"Procédez à un recensement" (Bamidbar 1,2)
-> En général, tous les avantages que Hachem offre au peuple juif sont soumis à la condition qu'ils observent les commandements de la Torah.
D. leur dit : "Je vous aime plus qu'aucun peuple et Je désire vous élever au-dessus de toutes les nations. Moi qui suis élevé au-dessus de toutes les créatures, comme il est écrit : "A toi, Hachem, est la royauté et Tu es élevé au-dessus de toutes choses", Je vous élèverai au-dessus de tous les peuples, comme il est écrit : "D. fera de vous les plus hauts parmi toutes les nations de la terre".
Cependant, il n'en sera ainsi que si vous observez les commandements de D."
["Procédez à un recensement" (chéou ét roch = qui signifie littéralement : "élevez la tête".]
La Torah fait allusion à cette promesse dans l'expression "élevez la tête" qu'elle emploie dans ce verset. Au lieu d'utiliser le mot usuel "pékod" signifiant compter (comme : pékoudé), comme elle le fait au sujet du recensement des Lévi'im, la Torah emploie l'expression : séou ét roch, littéralement : élevez la tête".
L'expression "élevez la tête" a 2 connotations, l'une positive, l'autre négative.
Elle peut signifier être élevé à une fonction importante, ou être décapité.
En effet, lorsque Yossef déclara au maître panetier : "Pharaon élèvera ta tête" (Béréchit 40,19), il voulait dire que le roi le décapiterait.
L'expression "élever la tête" signifie que les juifs peuvent devenir supérieurs aux nations. Cependant, s'ils négligent les commandements le contraire se produira et ils seront livrés aux mains de leurs ennemis pour briser leur orgueil.
[Méam Loez - Bamidbar 1,2]
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-> Le Sim’hat haTorah soulève 2 questions : pourquoi le verset n’emploie-t-il pas le verbe "compter" mais "élever" [traduction littérale de : séou - שְׂאוּ] et pour quelle raison évoque-t-on "toute la communauté", alors qu’il est ici question d’un compte individuel?
En réalité, Hachem connaît pertinemment le nombre exact de Ses enfants, mais, en les comptant, chacun d’entre eux acquiert plus de valeur à Ses yeux. Devenant ainsi membre de la légion du Roi, il s’élève et devient plus important.
Néanmoins, le particulier ne prend toute sa valeur que dans la mesure où il fait partie intrinsèque de la collectivité. C’est pourquoi le relevé des enfants d’Israël correspond au compte de "toute la communauté".
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-> Le rav Yaakov Galinsky (Véhigadéta) enseigne :
"La paracha Bamidbar commence par le décompte des juifs. Ce recensement se fait en 2 temps. Tout d'abord, il y a le compte individuel où chaque personne par tribu fut comptée (Bamidbar 1,20-43). Puis, intervient le décompte global où la Torah donne le nombre de tous ceux qui ont été dénombrés.
La 2e partie de la paracha Bamidbar consiste à placer chaque tribu sous des drapeaux autour du camp d'Israël. Là aussi tout d'abord chaque tribu, placée à une certaine position, est comptée. C'est la dimension individuelle. Puis la Torah englobe tout le peuple et
donne le nombre de toute la communauté.
=> On peut se demander pourquoi la Torah, qui est d'une précision et d'une exactitude absolue, a tenu à réaliser ces deux décomptes : l'un individuel, et l'autre collectif ?
Chaque juif a son importance de par lui-même. Il a un rôle spécifique à jouer que personne d'autre ne pourra faire à part lui. Il a son originalité et des forces uniques ...
Personne n'est parfait, comme le dit si bien le verset : "Il n'existe point d'homme sur terre qui fasse le bien sans jamais fauter".
Quand un homme est observé de façon individuelle, ses défauts apparaissent. Mais, quand il est intégré dans la collectivité, alors tous ses défauts sont neutralisés. On ne les voit plus.
Si au titre personnel, l'individu a des défauts, au titre global, la collectivité d'Israël est parfaite. Comme le dit le verset :
"Tu es toute entière belle, ma compagne, et tu n'as aucun défaut".
C'est à dire que quand tu es ''toute entière'', c'est-à-dire que toute la communauté est rassemblée, alors ''tu es belle, sans aucun défaut''. Tous les défauts de l'individu se dissolvent quand il fait partie de l'ensemble.
Ainsi, les accusations qui peuvent exister quand on regarde chacun séparément n'ont plus de place dans la collectivité.
