Aux délices de la Torah

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Les campements

+ Les campements - Paracha Massé

Dans la paracha Massé (Bamidbar 33), la Torah relate les différents campements du peuple juif dans le désert après la faute des explorateurs.

Rabbénou Yoël enseigne qu'ils ont été nommés en souvenir de ce qui s'est passé au don de la Torah :

-> Har Shafèr (שָׁפֶר) : c'est une allusion au Shofar qui y a été entendu.
De plus, les lettres de Shofar (שופר) peuvent être réarrangées en שׂוֹרֵף (shoréf) : brûlant, faisant référence au mont Sinaï qui était alors en flamme (cf.Dévarim 4,11).

Le mot Shofar (שפר) peut aussi se lire Shéfèr (שפר), car on y a donné de magnifiques paroles (Imré Shéfèr) de Torah.

-> 'Hadara (חֲרָדָה) : c'est une allusion au verset : "La montagne entière tremblait" (וַיֶּחֱרַד כָּל-הָהָר - Yitro 19,18).

-> Bémakéélot (מַקְהֵלֹת) : c'est une référence à la grande unité, sur laquelle le verset dit : "Dans vos groupes, Bénissez D.!" (בְּמַקְהֵלוֹת, בָּרְכוּ אֱלֹהִים - Téhilim 68,27).

-> Ta'hat (תָחַת) : c'est une allusion à : "Ils se tirent au pied de la montagne" (וַיִּתְיַצְּבוּ, בְּתַחְתִּית הָהָר - Yitro 19,17).

-> Tara'h (תָרַח) : c'est une référence à la bonne odeur des mitsvot et de la Torah (réa'h mitsvot véTorah).
De plus, la guémara (Shabbath 88b) rapporte que chaque Commandement donné au mont Sinaï, était accompagné par de beaux parfums.

-> Mikta (מִתְקָה) : en allusion aux paroles de Torah qui sont : "métoukim midvach" (plus doux que le miel - מְתוּקִים מִדְּבַשׁ - Téhilim 19,11).

=> Bien que le don de la Torah était loin dans le temps et en distance, le peuple s'en est souvenu nostalgiquement, en le gardant fraîchement en mémoire et s'en inspirant pour servir Hachem au mieux.

"Ils quittèrent Kivrot haTaava et campèrent à 'Hatsérot" (Massé 33,17)

Rabbi Yits'hak de Vorka fait remarquer que ce verset nous enseigne que pour vaincre le yétser ara en nous, il faut toujours se rappeler que ce monde est temporaire, qu'il doit être mis à profit pour préparer notre monde à venir.

"Ils quittèrent Kivrot haTaava" : comment peut-on enterrer (likvor) son envie (taava) et soumettre son yétser ara?

En se rappelant que ce n'est qu'une cour ('hatser -> 'hatsérot) devant une maison, qu'un couloir menant au palais (résidence principale).

Le rabbi de Vorka disait qu'en ayant cela à l'esprit, nous pouvons vaincre le yétser ara, qui à la venue du macchia'h sera égorgé.
[Pourquoi donner de l'importance à une réalité qui n'est pas éternelle à l'inverse de Hachem?]

=> Nous devons toujours méditer sur le fait que ce monde est passager et qu’on s’en séparera un jour pour se rendre dans le monde éternel, où la seule monnaie en cours proviendra de nos mitsvot accomplies dans ce monde.
Par cette réflexion, nous aurons conscience de l’essentiel et on pourra s’écarter et même “enterrer”(kivrot) les désirs (taava) et ne pas se laisser distraire.
[comme souhaite le yétser ara : "Tes paupières sont lourdes! Fait dodo dans ce monde!"].

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+ Autre "formulation" de l'explication de Rabbi Yits'hak de Vorka :

-> "Kivrot Hataava" signifie littéralement : "l'enterrement du désir".
L'homme doit savoir qu'il ne doit pas chercher à assouvir tous ses désirs dans ce monde, car celui qui court après tous les plaisirs, ces envies finiront par l'enterrer.
C'est pourquoi, l'homme doit voyager de Kivrot Hataava = il faut quitter et abandonner l'idée de satisfaire tous ses désirs, pour pas finir par être enterré par eux.

De la sorte, on campera à "Hatserot" signifiant "les cours" = L'homme prendra conscience que ce monde est à l'image d'une cour (l'accessoire, transitoire), qui mène au palais, qui est le monde futur (l'essentiel, la finalité, éternel).
Quand on voyagera et que l'on s'éloignera de la recherche de tous les plaisirs, on campera et on comprendra que ce monde n'est pas l'essentiel et n'est qu'un passage.
Ce n'est qu'une cour où on doit se préparer à entrer, après sa vie sur terre, dans le palais qui est le monde futur.

