lui annonçant sa mort?

Le Imré Daat explique :
En fait, dans son rêve, le maître panetier vit des oiseaux picorer le pain qui se trouvait dans la corbeille au dessus de sa tête. Or, en général, les oiseaux (non domptés) ont peur de s'approcher de trop près des êtres humains. Il n'est donc pas habituel qu'ils s'approchent tant d'un homme au point de picorer le pain au dessus de sa tête, sans aucune appréhension.
Yossef fut étonné d'une telle chose. Il en déduisit que pour qu'un tel fait soit possible et que les oiseaux n'aient aucune peur de s'approcher de lui, c'est que cet homme n'est pas vivant, mais qu'il est mort. Il déduisit donc de ce rêve qu'il annonce la mort du maître panetier.

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-> Le maître panetier : "j'avais trois corbeilles à claire voie sur la tête"
-> L'échanson : "J'avais en main la coupe de Pharaon"

-> Le rav Elimélé'h Biderman dit que le maître panetier représente une personne qui accomplit la volonté d'Hachem en la mettant au-dessus de sa tête, c'est-à-dire par habitude, sans joie et enthousiasme.
[je fais les mitsvot parce que je dois les faire, mais je n'en suis pas plus content que cela]
Ainsi, une telle personne est comme morte spirituellement (car Hachem désire le cœur!).
A l'inverse l'échanson avec sa main, représente le fait de prendre en main, d'agir, pour réaliser les mitsvot avec énergie, fierté et enthousiaste.
Une telle personne est bien vivante spirituellement parlant.

-> Le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = cela symbolise le fait qu'il désire toujours ce qui est au-dessus de lui, il n'est jamais content, toujours à la recherche d'une nouvelle chose manquante.
Ainsi, il n'est pas vivant car il n'est pas heureux de ce qu'il a.
[à l'image d'un mort, il ne profite pas de son présent, mais il a la tête dans le futur (quand j'aurai ça alors...) et parfois dans le passé (j'aurai dû ...).]
A l'inverse l'échanson a la coupe dans la main, cela symbolise un "lé'haïm" à Hachem, en Le remerciement pour tout ce qu'il a pu m'octroyer.
L'échanson est joyeux de ce qu'il a dans le présent, il est donc bien vivant.

-> La hichtaldout est la réalisation de la malédiction de devoir "travailler à la sueur de son front".
C'est une punition liée à la faute d'Adam et 'Hava, où l'on se comporte comme si cela venait de nous, afin de dissimuler la réalité du miracle : Hachem nous donne en cadeau notre parnassa.
Lorsqu'il fait sa hichtaldout, un juif doit agir avec ses mains, mais avoir sa tête active et connectée à Hachem, la source de toute chose.
Ainsi, le maître panetier met tout au-dessus de sa tête = il agit en étant persuadé que tout ne vient que grâce à son travail, à sa force, son intelligence, ... Hachem existe sûrement, mais c'est moi qui m'auto-gère.
Puisque son être est rempli d'égo (moi je, c'est moi qui, ...), il ne laisse aucune place pour que Hachem (source de toute vie, de toutes bénédictions) réside en lui, et ainsi il n'est pas vraiment vivant.
A l'inverse, l'échanson fait sa hichtaldout avec sa main, mais il a en tête la émouna, la certitude qu'au final il aura ce que Hachem voudra lui donner.
Puisqu'il permet à Hachem de résider en lui, l'échanson est bien vivant, et il est rempli de bénédictions.

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-> Au-delà du fait qu'un rêve avait un contenu favorable aux juifs, et l'autre défavorable, il y ici une allusion pour nous : si les juifs le méritent, ils s'élèveront comme le maître-échanson (qui sortit de prison et retrouva son haut poste à la cour royale), sinon ils mourront comme le maître-panetier (qui ne sortit de prison que pour être tué).
[midrach Bamidbar rabba 1 - rapporté par rabbi Yossef Deutsch]

[cela peut également être une image de notre vie dans ce monde, où notre âme est prisonnière temporairement dans un corps.
Une fois que notre temps est écoulé, nous aurons droit à un jugement du Roi des rois (Hachem), qui débouchera soit sur le fait de tendre vers une vie plein de spiritualité à la cour royale, ou bien une mort spirituelle, loin de D. car n'ayant pas assez mis à profit notre court passage dans ce monde.]

