Aux délices de la Torah

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Vachti : est-elle devenue une vache?

+ Vachti : est-elle devenue une vache?

-> Le midrach (Pessikta Rabbati 14) rapporte l'histoire d'un juif qui a vendu sa vache à un non-juif de Perse.
La semaine qui a suivi cette vente, le non-juif est retourné voir le vendeur pour se plaindre du fait que sa vache refusait de faire tout travail le Shabbath.

Le juif a compris que l'attitude de son ex-vache provenait de son habitude à ne pas travailler auparavant le Shabbath.
Il a alors murmuré à son oreille : "Pendant que je te possédais, tu n'avais pas le droit de travailler le Shabbath, mais maintenant que ton propriétaire est un non-juif, cela te devient permis".
La vache s'est immédiatement levée et a labouré le champ de son nouvel acheteur.

Le non-juif très impressionné par la vue de cette vache "pieuse", s'est dit à lui-même : "Si une vache qui ne peut ni parler, ni penser, est capable de reconnaître son créateur, à plus forte raison, moi qui suis créé à l'image du Créateur!"
Il s'est converti au judaïsme, et il était connu comme : Rabbi 'Hanina ben Torosa (le fils de la vache).

=> Quel est le rapport avec Pourim?

-> Le Rama di Pano (Gilgoulé Néchamot), élève de Rabbi Moché Cordovero, révèle que cette vache était la réincarnation de Vachti, qui a été puni pour avoir forcée les jeunes filles juives à travailler le Shabbath, et le converti Perse était une réincarnation de A'hachvéroch.
Par le biais de cette épisode, ils ont pu totalement se rectifier.

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-> Rachi (Esther 1,12) explique que la reine Vachti refusa de se présenter devant le roi car elle était atteinte de la lèpre. Cette racha faisait travailler les filles d'Israël dévêtues durant Shabbat transgressant de ce fait son observance. Ainsi, le roi demanda, mesure pour mesure par Providence divine, qu'elle se présente à la cours nue durant Shabbat.

-> Ainsi dans ce récit, A'hachvéroch et Vachti font tous 2 amende honorable.
Vachti avait contraint des jeunes filles juives à travailler le Shabbath, et la vache, dans laquelle résidait l'âme de Vachti, avait été criée et battue pour tenter de l'obliger à labourer le Shabbath.
Cela a servi de forme de rectification pour l'âme de Vachti.
L'âme d'A'hachvéroch a également atteint un niveau d'expiation lorsqu'elle est revenue dans ce monde en tant que non-juif qui s'est finalement converti au judaïsme.

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-> Le midrach précédent (Pessikta Rabbati 14) poursuit en fournissant une autre révélation étonnante.
Non seulement l'âme d'A'hachvéroch est revenue dans ce monde en tant que non-juif converti au judaïsme, mais, après son convertion, il a étudié et maîtrisé la Torah.
Sa stature s'est accrue parmi ses contemporains et il a fini par atteindre le niveau d'un Tana. Il fut connu sous le nom de : rabbi Yo'hanan ben Torsa, soit "rabbi Yo'hanan, le fils de la vache".
Il fut appelé ainsi parce que sa conversion avait été précipitée par les événements entourant la vache qu'il avait achetée.
Jusqu'à ce jour, ajoute la Pessikta, nous racontons des divré Torah en son nom.

-> Le rav Wolfson note que la guématria des premiers mots de la paracha Para : "zot 'houkat" a la même valeur que "amélé'h A'hachvéroch".
La paracha Para (vache [rousse]) est lue le Shabbath suivant la fête de Pourim.

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-> "Mais la reine Vacthi refusa de venir" (Esther 1,12)

-> La guémara (Méguila 12b) explique pourquoi Vachti a désobéi à l'ordre de son mari A'hachvéroch d'assister à son festin. La guémara indique que l'ange Gavriel est venu et lui a confectionné une queue. Par embarras, elle a refusé d'aller voir A'hachvéroch.

Le rav Yonathan Eibschutz (Yaarot Dvach - 'helek 1, drouch 8) explique que cela ne doit pas être compris littéralement. Vachti ne s'est pas vu pousser un extension en forme de queue.
Cependant, l'ange Gavriel l'a imprégnée d'un sens de la tsniout ; il lui a inculqué la modestie/pudeur.
Dans sa nouvelle tenue modeste, elle ne pouvait en aucun cas se conformer aux instructions d'A'hachvéroch.
Bien que Vashti n'ait pas eu de véritable queue dans le récit de Pourim, il est ironique de constater, selon la Pessikta, que lorsque Vachti s'est réincarnée des années plus tard en réincarnation sous la forme d'une vache, elle avait en fait littéralement une queue.

Pourim est un jour très très important.
Il est plus important que Shavouot, car nous avons été forcés à y accepter la Torah.
En effet, le mont Sinaï a été suspendu au-dessus de nos têtes, nous obligeant et nous forçant à la recevoir [ou sinon à mourir ensevelis].
A Pourim, les juifs ont accepté la Torah par amour (cf. guémara Shabbath 88a), et selon cet aspect, Pourim est plus important que Shavouot.

Pourim est également plus important que Pessa'h, car Pessa'h célèbre le passage de l'esclavage à la liberté, tandis qu'à Pourim nous célébrons le sauvetage de la mort à la vie.

Ainsi, Pourim est plus important et plus saint que Pessa'h et Shavouot.

['Hatam Sofer - Drouchim p.156]

Pourim & l’étude de la Torah

+ Pourim & l'étude de la Torah :

-> Le Rama (Darchei Moché 695) enseigne que l'obligation de faire un grand festin à Pourim, découle du fait que c'est un jour où l'on reçoit la Torah (yom matan Torah), à l'image de Shavouot.
Il écrit ensuite que nous devons étudier la Torah à table avant de commencer le festin de Pourim.
[en l'étudiant à ce moment, nous montrons clairement que c'est elle que nous célébrons!]

-> Le Yessod véChorech haAvoda (chaar hamifkad chap.6), cite le midrach Shochar Tov, qui affirme que Haman a décrété que les juifs ne pouvaient pas étudier la Torah.
Ainsi, si nous festoyons à Pourim, c'est en partie car nous avons actuellement la possibilité de l'étudier [preuve de notre victoire totale sur Haman, et de l'éternité de la Torah].

