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Juger autrui favorablement

+ Juger autrui favorablement :

"Tu institueras pour toi des juges et des policiers dans toutes tes portes que Hachem ton D. te donnera, dans chacune de tes tribus, et ils devront juger le peuple avec justice" (Choftim 16,18)

-> Le midrach Tan'houma (4) considère que ce verset traite du fait de juger les autres favorablement.
Il est écrit :
"ils devront juger le peuple avec justice". Ils doivent juger le peuple favorablement et le défendre.
Rav Yéhouda B'Rabbi dit : De qui apprenons-nous cela? De Guidon, fils de Yoach. À son époque, le peuple juif traversait des difficultés et Hachem chercha quelqu'un [dont les mérites puissent venir] les défendre, mais Il ne pu trouver personne, car cette génération était pauvre en mitsvot et en bonnes actions.
Mais lorsque Guidon trouva le moyen de parler favorablement d'eux (des juifs), ils furent sauvés par un ange d'Hachem."

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+ Les tsadikim se jugent sévèrement et les autres jugent chacun favorablement :

-> Le séfer Tiféret Shlomo écrit que la voie des vrais dirigeants et des vrais juges est de voir la nation sous un jour positif.
Lorsqu'on juge son prochain, il faut toujours le juger favorablement, conformément à la Michna (Pirké Avot 1,6) qui exige de juger chacun favorablement. En effet, leur rôle est d'éveiller la miséricorde divine pour chaque juif, même s'il est à un bas niveau spirituel. S'ils trouvent le moyen de le considérer favorablement, il sera considéré comme innocent.

C'était la prière du roi Shlomo : "Tu donneras à ton serviteur un cœur qui écoute et qui comprenne, pour juger ta nation et discerner le bien du mal. Car qui peut juger cette nation difficile?" (I Méla'him 3,9).
C'est difficile à comprendre. Pourquoi un juge aurait-il été nécessaire pour trancher les conflits entre deux parties à l'époque du roi Shlomo? À cette époque, la richesse était omniprésente et chacun avait tout ce dont il avait besoin, alors pourquoi se disputerait-on pour de l'argent?
Le Tiféret Shlomo répond que ce que le roi Shlomo demandait en réalité, c'était que chacun ait le cœur de juger les autres favorablement.

La voie des tsadikim est de se considérer comme humbles à ses propres yeux. Plus on est grand, plus on se perçoit petit (1 Zohar 122b). Ils agissent comme s'ils étaient constamment surveillés et jugés par un juge.
En conséquence, le pasuk dit : "Vous placerez des juges et des gardiens à toutes vos portes" = vous devez agir comme les tsadikim qui se comportent comme s'ils étaient surveillés en permanence et jugés défaillants.
Cependant, cela ne s'applique qu'à eux-mêmes. S'ils doivent se juger sévèrement, ils doivent juger les autres favorablement, comme le poursuit le verset : "Ils jugeront la nation avec justice".

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+ Juger favorablement annule la faute de 'Hilloul Hachem :

-> On rapporte que le rav Yossef 'Haïm Sonnenfeld, le rav de Jérusalem, jugeait favorablement tous les juifs, même ceux qui étaient au plus bas spirituellement. On lui demanda un jour : "Que ferait le Rav s’il disait qu’un juif entrait dans un restaurant non casher à Yom Kippour et mangeait toutes sortes de mets non cashère (taréf). Comment le jugeriez-vous favorablement?"

Il répondit : "Je le défendrais en disant qu’il est probablement tombé malade subitement et qu’il avait besoin de manger de la viande immédiatement. Comme sa vie était en danger et qu’aucun restaurant casher n’était ouvert, il a dû se précipiter dans un restaurant taréf pour se restaurer."

On lui demanda alors : "Nous connaissons tous la vérité. Nous savons tous que cet homme est un fauteur. Pourquoi devons-nous nous donner tant de mal pour le défendre?"

Le rav Yossef 'Haïm répondit : "Chaque fois qu’une personne fait une faute, il y a deux choses à considérer.
1°/ la faute elle-même
2°/ le 'hilloul Hachem causé par la faute.
Si nous sommes capables de juger autrui favorablement au sujet de la faute elle-même, alors par ricochet nous pouvons aussi réparer le dommage causé par le 'hilloul Hachem.
C'est pourquoi il faut défendre chaque juif, même si cela nous est [naturellement] difficile."

