Aux délices de la Torah

Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"[Telle est] la parole de celui qui entend les paroles de D. et qui connaît l'esprit du Très-Haut" (Balak 24,16)

-> "S'il ne savait même pas ce que pensait son ânesse, comment pouvait-il savoir ce que D. pensait?
L'expression ("connait l'esprit du Très-Haut") enseigne qu'il savait déterminer le moment précis où D. se met en colère."
[guémara Béra'hot 7a]

La personnalité de Bil'am est pleine de contradictions ...

-> Nos Sages disent : "Le verset : 'Il ne s'est pas levé en Israël de prophète semblable à Moché' (Dévarim 34,10) veut dire que, dans le peuple juif, il ne s'est pas levé d'égal à Moché mais que, parmi les autres nations, un tel prophète s'est levé ... : il s'agit de Bil'am".
[midrach Bamidbar rabba 14,20]

-> D'autre part, Bil'am était un homme si mauvais que la michna le compte parmi les 4 personnes qui, à cause de leurs méfaits, ont perdu leur part au monde futur.
[guémara Sanhédrin 10,1 (90a)]

-> "[Celui qui possède] un oeil mauvais, un esprit arrogant et une personnalité grossière fait partie des disciples du méchant Bil'am" [Pirké Avot 5,19]
Le Maharal explique que Bil'am était plongé dans les vices et les passions ; il a tant livré son âme à son corps qu'elle ne désirait rien d'autre que de satisfaire les désirs de son enveloppe corporelle.

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-> Bil'am avait une haine dévorante contre Israël.

On peut citer par exemple :
1°/ c'est Bil'am qui avait conseillé à Pharaon de jeter les nouveaux-nés mâles dans le Nil (guémara Sanhédrin 106a) ;

2°/ Quand le peuple juif a quitté l'Egypte, c'est sur le conseil de Bil'am qu'Amalek a délaré la guerre à Israël (cf. Targoum Yonatan - Balak 31,8) ;

3°/ Après que Bil'am se soit rendu compte qu'il ne pouvait convaincre D. de le laisser maudire Israël, il s'est rendu chez Balak et lui a conseillé de faire fauter les enfants d'Israël par des relations adultères et idolâtres avec les femmes moabites (cf. fin paracha Balak et début de Pin'has) ;

4°/ Même après sa mort, dans sa résidence éternelle en enfer, Bil'am reste ferme dans sa haine féroce contre Israël, comme le raconte la guémara (Guittin 57a) : avant qu'Onkelos ne se convertisse au judaïsme, il a pratiqué la nécromancie et a invoqué Bil'am pour lui demander s'il serait bon qu'il s'attache au peuple juif et à sa religion.
Bil'am lui a répondu : "Ne recherche jamais leur paix ou leur bonté!"

=> Pouquoi un tel comportement?

-> La source de cette haine se trouve dans le fait que Bil'am n'agissait pas en accord avec le haut niveau de prophétie qu'il avait atteint ; il poursuivait les passions les plus grossières.
Il n'était qu'un instrument de transmission des messages de D. aux nations, mais il n'a nullement intériorisé ses expériences prophétiques afin de progresser.

Bil'am ne pouvait accepter le fait que les juifs, malgré une perception de la prophétie inférieure à la sienne (seul Moché étant un prophète hors du commun), aient atteint des échelons de sainteté et de spiritualité supérieurs au sien.

Nos Sages décrivent : "Avant que le peuple juif ait quitté l'Egypte, toutes les nations venaient demander conseil à Bil'am.
Mais une fois qu'Israël a quitté l'Egypte, même une servante juive était considérée comme plus avisée que Bil'am.
C'est alors qu'il est devenu affligé"
[Avot déRabbi Nathan 45]

Mais, au lieu de faire des efforts pour progresser et sortir de son naufrage spirituel, Bil'am a essayé de compenser ses défauts en laissant chuter Israël jusqu'à son niveau, d'abord en essayant de les maudire puis en leur faisant commettre une faute que D. déteste (pécher avec les femmes).
Pour lui, la grandeur de ce peuple dans ce monde soulignait sa propre bassesse.
Ainsi, il décida purement et simplement de l'exterminer.

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-> Bil'am a dit : "Puisse mon âme mourir de la mort des justes et puisse ma fin ressembler à la leur" (Balak 23,10)

Bil'am a prié pour que sa mort soit semblable à celle des justes d'Israël et qu'au terme de sa vie, il soit admis comme eux dans le monde à venir.
Cela met bien en avant que d'un côté il avait une haine sans limite envers eux, mais aussi un désir intense de leur ressembler à sa mort, au moment de vérité (mais sans faire les efforts nécessaires pour y parvenir).

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-> La fin de cette paracha Balak, nous parle de Zimri, chef de la tribu de Chimon, l'un des plus grands hommes du peuple, qui s'est laissé entraîner à commettre 2 fautes capitales : l'adultère avec une princesse midianite et l'idolâtrie en rendant un culte à Baal Péor.

Comment a-t-il pu tomber en si peu de temps?

Au début, l'une des femmes moabites l'a séduit secrètement. Mais lorsque Zimri a pris conscience de son acte, il n'en a pas éprouvé de remords.
Au lieu de cela, il s'est tourné contre les hommes simples, qui bien que spirituellement inférieurs à lui, avaient résisté aux avances des femmes étrangères.
Comme il ne pouvait pas supporter le fait qu'ils avaient réussi là où lui-même avait échoué, il a renversé toutes les barrières et a passé la frontière bien gardée qui avait toujours séparé Israël des autres nations : il a été jusqu'à amener une princesse midianite à l'intérieur du camp sacré d'Israël pour chercher à entraîner les membres de sa tribu sur le chemin de ses voies perverties.

C'est un autre exemple du défaut qui entraîne l'homme à commettre de graves fautes même quand le seul bénéfice qu'il ait à en tirer soit la satisfaction malsaine de voir son prochain sombrer avec lui dans la faute.

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-> Durant toute l'histoire juive, nos pires ennemis ont souvent été des juifs qui ne pouvaient pas accepter le contraste entre leur échec personnel et la loyauté des juifs intègres envers D. et Sa Torah.
Ils ne parvenaient pas à trouver la paix tant que le reste du peuple n'était pas tombé comme eux dans le piège de l'impiété.

Ainsi, parfois, une personne dotée d'un grand potentiel, peut trébucher et, en tombant cherche à entraîner les autres dans sa chute, qui ne se rendent pas toujours compte de son état d'esprit.

-> Chez un enfant ou un adolescent en perte de vitesse, qui est plutôt démoralisé de voir les autres atteindre un niveau spirituel plus élevé que le sien, il a seulement besoin qu'on lui fasse retrouver l'estime de soi, et qu'on l'encourage à croire en sa capacité à remonter la pente.
Il a besoin qu'on lui rappelle ses qualités et qu'on le complimente.

On doit tous savoir que notre papa Hachem a toujours confiance en nous, et qu'avec une téchouva sincère, on peut redémarrer sur une nouvelle page blanche, plein d'envies positives.

Tomber c'est normal, mais justifier notre chute ou le fait de ne pas se relever, en amenant d'autres dans notre situation, c'est inaceptable.
La force d'un juste c'est de se relever, en faisant téchouva et en cherchant à s'améliorer de ses échecs, et non une personne qui cherche à nier, justifier cette chute en s'en dédouanant.

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-> "Parole de ... celui qui connait l’Esprit Supérieur" (Balak 24,16)

Nos Sages enseignent que chaque jour, Hachem éveille Sa Colère pour la durée d’un instant. Ce court moment de courroux est nécessaire pour le bon équilibre et la bonne marche du monde. Il s’agit de tempérer l’abondance de bonté par un peu de rigueur, instaurant une mesure de crainte nécessaire pour l’équilibre du monde.
Mais Bilaam connaissait cet instant de colère et il voulait maudire le peuple Juif à ce moment précis. Seulement, ces malédictions prononcées à ce moment critique auraient eu une grande force et auraient pu causer de grands dégâts pour le peuple juif, D. Préserve. Ainsi, Hachem réalisa un miracle extraordinaire et n’éveilla pas cette Colère pendant toute cette période.
=> Mais on peut s’interroger. Pourquoi avoir eu besoin de modifier la structure même du fonctionnement du monde en n’éveillant pas cette colère? Il aurait été plus simple d’empêcher Bilaam de maudire le peuple Juif à ce moment-là. Hachem aurait pu par exemple le faire plonger dans un sommeil profond à cet instant de colère, ce qui aurait été apparemment plus simple.

-> Le Sabba de Kelm explique qu’Hachem voulait montrer Son Amour pour Israël. S’Il avait empêché Bilaam de maudire à cet instant, cela aurait signifié comme s’il était possible de nuire à Israël et que pour préserver le peuple juif, Hachem a dû empêcher le racha de faire ce mal. Comme s’il y avait quelque chose à craindre et qu’il fallait empêcher.
Mais Hachem voulait montrer à Son peuple qu’il n’y a rien à craindre. Aucune créature ne peut porter atteinte à Israël. Pour bien montrer cela, Hachem laissa Bilaam en possession de toutes ses forces et le laissa réaliser sa volonté jusqu’au bout. Ce dernier se prépara à maudire Israël et prit la parole pour proférer ses malédictions précisément au moment critique de cet instant de colère. Et en fin de compte, non seulement Hachem changea la constitution du monde en n’éveillant pas Sa Colère, mais en plus Il transforma ses malédictions en bénédictions.

