Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

-> "Hachem ne se comporte pas comme les êtres humains. Quand un homme faute à l’encontre de son prochain, même si ce dernier accepte son repentir et lui pardonne, malgré tout il ne l’agrée pas autant qu’avant, comme s’il n’avait jamais fauté envers lui.
Par contre, si un homme faute vis à vis d’Hachem, s’il se repent, Hachem l’aime encore plus et son niveau est encore plus élevé qu’avant, devant Lui."
[rabbi Moché Cordovero - Tomer Dévora]
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-> Nos Sages enseignent que le repentir précède le monde. Hachem a créé le repentir avant de créer le monde.
De cette façon, Hachem a prévu que celui qui décide de se repentir pourra dépasser toutes les difficultés et pourra surmonter tous les obstacles naturels du monde. Aucune nature du monde ne peut empêcher celui qui veut se repentir d’y arriver.
[Sfat Emet]

"Ce puits, des princes (Rachi: Moché et Aharon) l'ont creusé, les plus grands du peuple l'ont ouvert" ('Houkat 21,18)

-> Le puits fait allusion à la Torah Orale.
Le mot puits, qui se dit “béer (באר), se rapproche du mot : “béour" (באור), qui signifie : "explication", allusion à la Torah Orale qui est l’explication la Torah Ecrite.
Or, la loi Orale émerge des Sages en Torah, et pour la mériter, il faut investir de grands efforts et se parfaire dans les 48 qualités/vertus que cite la Michna de Avot (Pirké Avot 6,6), qui permettent d’acquérir la Torah.
Par l’acquisition de ces 48 qualités, qui exige de grands efforts, l’homme devient un être de Torah, et peut épancher la Torah Orale.

=> C’est ainsi que le terme "béer" (באר) apparaît 48 fois dans toute la Torah, car ce sont les 48 vertus que citent nos Maîtres, qui font de l’homme un puits épanchant les eaux de la loi Orale, qui est le "béour" (explication) de la Torah Ecrite.

[d'après le Sfat Emet]

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-> Le rav David Pinto (la voie à suivre n°528) enseigne :
Le mot "beer" (puits) a la même valeur numérique que "guer" (étranger).
On sait que partout, l’eau désigne la Torah, elle descend d’un endroit élevé pour aller vers un endroit bas (guémara Taanit 7a).
Le verset dit que lorsque l’homme s’abaisse comme un étranger pour les paroles de la Torah, sa Torah subsiste en lui.

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-> "Ce puits, des princes l’ont creusé, les plus grands du peuple l’ont ouvert avec leur sceptre, avec leur bâton" ('Houkat 21,18)

Le Gaon de Vilna explique que telle est la mesure de la Torah, dont il est dit : "A l’ombre de la sagesse, à l’ombre de l’argent" (Kohélet 7,12), et aussi : "Elle est un arbre de vie pour ceux qui la soutiennent" (Michlé 3,18).
Celui qui n’a pas la possibilité d’étudier lui-même et soutient les autres pour qu’ils puissent étudier la Torah a lui aussi sa récompense, au même titre que celui qui étudie lui-même, car "à l’ombre de la sagesse, à l’ombre de l’argent".

C’est ce que dit le verset : "ce puits", c’est la Torah, "des princes l’ont creusé", les princes de la Torah et ceux qui l’étudient la creusent et l’approfondissent par leur étude de ses secrets ; "les plus grands du peuple l’ont ouvert", cela veut dire que les bienfaiteurs et les riches qui passent tout leur temps dans le commerce acquièrent la Torah au prix de l’argent.
Le mot karouah (l’ont ouvert) rappelle la notion d’acquisition, comme dans "mon sépulcre, que j’ai acquis (kariti)" (Vayé'hi 50,5).
La Torah explique que les deux ont une part dans la Torah, les uns "avec leur sceptre (me’hokek)", ils décrètent les lois (‘houkim) de la Torah, et les autres "avec leur bâton", par le fait qu’ils soutiennent la Torah.

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-> "Ce puits, des princes l’ont creusé, les plus grands du peuple l’ont ouvert avec leur sceptre, avec leur bâton. Et de Midbar ils allèrent à Matana. Du désert à Matana, de Matana à Na’haliel, de Na’haliel à Bamot et de
Bamot à la vallée." ('Houkat 21,18-20)

-> Nos Sages (guémara Nédarim 55a) ont vu dans ce verset la condition indispensable pour acquérir la Torah, l’humilité. Ils disent : Quand l’homme fait de lui-même un désert livré à tous, la Torah lui est donnée en cadeau (Matana), ainsi qu’il est dit : "du désert à Matana". Comme elle lui a été donnée en cadeau, Hachem est leur héritage, ainsi qu’il est dit : "de Matana à Na’haliel (D. est mon héritage)", et comme Hachem est son héritage il monte à la grandeur, ainsi qu’il est dit : "de Na’haliel à Bamot (un lieu élevé)".
Mais il doit faire attention dans son ascension de ne pas tomber dans les pièges de l’orgueil, sinon, s’il s’enorgueillit, Hachem le fait tomber, ainsi qu’il est dit "de Bamot à la vallée", et même s’il s’est enorgueilli, quand il le regrette Hachem l’élève de nouveau, ainsi qu’il est dit : "toute vallée sera élevée" (Yéchayahou 40,4).

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-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) enseigne :
La Torah est comparée à un désert : "Et de Midbar (désert) ils allèrent à Matana" ('Houkat 21,18).
Il est difficile de tenir dans un désert. Le jour la chaleur y est suffocante, et la nuit il y fait glacial.
Dans le désert, rien ne peut subsister. Lorsqu'un homme se trouve dans le désert, il est déconnecté de tout.
L'homme doit prendre conscience qu'il n'y a rien d'autre dans ce monde que la Torah et l'attachement à Hachem. Rien d'autre!
Le désert représente le détachement de ce monde, car pour servir Hachem, il faut se détacher complètement de ce monde, ne dépendre d'aucune chose matérielle, comprendre que nous y sommes des étrangers, provisoires, temporaires.

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+ Briser le rocher = introduire la divergence d'opinion entre les Sages sur la Torah :

-> "Moché leva sa main et frappa le rocher avec son bâton à 2 reprises, des eaux abondantes jaillirent" ('Houkat 20,11)

-> Le Zohar (tikouné Zohar 21, 44a) enseigne :
"De ce rocher, ne sont sorties que quelques gouttes d'eau de Torah. C'est parce que Moché frappa le rocher avec son bâton à 2 reprises que seules quelques gouttes de paroles de Torah en sont sorties, un peu par-ci et un peu par-là ...
Si Moché n'avait pas frappé le rocher, le peuple d'Israël, les Tanïm et les Amoraïm n'auraient pas connu de difficulté dans la Torah orale qui est représentée par le rocher (séla - סלע) ...
Et l'eau de la Torah serait sortie dans l'abondance, sans se tarir, sans question et sans désaccord, comme il est écrit à propos de la Présence divine : "Ma parole n'est-elle pas comme un feu, déclare Hachem, et comme le marteau qui fait voler en éclats le rocher?" (Yirmiyahou 23,29).
Par l'intermédiaire de ces paroles de feu, c'est-à-dire la Torah orale, la Présence divine auraient été continuellement dans la bouche d'Israël.
Or, la Torah orale est incarnée par le rocher (séla - סלע) car ce terme est composé des mêmes lettres que על ס que sont les 60 traités du Talmud." [samé'h = valeur de 60]
[על ס (al samé'h - litt. à propos des 60) se réfère aux 60 traités du Talmud]

-> Le Shvilé Pin'has commente :
Nous apprenons de ce passage du Zohar que lorsque Hachem dit à Moché : "Vous parlerez au rocher devant leurs yeux et il donnera de ses eaux" ('Houkat 20,8), Il souhaitait en réalité que jaillisse une abondance de Torah, qui est comparée à l'eau, comme l'enseignent nos Sages : "Il n'y a pas d'eau si ce n'est la Torah" (guémara Baba Kama 17a).

