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L’après-midi du 9 Av & le début de la guéoula

+ L'après-midi du 9 Av & le début de la guéoula :

-> La Guemara (Ta'anis 29a) rapporte que le Temple a été incendié le 9e jour d'Av, avant la tombée de la nuit, et qu'il a brûlé tout au long de la journée suivante.
La question évidente est la suivante : si le point culminant de la destruction a eu lieu plus tard dans la journée, comment se fait-il qu'après le 'hatsot du jour (le midi juif), les lois du deuil soient assouplies?
Par exemple, nous ne sommes obligés de nous asseoir sur le sol que jusqu'au 'hatsot. On pourrait penser qu'au contraire, au fur et à mesure que la journée avance, les lois de deuil devraient être plus strictes, puisque c'est à ce moment-là que la destruction ultime a eu lieu.

De plus, nos Sages nous disent que le machia'h naît le jour du 9 Av après 'hatsot. Pourquoi ce moment, celui où le Temple a été incendié, est-il le moment approprié pour la naissance de machia'h?

Le Bné Yissa'har souligne que les 9 jours [de Av où le deuil s'intensifient] comptent 216 heures, ce qui correspond à la valeur numérique du mot אריה (aryé - un lion).
Il y a une allusion à cela dans le verset : "Un lion rugit, qui n'aurait pas peur?" (aryé cha'ag mi lo yira" - Amos 3,8). Pendant les 9 jours (d'Av), le temps du lion, qui ne craint pas le jugement d'Hachem?
Cependant, nous trouvons également : "comme un lion qui se cache" (ari bémistarim - Eikha 3,10). Le mot "ארי" (ari - lion) est écrit sans la lettre hé (ה - comme dans אריה), dont la valeur numérique est 5.
Ceci fait allusion au fait que le jugement douloureux des neuf jours est atténué dans ses 5 dernières heures.
Quelle est la signification particulière de cette période?

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-> Rabbi Tsadok haCohen rapporte qu'au moment de la destruction, les Kérouvim (chérubins dans le Saint des Saints du Temple) se sont retrouvés face à face.
Nos Sages nous disent que lorsque le peuple juif agissait correctement et suivait les voies de la Torah, les Kérouvim se faisaient face (comme s'enlaçant d'amour entre Hachem avec le peuple juif).
Cependant, lorsqu'ils n'agissaient pas selon les voies de la Torah, les Kérouvim se détournaient l'un de l'autre.
Si tel est le cas, pourquoi, au moment de la destruction du Temple, alors que nous imaginons que le peuple juif était à son niveau le plus bas d'observance de la Torah, les Kérouvim se faisaient-ils face les uns aux autres? Comment le moment de la destruction du Temple peut-il être un moment où le peuple juif faisait la volonté d'Hachem?

A l'époque de la destruction du Temple, le peuple juif ne pouvait pas imaginer qu'Hachem détruirait le Temple. Même les autres nations du monde ne pouvaient le comprendre, comme l'indique le verset : "Les rois de la terre ne croyaient pas ... que l'adversaire ou l'ennemi pût franchir les portes de Jérusalem" (Eikha 4,12).
Ainsi, les juifs n'ont pas fait une véritable téchouva pour leurs fautes. [ça va on a le temps, la situation n'est pas si grave, de toute façon le Temple ne va jamais être détruit! ]

Cependant, au moment où le Temple a été incendié, le peuple juif a réalisé que l'inimaginable s'était produit. À ce moment-là, les juifs se sont enfin repentis en faisant une téchouva sincère.
Ce remords, bien que trop tardif pour sauver le Temple, a créé une proximité extraordinaire avec Hachem. C'est pourquoi, dans les moments qui ont suivi la destruction du Temple, les Kérouvim se faisaient face, signe qu'Hachem était satisfait de leur repentir.