Par-là, Hachem voulait montrer définitivement que le peuple Juif n’a rien à craindre. Même si les réchaïm tentent de nuire à Israël et que toutes les conditions sont réunies pour qu’ils réussissent, Hachem fera échouer leurs plans. Il n’y aura même pas d’utilité de les empêcher d’agir, car en fait, il n’y a rien à redouter.
Au contraire, Hachem veut montrer qu’on peut même les laisser aller au bout de leurs projets. En fin de compte, ils se rendront compte que toutes leurs tentatives ont été vaines et que personne ne peut atteindre Israël du fait même de la constitution des choses.

Le veau d’or

+ Le veau d'or :

-> Pendant presque une année entière, le peuple juif a joui de la protection que lui assurait Moché.
A présent, à l'issue des 40 jours que Moché a passé au Ciel auprès de Hachem, les juifs attendent son retour.
Ne le voyant toujours pas revenir, ils ont l'impression d'avoir perdu tout contact avec lui et de se retrouver seuls dans un désert sans fin.

Aharon (son frère) et 'Hour (son neveu) servent de guides intérimaires pendant son absence.
Moché a prévenu qu'il reviendra dans 40 jours au cours des 6 premières heures du 41e jour.
Or la question qui se pose est de savoir quand exactement ces 40 jours ont commencé.
Les enfants d'Israël ont commis une erreur en démarrant leur calcul le 7 Sivan (jour de sa montée du Sinaï), alors qu'il fallait commencer le 8 Sivan, qui est son 1er jour en entier au Ciel.

Le peuple attendait Moché dans la matinée du 16 tamouz, au lieu du 17 tamouz (la bonne date).

Ce malentendu aura des conséquences désastreuses.

-> L'heure limite dépassée et Moché n'arrivant pas, le peuple commence à s'inquiéter.
Le Satan profite de la situation et crée une impression de ténèbres et de confusion, puis fait apparaître une image sombre ressemblant à Moché dans un cercueil porté à travers les cieux.
Il attire l'attention du peuple sur cette illusion.
[Ben Yéhoyada sur la guémara Shabbath 89a]

Un sentiment de panique se développe alors ...

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-> La Torah dit : "Et le peuple vit que Moché tardait (vochéch - בֹשֵׁשׁ)" (Ki Tissa 32,1)
Le mot "vochéch" peut se lire : "ba chéch", ce qui signifie : "La 6e [heure] est arrivée".
Le peuple pensait que Moché était mort puisqu'il n'était pas revenu la 6e heure passée.
[Yeffé Toar]

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-> "Le peuple vit que Moché tardait à descendre de la montagne, le peuple se rassembla" (Ki Tissa 32,1)

=> Pourquoi Hachem n'a-t-il pas fait redescendre Moché plus tôt afin d'éviter au peuple d'Israël de commettre la redoutable faute du Veau d'or?

-> Le Ohr 'Haïm haKadoch répond :
Moché partit durant 40 jours, soit 4 périodes de 10 jours : 10 jours pour étudier le sens littéral de la Torah (le pchat), 10 jours pour étudier toutes ses allusions (le rémez), 10 jours pour étudier le drach, et encore 10 jours pour étudier les secrets de la Torah (le sod).
Si Hachem avait fait redescendre Moché plus tôt, il aurait manqué plusieurs heures d'études de la Torah cachée et Hachem ne voulait pas transmettre une Torah tronquée. Elle devait être intégralement transmise à Moché.

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-> "Le peuple vit que Moché tarda (בושש - bochech)" (Ki Tissa 32,1)

-> Nos Sages enseignent que Moché tarda de 6 heures (באו שש – Baou Chech – six heures étaient passées). Ne le voyant pas redescendre, ils pensèrent qu'il était mort et firent le veau d'or. Ainsi, ce sont ces 6 heures de "retard" qui mena à la faute du veau d'or.
Nos Sages enseignent que le respect des 3 fêtes de pèlerinage est une expiation pour cette faute. Aussi, le sujet des 3 fêtes suit immédiatement le passage de la faute du veau d'or, dans notre paracha.
La faute fut exprimée par l'exclamation des mots "Voici (אלה) tes dieux, Israël". Les fêtes qui en sont une réparation sont exprimées par les mots : "Voici ( אלה ) les convocations de Hachem".
Il est un principe dans la Halakha selon lequel un interdit s'annule dans un volume de 60 fois plus de permis. Pour annuler et expier la faute du veau d'or commise du fait des 6 heures de retard, il faut annuler ces 6 heures "d'interdit" dans 60 fois plus, à savoir dans 360 heures (60x6 = 360).
Il s'agit des 360 heures qui constituent les 3 fêtes de pèlerinage.
Selon la Thora, Pessa'h dure 7 jours, Shavouot dure 1 jour et Souccot dure 7 jours (en ne comptant pas Chemini Atseret qui est une fête à part entière). Soit un total de 15 jours de fête qui constituent 360 heures (15 (jours) x 24 (heures) = 360 (heures)).
C'est ainsi que les fêtes de pèlerinage comptent un total de 360 heures de Sainteté, en mesure d'annuler et d'apporter réparation au 6 heures de "retard", à l'origine de la faute du veau d'or.
[Chaar hé'hatser]

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+ Le érev rav :

-> En sortant d'Egypte, les juifs étaient accompagnés de 40 000 personnes nouvellement converties au judaïsme (le érev rav), dont des anciens sorciers égyptiens, comme Ianous et Iambrous, fils de Bilam.
[midrach hagadol - Chémot 32,1]

Le érev rav était constitué de personnes qui, voyant la futilité de la sorcellerie (face aux miracles de D. en Egypte), ont jugé plus prudent de se joindre au peuple juif.

D. n'a jamais dit à Moché de les accepter, le laissant libre de décider.
Moché les a accepté, mais, vu la façon dont ils se sont convertis (la présence de D. étant alors évidente), ils restent exclus de certains privilèges.
Par exemple, ils ne sont pas installés à l'intérieur des nuées, mais campent en périphérie du camp avec leurs troupeaux.

Malgré cette situation, le érev rav a toujours senti un certain attachement vis-à-vis de Moché qui les a accueillis et les a traité avec compassion.
Maintenant qu'il n'est plus là, la panique règne chez eux : Continuera-t-on à les admettre au sein du peuple juif ou va-t-on les renvoyer dans leur pays d'origine?

Ils profitent de l'occasion en se joignant aux contestataires du peuple, ce qui forme une immense foule qui se dirige vers Aharon et les anciens.

-> Selon le Alchikh, en discutant avec Aharon, ils en viennent à dire :
"Nous t'aimons beaucoup, Aharon, mais nous ne croyons pas que tu puisses sérieusement endosser le rôle de dirigeant, ni toi ni n'importe quel autre être humain, d'ailleurs.
Nous avons besoin d'une force surnaturelle pour nous conduire et nous protéger ...
Il faudrait fabriquer l'image d'un bélier rappelant les mérites d'Avraham, prêt à immoler son fils pour se soumettre à la volonté de D. ...
Un veau d'or pu, voilà qui conviendrait à merveille!"

Le bœuf est également un des 4 animaux du char divin (Tan'houma 26).

-> Leur discussion va encore dériver, et ils expriment clairement :
"Mettons cette entité à notre tête, faisons-en un dieu, servons-là et exaltons-la tous ensemble comme nous le faisions en Egypte."
[midrach Chémot rabba 42,1]

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-> Le Méam Loez (Ki Tissa 32,4) écrit :
Le érev rav étaient les initiateurs du Veau d'or, qui connaissaient de nombreux tours de sorcellerie, ainsi que les moments de la journée où la magie est particulièrement efficace.

Il existe 2 moments appelées "soirées" (aravim) : l'un commence à la 7e du jour et se termine au début de la 9e heure. On l'appelle la "grande soirée" (érev rav), parce qu'il fait encore grand jour.
La 2e soirée commence à la 9e heure de la journée et s'achève à minuit. C'est à ce moment-là que les forces de destruction agissent.

Ainsi, ces hommes sont appelés "érev rav" (grande soirée) parce que leurs sortilège avaient de l'effet au cours de la grande soirée, c'est-à-dire en début d'après-midi.
Lorsque les sorciers virent que la 7e heure était arrivée (Moché devant revenir à la 6e heure!), ils se rendirent compte que le moment était propice.
Les 2 sorciers (Ianous et Iambrous), fils de Bilam, donnèrent de l'or à Aharon sur lequel ils avaient jeté un sort (cf. 5°/ ci-dessous), et qui fit émerger des flammes un Veau doué de parole.

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Aharon leur demande d'attendre le retour de Moché un jour de plus avant d'en rediscuter, mais la foule refuse, souhaitant une solution immédiate.

Après que les Anciens tentèrent également de faire patienter davantage le peuple, 'Hour (fils de Myriam), le neveu de Moché, va s'exprimer durement, en leur disant par exemple :
"Moché est un Juste, un géant parmi les hommes, mais c'est un homme.
D. ne peut-Il pas accomplir des miracles sans Moché?
Hachem, Lui seul est notre guide! Mais vous, vous Le repoussez en proférant d'infâmes ineptie! Vous osez blasphémer! Honte à vous! Vous ne méritez pas tous les bienfaits que D. vous accorde ... Vous allez attirer sur vous le malheur!"