De plus, le Zohar explique que le mot סלע (séla - rocher) est une allusion aux 60 traités de la Torah orale qui viennent éclaircir la Torah écrite dans le but d'écarter le moindre doute dans la façon d'accomplir les commandements.

Ainsi, lorsque le Créateur dit à Moché : "Tu feras sortir pour eux de l'eau du rocher" ('Houkat 20,8), son intention était de faire jaillir une grande quantité "d'eau de Torah" afin que les lois puissent s'établir dans une clarté totale par le biais de la Torah orale.
Ainsi, si Moché avait uniquement parlé au rocher, l'abondance de Torah qui serait sortie aurait été telle qu'il n'y aurait subsisté aucun doute ni aucun désaccord dans l'interprétation de la Torah orale ...
Mais après avoir frappé le rocher, seule une infime quantité d'eau de Torah en sortit et par conséquent les désaccords, les discussions et les doutes entre les Sages de la Torah orale se sont multipliés.

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=> Tentons d'approfondir les paroles du Zohar. Pourquoi la Torah orale est-elle comparée à de la roche qu'il faut briser pour en extraire de l'eau?

-> Rabbi 'Haim Vital (chaar amitsvot - Vaét'hanan) dit au nom de son maître le Arizal :
"J'ai vu mon maître décupler ses forces comme un lion au moment d'étudier la halakha, jusqu'à ce qu'il transpire d'une façon très abondante. Je lui ai demandé pourquoi il fournissait tant d'efforts? Il me répondit que c'est uniquement de cette façon, en étudiant intensément et en profondeur la loi que l'on parvient à briser les klipot que sont les questions d'ordre halakhique. Ces questions empêchent la compréhension pure et les réponses sont accessibles seulement à travers la difficulté de l'étude."

-> Le Shvilé Pin'has commente :
Il ressort de cet enseignement que les questions présentes dans la halakha sont essentiellement dues aux klipot qui empêchent d'atteindre la clarté substantielle de la Torah.
Lorsque l'homme investit toutes ses forces pour approfondir et répondre aux questions, il brise les klipot. Il faut expliquer que le terme "klipot" désigne les forces de touma et signifie littéralement "écorces".
De la même façon qu'il est impossible de manger un fruit aussi bon soit-il sans en retirer l'écorce, ainsi en est-il pour la Torah qui est un fruit pur et délicieux dont la douceur dépasse l'entendement. Il faudra pour se délecter de son fruit, en retirer les klipot par nos efforts soutenus.

À présent, nous pouvons comprendre pourquoi la Torah orale est comparée à la solidité de la roche car elle fait allusion aux klipot qui sont aussi dures que la pierre et empêchent l'homme d'en extraire l'eau de la Torah, qui est la Torah orale.
Lorsque Hachem ordonna à Moché et Aharon : "Tu feras sortir pour eux de l'eau du rocher" ('Houkat 20,8), son intention était de soumettre les forces d'impureté que sont les klipot, qui sont dures comme de la roche, afin de pouvoir faire jaillir de l'eau en abondance de la Torah orale, comme ce sera le cas à l'avenir où les forces de la klipa seront annulées du monde et ainsi "ils n'auront plus besoin de s'instruire mutuellement en disant : reconnaissez Hachem! Car tous Me connaîtront du plus petit au plus grand, dit Hachem" (Yirmiyahou 31,33).

Cependant, en frappant le rocher une première fois, Moché n'a pas soumis complètement les forces de la klipa et c'est la raison pour laquelle très peu d'eau en est sortie, "quelques gouttes par-ci et quelques gouttes par-là" = entrainant de nombreux doutes, et multipliant les points de vue des Sages de la Torah.

-> "Ce sont les eaux de la discorde où se querellèrent les enfants d'Israël" ('Houkat 20,13)
Rabbi Natan Shapira (Mégalé Amooukot) explique ainsi ce verset :
Si Moché était entré en terre d'Israël, il n'y aurait jamais eu de divergence d'opinion dans la Torah. Seulement après avoir frappé le rocher, ces divergences se sont multipliées parmi les Sages de la Torah et c'est le secret du verset : "C'est pourquoi on appela ce lieu "le rocher de la discorde/désaccord [parmi les Sages en Torah]"." (Chmouël I 23,28).

Ainsi, le rav Shapira explique également que c'est le secret du verset : "Ma parole n'est-elle pas comme un feu?" (Yirmiyahou 23,29) = s'il en est ainsi, les paroles de la Torah auraient dû être comprises par tous, de la même manière, sans divergences d'opinion ni doutes.
Cependant : "comme le marteau qui fait voler en éclats le rocher" = parce que Moché frappa le rocher avec son bâton comme un marteau (patich - פטיש) qui a la même valeur numérique que les termes bâton Moché (maté Moché - מטה משה) soit 993, cela entraîna des désaccords entre les Sages de la Torah.

Rabbi Natan Shapira poursuit son enseignement : nous pouvons expliquer la raison profonde pour laquelle Moché Rabbénou désira tant entrer en terre d'Israël. Il vit par prophétie au Mont Sinaï que se multiplieraient les divergences dans la Torah orale entre Hillel et Chamaï (משה = ma'hlokét Hillel Chamaï & akol cham'ou miSinaï).
Ainsi, Moché pria de toutes ses forces pour entrer en Terre promise et que les divergences d'opinion cessent de se multiplier par le mérite de la sainteté de la terre d'Israël.
Ceci pour que ne subsiste qu'une seule Torah et un seul jugement pour Israël.

-> Le Shvilé Pin'has conclut :
L'intention de Moché était incontestablement au Nom du Ciel. Cependant, celle du Maître de l'univers était de protéger à l'avenir les bn" Israël. En effet, si Moché était entré en terre d'Israël et avait construit le Temple, ce dernier aurait été indestructible par le mérite de sa sainteté et Hachem n'aurait pas pu déverser Sa colère sur le bois et les pierres qui le constituaient mais sur les Bné Israël.
La destinée d'un Juste est aussi insondable qu'elle est précieuse pour le peuple d'Israël car par ses mérites, nous survivons sans le savoir à des décrets célestes de stricte rigueur.

"Ils avoueront la faute qu'ils ont commise" (Nasso 5,7)

Dans ce passage (v.5,6-8), la Torah traite de la lourde faute commise envers Hachem par tout individu retenant de façon illicite le bien d'autrui (emprunt, vol, non-paiement d'un salaire, ...).
=> Pourquoi la mitsva de l'aveu des fautes, qui constitue la mitsva de téchouva (repentir), a précisément été dite/associée concernant la faute du vol?

-> En réalité, Hachem dépose des forces, des potentialités et de la vitalité en chaque personne.
Lorsqu’un homme faute, il prend ces forces que Hachem lui a donné et il les dévie de leur objectif qui est de faire la Volonté Divine.
Toutes les forces lui ont été attribuées pour faire Sa Volonté, et lui il les utilise pour la transgresser. En cela, chaque faute constitue un vol.

=> L’homme vole cette vitalité qui lui vient d’Hachem, et c'est donc sur cette interdiction de voler que la Torah formule la mitsva de l’aveu et de la Techouva.

['Hidouché haRim]

[Avant de naître nous jurons de venir dans ce monde afin d'y réaliser la Volonté de D., et à la fin de notre vie nous devrons tous en faire un bilan. Est-ce que les moyens/forces de vie que D. nous a octroyées ont été correctement utilisés?
L'association du vol (pratique) et du repentir (plus théorique), nous permet d'imager et de prendre davantage conscience de la gravité de ne pas exploiter notre vie au mieux.]

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-> "Ils avoueront leur faute" (Nasso 5,7)

-> Ce verset fait état de la Mitsva du Vidouï. Quand un homme a commis une faute et décide de faire téchouva, il devra ensuite la reconnaître et l'avouer verbalement devant Hachem.
Ce verset évoque la situation d'un homme qui a volé de l'argent à son prochain, en l'occurrence un converti. On peut se demander pourquoi la Torah a choisi la faute du vol pour nous apprendre le principe de la Techouva qui concerne toutes les fautes.

