Aux délices de la Torah

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Prendre conscience de sa grandeur – Quelques pensées de nos Sages (partie n°1)

+ Prendre conscience de sa grandeur - Quelques pensées de nos Sages (1ere partie) :

-> Celui qui se considère comme étant inférieur, ne fera pas attention à son comportement.
[Rambam - Pirké Avot 2,13]

-> Si vous vous considérez comme mauvais, vous serez prêt à faire toute sorte de mauvaises choses, et vous n'essayerez pas d'acquérir des traits de caractère positifs.
Votre attitude négative concernant vous-même, vous laissera vide de qualités, de mérites.
[Séfer haMidot léhaMéïri - p.90]

[Puisque je suis si mauvais, alors c'est pas si grave si je faute! (je ne suis pas à une mauvaise chose prêt!)
Etant si nulle, pourquoi se changer, puisque tout est à changer! ...]

-> Si une personne ne se considère pas comme "une personne importante", elle ne se débarrassera pas de ses mauvaises habitudes.
[Rabbi Aharon de Karlin - Dor Déa]

-> Celui qui veut se grandir, doit être conscient de sa propre valeur, reconnaître son importance et celle de ses ancêtres ...
Il se dira à lui-même : "Je suis une personne trop géniale et importante pour m'abaisser à faire ce mauvais acte".

Si une personne n'est pas consciente de sa valeur, il lui est facile de se comporter d'une moins bonne manière.
[Rabbénou Yona - Chaaré Avoda]

[La principale arme du yétser ara est le doute.
Sous couvert d'humilité, d'honnêteté, il nous amène à douter de nous-même, car pourquoi aspirer à faire de grandes et belles choses, si je suis une personne si nulle.

=> Par le fait d'élever notre perception de nous-même, nous sommes alors capables de viser plus haut, et d'alimenter un cercle vertueux où l'on souhaite être toujours meilleur, toujours plus grand. ]

-> Ce n'est que lorsqu'une personne reconnaît qu'elle a le potentiel pour atteindre les niveaux les plus élevés, qu'elle va faire tout son possible pour faire de grandes choses.
[Rabbi Chlomo Finesilver - Hachlomat haMidot]

-> C'est uniquement une personne qui se sent intérieurement bien avec elle-même, qui va pouvoir accomplir la mitsva d'aimer son prochain.
[Rabbi Moché Rosenstein]

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-> Un ancien proverbe juif dit : "Celui qui a confiance en lui, gagne la confiance des autres".

=> Si l'on veut réussir à influencer positivement autrui, il faut d'abord croire en sa réussite b"h.

-> Une personne à qui il manque des sentiments internes de confiance en soi, ressent le besoin de recevoir des honneurs des autres.
Plus le manque d'estime de soi est important, plus on a besoin de la confirmation de sa valeur interne par le biais de l'approbation des autres.
[Rav Dessler - Michtav méEliyahou]

=> Si l'on n'a pas conscience de sa valeur, nous faisons dépendre notre paix intérieure du regard des autres.
Quel dommage car notre bonheur est à chercher en nous-même! ]

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+ Quelques conséquences du fait d'avoir une mauvaise estime de soi :

-> 1°/ une sensibilité accrue aux critiques :
La règle est que plus on se sent faible, plus on va être sur la défensive (tu t'es pas vu!, c'est à cause de ...), et on va consacrer toutes ses forces à essayer de cacher ses défauts, plutôt que d'y travailler dessus.

-> 2°/ une surréaction à la flatterie :
N'ayant que peu de valeur à nos yeux, on est très sensible aux louanges qu'autrui vont nous faire, et on sera particulièrement reconnaissant à toute personne qui nous flatte.

Au-delà d'être en état permanent de dépendance (donnez-moi ma dose de kavod!), le risque est d'être la proie d'un flatteur intéressé.

-> 3°/ une attitude hypercritique :
Lorsque l'on n'a que peu de valeur de soi-même, on va chercher à s'élever en descendant autrui par des critiques.
Plus on trouvera de défauts en l'autre, plus on se sentira bien.

[je construit mon bonheur par le fait d'écraser les autres : certes, je ne vaux rien, mais par rapport à tous les défauts présents chez lui, je ne suis pas si mal!
J'existe par la non existence de l'autre, et non par moi-même.]

-> 4°/ une tendance aux reproches :
Une personne qui a peu d'estime de soi, va toujours chercher à placer la raison de ses fautes et de ses manquements sur les autres.

Une telle personne a peur de prendre des responsabilités (car si j'agis, je risque de me tromper et cela va conforter le fait que je suis un nul. Plutôt ne rien faire!), et va émettre des reproches sur tout le monde sauf elle-même.

On en vient même à se plaindre auprès de Hachem (si seulement j'avais ça, alors moi aussi j'aurai été ...).

Plutôt que d'avoir une attitude responsable, on passe son temps à trouver des explications en se plaignant (c'est normal car lui, il a ; si j'avais alors j'aurai ; ...).

-> 5°/ une peur des autres, et une tendance à les éviter autant que possible.

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+ "Ils furent répugnants de devant les enfants d'Israël" (Chémot 1,12)

Selon Rachi : Ils ont été dégoûtés de la vie. (Cela signifie, selon certains que les égyptiens étaient dégoûtés d’eux-mêmes.)

Le Mé Marom commente :
Par cette phrase, la Torah vient donner une explication au fait que les égyptiens ont tant fait souffrir les juifs : car seul celui qui se méprise soi-même et n'estime pas son existence, pourra arriver à rendre amère la vie d'autrui.
Celui qui apprécie sa propre vie, appréciera aussi la vie des autres.

=> Ainsi, c'est parce que les égyptiens étaient répugnants à leurs propres yeux, qu'ils purent en venir à rendre si amère la vie des juifs.
[Ne pas avoir d'estime de soi, c'est en venir à détruire sa vie et celle des autres!]

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+ Hachem & le manque d'estime de soi :

-> Rabbi Akiva avait coutume de dire : "Bien-aimé est l’homme pour avoir été créé à l’image [de D.] ; Bien-aimé est le peuple d’Israël pour être appelé : "enfants de D." "
[Pirké Avot 3,14]

Ainsi, indépendant de toute chose, chaque juif doit savoir qu'il a une valeur infinie.
D'une certaine façon se dévaloriser, c'est dévaloriser le divin qui est en nous.

-> "De même que l’homme doit croire en D., ainsi doit-il croire en lui-même. […]
L’homme doit être convaincu que son âme vient de la Source de la Vie, et que D. a plaisir et jouissance d’elle."
[Rabbi Tsadok haCohen de Lublin – Tsidkat haTsadik 1,54]

-> Non seulement celui qui déteste une autre âme est appelé un racha, mais quelqu'un qui se déteste lui-même est également appelé un racha.
[rabbi Ména'hem Mendel de Kotzk]

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-> Une personne est obligée de se dire : "Le monde a été créé que pour moi" (guémara Sanhedrin 37a), et ainsi que : "Quand est-ce que mes actions vont atteindre celles de Avraham, Its'hak et Yaakov" (Tana déBé Eliyahou - chap.25).

L'attitude de la Torah est que nous devons être conscient de notre grandeur, ressentir de la fierté d'avoir été créé à l'image de D.
S'enorgueillir de la conscience de notre grandeur et de l'origine très élevée de notre âme, n'est pas seulement acceptable, c'est en réalité une obligation.