La foule réagit avec indignation.
Certains des manifestants étaient des conseillers et des officiers hauts gradés à la cour de Pharaon, sont vexés qu'un jeune leur parle de la sorte.
Une avalanche de pierres s'abat alors sur 'Hour le tuant, et également sur plusieurs Anciens, les blessant (certains opinions disent qu'eux aussi ont été tués).
[le Méam Loez écrit qu'ils tuèrent tous les 70 anciens, et ensuite 'Hour, comprenant qu'il ne les laisserait pas agir à leur guise.]

Aharon est alors face à la foule, la mort, en face de lui ...
Il cède à leurs exigences, cherchant à gagner du temps dans l'attente du retour de Moché, et à capitaliser sur le fait que la majorité de la foule ne cherche pas à fabriquer un dieu, mais seulement à se doter d'un intermédiaire chargé de les représenter auprès de D., ce qui facilitera une future téchouva.

Il va demander une quantité très importante d'or, le métal le plus précieux, ce qui demandera du temps, surtout que n'ayant pas souffert de l'esclavage, le érev rav n'a reçu aucune compensation matérielle à la sortie d'Egypte.

Aharon va également imposer que cet or provienne uniquement de bijoux.
Les égyptiens (érev rav) ayant gardés leur coutume de porter des boucles d'oreille en or, souvent frappées à l'effigie de dieux égyptiens, comme symbole de beauté, il leur sera plus difficile de s'en séparer.
Il pense également en profiter pour faire disparaître ces symboles idolâtres.

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+ Les femmes juives :

-> Les épouses horrifiées à l'idée de fabriquer une idole, n'ont aucune intention de céder leurs bijoux et protestent fortement.
Elles montreront leur foi et leur sincérité, en donnant avec joie et empressement leurs bijoux pour construire le michkan et embellir le lieu de résidence de la présence divine parmi le peuple juif.

-> En récompense, le jour de Roch 'Hodech, leur est dédié, et elles auront le privilège de ne pas y effectuer de travaux, coutume observée dans de nombreuses communauté jusqu'à ce jour.
[Pirké déRabbi Eliézer 45]

-> Le Méam Loez (Ki Tissa 32,3) écrit :
Hachem récompensa les femmes en leur donnant une fête à laquelle les hommes n'ont pas de part.
Il s'agit de Roch 'Hodéch, que seules les femmes observent.
De plus, une grande récompense leur est réservée au monde futur.

Hachem fit don de cette fête aux femmes car les 3 fêtes de pèlerinage font référence aux Patriarches.
Pessa'h correspond à Avraham, Shavouot à Its'hak et Souccot à Yaakov.
Les 12 fêtes annuelles de la nouvelle lune correspondent aux 12 tribus. Cependant, après la faute des hommes, les 12 fêtes de la nouvelle lune leur furent enlevées et données aux femmes.

Il est écrit : "J'ai trouvé un homme sur mille, et de tous ceux-ci, je n'ai trouvé une femme" (Kohélét 7,28).
Le mot "ceux-ci" (élé) fait allusion au Veau d'or, car le peuple dit : "Ceux-ci (élé) sont tes dieux, Israël".
Parmi ceux-ci, on ne trouva pas une seule femme.
Pas une femme ne fauta en disant : "Ceux-ci sont tes dieux, Israël" [rabbénou Bé'hayé - Vayakél]

Si les juifs ont commis cette faute, c'est qu'ils désiraient rester sous l'influence des signes du zodiaque comme les nations.
Ils firent la forme d'un veau car ils voulaient dépendre du signe du Taureau (chor), la constellation la plus importante.
Les 12 fêtes de la nouvelle lune correspondent aux 12 signes du zodiaque.
Le refus des femmes montrait qu'elles désiraient être dirigées par Hachem seul.
Les 12 fêtes de la nouvelle lune (Roch 'Hodech) furent donc retirées aux hommes et offertes aux femmes.

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-> S'il n'y avait pas eu la faute du Veau d'or, le jour de Roch 'Hodech aurait été un Yom Tov, comme tous les autres.
Cependant, c'est uniquement dans ce monde que Roch 'Hodech est diminué.
Au Ciel, Roch 'Hodech a la même sainteté que les autres Yamim Tovim
, et lorsque que l'on dit : "mékoudach ha'hodéch" dans ce monde, le mois reçoit toute sa sainteté au Ciel.
[Tour, Pirké déRabbi Eliézer]

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-> Comme autre récompense, après la faute des explorateurs, le décret de D. frappant les hommes et leur imposant de mourir dans le désert, ne les touchera pas, et elles ont eu le privilège d'enter en terre d'Israël.
[midrach hagadol - Chémot 32,3]

-> On peut ajouter que : "Nos ancêtres ont été sauvés d’Égypte par le mérite des femmes vertueuses d’alors, et il en sera de même pour la rédemption future." (Guémara Sota 2b)

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-> Selon le Zohar, certains hommes ont arraché de force les boucles à leur femme, et d'autres ont donné leurs bijoux personnels à la place.

Le zèle et l'enthousiasme permet à ces hommes d'accomplir cette tâche en un temps record, obligeant Aharon a arrêter la collecte.
Nos Sages enseignent qu'il y en avait pour environ 3,2 tonnes d'or!

Selon le Léka'h Tov (Chémot 32,3), presque toutes les tribus, à part la tribu et les princes des tribus, ont participé à la collecte.
Même celles qui n'y ont pas participé sont coupables de ne pas avoir essayer de dissuader ses amis, famille et voisin.

Le Maharal Diskin enseigne que personne n'a protesté parce chacun pensait qu'il était seul à rejeter le veau d'or et ne se sentait donc pas capable de faire front à tous les autres.
=> Leur erreur a été de ne pas juger autrui favorablement (pensant être le seul à s'opposer), car sinon ils se seraient unis contre les 3000 personnes qui faisaient le Veau (que les Lévi'im vont tuer ensuite), évitant ainsi cette catastrophe.

En récompense de leur comportement :
- la tribu de Lévi aura le service du michkan et plus tard du Temple ;
- les princes bénéficieront d'une certaine mesure d'inspiration divine.
[Pirké déRabbi Eliézer 45]

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Une fois tout l'or marqué et enveloppé, Aharon s'apprête à le faire fondre en le jetant au feu.

-> Quelques autres intentions d'Aharon à ce sujet :

1°/ En réalité, Aharon pensait fabriquer un chérubin en or, semblable au chérubin gravé sur le Trône de Gloire et à celui qui sera, par la suite, placé au-dessus de l'Arche sainte dans le michkan (Tabernacle).
Il souhaitait que cette image en or, s'il se trouvait obligé de la fabriquer, traduise au moins le lien d'Israël avec D.
Malheureusement, les sorciers ont eu le dessus et en ont fait un veau.
[Malbim - Chémot 32,4]

2°/ Après avoir pris tout l'or apporté par le peuple, Aharon l'a entassé en une masse difforme puis, lentement, en a formé un veau qu'il a ensuite jeté au feu pour lui donner une forme permanente
Selon le Radlag, l'or a d'abord été fondu et a ensuite reçu une forme.
Essayant au maximum de gagner du temps, il espérait qu'ils finissent par regretter ce qu'ils faisaient, et changent alors d'avis.
[en ce sens, il y grava de nombreuses décorations.
De plus, il ne voulait pas que les gens puissent prétendre que sa simplicité était la cause de son inefficacité. C'est pour cela qu'il le fit le plus élaboré possible. [Abarbanel]]

3°/ Cette idole est sortie du feu par la faute d'un racha nommé : Mikha.
Ce dernier, avait eu la vie sauve grâce à l'intervention de Moché.
Celui-ci, aux pires jours de l'esclavage, voyant comment les égyptiens se servaient de nouveaux-nés hébreux à la place des briques manquantes et les recouvraient de ciment, avait plaidé pour eux auprès de Hachem et avait eu gain de cause.
L'un de ces enfants était ce Mikha.
[Le nom Mikha signifie : "celui qui était écrasé" (mémoua'h). On lui donna ce nom parce qu'on l'avait trouvé écrasé dans le mur.
Moché va prendre ce bébé pas encore mort (qui était utilisé comme du ciment dans le mur), le raviva et le soigna jusqu'à le rétablir.]

Mais les événements vont montrer à Moché qu'il n'a peut-être pas eu raison d'intervenir.
En effet, des années plus tard lorsque le peuple s'est préparé à quitter l'Egypte, Moché a accompli la promesse faite à Yossef d'emporter ses ossements afin de les enterrer en terre d'Israël.
Moché s'est donc apprêté à prendre le cercueil de Yossef resté immergé dans les profondeurs du Nil pendant toutes les année d'esclavage afin de le transporter.
Mais où se trouvait exactement le cercueil et comment allait-on le faire remonter à la surface?

Dans les bénédictions que Yaakov avait accordées à ses enfants, il avait comparé Yossef à un taureau (chor).
Moché, à ce moment, s'est servi de la métaphore.
Après avoir inscrit, sur une plaque d'or, le Nom de D. et les mots : "monte taureau" (alé chor), il a tendu cette plaque au-dessus du Nil et, miraculeusement, le cercueil est apparu.