En fait, chaque faute (avéra) contient une dimension de vol. En effet, Hachem nous donne tout ce dont on dispose, notre santé, notre argent, nos forces. Il nous les a confiés dans le but de les utiliser pour faire Ses Mitsvot. A chaque fois qu'il commet une faute, l'homme utilise les forces et les moyens que Hachem lui a donnés, pour transgresser Sa Volonté.
En cela, à chaque fois qu'il en commet une, il est en train de voler les forces que Hachem lui a confiées avec grande Bonté, et les utilise contre Lui. C'est en pensant à cela que l'homme pourra ressentir la gravité de son acte et se repentir avec une plus grande sincérité.
C'est pourquoi, la Torah a choisi le vol pour enseigner le principe du repentir.
['Hidouché haRim]

"A Yom Kippour, chaque moment est une expiation"

[guémara Kritot 18b]

Le repentir a été créé par Hachem avant la création du monde.
Cela implique que toute personne peut se repentir même si elle voit que naturellement, il y a de nombreuses difficultés et que c’est très dur.
Aucune difficulté du monde ne peut empêcher un juif de se repentir.
Par le repentir, on peut dépasser tous les blocages de la nature, car le repentir précède et dépasse la nature du monde.

[Sfat Emet]

"Tes serviteurs comptèrent la tête des guerriers qui sont dans nos mains et il ne manquait personne" (Matot 31,49)

Que signifie que ces guerriers sont "dans nos mains" (béyadénou)?

Le Ben Ich 'Haï l'explique de la façon allusive suivante :
Nos Sages (Pessikta deRav Kahana 4,2) disent que les soldats de A'hav étaient des idolâtres. Malgré tout, quand ils allaient en guerre, tous revenaient vivants. Et ce, par le mérite qu’il n’y avait pas de médisance parmi eux.
=> Ainsi, le fait de ne pas écouter de paroles médisantes protège des dangers de la guerre.

De plus, nos Sages (guémara Kétoubot 5b) disent que les doigts ont été créés allongés pour pouvoir les enfoncer dans son oreille et ne pas écouter de la médisance.
=> Ainsi, "les guerriers qui sont dans nos mains" = cela font allusion aux doigts de la main, qui permettent de revenir en vie de la guerre, par le fait qu’ils permettent de ne pas écouter de médisance.

De plus, le verset dit, littéralement : "Tes serviteurs levèrent la tête" (avadé'ha nass'ou ét roch - que l’on a traduit par : "comptèrent la tête") des guerriers".
Le fait de lever la tête signifie : "donner de l’importance".
=> Ainsi, c’est parce que les juifs donnèrent de l’importance aux doigts de la main, pour les utiliser en vue de se préserver de la médisance, qu' "il ne manquait personne" et que tous revinrent sains et saufs.

Questions/Réponses – Paracha Bo

+ 3 Questions/Réponses - Paracha Bo :

1°/ Le Zohar haKadoch (II,38a) enseigne que la nuit de la libération d'Egypte, une énorme lumière a brillé entraînant qu'il faisait aussi clair qu'en pleine journée.
S'il n'a pas fait sombre et que la journée du 14 Nissan ne s'est jamais terminée, comment ont-ils pu dans ce cas réaliser la mitsva de : "Ils mangeront la viande cette nuit-là" (Bo 12,8)?

-> Le Mirkévet haMichné répond que durant la 1ere moitié de la nuit, lorsque les juifs ont mangé le sacrifice de Pessa'h, il faisait noir obscur comme habituellement la nuit, et c'était considéré comme la nuit du 15 Nissan.
Ce n'est que pendant la 2e moitié de la nuit, après que les premiers-nés égyptiens aient été tués, qu'il a fait clair comme en plein jour.

-> Le Targoum Yonathan ben Ouziel (19,4) écrit que pendant la nuit de la libération d'Egypte, Hachem a emmené les juifs sur l'endroit du Temple à Jérusalem afin d'y offrir et d'y manger leur sacrifice Pessa'h. Il les a ramenés en Egypte plus tard cette nuit là.
La lumière brillait en pleine nuit en Egypte, mais pas en terre d'Israël, ce qui leur a permis de manger le sacrifice durant la nuit du 15 Nissan, à Jérusalem.

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2°/ Selon Rachi (Bo 10,22), un des objectifs de la plaie de l'obscurité était : Israël comptait en son sein des réchaïm qui ne voulaient pas sortir [d’Egypte] et qui sont morts pendant les 3 jours de ténèbres. Il ne fallait pas que les égyptiens puissent assister à leur ruine et dire : "Eux aussi ont été frappés comme nous !"

Un autre Rachi (Béchala'h 13,18) nous apprend : Les juifs sont sortis d’Egypte à raison de 1 sur 5, les 4/5e étant morts pendant les trois jours de ténèbres.

=> Comment est-il possible de cacher autant de morts aux égyptiens, sans qu'ils ne le remarquent une fois la plaie terminée?

-> Le rav Yossef Sorotzkin (Mégued Yossef) suggère que la préoccupation principale était que les égyptiens ne soient pas directement témoins de la mort des juifs, et le fait qu'ils allaient en être au courant par la suite n'était pas un problème.
En effet, le sentiment de satisfaction de voir directement son ennemi dans une situation difficile ou embarrassante, ne peut en rien être comparable à ce qui peut être ressenti en l'apprenant verbalement.

[d'une certaine façon, les égyptiens auraient pu en venir à fêter les plaies, en se persuadant qu'il valait la peine de les subir si cela a finalement pu permettre la mort d'autant de juifs. En effet, dans sa folie l'être humain est prêt à toutes les souffrances, tant qu'il peut voir son ennemi à terre.]

-> Rav Shimon Schwab (Mayan Beit haChoéva - Béchala'h) est d'avis que les paroles de Rachi ne doivent pas être comprises littéralement. En effet, il y aurait eu sinon un deuil massif impliquant émotionnellement chaque juif restant en vie, et surtout cela aurait généré une profanation du Nom d'Hachem parmi les égyptiens.
[ex : nous on les a fait souffrir, et leur D. il a fait encore bien pire : Il les a pratiquement tous tués!]

Après le 1er meurtre de l'Histoire, Caïn a été puni non seulement pour avoir tué Hével, mais également pour toute la descendance qui aurait pu potentiellement venir de lui.
(cf. Rachi (Béréchit4,10) : Son sang (de ton frère) et le sang de ses descendants).

Le rav Schwab affirme qu'il en est de même ici.
En réalité, il y a eu un nombre faible de juifs qui sont morts pendant la plaie des ténèbres, mais il a été pris en compte l'ensemble de leurs potentiels descendants, et l'on arrive alors à un nombre équivalent à 4 fois la population juive totale qui a quitté l'Egypte.

[on peut apprendre de là l'implication que doit avoir un enseignant avec ses élèves. Dans sa classe, il ne doit pas voir un cumul de 1 élève, mais il doit prendre en compte les millions de leurs descendants potentiels, dont leur destin va dépendre de l'éducation, de l'attitude qu'il aura sur leur ancêtre ici présent.]

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3°/ "Le 14e jour du mois, au soir vous mangerez des matsot" (Bo 12,18)

=> Comment comprendre que de nos jours, nous mangeons de la matsa le 15 Nissan au soir?

-> Le Panim Yafot (Noa'h 8,22) répond qu'avant que la Torah ne soit donnée, les juifs utilisaient le même concept de journée que les non-juifs : début le matin pour finir le soir.
Ce n'est qu'après avoir reçu la Torah, que nous avons changé vers un système où une journée démarre la veille au soir.

En se basant sur cela, le rav Aharon Leib Steinman (Ayélet haCha'har) répond à notre question.
En Egypte, les juifs ont reçu l'ordre de manger des matsot pendant ce qui était pour eux la nuit du 14 Nissan, ce qui correspond de nos jours à la nuit du 15 Nissan.

