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La mort d’un tsadik, similaire à une destruction du Temple

+ La mort d'un tsadik, similaire à une destruction du Temple :

-> Lorsqu'un grand tsadik (juste) disparaît, le monde juif tout entier est plongé dans le deuil, et même si l'on ne connaissait pas personnellement le tsadik, la perte est palpable. Pourquoi en est-il ainsi?

Le guémara (Béra'hot 8a) affirme que lorsque le Temple a été détruit, une partie de la présence Divine (Chékhina) a été enlevée. Où se trouve la manifestation de D. après la destruction?
Le guémara répond dans les 4 coudées de la Halakha (loi juive).
["Tout ce qu'Hachem a dans ce monde, ce sont les 4 coudées de la Torah" (én lo l'Hachem béolamo éla arba amot chel halakha bilvad) ]

Le Rambam interprète cette déclaration comme signifiant que la présence de D. repose sur les tsadikim (les justes) de chaque génération.

Peut-on alors s'interroger sur la réaction du peuple juif à la disparition d'un tsadik?
Lorsqu'un tsadik quitte ce monde, c'est comme si devant nos yeux le Temple avait été détruit, et nous sommes affligés et pleurons en conséquence.
[ rav Yonathan Eibshitz - Yaarot Dvach 2,3 ]

La force du regard d’un tsadik

+ La force du regard d'un tsadik :

"Yaakov leva ses yeux et vit" (Vayichla'h 33,1)

=> Pourquoi ne suffit-il pas de dire que "Yaakov a vu", qu'ajoute-t-on en disant qu'il a "levé les yeux" ?

-> Le Sifté Tsadik (ot 29) explique que la vision d'un tsadik est extrêmement puissante. Comme nous le constatons dans de nombreux cas, son simple regard sur une personne racha peut la détruire (voir Sanhédrin 100a).
Il a également la capacité d'élever celui qui est regardé (midrach Tan'houma Vayéchev 9).

En posant son regard sur Essav, Yaakov espérait attiser cette petite étincelle de bonté qui existe même chez les personnes apparemment les plus incorrigibles. S'il avait réussi, Essav aurait battu en retraite.
Bien qu'il n'y soit pas parvenu, son regard a engendré chez Essav un amour sincère à son égard, et éprouver de l'amour pour un tsadik, même brièvement, n'est pas un accomplissement insignifiant.

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[on voit l'importance de fréquenter des tsadikim, car rien que leur regard peut importer une personne qui est aussi racha que Essav. ]

Les paroles d’un tsadik illuminent et purifient ceux qui les entendent

+ Les paroles d'un tsadik illuminent et purifient ceux qui les entendent :

"Et voici que tes yeux voient... que c'est ma bouche qui te parle" (Vayigach 45,12)

-> Le rav Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi) explique ce verset en citant son rabbi, le Maggid de Mézéritch, qui a dit que tout comme il y a de la lumière et de l'obscurité dans le monde, il y a aussi de la lumière et de l'obscurité à l'intérieur de chaque personne.

Le rav de Berditchev ajoute que lorsqu'une personne entend les paroles d'un tsadik, cela fait ressortir la lumière qui est en elle.
Ainsi, le verset dit que leurs yeux ont pu voir parce qu'ils ont été illuminés et purifiés lorsqu'ils ont vu que la bouche d'un tsadik leur parlait.

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-> La force de se lier à un tsadik : https://todahm.com/2024/11/12/la-force-de-se-lier-a-un-tsadik
-> La force du regard d'un tsadik : https://todahm.com/2025/02/23/la-force-du-regard-dun-tsadik

Se rendre sur la tombe d’un tsadik, par l’étude de ses enseignements

+ Se rendre sur la tombe d'un tsadik, par l'étude de ses enseignements :

-> Le Méor Enayim (Yisma'h Lev - Shabbath) écrit que chaque fois que les paroles d'un sage de la Torah sont étudiées, ces paroles, les enseignements du tsadik, sont l'essence même de ce tsadik.
Et comme on le sait (guémara Yébamot 97a), lorsque les enseignements de la Torah de quelqu'un sont répétés dans ce monde, ses lèvres bougent dans sa tombe, comme s'il répétait ces mêmes mots de Torah.