["Pour les juifs, il y avait lumière et joie" (méguilat Esther 8,16)
Selon nos Sages (Méguila 16b) : "la lumière c’est la Torah" (ora zé Torah).
=> Puisqu'il y avait de nouveau la Torah, alors par conséquent il y avait de la joie véritable! ]

-> Haman était un descendant de Amalek.
Rabbi Chmouël Rovosky dit qu'en étudiant la Torah à Pourim, nous développons notre conscience que pour mettre à mort notre yétser ara (le Amalek en nous!), il faut s'armer de la Torah.

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-> Le Steïpler (Binyan Olam - chap.15) nous apprend qu'une personne qui étudie durant les moments où la majorité des gens n'étudie pas, aura davantage de réussite dans son étude. En effet, il lui sera possible d'accomplir en peu de temps, ce qui normalement en prendrait beaucoup plus.
Pourquoi cela?

Le rav Kareleinstein apporte 2 raisons :
1°/ Lorsque tout le monde n'étudie pas, alors il nous est un peu plus difficile de se mettre sérieusement à étudier, et ainsi nous obtenons un salaire plus important, selon le principe que la récompense est proportionnelle à l'effort investi.

2°/ A chaque instant, Hachem envoie dans le monde un certain montant d'aide Divine pour ceux qui étudient la Torah.
Dans les moments où peu de personnes étudient (ex: Pourim, veille de Shabbath, vacances des yéchivot, ...), le "gâteau" est réparti en moins de personnes, qui auront alors toute une plus grosse part d'aide Divine.

[=> Moins de juifs étudient la Torah, plus celui qui le fait sera aidé par Hachem. Quelle opportunité!]

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-> Mordé'haï a accédé au cheval du roi en montant sur le dos d'Haman qui a dû se courber.
Cette position relative contient une allusion : par le mérite de la Torah, Mordé'haï a acquis un niveau supérieur à celui du 1er ministre Haman.

Cette supériorité peut être confirmée de 2 façons :
- la lettre lamed s'écrit pleinement : למד et signifie : apprendre/étudier (du verbe lilmod).
Lorsque l'on prend l'alphabet hébraïque avec en haut le aléph, puis en dessous, le bét, ... et qu'on cherche les lettres qui sont en-dessous de celles qui composent : למד, on obtient le nom : המן (Haman).
[laméd -> mém ; mém -> noun ; dalét -> hé]
- la lettre laméd (ל), qui symbolise l'étude de la Torah dépasse en hauteur les autres lettres de l'alphabet.
[Ben Ich 'Haï]

[Pourim est un jour où l'on doit développer en nous notre joie, notre fierté d'avoir la Torah, qui nous confère une sublime protection, supériorité par rapport au restant de la Création.
(même l'homme le plus riche, le roi, le 1er ministre de la plus grand puissance mondiale, ... ne valent rien face à l'infinie élévation éternelle qu'apporte la Torah!)]

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+ "Pour les juifs, ce n'étaient que lumière et joie, allégresse et marques d'honneur" (Méguilat Esther 8,16)
Rav Yéhouda dit :
"La lumière" se rapporte à la Torahh ...
"La joie" se rapporte au jour de fête ...
"L'allégresse" se rapporte à la pratique de la brit mila ...
"Les marques d'honneur", c'est le port des téfilin ...
Rabbi Eliézer haGadol précise qu'il s'agit des téfilin de la tête.
[guémara Méguila 16b]

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-> Habituellement, c'est le mot : "or" (אור) qui est utilisé dans les versets du Tana'h pour désigner la lumière, comme par exemple :
- "Mais pour tous les Bné Israël, il y avait de la lumière (aya or) dans leurs demeures" (Chémot 10,23) ;
- ou : "Car la mitsva est un flambeau et la Torah une lumière (Torah or)" (Michlé 6,23).

Cependant, ici (Méguilat Esther 8,16), au lieu d'écrire le langage habituel : "aya or" (ce n'était que lumière - היה אור), le texte l'a écrit au féminin : היתה אורה (haïta ora).
C'est pourquoi rav Yéhouda dit qu'il s'agit de la lumière de la Torah, car la Torah est désignée au féminin (c'est la "fiancée" d'Israël).
[Maharcha]

[d'une certaine façon, Pourim est une sorte de Saint Valentin, une journée propice à renforcer notre relation avec notre fiancée : la Torah!]

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-> "La lumière se rapporte à la Torah" : le but de la guéoula est que les juifs s'élèvent et parvienne à ressentir dans leur intériorité que la seule véritable lumière est contenue dans la Torah, et que la lumière physique du soleil est pâle devant la lumière spirituelle contenue dans la Torah.
[d'après le Sfat Emet]

-> La lumière de la Torah = c'est la manière intellectuelle de servir Hachem ; le plaisir que l'on retire d'une étude approfondie nous rapproche de D.
La joie ... c'est la manière émotionnelle de ressentir la sainteté ... et notre gratitude envers Hachem.
[Maharal- Ohr 'Hadach]

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-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Les lettres du mot : "ora" (אורה) du verset d'Esther (8,16) font allusion à la Torah Écrite et à la Torah Orale données à Moché au Har Sinaï :
1°/ la 1ere lettre : א (aleph) de ce mot : אורה fait allusion à la Torah Écrite. En effet, elle est constituée de la lettre : vav de guématria 6 et de 2 lettres youd, de guématria 10 chacune, soit un total de 26 qui correspond à la guématria du Nom Divin (יהוה) de guématria 26.
Or, la Torah écrite correspond au Tétragramme (יהוה), c'est pourquoi les 10 Commandements, qui sont un condensé de la Torah Écrite, commencent par la lettre aléph dans : anokhi (Je suis ... - אנכי).

2°/ la seconde lettre : vav (ו) de guématria 6 fait allusion à la Torah Orale, car la Torah Orale contient 6 traités.

3°/ les 2 dernières lettres du mot : אורה, forment le mot : ar (montagne - הר), en allusion au fait qu'aussi bien la Torah Écrite que la Torah Orale ont été données à Moché au Har Sinaï.