Yossef chez Potiphar

+++ Yossef chez Potiphar : 

+ "Yossef fut emmené en Egypte. Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes, égyptien, l'acheta aux Ichmaélites" (Vayéchev 29,1)

-> Potiphar, homosexuel, était séduit par la beauté de Yossef, et il voulut assouvir ses désirs avec celui-ci. La Providence Divine ne lui permit pas de réaliser ce projet, et ne lui ôta pas la vie pour ne pas que sa fille adoptive (Asnath), que Yossef allait par la suite épouser, ne soit orpheline.
[Méam Loez]

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+ "Hachem fut avec Yossef" (Vayéchev 29,2)

-> La Présence Divine demeurait constamment auprès de Yossef, le protégeant ainsi du péché, bien qu'étant entouré de personnes immorales [dans la maison de son maître].
[Méam Loez]

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+ "Son maître vit que D. était avec lui" (v.29,3)

-> Rachi : [Hachem était avec Yossef] parce que celui-ci prononçait constamment le nom de D.

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-> "Hachem bénit la maison de l'Egyptien [Potiphar] à cause de Yossef, et la bénédiction Divine s'étendit sur tous ses biens" (v.39,5)

-> Chaque fois que Yossef touchait à une marchandise, celle-ci était bénie ... Potiphar apportait ses marchandises chez lui uniquement pour que Yossef les touche.
[...]

Lorsque Yossef servait Potiphar personnellement, il accédait à ses désirs immédiatement. Si Potiphar donnait à Yossef une coupe de vin et lui demandait de l'eau, Yossef pouvait transformer le vin en eau instantanément.
Il possédait la faculté de transformer toute chose.

Voyant cela, Potiphar confia à Yossef toutes les clés de sa vaste demeure, sans jamais vérifier ses agissements. Tout ce qu'entreprenait Yossef réussissait parfaitement.
[Méam Loez]

[de plus, selon le Yéfé Toar (sur midrach Béréchit rabba 86,5), Hachem va révéler Sa présence à Potiphar en lui permettant de voir une nuée étincelante au-dessus de la tête de Yossef.]

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+ "Sinon du pain qu'il mangeait. Or Yossef était beau de taille et beau de visage" (v.39,6)

-> Yossef, à la différence des autres esclaves qui volaient des biens de leur maître, ne prenait que le pain qu'il mangeait, ce qui lui revenait de droit.

De plus, Yossef [ne mangeait que du pain, et il] ne souillait pas sa bouche en consommant des aliments interdits.
C'est pourquoi la Torah dit que : "Yossef était beau de taille et beau de visage" = le texte souligne que bien qu'il ne mangea que du pain, ni sa santé ni sa stature et ni sa beauté n'en furent altérées.
[Méam Loez]

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+ "Il arriva, après ces faits, que la femme de son maître jeta les yeux sur Yossef" (v.39,7)

-> Rachi (v.39,6) rapporte que lorsque Yossef s'est vu maître, il s'est mis à se soigner les cheveux, et alors Hachem a dit : "Ton père est en deuil, et toi tu te soignes les cheveux! Je vais lancer un "ours" à tes trousses !"

-> Yossef ouvrit la porte à la tentation en se souciant de son apparence. Même si son intention n'était pas futile (étant maître, responsable des biens de Potiphar, il se devait d'avoir une apparence irréprochable!), mais cependant il aurait dû éprouver quelque retenue, sachant que son père portait son deuil.

Selon le Zohar, Hachem fit en sorte que la femme de Potiphar porte son regard sur lui afin qu'il souffre et expie son péché.