Le Méor Enayim suggère que l'étude des œuvres/enseignements d'un tsadik, équivaut, dans une certaine mesure, à prier sur la tombe de ce tsadik. En effet, l'essence du tsadik est enfouie dans ses enseignements, et en les étudiant, on se connecte à ce tsadik au plus haut niveau.

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-> b'h, à ce sujet voir aussi : L'incroyable impact d'étudier la Torah : https://todahm.com/2024/10/06/lincroyable-impact-detudier-la-torah

Les tsadikim doivent faire face aux difficultés

+ Les tsadikim doivent faire face aux difficultés :

"Yaakov s'installa dans le pays du séjour de son père, dans le pays de Canaan" (Vayéchev 37,1)

-> Rachi cite le midrach (Béréchit rabba 84,3) qui dit que Yaakov désirait vivre dans la sérénité.
Hachem dit : "Ce que j'ai préparé pour les tsadikim dans le monde à Venir (olam aba) n'est-il pas suffisant? Souhaitent-ils eux aussi vivre dans la sérénité dans le monde?"

-> Le séfer Tséma'h David pose la question suivante : Qu'y a-t-il de mal à ce que les tsadikim souhaitent vivre en paix? N'avons-nous pas constaté qu'Hachem promet la sérénité à ceux qui accomplissent les mitsvot à de nombreuses reprises (par exemple dans Bé'houkotaï 26,6 : "Et je donnerai la paix au pays")?

Il répond que la voie des vrais tsadikim est de servir Hachem avec un amour extrême. Leur amour pour Hachem est si grand qu'il enveloppe tout leur corps et qu'ils deviennent si enthousiastes qu'ils sont sur le point de voir leur âme quitter leur corps. Ils annulent littéralement tout leur être à Hachem et mettent leur vie en jeu pour Le servir.

En raison du grand amour d'Hachem pour eux, Il les force à perdre momentanément de vue leur amour total pour lui, afin qu'ils puissent rester parmi les vivants. Il leur envoie des difficultés terrestres qu'ils sont obligés de gérer, afin qu'ils n'atteignent pas le point de quitter ce monde à la suite de leur avodat Hachem enthousiaste.

Cette explication est en accord avec les mots du rabbi d'Apta, qui demande pourquoi Hachem a créé ce monde de telle sorte que les tsadikim doivent faire face à des problèmes en permanence.
Par exemple, pendant une grande partie de la journée, des gens viennent les voir pour leur parler de leurs problèmes de santé, de subsistance, de shiddou'him, ...
Ne serait-il pas préférable que les tsadikim puissent étudier et servir Hachem en toute tranquillité toute la journée?

Le rabbi d'Apta répond que parce qu'Hachem aime tellement les tsadikim, Il désire les entendre. Il veut qu'ils prient pour Lui, et il leur envoie donc des raisons de le faire constamment.
Il ajoute que les tsadikim servent Hachem avec un tel feu et une telle passion qu'ils risquent d'être brûlés et de cesser d'exister dans ce monde. C'est pourquoi Hachem a pitié d'eux et leur envoie des gens avec leurs problèmes. Cela les oblige à redescendre quelque peu de leur niveau élevé afin de traiter ces questions.

En conséquence, Rachi dit que Yaakov aimait tellement Hachem qu'il voulait Le servir toute la journée. Il ne voulait pas être occupé par des soucis et des problèmes.
Cependant, Hachem ne voulait pas qu'il en vienne à cesser d'exister à cause de sa passion ardente. C'est pourquoi Il envoya les difficultés de Yossef.
Il a dit qu'Il ne voulait pas seulement que Yaakov Le serve paisiblement dans le monde à Venir. Il voulait aussi qu'il Le serve dans ce monde. C'est pourquoi il a décidé de ne pas lui permettre de Le servir jusqu'à ce qu'il ait atteint le degré d'auto-annulation (comme cessant d'exister dans ce monde), et il a abaissé son niveau quelque peu en le forçant à se concentrer sur d'autres choses.

[ nos tsadikim peuvent tellement être lié au Ciel (comme déjà entièrement dans le monde à Venir), qu'ils peuvent en arriver à cesser d'être dans ce monde. En ce sens, Hachem peut leur envoyer des difficultés à gérer (sur eux, ou en autrui), afin qu'ils aient les pieds sur terre, et se tournent vers Lui en prières et en avodat Hachem. ]

La force de se lier à un tsadik

+ La force de se lier à un tsadik :

-> "La lumière des tsadikim ... brille pour le monde entier comme le soleil. Celui qui ouvre ses fenêtres voit la lumière se déverser en lui.
De même, celui qui se rapproche des tsadikim atteint la sainteté et l'expansion de l'âme grâce à la lumière des tsadikim.