Or Mikha, qui observait cette scène, a attendu l'occasion et dès qu'elle s'est présentée, a volé la plaque.
A présent, au moment où l'or des boucles d'oreille est jeté dans la fournaise, Mikha lance dans le feu la fameuse plaque portant l'inscription : 'alé chor', et effectivement, c'est un veau d'or qui apparaît au milieu des flammes.
[midrach hagadol - Chémot 32,4]

Le Yalkout Réouvéni enseigne que cette plaque portait le Nom Divin explicite (Chém haméforach), et c'est pour cette raison que le veau qui apparut dans le feu était doué de parole.
Le veau annonça : "Je suis l'Eternel (Hachem) votre D.", et le peuple crut à son pouvoir.

[Le Sifté Cohen dit que le Satan s'introduisit dans le veau. Lorsque l'idole émergea du feu, elle cria pour induire en erreur les juifs.
"Aharon vit [cela] et construisit un autel devant lui" (Ki Tissa 32,5) = selon le Zohar, Aharon vit l'influence du Satan (l'Autre Côté), et édifiant un autel saint (le peuple pensait offrir au veau, et Aharon à D.), il lui fît perdre ainsi une grande partie de ses pouvoirs.
Ainsi, en construisant l'autel dans la sainteté (mizbéa'h) avant que ne se prosterne le peuple et qu'il ne sacrifie le veau, Aharon sauva le monde d'une destruction certaine car les forces du mal étaient sur le point de dominer irrémédiablement.]

4°/ Selon une version légèrement différente, ce sont 4 plaques d'or que Moché a préparé pour faire émerger le cercueil de Yossef du Nil.
Sur chacune d'elles, il a gravé l'une des représentations ornant le Trône de Gloire : un lion, un homme, un aigle et un bœuf.
Moché a utilisé :
-> la 1ere plaque : le lion : pour retrousser les eaux du fleuve et les faire rugir comme un lion ;
-> la 2e : l'homme : pour rassembler les ossements épars et reformer le corps de Yossef ;
-> la 3e : l'aigle : pour soulever le cercueil au-dessus du fleuve.

Quant à la 4e plaque (le taureau), dont il n'avait pas besoin, Moché l'a mise dans le cercueil de Yossef.
C'est de là que Mikha l'a volée puis l'a utilisée pour fabriquer le eau d'or.
[midrach Chir haChirim 13a-13b]

5°/ La fabrication d'un veau, plutôt que n'importe quelle autre image, a surtout été le fait de 2 anciens sorciers égyptiens (Ianous et Iambrous), qui ont rejoint le peuple d'Israël avec le érev rav
Au moment le plus propice pour leurs tours de sorcellerie, ils se sont mis à l'oeuvre et ont prononcé des incantations (lui jetant un sort) puis, prenant l'or avec précaution, ils l'ont mis entre les mains d'Aharon qui, ne se doutant de rien, l'a lancé dans le feu, et un veau d'or est apparu.

Selon une autre version, ce sont 13 veaux d'or qui ont fait leur apparition : un pour chaque tribu et le 13e, en l'honneur d'Aharon, représentant l'ensemble du peuple.
[guémara Yérouchalmi Sanhédrin 10,2]
Les Tossafot font remarquer que symboliquement les mots : "yaasou éguel massé'ha" (il en fit un veau de métal - Chémot 32,4), ont 13 lettres.

Selon une autre version encore, la créature apparue à ce moment était en partie bœuf et en partie âne, l'âne symbolisant les racines non juives du érev rav.
[Yalkout Réouvéni Ki Tissa]

6°/ L'idée de faire un veau a trouvé son origine à l'époque d'un Pharaon appelé : "Apis".
Cet Apis, sorcier accompli, avait déclaré être une divinité.
Après avoir fabriqué un veau d'or, il avait pris l'habitude, tous les matins à 10 heures, de le faire émerger du fleuve puis de le faire voler dans les airs tandis que les égyptiens chantaient ses louanges.
(selon d'autres opinion, il ne faisait ce tour qu'une fois par an, lors d'une fête appelé : "Jour d'Apis")

Ces manifestations, faisant partie intégrante de la tradition égyptienne, ont profondément marqué le érev rav.
Ainsi, dès que l'occasion s'est présentée, ils ont décidé de reproduire le veau représentant cette légende.
[Yalkout Réouvéni Ki Tissa]

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=> Le résultat est qu'une statue en or d'un veau de 3 ans va apparaître dans les flammes.
Les sorciers ont eu le dessus sur les efforts d'Aharon, et sont parvenus à leurs fins.

-> Immédiatement, le Satan s'introduit dans le corps du veau en métal.
Il fait bouger ses pattes comme un bœuf en colère : le veau d'or semble doué de vie, faisant croire que le nouveau guide du peuple est né.
[midrach Vayikra rabba 7,1]

-> Le érev rav jubile alors :
"Voici tes dieux, Israël. Ce sont eux qui t'ont fait sortir d'Egypte.
Ce sont les dieux auxquels il faut dorénavant adresser vos prières si vous voulez qu'elles soient exaucées.
A l'avenir, ces dieux seront les partenaires d'Aharon pour diriger le peuple"
[Sforno - Chémot 32,4]

Ils transgressent ainsi le 1e et 2e commandements, et contredisent le : "Je suis Hachem votre D. qui vous a fait sortir d'Egypte".

-> Les Bné Israël ont eux des circonstances atténuantes, car la plupart d'entre eux savent parfaitement que c'est D. qui a réalisé tous les miracles de la sortie d'Egypte, et ils n'ont aucunement l'intention de nier Son unicité.
Ce qu'ils s'imaginent, c'est que de la même manière qu D. a accordé à Moché des pouvoirs le rendant apte à conduire le peuple dans le désert, Il a donné des pouvoirs au veau d'or.
Au fond de leur cœur, ils croient toujours en D., mais on profanait le 2e commandement (celui de ne pas servir d'autres dieux).
['Hizkouni - Chémot 32,4]

Le érev rav a totalement rejeté D. et s'est livré à l'idolâtrie (à l'image de ce qu'ils pratiquaient par le passé en Egypte), mais n'ont pas réussi à entraîner le peuple à les imiter jusqu'au bout.

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+ Pourquoi le choix d'un veau est-il si séduisant aux yeux du peuple.

1°/ Pendant la révélation du Sinaï, le peuple a perçu une vision fugitive du Trône de Gloire.
Or, les pieds du trône ressemblent vaguement aux pattes du bœuf.
L'image du bœuf va donc s'associer, dans leur esprit, à une représentation de la présence divine.
[Léka'h Tov - Chémot 32,4]

[Le Sifté Cohen enseigne que lorsque Hachem s'est révélé au mont Sinaï pour donner la Torah à Israël, ils aperçurent le Trône de Gloire et 4 'hayot (anges).
Ces anges avaient le visage : d'un homme, d'un bœuf, d'un lion et d'un aigle (Yé'hezkiel 1,10).
Le peuple voulait un veau, c'est-à-dire la forme ressemblant aux 'hayot (puisque la 1ere : un homme n'est plus (Moché étant probablement mort), alors ils souhaitaient passer à la 2e : un bœuf). La seule différence entre un bœuf et un veau est leur différence d'âge.

Le Sifté Cohen écrit également que l'idole prit la forme d'un jeune animal et non celle d'un bœuf pour mettre en évidence l'infériorité de ses instigateurs.
Ils voulaient pour dirigeant une créature, qui pour grandir devait se nourrir d'herbe.
Il est écrit : "Ils se révoltèrent contre la Gloire et firent la forme d'un bœuf mangeur d'herbe" (Téhilim 106,20).
Ils voulurent échanger la Gloire de D. contre un bœuf. Cependant, ils étaient si méprisables que la représentation qu'ils substituèrent n'était pas même celle d'un bœuf adulte mais celle d'une créature qui devait encore grandir.]

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2°/ Il n'en est pas de même pour le érev rav, qui n'a pas perçu la révélation aussi clairement (étant exclu à l'extérieur du campement).
Après la traversée de la mer rouge, le érev rav a vu, sur le sable, des empreintes semblant avoir été faites par un boeuf, ce qui les a conduit à penser que la présence divine ressemble à un boeuf.
En réalité, ce sont les anges escortant Israël qui ont laissé ces traces.
[le 'Hizkouni]

[le Sifté Cohen enseigne que lors de la traversée de la mer Rouge, tous les juifs aperçurent la Présence Divine. Par contre, le érev rav n'ont pas eu ce mérite, mais ils virent uniquement les pieds des anges, à la forme de pieds de veau, dont il est dit : "Leurs pieds ressemblent au bas d'un pieds de veau" (Yé'hezkiel 1,7). Ils pensaient que c'étaient là les pieds de Hachem.

Le Yalkout Réouvéni écrit qu'avant que les juifs n'aient fait le veau d'or, les 'hayot (anges) avaient 4 ailes. Après la faute, les 'hayot reçurent 2 ailes supplémentaires pour couvrir leurs pieds semblables à ceux des veaux, et ce afin qu'ils ne rappellent en rien la faute du veau d'or.]

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3°/ Puisque les déplacements couronnées de succès dans le désert ont été entrepris au cours du mois d'Iyar, placé sous le signe du Taureau, ils ont décidé d'en fabriquer un pour les guider en permanence.

