+ Souccot = une période de téchouva motivée par l'amour (d'après le rabbi Dovid Hofstedter) :
-> A la sortie de Yom Kippour, chaque juif, a passé la journée, plongé dans le repentir et s'est efforcé de vaincre son yétsèr hara. Il s'est élevé dans son dévouement pour D. et s'est dissocié de la faute. La plupart des gens ont cependant tendance à reprendre leurs habitudes passées après Yom Kippour.
Comme le dit Rav Eliyahou Eliézer Dessler (Mikhtav méEliyahou Vol.1) : "Motsaé Yom Kippour... dès la fin du jeûne, la plupart des gens rejettent le joug de Yom Kippour, le joug de leurs pensées, et plus profondément, le joug de leurs résolutions".
La raison en est que la téchouva de Yom Kippour est le produit de la crainte du jugement divin. Il est donc naturel qu'une fois le jugement terminé, la crainte se dissipe et que de nombreuses personnes se rendent compte que leurs bonnes résolutions se sont affaiblies.
Si une personne désire faire une téchouva durable et démontrer qu'elle a sincèrement l'intention d'améliorer sa conduite, elle doit prendre des mesures pour éviter la régression typique qui suit Yom Kippour. La façon de le faire, c'est de s'investir dans la forme de repentir capable de créer un changement permanent : la techouva motivée par l'amour de D.
C'est pourquoi la fête de Souccot, où le peuple juif a le devoir de se réjouir, suit immédiatement Yom Kippour.
Servir D. avec joie pendant Souccot donnera un caractère permanent à la téchouva de Yom Kippour, car la téchouva réellement susceptible de produire un changement permanent est celle qui vient de l'amour pour Hachem.
Le midrach (Tan'houma - Emor 22) dit : "A Yom Kippour, tous les Bné Israël jeûnent et demandent la pitié, hommes, femmes et enfants, et D. leur pardonne tout, comme il est écrit : 'Car ce jour-ci, il fera expiation pour vous' (A'haré Mot 16,30). Que fait le peuple juif ? Ils prennent leurs loulavim le premier jour de Souccot et louent D., Hachem leur répond, leur pardonne et leur dit : Voyez, Je vous ai pardonné toutes vos fautes passées".
Cela veut dire que la réjouissance de Souccot permet à l'expiation de Yom Kippour de purifier le peuple juif de ses fautes.
D'après notre discussion, la raison en est claire : la joie de Souccot crée la techouva par amour (méaava) qui suit la téchouva par crainte (méyira) de Yom Kippour. Elle parachève le repentir de Yom Kippour et conduit à une expiation complète.
=> Selon cette explication, les 10 jours qui séparent Yom Kippour de Hochana Rabba sont désignés pour la téchouva par amour, de même que les 10 jours de téchouva sont 10 jours désignés pour le repentir par crainte d'Hachem.
Ce 2e cycle de 10 jours termine l'avoda des 10 jours de repentir (Assérèt Yémé Techouva).
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-> Ceci explique pourquoi la "clôture du jugement" de Yom Kippour n'est pas réellement réalisée avant Hochana Rabba. A la fin de Yom Kippour, il n'est pas certain que la téchouva d'un homme sera durable. Mais lorsqu'il atteint des sommets spirituels plus élevés à Souccot et réussit à servir D. avec joie, cela montre clairement que son repentir est authentique et constant. Il mérite alors vraiment le jugement favorable qui a été scellé pour lui à Yom Kippour.
[Hochana Rabba n'est pas compris dans ces 10 jours, car le peuple juif est jugé au tout début de Hochana Rabba pour ses actes des 10 jours précédents, le jugement céleste pour chaque personne est rendu au début de la nuit de Hochana Rabba (comme l’indique le Zohar Béréchit 220a). ]
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-> "Yom Kippour, tout le monde jeûne ... hommes, femmes et enfants, et D. leur pardonne tout... Une Voix céleste émane et leur dit : 'Va manger ton pain dans la joie' car votre prière a été entendue"
[midrach Kohélèt rabba 9,7]
-> Les 5 jours entre Yom Kippour et Souccot, y compris le premier jour de Souccot, sont des jours de joie pour le peuple juif car leurs fautes ont été expiées"
[Daat Zekénim, Bamidbar 11,19]
-> "Juste après Yom Kippour, chacun doit commencer à construire sa soucca. Comme les jours de repentir sont achevés et que c'est le premier jour où l'on risque d'en venir à fauter, D. en préserve, il faut le commencer par une mitsva afin d'accomplir le verset : 'Ils iront de force en force' "
[Maharil - Minhaguim, Hilkhot Souccot 1]
-> Rabbi Dovid Hofstedter (Darach David) explique :
D'après ce que nous avons vu, la "joie" de la sortie de Yom Kippour n'est pas facultative mais quasiment obligatoire, car elle amorce l'étape suivante de la téchouva.
La sortie de Yom Kippour est semblable à un Yom Tov (Tossafot haRoch - guémara Béra'hot 26a) car c'est le moment où nous faisons la transition vers le service de D. dans la joie. Cette façon de Le servir montre que notre repentir provient de l'amour pour Hachem.
La joie atteint son apogée à Souccot où nous avons le devoir de nous "réjouir devant Hachem ton D.".
C'est le sens du commentaire du Daat Zekénim (cité ci-dessus) disant que les 5 jours compris entre Yom Kippour et Souccot, puis Souccot, sont "des jours de joie pour les Bné Israël car leurs fautes ont été expiées".
Cela explique aussi le lien entre les 2 halakhot de Motsaé Yom Kippour exprimées par le verbe "aller".
Ces 2 halakhot (manger un repas de fête après le jeûne et commencer la construction de la Soucca) ont un dénominateur commun : servir D. dans la joie dès la fin de Yom Kippour.
L'expression "aller" évoque la transition entre une forme de téchouva et l'autre. L'injonction "d'aller de force en force" évoque cette transition qui nous fait passer du repentir mû par la crainte au repentir mû par l'amour de D., et qui nous conduira au point culminant de notre avoda à ce moment de l'année.
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-> Ainsi, à Roch Hachana et Yom Kippour, il y a une téchouva dont la dominante est par la crainte (jugement stricte par le Roi des rois), cela permet de mieux passer à Souccot où la majeur est la téchouva par amour (confiance d'avoir été jugé par papa Hachem, dans la Soucca qui est une étreinte Divine).
En effet, plus on a conscience de la rigueur, de la grandeur d'Hachem, plus on pourra apprécier d'être sorti vainqueur du jugement, d'avoir une relation privilégiée avec Hachem.
La téchouva par crainte est moteur, sublime, la crainte par amour. [à l'image d'un ressort, qui plus se rétracte (la crainte), va plus se détendre (l'amour - s'élançant vers l'aimé : D.).]
-> b'h, voir également : La téchouva par crainte et la téchouva par amour : https://todahm.com/2022/09/28/la-techouva-par-crainte-et-la-techouva-par-amour