Cela n'est pas seulement vrai lorsque le tsadik est vivant dans ce monde, mais aussi lorsqu'il est passé dans l'autre monde. Parfois, dans le monde supérieur, une personne est conduite sur un chemin inconnu, dans l'obscurité et dans l'ombre de la mort. Et soudain, une lumière brille pour cette âme.
D'où vient cette lumière? C'est la lumière de l'âme du tsadik auquel cette personne a été reliée de son vivant, personnellement ou par ses enseignements.
De même, dans ce monde, il arrive qu'une personne ressente une élévation dans sa sainteté et son service d'Hachem, dans sa volonté et ses pensées, apparemment venue de nulle part. Il s'agit d'une révélation de la sainteté du tsadik auquel la personne est liée, qui s'éveille maintenant en elle".
[rabbi Klonimus Kalman de Piaseczna - séfer Déré'h haMélé'h - Yitro 5690]

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-> "La lumière des tsadikim apporte la joie" (ohr tsadikim yisma'h - Michlé 13,9).
Ainsi, ouvrons les fenêtres de notre âme et laissons entrer leur lumière, pour apprécier la vie selon la Vérité Divine.

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-> Hachem accomplit la volonté des tsadikim, parce qu'ils font régner la paix dans les hautes sphères [célestes].
[Zohar - Mikets p.194b]

-> Heureux sont les Justes (tsadikim) ici-bas et dans le monde futur. Bien qu'ils se trouvent dans les sphères Supérieures, leur mérite subsiste pendant des générations.
Quand les Bné Israël se repentent après qu'un décret a été prononcé contre eux, Hachem appelle les Justes qui se tiennent devant Lui tout en Haut, leur fait connaître ce décret et ils parviennent à l'annuler en suscitant la miséricorde divine.
Heureux sont les Justes, car il est dit au sujet de chacun d'entre eux : "Hachem te guidera constamment et prodiguera à ton âme des jouissances pures" (Yéchayahou 58,11).
[Zohar - 'Houkat 183a]

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-> voir aussi : Les paroles d'un tsadik illuminent et purifient ceux qui les entendent : https://todahm.com/2025/02/23/les-paroles-dun-tsadik-illuminent-et-purifient-ceux-qui-les-entendent

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-> Pourquoi le récit de la mort de Myriam fait-il immédiatement suite au chapitre sur la vache rousse?
Pour t’enseigner que, de même que les offrandes procurent l’expiation, de même la mort des justes (tsadikim) procure-t-elle l’expiation [des fautes d'Israël] (guémara Moéd katan 28a).
[Rachi - 'Houkat 20,1]

=> A première vue, le fait que la mort d'un homme puisse constituer un sacrifice expiatoire pour les fautes des autres est une idée choquante, étrangère au judaïsme qui insiste sur la responsabilité de chacun, comme il est dit (II Méla'him 14,6) : "Chacun mourra par son péché", et non pour expier ceux des autres.

-> Selon le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach 1,4), la Torah a comparé la mort des Justes (tsadikim) à la purification par les cendres de la vache rousse, car il s'agit dans les deux cas de décrets divins irrationnels et inexplicables.

En revanche, d'après le Chla hakadoch (sur le traité Taanit), la mort d'un tsadik n'est pas un expiatoire en soi ; elle apporte le pardon, car la disparition d'un homme important, à la conduite exemplaire, provoque un choc salutaire en faisant prendre conscience de la fragilité de l'existence et éveille au repentir, de même que la vache rousse réduite à un tas de cendres purifie le corps et l'esprit de celui qui a été en contact avec un mort.