[Le rav Soloveitchik, se basant sur le midrach Tan’houma (début de Noa’h) enseigne que lorsque les juifs ont proclamé : "naasé vénichma" (au Har Sinaï), il s’agissait uniquement de la Torah Écrite, et c’est pourquoi Hachem a dû suspendre le Har Sinaï pour qu’ils en viennent à accepter la Torah Orale.
C’est ainsi que Pourim est le jour du don de la Torah Orale.

Nous fêtons Shavouot comme jour d’acception de nous-même de la Torah Écrite, et à Pourim nous amplifions cela en acceptant également de nous-même la Torah Orale.
=> Puisque Pourim marque notre acceptation de toute la Torah, la lumière est alors totale, et la fête, la joie, ... est également totale!
D'où l'importance en ce jour de l'étudier, pour concrétiser cela! ]

"Si tel est le bon plaisir du roi, qu'il soit rendu un ordre écrit de les faire périr, et moi, je mettrai 10 000 kikars d'argent à la disposition des agents [royaux] pour être versés dans les trésors du roi" (Méguilat Esther 3,9)

-> Selon le 'Hatam Sofer, lorsque Haman a donné à A'hachvéroch ces 10 000 kikar d'argent, il lui a conseillé de les donner aux pauvres.
En effet, A'hachvéroch aurait du mal à expliquer comment il a pu accepter un pot-de-vin pour permettre d'anéantir une nation toute entière.
Par cela, il n'avait pas besoin d'utiliser cet argent de ses fonds propres, et cela lui permettait de prouver qu'il agissait uniquement pour le bien de son pays!

-> Le 'Hida (Ahavat David 11d) rapporte les paroles de Haman à A'hachvéroch : "Si vous le désirez, vous pouvez consacrer tout cet argent pour la tsédaka! Il est certain que le mérite de la tsédaka, va nous protéger et se tenir devant nous pour nous faire réussir dans nos actions, et renforcer nos mérites face à ceux d'Israël!
Cela vaut la peine que nos Shékalim viennent annuler leurs Shéakim."

[de nombreux autres commentateurs affirment également que Haman a donné 10 000 kikars d'argent à la tsédaka, comme par exemple parmi les "récents" : le Pri Tsadik (Shékalim 15) ; le Yaarot Dvach (Pourim) ; le 'Hazon Ovadia (p.311) ; ... ]

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-> Le 'Hatam Sofer poursuit que lorsque les gens verront que l'argent ira à la tsédaka, ils raisonneront que Haman est quelqu'un de bien.
En effet, puisqu'étant un modèle en terme de tsédaka, s'il souhaite tuer tous les juifs, c'est forcément qu'il le fait avec les meilleures intentions pour le bien du pays.

-> La guémara (Méguila 16a) rapporte que lorsque Haman est venu voir Mordé'haï afin de lui revêtir des habits royaux pour le mener sur le cheval royal, celui-ci était en train d'enseigner les lois de kémitsa (קמיצה - la façon dont le Cohen mesurait la farine avec sa poignée (komets) dans le cadre des sacrifices apportés sur l'Autel).

Haman lui a dit : "Ta poignée de farine a repoussé mes 10 000 kikars d'argent!"

=> La kémitsa est quelque chose de spirituelle, c'est une mitsva, tandis que les 10 000 kikars sont d'ordre matériel, c'est un pot-de-vin. N'est-ce pas évident que le spirituel repousse le matériel? Qu'y a-t-il de si spécial?

Le rav Nevenzahl explique que la comparaison de Haman prend tout son sens dans le fait que les 10 000 kikar de Haman étaient en réalité également spirituels, puisqu'étant de la tsédaka!
Haman affirme alors que la mitsva de Mordé'haï a vaincu sa propre mitsva.

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"Parmi les descendants de Haman, il y en a qui ont étudié la Torah à Bné Brak"
[guémara Sanhédrin 96b]

=> Quel mérite a permis à certains de ses descendants de se convertir au judaïsme, et même à étudier la Torah?

Le rav Nevenzahl suggère que c'est grâce à l'importante somme d'argent qu'il a versée à la tsédaka.

-> Le ‘Hazon Ich explique qu’il s’agit des petits-fils de la fille de Haman. Or, la règle chez les non-juifs est que la transmission se fasse d’après le père, qui dans notre cas n’était pas un descendant d’Amalek.
Par contre, s’ils ont combattu contre les juifs, il est impossible de les accepter.

-> Quel illustre personnage a été un descendant de Haman?

Le Métivta (sur guémara Sanhédrin 96b) affirme que Rabbi Akiva fait partie des descendants de Haman qui ont étudié à Bné Brak.
Une version du Séfer ha'Hinoukh (mitsva 425) également explicitement cela.

-> Rabbénou Nissim (guémara Béra'hot 27b) et le Rambam (vers le début de l'introduction au Michné Torah) écrivent que Rabbi Akiva venait d'une famille de convertis.

-> Selon la guémara (Sanhédrin 32b), son lieu principal où il a vécu est : Bné Brak.

-> Rachi (guémara Baba Métsia 11b) rapporte que Rabbi Akiva s'occupait tout particulièrement de la tsédaka (gabbaï tsédaka).

=> Le rav Nevenzahl suggère que cela n'est pas une coïncidence, et que cela provenait du fait que son arrière-arrière-arrière grand-père (Haman) avait donné à la tsédaka une importante somme.

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-> Il est évident que Haman a donné à la tsédaka avec les pires intentions possibles : pour aider à anéantir le peuple juif! Néanmoins, il a quand même mérité une certaine récompense pour cela.
Il est évident qu'il est punie au Guéhinam pour ses terribles fautes, et pour son désir d'avoir cherché à détruire les juifs, mais malgré cela il reçoit une récompense pour sa bonne action.

Nos Sages nous enseignent également que Balak a mérité une récompense pour les 42 sacrifices qu'il a pu offrir à D. dans le but de maudire le peuple juif.
En effet, malgré ses mauvaises intentions, il a mérité d'avoir comme descendante : Ruth, le roi David, ...

