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Qu’est-ce qui a été donné au don de la Torah?

Le Shabbath, au 6e jour du mois de Sivan de l’an 2448 depuis la Création, tout le peuple d’Israël, ainsi que les âmes de toutes les générations futures, se rassemblèrent au pied du Mont Sinaï pour recevoir la Torah.
Cependant, la Torah que nous avons reçu au Sinaï était déjà en notre possession depuis de nombreuses générations. Nos ancêtres avaient étudié et accompli toute la Torah avant qu’elle soit donnée (guémara Yoma 28b).
=> Ainsi, aucun principe nouveau ne fut-il dévoilé au Sinaï. Qu’est-ce donc qui nous fut donné lors du "Don de notre Torah"?

-> Le midrach (Chémot Rabba 12,4) explique la signification de cet événement par la parabole suivante : "Un jour, un roi décréta que le peuple de Rome avait l’interdiction de descendre en Syrie et le peuple de Syrie avait l’interdiction de monter à Rome. De la même façon, lorsque D. créa le Monde, Il décréta que ‘Les cieux appartiennent à D. et la terre a été donnée à l’homme’ (Téhilim 115,16). Mais quand Il voulut donner la Torah à Israël, Il abrogea Son premier décret et déclara : Les règnes inférieurs peuvent monter vers les règnes supérieurs et les règnes supérieurs peuvent descendre dans les règnes inférieurs.
Et Moi-même [Hachem] Je commencerai, comme il est écrit : ‘Et D. descendit sur le Mont Sinaï’ (Chémot 19,20) et puis, ‘Et à Moché, Il dit: monte vers D-ieu’ (Yitro 24,19)".

Durant les 26 premières générations de l’histoire, il existait une un décret divin qui séparait la réalité en 2 mondes hermétiques : le Spirituel et le Matériel.
Le Spirituel ne pouvait pas être réellement introduit ici-bas, sa réalité même s’opposant à toute concrétisation, et le Matériel ne pouvait être rendu transcendant et divin, sa nature le maintenant confiné dans la limitation des règnes inférieurs. Dès lors, la Torah, qui est la Sagesse divine, ne pouvait avoir aucun effet réel sur le Monde matériel. Elle ne concernait que l’âme de l’homme et la réalité spirituelle des Cieux. Bien que ses concepts pussent être, et furent effectivement, appliqués à la vie physique, celle-ci ne pouvait pas être élevée.
Au Sinaï, D. révoqua le décret qui séparait la matière et l’esprit en deux domaines distincts. Hachem descendit sur le Mont Sinaï, et apporta la spiritualité des Cieux à la Terre. Il convoqua Moché au sommet de la montagne, donnant à l’être humain la capacité d’élever son être physique et le Monde matériel à un degré d’existence supérieur. La Torah pouvait désormais sanctifier la vie matérielle.
Après l’épisode du Sinaï, quand un homme matériel prend une pièce d’argent matérielle, gagnée par son labeur et ses talents matériels, et la donne à la tsédaka, ou quand il cuit de la farine et de l’eau et en fait une matsa et la consomme la première nuit de Pessa’h, ou quand il donne à un morceau de cuir une forme et des mesures spécifiques, y insère des parchemins sur lesquels sont écrits certains versets et les lie à sa tête et à son bras en tant que téfilin, l’objet limité et matériel avec lequel il a accompli la mitsva est transformé et sort sanctifié.
Ainsi, ce n’est qu’après le Sinaï qu’une mitsva put concrétiser le spirituel et sanctifier le matériel.
[d'après le Collel - feuillet de la communauté Sarcelles 5779]

"Seulement dans la joie et la sérénité d’esprit, car grâce à la joie, l’esprit est purifié. Or, l’essentiel de la téchouva s’accomplit à l’aide d’un esprit pur."
[le Beit Aharon - 131b]

Le rav Elimélé'h Biderman explique :
"La joie possède l’effet immense d’adoucir la rigueur des décrets.
Certains en ont vu l’allusion dans le verset :"zamérou Elokénou zamérou" (entonnez un air pour D., entonnez un air - Téhilim 47,7).
Car grâce au chant et à la musique, il est possible de couper et de déraciner la Midat Hadine (la mesure de rigueur) suggérée par le nom Elokim (en hébreu, ‘entonner un air’, se dit לזמר qui signifie également ‘couper’)."
[le terme "zamérou" peut signifier à la fois un air et à la fois "couper". Grâce à la joie (suscitée et symbolisée par les airs, les chants), il est possible de couper la mesure de rigueur (évoquée) par le nom Elokim.]

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-> Nous récitons de nombreuses prières à notre Roi, notre Père au Ciel, mais les anges interceptent nos prières et ne les laissent pas monter jusqu'au Ciel.
C'est pour cela que nous chantons des mélodies (airs traditionnels), car alors les anges ne voit pas d'importance dans nos paroles, et ils les laissent monter jusqu'au Ciel.
Ils ne savent pas que caché dans ces airs se trouvent nos requêtes pour l'année à venir.
Hachem comprend notre message dissimulé, et nous accorde toutes nos demandes.
[rav Elimélé'h Biderman - au sujet de Yom Kippour]

-> Dans les Ta'hanounim (supplications) du lundi et du jeudi, nous disons : "apotéa'h yad bitéchouva lékabél poch'im vé'hola'im niv'ala nafchénou mérov itsvonénou" (Il [Hachem] ouvre Sa main au repentir pour recevoir les pêcheurs et les fauteurs, notre âme est stupéfaite de tant de tristesse).

Le rabbi Moché de Kobrin explique qu'on s'interroge tous : comment pouvons-nous être tristes alors que Hachem a Sa main si grandement ouverte pour accepter tout fauteur, quoiqu'il ait pu faire?
[comment ne sommes-nous pas davantage fou de joie, de reconnaissance envers Hachem, pour cette si belle opportunité d'expier nos fautes, même les plus graves!]

La lumière spirituelle latente de la méguilat Esther est en réalité plus grande et plus honorable que celle de la Torah elle-même.

['Hatam Sofer - drouch 37 Adar
- chéOr kadoch akaloul baméguila ou mamach yotèr gadol vénikhbad miToraténou aKédocha bé'atsma]

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-> Le midrach (Béréchit rabba 17,5) enseigne qu'il y a des choses dans ce monde qui sont des semblants d'éléments complets : le sommeil est un semblant de la mort, le rêve est un semblant de la prophétie, le Shabbath est un semblant du monde à Venir (méen olam aba).

-> En ce sens, la guémara (Béra'hot 57b) rapporte : "Le feu correspond à 1/60e de l'enfer, le miel à 1/60e de la manne, le Shabbath à 1/60e du monde à venir, le sommeil à 1/60e de la mort, et un rêve à 1/60e de la prophétie".