Selon une autre opinion, il ne s'agissait pas d'une punition. Hachem désirait que Potiphar chasse Yossef, car un tsadik tel que lui ne devait pas demeurer plus longtemps dans une maison aussi immorale.
[...]

Pour un jeune homme, contrôler ses désirs représente une immense épreuve. La frustration que Yossef endura lui causa plus d'angoisse que celle ressentie par Its'hak lié sur l'autel.
[...]

Afin d'attirer son attention, la femme de Potiphar changeait constamment de tenue : le matin, le midi et le soir, elle revêtait à chaque fois une nouvelle robe [attirante].

Elle concentrait tous ses efforts pour le captiver, le harcelant, au point d'en devenir malade, et à devoir s'aliter.
Ses amies égyptiennes lui rendirent visite et lui demandèrent : "Que te manque-t-il pour être ainsi malade et déprimée?"
Elle répondit : "Vous voulez voir. Laissez-moi vous montrer quelque chose."

Elle ordonna alors à ses servantes d'apporter à chacune des femmes un cédrat (étrog) et un couteau d'argent pour l'éplucher.
Elle demanda à ses amies : "Pelez les cédrats (étrogs)".
Tandis que celles-ci s'exécutaient, elle appela Yossef.
Fixant du regard son beau visage, elles s’extasièrent à tel point qu'elles se mirent à peler leurs doigts en même temps que les fruits. Le sang coulait de leurs mains, mais elles ne sentaient rien.

Elle dit : "A présent vous comprenez ... Son indifférence m'a rendue complètement malade".

Dès cet instant, Yossef devint célèbre pour sa beauté.
Chaque jour des dames de l'aristocratie venaient le voir, parées de leurs plus beaux atours. Certaines allaient jusqu'à entrer furtivement pour se présenter nues devant lui. Yossef se contentait de détourner les yeux et refusait de les regarder.
[Méam Loez]

-> Selon nos Sages, dix mesures de beauté sont descendues sur terre, et Yossef en a pris neuf.
[Yalkout Maayan Ganim - sur le midrach Béréchit rabba 87,1]

-> Le nom de la femme de Potipar est : Zélikha.

-> Le Zohar (Vayéchev 189) compare l'épouse de Potiphar au yétser ara, qui lui aussi revient continuellement à la charge pour nous séduire (ex: changeant plusieurs fois d'habits attirants pour nous faire fauter!).

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+ "Mais il arriva, à une des ces occasions, comme il [Yossef] était venu dans la maison pour faire sa besogne, et qu'aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" (39,11)

-> Cela se produisit juste un an après que la femme de Potiphar avait tenté de séduire Yossef pour la 1ere fois. [Ibn Ezra]

Il était venu à la maison pour vérifier les comptes et examiner les registres. Aucun des serviteurs n'était alors présent.
Bien sûr, un ministre important comme Potiphar possédait de nombreux domestiques. Nul d'entre eux ne se trouvait là, car c'était un jour de fête en Egypte.
Le Nil était en crue et submergeait ses rives, irriguant les terres égyptiennes.
A cette occasion, tous les égyptiens s'étaient rendus au bord du fleuve pour offrir des sacrifices à leurs divinités.
Yossef fut le seul à ne pas prendre part à ces festivités.

La femme de Potiphar déclara qu'elle était malade, usant de ce prétexte pour rester seule avec Yossef.
Elle se dit : "Aurais-je une telle occasion? Aujourd'hui je serai seule avec lui, la maison sera toute à nous".

Selon une autre opinion, ce jour était un Shabbath.
Yossef enfermé dans sa chambre, se remémorait les enseignements de la Torah prodigués par son père.
C'est pourquoi la Torah dit qu'il était rentré à la maison pour "faire sa besogne".
Pour un homme tel que Yossef, seule l'étude de la sainte Torah et le respect de ses mitsvot représentait son véritable travail.

["aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" = Yossef se dit que s'il fautait il quitterait la race humaine, devenant semblable à un animal qui suit ses pulsions, sans se soucier de leurs conséquences. Ainsi, en réfléchissant à l'idée qu'il n'y avait personne (lui y compris puisque devenant alors un animal), cela a affaiblit et fait partir son désir.
(l'idée également est que parfois nous ne devons pas lutter avec notre yétser ara, qui est alors trop fort en nous. Nous devons nous attacher à la volonté de D., et faire le mort, comme s'il n'y avait personne)]

Yaakov songea intensément au visage de son père, comme s'il se tenait à la fenêtre, lui disant : "Yossef! Yossef! Les noms de mes fils sont destinés à être gravés sur le pectoral que le grand-prête portera sur la poitrine. Veux-tu que pour un moment de plaisir ton nom en soit effacé?"

[d'une certaine façon à la fin de notre vie, nous aurons tous pour l'éternité un pectoral avec inscrit dessus les bonnes actions et les péchés que nous avons fait dans ce monde. Que préférons-nous : une frustration, un effort éphémère ou bien une honte éternelle?]

"Aucun des gens de la maison ne s'y trouvait" = cependant, un autre homme était là, à savoir Yaakov.
[...]

A cause des ruses de cette femme, la passion de Yossef atteignit son paroxysme. Il enfonça ses 10 orteils dans le sol, et au même moment 10 gouttes de semence s'échappèrent de son corps s'écoulant entre ses 10 ongles. Ainsi, il parvint à surmonter son désir.
[...]

Selon une opinion, lorsque Yossef vit qu'elle essayait de le séduire, il réalisa un double de lui-même sous la forme d'un golem.
Il comptait laisser cet androïde dormir avec la femme de Potiphar, se débarrassant ainsi d'elle.
Sarah avait agi de même avec Pharaon, et Esther eut recours à ce subterfuge avec A'hachvéroch.

Cependant, la femme de Potiphar, elle, connaissait suffisamment la magie pour déjouer cette supercherie.
C'est pourquoi la Torah dit : "Elle le saisit par son vêtement" (v.39,12). En hébreu, le mot "béguéd" désigne un vêtement, dont la racine "bagad" signifie : "tromper".
Ainsi, elle "saisit" la tromperie de Yossef, et comprit par quel moyen il tentait de l'abuser.

[selon un autre avis, elle répandit un blanc d’œuf sur son lit, et s'élança dehors pour crier ce que Yossef avait tenté de lui faire.
Elle persuada également plusieurs femmes de témoigner que Yossef avait déjà tenté de les séduire.]
[...]

"[Yossef] était venu dans la maison pour faire sa besogne" = telle fut la grandeur de Yossef. On pourrait penser qu'il était si élevé qu'il n'a éprouvé aucun désir, mais la Torah nous dit qu'il était fort et en bonne santé. Son désir était si fort qu'il faillit pécher, mais malgré cela il parvint à dominer ses pulsions, il surmonta ce feu intérieur.

=> Les désirs sont naturels chez l'homme, sa grandeur, [c'est de les surmonter par crainte de D.]

[comme nous avons pu le voir précédemment : "La frustration que Yossef endura lui causa davantage d'angoisse que celle ressentie par Its'hak lié sur l'autel."
Nous pouvons gagner une énorme récompense en agissant (mitsva assé), mais également en évitant d'agir (mitsva lo taassé)!]
[Méam Loez]

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-> Selon certains, la tunique de Yossef évoque le yétser ara : lorsqu'on est tenté de commettre une faute, on doit se débarrasser du mauvais penchant et prendre la fuite.
[Chla haKadoch]

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+ "Le maître de Yossef le fit saisir, on l’enferma dans la Rotonde, endroit ou étaient détenus les prisonniers du roi" (v.39,20)

Après réflexion, Potiphar réalisa que sa femme mentait certainement.

- il savait Yossef digne de confiance, surtout que celui-ci craignait D., ayant le nom d'Hachem constamment à la bouche.