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+ Bonus (b'h) :

-> La Mékhilta nous rapporte que : "Les égyptiens avaient l'habitude d'enterrer leurs morts dans leur maison. Pendant, la nuit de la 10e plaie, les chiens ont creusé et ouvert ces tombes.
Ils en ont retiré les ossements des premiers-nés enterrés, et ils ont joué/promenés joyeusement avec ces os.
Cela a été aussi douloureux pour les égyptiens que le jour où ils ont pu enterrer leurs enfants."

Rabbi 'Haïm Palagi compare cela à la coutume de taper fortement lorsque le nom de Haman est prononcé durant la lecture de la méguilat Esther.
En effet, selon lui, une explication à cela est que chacun de nos coups va entraîner une souffrance terrible à l'âme et aux os de Haman, qui les ressent au plus profond de lui-même.

Ainsi, il en a été de même au cours de cette 10e plaie, lorsque les chiens ont joué avec les os des premiers-nés, cela a entraîné des souffrances énormes à ces âmes égyptiennes déjà décédées.

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-> "Les coursiers sortirent en toute hâte par ordre du roi, et l'édit fut publié ... et la ville de Suse était dans la consternation. Mordé'haï eut connaissance de tout ce qui s'était passé" (Méguilat Esther 3,15 & 4,1)

=> Comment se fait-il que Esther n'était pas au courant du décret, alors que Mordé'haï et tous les habitants de la ville le savaient?

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Kohélet 978 ; Kohélet rabba 8,5) explique que Esther n'a pas entendu le décret de Haman car elle était occupée avec la mitsva de biour 'hamets (détruire le 'hamets avant Pessa'h).

-> Dans son commentaire sur ce midrach, le Maharzou note que Haman a émis son décret le 13 Nissan (cf. Méguilat Esther 3,12), et à ce moment Esther était méticuleusement en train de se préparer à Pessa'h et à la mitsva de bédikat 'hamets (rechercher dans sa maison le 'hamets).

-> Le Eits Yossef (sur le midrach) ajoute que ce mérite l'a protégée lorsqu'elle a risqué sa vie en allant parler directement au roi A'hachvéroch sans en avoir été appelée au préalable.

[En effet, il est écrit : "si quelqu'un ... pénètre chez le roi, dans la cour intérieure, sans en avoir été convoqué, une loi égale pour tous le rend passible de mort ; celui-là seul à qui le roi tend son sceptre d'or aura la vie sauve. Or moi, je n'ai pas été invitée à venir chez le roi depuis 30 jours." (Méguilat Esther 4,11)
"... Esther se revêtit de ses atours de reine et se présenta au ... roi ... le roi tendit à Esther le sceptre d'or qui [était] dans sa main" (Méguilat Esther 5,1-2)

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-> "Et vous direz : c’est un sacrifice de Pessa’h"

Le Midrach dit : On tire de là qu’il faut étudier les 'halakhot de Pessa’h 30 jours avant la fête.

Le Séfer "Lé'hem Oni" l’explique ainsi :
- La moitié de la lettre pé (valeur numérique: 80) est la lettre mem (valeur numérique: 40) ;
- la moitié de la lettre samekh (valeur numérique: 60) est la lettre lamed (valeur numérique: 30) ;
- et la moitié de la lettre ‘het (valeur numérique: 8) est la lettre dalet (valeur numérique: 4).
=> on trouve explicitement la lettre lamed (ל soit en forme écrite : למד).
Ce qui signifie: quand tu sacrifies le mot Pessa’h (פסח) en le coupant en deux, il y aura lamed, alors "vous direz" les halakhot de Pessa’h avant la fête, 30 (valeur du lamed - ל) jours avant la fête.
[Yalkout HaOurim]

"Pharaon leur dit : Allez, servez Hachem votre D. Quels sont ceux qui iront?" (Bo 10,8)

-> Pharaon va demander : "mi vami aolé'him" (Quels sont ceux qui iront? - מי ומי ההלכים), qui a la même guématria que : "Kalev bin Noun" (כלב ובן נון), avec 216.

En effet, Pharaon a pu voir par ses astrologues que la totalité de la génération allait mourir dans le désert à l'exception de "Kalev ben Yéfouné" et de "Yéhochoua bin Boun".

C'est pourquoi, Moché lui répond : "C'est avec nos jeunes et nos vieillards [que nous irons]" (v.10,9) = le décret ne concerne pas les jeunes de moins de 20 ans et les personnes âgées de plus de 60 ans.

[Baal haTourim]

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-> "Avec nos jeunes et avec nos vieux nous irons" (Bo 10,9)

On peut expliquer ce verset dans un sens allusif.
Nos Sages disent que toute la valeur de la vieillesse n'existe que si la première partie de la vie était également comme il se doit. A l'image du vin. Un bon vin s'améliorera en vieillissant. Mais un mauvais vin se dégradera et deviendra encore plus du vinaigre en vieillissant.
Cela est en allusion dans ce verset : "Avec nos jeunes", à comprendre dans le sens de : "Avec nos années de jeunesse". Ainsi si un homme est muni de sa jeunesse et de la première partie de sa vie, alors "avec nos vieux nous irons". Un tel homme pourra aller et avancer dans sa vieillesse.
La vieillesse est une bénédiction et permet à l'homme encore plus d'avancer, si la jeunesse aussi était conforme.
[rabbi Moché de Koznitz]

"Ce mois-ci [Nissan] sera pour vous le commencement des mois, il sera pour vous le 1er des mois de l'année" (Bo 12,2)

-> La mitsva de proclamer le nouveau mois, est la 1ere donnée au peuple juif dans son ensemble.

-> Le mot : 'hodech (mois), est similaire à : 'hidouch (nouveau).
En disant que Nissan est le 1er de tous les mois, cela implique qu'il est à l'origine de toutes les nouveautés et de tous les miracles que Hachem va réaliser dans le futur.

Ainsi, bien que Tichri soit le 1er mois de la Création, Nissan est appelé le 1er, car c'est le plus important de tous les mois.
[Rabbi Gavriel Margolis - Torat Gavriel]

-> Le mois de Nissan est appelé : חודש אביב ('hodech aviv - mois du printemps), qui est la contraction de אב et de יב : le père de 12.
Ce mois est le "père" des 12 mois de l'année.
[Mégalé Amoukot]

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-> "Depuis qu’Hachem a choisi Son monde, il a choisi également Son premier mois parmi tous les mois de l’année : Nissan qui sera aussi Roch Hachana laMélakhim.
Lorsqu’Hachem a séparé Yaakov et ses enfants comme peuple, il leur a choisi également le mois de Nissan pour être libérés d’Egypte. Hachem a également choisi le mois de Nissan pour donner les bénédictions à Yaakov ; il a également choisi le mois de Nissan pour la naissance d’Its'hak ainsi que son sacrifice en tant que ‘’ola’’ par Avraham. C’est également ce mois qu’Il a choisi pour la délivrance finale.
C’est ce que dit le verset !: "Ce mois sera pour vous… le premier pour vous", ce qui veut dire le mois le plus important pour vous."
[midrach Chémot rabba 15,11]

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-> La guémara (Roch Hachana 11a) dit que le mois de Nissan a été choisi pour être celui durant lequel le peuple juif a été libéré d'Egypte, et ce sera également celui durant lequel le peuple juif mérita la géoula.

Cependant, puisque nous devons tous anticiper la venue du machia'h à chaque instant, comment concilier cela pendant les autres mois de l'année, où à priori selon la guémara il ne doit pas venir?

Le Agra déKalla, cite le rabbi Ména'hem Mendel de Riminov, qui affirme que les premiers 12 jours du mois de Nissan, représentent les 12 mois de l'année, et ils ont une influence sur l'année toute entière.

En réalité, le machia'h peut venir toute l'année, et c'est pourquoi nous devons l'attendre impatiemment chaque jour.
Nissan étant le 1er mois de l'année juive, ses 12 premiers jours comprennent les racines de tout ce qui va se dérouler durant l'année à venir.
Ainsi, peu importe le mois où la guéoula aura lieu, celui-ci a un jour le représentant durant le mois de Nissan, qui a cette particularité d'inclure en lui tous les autres mois à venir.