Le Rambam (dans son livre des égarés 2,36) explique que bien qu'il soit inapproprié de faire un lien entre 2 concepts totalement différents, métaphoriquement cela ressemble à un bourgeon qui correspond au fruit à un état non développé.
Comme dans la cacherout, la quantité de 1/60e, est la mesure minimale permettant de ressentir quelque chose.

-> Ce midrach (Béréchit rabba 17,5) conclut par l'exemple suivant : la Torah est un semblant de la sagesse d'en-Haut ('hokhma chél ma'la).

-> Le rav Daniel Glatstein commente :
Cela est une déclaration révolutionnaire! En effet, on pourrait penser que la Torah est la forme la plus élevée de la sagesse ('hokhma), et cependant le midrach nous enseigne qu'elle n'est qu'un semblant de la sagesse d'en-Haut.
Bien qu'il s'agisse de concepts mystiques qui dépassent nos capacités limitées, néanmoins on peut simplifier ainsi ce concept.
La Torah que nous apprenons a été filtrée pour pouvoir être assimilée par l'esprit humain. Mais dans sa forme originale, la sagesse d'Hachem est beaucoup plus élevée et sanctifiée.

=> Est-ce qu'il y a un moyen pour que nous, simples mortels, puissions accéder et profiter de la sagesse d'Hachem dans sa forme originale (sans cette énorme déperdition en raison du filtrage)?

Le rav Aryié haCohen (dans son Tour Bérékes), qui est un des élèves du Arizal, révèle que la méguilat Esther provient de la sagesse d'en-Haut ('hokhmat haEliyona). [sans filtrage]
La lecture de la méguila repousse l'étude de la Torah et des autres mitsvot, car elle a une source plus sublime et a la dimension rare de la sagesse d'en-Haut.

-> Le rav Daniel Glatstein ajoute que c'est la raison mystique qu'à Pourim selon la guémara (Méguila 3a) même si on est en train de faire la plus grande de toutes les mitsvot : étudier la Torah, on a l'obligation d'arrêter d'étudier pour aller écouter la lecture de la Méguila.
[la guémara ajoute que la mitsva de la lecture de la méguila supplante le service Divin (Avoda) dans le Temple.]

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-> Le Arizal (Pri Ets 'Haïm - chaar aPourim chap.5) enseigne que la lumière avec laquelle Hachem a gracieusement illuminée les juifs à Pourim était sans précédent et inégalée.
Elle a même surpassé la lumière du Shabbath et des Yom Tov.
Mais Hachem a voulu que cette lumière incomparable brille pour toujours pour les juifs le jour de Pourim, et c'est pourquoi : "Ces jours de Pourim ne quitteront jamais le peuple juif" (Méguilat Esther 9,28).
Chaque année le jour de Pourim, cette lumière [spirituelle] incomparable et inégalée brille de nouveau pour les juifs.
C'est une lumière éternelle, qui ne s'affaiblit jamais.
D'ailleurs, le Arizal conclut : "car c'est une lumière comme il n'en a jamais existée" (ki hi aora acher méolam lo niyé kamohou).

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-> Le rabbi de Radomsk (Tiféret Shlomo - Moadim - Ramozé Pourim) explique que la lumière que nous recevons à chaque Pourim provient du monde à Venir, et elle est remplie d'une sainteté si puissante qu'elle ne sera jamais annulée.
Chaque année, Pourim est un jour d'élévation pour tout juif, peu importe le niveau auquel il se trouve.

-> Rabbi Lévi Its'hak de Berditchev (Kédouchat Lévi - Pourim - Kédoucha richona) enseigne que le mot "méguila" montre qu'à Pourim on nous a dévoilés (mégalé) une révélation du don de la Torah d'une ampleur supérieure à celle qui a eu lieu au mont Sinaï.

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-> Selon le Zohar (Tikouné Zohar 21,57b), Yom haKippourim (Kippour) peut se comprendre : "yom kéPourim (un jour semblable à Pourim [dans le sens où Pourim lui est supérieur]), car c'est à Pourim que nous pouvons atteindre des niveaux plus élevés de sainteté.
Le rav 'Haïm Chmoulévitz explique que cela est atteint par les mitsvot d'unité qui embellissent ce jour.
[la méguila doit être lue en public avec le plus de monde possible, les échanges de michloa'h manot, la tsédaka aux pauvres, un repas de fête tous ensemble, des costumes unissant les jeunes, ... ]
Le rav Chmoulévitz dit que pour que les juifs atteignent le niveau de recevoir la Torah, ils doivent être unis (au niveau du cœur et de l'âme).
Grâce à l'unité de Pourim, les juifs ont mérité un niveau de don de la Torah plus élevé que celui initial au mont Sinaï.

[Hachem est tellement heureux de voir Ses enfants qui sont unis, qui se retrouvent ensemble, qu'Il donne avec largesse des bienfaits. ]

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-> b'h, voir également : https://todahm.com/2021/01/12/32050

Le Ciel et la terre sont mes témoins que Hachem est assis et attend que le peuple juif fasse téchouva, plus qu'un père attend son enfant ou une femme attend son mari, afin qu'Il puisse amener la guéoula, reconstruire le Temple qui ne doit plus jamais être de nouveau détruit.
[Tana déBé Eliyahou - fin du chap.31]

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-> Le rav 'Haïm Palaggi (moéd lékol 'haï - ט"ו ג) écrit :
Crois ce que je dis : à chaque fois que je lis cet extrait spécial, mes yeux ne s'arrêtent pas de pleurer.
Comment est-il possible que le Roi de l'honneur (mélé'h hakavod) [Hachem] est [actuellement] en train d'attendre que nous fassions téchouva afin de nous accorder tellement de bonnes choses, tout le bien possible dans ce monde, et tout le monde va après son cœur sans se préoccuper de cela, et personne ne se soucie assez pour dire : "lé'h vénachouva él Hachem" (allons et retournons vers Hachem).

Pessa’h = un accélérateur du machia’h

+ Le Séder de Pessa'h = un accélérateur de la venue du machia'h :

-> Chaque nuit du Séder de Pessa'h rapproche l'arrivée du machia'h.
La venue du machia'h est un processus. L'exil (galout) a plusieurs épaisses "couches d'impureté" qui ont besoin d'être "coupées" afin que la guéoula puisse arriver.
Cela est semblable au fait de découper un morceau de viande. Il ne peut pas l'être en un seul mouvement, on doit faire plusieurs fois des allers-retours avec le couteau afin de pour le couper complètement.

Chaque année, pendant la nuit du Séder de Pessa'h, c'est comme si on faisait une autre entaille dans la viande et la coupure devient plus profonde.
Au final, nous couperons tout et le machia'h viendra.
C'est pour cela que chaque année, le Séder de Pessa'h se termine par les mots : "léShana aba'a béYérouchalayim" (à l'année prochaine à Jérusalem [avec le Temple reconstruit]) : nous affirmons qu'avec l'entaille de cette année dans la gualout, nous sommes pratiquement arrivés à obtenir le machia'h.
[d'après le Ram'hal - maamar haa'Hokhma - Inyan Séder lél Pessa'h]

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-> Le midrach (Téhilim 18) dit que le machia'h et Eliyahou "grandissent" pendant la nuit du Séder de Pessa'h.
Cela signifie que la réelle "venue du machia'h" est une réalité en constante évolution qui se développe par étapes, dans le temps.