C'est un devoir impératif que de reconnaître nos qualités et de vivre en y étant conscient.
[Rabbi Avraham Grodzinsky - Torat Avraham]

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-> La différence entre le tsadik et le racha : le 1er prend conscience de ses forces et donc, il les exploite. Le second ignore ses capacités et n'en fait nul usage.
[issu de l'enseignement de Rabbi Na'hman de Breslev]

Dans ses lettres, rabbi Na'hman écrit :
"Nous devons nous renforcer avec de bons désirs et aspirations ...
Chaque personne doit croire en elle-même ; nous devons croire que le bien qui est en nous [même lorsque nous fautons] est toujours très, très fort.

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-> Le Sabba de Slabodka disait que l'essence de la modestie est la conscience d'être doté d'un potentiel élevé.

-> La Torah souhaite que nous ayons des sentiments de modestie, et non de petitesse.
La notion d'estime de soi, selon la Torah, est beaucoup plus grande que chez les non-juifs, car elle est basée sur la divinité qui se trouve en chacun de nous.

Une personne à qui il manque de l'estime de soi, a un manque d'appréciation de Hachem.

[Rabbi Mordé'haï Lichstein]

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-> Celui qui prend conscience de la grandeur inhérente qui est présente en chaque personne, et donc en elle même, fera attention à ce que son comportement ne soit jamais inférieur à la dignité d'une personne de haut rang.
[Le Na'halat Yossef ; Rachi sur la guémara Sanhédrin 37a]

[nous avons une partie divine en nous, et c'est nous qui le représentons sur terre]

-> A chaque instant, il faut se rappeler que l'on est un fils du grand Roi, et qu'il ne convient pas d'agir d'une façon basse et dégradante
[Rabbi Yonathan Eibeschuetz - Yaarot Dvach]

-> A l'image de chaque créature dans ce monde, nous nous devons du respect, car nous portons le tampon du Créateur (Hachem).
[Rabbi Raphaël Hirsch - commentaire sur Téhilim 111,2]

-> "Chaque âme juive est une parcelle de D. véritablement"
[l'Admour haZaken]

[L'humilité c'est être conscient de nos qualités internes, tout en sachant que c'est un don constant de D.
=> Avoir confiance en soi, c'est prendre conscience du dépôt divin qui est en nous (l'âme), afin de mieux la respecter en agissant selon la volonté divine.]

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-> "Vous êtes des fils pour Hachem votre D. ... car tu es un peuple saint pour Hachem ton D., et Il t'a choisi afin d'être pour Lui un peuple de prédilection parmi toutes les nations qui résident sur la face de la terre" (Réé 14,1-2)

Le rav Aharon Kotler écrit que tout homme d'Israël (tout juif!) peut accéder au titre de : "fils de Hachem faisant partie du peuple saint, peuple de prédilection".
Néanmoins, l'homme ne prend pas conscience de sa grandeur et ne perçoit vraiment que ses manques.
C'est précisément pour cette raison qu'il se diminue, à l'exemple d'un homme riche qui n'ayant pas connaissance de sa richesse, ne peut pas l'utiliser, et en réalité est pauvre.
Plus l'homme reconnaîtra son rang et sa dignité, plus il sera amené à améliorer ses actions, il s'éloignera alors de tout acte répréhensible et de toute conduite inconvenante.

Le rav Kotler cite ce que disent nos Sages (guémara Taanit 11b) : "L'homme doit toujours considérer qu'il y a quelqu'un de saint dans ses entrailles".
Il s'agit en fait de son âme et de son essence éternelle, son intériorité.
=> C'est en prenant conscience de cette spécificité qu'il se connaîtra vraiment, s'élèvera et se rapprochera de la spiritualité.

-> b'h, également sur ce sujet : https://todahm.com/2018/10/10/fierte-detre-juif-et-conscience-de-sa-grandeur

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-> "Il est indispensable de croire en soi. Quel que soit notre état actuel, bon, médiocre ou très mauvais.
L'étincelle, l'âme Divine qui séjourne en nous ne s'éteindra jamais."
[Rabbi Itsa'h Besançon]

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+ Nos Sages disent que chacun doit se dire : "Le monde a été créé pour moi". Mais cela n'est-ce pas orgueilleux?
En réalité c'est plutôt un message d'espoir, car quand un homme a fauté et s'est rabaissé, et que son mauvais penchant lui fait croire qu'il ne sert plus à rien, alors il se renforcera en disant qu'Hachem a tout créé pour lui. Et ce n'est bien sûr pas inutilement qu'Hachem a tout créé pour lui.
[Yichma'h Israël]

-> Se sentir indigne de servir Hachem est pire que l'arrogance.
[Beit Israël]

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+ Savoir s'identifier à ce que l'on est réellement :

-> ''Seuls les corps connaissent le stress ; les âmes sont sereines.
Identifiez vous avec votre âme ; le stress et la tension s'envoleront.
Votre essence n'est pas vos pensées négatives et vos sentiments angoissants, votre essence est votre âme."
[Rav Zelig Pliskin]

-> "Seuls nos corps ont été conduits en exil. Mais notre âme est libre et n'est soumise à aucune domination étrangère"
[Rabbi Rayats]

[Avoir confiance en soi, c'est s'identifier à son véritable soi, qui est divin, parfait, et qui a une valeur infinie, incomparable.

Débarrassée de tous ses doutes (qu'en dira-t-on, est-ce que j'en ai les capacités, ...), l'âme peut alors retourner vers son origine : Hachem, nous élevant avec elle, ainsi que le monde matériel dans lequel nous sommes.

A l'inverse, si l'on fait dépendre sa valeur interne de l’extérieur, nous aurons un bonheur qui va fluctuer en fonction des humeurs, des modes du moment, ...
Et si l'on fait dépendre ce bonheur de plusieurs paramètres externes, on passera notre vie en étant perpétuellement insatisfait (si je fais ça alors je serais bien, puis encore ça, puis ...).

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+ Soyons fier de travailler pour D. :

-> "La joie principale sur laquelle l’homme doit se réjouir, c’est la joie d’être juif."
[le Zohar]

-> "Le seul orgueil permis, c’est celui d’avoir un patron aussi puissant que notre Père Céleste (Hachem)."
[Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev]

-> Il est dit à propos du roi Yéhochafat qui combattit l’idolâtrie de ses prédécesseurs et rétablit le service de D. : "Il s’enorgueillit de suivre les voies de D." (Divré haYamim II 17,6 – "Vayigba libo bédarké Hachem")

-> On demanda un jour au Rabbi Aharon de Karlin : "Rabbi, quel est le plus grave péché qu’un juif puisse commettre?"

Rabbi Aharon pencha la tête quelques longues minutes.
Ses élèves attendaient la réponse avec inquiétude.

Lorsqu’il la releva, il leur dit simplement : "Le plus grand péché, pour un juif, est d’oublier qu’il est fils du Roi."

=> Nous juif, lorsque nous prenons conscience de qui est notre Patron (Hachem), nous avons l'obligation d'en être orgueilleux.

Ainsi, avoir de l'estime de soi, c'est apprécier le fait d'avoir en soi une partie divine, de pouvoir faire des actions très élevées car dictées par Hachem (ex: la puissance de la prière, d'aider autrui, d'étudier la Torah, ...).
A l'inverse les non-juifs, eux font des actes vides de sens, car dictés par leur seule conscience, la société.

Une personne qui n'a pas d'estime pour elle-même, c'est qu'elle n'a pas suffisamment conscience de la grandeur de Hachem.
En effet, comment de pas être fou de joie à l'idée, que dans ce monde, nous sommes l'associé du Créateur, de papa Hachem.

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+ L'importance de prendre soin de soi, de se respecter :

-> Une fois, alors que Hillel quittait ses élèves, ces derniers lui ont demandé où est-ce qu'il allait.

- Il a répondu : "Je vais accomplir une mitsva"
- Ils l'ont questionné : "Quelle mitsva?"

- "D'aller me baigner dans les bains publics"
- "Est-ce une mitsva?"