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+ Le Hékhal Haze'hout :

-> Le 'Hafets 'Haïm (séfer Chemirat Halachon - chap. Hatévouna 7) écrit que celui qui défend un juif devant Hachem devient un canal de lumière pour la chambre sainte appelée "Hékhal Haze'hout", lieu où sont proclamés les mérites d'Israël.

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+ Juger favorablement fait partie de la 'Hassidout :

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.19) cite le fait de juger favorablement autrui (juif) comme faisant partie de la mida de la " 'Hassidout".
Il écrit : "Il existe un autre principe fondamental concernant l'intention dans la 'hassidout, à savoir le bien de la génération. Car il convient que chaque 'hassid soit motivé dans ses actes pour le bien de toute sa génération, pour leur apporter du mérite et les protéger."

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+ Juger autrui favorablement, permet d'être jugé favorablement par Hachem :

-> Le rabbi de Berditchev (Kédouchat Lévi) écrit que la Torah nous enseigne que pour mériter d’être jugé favorablement pendant les Yamim Noraïm, il faut juger les autres favorablement.

Le rabbi de Berditchev dit qu'Hachem nous juge avec miséricorde et compassion, mais que nous devons d'abord agir pour éveiller Son Attribut de bonté ('hessed).
Lorsque nous nous traitons les uns les autres avec bonté et que nous nous jugeons favorablement, alors Hachem nous juge également favorablement.

[ "Donnons de la force à D." (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35). Hachem attend et est dépendant (si l'on peut dire) nos actes d'être humain juif pour en résulter une force de pouvoir agir.
Ainsi, en jugeant autrui favorablement (même si cela nous est pas facile), nous permettons à Hachem d'également nous jugent pour le bien, avec un bon œil. ]

Cela ressort du verset : "Tu placeras des juges et des gardiens à toutes tes portes", ce qui signifie que tu dois créer des ouvertures pour atteindre le Ciel par tes propres actions.
Le moyen d’y parvenir est de "juger le peuple avec justice" = en jugeant les autres favorablement, tu crées ces portes du Ciel qui te permettent d’être bien jugé par Hachem.

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+ Les bienfaits de l'unité :

-> Le Sar Shalom de Belz affirme que défendre un autre juif suscite une grande miséricorde divine.

[d'où l'importance de juger favorablement autrui (juif), papa Hachem voit comment Ses enfants s'aiment et se regarde positivement, Il se réjouit (si l'on peut dire), et donne avec largesse des bontés (peu importe si l'on est méritant). ]

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+ Les paroles d’une personne ont un impact en-Haut :

-> Le Tiféret Shlomo (sur Masehethe Avot) demande pourquoi la michna (Pirké Avot 1,6) nous recommande de juger les autres favorablement.
En effet, au Ciel on sait ce que la personne a réellement fait et pourquoi elle l’a fait. Alors, en quoi le juger favorablement ici va-t-il l'aider?

Il répond que les paroles prononcées ici-bas ont un grand pouvoir dans les mondes Supérieurs. Lorsqu'on défend notre prochain ici-bas, nous créons pour lui une défense en-Haut, qui le protège des accusations divines.
En revanche, si l'on médit de son ami ici-bas, on crée des accusations contre lui au Ciel.
Bien sûr, Hachem connaît la vérité. Malgré tout, on peut créer un éveil par nos paroles, qui va protéger notre prochain et le préserver de jugements célestes difficiles.

Le Tiféret Shlomo le prouve par la guémara ('Haguiga 15b) qui rapporte qu'Eliyahou Hanavi a dit un jour à Rabba qu'Hachem étudie la Torah de tous les Rabbanan, à l'exception de Rav Méir, qui a étudié la Torah de A'her. (puisqu'il a étudié auprès du racha Élicha ben Abouya, Hachem n'a pas accepté sa Torah)
Rabba a défendu Rav Meir en disant : "Il a trouvé une grenade, en a mangé le fruit et a jeté la peau/écorce" (ce qui signifie qu'il n'a pris que le bon d'A'her et a écarté les mauvaises parties).
Eliyahou dit alors : "Hachem dit maintenant : "Mon fils, Meir, dit ...." " (Hachem parle maintenant de la Torah de Rav Meir.)