[ex: de voir que même un géant spirituel, un ange humain meurt nous fait prendre conscience que nous aussi nous mourrons ; de plus, on peut avoir tendance à se reposer sur un grand tsadik en se disant qu'on est protégé, qu'on ne se tourne pas totalement vers Hachem se disant que le tsadik va nous aider par ses mérites, et en constatant sa disparition, on réalise que l'on n'a plus que Hachem sur qui compter par être sauvés! ; ... ]

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+ "La sagesse est avec les humbles"
[Michlé 11,2 ]

-> Selon la guémara ('Houlin 92a), il existe : "45 tsadikim, par le mérite desquels le monde continue d'exister".
Nos Sages discutent du nombre de ces justes (tsadikim) qui se trouvent en terre d'Israël et du nombre de ceux qui sont en exil à Bavel : "la plupart d'entre eux se trouvent dans la synagogue, dans la pièce d'en haut", c'est-à-dire cachés parmi les masses non honorées.

-> Rabbi Zvi Elimélé'h de Dinov (Bné Yissa'har - chap. sur 'hodech Nissan) parle de "grands justes (tsadikim) de chaque génération qui pouvaient accomplir des actes merveilleux ... ils ne sont pas connus du public ; parfois ils sont des coupeurs de bois ou des tireurs d'eau".

-> La guémara (Sanhedrin 97b) parle de 36 tsadikim cachés :
"Le monde ne compte pas moins de 36 tsadikim dans chaque génération qui saluent la Chékhina, comme il est dit : "Heureux tous ceux qui L'attendent" (Yéchayahou 30,18)"."

Cependant, Rava répond par une source suggérant qu'il y a 18 000 juifs tsadikim qui saluent la Chékhina à chaque génération.
La guémara réconcilie cette contradiction apparente en affirmant que seuls 36 voient la Présence divine "avec une vision complètement illuminée" (béispaklaréya méira), tandis que des multitudes voient la Présence divine avec moins de clarté" (béispaklaréya chééna méira).

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-> La bénédiction ne se trouve que dans une matière cachée à l'œil.
[guémara Baba Métsia 42a]

Le sommeil : chez les tsadikim & réchaïm

+ Le sommeil : chez les tsadikim & réchaïm :

-> Le sommeil est considéré comme 1/60e de la mort (guémara Béra'hot 57b), et chaque individu fait l'expérience d'un avant-goût de son état futur pendant qu'il dort, que ce soit pour le bien ou pour le mal.
L'homme juste s'accroche à la Chékhina après sa mort. Pendant son sommeil, son âme monte dans la yéchiva céleste. L'âme, cependant, ne peut pas vivre pleinement cette expérience de son vivant lorsqu'elle est attachée au corps physique.
[ le rav 'Haïm de Volozhin assimile l'expérience du rayonnement de la Chekhina à la fréquentation de la yéchiva céleste. ]

Le racha doit faire l'expérience de la "kaf hakéla", l'errance de l'âme, à sa mort.
Pendant son sommeil, son âme connaît la souffrance de cette errance, mais à un niveau moindre.
Les justes (tsadikim) ajoutent donc des jours à leur vie, car leurs expériences nocturnes contribuent à leur perfection ; ils "vivent" même lorsqu'ils sont endormis.
Les réchaïm raccourcissent leur durée de vie. Car pendant la nuit, ils n'ont pas la plénitude de l'humanité, ils sont morts.
[rav 'Haïm de Volozhin - Roua'h 'Haïm - Avot 6,6 ]

[ le Gaon de Vilna (introduction au Sifra déTsniouta) explique que le but du sommeil est de libérer temporairement l'âme des entraves du corps. Même si une personne fait un effort maximal pour comprendre la Torah, il se peut qu'elle ne soit pas capable de comprendre certains concepts tant que son âme est emprisonnée dans son corps.
Pendant le sommeil, l'âme est libérée et devient capable de comprendre les concepts qui lui échappaient lorsqu'elle était éveillée. ]

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[ le concept de "kaf hakéla" est mentionné dans Chmouel I 25,29. La "Kaf hakéla" signifie : une fronde, un lance-pierres.
Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 2:18) explique que l'âme du racha, qui a consacré toute sa vie à des activités matérielles, redescendra à sa mort sur la terre, source de ses désirs. Cependant, elle sera d'abord amenée au ciel pour être jugée et montrer comment elle a remplacé les hauteurs par les profondeurs.
Il sera alors autorisé à descendre sur terre, tout comme une pierre tirée par une fronde doit descendre sur terre.