-> Dans la Amida, nous disons : "oumévi go'él livné vénéhem" (Il amène le sauveur aux enfants de leurs enfants [des Patriarches]).
Pourquoi le terme "Il amène" (oumévi) est-il au présent? N'aurait-il pas été plus approprié d'employer : "Il amènera le sauveur"?
Selon de nombreux commentateurs, cela témoigne du fait que la guéoula est un processus permanent, qu'elle se développe par étapes.

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-> Le rav Moché David Valle cite le Ram'hal ci-dessus, affirmant qu'à chaque Pessa'h, Hachem rapproche le machia'h encore davantage.
C'est un processus sur plusieurs années, faisant que chaque Pessa'h rapproche automatiquement la guéoula.

Le rav Valle ajoute : les préparations pour la guéoula se passent principalement au Ciel. Ainsi, nous ne pouvons pas voir ce que nous sommes en train d'accomplir dans le processus de la guéoula.
Ce n'est qu'à la fin, une fois que la guéoula sera apparue, qu'on pourra prendre conscience de tout ce qui a pu être fait.
Il est possible qu'au Ciel les préparations pour la venue du machia'h se terminent en Nissan ou Tichri, mais ensuite que le machia'h ne se révèlera à nous qu'ensuite. Et c'est pour cela qu'on doit l'attendre à tout moment (a'haké lo bé'hol yom chéyavo), il peut arriver d'une façon soudaine (pitom), inattendue pour notre intellect.

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-> En se basant sur le Gaon de Vilna, le 'Hafets 'Haïm explique que l'exil (galout) est comparé à une grossesse, et la guéoula à une naissance.
Le moment fixé pour que l'exil se termine est comme la date prévue pour une naissance.
De même qu'un bébé peut naître quelques semaines avant ou après la date prévue, l'exil peut se terminer à n'importe quel moment dans un délai raisonnable autour de son moment de fin fixé.
Ainsi, la guéoula qui est comparée à une naissance, est un processus d'une durée indéterminée.

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-> Selon la guémara (Sanhédrin 97a) : "Le monde a une duré de 6 000 ans : 2 000 années de tohou (de vide, de chaos), [ensuite] 2 000 années de Torah, et [enfin] 2 000 années qui sont la période [de l'arrivée] du machia'h (yémot hamachia'h)."

=> Il en découle que depuis 1 782 ans nous sommes engagés dans cette période de l'arrivée du machia'h.

[plus on avance dans le temps, plus nos Sages disent que la guéoula devient une réalité encore plus tangible.
Le 'Hafets 'Haïm a écrit qu'à son époque on était déjà entré dans l'ère de : "ikvéta déMechikha" (on entend les pas du machia'h qui arrive).
Le rav 'Haïm Kanievsky enseigne qu'on est actuellement arrivé à une partie bien plus avancée de cette ère (ikvéta déMechikha), on est déjà dans le : "keits mégoulé" (ex: les signes annoncées il y a des milliers d'années, se sont accomplis).

Un exemple de cela est dans la guémara (Sanhédrin 98a) : "Rabbi Abba a dit : Il n’y a pas de signe de la fin des Temps plus évident ('Kéts Mégoulé' - קץ מגולה) que ce verset : ‘Et vous, montagnes d’Israël, vous donnerez vos branches et vous porterez vos fruits pour Mon Peuple Israël, car ils sont près de revenir’ (Yé'hezkiel 36,8)."
Rachi commente : Lorsque la terre d’Israël donnera ses fruits avec générosité alors la fin des temps sera proche". ]

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-> Le temps de la guéoula :
La Torah raconte qu'Avraham et Lot ont tous deux mangé des matzot à Pessa'h (voir Bereishis
19:3 avec Rachi, et Rabbeinu Bachya sur Bereishis 18:8). Cela semble étrange.
La Torah nous dit que nous mangeons des matsot pour commémorer les événements qui se sont produits lors de la sortie d'Égypte, quelques centaines d'années plus tard (Bo 13,8 avec Rachi).
Pourquoi mangeaient-ils des matsot? Que commémoraient-ils?

En réalité, le pouvoir de la rédemption a été imprégné dans les jours de Pessah depuis le temps de la création et n'a porté ses fruits d'une manière si immensément reconnaissable que lors de la rédemption du peuple juif d'Égypte.
Avraham et Lot ont ressenti l'énergie intrinsèque de la libération au cours de ces journées. Ils savaient que la force intrinsèque de l'époque était la liberté et que manger de la matsa en était l'expression.
Il convient de noter que le 15 Nissan est une période de libération et que c'est pour cette raison que la sortie d'Egypte a eu lieu ce jour-là, et non l'inverse.

Cela ne se limite pas à ce qui s'est passé à Pessa'h, explique rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.1), mais chaque fête a son propre pouvoir spirituel. En fait, le rav Dessler explique qu'il n'est pas exact de dire que le temps passe à côté de nous, mais plutôt que c'est nous qui passons à côté du temps.
Cela signifie que le temps fonctionne comme une bobine qui se déplace vers le haut, chaque année formant une nouvelle courbe dans la bobine. La force spirituelle intégrée à chaque période est la même que celle dont nous faisons l'expérience chaque année.
Par conséquent, lorsque nous vivons Pessah, nous faisons l'expérience de la même force de liberté que le peuple juif a connue à l'époque.

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-> Le mot matsa (מצה) avec les lettres écrites pleinement (bémilouï) : מם צדי הא , a pour valeur numérique 190, celle du mot : "kéts" (קץ - la "fin" de l’exil).
[si l'on réalise les mitsvot liées à la matsa, comme il faut, alors on peut être méritant de voir la guéoula. ]
[Ora'h 'Haïm ]

-> Une seule personne faisant téchouva avec sincérité peut amener la guéoula [pour tout le monde].
[Pélé Yoets - ערך ציוי]

-> Une seule personne priant avec sincérité peut amener la guéoula [pour tout le monde].
[Targoum - Yéchayahou 59,16 ; 63,5]

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[Hachem demande la sincérité, les profondeurs de notre cœur.
Ainsi, chaque juif doit se dire : ma téchouva, ma prière, a le pouvoir d'amener la guéoula pour tout le monde! ]

Shabbat Shékalim – un jour d’abondance

+ Shabbath Shékalim - un jour d'abondance :

-> Le midrach (Tan'houma Ki Tissa 3) rapporte que Moché dit à Hachem : "Maître du monde, lorsque je mourrai, je ne serai plus rappelé en souvenir", et Hachem lui répondit alors : "Par ta vie, tel que tu te tiens à présent pour leur transmettre (aux Bné Israël) la paracha Shékalim, et que tu fais le relevé de leur compte (litt. de leur tête), il en sera ainsi chaque année lorsqu'ils la liront devant Moi : ce sera comme si tu te tenais là-bas au même moment et que tu faisais le relevé de leur compte".