De même, la guémara (Béra'hot 56a) dit que le 1er mois est appelé Nissan, car tous les miracles (nissim) sont inclus en lui.
Tous les miracles qui vont avoir lieu pendant toute l'année à venir, ont leur source spirituelle dans le mois de Nissan.

[le Béer Moché]

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-> La guémara (Roch Hachana 10b) rapporte une divergence à savoir si le monde a été créé au mois de Tichri ou bien en Nissan.

Selon l'opinion que le monde a été créé en Tichri, comment comprendre que Nissan puisse être caractérisé de "1er mois de l'année"?

Jusqu'au moment de la sortie d'Egypte, les gens en général étaient faibles dans leur foi en Hachem, et la majorité du monde niait même son existence.
Cependant, au cours de la sortie d'Egypte, tout le monde a pu voir la grande main de D., et ils ont alors cru en Lui.

De ces miracles incroyables, l'humanité a alors compris, que c'est Hachem qui donne en permanence le flux de vie au monde, afin de lui permettre de continuer à exister.
En effet, s'Il arrêtait de donner la vie, ne serait-ce qu'un seul instant, le monde disparaîtrait immédiatement.

Ainsi, c'est pendant le mois de la sortie d'Egypte que la émouna (foi) en Hachem s'est fortement renforcée, et ce fût alors la plus grande chose qui soit arrivée depuis la création.

=> Tichri est le mois où le monde a été créé par Hachem, et Nissan est le mois où le monde a été créé aux yeux de l'humanité, par une prise de conscience de ce fait suite à la sortie d'Egypte.

['Hatam Sofer]

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-> "Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois, il est pour vous le premier des mois de l'année" (Bo 12,2)

-> Nos Sages nous ont transmis que la première délivrance de l'exil égyptien contient tous les signes de la délivrance finale. Ainsi la première mitsva de roch 'hodech renferme plusieurs allusions, comme il est écrit : "a'hodech azé la'hem" (הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם). Les dernières lettres inscrivent le nom de Moché (משה).
Les 3 premiers mots de notre verset הַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם ont une valeur numérique de 424 qui est aussi celle des mots : machia'h ben David (משיח בן דוד).
Ainsi, le premier commandement qui fut donné à Israël contient en allusion la délivrance future.

D'après nos Sages, le fait que nous soyons sortis d'Egypte prématurément entraîna 4 autres exils durant lesquels les Bné Israël furent sous domination de 4 empires différents.
Ainsi Hachem parla aux Bné Israël par l'intermédiaire de Moché en ordonnant la mitsva de roch 'hodech afin de faire allusion au machia'h ben David par qui adviendra la délivrance définitive.
Depuis la transmission du premier commandement, Hachem nous rassure par la promesse de sa venue.
Cette mitsva fait également allusion à Moché dont le mérite est éternel. Il était le premier libérateur et sera le dernier libérateur de notre exil actuel.

Le Zohar dit que les dernières lettres du verset forment le nom Moché, pour nous enseigner que la délivrance finale adviendra grâce à son mérite.
Nos Sages ajoutent que la mitsva de roch 'hodech fut donnée au mois de Nissan ainsi que la sortie d'Egypte qui eut lieu ce même mois. Il adviendra de même dans le temps à venir où la délvirance finale aura lieu au mois de Nissan (guémara Roch Hachana 11b).

Notre verset fait également allusion aux notions suivantes : puisque le mois de Nissan est le commencement de tous les mois de l'année, il correspond aux 12 combinaisons du Nom Divin (הויה) qui dirige les 12 mois de l'année.
Le premier mois de l'année et pour sa part dirigé par la première combinaison du Nom Divin dans l'ordre יהוה qui représente le commencement, de même le peuple d'Israël est appelé "commencement".
Ainsi Hachem leur donna précisément ce mois, le commencement de tous les autres mois, et lorsque nous multiplions les 12 mois qui représentent les 12 combinaisons du Nom d'Hachem par Sa valeur numérique, nous obtenons : 12*26 = 312. Ce nombre étant la valeur numérique du mot חדש (mois - 'hodech).

Autre allusion qui ressort de notre verset : רִאשׁוֹן הוּא לָכֶם לְחָדְשֵׁי (le premier des mois - richon ou lakhem lé'hodeché) : les initiales des 3 derniers mots forment le mot : Hallel (הלל), ce qui nous indique que nous devons réciter le Hallel chaque roch 'hodech.
[rav Yissa'har Chmouëli Beniahou]

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-> Le rav David Pinto (La voie de à suivre - n°1171 [année 2021]) enseigne :
La seule créature sur laquelle nous pouvons déceler de façon sensible le renouvellement est la lune.
Durant les 6 jours de la Création, Hachem créa un monde parfait, dépourvu de tout péché. Puis, lorsque Adam fauta en consommant du fruit de l’arbre de la connaissance, il porta atteinte à cette faculté de renouvellement, atteinte qui accompagnera le peuple juif tout au long des générations.

Dans Sa grande Miséricorde, Hachem voulut pardonner ce péché à Ses enfants et c’est pourquoi Il leur prescrivit la mitsva de bénir la nouvelle lune. Car, chaque fois qu’ils prononcent la bénédiction sur celle-ci, ils en viennent à renouveler également leur propre âme et à la purifier de la souillure provoquée par le péché d’Adam.

Ainsi donc, cette mitsva a été donnée aux enfants d’Israël en Egypte, car elle détient le pouvoir de renouveler l’âme et de la nettoyer de toutes ses impuretés, ce qui était alors nécessaire, étant donné qu’ils étaient plongés dans le 49e degré d’impureté (Zohar ’Hadach - début de Yitro).
De plus, du fait qu’ils se trouvaient à ce piètre niveau, ils devaient lever leur tête en direction du ciel, afin de se rappeler "qui a créé ceux-là" (Yéchayahou 40,26). D’où une raison supplémentaire à l’accomplissement de cette mitsva, à ce moment-là.

Le jour de Roch ’Hodech est propice au pardon des fautes, car Hachem l’assimile aux 6 jours de la Création, durant lesquels le monde était encore nouveau et dépourvu de tout péché. C’est la raison pour laquelle le peuple juif recevra plus tard la mitsva d’apporter un bouc en sacrifice expiatoire le premier du mois.

-> Le rav David Pinto (La voie de à suivre - n°1067 [année 2019]) écrit :
Hachem dit à Moché : "Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois".
Les mots Roch 'Hodech peuvent être interprétés dans le sens de roch mé'houdach, une tête renouvelée, exempte de toute faute, un nouveau départ spirituel. Car, de même que la lune se renouvelle chaque mois, l’homme doit renouveler son esprit et sa manière de réfléchir et les nettoyer de toute impureté qui se serait attachée à eux.
Il lui incombe de procéder mensuellement à un examen de conscience, d’examiner sa conduite et, s’il y trouve la moindre scorie, de la corriger immédiatement.
De cette manière, il méritera d’avoir une "nouvelle tête", toute propre pour servir correctement Hachem.

Si l’on réfléchit aux différentes phases de la lune, on notera qu’au début du mois, elle n’est pas encore visible, le lendemain, elle commence à apparaître faiblement, puis elle devient de plus en plus grande jusqu’à ce qu’on aperçoive finalement la pleine lune.
Le Créateur nous a donné la mitsva de sanctifier la nouvelle lune afin qu’on en déduise une leçon relative à notre service divin : il doit être progressif. Nous devons chaque jour avancer un peu dans notre ascension spirituelle, de sorte à parvenir, en fin de parcours, à la plénitude.

Tel est le profond secret de la mitsva de sanctification de la nouvelle lune. Hachem attend de l’homme, au moins une fois par mois, qu’il lève ses yeux vers le ciel pour contempler la lune et méditer sur son renouvellement.
Il y puisera une leçon édifiante quant à son devoir de progresser sans cesse en Torah et en crainte de D. afin de parfaire son âme.
Quiconque met à profit cette opportunité mensuelle de prendre exemple de la lune peut être assuré qu’il jouira d’un renouvellement et d’une purification de son esprit.
A l’instar de la lune, il s’efforcera de se renouveler dans son service divin, et l’esprit dépourvu de toute souillure s’y vouera avec un élan de pureté revigoré.