- Hillel de leur dire : "Oui! Les statues des rois sont nettoyées et astiquées par la personne en charge de prendre soin d'elles, et cette dernière est rémunérée et voit même sa place dans la société s'élevée grâce à cette tâche.

Moi, qui ait été créé à l'image de D., combien à plus forte raison dois-je garder mon corps propre"

[midrach Vayikra Rabba 34]

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-> "Ne diminue à tes yeux aucune des bonnes actions que tu fais pour Hachem, que ce soit un mot ou un regard, car ce qui est minime pour toi est considérable pour Lui"
['Hovot haLévavot - Chaar 'Hechbon haNéfech - chap.5]

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-> Ne pas se maudire : https://todahm.com/2020/03/11/13341
-> La faute de Hével qui entraîna que Kaïn pu le tuer : https://todahm.com/2020/01/18/13443

Dire le « léchem yi’houd » avant une mitsva

+ Dire le "léchem yi'houd" avant une mitsva :

-> Chaque mitzva comporte des accusateurs (mékatrégim) et des anges de destruction, des forces qui cherchent à "s'attacher" aux mitsvot qui sont accomplies.
Lorsque l'on dit le "léchem yi'houd", on proclame l'unicité d'Hachem d'une manière qui atteint le monde d'en-Haut, ce qui fait que la mitsva est "tamir véné'élam" (cachée et dissimulée) de ces forces.
Cela les empêche d'avoir un quelconque contrôle sur les mitsvot accomplies par la suite.

-> Le Arizal explique que nous disons [dans le lechem yi'houd] : "bid'hilou" (avec crainte) avant "our'himou" (avec amour), car au début, une grande crainte s'abat sur une personne et elle sert Hachem avec inquiétude et crainte. Par la suite, elle est rempli de joie de pouvoir servir Hachem, et elle peut alors servir Hachem avec amour.

-> Ensuite nous disons : "léya'héd chem ..." (pour unifier le nom youd-hé (יה) avec vav-hé (וה) dans une unité qui est complète) :
Le rabbi Israël de Rouzhin (Bé'ha Yévarech - Bo) explique ceci comme suit : en hébreu, les mots : אכילה (a'hila - la nourriture), שתיה (chtiya - la boisson) et שינה (chéna - dormir), contiennent tous les lettres du Nom d'Hachem, Yud-hé (יה). [le matériel]
En revanche, les mots תורה (Torah), עבודה (avoda - service Divin) et מצוה (mitsva), contiennent tous les lettres du nom d'Hachem, Vav-hé (וה). [le spirituel]
Cela nous enseigne qu'il faut servir Hachem à la fois par la Torah et la prière, et par la nourriture et la boisson ; l'un sans l'autre n'a pas de sens.
C'est l'intention du "léeya'héd chem youd-hé Bevav-hé", de combiner le spirituel et le matériel au service d'Hachem.

-> Ensuite : "béchem kol Israël" (au nom de tout le peuple juif) :
Le Noam Elimélé'h (Dévarim) pose la question suivante. Comme le dit le verser : "Il n'y a pas de juste ... qui fasse [uniquement] le bien et ne commette pas de faute" (Kohélet 7,20).
Dans ce cas, comment peut-on utiliser ses membres pour des actes de sainteté alors que l'on a commis une transgression avec l'un de ces membres? Comment la sainteté peut-elle résider dans une personne souillée par la faute?
La réponse est que l'on s'inclut dans la collectivité d'Israël, le peuple juif en tant qu'unité ; cette unité est exempte de tout défaut, puisque le peuple juif dans son ensemble est juste, comme le dit le verset : "véamé'ha koulam tsadikim" (Ton peuple est composé que de justes - Yéchayahou 60,21).
Avant de réaliser une mitsva, on s'attache au klal, ce qui purifie le membre qui accomplit la mitsva, et on peut alors accomplir la mitsva correctement.

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-> Selon le Tiféret Shlomo :
Chaque mitsva que l'on accomplit s'accompagne de nombreuses kavanot. Les grands tsadikim connaissent un grand nombre de ces kavanot et sont toujours en train de trouver de nouvelles façons de comprendre les mitsvot.
Alors que beaucoup ne peuvent pas le faire, nous disons une prières (le léchem yi'houd koud'cha béri'h ou) selon laquelle nous devrions être méritants pour accomplir la mitsva de tout notre cœur, et alors toutes les kavanot qui sont censés accompagner la mitsva sont considérées comme étant présentes.

La mitsva doit être accomplie "lechem kol Israël", comme le Arizal dit qu'avant la prière, on doit avoir la kavana pour accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, car si une personne est complètement liée au reste du peuple juif et qu'elle prie également pour tout le peuple juif, ses prières seront certainement exaucés.
Si quelqu'un accomplit une mitsva en tant que membre du peuple juif tout entier, alors dans sa mitsva il a aussi les kavanot du peuple juif, qui élèvent sa mitsva.

"Le tout sur l'autel comme holocauste, combustion d'une odeur agréable pour Hachem" (Vayikra 1,9)

Que vient nous apprendre la Torah en liant un sacrifice avec : "une odeur agréable" ?

Une odeur est ressentie de loin. Ainsi, toute chose qui se ressent de loin est appelée "odeur".

Le sacrifice aussi doit être une bonne odeur car il doit annoncer à l’avance l’amélioration du comportement de celui qui l'apporte à partir de ce jour.
C’est cela l’essentiel de l’offrande : il doit présager du repentir et de la bonification des actions de son propriétaire.

Une personne qui ne fait qu’apporter une offrande superficiellement, sans l’accompagner d’une réelle décision de s’améliorer dans le futur, ce sacrifice n’aura aucune valeur, car cette bonne odeur fera défaut.

Source : le 'Hidouché Harim

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-> "Le Cohen fera fumer le tout sur l’autel comme holocauste, combustion d’une odeur agréable pour Hachem" (v.1,9)

=> Pourquoi l’holocauste devait-il être entièrement brûlé, contrairement au sacrifice expiatoire?

Le Imré Shéfer l’explique par le fait que l’holocauste expiait les mauvaises pensées, plus graves que le péché lui-même.
Celui qui faute sans avoir eu de mauvaises pensées, mais uniquement suite aux incitations de son mauvais penchant, ne récidivera pas forcément, ce qui n'est pas le cas de celui qui a eu des mauvaises pensées et qui renie leur caractère répréhensible (ça va j'ai rien fait de mal, ce n'est que des pensées!).

C’est pourquoi l’holocauste, expiant les mauvaises pensées, devait être entièrement brûlé, en allusion à l’extrême gravité du péché de cet homme qui, normalement, aurait lui-même mérité ce sort.
Par contre, le sacrifice expiatoire, venant absoudre des actes condamnables, d’une moindre gravité, n’était consumé que partiellement, en rappel aux souffrances mesurées qu’auraient méritées le fauteur et visant à éradiquer de lui tout péché.

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-> Après que le sacrifice soit égorgé et placé sur l'Autel (mizbéa'h), on observait le feu.
Si Hachem était satisfait par les intentions et les pensées du propriétaire du korban, ainsi que des Cohanim ayant participés à ce sacrifice, alors l'ange Ouriel qui est en charge du feu du mizbéa'h, lui donnait une apparence d'un lion mangeant sa proie.
Tout le monde présent se réjouissait alors.
Un feu plus spirituel descendait sur le mizbéa'h pour symboliser l'acceptation du sacrifice par Hachem. Le propriétaire tremblait et s'élevait plus proche vers D. par la téchouva (renforcé dans sa crainte et amour de D.).
[Zohar - Tsav 32b-33a]

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-> Selon la guémara (Yoma 21b), à l'époque du 1er Temple le feu avait la forme d'un lion accroupi, tandis qu'à l'époque du 2e Temple il avait la forme d'un chien accroupi.