-> Le 'Hidouché haRim (Séfer haZékhout) écrit : "Ce midrach constitue la promesse que dans chaque génération, au moment de la lecture de paracha Shékalim, Moché ''relève la tête'' des Bné Israël".

Néanmoins, afin de mériter ce "relèvement", l'homme doit entamer le processus et vouloir sortir de la fange et de la boue dans laquelle il est plongé, comme le dit le 'Hidouché haRim lui-même : "Ce Shabbat, l'homme doit soumettre tout son corps (ses tendances animales) à sa tête (à son esprit), car si ses membres ne suivent pas sa tête, il demeurera "sans tête"."

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Ce "relèvement'' a été défini par nos Sages (guémara 'Haguiga 16a) : "Six choses ont été dites au sujet de l'homme, enseigne la guémara, trois dans lesquelles il ressemble aux anges, et trois dans lesquelles il ressemble à l'animal".
Une des choses par lesquelles il ressemble aux anges est qu'il se tient debout comme eux, alors que les animaux vont la tête dirigée vers le sol. Car ce membre est constamment occupé à rechercher les choses terrestres.
Et c'est précisément cet aspect que l’homme doit travailler : soumettre son mauvais penchant, s'habituer à "se tenir debout", à diriger son regard vers le haut.

Et durant le Shabbat Shékalim, il jouit d'une aide du Ciel particulière pour y parvenir, car Moché s'occupe de "relever les têtes d'Israël".
Dès lors, la possibilité nous est offerte de nous élever au-dessus des contingences matérielles et des actes purement bestiaux, de nous tenir debout devant Hachem, comme les anges célestes.

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-> Paracha Shékalim : Lue le Chabbat qui précède le début du mois d’Adar (ou à Roch ‘Hodech Adar, s’il tombe un Shabbat).
Passage = les versets de Ki Tissa 30,11-16.

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-> Le Rama miPano (Assara Maamarot) enseigne que le Temple qui se tenait à Jérusalem correspond à un Temple qui se tient au Ciel.
Tout comme Aharon haCohen est le Cohen Gadol d'en bas, l'ange Michael est le Cohen Gadol d'en-Haut. [Pérouch haRoch Al haTorah - trouvant une allusion à cela dans le verset Chémini 9,4 ]
Tout comme les korbanot sont offerts en bas, les korbanot sont offerts en haut.

-> Alors que le Temple inférieur (en-bas) est absent et que nous ne pouvons plus apporter de pièces d'argent pour les korbanot physiques, dans le Temple céleste (en-Haut), les korbanot sont offerts comme à l'accoutumée.
=> Comment ces korbanot célestes sont-ils "achetés"?
D'après les shékalim spirituels générés par notre lecture de la paracha Shékalim.
[rabbi Tsadok haCohen - Pri Tsadik Shékalim 2]

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+ Moché élève chaque juif :

-> Moché dit à Hachem : "Quand je mourrai, serai-je oublié ?"
Hachem lui répondit : "Par ta vie, comme tu te lèves pour leur donner la paracha de Shékalim, et "ki tissa ét roch" (tu les comptes - littéralement = tu lèves leur tête - Ki Tissa 30,11), ainsi chaque année quand ils lisent [la paracha de Shékalim] devant Moi, ce sera comme si tu te tenais là à ce moment-là et que tu levais leur tête.
[midrach Tan'houma - Ki Tissa 3]

-> Lever la tête de quelqu'un signifie le transformer d'un animal terrestre, ayant la tête tournée/regardant vers le bas, en un être humain, qui peut regarder vers le ciel. ['Hidouché haRim - début Ki Tissa]
Même dans l'obscurité matérielle et la profondeur de notre génération, lorsque la paracha Shékalim arrive, notre fidèle berger, Moché Rabbénou, nous remonte le moral.

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-> Le rav Pin'has de Koretz zy'a (séfer Imré Pin'has) attendait avec impatience les "Quatre Parachiot" (Shékalim, Za'hor, Para, ha'hodech).
Il disait : "J'ai hâte que la Arba Parachiot arrive pour pouvoir me réunir avec Hachem!"

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-> Le midrach Tan'houma (Ki Tissa 3) rapporte que Moché Rabénou dit à Hachem : "Maître du monde, après ma mort, on ne se souviendra plus de moi."
Hachem répondit : "Je promets que, tout comme tu es avec eux maintenant et que tu leur as donné la paracha Shékalim et relevé leur tête, tu seras avec eux chaque année lorsqu’ils liront cette paracha, comme si tu te tenais devant eux et leur relevais la tête."

-> Le Sfat Emet explique la déclaration du midrach selon laquelle la puissance des Chekalim relève la tête d’une personne en citant le verset de Michlé (14,34) : "La tsédaka élève".
Il cite le Zohar ('helek 4, 142b) qui dit que les actions faites dans ce monde inférieur influencent les choses dans le monde supérieur et affirme qu'après la faute du Veau d'or, un grand tikoun était nécessaire pour les deux mondes. Ce tikoun (réparation) a été réalisé grâce au pouvoir de la tsédaka, qui a été accompli par les Shékalim.
Ainsi, les Shékalim ont relevé les têtes du peuple juif en leur accordant une expiation pour leur faute.

-> Le Sar Shalom de Belz explique qu’à notre époque, lorsque nous n’avons pas de Temple et que nous ne pouvons pas apporter les Shékalim au sens littéral, nous accomplissons cette mitsva en lisant la paracha des Shékalim.

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+ Shékalim = prise en compte de nos mitsvot futures :

-> La guémara (Méguila 13b) déclare : "Il était connu et révélé à Hachem qu’Haman rassemblerait un jour des shékalim pour les utiliser contre le peuple juif. C’est pourquoi Il a placé nos shékalim avant les siens. C’est ainsi qu’il est dit que le premier jour d’Adar, ils annoncent les shékalim."

Le Sefer Tiferet Shmouel demande comment les shékalim protégeaient les juifs à l’époque de Mordé'haî et d’Esther si le Beth Hamikdosh n’existait pas alors et que personne ne donnait de shekalim.

Il répond en citant ce qui est écrit dans nos séfarim Hakédochim concernant la place importante qu'occupe le peuple juif auprès d'Hachem. Chaque fois qu'une nation est en guerre avec une autre et a besoin d'aide, Hachem consulte son registre pour voir si elle possède un mérite qui la rende digne d'être sauvée. S'il ne trouve pas de mérite, Il ne l'aide pas.
En revanche, si le peuple juif a besoin d'aide, même s'il ne possède aucun mérite qui le rendrait digne d'un miracle, Il compte les mérites de mitsvot qu'ils accompliront à l'avenir et noud sauve grâce à ce mérite, car nous avons un historique de mitsvot et Il sait que nous les accomplirons.