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-> "Ce mois-ci est pour vous le premier des mois"

Un jour, on a demandé à un certain Sage comment le mois de Nissan avait mérité d’être le premier mois de l’année.
Il répondit : Parce qu’il contient beaucoup de tracas et d’ennuis, les durs travaux du nettoyage de Pessa’h.
Par conséquent, il semble que le mois de Nissan fasse souffrir Israël, et les Sages (guémara Guitin 56b) ont dit : "Quiconque fait souffrir Israël devient le premier".
[rapporté dans "La voie de à suivre" (n°244) du rav David Pinto]

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-> Selon rabbénou Tam, en Tichri Hachem a créé le monde en théorie, tandis qu'en Nissan, il a mis Ses "pensées" en pratique et a créé le monde dans la réalité.

=> Si le monde a été concrètement créé en Nissan, pourquoi le jour du jugement des Créatures a lieu en Tichri?

Le Ginzé Israël (rabbi Israël Friedman) répond :
De même que Hachem a créé par la pensée l'homme au mois de Tichri, il nous juge en Tichri, car dans Son infinie miséricorde, bonté, Il nous juge en fonction de notre état du moment. Ainsi, Il accepte de nous juger en y incluant nos pensées et nos bonnes intentions au moment du Jugement, en les comptant à notre actif alors même que nous n'avons encore rien fait concrètement.

[les 6 jours de la Création ont commencé le 25 Elloul, pour se terminer le 1er Tichri avec la Création de l'Homme.
C'est véritablement le jour de la Création du monde, car la raison de toute création antérieure ne l'a été que pour la venue de l'homme (et en particulier celle du peuple juif).]

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+ "Chacun des jours du mois de Nissan ont la sainteté de Roch 'Hodech."
[Chla haKadoch]

-> Les 30 jours de Nissan, chacun correspondant à un Roch 'Hodech, représentent 30 mois, soit 2 ans et demi.

Beit Chamaï et Beit Hillel ont débattu pendant 2 ans et demi pour savoir s'il aurait mieux valu que l'homme soit créé ou pas (guémara Erouvin 13b).

Les Tossafot disent que si c'est un tsadik, alors il évident que c'est mieux qu'il ait été créé.
Or, il est écrit : "koulanou tsadikim" = les membres de la nation choisie par D. sont tous des tsadikim.

Hachem a choisi la nation juive au mois de Nissan, et c'est considéré comme le commencement du monde, car c'est à ce moment que la Création du monde s'en est trouvée justifiée. (tous les juifs étant alors des tsadikim)

=> Ainsi, les "2 ans et demi" (30 jours) du mois de Nissan, font allusion à cette dispute entre Beit Chamaï et Beit Hillel.

['Hatam Sofer]

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-> "Moché montra la nouvelle lune à Israël et lui dit : Lorsque vous la verrez ainsi, fixez le nouveau mois pour toutes vos générations" [c'est-à-dire que la sanctification des mois dépend du peuple juif].
[Mékhilta - Bo 12,2]

-> "Voici les moments fixés (moadé) de Hachem que vous désignerez comme convocations saintes" (Emor 23,37)

Le midrach (Yalkout Chimoni Chémot 191) commente :
"Si vous les désignez, elles seront Mes convocations saintes. Et sinon, elles ne seront pas Mes convocations. [...]
Les Anges de service se rassemblent devant Hachem et Lui demandent : "Maître du monde! Quand tombe Roch Hachana?"
Il leur répond : "Est-ce donc à Moi que vous posez la question? Moi et vous devons aller la poser au Tribunal d'en bas!" [cela dépendra de sa déclaration]"

-> Selon le Saba de Slabodka (Ohr haTsafoun), c'est ainsi que lorsqu'une date est fixée ici-bas, même D., si l'on peut dire, ne peut rien y changer, avec toutes les conséquences que cela peut avoir!

Nos Sages (Mékhilta - Bo) disent qu'Adam, le premier des hommes, comptait le temps en fonction du cycle solaire, et que tous les Patriarches agirent de même.
Or voilà que dans ces versets, la Torah ordonne aux juifs de bouleverser tous les calculs antérieurs et d’entamer un nouveau mode de comptage. Désormais la fixation des mois dépend de la décision des hommes.
En effet, dès que le Beit Din proclame : "Sanctifié! Sanctifié!", le nouveau mois débute, même si la date ne correspond pas avec la nouvelle lune.
Ce pouvoir est attribué aux hommes, même s'ils devaient commettre une aberration exprès ou par méprise.

De plus, le Beit Din est également en mesure de déclarer une année embolismique (13 mois au lieu de 12), modifiant alors tout le calendrier.
D'ailleurs, le Yalkout Léka'h Tov (rav Beifuss) enseigne que cette déclaration va en réalité plus loin.
Par exemple, lorsque le Beit Din décide d'ajouter un mois supplémentaire à l'année, cela va entraîner que la puberté de tous les jeunes gens [en âge d'être bar mitsva] va être repoussée d'un mois entier.

=> La mitsva de sanctification du nouveau mois nous permet de se rendre compte à quel point Hachem nous a "cédé" certains de Ses pouvoirs.
Non seulement nous avons une partie divine en nous (l'âme), mais en plus nous avons une capacité à faire des actions qui ont des conséquences digne de D.

Cette prise de conscience du fait que Hachem a mis en nous des capacités phénoménales, doit renouveler notre motivation et notre fraîcheur à les exploiter au mieux, avec responsabilité.
Le 'Hidouché haRim enseigne que la mitsva de sanctifier le mois, peut être comprise comme la capacité que donne D. aux juifs de créer de la nouveauté et de la fraîcheur dans leur vie ((it'hadchout - התחדשות).

[Il est intéressant de constater que le peuple juif décide des dates des moadim (fêtes), mais cependant le Shabbath reste fixe tous les 7 jours depuis la Création.
Cela symbolise bien le fait que Hachem est et restera toujours Le Maître absolu sur tout, même s'il peut nous donnant beaucoup de pouvoirs divins.]

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+ La sanctification de la lune :

-> Rabbi Yo'hanan dit : Prononcer la bénédiction sur la lune est semblable à accueillir la face de la Ché'hina (Présence Divine).
[guémara Sanhédrin 42a]

-> "En sanctifiant la nouvelle lune au début de chaque mois, le peuple juif témoigne que D. renouvelle sans cesse le monde."
[Rabbénou Bé'hayé]

-> Le peuple juif compte ses mois en se basant sur la lune, qui règne de jour comme de nuit.
Cela fait allusion au fait que les juifs mériteront à la fois ce monde-ci (la "nuit", où Hachem n'est pas clairement visible) et le monde à venir (le "jour").
Le peuple juif parvient à voir Hachem même dans l'obscurité de ce monde.
[midrach Béréchit rabba 6,3]

[à l'image de la lune qui va alterner entre une phase pleine, et une phase d'absence, le peuple juif est éternel, avec des périodes "agréables" et d'autres plus difficiles.
De même au niveau individuel, nous avons des périodes d'obscurité, où il peut nous sembler que D. n'est plus là pour gérer le monde, à l'image des moments où la lune n'est pas visible, comme absente.

Nous sanctifions la lune dans sa période de développement, comme pour pleinement remercier Hachem de sans cesse renouveler nos forces individuelles et collectives.
Nous réveillons également notre conscience au fait que de même la lune est toujours là, de même Hachem est toujours présent à nos côtés, même lorsque nous ne le voyons plus!]

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-> Le Maharil ne récitait pas la bénédiction sur la lune (kiddouch haLévana) lorsqu'un yom tov tombait à la sortie de Shabbath.
Pourquoi cela?