C'est pourquoi, dans la paracha Bamidbar après avoir dénombré chaque juif pour faire apparaître sa spécificité, il est nécessaire de l'inclure ensuite dans le groupe. C'est alors que les accusations disparaissent.
Après la paracha de Bé'houkotaï, qui décrit les malédictions, la Torah doit introduire Bamidbar, pour inclure chaque juif dans la totalité, de sorte que par rapport à cette collectivité, toutes les malédictions et les accusations se taisent.
On peut dire que Bamidbar permet de se protéger de Bé'houkotaï, c'est le remède à ses malédictions.
Quand Balak cherche à obtenir les malédictions de Bil'am à l'encontre d'Israël, il l'amène à un certain endroit et lui dit que là "tu le verras en partie, mais pas en entier" = c'est le moyen que Balak a trouvé pour maudire Israël. Quand on le voit en partie. Là les défauts apparaissent. Mais, si on le voit en entier, on ne peut plus maudire.
"Ton peuple est tout entier des Justes (tsadikim)" = Quand le peuple est réuni, tout entier, il n'y a alors que des Justes. Les imperfections de chacun disparaissent.
A l'image de Bamidbar pour Bé'houkotaï, la paracha de Ki Tetsé aussi rapporte de dures malédictions. Mais là aussi, la paracha qui la suit, Nitsavim, vient s'en prémunir. En effet, cette Paracha commence par les mots : "Vous êtes debout aujourd'hui vous tous". Là encore, c'est le "vous tous", c'est l'union de toute la communauté, qui a la force de se protéger des malédictions et de s'en prémunir."
-> b'h, également sur ce sujet : https://todahm.com/2021/05/23/31770
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+ Les raisons du recensement :
[Outre le fait qu'il exprimait l'amour de D. envers les juifs, le recensement avait plusieurs autres objectifs dont : ]
1°/ Faire passer chaque homme devant les saints Moché et Aharon.
Tandis qu'ils inscrivaient le nom de l'homme debout devant eux, Moché et Aharon le regardaient et lui murmuraient une bénédiction :"Puisse D. te multiplier mille fois et te bénir".
Cela éveillait l'attribut de pitié et de bonté de D. en faveur de chacun, ce qui ferait prospérer le peuple juif.
2°/ [Inscrire tous les hommes aptes aux services militaires.] De même que les souverains recensent leurs armées lorsqu'ils se préparent à la guerre pour connaître les forces dont ils disposent, Hachem ordonna le recensement des juifs avant leur départ en guerre contre Si'hon, Og et tous les autres rois cananéens pour conquérir la Terre Sainte.
Certes, les guerres menées par les juifs ne ressemblaient pas à celles livrées par les autres rois, tablant sur leur supériorité numérique et la puissance de leur armée. Toute chose que l'on peut accomplir par des moyens naturels doit être effectuée de cette façon.
3°/ Selon certaines opinions, Hachem a ordonné de compter les bnei Israël est pour que les forces impures n’aient aucune prise sur eux. Car le désert est l’endroit où règnent les démons et les esprits mauvais, c’est pourquoi Hachem les a protégés dans le désert en les comptant, puisque les forces impures n’ont aucune emprise sur toute chose comptée et mesurée.
Cette idée figure dans la guémara 'Houlin (chap.8), où la guémara parle de travailleurs qui transportaient du vin, et à chaque fois ils se reposaient dans la rue au-dessous d’une gouttière. Un jour, un démon arriva et cassa tous les fûts. Les travailleurs décidèrent d’assigner ce démon en din Torah devant Mar fils de Rav Achi.
Quand Mar fils de Rav Achi entendit leurs griefs, il décida d’excommunier le démon.
Quand le démon entendit cela, il eut peur, se présenta devant le Rav, et lui dit que les travailleurs s’étaient assis exactement sur son lit.
Le Rav lui demanda : "Et pourquoi as-tu choisi de dormir dans la rue? S’il en est ainsi tu dois payer".
Le démon promit de payer, mais de nombreux jours passèrent et il n’apparaissait pas. Quand il finit par se montrer, Mar fils de Rav Achi lui demanda : "Pourquoi as-tu tellement tardé?", et il répondit : "Sache que sur toute chose liée, mesurée et scellée, je n’ai aucun pouvoir. C’est pourquoi j’ai cherché une chose abandonnée qui ne présentait aucune de ces caractéristiques, et c’est seulement maintenant que je suis venu".
Cela signifie que sur une chose comptée et scellée, les démons n’ont pas de pouvoir, c’est pourquoi Hachem a ordonné de compter les bnei Israël.