Il existe une autre explication à la raison pour laquelle les Kérouvim se faisaient face à ce moment-là.
Nos Sages disent que les Kérouvim se faisant face étaient un signe de l'amour et de la proximité entre Hachem et le peuple juif. Comme nous le disons dans les prières de Pessa'h, Shavouot et Succot : "Tu nous as élevés au-dessus de toutes les langues" (véromam'tanou mikol aléchonot).
Le sens simple est que Hachem nous a élevés au-dessus de toutes les autres nations du monde.
Une explication plus homilétique est qu'Hachem nous a élevés au-dessus de toutes les expressions d'amour qui existent dans le monde. L'amour entre le peuple juif et Hachem est plus profond que ce que l'on peut décrire avec les descriptions physiques de l'amour utilisées dans ce monde.

Lorsque 2 amis proches se font leurs adieux, toutes les émotions et tous les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre remontent à la surface. Au moment où Hachem faisait ses adieux au peuple juif, si l'on peut dire, ce moment était l'apogée de l'amour d'Hachem pour le peuple juif. C'est pourquoi les Kérouvim étaient tournés l'un vers l'autre, afin de refléter l'extrême proximité de ce moment.
Cet amour puissant d'Hachem a généré une réponse réciproque de la part du peuple juif, qui a réagi en se repentant de ses fautes.
[ Il y a le principe : "Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes les cœurs se répondent" (Michlé 27,19). Ainsi, puisqu'avec la destruction Hachem se séparait de nous, alors Son "cœur" s'est enflammé pour Ses enfants adorés (les juifs), et ce qui vient du cœur va au cœur, faisant que le cœur des juifs a ressenti inconsciemment cet amour énorme d'Hachem, les incitant à faire téchouva (retourner vers D.) ]

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi, après 'hatsot de la journée du 9 Av, les lois du deuil sont assouplies. À un niveau superficiel, l'incendie du Temple était l'élément symbolisant même de la destruction (plus la journée du 9 Av avance plus le Temple est davantage détruit par le feu).
Néanmoins, alors que les briques et le mortier brûlaient, le peuple juig se repentit en assistant à la destruction et en ressentant l'amour d'Hachem pour l'être aimé qu'il quittait.
C'est ainsi que débuta la construction du 3e Temple. C'est donc un moment approprié pour la naissance du machia'h, et c'est la raison pour laquelle le deuil à ce moment-là est détendu.

[en plus de cela, les juifs ont réalisé d'un côté la gravité de leurs fautes, et d'un autre que Hachem est prêt à détruire Sa maison sur terre, à perdre Sa proximité avec Ses enfants, à souffrir en exil (D. souffre avec nos souffrances), ... Il a mis Sa "colère" sur des pierres plutôt que sur Ses enfants. Le feu brûlant le Temple témoignait du feu brûlant en Hachem d'amour pour chaque juif! ]

D'une façon similaire, le 'Hatam Sofer explique le verset dit : "Le bâtisseur de Jérusalem est Hachem, les exclus d'Israël seront rassemblés" (boné Yérouchalayim Hachem nid'hé Israël yé'haness - Téhilim 147,2). Il explique que dès l'époque de la destruction du Temple, Hachem a commencé à reconstruire Jérusalem dans les Cieux, grâce au mérite du peuple juif, les exclus d'Israël [suite à la perte du Temple], se rassemblant en exil et pleurant sa destruction. Lorsqu'il sera achevée, elle descendra sur terre.