Cela s'est même produit à la Création du monde. Bien que le peuple juif n'ait encore accompli aucune mitsvot, Hachem lui a tout de même attribué les mitsvot qu'il accomplirait à l'avenir.
Nos Sages disent qu'Hachem a créé le monde grâce au mérite de ces mitsvot futures.
[Beréchit bara = Au commencement, Il a créé, par le mérite d'Israël, ceux qu'on appelle "les premiers"" (Rachi - Béréchit 1,1).

On retrouve la même idée lors de la sortie d'Égypte (voir Rachi - Bo 13,11-12). Moché demanda à Hachem par quel mérite le peuple juif était sorti d'Égypte et Hachem répondit qu'Il les sauvait par la mérite des mitsvot qu'ils accompliraient à l'avenir, après avoir reçu la Torah.

Nous pouvons maintenant expliquer le midrach selon lequel Hachem a placé les shékalim du peuple juif avant ceux d'Haman. Cela signifie qu'Hachem a placé le mérite de nos shékalim que nous donnerions à l'avenir afin de contrebalancer les shékalim d'Haman, même si ces shékalim ne seraient pas donnés avant la reconstruction du Temple.

C'est également le sens de la guémara : 'Le premier Adar, ils annoncèrent les shékalim". Cela signifie qu'Hachem annonce dans le Ciel que le mérite des shékalim à venir est déjà suffisant pour aider peuple juif.

Il en va de même aujourd'hui. Lorsque nous avons besoin de l'aide d'Hachem, nous Lui demandons d'avoir pitié de nous par le mérite des mitsvot que nous accomplirons après qu'Il nous aura sauvés de nos ennemis.

Nous récitons également ceci dans le piyout : "Que la lumière de la géoula générale et personnelle brille sur nous par le mérite des shékalim que nous donnerons lors du Temple à l'avenir."

[ainsi en ce Shabbath Shékalim, c'est un moment propice pour réaliser qu'on est sublime et aimé par Hachem, car peu importe ce que l'on actuellement, Il en compte les mitsvot que nous désirons faire (mais que nous ne pouvons pas faire) et celles que nous ferons ultérieurement.
Cet amour d'Hachem, qu'on compte à Ses yeux, doit nous motiver à faire de notre mieux pour lui témoigner concrètement de notre amour.]

 Le livre d'Esther contient 166 versets. Cela représente le nombre de mots des sections de la Torah traitant d'Amalek (Chémot 17,8-16 ; Dévarim 25,17-19).
Le "Grand Hallel" (Téhilim 136), louange à D. pour nous avoir sauvés de tous nos ennemis, contient également 166 mots.

Le Livre d'Esther commence par le terme Vayéhi et se termine par : zar'o. La valeur numérique de ces deux mots est 314, la même que le nom de D. "Sha-daï".
La méguilat Esther est une prière que D. mette fin à tous les problèmes des juifs.
[Méam Loez - Méguilat Esther 10,3 ]

Quelques éléments sur le récit de Pourim (1ere partie)

+ Quelques éléments sur le récit de Pourim (1ere partie) :

-> A'hachvéroch haïssait les juifs plus encore qu'Haman ...
Bien que les juifs fussent de bons citoyens, A'hachvéroch pensait avoir une bonne raison de les haïr. Ses astrologues lui avaient prédit qu'un juif s'emparerait de sa couronne et régnerait à saplace.
Leur prédiction concernait Darius II, fils d'Esther (et d'A'hachvéroch, qui est né 1 an après qu'Esther devienne reine.).
[La mère de Darius étant juive, il était juif lui aussi.] Toutefois, A'hachvéroch ne le savait pas. Il était encore marié (à ce moment) avec Vachti et n'aurait jamais pu imaginer engendrer un héritier juif.
[ Darius II va succéder à son père A'hachvéroch, et il va ordonner la consturction du 2e Temple, 70 ans après la destruction du 2e.]

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-> Suite la mort de Vachti, on organisa un "concours de beauté" pour trouver la nouvelle reine.
Chaque jolie jeune fille ne pouvait pas se présenter à Chouchan. Il fallut envoyer des administrateurs dans chacun des 127 états chargés de choisir la jeune fille la plus belle et la plus convenable de chaque état. Elles seraient jugées à la fois sur la beauté physique et sur leur personnalité.
La meilleure de chaque état serait ensuite amenée à Chouchan pour que le roi choisisse celle qu'il préférait.
127 jeunes filles seraient rassemblées : une pour chaque état.
Elles seraient toutes placées sous la direction de Hégaï, le maître du harem royal.

Bien entendu, Haman savait ce qu'il se passait et il s'arrangea pour pousser sa fille devant l'émissaire du roi.
Hachem fit qu'elle eut soudain une forte diarrhée et se souilla ; l'odeur répugnante la fit rejeter immédiatement par l'émissaire royal.

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+ L'élévation sociale d'Haman :

-> "Après ces événements (du complot de Bigtan et Térech), le roi A'hachvéroch promut Haman, fils d'Amdata, l'agaguéen, et l'éleva. Il plaça son siège au-dessus de tous ceux des princes qui étaient avec lui" (Esther 3,1)

-> Haman va être promu à une faute fonction afin d'inciter les juifs au repentir ; ensuite, il fut très rapidement détruit et les juifs sauvés.
D'ailleurs, 'Harbona va raconter au roi qu'Haman avait fait partie du complot de Bigtan et Téréch pour tuer le roi (Eshter 7,9), et le roi le fit pendre immédiatement.

Haman ne demeura au zénith de son pouvoir que pendant 70 jours.
De son envoi des lettres demandant l'extermination des juifs (le 13 Nissan 3404 - Esther 3,12) au jour où Mordé'haï envoya des missives pour abolir ce décret (le 23 Sivan - Esyher 8,9).

Les Méam Loez fait remarquer que du verset : "Après ces événements, le roi A'hachvéroch promut Haman" (Esther 3,1) jusqu'au verset : "on pendit Haman" (Esther 7,10), on compte exactement 70 versets, qui correspondent aux 70 jours durant lesquels Haman reçut les pleins pouvoirs.

Le Alchikh haKadoch dit que chaque jour, A'hachvéroch accordait à Haman de nouveaux pouvoirs, et ce ne fut que lorsque Haman atteignit le sommet de sa puissance qu'il s'effondra.