4°/ Le nom du désert : "midbar chour" (désert du Taureau) a fait supposer au érev rav que le signe du taureau y régnait en permanence, et il leur a semblé de bon augure que leur 'guide' prenne cette forme.
[Rabbi Avraham ben haRambam - Chémot 32,4]

5°/ La plaque que Mikha avait jeté dans le feu portait les mots : "Monte, bœuf ; monte, bœuf!" (alé chor, alé chor!).
Ils dirent plus tard (au moment du veau d'or) : "Voici tes dieux, Israël, qui t'ont fait sortir d'Egypte" (Ki Tissa 32,4).
Le Kli Yakar explique : "C'est la forme d'un bœuf qui, en réalité, t'a fait sortir d'Egypte car sans cette plaque, le cercueil de Yossef n'aurait pu être tiré du Nil où les égyptiens l'avaient plongé. Et sans les ossements de Yossef, les juifs ne seraient pas sortis d'Egypte. Selon eux, la sortie d'Egypte se produisit grâce au pouvoir du bœuf."

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-> 6°/ Le veau sortit du feu à cause d'une chose que les juifs avaient apprise des égyptiens.
Autrefois, un maître-sorcier du nom d'Apich était roi en Egypte. Grâce à ses pouvoirs occultes, il faisait sortir un veau du Nil une fois par an à 10 heures du matin. Ce veau s'envolait ensuite dans les airs.
Ce jour-là, les égyptiens célébraient une grande fête appelée "le jour d'Apich" ; ils chantaient et dansaient devant le veau.

En Egypte, les juifs avaient entendu parler de cette cérémonie.
Ils avaient retenu cette idée et y croyaient. Ils voulaient donc à présent produire la forme d'un veau.
[Yalkout Réouvéni]

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-> Selon certains commentateurs, dans une dernière tentative afin de gagner du temps, Aharon propose de construire un autel afin d'y offrir des sacrifices à ce maître et l'adorer (le construire très lentement et espérant que le peuple priera pour que la ché'hina y réside), puis argumentant qu'il n'est pas convenable de faire un sacrifice la nuit tombant, il va le repousser au lendemain matin (le 17 tamouz).

-> Le Satan va réveiller à l'aube les dirigeants du érev rav, qui plein de joie vont sauter sur leurs pieds et réveiller tous les dormeurs, à l'exception d'Aharon et de la tribu de Lévi.
Le Abarbanel (Chémot 32,5) rapporte leurs paroles :
"Vite! Dêpechons-nous d'apporter des sacrifices. N'attendons pas Aharon. Nous voulons honorer immédiatement notre guide, le dieu que nous avons façonné. Nous voulons lui témoigner tout de suite notre respect et notre zèle".

-> Le 'Hatam Sofer fait remarquer que la faute principale est que le jour du don de la Torah, ils ont dormi trop longtemps, alors qu'ils se sont levés de très bonne heure pour faire le veau d'or.

-> Ce sont les 1ers nés qui sont choisis pour diriger les rites sacrificiels parce que c'est à eux qu'incombe le service sacerdotal.
Ainsi, les 1ers nés apportent des holocaustes et des sacrifices de paix sur le nouvel autel.
[midrach Bamidbar rabba 4,6]

En punition d'avoir rejetés la souveraineté de D., toutes les charges liées à la prêtrise et au service sacerdotal seront transferées à la tribu de Lévi qui n'a pas pris part aux événements.

-> Un grand nombre de ceux qui offrent des sacrifices le font en toute bonne foi, pensant rendre hommage à D. dont ils reconnaissent la toute puissance.
En revanche, le érev rav et ceux qui les ont rejoints rendent un culte idolâtre à l'image qu'ils ont façonnée.
[Sifté Cohen - Chémot 32,6]

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-> Ils se sont prosternés devant le veau d'or, ont célébré l'instauration de ce nouveau dieu et se sont assis pour festoyer en son honneur.
Ils mangent, boivent et vont jusqu'à servir de la manne au veau d'or.
[midrach Chémot rabba 41,1&7]

-> La fête va dégénérer en un banquet bruyant accompagné d'excès de la table et de boisson, suivi de chants et de danses.
On apporte des instruments de musique, et bientôt, les cornes, les tambourins, les tambours, les cymbales et les flûtes donnent un concert au veau d'or.
[Rabbénou Bé'hayé - Chémot 32,18]

-> La gaîté de la fête tourne à la débauche.
Il ne leur faut pas longtemps pour retrouver les pratiques immorales auxquelles ils s'adonnaient en Egypte.
[Malbim - Chémot 32,6]

-> Ils se sont à présent rendus capable des 3 péchés capitaux : le meurtre, l'idolâtrie et l'adultère.
Ils ont assassiné 'Hour, adoré l'idole et maintenant, ils se laissent aller à la débauche.
[Kli Yakar - Chémot 32,6]

-> En acceptant la Torah, les enfants d'Israël ont doté d'un rayonnement semblable à celui des anges mais ils l'ont perdu à présent. Leur visage s'est à jamais assombri.
[Yalkout Réouvéni - Ki Tissa]

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+ Aharon a agi en toute bonne foi en s'efforçant de tempérer le érev rav dans l'espoir d'empêcher toute faute significative avant le retour de Moché, mais néanmoins, il a commis 2 erreurs :

1°/ il aurait dû se méfier de 2 anciens sorciers (Ianous et Iambrous), et ne pas lancer directement au feu l'or qu'ils lui ont remis (car ils ont pu le transformer en veau) ;

2°/ en enveloppant si soigneusement l'or, il l'a rendu insensible au mauvais oeil, permettant ainsi aux incantations des sorciers de produire leur effet.
[Zohar ; Or ha'Haïm - Chémot 32,4]

Selon le midrach (Vayikra rabba 10,4), ces 2 erreurs infimes seront prises en compte lorsqu'Aharon perdra 2 de ses fils.

-> Le Zohar rapporte que la preuve évidente de l'innocence d'Aharon est qu'il survivra à cet épisode, alors que tous les pécheurs seront mis à mort.
De plus, même lorsque le veau d'or sera détruit, l'autel qu'il a construit restera intact.
Aharon a fait de son mieux et est entièrement innocent dans la façon dont il a agi.

-> D'ailleurs, selon le midrach (Chémot rabba 37,2), D. a vu les bonnes intentions d'Aharon et ses efforts en Son honneur, et le récompensa par la fonction de grand prêtre dans le michkan qui sera bientôt construit.
Hachem le récompensera aussi, lui et ses descendants, en lui accordant les 24 présents donnés aux prêtres par le peuple.

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+ Comment est-il possible que les enfants d'Israël aient commis une telle faute? Pourquoi Hachem les a-t-Il laissés aller si loin?

-> Une des réponses est que afin de montrer aux générations futures que, quelle que soit la gravité d'une faute, il existe toujours une possibilité de repentir, afin de les encourager à chercher sans se lasser le chemin de la téchouva.
Si le peuple d'Israël a obtenu le pardon pour la faute du veau d'or, alors aucune faute ne peut être au-delà du repentir.
[guémara Avoda Zara 4b - Rachi]

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-> Le Beit haLévi explique que l'intention des juifs était de construire un Michkan par lequel ils pourraient servir Hachem, Qui résiderait alors parmi eux, comme cela sera le cas après la faute du Veau d'or. En l'absence de Moché, qui les menait et les inspirait, ils s'imaginaient qu'un Michkan serait la solution parfaite.
Cependant, leur erreur a été de croire qu'ils pourraient édifier un tel lieu sans en recevoir l'ordre de D. Lui-même. Ils n'ont pas compris que le fait d'avoir uniquement de bonnes intentions ne transforme pas ce désir en une mitsva. En effet, sans un ordre spécifique de Hachem, la meilleure des intentions peut entraîner des conséquences tragiques.
C'est ainsi que bien qu'inspirés par de nobles aspirations, le Veau d'or s'est transformé en pire incident de l'histoire du peuple juif, pour lequel nous payons encore actuellement un important prix, comme nos Sages enseignent : il n'existe pas de châtiment dans ce monde qui ne contient pas une fraction de punition pour la faute du Veau d'or (guémara Sanhédrin 102a).

[le yétser ara nous pousse parfois à faire des actions qui nous paraissent comme des mitsvot de 1er choix, mais qui sont en réalité les pires choses à faire!
La faute du Veau d'or réside dans l'absence d'avoir comme priorité dans sa tête : qu'est-ce que Hachem attend de moi dans cette situation?
D'ailleurs, la définition du bien et du mal, n'est pas selon nos impressions subjectives du moment, mais plutôt selon ce que la Torah nous enseigne dans toute sa véracité et son éternité.]