[d'une certaine façon, tous les jours de l'année, en particulier pendant les 3 semaines, et surtout le 9 Av, Hachem pleure la perte du Temple et ses conséquences, et chaque juif ressent en lui cet amour d'Hachem, ce qui éveille une envie de notre part de partager avec Hachem ce douloureux constat (d'où le deuil), cela nous pousse aussi à faire téchouva et à agir de notre mieux pour provoquer au plus vite sa reconstruction sur terre. ]

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+ Le Temple en nous :

-> Hachem n'est pas seulement le bâtisseur de Jérusalem au niveau collectif, mais également au niveau individuel. Lorsqu'un individu pleure la destruction du Temple, Hachem lui donne une énorme aide Divine pour construire son propre Jérusalem, un endroit où Hachem réside, à l'intérieur de son cœur.
Nos Sages disent qu'il y a une allusion à cela dans le verset : "Et ils construiront pour Moi un lieu saint (sanctuaire - véassou li Mikdach), et Je résiderai au milieu d'eux" (Térouma 25,8).
Le verset ne dit pas "et j'y résiderai", "il" faisant référence au Mikdach (Sanctuaire). Il dit plutôt "et je résiderai au milieu d'eux" (béto'ham), c'est-à-dire dans le cœur de chaque juif.
Un moment très propice où Hachem nous accorde cette bénédiction spéciale de résider "au milieu de nous" (vécha'hanti béto'ham) a lieu à la fin de la journée du 9 Av.

La fin de cette journée du 9 Av est le point culminant de la période de 3 semaines, au cours de laquelle nous prions un total de 70 prières de Amida/moussaf (trois par jour pendant 22 jours, plus moussaf 3 fois le Shabbath et une fois le Roch 'Hodech). Ces prières représentent les 70 nations du monde.
Avec nos prières et notre avoda (service Divin), pendant cette période, nous pouvons transformer l'énergie spirituelle des 70 nations en une lumière spéciale pour le peuple juif.

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+ Talit et Téfillin pendant la Min'ha du 9 Av :

-> Le Rambam (Hilkhot Taanis) écrit que l'objectif principal d'un jour de jeûne n'est pas le sac de cendre et le jeûne, mais plutôt le repentir. En ce moment opportun, nous devrions renouveler notre dévotion à l'étude de la Torah et au guémilout 'hassadim. Comme le dit le midrach, que peut faire une personne pour être sauvée des affres de la naissance de machia'h? Il doit s'occuper à l'étude de la Torah et à la guémilout 'hassadim.

En gardant cela à l'esprit, nous pouvons comprendre la coutume de faire la prière de Min'ha le jour du 9 Av en portant le talit et les téfilin, ce qui ne se fait pas les autres jours de l'année.
Nos Sages mentionnent que les téfilin sont liés à Moche Rabbénou et que les tsitsit sont liés à Aharon haCohen. Lorsque la Torah aborde la mitsva des téfilin, elle déclare : "afin que la Torah d'Hachem soit dans ta bouche" (Bo 13,9), faisant référence à la Torah de Moché Rabbénou.
L'étude de la Torah entraînera la guéoula, comme l'explique le Ohr ha'Haïm haKadoch (Vayé'hi 49,11) : "L'exil est allongé par la faute du bitoul Torah (perdre du temps qu'on aurait pu consacrer à étudier la Torah), et la guéoula viendra dans le mérite de Moché, qui est la force de l'étude de la Torah".
Ceci est symbolisé par les téfilin que nous portons à min'ha du 9 Av, qui est le moment où la guéoula a commencé (avec la notion de naissance du machia'h et de la construction au Ciel du 3e Temple).

Les Tsitsit, qui sont portés sur un vêtement qui entoure une personne, rappellent Aharon haCohen, au mérite duquel nous avons eu les Nuées de Gloire (Anané HaKavod) qui ont entouré le peuple juif dans le désert. Les Nuées de Gloire étaient l'acte ultime de bonté, puisqu'elles protégeaient le peuple de tout danger. Le port de notre talit, qui nous entoure de tsitsit, nous rappelle cela.

En cette période propice, alors que nous revêtons nos talit et nos téfilin pour prier la dernière prière de bein hamétsarim, nous devons saisir cette occasion pour nous renforcer et nous engager à nous améliorer dans ces 2 domaines : étudier la Torah et faire du 'hessed (actes de bonté).

[rav Tsvi Meïr Zilberberg]

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