Selon le midrach, Haman reçut également un char spécial. Lorsqu'il circulait dans les rues, un crieur annonçait qu'il était le favori du roi.
A ce moment-là, l'Attribut de Justice prit la parole devant D. : "Maître de l'univers! Haman a fait le voyage de Chouchan à Jérusalem dans le but de faire cesser la construction du Saint Temple. C'est un descendant du racha Amalek. Comment supportes-Tu de le voir accéder à une si haute position?"
D. répondit : "Jusqu'à présent, personne ne connaissait Haman. Je vais l'élever et le rendre si célèbre que, lorsqu'il tombera, le monde entier connaîtra Ma vengeance".[midrach Esther rabba 3,1]

-> Le midrach (Yalkout Chimoni Esther 1053) à propos du verset : "Il
plaça son trône au-dessus de celui de tous les princes qui étaient avec lui" = il se fit une estrade plus haute (que celle d'A'hachvéroch), et il fut ainsi placé au-dessus de tous les princes qui étaient avec lui. De ce fait, il fut en mesure d'ordonner au roi de pendre Mordé'haï.
[v.6,4 : "Haman se rendit au palais royal pour dire au roi de pendre Haman sur la potence" ]

La guémara (Méguila 15a) enseigne explicitement : "Hamane s'éleva au-dessus d'A'hachvéroch".

[Hachem fit en sorte qu'Haman s'élève très haut du fait de son opposition aux juifs, pour mieux tomber d'encore plus haut lorsque les juifs ont fait téchouva. ]

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+ La relation Mordé'haï & Haman :

-> Après la promotion d'Haman, les gens lui témoignèrent du respect (dans l'Orient d'autrefois, il était accepté de s'agenouiller et de se prosterner devant les ministres).
Cependant, tout le monde connaissait les modestes origines d'Haman, qui avant de devenir politicien, avait été un employé dans un établissement de bains et coiffeur.
Certains à Chouchan, s'étaient fait coiffer par lui.
Pour que tout le monde se soumette au premier ministre du roi (Haman), le roi A'hachvéroch ordonna qu'on fasse à Haman le même signe de soumission qu'envers le roi lui-même.

-> Lorsqu'il paradait dans la ville, Haman portait son idole sur sa poitrine. (Pirké déRabbi Eliézer 50)
Il avait foi en ce fétiche, auquel il attribuait sa victoire sur Vachti et son ascension à une haute fonction.
Haman ayant fait en sorte que tout signe de soumission envers lui s'adressât également à son idole, Mordé'haï n'eut pas le droit de s'incliner devant Haman, fût-ce au prix de sa vie.
Le Yossef Lékéa'h rapporte que Mordé'haï ne prétendait pas ne pas le voir, au contraire il regardait Haman bien en face à son passage et publiquement refusait de faire le moindre geste. Ainsi, il sanctifiait le nom de D. et servait d'exemple à tout son peuple.

-> Mordé'haï avait une autre raison de ne pas respecter Haman.
En l'an 3393 (soit -368 avant l'ère vulgaire) [pendant la 2e année du règne d'A'hachvéroch], une province d'Inde se rebella contre l'empire perse. Le roi envoya 12 000 soldats pour écraser la révolte.
Les 2 généraux à la tête de l'armée étaient Mordé'haï et Haman. Chacun d'eux, responsable de 6 000 soldats, reçut des provisions pour 3 ans. Mordé'haï et ses soldats firent demi-tour et attaquèrent par l'est tandis qu'Haman attaqua directement de l'ouest.
Haman gaspilla ses provisions, et après une année de campagne, il les avait déjà épuisées. Il vint trouver Morde'haï pour lui demander son aide. Morde'haï lui expliqua que, s'il donnait de ses vivres, lui et ses soldats viendraient à manquer.
Lorsque les soldats d'Haman commencèrent à souffrir de la faim et menacèrent de se mutiner, Haman retourna chez Mordé'haï et le supplia de l'aider.
Finalement, Morde'haï accepta, à condition qu'Haman devienne son esclave un jour par semaine. N'ayant pas le choix, Haman accepta. Etant donné qu'il n'y avait pas de papier sur le champ de bataille, Mordé'haï écrivit sur sa jambière le contrat scellant leur accord.

Dès lors, Mordé'haï ne se sentit nullement contraint de se prosterner devant Haman. Il faisait exprès de porter sa jambière, qu'il observait d'un air significatif lorsqu'Haman passait devant lui.
Haman comprenait son allusion et bouillonnait de frustration.
[Pessikta Rabbati]

-> Haman savait aussi que Mordé'haï ne se prosternait pas devant lui parce qu'il était amalécite.
En tant que juif, Mordé'haï considérait tout amalécite comme maudit.
La colère d'Haman était donc dirigée contre Mordé'haï précisément parce qu'il était juif.
[Alchikh haKadoch]

-> Haman demanda à des agents de suivre Mordé'haï et d'établir un rapport sur lui.
Il apprit ainsi que Mordé'haï était un homme amical qui saluait chaque homme qu'il rencontrait et inclinait la tête devant l'homme le plus ordinaire.
Lorsqu'Haman se rendit compte que Mordé'haï refusait de s'incliner devant lui seul, sa fureur ne connut plus de bornes.
[Yad haMélé'h]

-> Mordé'haï avait une raison importante de refuser obstinément de s'agenouiller, quitte à mettre tout le peuple juif en danger. Ils avait que les juifs avaient commis un péché très grave en se prosternant devant la statue de Névou'hadnezar. Par son abnégation, Mordé'haï tentait d'expier cette faute.
Mordé'haï était un descendant de Benjamin, le plus jeune fils de Ra'hél. Il connaissait la tradition selon laquelle les descendants d'Essav seraient vaincus par ceux de Ra'hél.
S'il sanctifiait le nom de D. en public, il pouvait être assuré de l'intervention divine.
[Ibn Ezra]

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+ Le tirage au sort :

-> "Le 1er mois (Nissan), durant la 12e année du roi A'hachvéroch, le "pour" (loterie, tirage au sort) fut tiré devant Haman, pour examiner chaque jour et chaque mois. Il tomba sur le 12e mois, le mois d'Adar" (Esther 3,7)

-> Déterminé à exterminer les juifs, Haman chercha le moment propice. Utilisant la méthode du tirage au sort, Haman tenta de déterminer quel serait le jour le plus favorable.
Il fit ce tirage le 1er Nissan [3404] ; qui est le mois de la sortie d'Egypte, représente une période où les juifs sont capables de vaincre leurs ennemis. [Alchikh haKadoch]

-> Le premier tirage au sort ressemblait à des dés. Sur ces cubes, des chiffres de 1 à 6 étaient inscrits sur les 6 faces de façon à ce que les chiffres opposés fassent un total de 7.
Ainsi, les faces opposées portaient respectivement les paires : 1-6, 2-5 et 3-4.
Les dès qu'Haman choisit utilisaient pour chiffres des lettres hébraïques si bien que les paires ainsi formées étaient : aléf-vav, bét-hé et guimel-dalét.