[Rabbénou Bé'hayé dit que certes Hachem se souvient du veau d'or dans chaque génération, mais cependant dans le futur, Hachem oubliera totalement cette faute.
En effet, D. dit à Son prophète : "Ceux-là (élé) aussi seront oubliés" (Yéchayahou 49,15) = dans le futur, Hachem oubliera à jamais la faute du veau d'or où ils dirent : "Voici (élé) tes dieux, Israël" (v.32,4)]

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+ Le Veau d'or :

-> Le veau d'or fabriqué après la montée de Moché sur le mont Sinaï n'apparaissait pas seulement comme une espèce de vache. La moitié avant était comme un bœuf, mais la moitié arrière était comme un âne. [Yalkout Réouvéni - Ki Tissa]
Certains disent qu'il avait deux visages, celui du bœuf et celui de l'âne. [Matok midvach Tikouné Zohar 142a ]

-> Le veau d'or prit la parole et dit : " Je suis le Seigneur ton D." [Yalkout Réouvéni - Ki Tissa]
Il dit aussi : "le Erev Rav m'a fait". [Tossefot Hachalem - Ki Tissa ; Ohr Ha'Haïm haKadoch - Ki Tissa 32,19]

"Les mots de la Torah dirigent ceux qui l'étudient : des chemins de la mort vers ceux de la vie."

[guémara 'Haguiga 3b]

-> Au moment de la destruction du Temple, Hachem a déclaré : "Si seulement, ils m'avaient abandonné, Moi, mais qu'ils observeraient encore Ma Torah!
Car la lumière divine qui est en elle [la Torah] les aurait ramené dans le bon chemin"
[midrach Eikha rabbati - Introduction 2 ]

-> Le Messilat Yécharim ajoute que lorsqu'une personne s'immerge dans l'étude de la Torah et reconnait la sagesse de ses mitsvot et de ses enseignements, alors le temps passant, un esprit d'inspiration va s'allumer dans son âme, qui le guidera sur le bon chemin.

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-> "Si vous peinez beaucoup avec les mots de la Torah, Hachem retirera le yétser ara de vous"
[midrach Bamidbar rabba 14,4]

-> "Si le yétser ara s'élève contre vous, donnez-lui à manger du pain de la Torah [...] S'il est assoiffé, donnez-lui à boire de l'eau de la Torah"
[midrach Téhilim 34,2]

-> "Mon fils! Si ce malpropre [le mauvais penchant] se porte à ta rencontre, tire-le à la maison d’étude ; s’il est comme une pierre, il s’effritera ; s’il est comme du fer, il se brisera en éclats!"
[guémara Soucca 52b]

-> Nos Sages (guémara Béra'hot 5a) enseignent que si une personne n'arrive pas à vaincre son yétser ara, alors elle doit "peiner dans la Torah".
Le Noda biYéhouda note qu'il n'est pas écrit : "étudier la Torah", mais "peiner dans la Torah", car il ne faut pas de la superficialité, mais une étude en profondeur, permettant ainsi au cœur de se remplir totalement de Torah.

-> "Rabbi Yossé dit : Lorsqu'une personne sent qu'elle va être submergée par de mauvaises pensées, elle doit s'immerger dans la Torah. De cette façon, les pensées vont cesser et partir d'elle.

Rabbi Eliézer dit : Lorsque le yétser ara cherche à attirer quelqu'un à la faute, il devra l'amener vers la Torah et il le quittera."
[Zohar - Vayéchev - 190a]

-> "Aussi longtemps que les mots de Torah trouvent les cavités du cœur d'une personne vides, ils y résident et le yétser ara n'y a aucun pouvoir, et personne ne peux les y retirer."
[Avot déRabbi Nathan - chap.13]

-> "Si le yétser ara trouve que les paroles de Torah ne règnent pas sur le cœur d'une personne, [alors il viendra y résider et] vous ne pouvez plus l'en faire partir [sauf en s'immergeant dans la Torah, dont les mots qu'on étudie purifient l'esprit et le cœur]."
[midrach Michlé - chap.24]

-> "Les pensées immorales ne peuvent prédominer que dans un cœur vide de connaissance [de Torah]"
[Rambam - Hilkhot Issouré Bia 22,21]

=> La Torah et le yétser ara ne peuvent pas résider en même temps.
A nous de ne jamais rester vide de Torah, pour éviter de laisser la place au yétser ara, qui gérera alors notre comportement, nos pensées et nos émotions.

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Face au yétser ara, il faut appliquer le :
-> "fuir le mal" (sour méra) = je mets en place toutes les barrières me permettant d'éviter d'y être confronté ;
-> "et fais le bien" (assé tov) = je suis tellement occupé positivement, qu'il n'a pas de place pour venir en moi.

"Si un homme acquiert des honneurs par l'humiliation d'un autre, il n'a pas de part au monde futur"

[guémara Yérouchalmi 'Haguiga 2,1]

Le rav Sim'ha Wasserman explique que la guémara ne parle pas d'un homme qui se réjouit de l'humiliation de son prochain mais de celui qui obtient des honneurs aux dépens de son prochain.

"Je pense que la plus grande aventure que l'on puisse vivre sur terre est celle qui consiste à partager sa vie avec D.

Nous réalisons alors que nous ne sommes jamais seuls et que D. Se trouve constamment à nos côtés pour nous épauler.
En effet, si D. nous observe à chaque instant, ce n'est pas simplement pour nous juger, mais aussi et surtout parce qu'Il nous aime et veut sincèrement nous venir en aide."

[rav Yossef 'Haïm Sitruk]

"D. n'opère pas de miracle pour une personne qui a peur"

[le Radak]

-> Le rav Yossef 'Haïm Sitruk a dit à ce sujet :
"Si nous voulons mériter tous les bienfaits extraordinaires dont D. souhaite très certainement nous gratifier, il nous faut impérativement être confiants.
Si le peuple juif a peur, si les gens doutent, aucun miracle ne peut se produire.
Les gens dans la vie desquels il se passe de grandes choses sont ceux qui ont décidé d'être sereins.

Il n'y a pas de défi plus urgent que d'être confiant. Lorsqu'on est serein, D. nous octroie tout ce qu'Il avait prévu de nous donner."

"Lorsqu'un homme construit une barrière pour se garder d'une façon qui l'aide à dominer son yétser ara, il utilise en fait sa force pour construire une barrière qui profitera à toutes les âmes du peuple juif pour toutes les générations à venir, et les empêchera de succomber à cette tentation"

[Rabbi Tsadok haCohen - Divré Sofrim 23]

=> Lorsque je suis tenté de commettre une faute, mais que je me bats contre cette tendance et que je refuse de capituler, ce n'est pas seulement moi-même qui en profitera, mais tous ceux qui viendront après moi, car j'aurai rendu plus faible le combat contre cette faute.

Par exemple, il ne manque pas de nouvelles tentations modernes pour fauter (téléphone, internet, ...).
En me surpassant, je peux léguer à l'humanité une facilité à les combattre.

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+ On peut citer en exemples :

1°/ Avraham :
Le midrach rapporte : "Avraham dit : Après que je me sois circoncis, de nombreux convertis sont venus se lier à cette alliance" [Béréchit rabba 48,2].
=> Après qu'il ait surmonté cette épreuve, la difficulté en a été amoindrie.

2°/ Sarah et Yossef :
"Notre matriarche Sarah est descendue en Egypte [le pays le plus immoral] où elle a construit une barrière pour se protéger de l'immoralité [qui en prévalait].
Ensuite, toutes les femmes [juives qui sont allées en Egypte avec Yaakov presque 200 ans plus tard] furent protégées de l'immoralité par son mérite.

Yossef est descendu en Egypte où il a construit une barrière pour se protéger de l'immoralité ; par la suite, tous les hommes [juifs qui sont descendus avec Yaakov] ont été protégés de l'immoralité par son mérite".
[midrach Vayikra rabba 32,5]

Rabbi Tsadok haCohen de Lublin de commenter ce midrach :
"Lorsque les justes des générations précédentes font de grands efforts pour résister à la tentation et réussissent à vaincre les ruses du yétser ara, la puissance de leur conquête s'établit solidement et reste ferme parmi tout le peuple juif à travers les générations suivantes de vaincre les tentations semblables".

"Kora'h, fils de Yitshar, fils de Kéhat, fils de Lévi, prit ..." (Kora'h 16,1)

-> "Kora'h était un très grand Sage et faisait partie de ceux qui portaient l'Arche"
[midrach Bamidbar rabba 18,3]

-> "[Kora'h] était le plus grand homme de sa tribu [Lévi], ses frères sont considérés comme secondaires à lui"
[midrach Bamidbar rabba 18,9]

-> "Aharon et Kora'h étaient égaux [en grandeur]"
[midrach Bamidbar rabba 18,17]

=> Comment est-ce possible qu'il soit tombé si bas au point de se rebeller contre D. et Ses Cohanim et de nier les principes de la foi?
D'ailleurs, la guémara (Yérouchalmi Sanhédrin 10,1) qualifie Kora'h de renégat et rapporte : "A ce moment là, Kora'h dit : La Torah n'est pas d'origine divine, Moché n'est pas prophète et Aharon n'est pas Cohen".

=> Dans quel domaine a-t-il échoué pour tout perdre?

Kora'h était égal à Aharon, mais il n'a pas admis le fait qu'il n'ait pas été choisi pour la prêtrise (Cohen Gadol).
Dès que Kora'h s'est senti en position d'infériorité par rapport à Aharon, il ne pouvait plus trouver de satisfaction dans quoi que ce soit.
Cela l'a poussé à réhausser son honneur et sa fonction au-dessus de ceux d'Aharon à tout prix, désir qui l'a finalement conduit à l'hérésie et à la rébellion contre D.

=> Tout ce qui lui manquait, c'était une mesure d'humilité.

Quant à Aharon, il avait atteint la perfection dans l'attribut de l'humilité.
Il s'est par exemple réjoui intérieurement lorsque son jeune frère (Moché) est venu diriger le peuple juif.

