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"Hachem dit à Moché et à Aharon : parce que vous n'avez pas eu foi en Moi afin de Me sanctifier" ('Houkat 20,12)

-> Il est nécessaire de préciser que nous n'avons aucune notion de ce qu’était le niveau de Moché. D'ailleurs, le Ramban écrit que la faute n'est pas explicite dans les versets, ce qui nous suggère la finesse de ce qui lui a été reproché.

-> Le Divré Chmouël explique la raison pour laquelle Moché frappa le rocher au lieu de lui parler, en disant qu'Il fit un raisonnement a fortiori : "Après la sortie d'Egypte et la traversée de la Mer Rouge, alors que les Bné Israël étaient parvenus à un niveau très élevé, Hachem ordonna de frapper le rocher (et il ne demanda pas de lui parler pour en faire sortir de l'eau ce qui aurait été un miracle plus grand). A présent, après avoir chuté par la faute du veau d'or et celle des explorateurs, à plus forte raison est-il nécessaire de le frapper et je ne peux me contenter de lui parler car les Bné Israël ne sont plus dignes d'un tel miracle et d'un tel dévoilement de la Présence Divine!"

Mais en réalité, ce raisonnement est réfutable à sa source car lorsqu'un homme se renforce après avoir chuté, il est alors en mesure d'atteindre un niveau plus haut que celui qu'il possédait avant.
Dès lors, même si les Bné Israël méritaient au début de recevoir de l'eau seulement après avoir frappé le rocher, ils étaient à présent dignes d'assister à un plus grand miracle, celui de voir l'eau sortir grâce à la seule parole de Moché.

-> Le Sfat Emet rapporte quelque chose de terrible en faisant au préalable remarquer que le nom de Moché n'apparaît pas dans la Chirat Habéer (chant du puits). Celle-ci débute uniquement par les mots : "Et Israël entonna alors un Cantique" alors que pour le Cantique de la Mer Rouge, il est écrit : « Et Moché et les Bné Israël entonnèrent un Cantique".
Il explique que cette différence est due au fait qu'avant la faute du veau d'or, Israël était au même niveau que Moché et celui-ci pouvait donc dire un Cantique avec eux.
En revanche, la Chirat Habéer fut entonnée après la réparation de cette faute et lorsqu'ils se furent repentis de leur conduite.
C'est pourquoi le nom de Moché n'y apparaît pas car ils parvinrent alors à un niveau plus élevé que lui, à l'instar de ce que nous enseignent nos Sages : "Là où se tiennent les repentants, même les justes parfaits ne peuvent se tenir!"

=> Cela doit constituer pour toute personne sensée une source de réconfort puisque c'est précisément grâce à ses chutes qu'elle peut se hisser encore plus haut que quelqu'un qui n'aurait pas fauté.
[la guémara (Béra'hot 34b) rapporte : "A l’endroit où se tiennent les baalé téchouva, même les tsadikim parfaits ne peuvent se tenir".]

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-> Le Bat Ayin explique que Moché fit le raisonnement suivant :
Puisqu'il avait failli par sa parole en traitant les Bné Israël, le peuple saint, de "rebelles", désormais sa parole ne possédait plus la force de faire sortir l'eau du rocher ; c'est la raison pour laquelle il ne parla pas au rocher, mais le frappa.
Il y avait néanmoins une faille dans son raisonnement : c'est qu'il ne crut pas que, grâce à une pensée de repentir, il était possible d'effacer entièrement le défaut qui avait été entraîné.
Hachem le réprimanda alors en lui disant : "Tu aurais dû Me sanctifier et avoir confiance que J'accepte les repentants. Or, tu t'es repenti et, immédiatement après cette faute par la parole, tu es revenu à Moi d'un coeur contrit et brisé. J'ai sur le champ accepté ton repentir. Tu aurais donc dû te renforcer dans l'attribut de bonté, comprendre que ce défaut a été complètement réparé et continuer à penser que l'eau (qui évoque au sens ésotérique l'attribut de bonté) pouvait jaillir par ta simple parole".