Le Radak comprend "kaf hakéla" comme l'existence de l'âme du racha après la mort, qui doit errer à toutes les extrémités des mondes, sans jamais trouver la paix.
Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.2) explique la nature de cette errance. L'homme racha conditionne son âme à ne rechercher que les plaisirs matériels. À sa mort, l'âme cherche à poursuivre sa pratique habituelle. Cependant, dans son nouvel état, l'âme est incapable d'acquérir des plaisirs physiques/matériels. Elle erre d'un bout à l'autre du monde dans une tentative vaine de satisfaire ses besoins.

Le rav 'Haim de Volozhin (Pirké Avot 2,2) explique qu'à chaque action d'un homme, son âme déclenche un flux de spiritualité dans les mondes supérieurs, pour le meilleur et pour le pire.
Ce flux s'accroche à l'âme même pendant la vie de l'homme, car l'âme jouit du plaisir ou souffre de l'inconfort de ces forces créées.
Après la mort de l'homme, ces forces sont sa récompense. Les forces du bien se rassemblent et forment un beau vêtement pour l'âme, tandis que celles du mal fusionnent pour former un vêtement sale.
Ces courants opposés ne peuvent coexister. C'est la kaf hakéla, l'âme luttant contre deux forces diamétralement opposées.

L’impact de la parole d’un tsadik

+ L'impact de la parole :

Hachem dit : "Je leur ai pardonné selon ta parole" (Chéla'h Lé'ha 14,20)

-> Rachi commente : "À cause de ce que tu [c'est-à-dire Moché] as dit : 'De peur que le peuple du pays d'où tu nous as fait sortir ne dise : 'C'est à cause de l'incapacité de D. à les faire entrer dans le pays ...'" (Ekev 9,28).
Qu'est-ce que Rachi essaie de nous dire exactement?

Il semblerait que Rachi ait à l'esprit ce qui suit :
Moché a prié Hachem au nom du peuple juif, arguant que la destruction du peuple juif entraînerait une profanation de Son Nom, comme le dit le verset : "Et l'Egypte entendra" (Chéla'h Lé'ha 14,13).
Cet argument est problématique. Toutes les pensées et les voies de l'homme sont entre les mains de D., qui peut les influencer à Sa guise. S'il en est ainsi, Il peut facilement modifier les pensées des nations, afin qu'elles ne pensent pas que D. a détruit le peuple juif parce qu'Il était incapable de le faire entrer dans la terre d'Israël, et de cette façon il n'y aurait pas de profanation de Son Nom.

L'explication est la suivante : La parole du tsadik a un impact à la fois en-Haut et en bas, comme il est dit : "Tu prendras une décision, et elle s'accomplira pour toi" (Iyov 22,28). [guémara Taanit 23a]
Cela étant, lorsque Moché a dit dans sa prière à Hachem qu'il y aurait, à D. ne plaise, une profanation de Son Nom si D. détruisait le peuple juif, sa déclaration même a assuré qu'il y aurait une profanation de Son Nom.

C'est à cela que Rachi fait allusion lorsqu'il dit : "A cause de ce que tu as dit".
D. dit à Moché : "Tes paroles auront certainement un impact, et les nations diront certainement ce que tu craignais qu'elles disent. Mais si tu n'avais pas dit : "De peur que les habitants du pays d'où tu nous as fait sortir ne disent : "C'est à cause de l'incapacité de D. à les faire venir dans le pays", les non-juifs n'auraient pas dit cela. Mais dès que tu as dit qu'ils diraient cela, ils le diront certainement", comme il est dit : "Tu prendras une décision, et elle s'accomplira pour toi."
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

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=> Une fois que Moché a parlé, même D., pour ainsi dire, a estimé qu'il était impossible d'aller à l'encontre de la parole de Moché.
En effet, Hachem lui-même a déclaré à propos des paroles d'un tsadik : "Tu prendras une décision, et elle s'accomplira pour toi" (Taanit 23a), indiquant ainsi qu'il s'agit bien de Sa volonté divine.

Les dangers possibles de la lecture de biographies de nos tsadikim

+ Les dangers possibles de la lecture de biographies de nos tsadikim :

-> Le rav Its'hak Hutner écrit :
"C'est une terrible maladie que nous avons : lorsque nous parlons de la grandeur de nos guédolim, nous ne parlons que des niveaux élevés qu'ils ont atteints à la fin de leur vie. Nous décrivons leur perfection phénoménale, mais nous ne mentionnons absolument pas les énormes luttes intérieures qu'ils ont traversées. Cela donne l'impression que ces personnes sont nées pleinement développées et déjà parfaites.