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-> Quand la volonté et le désir pour une chose quelle qu’elle soit règnent sur l’homme, il ne peut plus distinguer ce qu’il fait et ce qu’il doit faire de façon claire, parce que son intelligence est obscurcie. C’est seulement quand le désir l’a quitté qu’il ouvre les yeux et se dit : "Comment n’ai-je pas pensé à cela avant?"

Rabbi El'hanan Wasserman (Kovets Maamarim) dit :
En ce qui concerne la foi et la religion, il est impossible de connaître la vérité, à moins d’être libre de tous les désirs de ce monde, et des gens comme cela ne se trouvent chez aucun peuple.
Or même quand on est corrompu par une toute petite chose, cette corruption aveugle l’intelligence et on ne peut pas arriver à la vérité, à plus forte raison quand le cadeau corrupteur est tout ce monde-ci.
Et même si ceux qui sont loin de la foi sont la majorité dans le monde, il n’y a pas à faire attention à eux ou à se laisser troubler.
Cela ressemble à quelqu’un qui passe devant un cabaret où se trouvent cent ivrognes qui se roulent par terre, et qui demandent : "Tu es un seul homme et nous nous sommes cent, pourquoi ne fais-tu pas comme nous?"
C’est la même chose, les gens du monde sont ivres de leurs désirs, et leur intelligence est obscurcie au point qu’ils ne peuvent plus discerner la vérité.

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-> La recherche de la sainteté doit s'exercer dans tous les domaines : l'étude de la Torah, la parole, la nourriture, les rapports sexuels, car il faut être saint pour pouvoir s'attacher au D. saint.
On peut retrouver ces 4 domaines dans le nom de la paracha kédochim (saints) - קדש'ם :
- קול = la voix = l'étude de la Torah ;
- דבור = la parole = on doit parler sans colère, ni orgueil, ... ;
- שתיה = la boisson (qui inclue la nourriture) = juste ce qu'il faut pour nourir son corps ;
- ידיעה = connaissance (terme renvoyant à la sexualité = connaître la femme).

Par ailleurs, l'interdiction de "se tourner vers les idoles" fait allusion aux passions physiques, assimilables à l'idolâtrie, ainsi qu'à la cupidité.
Le mot תאוה (= passion - taava) = permet de former : אל) תפנו אל האלילים ואלוהי) (Ne vous tournez pas vers les idoles et d'autres divinités).

==> Plus on s'éloigne de ces choses-là, plus on gagne en sainteté.
[Abir Yaakov - Pitou'hé 'Hotam]

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-> b'h, également sur cela : https://todahm.com/2015/08/10/3599-2
-> voir aussi : https://todahm.com/2020/12/27/29913

"Toute chose qui va au feu, vous le ferez passer au feu et il sera purifié" (Matot 32,23)

-> Selon le 'Hida, il y a 2 types de feu : celui du yétser ara qui brûle en nous, nous poussant à la faute ; et le feu de la Torah : un feu de sainteté et de pureté.

Nos Sages (guémara Kiddoushin 30b) rapportent les paroles de Hachem : "J'ai créé le yétser ara et J'ai créé la Torah comme antidote".
C'est ainsi que la seule façon de se défendre face au yétser ara est par l'étude de la Torah.

Selon le 'Hida, le verset fait allusion à cela : "Toute chose qui va au feu" du yétser ara, "vous le ferez passer au feu" de la Torah, "et il sera purifié".

"On ne doit pas sous-estimer même la plus petite chose que nous faisons pour Hachem.
Ce que nous pensons être petit, est [en réalité] énorme à Ses yeux."

['Hovot haLévavot - Chaar 'Hechbon haNéfech]

-> Par exemple, le midrach au début de la paracha Béhaaloté'ha rapporte :
Pourquoi Hachem a-t-il besoin que nous allumons les petites lumières de la Ménora dans le Temple?

La raison est qu'Il nous aime tellement, au point de nous dire : "Toute la lumière que J'ai, n'est rien en comparaison de la vôtre.
Je veux utiliser uniquement votre lumière!"

=> Les petites actions que nous faisons pour Hachem, Lui sont extrêmement précieuses.

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-> Le 'Hafets 'Haïm écrit (Chaar haTévouna - chap.10) que notre monde est comme une goutte (d'eau) dans un sceau comparé aux mondes supérieurs.