Haman utilisa 3 dès.
La première fois, les chiffres tirés furent : 1-3-3. c'est-à-dire : aleph-guimel-guimel. Ces lettres formaient, à coup sûr "Agag" (אגג), nom de l'ancêtre d'Haman. Quel mauvais augure!
Puis Haman retourna les dés pour voir quelles lettres se trouvaient au-dessous. En face du aleph se trouvait un vav alors que sous chaque guimel se trouvait un dalet.
Les 3 lettres du dessous étaient dalet-dalet-vav qui, réarrangées, formaient le nom "David" (דוד).
Haman pensa qu'il s'agissait d'un signe évident qu'Agag terminerait en haut et le peuple de David, en bas.
Hachem dirigea le tirage au sort de façon a induire Haman en erreur et le conduire dans le piège. Haman, quant a lui, était ravi de ce résultat. [midrach Talpiot]

Ensuite, Haman tira au sort les jours et les mois. La façon habituelle de tirer au sort est, par exemple, d'inscrire les 12 mois de l'année sur 12 morceaux de papier puis d'en lier un. Cependant, cela ne pouvait lui garantir la réussite car, quelque soit le papier tiré, un mois serait inévitablement choisi.
Haman voulait une preuve supplémentaire que la chance lui souriait, Il prépare donc une série de papiers contenant les noms des 12 mois lunaires. Dans une autre série, les papiers portaient les numéros de 1 à 354, soit un pour chaque jour de l'année lunaire
Puis Haman fit 2 tirages indépendants, 1 un pour les mois et l'un pour les jours. Si tous 2 coïncidaient c'était que le tirage était vraiment de bon augure. Sinon, il saurait qu'il était peu propice.
Ainsi par exemple, si le tirage des mois désignait Adar et celui des jours, le chiffre 100, il serait clair que le tirage était peu propice. En effet, le 100e jour de l'année tombe en Tamouz. non en Adar.

Finalement, le tirage des mois désigna le mois d'Adar et celui des jours donna le chiffre 337, dix-sept jours avant la fin de l'année. Mais, plus important, puisque Adar était le dernier mois de l'année, le 337e jour coïncidait exactement avec Adar.
Le jour choisi fut donc le 13 Adar. [Yaarot Dvach]

Selon le midrach, celui qui procéda au tirage au sort, sur l'ordre d'Haman et en sa présence, était le scribe Chimchi, fils d'Haman.
Ils leur sembla que le mois d'Adar était parfait, car le 7 Adar correspondant à la mort de Moché, ce mois était donc de fort mauvais augure pour Israël.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Moché était né également en cette date d'Adar (car cachée 3 mois, il fut découvert par la fille de Pharaon en Sivan, mois où sera donné la Torah).

[source : compilations personnelles issues du Méam Loez - Méguilat Esther ]

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+ Le trône d'A'hachvéroch :

-> "Lorsque le roi A'hachvéroch se fut établi sur son trône royal, à Chouchan la capitale, la 3e année de son règne, il donna un festin" (Esther 1,2-3)

-> Le Gaon de Vilna rapporte, dans son commentaire de la Méguila, les paroles du Targoum Chéni selon lesquelles le roi Chlomo possédait un trône à l'instar du Trône Céleste.
Lorsque Pharaon et Nabukodonosor voulurent s'y asseoir, ils reçurent un châtiment corporel (d’où le fait que Pharaon fut surnommé Nékho, "l’estropié", car lorsqu’il voulut monter sur ce trône, l’une des formes de lion qui y était gravée le mordit et il se retrouva alors boiteux pour le restant de ses jours).

[Le Méam Loez (1,2) écrit que :
A une époque, A'hachvéroch prit place sur le trône du roi Salomon. C'était un trône très rare, décoré de toutes sortes de pierres précieuses ainsi que d'animaux mécaniques mobiles. Lorsque Nevou'hadnezzar s'empara de Jérusalem, il fit emporter ce trône à Babylone. Lorsqu'il en monta les marches pour s'y asseoir, un des lions se désarticula, lui cassant le pied.]

Lorsque A’hachvéroch devint roi, brûla en lui le désir de s'asseoir sur un tel trône, mais il fut, en même temps, saisi de crainte à l'idée d'être puni comme ses prédécesseurs. Que fit-il?
Il se mit à la recherche d'artisans capables de lui en construire un semblable, et il n'en trouva que dans la ville de Chouchan ; c’étaient les seuls qui seraient en mesure de s'atteler à une tâche aussi difficile.
De fait, ils construisirent le trône tant convoité durant 3 années.
Lorsqu'ils eurent terminé, ils ne parvinrent pas à le déplacer pour le ramener chez le roi, et on fut obligé de le laisser à Chouchan.
Le roi y fixa donc son lieu de résidence et Suse devint alors la capitale de son royaume (puisqu'il convient au roi de ne résider que dans la capitale).
C'est ce qui est écrit : "Lorsque le roi A'hachvéroch se fut établi sur son trône royal, à Chouchan la capitale ; la 3e année de son règne", car c'est à ce moment que cette ville devint la capitale.
Et tout cela parce qu' : "Il y avait un homme juif, à Chouchan la capitale, du nom de Mordé'haï", et comme on voulait (dans le Ciel) élever son rang dans le royaume, afin qu'il siège à la porte du palais, toute la maison royale se déplaça ainsi à Chouchan, la ville de Mordé'haï.

=> Si l’on y réfléchit, cette histoire peut sembler très étonnante : pourquoi toutes ces tribulations? N'était-il pas plus logique, pour parvenir à ce but, que Mordé'haï déménage vers la capitale existante?

Selon le rav Elimélé'h Biderman, la réponse est que même ce désagrément, Hachem désirait l'éviter à Mordékhaï. C'est pour cela qu'il suscita chez A'hachvéroch le désir de se faire construire un trône à l'image de celui du roi Chlomo, et que faute d'artisans suffisamment expérimentés, ce dernier fut contraint de le bâtir à
Chouchan, pour découvrir finalement ... qu'il était impossible de déplacer un trône aussi imposant, et que Chouchan fut ainsi transformée en capitale du royaume.
Et tout cela afin qu'un seul juif ne soit pas tourmenté par le déménagement d'une ville à l'autre et par les désagréments du voyage.

==> Le rav Elimélé'h Biderman conclut :
Il en ressort que le monde entier n'a été créé que pour le peuple d'Israël, et est dirigé selon une providence minutieuse et calculée dans les moindres détails, en vue de prodiguer des bienfaits au peuple juif.
Et chacun peut également en retirer une leçon personnelle : lorsque l’on sera contraint de s'exiler d'un endroit à un autre, loin de s'en irriter, on devra penser que cela a fait assurément l'objet d'un grand "calcul" céleste, en considérant combien Hachem a bouleversé le cours des évènements afin d'éviter l'indisposition d'un déménagement à Mordé'haï.

-> Le Rambam (dans l'introduction à son commentaire des
michnayiotes) écrit : il se pourrait qu'un jour, Hachem mette dans l'esprit de quelqu'un l'idée de construire un véritable chef-d'œuvre de palais, "il se pourrait alors que ce magnifique palais soit, en fait, destiné à un homme attaché à D. à la seule fin qu'il vienne, une fois dans l'avenir, s'abriter à l'ombre de l'un de ses murs et échapper ainsi à la mort".
Plusieurs années auparavant, le Hachem aurait ainsi préparé la délivrance de cet homme.