Tout le monde parle de la pureté de parole du 'Hafets 'Haïm, mais qui connaît ne serait-ce qu'un infime pourcentage des combats, des luttes, des échecs et des chutes qu'il a connus dans sa guerre contre le yétser ara?
Il en résulte que lorsqu'un jeune homme plein d'aspirations et d'énergie est confronté à des défis et à des échecs, il a l'impression de ne pas réussir dans le beit midrach, car il s'imagine que réussir signifie être assis calmement et satisfait, sans que le yétser ara ne le défie, comme un tsadik dans le Gan Eden jouissant de la félicité de l'autre monde ...

Mais mon cher ami, tu dois savoir que le but de ton âme n'est pas la tranquillité du yetser tov, mais plutôt les difficultés auxquelles tu devras faire face. Tu vas certainement tomber et échouer et tu continueras à le faire dans le futur, mais je te garantis qu'à la fin de tout, tu sortiras vainqueur de la guerre ...
Je vous demande, s'il vous plaît, de ne pas vous comparer aux grands guédolim qui contrôlent leur yétser. Imaginez plutôt leur grandeur dans l'élan de leur terrible guerre contre tous leurs désirs et toutes leurs pulsions.
Lorsque vous ressentez en vous les affres d'une lutte contre le yétser ara, vous devez réaliser qu'à ce moment-là, vous ressemblez beaucoup plus aux guédolim que lorsque tout se passe bien, comme vous le souhaiteriez."

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=> Les biographies des guédolim/tsadikim sont destinées à nous inspirer sur la grandeur que la Torah peut insuffler à une personne et sur la manière dont la Torah doit être exprimée dans la vie quotidienne.
Mais elles ne sont pas destinées à nous écraser et à nous déprimer en nous faisant croire que nous ne serons jamais comme les guédolim et en nous amenant à nous considérer comme des ratés.
Chaque personne doit faire de son mieux en fonction des capacités qu'Hachem lui a données, et rien de plus.
[si un grand tsadik a fait 100% de ce que Hachem attendait de lui, et nous faisons 100% de ce que Hachem attend de nous à notre tout petit niveau (selon nos capacités), et bien c'est identique!
Il faut connaître et accepter les potentialités que nous avons, et les exploiter de notre mieux, car telle est la volonté de D. pour le mieux. ]

Heureux sont les tsadikim et malheureux sont les réchaïm dans toutes les situations

+ Heureux sont les tsadikim et malheureux sont les réchaïm dans toutes les situations :

-> Rav Na'hman fils de Rav 'Hisda a fait ce commentaire :
Comment comprendre ce verset : "Il est un fait troublant qui se produit sur Terre : il y a des Justes (tsadikim) qui sont traités comme s'ils agissaient à la manière des impies (réchaïm), et il y a des réchaïm qui sont traités comme s'ils agissaient à la manière des tsadikim" (Kohélet 8,14)?
Il faut comprendre ainsi : Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci ce que recevront les réchaïm dans le monde futur ; malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci ce que recevront les tsadikim dans le monde futur.
Rava objecte : Quel mal y a-t-il à ce que les tsadikim jouissent des 2 mondes? Donc, Rava comprend ainsi (le verset cité) : Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci les mêmes bienfaits que ceux dispensés aux réchaïm dans ce monde-ci ; malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci le mal qui arrive aux tsadikim dans ce monde-ci.
Rav Pappa et Rav Houna fils de Rav Yéhochou'a sont venus étudier auprès de Rava. Ce dernier leur dit : Avez-vous étudié en profondeur tel et tel traité (de "guémara")? Ils répondirent : Oui. Rava ajouta : êtes-vous un peu riches (pour étudier sans soucis) ? Ils répondirent : Oui, nous avons acheté un petit lopin de terre (dont nous tirons notre subsistance).
Rava s'exclama : Heureux les tsadikim qui obtiennent ici-bas ce qu'obtiennent les réchaïm ici-bas.
[guémara Horayot 10b]

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=> Comment Rav Na'hman a-t-il interprété le verset (Kohélet 8,14)?