=> S'il en est ainsi chez les réchaïm, à combien plus forte raison devons-nous considérer avec importance les conséquences positives de nos bonnes actions!!

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-> La mitsva du demi-Shékel (ma'hatsit aShékel – מחצית השקל) a fait pencher la balance face aux 10 000 kikar d’argent qu’Haman voulait donner à A’hachvéroch pour anéantir les juifs.

En effet, la guémara (Méguila 13b) explique : "Rech Lakich disait : Il était connu et dévoilé devant Celui Qui a créé le monde par Sa parole, qu’Haman pèserait ces pièces contre les juifs, et c’est pourquoi Il fit précéder leurs Shékels aux siens.
C’est aussi pourquoi on a la coutume, le 1er Adar, d’écouter la paracha Chékalim."

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-> Pour anéantir le peuple juif, Haman a été prêt à débourser 10 000 kikars d'argent. Selon le rav Lumbroso cela équivaut à 680 tonnes d'argent!

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-> Lors que Névou'hadnétsar, roi de Bavél, assiégea la ville de Jérusalem et qu'il emmena en exil les dirigeants de cette ville, il est écrit : "Il exila ... tous les dirigeants et tous les vaillants guerriers, au nombre de 10 000" (Méla'him II 24,14).

=> C'est pourquoi Haman a voulu, en allusion, offrir au trésor royal 10 000 kikars d'argent qui correspondaient aux 10 000 chefs exilés par le roi Névou'hadnétser pour forcer la main d'A'hachvéroch et lui signifier : si ton prédécesseur Névou'hadnétsar a jugé bon d'exiler les 10 000 dirigeants juifs, c'est une preuve que ce peuple est nuisible et mérite d'être exterminé.
[Méam Loez]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2014/02/23/1177-2

Le jeûne d’Esther : un jeûne de joie!

+ Le jeûne d'Esther : un jeûne de joie!

-> Quel événement historique vient nous rappeler le jeûne d'Esther?
1°/ Le souvenir des 3 jours de jeûne d'Esther avant qu'elle n'aille parler à A'hachvéroch.
Ces jours se sont déroulés pendant le mois de Nissan, durant la fête de Pessa'h.
La coutume étant de ne pas jeûner en Nissan, nos Sages ont déplacé ces 3 jours avant Pourim afin qu'ils soient associés avec cette fête, et les ont réduits à 1 seul jour pour que cela ne nous soit pas trop difficile à réaliser.

2°/ Nous avons mené une guerre le 13 Adar, et la coutume des juifs était de jeûner le jour où ils se battaient afin d'avoir davantage d'aide Divine dans la bataille.
[le jeûne rend faible, et oblige à placer toutes nos espérances de victoire en Hachem]
Nous jeûnons le 13 Adar en souvenir de cela, et le nom Taanit Esther provient du fait qu'elle a joué un rôle majeur dans l'histoire de Pourim.

=> Le 'Hayé Adam (klal 155,3) affirme que le jeûne d'Esther vient nous rappeler quelque chose de positif : Hachem nous écoute toujours dans nos moments difficiles, lorsque l'on se tourne vers Lui de tout notre cœur.

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-> Le rav Soloveitchik enseigne que ce jeûne est différent de tous les autres jeûnes, qui sont des jours tristes (ex: destruction du Temple, 1ere brèche dans la muraille de Jérusalem, ...), tandis que le taanit Esther est un jour de joie.

[le Kol Bo (siman 62) écrit explicitement : "C'est un jeûne de joie et de souvenir du miracle que nous avons reçu au même moment dans la joie" (véou taanit chél sim'ha oulizkaron aness kibélou'ou bésim'ha béota chaa aléhem)]

-> Les 4 autres jeûnes que fixèrent nos Sages trouvent leur source dans les malheurs qui frappèrent les juifs aux dates correspondantes lors de la destruction du Temple car celui-ci n'est toujours pas reconstruit.
En revanche, la michna Broura (686,2) rapporte au nom du Lévouch "qu'à l'époque de Mordé'haï et Esther, les juifs se rassemblèrent le 13 Adar pour combattre et se défendre. Ils durent pour cela susciter la miséricorde Divine et supplier qu'Hachem les aide à se venger de leurs ennemis. Déjà auparavant, les Bné Israël avaient coutume de jeûner l'approche d'une bataille comme ce fut le cas au temps de Moché lorsqu'ils combattirent Amalek.
C'est pourquoi ils jeûnèrent à l'époque de Mordé'haï et Esther en ce jour pour la même raison.
Ainsi en est-il de tout le peuple d'Israël en ce jour du jeûne d'Esther. C'est une manière de se souvenir qu'Hachem voit et entend chaque homme au temps de l'épreuve lorsqu'il jeûne et revient à Lui de tout son cœur, comme ce fut le cas à l'époque."

Le rav Elimélé'h Biderman commente : Cela nous révèle que ce jeûne a été fixé afin d'enraciner en nous la force de la prière et du repentir afin de nous rappeler qu'à chaque génération Hachem écoute la prière de ceux qui reviennent à Lui.
[tout cela génère beaucoup de joie!]

-> Le Ran (guémara Taanit 5a) cite le Raavad, qui dit que le jeûne d'Esther est différent car il vient en souvenir du miracle (zikaron laness) qui s'est passé en ce jour.
D'ailleurs, c'est pour cela qu'il n'y a aucune contradiction entre le fait d'enchaîner un jour de jeûne et un jour de festin, puisque dans les 2 l'élément principal est la joie!

-> Lorsque le jeûne du 17 Tamouz ou du 9 Av tombe un Shabbath, on le repousse au dimanche suivant.
Par contre lorsque le jeûne d'Esther tombe un Shabbath, on l'avance au jeudi précédant.
Pourquoi une telle différence?

Selon la guémara (Méguila 5a), on ne se précipite pas à commémorer quelque chose de négative.
Les Shéiltot (67) écrivent que puisque le taanit Esther commémore une chose positive, mieux vaut le faire plus tôt que plus tard.

-> Le Rambam (Hilkhot Taaniyot 1,14) écrit qu'on ne doit pas être trop joyeux pendant un jour de jeûne.
De nombreux A'haronim maintienne que cela ne s'applique pas au taanit Esther, durant lequel on a le droit d'être joyeux, car c'est un jeûne de joie.