Car lorsque l'on récite cette bénédiction, nous recevons la présence divine, et c'est comme si on allait au Ciel.
Or, puisqu'à Yom Tov (comme durant Shabbath), nous n'avons pas le droit de sortir du té'houm (la limite de 2000 ama, après la dernière habitation), il ne récitait pas la bénédiction sur la lune, puisque aller au Ciel est une distance supérieure au té'houm.

[la halakha ne suit pas son avis, et il est possible de dire la birkat halévana à yom tov]

[le Taz - Ora'h 'Haïm 426,1]

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-> On ne doit pas dire la birkat halévana sous un toit, mais directement sous le ciel.
En effet, puisque réciter cette bénédiction est équivalent à accueillir la présence divine, il n'est pas respectueux de se tenir sous un toit, mais on doit être à l'extérieur à l'image d'une personne allant à la rencontre d'un roi mortel.
[Michna Broura 426,1]

-> Un des textes que nous lisons après la Birkat haLévana est :
"On enseigne dans le Beit midrach de Rabbi Ichmaël : Si les juifs avaient uniquement reçu le mérite de recevoir la face de leur Père qui est dans les cieux une fois par mois, cela leur aurait suffi".
=> Cela signifie que ce grand mérite de sanctifier la nouvelle lune, aurait suffi à légitimer l’existence du peuple d’Israël durant toute l’histoire.

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-> Chaque fois que la lune retrouve le soleil, chaque fois qu'elle reçoit de nouveaux rayons de lumière, Hachem veut que Son peuple le retrouve et soit illuminé par de nouveaux rayons de Sa lumière, quels que soient le lieu et la manière dont ils ont dû traverser des périodes d'obscurité et de ténèbres au cours de leur vie.
La lune, qui se retrouve en conjonction avec le soleil, est un modèle pour nous retrouver avec Hachem ; le rajeunissement de la lune est une image de notre propre rajeunissement (spirituel) et une incitation à le faire.
[rabbi Shimshon Raphael Hirsch ]

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-> Selon nos Sages (guémara Erouvin 65a) : "La lune a été créée pour permettre aux hommes de réviser leur étude de la Torah [à sa lumière]."

-> Nos Sages (Pessikta Rabbati 11) enseignent : "Le peuple juif est comparé au sable, à la terre et aux étoiles. Pourquoi est-il comparé aux étoiles? Parce que, de même que les étoiles n'ont d'influence que la nuit, le peuple juif n'acquiert la maîtrise de la Torah que pendant la nuit."

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-> "Les nations du monde construisent leur calendrier autour du soleil, tandis que les juifs se basent sur la lune.

Les non-juifs peuvent survivre tant que la lumière brille sur eux, mais dès qu'ils rencontrent l'obscurité, ils meurent et disparaissent de l'Histoire.
Cependant, à l'image de la lune qui brille même pendant l'obscurité de la nuit, les juifs survivent et diffusent de la lumière dans l'obscurité."
[Sfat Emet]

-> Le rav Eliyahou Lopian dit : les véritables Bné Torah vivent une vie de simplicité matérielle. Leur maison manque beaucoup de luxes et de nécessités, dont leur entourage ne peut pas se passer.
[On pourrait en venir à penser qu'ils vivent dans l'obscurité absolue]
En réalité, ces gens pleinement dévoués à la Torah ressentent une réelle satisfaction, et aucune privation.

[la lune n'a pas de lumière propre, elle ne fait que refléter celle du soleil.
En sanctifiant la lune, nous exprimons la réalité qu'à l'image de la lune, nous n'avons d'existence que grâce aux forces de vie, que Hachem nous envoie.
Toute personne, toute espèce vivante, s'éteint à la seconde même où D. le décide.

Un juif n'a pas de plus grand joie que de se lier à Son Créateur par la Torah, les bonnes actions.
Le fait d'être trop plongé dans la matérialité, agit comme des nuages cachant la lune, cela créé une distanciation, des séparations avec D.

Crées à l'image de Hachem, nous nous devons de travailler à illuminer l'obscurité de ce monde, à l'image du soleil avec la lune (ex: un sourire, des paroles de émouna, être exemplaire selon la volonté de D., ...).]

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-> Moché ne comprenait pas pourquoi il fallait sanctifier le mois précisément au moment de la renaissance de la lune, alors qu'elle était la plus diminuée en taille.
[la majorité des autres nations fixent leur temps en fonction du soleil qui est constamment grand, alors que les juifs se basent sur la lune]
Hachem montra "de Son doigt" la lune dans le ciel, au moment de son renouvellement, alors qu'elle était toute petite et restreinte, puis lui dit : "Lorsque tu la verras ainsi, sanctifie-la" = ainsi, l'homme comprendra qu'il ne pourra se sanctifier réellement que lorsqu'il atteindra l'authentique humilité à la manière de la lune qui sera sanctifiée au moment où elle sera réduite au minimum.

-> Rabbi Moché de Sambour (Téfila léMoché) enseigne :
Selon nos Sages (guémara Kidouchin 40a) : "Hachem considère une bonne pensée comme une bonne action".
On peut expliquer cette enseignement ainsi : une bonne pensée est le point de départ à toute action. Elle éveille l'homme à l'intégrité et le pousse à en atteindre l'objectif ultime : accomplir la volonté d'Hachem.
Cette pensée est pure et authentique, sans défaut. Ce n'est qu'ensuite, lorsque l'homme souhaite passer à l'action, et accomplir la mitsva, que le mauvais penchant s'introduit dans ses pensées.
Il cherche alors à faire en sorte que cette mitsva ne soit plus désintéressée et que son acte soit imparfait.
Mais Hachem dans Sa grande miséricorde et dans Sa grande bonté considère cette pensée initiale aspirant à la perfection comme la concrétisation de son acte. Pour Lui, c'est comme si l'homme avait accompli sa mitsva de façon parfaite.

Lorsqu'Hachem montre la lune du doigt à Moché et lui dit : "Lorsque tu la vois ainsi, sanctifie-la" (Rachi - Bo 12,2), Hachem fait une allusion à Moché : "C'est parce qu'au début du mois, la lune est "ainsi" (toute petite), parce qu'elle est réduite au minimum, que lorsque tu la verras, tu la sanctifieras. C'est précisément celle-ci qu'Israël devra sanctifier."

=> Il en est de même dans le service Divin. La volonté intérieure du juif est pure. Il souhaite plus que tout au monde accomplir la volonté d'Hachem.
Toutefois, la première pensée, bien qu'elle soit de toute intégrité, reste bien petite, voire insignifiante face à l'acte concrétisé. Tel est le sens des paroles d'Hachem à Moché au sujet du renouvellement de la lune.
De la même façon qu'Israël sanctifie le renouvellement de la lune qui est alors un petit point insignifiant, il en est de même dans les cieux : Hachem sanctifie le petit point, comparable à la première pensée par laquelle l'homme est poussée à accomplir Sa volonté de façon parfaite.

Et puisque l'homme accomplit ensuite concrètement la mitsva, même si "le levain qui se trouve dans la pâte" (le mauvais penchant) souhaite détériorer cette mitsva, tout va d'après le commencement, c'est-à-dire d'après la première pensée pure, parfait et intègre.
Ainsi la mitsva, ou la bonne action de l'homme, sera également considérée comme parfaite et intègre, car Hachem dans Sa grande miséricorde et dans Sa grande bonté fait équivaloir une pensée positive à un acte.
[d'après le rav Pin'has Friedman - Shvilei Pinhas]

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"Ce mois-ci [Nissan] sera pour vous le commencement des mois, il sera pour vous le 1er des mois de l'année" (Bo 12,2)

=> Est-ce que les juifs réalisaient la mitsva de sanctifier la lune dans le désert?

-> Rabbénou 'Hananel explique que dans le désert les juifs étaient entourés par les Nuées de Gloire (Anané haKavod), entraînant qu'ils ne pouvaient voir ni la lune, ni le soleil. C'est pourquoi, ils sanctifiaient le nouveau mois, non pas en se basant sur des témoignages de témoins, mais plutôt sur le calcul de quand cela va se produire, comme nous le faisons de nos jours.