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-> [Ce recensement permet aux juifs de dire : ] "Nous avons été recensés afin de pouvoir répondre aux nations : "Nous sommes les fils du D. vivant", et nous ne servons que Lui.
Il nous est impossible de nous assimiler parmi vous car nous sommes une entité individuellement dénombrée."
[Méam Loez - Bamidbar 1,2]
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+ "Tel fut le nombre des juifs selon leur famille paternelle, répartis dans les camps par divisions : 603 550 hommes" (Bamidbar 2,32)
-> Bien que la Torah ait donné plus haut dans la paracha, le résultat du recensement, elle le répète ici pour souligner le fait remarquable que pendant les 20 jours séparant le recensement de leur départ, le nombre des juifs n'avait pas diminué. Aucun d'eux n'était mort!
Sur une multitude de plus de 600 000 hommes, le fait qu'aucun homme ne soit mort est vraiment surprenant.
La Torah l'atteste explicitement plus (v.34) : "Ils campèrent sous leurs bannières de la façon prescrite, chaque personne marchant avec sa famille, selon sa lignée paternelle" = autrement dit, depuis leur dénombrement, chacun campa dans sa tente, pas un d'entre eux ne mourut.
[Méam Loez]
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-> "Hachem parla en ces termes à Moshé, dans le désert de Sinaï, dans la tente d’assignation, le 1er jour du second mois de la 2e année après leur sortie du pays d’Egypte" (Bamidbar 1,1)
-> Le Ben Ich 'Haï commente :
Ce verset introduit le compte des Bné Israel, qui intervient le 1er Iyar juste un mois après l’intronisation du Michkan. Dans la paracha Ki Tissa, on nous explique qu’il faut donner un demi-shékel par personne et ensuite on multiplie le nombre de shékalim par deux pour savoir combien de Bné Israel nous avons, ceci pour ne pas laisser le ayin ara avoir emprise sur le peuple quand on le compte.
Mais dans la précision de la date du compte on peut voir une autre protection qu’Hachem a prévu pour ses enfants. En effet, le premier [Iyar], valeur numérique du Alef, du deuxième mois, valeur du Beth, de la deuxième année, encore un Beth. Cela nous donne Beth, Beth, Alef, qui sont les premières lettres de : Béréchit Bara Elokim.
C'est pour nous dire que c’est grâce au mérite de la sainte Torah que ce compte ne fera pas de mal aux Bné Israël.
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Hachem a donné la Torah à Israël. Le corps de la Torah est l'âme de la nation juive, parce que les 600 000 racines d'âmes de la nation sont enracinées dans les 600 000 lettres de la Torah.
Il en résulte que lorsque Moché à compter les juifs, il était en train d'étudier la Torah.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi - Métsora]
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-> "Comme Hachem ordonna à Moché, il les dénombra dans le désert de Sinaï" (Bamidbar 1,19)
=> On peut s'interroger sur la formulation de ce verset. On se serait plutôt attendu à lire la formule inverse : "Moché les dénombra dans le désert de Sinaï, comme Hachem lui ordonna".
En fait, nos Sages nous enseignent que chaque juif correspond à une lettre dans la Torah.
La sainteté de l'âme (néchama) de chaque juif est extrêmement haute, même du juif le plus simple et le plus éloigné. Sa âme relève d'une sainteté illimitée qu'il est impossible d'imaginer. Parce que la sainteté de chaque âme est liée à celle de la Torah.
La tradition révèle qu'il existe 600.000 âmes juives correspondant aux 600.000 lettres de la Torah. C'est ainsi que le nom ישראל (Israël) est composé des lettres de la phrase : יש ששים רבוא אותיות לתורה (Il y a 600.000 lettres dans la Torah). Car chaque juif correspond réellement à une lettre de la Torah.
D'où l'importance de respecter chaque juif. Et lui manquer de respect reviendrait à la gravité de mépriser la Torah elle-même!
C'est pourquoi, lorsque Hachem a demandé à Moché de dénombrer tous les juifs, cet acte fut considéré comme le comptage de toutes les lettres de la Torah. L'ordre de Hachem donné à Moché, celui de compter les 600 000 âmes, revenait à réunir la sainteté même d'un Sefer Torah tout entier.
Tel est le sens du verset : "Comme Hachem ordonna à Moché" = cela fait allusion à la sainteté de la Torah, qui contient tout ce que Hachem ordonna à Moché. La même sainteté fut atteinte lorsqu' "il les dénombra dans le désert de Sinaï".
[Kédouchat Lévi]