Il y a une discussion entre nos Sages à savoir si on a le droit de se marier la nuit avant un jour de jeûne.
Selon le rav Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo 18,5), normalement il faut éviter de se marier la veille au soir d'un jeûne, cependant cela est permis la veille du taanit Esther.

Dans ses mots : "Le taanit Esther est différent ... car c'est un souvenir du taanit qui s'est passé à l'époque de Mordé'haï et d'Esther, et nous nous rappelons que Hachem écoute chaque personne qui jeûne et qui fait téchouva."

=> ce n'est pas un jour de deuil, mais une célébration de notre relation si spéciale avec papa Hachem, qui nous répond à chaque fois que nous nous tournons vers Lui avec sincérité!

Le rav Karp enseigne que le taanit Esther est une partie de Pourim, à l'image d'une pièce à 2 facettes.
En effet, c'est le fait que nous avons crié/pleuré à Hachem [jour de jeûne = prières, téchouva], qui a entraîné qu'Il nous a répondu en nous délivrant [la journée suivante de Pourim].

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-> Pourquoi Esther a-t-elle demandé au peuple juif de jeuner pendant 3 jours?

3 jours complets font 72 heures, qui est la guématria du mot : 'hessed (חסד).
Esther a demandé au peuple juif de jeûner durant 3 jours car elle voulait éveiller l'Attribut Divin de bonté ('hessed), afin de permettre aux prières du peuple juif d'être acceptées.
[Bné Yissa'har]

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-> b'h, également : https://todahm.com/2015/03/17/le-jeune-desther

"Nous avons l'obligation d'avoir une joie abondante pendant ce jour [de Pourim] ...
Cependant, nous ne sommes pas obligés de devenir ivres et de se dégrader en conséquence de cette joie.
On ne nous ordonne pas d'être joyeux dans la folie et la bêtise, mais plutôt dans un joie de plaisirs qui nous permet de devenir plus proches de Hachem."

[Méïri - rapporté dans le Biour Halakha 695,4]

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-> "Lorsque rentre le vin, les secrets sortent"
[guémara Sanhédrin 38a - ni'hnas yayin yétsé sod]

Le rav Tsadok haCohen écrit que l'intériorité la plus profonde de tout juif est dirigée vers la sainteté.
Ainsi, lorsqu'un juif boit à Pourim et qu'il est capable de rester maître de lui-même, il révèle le haut niveau spirituel qu'il peut atteindre, il met à jour sa véritable intériorité.
En effet, à l'inverse des non-juifs, même lorsqu'il n'a plus toute sa conscience (son daat), un juif reste complètement un serviteur de Hachem (il ne voit que D.!), et en cela toute la profonde sainteté d'Israël est mis au grand jour.

[même si notre train-train quotidien, l'influence des guoyim, les soucis, ... cachent cette réalité, le vin à Pourim permet de faire ressortir tout l'amour pour D., toutes nos aspirations à être au plus proche de Lui, qui se trouvent dans notre intimité.]

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-> b'h, S'enivrer à Pourim : https://todahm.com/2015/03/17/senivrer-a-pourim

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-> Pourim, ce jour unique où l'on est mort de rire à la conscience que le restant de l'année nous puissions s'interroger où se trouve Papa Hachem.
En effet, derrière toute chose (petite comme grande) : que ce soit du "Haman" ou du "Mordé'haï", il s'y trouve Hachem qui donne son accord pour notre meilleur bien!

=> A Pourim, notre joie est notre réponse à la question : Papa où es-tu?

Pourim – 3 guématriot

+ Pourim - 3 guématriot :

1°/ Les jours du mois d'Adar durant lesquels nous pouvons potentiellement lire la méguilat Esther sont : le 11, le 12, le 13, le 14 et le 15.
En additionnant ces dates, nous obtenons un total de 65, qui correspond au Nom Divin (adnout - אֲדֹנָי), qui est celui lié à l'implication cachée de Hachem dans la nature.

Les jours d'Adar venant juste avant et juste après, pendant lesquels la méguila ne peut pas être lue sont : le 10 et 16.
Cela forme un total de 26, renvoyant au Nom Divin (Havaya - יְהוָה), qui est plus sacré, et qui renvoie à la notion de miracle éclatant.
Puisque que cela n'est pas le thème de Pourim, où tout est caché dans la naturalité (il n'y a pas de miracle manifeste dans le récit de la méguilat Esther!), nous ne pouvons pas la lire ces jours là!

[le Chla haKadoch]

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2°/ Selon nos Sages (guémara Méguila 7b), à Pourim une personne doit boire du vin "ad délo yada", jusqu’à ne plus pouvoir faire de différence entre "Arour Haman" et "Barou’h Mordé'haï".

Le 'Hatam Sofer fait remarquer que :
-> arour (ארור - guématria de 407) est plus important que : Haman (המן - guématria de 95) ;
-> barou'h (ברוך - guématria de 228) est moindre que : Mordé'haï (מרדכי - guématria de 274).

=> Le message est que les tsadikim ne font que s'élever, et qu'à la fin ils méritent de grandes récompenses.
De leur côté, les réchaïm vont dans la direction opposée, ne faisant qu'aller plus bas, et à la fin ils sont punis et perdent tout.

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3°/ Chacune des Chaloch Régalim correspond à un Patriarche (cf. Tour - HilkhotRoch 'Hodech 417).
Ainsi :
-> Avraham correspond à Pessa'h, puisque les anges lui ont rendu visite à Pessa'h ;
-> Its'hak correspond à Shavouot, puisque le Shofar qui a sonné au don de la Torah était celui bélier sacrifié à la Akédat Its'hak ;
-> Yaakov correspond à Souccot, puisque le mot "Souccot " apparaît en lien avec Yaakov ;

-> selon le rav Shlomo Fisher, Pourim correspond au roi David.

Pendant un repas de Yom Tov, on doit manger de la viande et du vin, et la viande est le principal puisqu'à l'époque du Temple, la viande était sanctifiée puisque provenant des sacrifices apportés.
Par contre, à Pourim, le principal est le vin (ad délo yada).