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+ "Les descendants de Aharon haCohen mettront du feu sur l'autel et disposeront du bois sur le feu" (Vayikra 1,7)

-> Selon le Méam Loez :
Ce verset nous enseigne qu'outre le feu qui descendait du ciel pour brûler les sacrifices, le Cohen était enjoint d'allumer un feu sur l'autel pour combiner 2 feux : celui d'en-Haut et celui d'en bas.
Cela nous apprend que l'homme apportant le sacrifice aurait mérité d'être jugé par 2 tribunaux.
Le tribunal d'en Haut doit juger son intention de commettre une faute car aucun être humain ne peut connaître les pensées de son prochain.
Cet homme doit aussi être jugé au tribunal terrestre pour l'acte qu'il a commis.
[...]

Lorsque le feu descendait du ciel, 5 miracles intervenaient :
1°/ La flamme, en forme de lion, reposait sur l'autel ;
2°/ Elle brillait aussi intensément que le soleil ;
3°/ Le feu était matériel ;
4°/ Le feu consumait les objets secs comme mouillés ;
5°/ La flamme brûlait sans produire de fumée.

Hachem dit au peuple juif : "Je vous ai donné Ma Torah. Je ne peux pas M'en séparer, mais Je ne peux pas non plus vous dire de ne pas l’emporter avec vous. C’est pourquoi Je demande que partout où vous allez, vous désigniez un espace pour que Je vive avec vous."
[midrach rabba - sur "vayik'hou li térouma" - Térouma 25,2 ]

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=> On voit de là qu'Hachem ne peut pas se séparer de tout juif!

La Matsa : à la sortie d’Egypte et dans le désert

+++ La Matsa : à la sortie d'Egypte et dans le désert :

+ A la sortie d'Egypte :

-> Le Targoum Yonatan (Chémot 12,39) explique que les juifs ont pétri la pâte en Egypte, mais n'avaient pas le temps pour la cuisiner.
En quittant l'Egypte, la chaleur du soleil a cuit la pâte en des matsot, et nous en mangeons depuis en souvenir de cela.

Cependant une Tossefta (Pessa'him 2,19) établit que le pain qui a cuit par le biais du soleil n'est pas casher pour être utilisé en tant que matsa.
=> Comment ce fait-il alors que ce pain, qui n'est à priori pas une matsa cashère, en soit à l'origine?

Rav 'Haïm Kanievsky donne la réponse suivante.
La guémara (Baba Batra 84a) cite l'avis qu'au lever du soleil, le soleil passe par l'entrée de l'enfer (guéhinan) et réfléchit ses feux.
La guémara (Shabbath 39a) statue que les feux de l'enfer sont considérés comme un feu réel au regard de la loi juive.

Le peuple juif a quitté l'Egypte au moment du lever du soleil. (*)
Ainsi, le soleil qui a brillé à ce moment a cuit la pâte avec un feu réfléchissant celui de l'enfer.
La matsa était bien casher pour Pessa'h, et elle est apte à servir de base à notre consommation de matsa en souvenir.

(*) Pendant la nuit du Séder, les adultes juifs en Egypte n'avaient pas le droit de passer le seuil de la porte de leur maison, faisant qu'ils auraient dû escalader les fenêtres pour en sortir, et partir alors comme des voleurs!

+ Dans le désert, d'où provenaient les graines pour faire la matsa?

-> La guémara (Yérouchalmi 'Halla 2,1) rapporte que dans le désert des marchands étrangers venaient voir les juifs pour leurs vendre des marchandises.
En théorie, ils pouvaient leurs acheter les grains nécessaires.
Cependant, la loi juive demande que les graines à la base des matsot, soient récoltées avec l'intention d'accomplir cette mitsva.
C'est pourquoi, il n'était pas possible d'acheter ces graines aux marchands non-juifs.

Le rav 'Haïm Kanievky rapporte le midrach (Tan'houma Kédochim 7), selon lequel les juifs plantaient des arbres dans l'eau qui s'écoulait du puits de Myriam, et dont ces arbres produisaient des fruits à une vitesse miraculeuse.
Il est probable qu'ils y ont également planté les graines nécessaires à la réalisation des matsot.

+ Est-ce que la manne pouvait servir de matsa?

Le rav 'Haïm Kanievsky répond que même si la manne avait le goût de la matsa, ce n'était pas réellement de la matsa.
Sur le pain nous faisons la bénédiction : "amotsi lé'hem min aarets" (qui amène le pain de la terre), tandis que sur la manne nous faisions : "amotsi lé'hem min achamayim" (qui amène le pain du ciel).

Cela prouve que la manne était une entité distincte, et ne pouvait pas être utilisée comme de la matsa.

"Tous les sages qui accomplissaient tout le travail sacré vinrent, chacun du travail qu'ils exécutaient" (Vayakél 36,4)

-> La guémara (Béra'hot 6b) enseigne qu'il faut être particulièrement attentif à la prière de min'ha, car c'est à ce moment là que le prophète Eliyahou a été exaucé.

-> Rabbi Yaakov Abe’hessera (Pitou'hé 'Hotam) dit que c'est à min'ha que se révèle, chez l'homme, la crainte de D., car à cette heure de la journée, il est au plus fort de ses occupations matérielles, et le fait de s'obliger à consacrer un court instant à Hachem, est un signe d'amour et de crainte.

Dans le cas contraire, il sera évident que son amour pour D. est factice (qu'est-ce qui est plus important à tes yeux : Hachem ou ton travail?).

Notre verset fait allusion à cela : "tous les sages ... vinrent" à l'heure de min'ha, chacun venant de son "travail qu'ils exécutaient".
De plus, la guématria des initiales des mots de ce verset : וַיָּבֹאוּ, כָּל-הַחֲכָמִים, הָעֹשִׂים, אֵת כָּל-מְלֶאכֶת הַקֹּדֶשׁ--אִישׁ est égale à 103, comme celle du mot : min'ha (מִנְחָה).

"Ils feront un éphod en or, laine azur (té'hélét) et pourpre (argaman), écarlate et lin tordu, oeuvre d'artiste" (Tétsavé 28,6)

Nous allons voir, b'h, un commentaire de Rabbi Yaakov Abe’hessera (Pitou'hé 'Hotam).

La valeur numérique du mot éphod (אֵפֹד) est égale à celle de "pé" : bouche (פה).
L'expression : "ils feront l'éphod d'or" se comprend comme une incitation à garder sa langue en restant silencieux le plus possible, en allusion à l'adage : la parole est d'argent et le silence est d'or (il a plus de valeur!).

-> "Quel est l'homme qui souhaite la vie, qui aime de longs jours pour goûter au bonheur? Préserve ta langue du mal, tes lèvres de discours perfides" (Téhilim 34,13-14) ;

-> "Rabban Gamliel dit : Je n'ai rien trouvé de meilleur pour le corps que le silence" (Pirké Avot 1,17) ;

-> "Rabbi Akiva affirme que : le silence est une haie de protection pour la sagesse" (Pirké Avot 3,13) ;

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Le mot "Argaman" (אַרְגָּמָן) fait allusion aux différentes sortes de paroles, car ses lettres sont les initiales de :

-> assour (אסור) : cela renvoie aux paroles futiles, qui sont interdites ;

-> réchout (רשות) : inclut toutes les paroles autorisées, comme celles relatives aux relations commerciales indispensables pour la subsistance ;

-> gamour (גמור) : cela fait allusion à l'étude de la Torah (comme la guémara) ;

-> mitsva (מצוה) : se réfère aux paroles de remontrances, qui sont une mitsva ;

-> Ni'hrat (נכרת) : c'est les paroles médisantes ou grossières (entraînant la peine de karét).