-> Rachi commente :
Voici comment Rav Na'hman fils de Rav 'Hisda explique le début du verset de Kohélet cité : Heureux les tsadikim qui subissent des souffrances dans ce monde-ci (olam azé) de la même manière que les réchaïm souffriront dans le monde futur ('Olam Haba), car ces tsadikim expient ainsi ici-bas leurs fautes peu nombreuses, afin de recevoir la totalité de leur récompense dans le monde à venir.
Rav Na'hman explique ainsi la fin du verset : Malheur aux réchaïm qui reçoivent des bienfaits ici-bas de la même manière que les tsadikim recevront dans le futur de nombreux bienfaits dans le monde à venir, car ces réchaïm profiteront ici-bas seulement des fruits de leurs rares bonnes actions et n'auront rien dans le monde à venir.
Ce verset : "Mais qui paie ceux qui Le haïssent, à leur face, en les faisant périr" (Vaét'hanan 7,10 confirme ce comportement d'Hachem dans le domaine des récompenses et des sanctions.

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-> Ne vous tourmentez pas pour les difficultés de vos épreuves dans ce monde, car tout est vanité ici-bas ; de même vous les réchaïm ne vous réjouissez pas de votre tranquillité dans ce monde car tout est vanité ici-bas.
[Rif - EinYaakov]

-> Dans ce monde-ci, aussi bien les bienfaits dont bénéficient les réchaïm que les maux que subissent les tsadikim sont sans grande importance. Même le bonheur des tsadikim quand la vie leur réussit dans ce monde et même les sanctions des réchaïm dans ce monde sont vanité, car ce monde-ci est passager [si éphémère], et l'essentiel c'est le olam aba [éternel].
[Ets Yossef]

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=> Qu'est-ce qui a incité Rava à donner au verset Kohélet (8,14) une interprétation nouvelle, opposée à celle de Rav Na'hman?

-> Selon le Rif (Ein Yaakov), voici l'intention de Rava dans son interprétation :
- Même lorsque les tsadikim bénéficient d'une vie paisible dans ce monde, Hachem ne diminuera pas la grande récompense qui les attend dans le monde à venir, car le profit dans ce monde-ci est vanité et n'est pas considéré comme une récompense ; c'est pourquoi Rava dit : "Heureux les tsadikim".
- De même, lorsque les impies reçoivent des épreuves dans ce monde-ci, Hachem ne diminuera pas les sanctions qui les attendent dans le monde à venir, car les sanctions dans ce monde-ci sont hvanité et ne sont pas considérées comme de véritables sanctions par rapport à celles du monde à venir.

-> Le Maharal ('Hidouché Aggadot) explique :
Selon la guémara (Béra'hot 61b), le monde à venir n'a été créé que pour les tsadikim et ce monde-ci n'a été créé que pour les réchaïm.
Ainsi, un même homme ne bénéficie pas en général des 2 mondes. C'est pourquoi, s'il arrive qu'un tsadik soit favorisé dans ce monde-ci où il ne devait pas avoir de part, Rava dit de lui : "Heureux les tsadikim qui reçoivent dans ce monde-ci les bienfaits dispensés aux réchaïm dans ce monde".
De même, s'il arrive qu'un racha ne soit pas favorisé dans ce monde (olam azé) qui a été créé pour lui, Rava dira de lui : "Malheur aux réchaïm qui reçoivent dans ce monde-ci les maux qui frappent habituellement les tsadikim dans ce monde-ci", car ils auraient alors perdu les 2 mondes.

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne :
Pourquoi Rava dit-il : "Malheur aux réchaïm qui sont frappés d'épreuves et souffrances dans ce monde ci? Au contraire, c'est un bienfait pour eux, car ces souffrances seront une source d'expiation pour leurs fautes.
En fait, puisqu'ils risquent de se rebeller et de ne pas accepter ces souffrances comme une expiation de leurs nombreuses transgressions, leurs fautes ne seront pas expiées, et ainsi, ils auront souffert pour rien, ce qui justifie l'affirmation de Rava : "Malheur aux réchaïm".

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=> Les interprétations de Rav Na'hman et de Rava se complètent-elles ou se contredisent-elles?