Le rav Fisher fait remarquer :
-> la viande (bassar - בשר) = guématria 502 = la durée de la vie de Avraham est de 175 + celle de Its'hak de 180 + celle de Yaakov de 147 ans.
-> le vin (yayin - יין) = guématria 70 = le roi David a vécu 70 ans.

"Une personne qui sait véritablement ce qu'elle fait, peut accomplir davantage par le festin de Pourim, que durant la Néïla de Yom Kippour."

[Rabbi Israël Salanter]

"[Ainsi] fut achevé tout l'ouvrage du Michkan ... et les enfants d'Israël avaient fait selon tout ce que Hachem avait ordonné à Moché" (Pékoudé 39,32)

-> Ce verset, ne devrait-il pas tout d'abord dire ce qu'ils ont été ordonnés de faire, et ensuite que le Michkan a été achevé, et non l'inverse?

Le Alshich haKadoch (Torat Moché) répond que de nombreux aspects de la construction du Michkan étaient ignorés des juifs, Hachem devant les compléter Lui-même.
Malgré cela, D. leur donne le mérite comme s'ils l'avaient entièrement eux-mêmes.

=> Ainsi : "fut achevé tout l'ouvrage" par Hachem, et malgré cette réalité : "ils avaient fait selon tout ce que Hachem avait ordonné" = ils ont reçu le mérite pour la totalité du travail.

[=> dans la spiritualité, nous devons faire de notre mieux, et Hachem se chargera alors de compléter ce qu'il manque. Au final, Il nous créditera pour la totalité!]

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-> Rachi (v.39,33) commente : "Aucun homme au monde n’aurait été capable de monter le Michkan, étant donné le poids des planches, que nul n’aurait pu dresser ...
Moché a dit à Hachem : "Comment pourrait-on le monter de la main d’un homme?"
D. lui a répondu : "Charge-t'en de ta propre main, et ce sera comme si c’est toi qui le montais!"
En fait, le Michkan s’est monté et dressé de lui-même."

-> "Notre devoir est seulement d'agir. Quant à la réalisation et à ses résultats, ils sont du ressort de Hachem.
Quand il nous incombe de faire une chose, notre rôle n'est pas de l'amener à sa réalisation, mais simplement d'agir!"
['Hafets 'Haïm]

=> Avec le Michkan, même si l'édification était humainement impossible, Moché n'en était pas pour autant dispensé d'agir. Et dès qu'il se mit à l'oeuvre, D. intervint et paracheva son action.
Bien qu'en fin de compte, le Michkan fut érigé de lui-même, le mérite en revint néanmoins à Moché précisément en vertu des efforts engagés.

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"Vinrent tous les hommes portés par leur cœur, et tous ceux que leur esprit avait porté à la générosité" (Vayakel 35,21)

-> "portés par leur cœur" = cela désigne les personnes venues exécuter les travaux de tissage, de couture, de construction, ... nécessaire à l'édification du Michkan.

Les conditions de vie (en esclavage très difficile) en Egypte, n'avaient pas permis la formation d'artisans parmi les enfants d'Israël, personne ne les avait formés et ils n'avaient eu aucune possibilité de développer leur talent.
Malgré ce manque évident de qualification, certains d'entre eux, sentant qu'ils possédaient des aptitudes naturelles, "portés par leur cœur", ont senti le désir de se porter volontaires pour entreprendre ces diverses tâches, confiants dans le fait que D. les aiderait au mieux à accomplir Sa volonté.
[le Ramban]

-> Selon le rav Yérouh'am Lévovitz, il en est de même dans tout comportement en l'honneur d'Hachem, lorsque nous ne possédons ni les talents, ni les capacités nécessaires pour réaliser cette tâche.
En effet, si nous témoignons de notre profonde motivation et de notre envie de réussir un projet pour la gloire de Hachem, alors nous avons la certitude de recevoir les bénédictions d'une aide Divine et de la réussite, d'une façon qui dépasse nos rêves les plus fous!

-> A ce sujet, le 'Hafets 'Haïm (Vayakél 36,2) disait : "En spiritualité, il faut témoigner de son désir et de sa volonté du cœur, et alors nous aurons les capacités pour atteindre les buts spirituels."

Il donne l'exemple suivant : si quelqu'un désire dominer un traité talmudique particulier, en étant prêt à y investir les efforts nécessaires, alors Hachem va lui accorder une bénédiction du Ciel, et il aura alors les capacités dont il aura besoin pour l'acquérir.

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Selon le Ohr ha'Haïm haKadoch, il y avait 2 types de donateurs :
-> les plus nobles, ceux qui étaient "portés par leur cœur" à donner au-delà de leurs moyens ;
-> et les autres, ceux que "leur esprit avait porté à la générosité", de bon cœur, dans la mesure de leurs moyens.

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-> "Tout le travail du Michkan ... fut fini et ils firent comme Hachem ordonna à Moché, ainsi ils firent" (Pékoudé 39,32)

Le 'Hatam Sofer enseigne :
Si tout le travail du Michkan était fini, que restait-il encore à faire? De plus, le verset semble redondant : ''Ils firent... ainsi ils firent''.

En fait, une fois que tout le Michkan était constitué, il restait encore à le dresser et le mettre sur pied. Cela était essentiellement le rôle de Moché. Mais le peuple voulait malgré tout essayer eux aussi de dresser le Michkan.
Ainsi, "Tout le travail du Michkan ... fut fini", mais le peuple ne voulait pas s'en arrêter là. "Ils firent comme Hachem ordonna à Moché", à savoir ils essayèrent de toute leur force de dresser le Michkan, qui était le travail qu'Hachem ordonna à Moché. Mais malgré tous leurs efforts, il n'y arrivèrent pas.
Néanmoins, quand quelqu'un s'efforce de faire une mitsva, même s'il n'y arrive pas, Hachem lui compte comme s'il l'avait faite.
Aussi, Hachem considéra que "ainsi ils firent", comme s'ils firent cela. Mais, comme ils virent qu'ils ne réussirent pas à dresser réellement le Michkan, alors, "ils amenèrent le Michkan à Moché", pour que lui, il réussisse à le dresser.