Ainsi : "té'hélét (תכלת) véargaman" signifie : le but (ta'hlit - תכלית) pour lequel la bouche a été créé, c'est de veiller à respecter les prescriptions liées au langage, évoquées dans les lettres du mot Argaman.

Par ailleurs, l'écarlate provient de la cochenille, et cela enseigne qu'il faut se considérer avec humilité comme un misérable ver de terre même au moment où l'on dit des paroles autorisées.

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-> Le Abir Yaakov fait également remarquer que les 3 mots : éphod (אֵפֹד) ; pé (bouche - פה) ; mila (מילה - renvoyant au sexe masculin), ont la même guématria de 85.

Il existe 2 sortes de circoncision : celle de la bouche et celle du sexe, et l'intégrité de la 2e dépend de la 1ere.

Garder sa bouche de propos vains et des insanités, c'est garder la pureté de sa circoncision.

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"Le Pectoral ('Hochen) ne se séparera pas de sur le Ephod" (Tétsavé 28,28)

Le Pectoral était le "vêtement" qui était placé sur le cœur du Cohen Gadol (grand Prêtre).
Le Ephod était l'habit qu'Aharon devait porter par-dessus sa tunique et la robe. Ce mot : Ephod (אפד), a la valeur numérique du mot : "pé" (פה – la bouche), soit de 85.

=> Le verset fait donc allusion au fait que le cœur (allusion au Pectoral) et la bouche (allusion au Efod) devaient être bien attachés ensembles pour ne pas se séparer.
En effet, la bouche doit refléter ce que pense et ressent le cœur, il ne doit pas y avoir de désaccord entre eux. La bouche ne doit pas s’éloigner du cœur en disant ce que l’on ne ressent pas.
Ce verset fait donc allusion à l’importance de prononcer uniquement des paroles vraies.

[le Déguel Ma'hané Efraïm – Rabbi Moché 'Haïm de Sedlikov]

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-> "Les vêtements de Kéhouna venaient arranger les membres du corps, car il est certain que tous les membres d'Aharon, l'élu de D., ont changé quant il est devenu comme un ange de Hachem ... l'éclat des vêtements laissaient une trace dans le corps de ce tsadik ... pour qu'il maîtrise tous les désirs des son corps, afin que l'oubli ne puisse le dominer."
[Sfat Emet - Tétsavé 644]

["ils seront sur le cœur de Aharon" = ces vêtements de Kéhouna ont laissé une impression permanente sur le cœur du Cohen, afin que le cœur domine toujours les désirs.]

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"Tu placeras les 2 pierres sur les bretelles du Ephod, pierres de souvenir pour les enfants d'Israël" (Tétsavé 28,12)

-> L'éphod, avec ses 2 pierres (une sur chacune des 2 bretelles) sur lesquelles étaient inscrits les noms des tribus ("6 de leurs noms sur une pierres et les noms des 6 restants sur la seconde pierre, selon leur ordre de naissance" - v.28,10), servait de rappel permanent à Aharon (le Cohen Gadol) de prier pour les besoins du peuple d'Israël.
La pierre sur la bretelle de l'épaule droit symbolisait les besoins spirituels des juifs, et la pierre à gauche leurs besoins matériels.

Aharon était responsable à la fois de la spiritualité et de la matérialité de tout le peuple d'Israël, et lorsqu'il réalisait son Service (avoda), il devait prier à Hachem pour le bien-être total de chacun des juifs.
[Béer Yossef]

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"Ils feront le Ephod" (Tétsavé 28,6)

-> Pourquoi est-ce que ce verset utilise le pluriel : "ils feront"?
Le midrach (Aggadat Béréchit 80) demande : Pourquoi les noms des tribus étaient-ils inscrits sur les pierres de l'Ephod?
Tous les juifs ont été appelés au mont Sinaï : Cohanim ("vous serez pour Moi un royaume de Cohanim et un peuple saint" - Yitro 19,6).

Cependant, tous les juifs ne peuvent pas véritablement accomplir le Service (avoda) dans le Temple. C'est pourquoi, les noms de tout le peuple d'Israël (ceux de toutes les tribus) étaient inscrites sur les pierres, et c'est ainsi que lorsque le Cohen Gadol réalisait son Service, portant le Ephod, c'était comme si chaque individu du peuple juif était en train de l'accomplir avec lui.
C'est pour cela que le verset utilise le pluriel ("ils feront") en se référant à l'Ephod.
[Béer Moché]

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+ "On les ajusta sur les épaulières de l'éphod, comme pierres de souvenir (avné zikaron) pour les Israélites" (Pékoudé 39,7)

-> Pourquoi l'Ephod possédait des "pierres de souvenir"? Que devaient-elles rappeler aux juifs?

Le Messé'h 'Hokhma répond qu'elles rappelaient que leurs noms étaient inscrits sur les saintes pierres de Ephod, et que cela les dissuadaient de commettre des fautes.
Il rapporte ensuite l'exemple de Yossef avec Potiphar, qui au moment de la faute a vu le visage de son père l'avertissant : "Un jour dans le futur, ton nom sera inscrit parmi ceux de tes frères sur l'Ephod. Est-ce que tu souhaites renoncer à ce privilège en fautant avec cette femme?".
La réalisation de cette conséquence l'a poussé à y renoncer.

=> Un juif doit toujours se rappeler de son origine sainte, et ce que signifie être juif, sinon il est totalement aux mains du yétser ara.

[ => Chaque juif, chaque tribu d'Israël avait son nom sur une pierre précieuse de cet habit du Cohen Gadol, car même si tous les juifs ne peuvent pas faire le Service au Temple, chaque juif possède une sainteté interne énorme, et se doit de l'exprimer dans la réalité.
En effet, contrairement à ce que le yétser ara nous laisse croire, nous ne sommes pas quelconques, nous sommes les plus belles pierres précieuses, et devons agir avec toute la hauteur spirituelle que cela impose! ]

"Les 1 775 [Shékels], il en fit des crochets pour les piliers, recouvrit leurs sommets et les enrubanna" (Pékoudé 38,28)

Il faut savoir que les lettres de la Torah revêtent une grande sainteté ; chacune d'elles recèle d'infinis mystères et sont à l'origine de nombreux mondes.

Comme le corps pour l'âme, elles sont les "habits" de ces mondes inaccessibles, et il faut donc veiller à leur sainteté lors de l'étude de la Torah et la prière.

Leurs formes figurant dans les rouleaux de la Torah se retrouvent spirituellement dans les sphères supérieures, ainsi que leurs "combinaisons" (tséroufim) et leurs valeurs numériques (guématria).

Il y a en tout 27 lettres dans l'alphabet (22+5 finales).
La valeur numérique de toutes ces lettres est égale à : 1 775.

=> Ainsi, le verset peut se comprendre : Les 1 775, c'est-à-dire les 27 lettres, le Créateur "en fit les crochets pour les piliers" des mondes supérieurs, en donnant une forme concrète à ces lettres pour les rendre accessibles, que nous puissions les comprendre, nous qui sommes des être de matière.

Source (b"h) : dvar Torah du Abir Yaakov - Rabbi Yaakov Abe’hessera - dans son Pitou'hé 'Hotam

"Lorsqu'un homme (adam - אָדָם) parmi vous apportera une offrande à Hachem" (Vayikra 1,2)

Pourquoi la Torah emploie-t-elle le mot "adam", plutôt que "ich" pour désigner un homme?

-> Selon Rachi, c'est pour nous enseigner que de même qu'Adam, auquel la terre entière appartenait, n'a jamais offert d'animaux volés en sacrifice, ainsi personne ne doit apporter d'offrandes provenant d'un vol.