-> La guémara (Avoda Zara 3b) rapporte que le royaume Céleste comporte 18 000 mondes, et qu'il y a des millions d'anges chantant des louanges à Hachem.

-> Le Tana déBé Eliyahou (chap.31) enseigne que du matin au soir les anges Célestes proclament : "kadoch, kadoch, kadoch Hachem tséva'ot", et que la nuit ils disent : "barou'h kévod Hachem mimékomo’’.

Cependant, selon le 'Hafets 'Haïm, Hachem éprouve plus de satisfaction avec les prières d'un seul juif qu'Il n'en a si l'on cumule l'ensemble des millions d'anges Célestes.

D. nous demande : "Fais-moi entendre ta voix" (Chir haChirim 2,14 - achmi'ini ét kolé'h).
Il désire nos simples mots, qui Lui sont extrêmement précieux.

"Ce n'est pas la vérité qui est dure à accepter, c'est le mensonge qui est dur à lâcher"

[le Sabba de Kelm]

"Dans la vie il n'y a pas de murs, il n'y a que des marches, si on ne le voit pas c'est parce qu'on baisse les yeux."

[Rabbi 'Haïm Vittal]

"[Pin'has] vint ... et le fléau fut arrêté d'au-dessus des enfants d'Israël. Ceux qui avaient péri dans le fléau furent [au nombre de] 24 000." (Balak 25,8-9)

Les Tossafot (guémara Avoda Zara 4b) rapportent que Bil'am avait la capacité de nous maudire durant la seconde chaque jour durant laquelle Hachem se met en colère, en prononçant le mot : kalèm (détruis-les!).

Même si (grâce à D.), il a échoué à nous maudire, il a réussi à générer un fléau faisant 24 000 victimes parmi les juifs.

On trouve une allusion à cela dans le mot : "kalèm" (כלם) en multipliant chacune de ses lettres : 20 (כ) fois 30 (ל) fois 40 (מ), on obtient : 24 000.

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-> "Il (Hachem) fait sentir Sa colère chaque jour" (Téhilim 7,12)

La guémara (Béra'hot 7a) commente : Comment savons-nous que cette colère ne dure qu'un instant?
Parce qu'il est écrit : "Car Sa colère ne dure qu'un instant" (Téhilim 30,6).
Cet instant dure : 1/58888 ième d'une heure, et aucune créature vivante n'a été capable de déterminer cet instant de façon rigoureusement précise à l'exception de Bil'am, qui tenta de profiter de cette fraction de seconde pour maudire les juifs.

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-> Le midrach (Tan'houma - Tsav 1) rapporte que Bil'am offrit de nombreux sacrifices pour détourner la bienveillance de D. des enfants d'Israël, et la diriger vers les non-juifs.
Mais D. rejeta d'emblée ses avances, déclarant : "Hachem prendra-t-Il plaisir à des hécatombes de béliers, à des torrents d'huile par myriades? (Mikha 6,7). Tu te leurres Bil'am! Je ne peux accepter de sacrifices de la part des nations, car j'ai conclu une alliance inébranlable avec Israël et leur ai promis de n'accepter avec bienveillance que leurs seuls sacrifices."

"La tristesse exprime que la personne n’accepte pas le décret Divin et considère qu’Hachem n’aurait pas dû envoyer telle ou telle chose.
En revanche, la joie exprime la confiance de l’homme en la bonté d’Hachem dans ce qu’Il envoie."

[Rabbi Ména'hem Mendel de Vitebsk - le Pri haArets - un des principaux élèves du Maguid de Mézéritch]

"Leur offrande de farine et leurs libations" (Pin'has 29,18)

L'eau des libations étaient versée dans des orifices prévus à cet effet au sommet du coin sud-ouest de l'Autel, tous les matins des 7 jours de Souccot.
Tous les soirs, on célébrait la cérémonie du puisage de l'eau (Sim'ha beit hachoéva), par d'extraordinaires festivités nocturnes auxquelles s'associaient les plus éminents érudits et tsadikim d'Israël.
Ces fêtes (sur l'eau) étaient si magnifiques que la guémara (Soucca 53a) affirme : "Celui qui n'a pas assisté à cette fête n'a, de toute sa vie, jamais vu une véritable joie".

=> Comment comprendre le sens de cette joie si importante concernant une simple offrande d’eau sur l’autel ?