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-> "Tout le travail du Michkan ... fut fini, et les enfants d'Israël firent comme tout ce que Hachem ordonna à Moché" (Pékoudé 39,32)

Selon le principe qui dit que celui qui s'affaire à une mitsva est dispensé des autres mitsvot, ainsi tant que les juifs étaient occupés à fabriquer le Michkan, ils étaient dispensés du reste. Mais, quand "tout le travail du Michkan fut fini", alors ils pouvaient de nouveau s'occuper de toutes les autres mitsvot de la Torah.
Ainsi, ils "firent comme tout ce que Hachem ordonna à Moché" = c'est-à-dire qu'ils pouvaient de nouveau faire toutes les autres mitsvot qu'Hachem avait ordonnées à Moché.
[Imré Shefer]

Questions/Réponses – paracha Vayakél & Pékoudé

+ Questions/Réponses - paracha Vayakél & Pékoudé :

1°/ Sur la paracha Vayakel :
Rachi (Vayakél 35,27) rapporte que le mot : "princes" (nési'im - נְּשִׂאִם) est écrit sans les 2 "youd" qui devraient normalement y figurer (נשיאים).
Cette anomalie constitue un reproche implicite pour ces illustres personnalités, qui n'ont apporté leurs dons qu'une fois que tous les autres matériaux aient été fournis, en comblant alors la totalité du manquant à donner.
En effet, la réponse du peuple a été si généreuse qu'il ne restait presque plus rien à offrir.

C'est donc pour sanctionner leur "paresse" à apporter immédiatement leurs dons que la Torah orthographie incomplètement leur nom.
[lors de l'inauguration du Michkan, ils n'ont pas reproduit cette erreur en apportant immédiatement leur offrande]

=> Pourquoi est-ce particulièrement la disparition de la lettre "youd"?

-> Le Kli Yakar explique que les Nési'im ont fait preuve d'arrogance en se déclarant capables de fournir quoique la nation entière n'aurait pas réussie à donner.

Hachem dit : "Des yeux hautains et un cœur enflé d’orgueil, je ne puis les supporter" (Téhilim 101,5), et c'est pour cela qu'Il a retiré la lettre youd, qui est la seule lettre de Son Nom qui est présente dans leur titre de : "Prince" (Néssi'im), faisant allusion qu'Il ne réside pas avec les orgueilleux.

[de même : "L’orgueilleux repousse les pieds de la présence divine. Hachem dit à son sujet : Moi et lui, nous ne pouvons demeurer ensemble!" - guémara Sotah 4b]

-> Le 'Hidouché haRim enseigne que la 1ere faute des Nési'im était de s'être séparés de la communauté, en acceptant de donner qu'une fois que tout le monde aura déjà contribué.
=> En raison du fait qu'ils se sont séparés de la communauté juive, la lettre youd, qui symbolise : Israël (ישראל - Bné Israël = les juifs = yidden), s'est également séparé de leur titre.

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-> Le rav Zev Leff répond que les Nési'im ont mal compris tout l'objectif de donner au Michkan.
Ils pensaient à tord que Hachem avait besoin de ces contributions, et qu'ils viendraient ensuite offrir ce qu'il manquait.
Mais en réalité Hachem n'avait [personnellement] absolument pas besoin de ces objets, qui n'étaient que des opportunités offertes aux donateurs de se purifier et de s'élever.

[Hachem n'a besoin de rien. Lorsqu'Il nous demande un petit quelque chose, c'est en réalité une façon de nous donner le maximum en nous retirant la honte de tout recevoir gratuitement (le "pain de la honte"!).]

Ecrit avec un youd, le titre : נשיאים connote : "ceux qui portent".
Ecrit sans le youd, les voyelles peuvent être réarrangées et former : "ceux qui sont portés".

=> Le retrait du youd met en avant le fait que bien qu'ils pensaient porter le Michkan en comblant les manques, en réalité c'étaient eux qui étaient portés par le biais du mérite de la mitsva.

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-> Le Gaon de Vilna donne la réponse suivante :
Sans aucun doute, de manière consciente les nési'im avaient l'intention de faire la meilleure chose, et ils s'engageaient même à apporter une éventuelle donation très importante (on donnera le montant qu'il manquera, quelqu'il soit!).
Cependant, profondément en eux, dans leur inconscient, leur motivation était moins pure et ils espéraient que le peuple donnerait la totalité de la somme requise, les laissant alors libres de toute obligation pratique, tout en ayant fait une proposition théorique très généreuse.

Pour prouver cela la Torah a retiré un "youd" de leur nom, car le "youd" est la seule lettre qui lorsqu'elle en est absente, passe inaperçue, puisque le mot est prononcé exactement de la même façon (avec et sans).

=> De la même façon, cela indique que leur défaut était d'une nature telle que, eux-mêmes n'en avait pas conscience, bien que présent dans leurs calculs.

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-> Rachi : les chefs de tribu (néssi'im) ont dit : que la communauté apporte d’abord et donne ce qu’elle veut, et ce qui manquera nous le compléterons ... or comme ils avaient montré de la paresse au début, il manque une lettre au mot nessi'im.

-> Rabbi Soloveitchik s’étonne : le fait qu’ils n’aient pas apporté était dû à un calcul et était totalement désintéressé, c’était pour pouvoir apporter ce qui manquerait.
Et il répond : la Torah nous enseigne que quand nous devons faire une mitsva, tous les calculs du monde passent en second lieu. Comme les dons pour le Michkan étaient une mitsva, ils n’avaient aucune justification à tergiverser et à ne pas amener tout de suite.

-> Rabbi Réouven Grozowski propose une autre explication : Certes, les chefs de tribu avaient bien apprécié ce qu’il fallait pour le Michkan, mais ce n’était pas cela leur tâche.
Le rôle de quelqu’un n’est pas de réparer le monde et de compléter ce qui lui manque. L’homme doit s’améliorer lui-même, et dans ce travail-là, ce qui vient en tête est le zèle dans l’exécution.
"Une mitsva qui se présente à toi, ne la laisse pas passer" = Même quand les bnei Israël ont reçu l’ordre de donner pour la construction du Michkan, le but pour chaque personne n’était pas la construction elle-même, car Hachem n’a pas besoin d’aide pour construire le Michkan. C’était seulement un moyen pour l’individu de s’améliorer en donnant sa contribution. Et comme les chefs de tribu ont montré de la paresse envers cette mitsva, ils ont échoué.

