"Myriam fut mise en quarantaine à l'extérieur du camp durant 7 jours, et le peuple ne se mit pas en route jusqu'à ce que Myriam fût ramenée" (Béaaloté'ha 12,15)
-> A la fin de notre paracha, Myriam prononce des paroles quelque peu péjoratives sur Moché. Suite à cela, elle est atteinte de tsaraat (sorte de lèpre) et de ce fait, est renvoyée du camp. Mais, la Torah précise que "le peuple n'a pas voyagé jusqu'à ce que Myriam revienne". Tout le peuple attendit que Myriam guérisse, soit purifiée et réintègre le camp, pour reprendre leur marche.
Rachi explique que cet honneur qu'Hachem lui témoigna venait pour la récompenser pour le court moment où elle surveilla son frère Moché quand, à sa naissance, il fut déposé sur le Nil (dans le panier). Pour cette bonne action qu'elle fit pendant ce court moment, elle mérita que tout le peuple l'attende pendant 7 jours.
=> On voit de là combien Hachem récompense toute bonne action. Rien n'est perdu!
Seulement, on peut se demander pourquoi la récompense pour ce bon comportement revint à Myriam à ce moment-là précisément (où elle est puni pendant 7 jours par de la tsaraat), plus de 80 ans après sa réalisation?
Hachem n'a-t-Il pas trouvé une autre occasion plus tôt pour la récompenser pour ce bien?
En fait, il est dit dans les Téhilim : "Ta Bonté est (grande) comme de hautes montagnes et Ta Justice est (profonde) comme une l'importante abîme".
Ce verset fait état de 2 comportements d'Hachem dans le monde : l'attribut de bonté et l'attribut de justice.
En général, on pense que ces 2 attributs s'appliquent à des moments différents. Parfois c'est la bonté qui intervient, et parfois c'est la justice. Mais, en réalité, la vérité est qu'ils s'appliquent en même temps. Hachem organise les événements de sorte que Sa Bonté intervienne au sein même de Sa Rigueur.
Ainsi par exemple, la Torah relate que Yossef fut vendu à des Yichmaélim qui transportaient dans leur caravane de bons parfums. Nos Sages s'en étonnent car d'ordinaire, ils transportaient du pétrole. Seulement, au moment même où la sévérité frappait Yossef, qui venait d'être vendu en esclave par ses propres frères, Hachem voulait lui témoigner un signe de Bonté. Il envoya donc cette caravane qui, contrairement à l'habitude, transportait ce jour là des parfums, pour ne pas que Yossef ne sente la mauvaise odeur du pétrole.
Car tel est le Comportement d'Hachem. Au moment où Il frappe, en même temps Il introduit Sa Bonté dans la rigueur même. Quand une personne souffre, dans sa détresse même, Hachem lui envoie aussi des signes de bonté et de bienveillance.
Telle est la Voie d'Hachem en ce qui concerne la sévérité.
Certes, on peut comprendre simplement la raison de cette Attitude. Hachem, Qui est Bon et ne cherche que le Bien, même si parfois Il sait qu'il faut être sévère, Il cherche en même temps à soulager et à réconforter ceux qui souffrent pour ne pas être que dur. Cela est un signe de la Bienveillance Divine.
Mais en réalité, il y a une raison encore plus profonde à ce Comportement Divin.
En effet, toute souffrance est envoyée par Hachem à l'homme du fait de ses fautes. Certes, parfois Hachem use de sévérité et punit une personne très durement pour une faute qui peut nous sembler en soi insignifiante. Mais malgré tout, le principe que nos Sages nous révèlent est qu'"il n'y a pas de souffrance sans faute".
Or, quand un individu commet une faute, il transgresse la Volonté Divine. Par cela, il serait logique de penser qu'il éveille la Colère d'Hachem, voire même Son inimitié.
Rappelons qu'Hachem est, en Lui-Même, bien au-delà de ces sentiments, mais Il a choisi de se comporter avec le monde à la manière des comportements humains. Et en cela, la faute d'un homme devrait entraîner une sorte de ''rancune'', si l'on peut ainsi s'exprimer, vis à vis de cet homme.