Par ailleurs, après avoir écouté les paroles de Kora'h, il est écrit : "Moché entendit et tomba sur sa face" (Bamidbar 16,4).
Le Ramban de commenter : "il n'est pas dit 'ils tombèrent' car Aharon dans son raffinement et sa sainteté, ne réagit absolument pas pendant toute cette querelle. Il a gardé le silence, comme s'il reconnait que Kora'h était plus grand que lui, mais qu'il avait simplement suivi l'ordre de Moché et accompli le décret du roi".

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-> "Si une personne s'abaisse, D. l'élève ; et si une personne s'élève, D. l'abaisse. Si un homme poursuit les honneurs, les honneurs le fuient, mais si un homme fuit les honneurs, les honneurs le poursuivront."
[guémara Erouvin 13b]

-> "Dans Sa colère, Hachem abaisse les arrogants et selon Sa volonté, Il élève ceux qui sont abaissés.
Ainsi, abaisse-toi et D. t'élèvera"
[Iguéret haRamban]

-> Lorsque Kayin a vu que D. avait accepté l'offrande de Hével, il n'a pas pu supporter d'admettre la supériorité de son frère, car elle faisait ressortir son échec.
Il a tué son jeune frère uniquement parce qu'il ne pouvait pas admettre qu'il était inférieur à lui.

Le Ramban commente les paroles de D. à Kayin (Béréchit 4,7) en disant que s'il s'était amélioré et avait dominé sa jalousie envers son frère, D. l'aurait élevé à un niveau où il aurait eu plus d'honneurs que Hével.

=> Le meilleur moyen de se priver d'honneurs, c'est d'y porter son attention ...
[en cherchant à en avoir, ou en cherchant à ne pas en avoir!]

N'oublions pas que chaque honneur dans ce monde ne vient qu'après un décret de D.
Pourquoi alors s'en préoccuper : si D. pense que c'est bien pour moi j'en aurai, sinon j'ai beau faire tous les efforts du monde, je n'en aurai pas.

Tâchons plutôt (b"h) d'investir notre temps et nos forces à apprécier la chance que l'on a d'être en vie, toutes les bonnes choses dont D. nous comble.

Pourquoi lire Ruth à Shavouot?

-> "Pourquoi lit-on le livre de Ruth à Shavouot?
C'est parce que ce livre est fondé tout entier sur la générosité, et que la Torah, qui a été donné à Shavouot, est pure générosité elle aussi, comme il est dit :"une Torah de bonté sur sa langue" (Michlé 31,26)."
[midrach Léka'h Tov]

-> "Rabbi Zeïra demande : Pourquoi le livre de Ruth, qui ne contient ni règles de pureté, ni règles d'impureté, ni commandements positifs ou négatifs, a-t-il été écrit?
Pour t'apprendre le salaire important qui attend ceux qui pratiquent la bonté!"
[midrach Ruth rabba 2,15]

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-> "Rabbi Chmalaï explique : La Torah débute par un acte de bienfaisance, comme il est écrit : "D. fit pour l’homme et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (Béréchit 3,21), et se termine également par un acte de bienveillance, comme il est écrit : "Il [selon Rachi : D. Lui-même] l’enterra (Moché) dans la vallée." (Dévarim 24,6)"
[guémara Sota 14a]

-> Le rav Wolbe de dire :
"La Torah aurait très bien pu débuter par l’énoncé de ses premiers commandements.

Si la Torah débute et se termine par la narration d’un acte de bonté, c’est que la bonté est son essence même."

=> Nous lisons la méguilat Ruth qui est remplie d'actes de bonté du début à la fin, le jour du don de la Torah, qui commence et se termine elle-même par un acte de bonté.

La Méguilat Ruth

+ La Méguilat Ruth

-> "Me séparer de vous et de la Torah, c'est me séparer de la vie même!"
[Paroles de Ruth à Naomi - midrach Ruth rabba 3,5 - avec Yeffé Anaf]
Le Rokéa'h dit que pour Ruth, Naomi représente la Torah, et elle veut s'y attacher éternellement pour rester en vie.

-> "J'aime Hachem et la Torah d'un amour sincère et profond. Je veux me joindre à Son peuple quoi qu'il advienne.
Je veux partager son destin même si cela signifie l'exil ou les souffrances"
[Paroles de Ruth à Naomi - rapporté dans le Echkol HaKofer de Yéhouda Hadassi]

-> La présence de Ruth en pays de Moav réduisait l'immoralité qui y régnait, et après qu'elle soit partie en Israël, la débauche va se réinstaller.
Il s'est produit la même chose lorsque Yaakov a quitté Béer Chéva, et qu'il a laissé un grand vide, car la présence d'un juste dans une ville fait sa fierté et sa joie.
[midrach Ruth rabba 2,12]

-> Sur le chemin vers Israël, Naomi a demandé par 3 fois à Ruth et à Orpah de rentrer chez elles.
De façon analogue, un candidat à la conversion est repoussé 3 fois avant d'être accepté au sein du judaïsme afin, entre autres, d'authentifier et de confirmer que son désir de conversion est total et sans réserve.

-> "Elles ont élevé la voix et ont pleuré de nouveau. Orpa a embrassé sa belle-mère mais Ruth s'est jointe à elle" (Méguilat Ruth 1,14)
Le Méam Loez commente : Nos Sages déduisent que par le mérite des 4 larmes que Orpa a versée [évoquées par les 4 mots : "vatisséna kolan vativkéna od" - Elles ont élevé la voix et ont pleuré de nouveau], 4 puissants guerriers allaient descendre d'elle.
Il est écrit : "Ces 4 [hommes] sont nés de Harafa à Gat" (Chmouël II 21,22) ; il s'agit de Sag, Madon (Lahmi), Goliath et Yichbi" ...
Des générations après la séparation des 2 belles-sœurs (Orpa et Ruth), les 4 guerriers descendants de Orpa ont été tués par David, arrière petit-fils de Ruth, et ses hommes (Divré haYamim I 20).

-> "Le fils de celle qui a embrassé sa belle-mère tombera (il s'agit de Goliath qui est un descendant de la sœur de Ruth : Orpah, et qui a préféré retourner chez elle plutôt que de suivre Naomi) devant le fils de celle qui s'est attachée à sa belle-mère (il s'agit de David, descendant de Ruth, qui est restée fidèle à Naomi)."
[guémara Sota 42b]

-> Goliat était le fils d'Orpa. Par le mérite de sa mère, qui a marché 40 pas avec sa belle-mère Noémie avant de la quitter et d'abandonner sa foi, Goliat a bénéficié de 40 jours où il a pu se tenir devant les Bné Israël pour les provoquer.
[midrach Ruth rabba 2,20]
[issu de : https://todahm.com/2014/12/21/un-nouveau-regard-sur-la-declaration-du-shema-israel ]

-> Selon le midrach (Ruth rabba 7,14), Ruth était stérile et ne pouvait pas avoir d'enfant sans intervention miraculeuse.
Mais lorsqu'elle s'est mariée avec Boaz, elle a eu un fils.

-> Selon le midrach (Ruth rabba 3,6), Ruth est arrivée en Israël (Beth Lé'hem), le jour même où Boaz a perdu son épouse.
Ce n'est pas une coïncidence, au contraire, celui-ci pleurera son épouse défunte, le décor se mettant en place, afin que lorsque tout sera prêt et que Boaz songera à se marier, Ruth fasse son apparition.

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-> Selon le Yérouchalmi (Yébamot 48b), on a dit à Ruth que si elle était arrivée 2 ou 3 jours plus tôt, sa conversion n'aurait pas été acceptée, car la loi juive n'avait pas encore été débattue et tranchée, en ce qui concerne une femme de Moav.

En effet, Boaz et les autres sages du beit din, ont tranché cette question, qui était laissée en attente depuis la mort de Moché, statuant qu'à l'inverse des hommes, les femmes de Moav sont autorisées à se convertir à la religion juive.

La Torah dit : "Un Amonite et une Moabite ne seront pas admis dans l'assemblée de D. [...] parce qu'ils ne vous ont pas offert le pain et l'eau à votre passage, au sortir d'Egypte ..." (Dévarim 23,4-5)
Les Sages en déduisent que les femmes qui, de façon naturelle, ne sortent pas de chez elles, n'avaient aucune obligation d'offrir du pain et de l'eau aux juifs, et qu'elles ne sont pas concernées par l'interdiction de la Torah, et elles peuvent se convertir.

Nos Sages (guémara Yébamot 77b) disent que c'est uniquement à l'époque du roi David que le peuple juif va accepter totalement ces loi.

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-> Ruth va dans les champs pour glaner, profitant de la mitsva du lékét, c'est-à-dire la possibilité de ramasser les 1-2 épis que les moissonneurs laissent tomber par inadvertance, après avoir ramassés ce qu'ils ont fauché.