-> Le ‘Hafets 'Haïm dit : S’il manque une lettre au nom des nessi'im, quand ils se sont mal conduits, il est certain que le côté positif va être encore plus grand quand ils se sont bien conduits.
Et effectivement, dans le passage de l’inauguration de l’autel dans la parachat Nasso, la Torah parle très longuement de l’offrande de chacun des chefs, et consacre même à chacun un paragraphe différent, sans les regrouper dans le récit, bien que leurs offrandes aient été identiques.
Cela nous enseigne combien est importante et chère devant Hachem une mitsva faite avec empressement avec toute la communauté, sans que personne se sente supérieur à l’autre et sans jalousie ni compétition.
Quand les chefs de tribu n’ont pas eu l’empressement de se joindre à la communauté dans leur offrande, il a manqué une lettre à leur nom, alors que quand ils ont tous apporté leur offrande avec empressement, la Torah leur a consacré une place particulière. Non seulement il n’a rien manqué à leur nom, mais chacun d’entre eux a même eu droit à un passage entier séparé.

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2°/ Sur la paracha Pékoudé :
Le midrach (Tan'houma 7) enseigne que Moché a tenu une comptabilité précise de l'utilisation de tous les matériaux qui avaient été donnés pour le Michkan, car certains juifs ont demandé où est-ce que l'ensemble de leurs biens ont pu partir, et si Moché n'en avait pas pris une partie pour lui.

=> Pourquoi une comptabilité similaire n'a-elle pas été réalisée par Aharon, qui a également pu collecter un montant important d'or pour ne réaliser qu'un petit Veau d'or?
[d'ailleurs la quantité d'or donnée pour le Michkan venait en réparation de celle investie pour la faute du Veau d'or]

-> Le rav Méïr Shapiro suggère ironiquement que la nature humaine est telle, que c'est uniquement lorsque l'on donne de l'argent pour des causes charitables et dans le but de réaliser une mitsva, que l'on va être très pointilleux, suspectant ceux qui s'en occupent et leur demandant des comptes précis.

-> Le rav Zalman Sorotzkin explique qu'au fond dans le cœur de tout juif, il y a un désir ardent de toujours faire la volonté de Hachem, de faire le bien.
Ainsi, lorsque l'on donne à une cause élevée comme l'était le Michkan, nous voulons que le moindre centime de notre contribution soit utilisé pour cet objectif (j'ai envie de réaliser la mitsva au maximum!), et c'est pourquoi ils ont demandé des comptes pour s'assurer à eux-mêmes que c'était bien le cas.
[il n'y avait aucune remise en cause de l'intégrité de Moché, mais plutôt un besoin d'entendre verbalement que leurs fonds étaient tous utilisés au mieux!]

Lorsque le yétser ara parvient à tromper quelqu'un en lui faisant donner à des causes pas très cachères, comme le Veau d'or, en réalité son être intérieur pleure son erreur, et c'est pour cela qu'il ne demande aucune preuve concernant l'utilisation de son argent.
D'ailleurs secrètement, il espère que celui qui a pris son argent va en garder pour lui-même, car cela va permettre de diminuer l'ampleur de la faute.

-> Suite à son explication, le rav Méïr Shapiro Meir offre une défense à au peuple juif.
Nos Sages disent : "Israël est saint. Lorsqu'on leur a demandé de faire un don pour le Veau d'or, ils l'ont fait. Lorsqu'on leur a demandé de faire un don pour le Michkan, ils ont donné".
Le rav Shapiro dit que cela peut être lu comme une question : "Lorsqu'on leur a demandé de donner pour le Veau d'or, ont-ils donné?"

En d'autres termes, les juifs n'ont pas réalisé qu'ils donnaient pour quelque chose d'interdit. On leur a dit que l'argent était nécessaire pour une bonne cause, pour créer un moyen d'adorer Hachem, et ils ont donc donné, comme s'ils pensaient qu'ils donnaient pour un Michkan.

-> Le yétser ara a trompé le peuple juif et lui a fait croire qu'il donnait pour le Michkan alors qu'il donnait en réalité pour le Veau d'or.
Cela nous enseigne qu'il ne faut pas écouter le yétser ara, même s'il semble nous dire de faire quelque chose de bien.

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3°/ Sur la paracha Pékoudé :
En ce qui concerne le Tsist (la Plaque frontale?) du Cohen Gadol, la Torah déclare : "ils y écrieront dessus : Kodéch l'Hachem (קֹדֶשׁ לַיהוָה)" (Pékoudé 39,30).
Pourquoi était-il nécessaire d'avoir plusieurs personnes pour y inscrire seulement 2 mots?

-> Selon les Mochav Zékénim, c'est parce qu'un des 2 mots inscrits était le Nom Saint de Hachem, et qu'il était nécessaire de l'écrire en présence de 10 hommes.

D'ailleurs ces commentateurs ajoutent qu'à chaque fois qu'un scribe écrivait le Nom Divin, comme pour les téfilin, mézouzot et Séfer Torah, il devait d'abord se tremper au mikvé et ensuite l'écrire avec la présence d'un minyan.
Cependant, le rav Moché Sternbuch note que cet avis est plutôt original, dans le sens où il n'est rapporté dans aucune autre source, ou par une autorité de la loi juive.

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+ Bonus :

-> "Tout l’or employé à cette œuvre, aux diverses parties de l’œuvre sainte" (38,24)

Le ‘Hida (‘Homat Anakh) rapporte au nom de rabénou Vidal haTsarfati : "Nos maîtres ont dit que le monde n’était pas apte à utiliser de l’or, et que celui-ci a donc été créé uniquement parce qu’il était nécessaire à l’œuvre du Michkan (Sanctuaire)."

C’est à cela que le verset fait allusion : "Tout l’or employé (créé)", dans le monde, ne l’a été que pour "l’œuvre", pour l’œuvre du Michkan.