Seulement, un jugement qui serait rendu avec des sentiments de haine ne peut être un jugement authentique, car il risquerait d'être trop dur du fait de ces sentiments qui s'en mêleraient.
C'est pourquoi, au moment où Hachem souhaite juger une personne et la sanctionner du fait d'une faute, alors Il éveille un amour très puissant vis-à-vis de cette personne pour que Son Jugement ne soit aucunement influencé par une quelconque rancœur.
C'est pourquoi, au moment où Sa Rigueur s'applique, en même temps Hachem éveille la Bonté, car cette Bonté est la condition même de la possibilité d'appliquer la Rigueur.
C'est uniquement parce qu'à ce moment même la Bonté Divine est dans toute sa force, qu'il est possible d'appliquer la Rigueur.
Ainsi, nos Sages enseignent qu'au moment de la destruction du Temple, les Chérubins qui s'y trouvaient s'enlaçaient.
En général, quand les juifs fautaient, les chérubins se tournaient le dos. Et là, au moment de la sévère punition de la destruction, non seulement les Chérubins ne se tournaient pas le dos, mais en plus ils s'enlaçaient.
La raison de cela est qu'au moment où Hachem frappe Son Peuple, Il pose la condition même que pour que cette punition soit possible, Il doit s'emplir d'amour pour lui.
En cela, la Justice Divine diffère grandement de la justice humaine, où le juge tranche l'affaire qui lui est présentée, sans rappeler à ce moment la grandeur et les louanges de la personne jugée.
Mais, comme cela a été dit, un jugement ne peut vraiment être authentique que s'il n'est influencé par aucun sentiment négatif. Et pour ce faire, il est nécessaire d'éveiller l'amour et la bonté, au moment même de la rigueur.
Cela est le sens du verset : "Les Jugements d'Hachem sont Vérité, ils sont justes ensembles" = c'est seulement des jugements qui sont ''justes ensembles'', c'est-à-dire où l'on éveille la bonté en même temps que la rigueur et où ces 2 attributs se trouvent réunis ''ensembles'', seuls de tels jugements peuvent être des jugements de vérité. Et ce comportement là est celui d'Hachem.
Ce sont "les Jugements d'Hachem". Jamais l'ampleur du reproche ne cache et ne camoufle les mérites de la personne.
Dans cette perspective, on comprend bien pourquoi c'est au moment même où Hachem sanctionna Myriam, qu'Il choisit de la récompenser grandement pour sa bonne action d'avoir surveillé Moché quand il fut déposé sur le Nil.
Nous pouvons retirer de tout cela (au moins) 3 enseignements :
1°/ Nous devons nous impressionner de la Grande Bonté Divine et de la Perfection de Sa Justice, Lui Qui sait éveiller le Bien et récompenser l'individu même dans les moments de sévérité.
2°/ Nous devons aussi nous habituer à distinguer le positif dans nos vies même dans les moments difficiles. Car même alors, Hachem prodigue à Ses créatures de grands biens.
A nous de les voir et de ne pas se contenter de nous lamenter sur le négatif en occultant totalement le positif.
Par cela, nous augmenterons notre amour pour Hachem, Qui s'occupe de nous et veille à notre bien-être même dans les durs moments. Même là, Il entoure l'homme de Sa Bienveillance.
3°/ Enfin, comme le dit la Torah : "Tu marcheras dans Ses Voies", nous devons imiter les Voies d'Hachem. Ainsi, même quand il faut réprimander quelqu'un ou le sanctionner, rappelons-nous de ses mérites et n'oublions pas de voir ses côtés positifs.
Nous aussi, nous devons nous emplir d'amour pour autrui et le couvrir de respect et de bienveillance, même (voire surtout) quand il faut sévir.
Même dans la colère, n'oublions pas l'amour!
Source : basé sur le 'Hokhmat 'Haïm.