-> Le midrach (Vayikra Raba 2,7) enseigne : pourquoi est-il dit "un homme" (Adam)? Parce que de même que le premier homme (Adam) n’a rien sacrifié qui provenait d’un vol, vous non plus n’offrez pas un sacrifice qui provient d’un vol, parce que Je suis Hachem, qui hait les sacrifices qui proviennent du vol.

-> Selon le Ktav Sofer, cela renvoie à l'attitude d'Adam, qui après sa faute, apporta aussi un sacrifice, s’est repenti et il a obtenu par cela d’apaiser son Créateur.

Mais pourquoi le prendre comme référence du fauteur qui calme la Colère Divine par son repentir?

En fait, Adam n’avait qu’une seule mitsva à respecter, et en la transgressant, il passa outre la totalité des lois qu’Hachem lui ordonna.

=> Notre verset vient nous apprendre qu’à l’instar d’Adam, même si un homme a énormément fauté et même s’il a contrevenu à toutes les mitsvot de la Torah, s’il se repent, Hachem lui pardonnera.

-> Le Abir Yaakov rapporte que le terme "adam" désigne uniquement un membre du peuple juif, tandis que "ich" inclut tous les êtres humains.
Or, le sacrifice expiatoire n'existe que pour les juifs, d'où l'utilisation du terme : adam.

En effet, selon le Rabam (Hilkhot Maasé haKorbanot 3,2) : "Les hommes, les femmes ou les esclaves (faisant partie du peuple juif) peuvent apporter tous les sacrifices. D'un non-juif, seuls les holocaustes sont accéptés ... mais pas les offrandes de paix, les sacrifices expiatoires et les offrandes de culpabilité."

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-> "Vous êtes appelés "adam", mais les non-juifs ne sont pas appelés "adam"." (guématria Baba Métsia 114b).
b'h, voir le passage sur ce sujet : https://todahm.com/2019/10/02/10766-2

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-> "Un homme d’entre vous qui offrira un sacrifice pour Hachem" (Vayikra 1,2)

Le Zohar dit : "Un homme - à l’exception du premier homme".

Rabbi Méïr Yérouchalmi (Divré ‘Hakhamim) enseigne :
Les Sages ont dit que celui qui fait vœu d’offrir un sacrifice doit dire "c’est un sacrifice pour Hachem" et non "pour Hachem c’est un sacrifice", à cause du risque qu’il ne meure et que le Nom de D. ait été prononcé en vain.
La guémara dit que le premier homme a donné 70 de ses années au roi David.

=> Apparemment, comment savait-il combien d’années il allait vivre?
Comme il lui avait été promis que "le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement", et qu’un jour de Hachem est de mille ans, il ne craignait pas de mourir avant cela, donc il a pu donner de ses années à David.
C’est pourquoi Adam pouvait dire "pour Hachem c’est un sacrifice", car il lui était promis de ne mourir que "le jour où tu en mangeras".

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+ La paracha Vayikra parle essentiellement des sacrifices. Le 2e verset, qui ouvre ce passage, commence par le terme : "Adam". Nos Sages expliquent que celui qui apporte un sacrifice doit le faire à l'image d'Adam, le premier homme. C'est à dire que de la même façon que tout appartenait à Adam, qui était le seul dans le Gan Eden, et donc que le sacrifice qu'il apporta après sa faute ne venait pas d'un vol. Ainsi, quand quelqu'un apporte un sacrifice, celui-ci doit lui appartenir et ne doit pas venir d'un vol.
=> Mais pourquoi avoir besoin de préciser cela particulièrement au sujet des sacrifices, alors qu'aucune mitsva ne peut être faite avec du vol?

-> Le Kli Yakar se base sur le Ramban qui dit que tout le sens du sacrifice est de considérer que ce que l'on applique à la bête, c'est ce qu'on aurait dû faire sur soi-même. En réfléchissant à cela, on pourra se repentir et mettre un terme total à la faute.
Tel était l'essentiel de ce que le sacrifice devait suggérer. Dans la suite de cette idée, il explique que les propriétés d'une personne sont quelque part le prolongement de son être. L'argent qu'un homme possède, il l'a gagné par ses efforts et fait quelque part partie de lui-même.
C'est ainsi que quand quelqu'un apportait un sacrifice, puisque l'animal lui appartenait, il faisait un peu partie de sa personne. Quand on l'abattait et on le sacrifiait, on pouvait ainsi considérer comme si on a un peu abattu et sacrifié son propriétaire, et cela contribuait à entériner la pensée que c'est comme si on l'avait sacrifié lui-même.
Mais si l'animal provient du vol et ne lui appartient pas, il ne pourra pas être considéré comme le prolongement de son être. Ainsi, quand on le sacrifiera, on ne pourra pas considérer que c'est comme si on avait sacrifié son propriétaire. Cette offrande n'aura donc pas sa valeur.
Un sacrifice volé n'a pas simplement le manque commun à toutes les mitsvot venant d'un vol. Mais, il contient aussi un manque inhérent au sacrifice en particulier.

-> Dans même, le Ktav Sofer explique que tout ce qui donne la valeur aux sacrifices, c'est la pensée de repentir et de regret qui l'accompagne. Quand l'animal qui est sacrifié a permis à son propriétaire de se repentir et de renforcer la pensée que c'est lui qui aurait plutôt dû être sacrifié, alors cela est une élévation pour la bête offerte qui a servi à rapprocher un juif de son Créateur.
Mais quand un homme sacrifie un animal sans y associer la pensée de repentir, alors cela est un peu considéré comme si la bête a été abattue pour rien.
A quoi cela a servi qu'elle soit abattue si son offrant ne s'est pas élevé par son intermédiaire?
Dès lors, on considère comme si l'offrant a "volé" et spolié la vie de cet animal, puisqu'il a entraîné qu'il meurt en vain, sans aider au repentir. Quand on dit que la bête sacrifié ne doit pas être volée, cela fait allusion au fait que son propriétaire doit l'offrir avec la pensée de repentir et d'appliquer à soi ce qu'on applique à l'animal. Ainsi, il n'est pas mort pour rien.
Mais s'il n'a pas ces pensées, on considère qu'il aura volé cet animal, car il lui a arraché sa vie et la lui a "volé", puisqu'il l'a tué sans objectif.

Ces paroles du Ktav Sofer peuvent également être formulées de la façon suivante :
Il ne faut pas comprendre ce "vol" au pied de la lettre. Il s’agit du fait que l’on vole la bête elle-même, puisque apparemment, il faut comprendre pourquoi il est permis au pécheur d’apporter un sacrifice d’une bête, alors que selon la stricte justice, l’âme du pécheur doit mourir. Or voilà qu’on apporte une bête à sa place.
Apparemment, quelle faute a commise la bête pour devenir un rachat? Est-ce que ce n’est pas du vol?
Mais l’essentiel, quand on apporte un sacrifice qui rachète, c’est l’humilité de l’homme qui se repent et s’abaisse, et cet abaissement ne sera pas parfait à moins qu’il ne voit de ses yeux ce que l’on fait à la bête, et qu’on aurait dû faire à lui-même.
C’est pourquoi il amène une bête pour s’élever, et par cela elle s’élève aussi, parce qu’elle est la cause d’une amélioration chez l’homme. Or de même qu’il nous est permis d’égorger une bête pour la manger afin de fortifier le corps, et que cela l’élève aussi, comme on le sait, et la mène à sa perfection, ainsi qu’il est écrit : "le but final de la bête est l’égorgement", ce qui veut dire qu’elle se trouve par l’égorgement amenée à son état de perfection, sans aucun vol, puisqu’elle a été créée pour cela et s’en réjouit ; de même et à plus forte raison est-il permis d’amener une bête pour racheter son âme, sans que cela constitue un vol.
On comprend maintenant que le vol dont il s’agit ici n’est pas un vol dans le sens habituel de prendre quelque chose à quelqu’un, mais c’est le vol de l’âme de la bête si on la sacrifie sans se repentir en même temps, car alors il n’y aura pas de rachat et la bête n’arrivera pas à sa perfection.
C’est pourquoi le verset dit : "un homme" (Adam), car on sait que le premier homme (Adam) a passé toute sa vie à jeûner et à se repentir, sans compter sur le sacrifice.