La guémara (Baba batra 75a) rapporte que les Anciens du peuple se sont attristés car ils ont remarqué que le visage de Moché étaient comparable au soleil, et celui de Yéhochoua à la lune.
Cela témoignait de la différence de niveaux entre eux 2, et les Anciens se sont attristés à l'idée de ne pas avoir pu profiter davantage de l'incroyable grandeur de Moché, pour encore plus s'élever spirituellement.

Le rav Yonathan Eibschutz fait remarquer que si c'est uniquement les Anciens qui ont pu faire cette comparaison, c'est parce qu'après 40 années dans le désert sans pouvoir observer la lune et le soleil, c'était les seuls qui pouvaient véritablement se rappeler à quoi cela ressemblaient (lune, soleil)!

Pourquoi parle-t-on des Anciens de cette génération et pas aussi des jeunes?
Le rav Eibschutz (Yaarot Dvach 2,4) cite les séfarim des Richonim selon lesquels le peuple juif ne vit pas le soleil et la lune pendant les 40 ans du désert, du fait des nuées de gloire diurnes et de la colonne de feu la nuit. Ainsi, ceux qui sont nés dans le désert n’ont jamais vu le soleil et la lune et ne savaient donc pas comment faire la distinction entre les deux. Par conséquent, ce sont les Anciens qui firent cette déclaration.
Une autre réponse donnée est que les anciens connurent Moché et Yéochoua toute leur vie, contrairement à ceux qui étaient plus jeunes. En conséquence, eux seuls pouvaient faire une telle remarque.

-> Le rav Aharon Leib Steinman est d'avis que les Nuées étaient par nature des réalités spirituelles, et non physiques.
Le 'Hazon Ich maintient également qu'il était tout à fait possible de voir le soleil et la lune au travers des Nuées. Cependant, de même que nous ne pouvons pas faire le kidouch haLévana si l'on regarde une lune voilée par des nuages, de même dans le désert ils ne pouvaient pas sanctifier la lune en la regardant au travers des Nuées.

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-> b'h, également sur le kidouch ha'hodech : https://todahm.com/2013/03/17/38811

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-> Le kiddouch lévana : ce sera une ségoula pour qu'un homme trouve l'épouse que le Ciel lui destine.
[rabbi Na'hman de Breslev - Séfer haMidot - mariage]

"Hachem dit à Moché : Viens chez Pharaon (bo él Pharaon - בֹּא אֶל-פַּרְעֹה)" (Bo 10,1)

-> Viens chez Pharaon : Si l'on va littéralement dans le mot : Pharaon (פַּרְעֹה), on a :
- la lettre pé qui s'écrit pleinement : פה, et sa lettre interne est le : ה ;
- la lettre réch s'écrit en totalité : ריש, avec en intérieur : יש ;
- la lettre ayïn s'écrit pleinement : עין, avec intérieurement : ין ;
- la lettre hé s'écrit en totalité : הא, avec à l'intérieur : א.

Lorsque l'on va à l'intérieur du mot (dans) : Pharaon, on obtient les lettres : ה ; יש ; ין et א, qui ont une guématria totale de : 376.
C'est la même que : Essav (עשו), c'est-à-dire : Edom, qui est le dernier exil. ["Essav, c’est Edom" - Vayichla'h 36,1]

=> Cela fait allusion au fait que nous serons délivrés de l'exil d'Edom par ces mêmes plaies.

Littéralement les mots : בֹּא אֶל-פַּרְעֹה (Viens chez Pharaon) signifient : בֹּא (guématria de 3) chez פַּרְעֹה (valeur de 355), soit : 358, qui est celle de : machia'h (משיח).

[le Gaon de Vilna]

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-> "Hachem dit à Moché : Viens chez Pharaon"

Le rabbi Mendel de Kotzk enseigne que Hachem ne dit pas à Moché : "Va chez Pharaon", car on ne peut jamais s’éloigner du Créateur, Sa gloire emplissant le monde entier.
C’est pourquoi Il lui dit : "Viens chez Pharaon", sous-entendu : "Viens avec Moi chez Pharaon, car Je suis à tes côtés en tout lieu où tu te rends."

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-> La phrase "Viens chez Pharaon" sous-entend : "Allons-y, Moi et toi".
Pourquoi Hachem devait-Il accompagner Moché?
Parce que ce dernier ne voulait plus se rendre chez Pharaon : il s'était tellement sanctifié avec la 7e plaie que ses yeux ne supportaient plus de voir la face d’un racha.
[Zohar - 2e partie, 34a]

-> Le rav David Pinto commente :
Hachem signifiait par cela à Moché : "J'entrerai en premier chez lui et Je supprimerai l'écorce qui l'entoure. Alors, vous pourrez entrer à votre tour sans aucune crainte."
Il est fait allusion à cette idée dans le mot "Bo" (בֹּא) : la lettre "beit" (ב - de valeur
numérique deux) est une allusion à Moché et Aharon, et le "aleph" (א - de valeur numérique un) est une allusion au Maître du monde, à l'Unique (Hachem).
[...]
Selon la guémara (Kidouchin 30b) : "Le yétser ara cherche chaque jour à nous vaincre et à nous tuer, et sans l’aide de Hachem, nous ne pourrions pas le vaincre".
[Pharaon symbolise le yétser ara] ...
Hachem a créé le yétser ara pour qu'il nous importune : de notre côté, nous devons nous éveiller et nous battre contre lui.
En voyant cela, Hachem renforce le yétser ara pour qu'il continue à nous contrarier.
Mais si nous ne cessons pas de lutter et de nous opposer à lui, Hachem nous devance et détruit l'écorce du yétser ara.
En conséquence de l'apparition de la Présence Divine, nous recevons des forces de sainteté exactement au moment où l'écorce se soumet.

["Viens chez Pharaon" = si tu fais l'effort de lutter contre ton yétser ara, alors Hachem vient avec toi et anéantit le yétser ara.
Ceci permet à Hachem de nous donner le meilleur sans que cela le soit gratuitement ("pain de la honte"), mais basé sur ce que nous avons pu faire. (la joie est totale car nous avons l'impression de le mériter, même si en réalité sans D. nous en pouvons rien!)]

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-> "Hachem dit à Moché : Viens chez Pharaon" (bo él Pharaon - בֹּא אֶל-פַּרְעֹה)"

Le Noam Elimélé'h explique que : "bo" signifie aller d'une façon répétée, tandis que "lé'h" (לך) signifie y aller qu'une seule fois.
Hachem demande à Moché d'aller souvent chez Pharaon.
Pourquoi cela?

Pharaon représente le yétser ara.
Or, il est marqué : "Viens chez Pharaon car j'ai endurci son cœur".
Nous devons tous les jours se parler à soi-même des paroles de émouna, de crainte d'Hachem, ... et alors avec le temps elles vont finir par entrer dans les profondeurs de notre être, de notre cœur.
[et alors Pharaon laissera partir les Bné Israël = notre yétser ara nous laissera plus facilement faire la volonté de D.]

Nos Sages disent qu'il ne suffit pas de mettre les téfilin sur la tête, mais nous devons également internaliser le message que les téfilin nous enseignent.
Par exemple, les téfilin doivent nous rappeler tous les jours, encore et encore, que c'est Hachem qui nous a fait sortir d'Egypte, qu'Il peut absolument tout faire, que rien ne se passe sans un décret de Sa part ...
Au fur et à mesure, nous ne mettons plus les téfilin sur la tête, mais bien dans la tête!

-> Le Baal haTanya fait remarquer que dans la 1ere phrase du Shéma, le mot : "é'had" (אחד) a un dalét (ד) qui est écrit en grand. Cela ressemble à un marteau, allusion à l'idée qu'il faut marteler tous les jours ces notions de l'Unicité d'Hachem, pour que cela pénètre vraiment en nous.

-> "éémanti ki adaber" (J’ai de la émouna car je parle – Téhilim 116,10)
Le rav Lévovitz explique que le fait de parler de la émouna amène sur nous de la émouna.