Suite à ses prières et grâce à ses mérites, Hachem va lui envoyer un ange pour la guider vers les champs de Boaz, qui sera son futur mari.
[Léka'h Tov - sur Ruth 2,3]

-> Le 1er jour où Ruth va glaner dans son champ, Boaz qui se rend rarement sur place, laissant sa gestion courantes à des hommes de confiance, va ressentir un besoin urgent d'y aller voir ce qui s'y passe.
Hachem fait germer cette idée dans son esprit et l'oblige à y aller et à y rencontrer Ruth, sans qu'il ne sache lui-même pourquoi il va voir ses champs.
[Rav Vidal haTsarfati]

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-> Ruth demande au contre-maître l'autorisation de glaner, bien que ce ne soit pas nécessaire .
Tout en glanant, elle a soin de garder une petite distance entre elle et les moissonneurs, et les autres glaneurs (Malbim).
Elle se fait discrète évitant de parler à haute voix, et d'engager la conversation avec les hommes.

Évitant soigneusement de se pencher en avant, elle se baisse avec beaucoup de pudeur pour ramasser les épis (midrach Ruth rabba 4,5).
Pour travailler plus vite, les autres glaneuses soulèvent continuellement le bas de leur jupe et leurs manches afin de remplir leurs sacs de blé et les porter.
Souvent, elles se permettent de prendre plus d'épis que la Torah ne les y autorise, se disant que Boaz le leur permettrait sûrement.
Ruth était prête à prendre le risque de ne rien trouver pourvu qu'elle ne compromette pas sa pudeur.

Si elle voit quelqu'un regarder dans sa direction, elle se tourne modestement de côté, ce qui ne l'empêche pas de toujours offrir son aide aux femmes qui glanent avec elle.

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-> Autour de Ruth flotte une aura de sainteté et de grandeur, qui provient de l'ange qui l'a escorté [jusqu'au champ de Boaz].
[Echkol HaKofer - sur Ruth 2,4]

-> Boaz lui dira entre autre :
"La bénédiction repose partout où tu poses les yeux car tu ne te sers de ton regard qu'avec réserve et modestie. Pose donc tes yeux sur mes champs et donne la bénédiction à mes récoltes"
[Zohar Vayakel 217b ]

"Ta conversion est une preuve de ton altruisme car tu as agi pour l'amour de D.
En un sens, tu as agi avec une foi encore plus totale que celle d'Avraham, le 1er de nos Patriarches, qui a quitté la maison de son père qu'après en avoir reçu l'ordre explicite de D., tandis que toi, ma fille, tu l'as fait de ta propre initiative alors que tu avais une vie pleine de promesses toute tracée devant toi! [elle a renoncé à la riche royauté de Moav, pour une vie juive dans la pauvreté] ..."
[Iguéret Chmouël - Ruth 2,12]

"La noblesse de tes sentiments te fera mériter de retrouver tout ce que tu as sanctifié.
Je vois par inspiration divine que des rois, des érudits et des prophètes descendront de toi.
Tu verras ton arrière petit-fils assis sur le trône d'Israël, et tu seras assise à ses côtés ...
Tu mériteras une place à côté de nos Matriarches : Sarah, Rivka, Ra'hel et Léa."
[le Targoum]

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-> Ruth va glaner inlassablement pendant 3 mois, jusqu'à ce que la moisson s'achève.
Selon le Tiféret Tsion (sur ce midrach Ruth rabba 5,11), Boaz n'est plus entré en contact avec Ruth pendant ces 3 mois.

C'est à ce moment, alors que l'on célèbre la fin de la récolte, que Naomi va forcer le destin en envoyant Ruth s'allonger aux pieds de Boaz, alors qu'il dort profondément, en lui découvrant le bas des pieds, et après s'être enduite d'huile parfumée, de s'être revêtue de ses habits de Shabbath, et de s'être parer de ses bijoux.

-> Tous nos Sages sont d'accord sur le fait que Naomi a bien agi.
Le 'Hafets 'Haïm écrit à ce sujet : "Le Satan cherche à empêcher les choses les plus grandes et élevées et il n'y a pas d'autre solution que de prendre une voie détournée, c'est-à-dire de procéder d'une façon interdite en apparence afin de donner un appât au Satan, car si l'on faisait les choses d'après la voie droite, la voie de la Torah, le Satan se porterait en accusateur et la chose ne se réaliserait pas en pratique".

-> L'huile, signe de royauté, symbolise que la rencontre de Ruth avec Boaz donnerait une descendance des rois.

-> Le fait de lui découvrir le bas des pieds est une allusion au fait que lorsqu'une personne susceptible de faire le yiboum (lévirat) refuse de prendre la veuve du défunt pour épouse, on procède à ce qu'on appelle la 'halitsa, et la veuve lui retire sa chaussure.

-> Le mérite de la Torah qu'a étudiée Boaz l'a empêché de commettre une faute avec Ruth (Chorèch Yichaï).
De plus Hachem l'a aidé à ne pas maudire, se mettre en colère contre elle, par surprise de voir un corps à ses pieds.

-> Normalement la quantité de vin qu'avait bu Boaz aurait dû le garder endormi mais Hachem a veillé à ce qu'il se réveille à minuit pour que la rencontre avec Ruth puisse avoir lieu. [Eschkom haKofer]

-> En allusion aux 6 justes que Ruth va maître au monde (cf.point généalogie ci-dessous), Boaz va lui donner 6 séa d'orges.
De même que le sceptre de A'hachvéroch s'est allongé de façon miraculeuse, le châle de Ruth s'est suffisamment élargi pour contenir la quantité de grains. [le 'Helek bné Yéhouda]

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-> Tov, frère d'Elimélé'h, avait priorité sur Boaz pour se marier avec Ruth, en accomplissant la mitsva du yiboum.
En présence des sages du beit din, Boaz va recueillir le renoncement de Tov, lui donnant alors champ libre pour se marier avec Ruth.

Tov sort rarement de chez lui, et encore moins au beit din.
Selon le Léka'h Tov, Hachem va lui envoyer un messager divin qui lui fera prendre, tout à coup, la direction de la porte de la ville bien qu'à priori, il n'ait eu aucune raison de se rendre de ce côté là.
Le midrach (Ruth rabba 7,7) dit que puisque tous les intervenants ont fait le maximum en prières et en actions, alors Hachem "va y mettre du sien", et même si Tov aurait été à l'autre bout du monde, il serait arrivé immédiatement à la porte de la ville, afin que Boaz n'ait pas à l'attendre.

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-> Lors du mariage de Boaz et de Ruth, c'était à qui les couvrira des bénédictions les plus généreuses, chacun rivalisant d'imagination pour exprimer sa joie et son admiration.
[le Malbim]

-> Selon Ruth Zouta, Boaz est mort la nuit même de son mariage, mais tous les commentateurs ne sont pas d'accord à ce sujet.

A l'image de nos matriarches, Hachem va faire un miracle afin que Ruth puisse avoir un enfant, malgré le fait qu'elle soit stérile (midrach Ruth rabba 7,14).
Afin de taire toute mauvaise rumeur sur sa légitimité, Hachem va faire en sorte que cet enfant naisse exactement 9 mois, jour pour jour, après le mariage. [guémara Nidda 38b]

La naissance est facile et sans douleur, et il va naître tout comme Moché déjà circoncis. [Méam Loez]
Cette enfant va s'appeler : Ovèd. Il est l'une des très rares personnes qui ne va commettre aucune faute durant toute sa vie.
Il va mettre au monde le père du roi David : Yichaï.

-> Ruth va vivre assez longtemps pour voir son arrière petit-fils : David, monter sur le trône.
En effet, selon le midrach, à la mort du roi David, lorsque Chelomo a été appelé à régner, Ruth avait sa place à côté de lui.

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+ Au moment du mariage entre Boaz et Ruth :
-> Ruth a alors 40 ans, mais a l'air très jeune, comme notre matriarche Sarah (michnat rav Eliézer sur Ruth 2,5).
-> Boaz a 80 ans à cette même époque.
-> Boaz est le président du Sanhédrin, ce qui signifie que de fait, c'est lui qui dirige le peuple.
[midrach Ruth rabba 5,10]

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+ Point généalogie :

Na'hon ben Aminadav est le prince de la tribu de Yéhouda pendant la traversée du désert, et il s'est rendu célèbre en faisant preuve d'une foi inébranlable lorsqu'il se jettera dans les eaux de la mer Rouge, qui s'ouvriront suite à cela, laissant le passage à tout le peuple juif.
Il a 5 enfants, dont Elimélekh, Salmon et Tov.

Elimélékh épouse sa nièce, Naomi, fille d'un autre fils de Na'hchon.
Salmon va donner naissance à Boaz.
De l'union entre Ruth et Boaz, naîtra un fils (Ovèd), qui donnera naissance à Yichaï, le père du roi David.

Nos Sages (guémara Sanhédrin 93b) citent les 6 justes que va engendrer Ruth : David, 'Hizkiyahou, Yochiyahoun 'Hanania, Michaël, Azaria et le Machia'h.
['Hanina, Michaël et Azaria étant considérés comme une seule entité]

Loth, le neveu d'Avraham, après la destruction de Sodome et Gomorhe, va avoir des relations incestueuses avec ses filles, persuadées que le monde a été entièrement détruit et qu'elles et leur père en sont les seules survivants.
L'une de ces filles donne naissance à un fils qu'elle nomme Moav, père de la nation Mabite.

Balak et son fils Eglon ont régné successivement sur Moav.
Eglon a pour filles : Ruth et Orpah.
Ruth va être à l'origine de David, et Orpah de Goliath.
Chlomo, arrière petit-fils de Ruth, va construire le 1er Temple.