- plusieurs hommes de médecine lui dirent que la tâche sur le drap n'était que du blanc d’œuf et non de la semence.

- selon certains, Potiphar s'apprêtait réellement à tuer Yossef, sa fille Asnat vint lui jurer que ce dernier était totalement innocent, lui racontant la vérité (elle avait tout vu, étant cachée dans un buisson dans un coin de la cour). C'est pourquoi, elle méritera d'épouser Yossef quelques années plus tard.

- selon d'autres commentateurs, c'est la femme de Potiphar qui demanda de l'épargner, pensant que par gratitude Yossef céderait par la suite à ses désirs.

- Le Séfer haYachar rapporte que Yossef se faisant fouetter par Potiphar supplia Hachem de l'aider.
D. eut alors pitié de Yossef, et un nouveau-né de 12 mois d'un esclave se mit à parler miraculeusement.
D'une voix adulte, il réprimanda Potiphar : "Que t'a fait cet homme pour que tu veuilles le fouetter? Tout ceci n'est que mensonge". L'enfant lui révéla ensuite la réalité.

Yossef fut envoyé en prison afin de sauver les apparences, car tout le monde parlait de cette affaire, et sans punition on aurait parlé de Potiphar, comme du mari d'une prostituée.
[Méam Loez]

"Plusieurs marchands de Midiyan vinrent à passer, qui tirèrent et firent remonter Yossef du puits, puis le vendirent aux Ichmélites pour 20 pièces d'argent. Ceux-ci emmenèrent Yossef en Egypte" (Vayéchev 37,28)

-> Chacun des 10 frères reçut 2 dinars, avec cette somme chacun s'acheta des chaussures.

[Le rabbi Yossef Deutsch affirme que cette somme de 20 dinars d'argent équivaut à 75 dollars actuels.]

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=> Pourquoi un jeune homme de 17 ans beau et fort n'a-t-il pas été vendu plus cher?

-> Alors qu'il se trouvait dans la fosse pleine de serpents, il fut si terrifié qu'il tomba malade, ses traits se tirèrent et son visage pâlit.
Il était si faible que la somme reçue par les frères était plus que suffisante.
[Sifté Cohen]

-> Même s'ils avaient un bon motif pour vendre Yossef, les frères n'étaient toujours pas certains d'avoir raison. Ils utilisèrent donc l'argent pour se procurer des chaussures, car on ne fait pas de bénédiction sur des chaussures neuves.
Ils ne firent aucune acquisition [qui eut demandé une bénédiction, car il est interdit d'en prononcer sur toute chose que l'on obtient par une faute]
[...]

Evidemment, ces événements étaient dirigés par la Providence Divine. Sinon, comment comprendre que des tsadikim tels que les fils de Yaakov aient pu haïr Yossef pour quelque chose d'aussi futile qu'un vêtement.
En effet, était-ce la faute de Yossef si Yaakov l'aimait plus? ...

Même s'il les avait calomniés en rapportant à Yaakov des médisances sur leur compte, cela n'aurait pas dû constituer un motif valable pour le vendre à des marchands de bas étage. Il aurait suffit d'en parler à leur père en lui demandant de réprimander Yossef et de lui ordonner de ne plus recommencer.
Yossef aurait certainement écouté son père.

=> Nous voyons que cet épisode fut entièrement conduit par la Providence Divine. D'autant plus que les frères regrettèrent leur comportement.
[Méam Loez - Vayéchev 37,28]

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-> C'est parce que Yossef, qui était un premier-né, a été acheté pour un prix aussi bas que le rachat des premiers-nés, plus tard, sera également fixé au prix très bas de 5 Shékels.
[rabbi Yossef Deutsch]

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-> Yossef a été vendu pour des chaussures, pour montrer qu'eux [les frères] portaient des chaussures et étaient des hommes libres, alors que lui serait esclave, contrairement à son rêve où il se voyait en train de régner alors qu'eux seraient ses serviteurs.