-> Selon Méiri, les 2 commentaires du verset (Kohélet 8,14) faits par Rav Na'hman et Rava respectivement sont vrais et ne se contredisent pas. En effet :
- selon Rava, "Heureux les tsadikim qui bénéficient des 2 mondes : "olam azé et olam aba", donc qui ont à la fois une richesse matérielle, des honneurs, une vie paisible d'une part, et un grand bagage de Torah d'autre part, mais ce cas est peu fréquent, et en général l'homme doit mettre son énergie en priorité sur l'étude de la Tora et non sur l'accumulation de biens matériels. Mais si la Miséricorde Divine lui accorde les 2 "tables", spirituelle et matérielle, heureux est son sort ;
- selon Rav Na'hman, si le tsadikim est étriqué dans ses finances, il doit également se considérer heureux, car cette difficulté fait rémission de ses fautes peu nombreuses et il n'a donc pas à se rebeller contre l'Eternel.

-> Selon le 'Hafets 'Haim, Rava s'oppose à Rav Na'hman. En effet, le bien suprême consiste à faire la Volonté d'Hachem, mais il existe des circonstances qui induisent l'homme en erreur et l'empêchent de faire téchouva.
- selon Rav Na'hman, les bienfaits reçus par un homme dans ce monde sont un obstacle à son repentir, car il considère qu'il est digne de ces bienfaits venus du Ciel pour le récompenser de ses bonnes actions agréées par Hachem. Cet homme ne sera donc pas porté à la téchouva.
C'est pourquoi "Heureux l'homme qui fait téchouva dans une situation de souffrances", car dans son état de souffrances, son cour brisé le poussera à se repentir et à faire davantage la Volonté du Créateur ;
- selon Rava, les tsadikim qui bénéficient des bienfaits de ce monde-ci sont portés à remercier Hachem et à se rapprocher de Lui en faisant davantage Sa volonté.

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=> Dans quel but Rava a-t-il posé ses 2 questions à Rav Pappa et à Rav Houna?

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Les 2 questions posées par Rava sont liées et n'en font qu'une. En effet, après avoir posé la première question : Avez-vous intégré en profondeur telle et telle massékhet (traité de guémara), qu'il a choisie parmi les plus difficiles, et avoir reçu une réponse positive de Rav Pappa et Rav Houna, Rava s'est demandé comment ont-ils réussi à acquérir un tel niveau en si peu de temps, car les 2 talmidim étaient jeunes :

- ou bien, ils possédaient une richesse matérielle qui "élargissait" leur cœur et facilitait leur acquisition de la Torah ; ou bien, ils avaient des difficultés pour assurer leur subsistance, comme la plupart des talmidé 'hakhamim dont l'esprit troublé par la gêne financière freine la progression spirituelle ; dans ce cas, c'est par miracle qu'ils ont atteint si vite un niveau aussi élevé.
Si Rava a demandé : "Etes-vous un peu riches" et non pas : "Etes-vous riches", c'est afin d'éviter un oeil malveillant (ayin ara) sur la richesse d'autrui.

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=> Comment comprendre la réponse : "Nous possédons un petit lopin de terre"?

-> Rachi précise :
Les 2 jeunes disciples ont répondu à Rava que chacun d'eux a acquis un petit lopin de terre duquel chacun tire sa subsistance avec largesse, afin d'étudier sans être préoccupé par les soucis de parnassa.

-> Selon le Maharcha :
Ils ont répondu qu'ils ont acquis un petit terrain, car ils voulaient rassurer Rava qui sait que lorsqu'un homme possède beaucoup de biens, cela peut être une cause de bitoul Torah (arrêt de l'étude) en raison des soucis pour gérer ce grand patrimoine.

-> Le Ben Ich 'Haï explique :
Pourquoi ont-ils ajouté le mot quétina (petit)?
C'est pour éviter un œil malveillant (ayin ara). En effet, s'ils avaient déclaré posséder un terrain chacun, sans préciser "petit", Rava aurait pu interpréter qu'ils possédaient chacun un grand terrain.
De plus, un grand terrain nécessite de grands travaux agricoles qui demanderaient beaucoup de temps au détriment d'une étude assidue de la Torah.
Enfin, pourquoi ont-ils utilisé l'expression quétina déar'a au lieu de ar'a kétina? Leur intention était de dire à Rava qu'ils avaient acquis le terrain le moins coûteux (quétina) parmi les terrains à vendre.