-> Le rav Moché Sternbuch (Taam véDaat) dit que nos Sages ne viennent pas ici enseigner (sur le terme ''Adam'') que la bête à sacrifier ne doit pas être volée, car cela est évident. Comme on l'a dit, aucune mitsva ne peut venir du vol, et il en est de même pour les sacrifices.
[par exemple, ce que l'on fera avec un loulav provenant du vol n'aura aucune valeur, en plus de la faute d'avoir volé autrui]
En fait, nos Sages viennent enseigner que l'animal à sacrifier, même s'il n'est bien-sûr pas volé, ne doit pas non plus contenir la moindre trace de vol. L'argent que l'on utilisera pour acheter cet animal devra être pur de tout vol. Aucune pièce ne devra été acquise de façon illicite.
En effet, quand quelqu'un commet une faute, il crée dans le Ciel des anges accusateurs, qui tenteront de le condamner auprès d'Hachem. En apportant le sacrifice, le fauteur obtiendra réparation de son péché. Ainsi, il pourra écarter l'accusateur. C'est pourquoi, le sacrifice devra être épuré de toute trace de vol, car nos Sages enseignent qu'un tas rempli de péchés, c'est la faute du vol qui accuse en premier. Le vol est la faute la première à accuser. Quand on apporte un sacrifice pour écarter l'accusateur, il faut donc bien veiller à ce que ce sacrifice n'ait aucune trace de vol, pour ne pas renforcer l'accusateur là où on voudrait surtout l'écarter.

-> Le rav Mikaël Mouyal explique que l'essentiel du sacrifice, qui monte vers les Cieux par le feu Céleste, symbolise le fait de tout rattacher et de tout rapprocher d'Hachem. Par l'offrande, on reconnaît que le monde entier appartient à Hachem. Dès lors, on pourrait penser que puisque l'on révèle que le Seul Propriétaire de tout est Hachem, ainsi plus personne n'a de propriété sur rien au monde.
Ainsi, celui qui doit offrir un sacrifice pourrait risquer de se dire que même s'il vole une bête pour l'offrir, ce n'est pas réellement du vol, car par le sacrifice, il s'avérera qu'en fait c'est Hachem le Véritable Propriétaire. C'est pourquoi, il était nécessaire de préciser, dans le cadre du sacrifice, que l'on devait apporter une bête nous appartenant, et non volée.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°253) enseigne :
Comment l’homme en arrive-t-il à pécher? Qu’est-ce qui l’y entraîne?
Nos Sages ont dit (guémara Sota 3a) : "Personne ne faute à moins que ne soit entré en lui un esprit de stupidité".
Cela veut dire que tous les péchés ont pour source l’orgueil. Quand quelqu’un s’enorgueillit, qu’il se sent supérieur à ceux qui l’entourent, cet orgueil le conduit à toutes les fautes possibles, parce qu’il ne peut pas accepter de remontrances des autres, et il ne peut pas modifier ses mauvaises habitudes.
Par conséquent, quand quelqu’un veut se repentir totalement devant le Créateur, il doit commencer par se dépouiller de son orgueil. Il doit décider en lui-même qu’il ne veut pas être abject devant Hachem, qu’il veut habiter dans Sa
proximité, or Hachem ne peut pas habiter à proximité d’un orgueilleux. C’est seulement ainsi qu’il pourra se
rapprocher de D.
Nous apprenons ce principe capital dès le premier mot de la paracha Vayikra. La lettre aleph est écrite plus
petit délibérément, pour enseigner à chacun que si un juif souhaite offrir un sacrifice à Hachem, si un juif veut s’approcher de Hachem, il doit avant tout être humble et bas à ses propres yeux. Il doit être petit, comme le aleph est petit, et c’est seulement quand il se conduira ainsi, avec humilité, qu’il pourra véritablement se rapprocher de Hachem et Lui être agréable.
C’est pourquoi la Torah continue en nous disant dans le verset suivant : "Un homme d’entre vous qui offrira un sacrifice" = Quand quelqu’un veut se rapprocher de D., veut ressembler à un holocauste entièrement consumé devant Hachem, il doit arriver à "mikem", à ce que ce soit véritablement lui qui se sacrifie, tous ses 248 membres et 365 nerfs, en l’honneur du Créateur. Et s’il se conduit avec humilité, la Torah le lui compte comme s’il avait sacrifié toute son âme devant Hachem.

Cependant, en plus de tout cela, l’homme doit se préparer, pour l’amour du Ciel ...
L’homme qui arrive, malgré son humilité, comme si tout lui appartenait, cela ressemble à un vol ... c’est comme un sacrifice qui provient d’un vol, et cela, Hachem l’a en horreur.
C’est ce que nous apprenons du premier homme, qui n’a pas apporté de sacrifice provenant d’un vol.
[puisqu'il n'y avait personne d'autre que lui dans le monde, il ne pouvait pas se sentir supérieur à son entourage, et alors il n'a pas vraiment développé une notion d'orgueil (même inconsciemment).
Ainsi, la Torah nous demande de nous voir comme Adam, l'unique homme sur terre, sans comparaison possible.
On peut ajouter que Hachem souhaite que tous les juifs se voient comme provenant d'un seul et même corps : le Adam haRichon, et en ce sens nous ne sommes pas en compétition, mais plutôt si autrui va mieux alors je vais mieux. Je ne me sens pas supérieur à mon prochain, car spirituellement il est une partie de moi-même (à l'image de différents membres d'un corps. Tous les juifs proviennent d'une seule âme : celle d'Adam, mais chacun provient d'une partie différente [la tête, les pieds, ...]). Tous les juifs ne sont qu'un, que seule la matière divise.
Le Ram'hal dit même qu'en chaque juif il y a une petite partie de l'âme de tous les autres juifs.]

Plus encore que tout cela, la véritable humilité mène l’homme à sacrifier son égoïsme devant Hachem. Mais cette humilité n’a pas le droit d’être feinte, de contenir un petit peu d’orgueil : seul celui dont l’humilité est réelle peut se rapprocher de Hachem."

"[Yaakov] la reconnut et dit : La tunique de mon fils! Une bête sauvage l'a dévoré! Yossef a sûrement été déchiqueté (tarof toraf Yossef) " (Vayéchev 37,33)

En exprimant sa peur que Yossef ait été tué, Yaakov emploie : "tarof toraf", qui littéralement signifie : "déchiré déchiré".
Pourquoi emploie-t-il cette expression redondante?

-> Le Nétsiv répond que c'est comme si Yaakov disait : Cela aurait été déjà suffisamment tragique qu'il ait été tué par un homme ... mais comment se peut-il qu'il ait été tué par un animal, une créature qui n'a pas de libre arbitre?

Puisque cela serait un drame encore plus grand, Yaakov exprime son chagrin sur cette double circonstance (il est tué, et en plus par un animal), par l'emploi d'une expression redondante.

-> La guémara (Sanhédrin 38b) et le Zohar, enseignent qu'une bête sauvage ne peut pas prendre le dessus sur un homme, sauf si cette personne lui apparaît comme un animal.

Yaakov pensait que Yossef était un tsadik.
Comment se peut-il alors qu'il ait été comme un animal aux yeux de la bête sauvage?