"Dina, la fille que Léa avait enfantée à Yaakov, sortit pour faire connaissance avec les filles du pays." (Vayichla'h 34,1)

-> Dina était destinée à être un garçon. En effet, Léa avait été enceinte d'un garçon, mais l'embryon s'est miraculeusement transformé en fille.
C'est pourquoi Dina se comportait comme un garçon, et aimait explorer chaque nouvel endroit.
[...]

Nos Sages enseignent que Yaakov mérita l'épreuve qu'il vécut dans cet épisode concernant Dina, en conséquence de péchés, dont les suivants :

1°/ Il avait ressenti une légère pointe d'orgueil quand D. lui annonça : "Tu domineras le monde d'ici-bas".
Il fût châtié en ce que les habitants de Ché'hem ne le respectèrent pas.

2°/ Il laissa sa fille sortir de chez elle dans une ville étrangère et aux mœurs légères. Il aurait dû la réprimander et l'empêcher de sortir.
Puisqu'il manqua d'attention, D. permit aux événements de suivre leur cours naturel.

3°/ Il fit preuve d'orgueil lorsqu'il dit à Lavan, que grâce à son mérite, les brebis donnaient naissance à des agneaux tachetés.

4°/ Yaakov cacha Dina dans un coffre afin qu'Essav ne a voie pas et ne la prenne pas de force.
Ceci était répréhensible car une bonne épouse peut améliorer son mari.
Tout, dans une maison dépend de la femme. Si elle est bonne, elle peut rendre son mari meilleur, et sinon elle est capable du contraire ...
Bien évidemment qu'il existe des exceptions à la règle ... mais dans la plupart des cas, les hommes suivent leurs épouses.

Puisque Dina était une sainte, elle aurait pu inciter Essav à changer de voie, s'il l'avait épousée. Il aurait vu ses bonnes qualités, et cela aurait pu l'influencer de manière positive.
En réalité, nous voyons que Dina avait effectivement ce pouvoir, lorsque par la suite, elle épousa Iyov, lequel était un non-juif, qui sous l'influence de Dina, devint même un tsadik.

=> Si elle a pu agir de la sorte avec Iyov, elle aurait pu sans aucun doute et sans réelle difficulté améliorer Essav, qui était non seulement déjà circoncis, mais également le fils d'Its'hak et d'Avraham.
[...]

Dina qui était issue d'une lignée de tsadikim aussi prestigieuse que celle de Yaakov et Its'hak, ne courait pas le risque de suivre les voies du racha Essav. Si elle l'avait épousé, son influence aurait été sans aucun doute bénéfique. Par contre, Léa [qui pleurée pour ne pas épouser Essav], elle ne pouvait pas être certaine de parvenir à améliorer Essav, car elle était la fille d'un racha : Lavan.

=> L'attitude de Yaakov est répréhensible, car Essav en voyant Dina, aurait pu modifier son comportement, dans l'espoir que Yaakov lui permette de l'épouser.

[ex: la guémara nous rapporte que rabbi Yo'hanan a proposé sa sœur, très belle, à Rech Lakich qui était alors un jeune et fort chef de bandits.
De la même façon que rabbi Yo'hanan a ramené au repentir un chef de bandit, Essav aurait pu se repentir s'il avait vu la beauté de Dina. Yaakov avait donc eu tort de la lui cacher.]
[...]

En réalité, Dina était extrêmement modeste. Quand elle sortit, elle s'était complètement recouverte, afin que même son visage soit caché.
Mais l'un de ses bras se découvrit accidentellement, et Ché'hem put avoir une idée de sa beauté.