Rabbi Moché Feinstein (Darach Moché) donne la réponse suivante.
En fait, c'est justement parce qu’on offrait simplement de l’eau que la joie était si grande ; car toute personne, même le plus pauvre, peut se procurer de l’eau.
Ainsi, cette mitsva vient enseigner que chacun, peu importe sa situation, qu'il soit riche ou pauvre, peut accomplir la volonté d’Hachem et s’approcher de la perfection.

Le fait de savoir que se rapprocher d'Hachem n’est pas réservé à une élite, mais que même le plus simple y a droit, cette leçon a de quoi emplir l’homme d’une grande joie.

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"Leur offrande de farine (min'ha) et leurs libations pour les taureaux" (29,18)

-> Rachi explique que les sacrifices de Souccot comptaient 70 taureaux en parallèle aux 70 nations.

=> Pourquoi faire allusion aux 70 nations? Et pourquoi cette allusion se trouve particulièrement concernant les sacrifices de Souccot?

En réalité, Hachem créa le monde pour le peuple d'Israël. Ainsi, l'état du monde et de toute l'humanité dépend de l'état d'Israël.
De ce fait, tout au long de l'année, puisque le peuple juif commet des fautes et en conséquence, connaît des baisses de niveau, il en ressort que l'état du monde également est en position de faiblesse.
Cependant à Kippour, Hachem expie les fautes du peuple juif. Ils sont dès lors à un niveau de pureté et d'élévation très satisfaisant, et cela se répercute sur toute l'humanité, qui s'en trouve de ce fait grandie et élevée.
C'est pourquoi, à Souccot, juste après Kippour, c'est le moment d'apporter 70 sacrifices, par rapport aux 70 nations qui ont retrouvé une situation enviable, de par l'expiation qui a été accordée au peuple juif à Kippour.
[rabbi de Loubavitch]

"Tels sont les fils de Benjamin ...45 600 [...]
Telles sont les familles de Dan ... 64 400" (Pin'has 26,41-43)

On peut remarquer une curiosité.
-> A l'origine, Binyamin avait 10 fils (cf. Béréchit 46,21) et Dan un seul ('Houchin), qui de surcroît, était sourd (cf. guémara Sotah 13a).

-> Lors de ce recensement, on a Binyamin qui a une famille de 45 600 personnes, tandis que celle de Dan est de 64 400 personnes, soit presque 20 000 de plus.

Selon le 'Hafets 'Haïm, cela vient nous apprendre qu’on ne peut se fier à aucune règle logique et naturelle : c'est uniquement Hachem qui dirige le monde comme Il le souhaite.
S'Il veut qu’une famille peu nombreuse ait une grande descendance, Il peut le faire, au point de dépasser une famille nombreuse.

=> Ainsi, si quelqu'un prévoit que logiquement, Il va avoir des préjudices, qu’il ne s’inquiète pas et qu’Il prie Hachem, car Il pourra le sauver même si cela ne semble pas faisable !

A ce sujet nos Sages ont dit : "Même si une épée tranchante est posée en travers de sa gorge, il ne doit pas se retenir de prier" [car Hachem a toujours un moyen pour nous sauver!]
[guémara Béra’hot 10a]

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-> Cela vient nous enseigner, conclut le 'Hafets 'Haïm, que lorsqu'Hachem désire que quelqu'un réussisse, il le pourra avec un seul fils même mieux que celui qui en a dix. Il en est de même au sujet des biens : un pauvre peut réussir et être content de son sort alors qu'un riche finira par échouer, car "C'est Hachem qui les a tous créés" : à savoir, que l'homme ne peut comprendre ce qui est véritablement bien ou mal en fonction de ce qui lui semble l’être.
Il ne devra donc jamais perdre sa sérénité d'esprit lorsque se présenta une épreuve, mais il devra au contraire être convaincu qu'Hachem conduit son monde avec un calcul bien précis.

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-> Le midrach (Béréchit Rabba 94,3) rapporte que lorsque Dan entra chez son père, il se lamenta sur son triste sort : il n'avait pas plus qu'un fils et encore fallait-il qu'il soit sourd.
Yaakov dit alors : "Ecoute-moi bien mon fils, souviens-toi d'Hachem en toute circonstance et espère en Lui en permanence, ne te départis jamais de cet adage : "En Ta délivrance j'ai espéré Hachem", car c'est seulement Lui qui a le pouvoir de te délivrer"
Et, en effet, Dan se renforça dans une émouna intègre qu'Hachem le délivrerai, et mérita grâce à cela que de son fils unique sortirent 64 400.