Etant profondément troublé, il a employé le mot : "déchiré" par 2 fois.

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+ "Une bête sauvage féroce ('haya raa) l'a dévoré"

=> Y a-t-il une bête sauvage qui est féroce et une bête sauvage qui n'est pas sauvage?

-> Le Séfer Birkat Eliyahou explique que Its'hak avait été ligoté sur l'autel (lors de la Akédat) et avait donné sa vie pour la sanctification du Nom de D., mais un bélier avait été offert à sa place et cela avait été considéré comme si lui-même avait été brûlé.
Or le feu du Ciel qui était descendu sur l'autel avait la forme d'un lion, c'était donc une "bête sauvage non féroce".

=> C'est de cela que Yaakov se désolait en disant : "Une bête sauvage féroce l'a dévoré", comme quelqu'un qui se plaint : Si seulement c'était une bête bénéfique qui l'avait dévoré, c'est-à-dire un feu dévorant venu du Ciel sous la forme d'un lion, et non une bête féroce corporelle, qui est comparée à une "bête sauvage féroce".

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+ "Yaakov déchira ses vêtements [de douleur], et il mit un cilice sur ses reins, et il porta longtemps le deuil de son fils" (Vayéchev 37,34)

-> Yaakov porta le deuil de Yossef durant 22 ans.
Yossef avait 17 ans quand il fut vendu (v.37,12), et 30 lorsqu'il parut devant Pharaon (v.41,46) => soit 13 ans.
Puis vinrent les 7 années d'abondance, ce qui donne 20 ans.
Enfin, Yaakov émigra en Egypte après 2 ans de famine (v.45,6), et on obtient donc un total de 22 années écoulées.

Yaakov a subi ces 22 années de chagrin pour avoir négligé d'honorer ses propres parents pendant 22 ans.
Il avait séjourné 20 ans chez Lavan, 18 mois à Souccot, et 6 mois à Béthel, soit 22 ans en tout.
[les 14 années durant lesquelles il demeura à la yéchiva ne sont pas prises en compte car l'étude de la Torah prime sur les obligations filiales].

=> C'est pourquoi Yaakov dit à Lavan : "J'ai passé, moi, 22 années dans ta maison" (Vayétsé 31,41). Ces 22 ans furent pour moi comptées contre moi [à l'inverse de celles à la yéchiva]. Ces années vont me coûter très chères, elles m'ont empêché d'accomplir le commandement d'honorer mes parents."

De plus, Yaakov subit également ce châtiment pour la peine causée à Its'hak lorsqu'il s'attribua la bénédiction d'Essav, puisque la Torah souligne que "Its'hak fut saisi d'un frayeur extrême" (Toldot 27,33).
Or, Hachem exige des tsadikim la perfection.
Its'hak fut victime de la ruse de Yaakov grâce aux peaux de chèvres dont celui-ci s'était recouvert les bras. De la même façon, Yaakov devait lui aussi être abusé au moyen d'un chevreau ; ses fils tuèrent un chevreau, tempèrent le vêtement de Yossef dans le sang de celui-ci, et dirent qu'une bête sauvage avait dévoré leur frère (v.37,31).
Le châtiment est toujours en rapport avec le crime commis.
[Méam Loez - Vayéchev 37,34]

[selon le Maharam Shif (sur guémara Guittin 57b), c'est uniquement lorsque le sang d'un chevreau et du sang humain sont regardés ensemble qu'on peut voir la différence entre eux. Lorsqu'ils sont vus séparément, ils se ressemblent beaucoup.]

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+ "Tous ses fils et toutes ses filles se mirent en devoir de le consoler ; mais il refusa toute consolation et dit : "Non! Je rejoindrai, en pleurant, mon fils dans la tombe!" Et son père continua de le pleurer." (Vayéchev 37,35)

-> L'expression "son père" se réfère au père de Yaakov : Its'hak.
Lorsque Its'hak était en présence de son fils, il prenait le deuil avec lui, par respect pour ses sentiments.
Mais une fois seul, il abandonnait ce faux-semblant. En effet, Its'hak savait que Yossef était bel et bien vivant, mais il refusait de le révéler à Yaakov.
Il se disait : "Si D. lui-même ne souhaite pas le lui dévoiler par la voie prophétique, pourquoi le devrai-je?"

En principe, on ne doit pas prendre de position extrême. Quelle que soit la tragédie qui advienne, il faut faire preuve de patience. Dans cette optique, le comportement de Yaakov échappe à notre compréhension.
[...]

Yaakov demeura plongé dans un profond deuil jusqu'à ce que Yossef fut sorti de prison et occupa un rang très important en Egypte. Dès ce moment, son deuil s'allégea, car une intuition prophétique lui apporta une lueur d'espoir au sujet de son fils disparu. Il ignorait de quelle manière cela se concrétiserait, mais il savait seulement que tout se terminerait bien.
[Méam Loez - Vayéchev 37,35]

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-> Le Sifté Cohen explique que certes Its'hak savait par inspiration Divine que Yossef était vivant, mais Hachem a décidé de tenir Yaakov dans l'ignorance pour permettre à la trame des événements qui aboutiront à sa descente en Egypte de se mettre en place.

[d'une certaine façon, c'est une miséricorde Divine à l'égard de Yaakov, car normalement pour que le décret d'exil et de servitude se réalise, c'est chargé de chaînes et avec un collier d'esclave que Yaakov aurait dû être conduit en Egypte. Finalement, seul Yossef subira ce sort, tandis que Yaakov descendra en exil couvert d'honneurs, pour retrouver son fils devenu vice-roi d'Egypte.]

-> Its'hak, sachant qu'il était vivant, faisait mine de pleurer Yossef en présence de Yaakov, mais les larmes qu'il verse sont sincères car il sait qu'il ne reverra plus jamais son petit-fils.
Le midrach (Téhilim 15) rapporte que Binyamin savait également par prophétie que son frère est en vie, mais il respect le serment ('hérem) des frères de ne rien révéler ce qui a été fait à Yossef.

-> Pour Yaakov, la perte de Yossef, c'était une tragédie d'autant plus grande que la disparition d'une des tribus empêcherait la création du peuple d'Israël.

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-> "Tous ses fils et toutes ses filles se mirent en devoir de le consoler"

=> Que vient nous apprendre l'utilisation de : "tous ... toutes"? On on aurait pu avoir simplement : "ses fils et ses filles se mirent en devoir de le consoler".

Rabbi Shalom Its'hak Lévitan explique qu'il est dit dans la guémara (Moéd Katan 27b) : "Celui qui souffre trop pour son mort, risque de pleurer pour un autre mort".
C'est pourquoi les tribus, quand ils ont vu que leur père Yaakov pleurait trop son fils et n'acceptait aucune consolation, se sont toutes rassemblées : les fils, les filles et les petits-enfants, y compris les bébés, sans aucune exception, et ils lui ont dit :
"Notre père, selon ce qu'on dit les Sages, que "celui qui souffre trop pour son mort risque de pleurer pour un autre mort", il semblerait qu'un membre de la famille risque de manquer. Tu as donc de là un preuve absolue que Yossef est encore vivant, sinon comme tu l'as trop pleuré, ainsi qu'il est écrit : "il pleura sur son fils de nombreux jours", quelqu'un d'autre de nos frères aurait dû mourir, or nous avons vu que personne d'entre nous en maque, et ce doit être pour toi la consolation de savoir qu'il est vivant."

=> C'est pourquoi le verset dit 2 fois : "tous ... toutes" = pour nous enseigner que tous les fils et toutes les filles sont venus, il ne manquait pas une seule personne, pour le consoler par le fait que s'ils se trouvaient devant lui, cela prouvait que Yossef était vivant.