[Méam Loez - Vayichla'h 34,1]

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+ "Ché'hem, le fils du chef de la région, 'Hamor le Hévéen, vit [Dina]. Il la prit et s'approcha d'elle en lui faisant violence" (Vayichla'h 34,2)

-> Ché'hem prit Dina de force.
Il avait entendu parler de la beauté de Dina, et avait préparé un plan pour l'attirer hors de la maison de son père.
Il engagea des danseuses pour créer une animation dans les rues, et quand Dina vint contempler le spectacle, il l'enleva et l'apporta dans son palais.
[Méam Loez]

[Le Méam Loez (v.34,8-12) commente qu'à ce moment, Dina avait 8 ans et un mois. Ché'hem lui promit donc des cadeaux afin qu'elle ne lui cause point de difficultés.]

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+ "Chimon et Lévi, frères de Dina ... emmenèrent Dina hors de la maIson de Ché'hem, et ils ressortirent" (Vayichla'h 34,26)

-> Les fils de Yaakov attendirent 3 jours, jusqu'à ce que tous furent circoncis.
De plus, il fallut au moins 2 jours pour que tous les hommes soient circoncis.

Le jour où Lévi attaqua la ville, il avait 13 ans.
Chimon et Lévi ne consultèrent ni Yaakov, ni leurs frères. Ils étaient sûrs d'eux-mêmes, car ils savaient que les hommes de Ché'hem étaient faibles et souffraient [ex: une bonne partie était dans leur 3e jour après la circoncision, qui est le plus difficile!].
De plus, ils savaient qu'ils pouvaient s'appuyer sur le mérite de leur père Yaakov.

Quand Yaakov découvrit leur projet, il s'y opposa avec vigueur. Pourtant, il se dit : "Je ne puis les laisser seuls. Des habitants d'autres villes peuvent venir attaquer mes fils."
Il prit donc son épée et son arc, et se posta devant la porte de Ché'hem.
Il dit : "Si des gens surviennent, ils devront m'affronter en premier".
[...]

Dina enceinte de Ché'hem, donna naissance à une fille nommée Assenath.
Les frères voulurent tuer l'enfant, ils dirent : "Que penseront les gens? Yaakov a une bâtarde dans sa maison".
Cependant, Yaakov ne le permit pas. Il prit une pièce de métal, y grava le nom Divin, et l'accrocha au cou de l'enfant, et ensuite, il l'abandonna dans un champ.

L'ange Mi'haël vint et emporta la petite fille en Egypte, dans la demeure de Potifar, le prête d'On.
Lui et sa femme ne pouvant engendrer, ils adoptèrent le nourrisson.
Cette même Assenath deviendra l'épouse de Yossef (Mikets 41,45).
[Méam Loez]

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+ "Si vous devenez comme nous en pratiquant la circoncision sur chaque homme ... nous deviendrons un seul peuple" (Vayichla'h 34,15)

=> Pourquoi les enfants de Yaakov ont-ils agi avec ruse envers les habitants de Chekhem, en leur conseillant de faire la circoncision (brit mila) pour qu'ils soient comme eux?
Puisque leur intention était de faire la guerre, les enfants de Yaakov, étant en outre d'une très grande force physique, n'avaient pas besoin de leur demander de faire la mila pour les vaincre, alors pourquoi l'avoir fait?

Le rav Yonathan Eibschutz répond que si les enfants de Yaakov avaient frappé les habitants de Chekhem sans que ceux-ci soient circoncis, un grand bruit se serait alors fait entendre dans le monde. De nombreuses nations se seraient assemblées et mises en colère sur l'effronterie des Bné Israël d'avoir anéanti un autre peuple.

S'il n'en fut pas ainsi, c'est en raison de leur circoncision. En effet, les habitants de Chekhem ont fait savoir, par cet acte, qu'ils étaient également juifs.
Les enfants de Yaakov savaient parfaitement que dans cette situation ils étaient assurés que les peuples du monde ne se sentiraient pas outragés et n'élèveraient pas la moindre protestation sur ce qui se passa dans la ville de Chekhem. En effet, lorsque ce sont des juifs qui sont touchés, il n'y a aucune plainte des nations et le silence se fait assourdissant.