Jusqu'à ce que Rabba prenne la défense de Rav Meir, Hachem n'étudiait pas sa Torah. Même s'Il sait tout et connaissait la grandeur de Rav Meir, il fallait qu'un éveil soit créé en son nom en bas dans ce monde.
L'inverse est également vrai. Si une personne commet une faute en privé, à l'insu de tous, l'Attribut de rigueur (midat hadin) ne s'élève pas fortement contre elle, même si Hachem sait ce qu'elle a fait. Mais si quelqu'un révèle sa faute, l'accusation contre lui devient plus forte.

Le Tiféret Shlomo poursuit en disant que la punition pour toutes les fautes est aggravée lorsque les gens disent : "Untel a fait telle chose".
Une fois ces mots prononcés, c'est comme une flèche tirée qui scelle le verdict de l'homme, tant dans ce monde que dans le monde Supérieur.
C'est pourquoi la Torah nous avertit : "Tu réprimanderas ton prochain, et tu ne portera pas de faute à cause de lui" (Kédochim 19,17). Cela signifie que lorsqu'on réprimande son ami pour une faute qu'il a commise, il faut le faire avec douceur, plutôt que de "porter la faute".
Autrement dit, il faut simplement faire allusion à la transgression de manière à ce que son prochain comprenne le message, et ne pas la mentionner/viser ouvertement, car cela l'exposerait à des accusations [au Ciel]. [au-delà de tout faire pour garder l'honneur d'autrui]

Cette idée se retrouve également dans les paroles du Zohar : "La Sitra Akhra (force du mal) est un témoin non valable pour témoigner contre Israël. Seulement par le biais d'Israël (d'un juif) que peut se faire valoir l'affaire (accusation au Ciel)".
Nous apprenons de cela que même si l’on sait que son prochain a fait quelque chose de mal, il ne faut pas en parler, car cela scellerait le décret contre lui.

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+ Se juger soi-même d'abord :

-> Le Kli Yakar explique les mots "choftim ou'chotrim titen léha" (tu institueras pour toi des juges et des policiers) en précisant que le mot "lé'ha" (à soi-même) fait référence aux paroles de nos Sages (Baba Métsia 107b) : "Embellis-toi d'abord et seulement ensuite, embellis les autres".
Ainsi, le verset suggère de se juger soi-même et de s'assurer de ne rien faire de mal avant d'en venir à juger les autres.

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+ Juger les autres comme on se juge soi-même :

-> Le séfer Toldot Yaakov Yossef explique ce verset en citant l'explication de la Michna (Pirké Avot 2,4) par le Yaabetz : "Ne juge pas ton prochain avant d'être à sa place". Le Yaabetz explique que la plupart des disputes entre deux personnes commencent parce que l'un se juge lui-même favorablement, mais juge son prohain négativement.
Ainsi, la Michna recommande de se mettre à la place de son ami, c'est-à-dire de le juger de la même manière qu'on se jugerait soi-même. En agissant ainsi, on comprendra la position de cet ami et on ne sera pas aussi dur avec lui.

En conséquence, le Toldot Yaakov Yossef explique que le verset signifie qu'il faut nommer des juges "lé'ha" = pour soi-même, autrement dit, juger les actes de son prochain de la même manière qu'on se jugerait soi-même si l'on avait agi d'une manière identique.
En agissant ainsi, on ne se fâchera pas contre lui et on le comprendra beaucoup mieux.

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+ Juger son propre yétser et non celui des autres :

-> La Michna (Pirké Avot 4,1) affirme : "Qui est fort, celui qui surmonte son yétzer (akovéch yitsro)".
Le séfer Avodat Israël demande pourquoi il est écrit "son yétser" plutôt que "le yétser ara".
Il répond que cela nous enseigne à nous concentrer sur notre propre yétser ara (inclinaison au 'mal'), plutôt que de constamment regarder le yétser ara des autres, comme beaucoup le font.
Il faut voir ses propres défauts et ne pas accorder trop d'importance à ceux des autres.
Il faut plutôt considérer autrui comme de véritables justes et s'efforcer de s'améliorer.

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-> b'h, voir également à ce sujet de juger favorablement autrui : https://todahm.com/category/moussar-pensee-juive/mitsvot-avec-autrui/5-juger-favorablement

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