-> Le rav Elmélé'h Biderman poursuit :
Certes, nous n'avons aucune notion de ce que sont des niveaux aussi élevés ; cependant, cela nous enseigne que même dans la situation la plus misérable où un homme peut se trouver, la porte est encore toujours ouverte et que s'il se repent, il est immédiatement accueilli avec amour et miséricorde par le Créateur.

C'est suivant cette idée que certains Tsadikim résolvent une contradiction apparente :
En effet, Rachi explique :
- au début de notre paracha ('Houkat), la raison pour laquelle la Torah qualifie la mitsva de la vache rouge de 'hok (חוק - commandement sans raison accessible par l'esprit de l'homme) : "Parce que le Satan et les nations harcèlent les Bné Israël en leur disant : "En quoi consiste cette mitsva et quel est son sens?" C'est pourquoi la Torah écrit : c'est Mon décret (חוק), et tu n'as pas le droit de le contester".
- à priori cela semble contredire ce que Rachi rapporte par la suite : la raison de cette mitsva : "La vache rouge vient expier la faute du veau d'or".

L'explication est la suivante : le yétser ara trompe l'homme et le pousse à réfléchir à cette mitsva et à sa raison : l'expiation de la faute du veau d'or. Car le fait que l’homme réfléchisse à ses échecs le décourage totalement de revenir vers Hachem.
C'est pourquoi Hachem ordonne : c'est Mon décret, et tu n'as pas le droit de le contester = Il ne t'incombe que d'une chose : d’utiliser la force du repentir (téchouva), sans te demander si elle te sera profitable ou non.
L'homme doit oublier (à ce stade) toutes ses fautes et tous ses échecs et doit être convaincu que son repentir sera agréé par Hachem en toute circonstance et pour n'importe quelle faute.

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-> On peut apporter une autre explication sur cette contradiction apparente : la mitsva de la vache rousse est un décret sans raison, et à la fois la raison est "que vienne la mère (vache rousse) essuyer les excréments de son fils (le veau d'or) :
Le Yichma'h Israël rapporte l'explication de Rabbi Its'hak : la faute du veau d'or émanait en réalité d'un manque de émouna.
Les Bné Israël à ce moment (du veau d'or) cherchèrent en effet à comprendre rationnellement ce qui se passait, comme ils s'exprimèrent alors : "Car Moché, cet homme qui nous a fait monter d'Egypte, nous ne savons pas ce qu'il est devenu". (Ki Tissa 32,1)

En effet, quelle différence cela faisait-il, en effet, de savoir ou non ce qui était advenu de Moché? Ils auraient dû à ce moment continuer à suivre Hachem avec intégrité et sans calcul.
C'est pourquoi la réparation de cette faute consista justement à se renforcer dans leur foi sans chercher à comprendre et c'est à cette fin qu'Hachem leur ordonna une loi sans raison apparente (vache rousse) afin qu'ils l'accomplissent uniquement grâce à la force de leur émouna. Grâce à cela, ils expieraient le manque de émouna qui les avait conduits à la faute du veau d'or.

D'après cela, il n'y a aucune contradiction (entre le fait de dire que la mitsva de la vache rousse est sans raison et l'explication qu’en donne Rachi (rapportant rabbi Moché haDarchane) selon laquelle la mère vient nettoyer les excréments de son fils), car cela signifie que la raison de la vache rousse est justement qu'il n'y a pas de raison (afin que l'homme qui l'accomplit se renforce dans sa émouna).

[on voit ici que lorsque l'on cherche à tout comprendre rationnellement, lorsque l'on s'inquiète du futur, alors on ouvre la porte à des fautes (sur le schéma du veau d'or), mais lorsque nous avons des choses qui dépassent notre compréhension, plutôt que de paniquer (comment moi JE peux ne pas maîtriser, comprendre!), alors c'est là que nous devons mettre en pratique notre émouna (c'est un décret d'Hachem pour notre bien, à l'image du décret de la vache rousse).]

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