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+ "Ils prirent les 2 fils de Yaakov, Chimon et Lévi, les frères de Dina, chacun son épée, et marchèrent sur la ville avec assurance et tuèrent tous les mâles" (Vayichla'h 34,25)

-> Le Yalkout Réouvéni rapporte que lorsque les enfants de Yaakov tuèrent les [24 000] habitants de Chekhem, l'ange [Accusateur] Samaël s'est précipité devant le tribunal céleste pour accuser les enfants de Yaakov. Le tribunal suprême refusa sa requête, car tous ces hommes avaient la circoncision.
Or en tant que représentant des hommes incirconcis, sa plainte était non recevable. Lorsqu'il sortit du tribunal céleste, il réfléchit au moyen d'atteindre son objectif, il se rendit immédiatement dans le camp de Yaakov et provoqua les querelles entre Yossef et ses frères jusqu'à ce que les enfants de Yaakov vendirent Yossef.

-> Rabbi Ména'hem Azaria de Pano (Assara Maamarot) ajoute qu'il y avait 24 000 habitants à Chekhem, et qu'ils ont été réincarnés durant la génération du désert, dans les 24 000 hommes frappés par l'épidémie.
Ces hommes avaient fauté avec les filles de Moav sous le conseil de Bil'am. Ainsi, cette faute n'était pas complètement réparée. C'est la raison pour laquelle ils furent ensuite réincarnés dans les élèves de Rabbi Akiva, leur manque de respect entre eux leur a coûté la vie.
Rabbi Akiva était quant à lui la réincarnation de Zimri ben Salou.

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=> Comment les enfants de Yaakov se sont-ils permis de verser le sang innocent et de tuer toute la population de la ville? Ne devaient-ils pas tuer uniquement Chekhem ben 'Hamor?

-> Le rav Yissa'har Chmouëli Beniahou répond :
Les habitants de Chekhem ont réussi grâce aux forces de l'impureté et à la sorcellerie à percevoir dans l'avenir que Yaakov allait établir avec les tribus d'Israël un peuple de sainteté (kédoucha) qui s'installerait sur la terre d'Israël, dominerait et chasserait les peuples idolâtres.
Il semblerait qu'ils avaient décidé au plus profond de leur âme d'annuler cette prévision d'avenir et avaient accepté de se mélanger avec les enfants de Yaakov en mariant leurs enfants respectivement, sous condition de faire la brit mila.
Il se trouve que d'après le raisonnement de cette population, D. préserve, ils souhaitaient annihiler la descendance d'Israël par leurs mélanges.
Ainsi ils étaient prêts à risquer leur vie afin d'annihiler le peuple saint. C'est pourquoi les enfants de Yaakov les tuèrent, car leur but profond était de détruire les tribus de la sainteté.

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-> "Notre sœur pourrait-elle être considérée comme une prostituée" (Vayichla'h 34,31)

-> Un jour, deux tsadikim discutaient ensemble quant à savoir quelle est la faute de la génération qui empêche la venue du machia'h. Le premier dit qu'il s'agit du manque de pudeur. Et le deuxième soutenait que le machia'h tarde à venir à cause des bavardages dans les synagogues. Puisqu'ils n'arrivaient pas à s'entendre, ils décidèrent de faire appel à un tirage au sort.
Ils ouvriront un 'Houmach et verraient quel sujet y est traité. Ils décideront qui a raison en fonction du contexte qui y sera traité. Puis, ils s'exécutèrent. Ils ouvrirent le 'Houmach et tombèrent sur le verset : "Notre soeur pourrait-elle être considérée comme une prostituée", ce qui soutenait clairement la thèse du manque de pudeur.
C'est là que l'autre Rav proposa de se référer à l'explication du Targoum Yonathan sur ce verset. C'est là qu'ils purent y lire : "Ils parleront dans leur lieu de rassemblement que leur soeur a été considérée comme une prostituée". Cela évoque la faute de parler dans les synagogues.
La Providence Divine leur montra qu'en fait, ils avaient tous les deux raison.