[ cela doit nous renforcer dans notre fierté d'être juifs (à quel point Hachem fait en sorte que tout soit à notre avantage!), et nous pousser à agir de notre mieux en tant que juifs (rendre Hachem fier de nous!). ]

Quelques éléments sur le récit de Pourim (2e partie)

+ Quelques éléments sur le récit de Pourim (2e partie) :

-> "Dans chaque pays, partout où la parole et le décret du roi arrivaient, il y avait un grand deuil parmi les juifs avec jeûne, pleurs et lamentations. Toile de sac et cendres étaient portés par beaucoup" (Esther 4,3)

-> Bien que les Juifs de Chouchan aient appris qu'un décret de mort était issu contre eux, ils savaient au moins qu'il ne prendrait effet que le 13 Adar. Dans sa capitale, le roi pouvait préserver l'ordre.
Mais dans les provinces plus lointaines, l'antisémitisme montait et l'on craignait que les non-juifs ne tuent les juifs bien avant le moment prévu. Les persécutions croissaient. Dans plusieurs villes, des Juifs étaient déjà assassinés. De nombreux Juifs prenaient déjà le deuil de leurs proches parents.
[Yad haMélé'h]

-> D. les punissait mesure pour mesure : ils s'étaient réjouis au festin d'A'hachvéroch pendant 6 jours (et ne restèrent chez eux que le Shabbat). A présent, ils étaient accablés de 6 tourments : deuil, jeûne, pleurs, lamentations, toile de sac et cendres.
Généralement, une tragédie est plus facile à supporter lorsqu'on la partage ; une personne peut consoler l'autre. Mais là, toile de sac et cendres étaient portés par tous. Puisque personne n'allait survivre, il ne pouvait y avoir de consolation.

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+ Le sort de Daniel :

-> "Esther convoqua Hatakh, l'un des domestiques du roi désigné pour se tenir devant elle, et lui ordonna [d'aller interroger] Mordé'haï. Que se passait-il? Et pour quelle raison?" (Esther 4,5)

-> Hatakh n'était nul autre que Daniel. (guémara Méguila 15a)
La valeur numérique du nom Daniel étant de 95, la même que celle d'Haman, Daniel changea de nom. [Manot haLévi]

Selon la guémara (Méguila 15a), il fut appelé Hatakh parce qu'il avait été retranché ('hatakh) de sa haute fonction. [En tant que l'un des principaux conseillers de Belchazar, Darius et Cyrus] il avait accédé au pouvoir suprême dans le gouvernement.
Le Maamar Mordé'haï ajoute que sachant qu'il était juif et non indifférent au décret issu contre son peuple, le roi l'avait démis de sa fonction et l'avait mis à la disposition d'Esther.

-> "Ils dirent à Mordé'haï ce qu'Esther avait dit" (Esther 4,12)
[Le pluriel montre que d'autres que Hatakh transmirent le message d'Esther.]
Certains commentateurs disent qu'Haman remarque les fréquentes rencontres entre Haman et Mordé'haï. Il les soupçonna de conspirer pour l'abrogation du décret contre les juifs.
Haman ignorait qu'Esther était juive mais il savait qu'elle avait grandi dans la maison de Mordé'haï et qu'elle était probablement favorable aux juifs.
Même si elle ne pouvait tous les sauver, elle pourrait tenter d'épargner Mordé'haï, le pire ennemi d'Haman. [midrach Yalkout Chimoni]
Afin d'empêcher toute communication entre Esther et Mordé'haï, Haman fit exécuter Hatakh.

[Ceci ne dissuada pas Esther, qui trouva d'autres messagers de confiance.]
La mort de Daniel aux mains d'Haman constitua une expiation pour Israël. Quand un saint meurt et que le peuple prend convenablement le deuil, D. pardonne Son peuple.

Selon le Manot haLévi, lorsque Esther demanda aux juifs de jeûner pendant 3 jours pour expier les 3 fautes qu'elle aura à commettre : premièrement, lorsqu'elle entrera chez le roi, elle devra consommer volontairement sa nourriture non-cashère. Deuxièmement, elle devra se soumettre à lui de son plein gré, quoi qu'il lui demande. Auparavant elle était sa femme malgré elle, mais là elle devait s'y rendre de son plein gré.
Enfin, elle demanda aux juifs de prier principalement pour que D. pardonne sa responsabilité dans la mort de Hatakh.

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-> Esther jeûna et pria également de son côté pour que D. pardonne au peuple d'avoir mangé et bu au festin d'A'hachvéroch.
Elle retira ses robes royales et se revêtit de toile de sac et de cendres. Pendant 3 jours, elle jeûna et pria, se couchant à terre et supplia Hachem : "D. d'Israël! Tu as créé le monde et Tu le gouvernes. Aide-moi, je T'en prie! Je n'ai personne d'autre que Toi. Aide-nous, mon peuple et moi, à venir à bout de notre redoutable ennemi. Pardonne nos fautes et écoute-nous lorsque nous T'implorons dans le malheur. Fais que le roi me considère avec bienveillance lorsque j'irai à lui. Fais que j'entre en paix et que je sorte en paix".

Les 3 jours de jeûne, de prière et de méditation avaient amené Esther à un niveau très élevé de perception spirituelle (roua'h hakodech).

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-> "Mordé'haï partit et fit tout ce qu'Esther lui avait ordonné" (Esther 4,17)

-> Mordé'haï fut d'accord avec Esther et décréta un jeûne bien que ce fût Pessa'h.
Puisque des vies étaient en jeu ; même un jour de délai pouvait s'avérer dangereux.

Mordé'haï rassembla tous les juifs de Chouchan, parmi lesquels 12 000 Cohanim. Chacun prit un Shofar dans la main droite et un rouleau de la Torah dans la gauche.
Ils pleurèrent et prièrent : "Maître de l'univers! Tu nous as donné une Torah pour que nous l'étudiions et que nous l'accomplissions et que nous l'accomplissions. Si Ton peuple est annihilé, qui l'observera? Qui prononcera Ton Nom? Même le soleil et la lune cesseront de briller".

Mordé'haï envoya également des lettres disant aux juifs des provinces éloignées de jeûner pendant 3 jours.
Selon une opinion (Téchouvot Rivach), les juifs ne devaient pas jeûner 3 jours de suite car cela est pratiquement impossible. Ils reçurent pour instruction de jeûner 3 jours, le lundi, le jeudi et le lundi suivant, comme certaines personnes le font encore aujourd'hui.
Comme pour les jeûnes importants, ils jeûnèrent pendant 24h, nuit et jour.

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-> "Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé. Il demanda qu'on lui apporte les Archives, les chroniques, qui furent lues en présence du roi" (Esther 6,1)

[contexte : Haman avait participé au 1er festin de la reine Esther avec le roi A'hachvéroch, puis il a construit la potence avec la volonté le lendemain matin de demander une petite faveur : se débarrasser de Mordé'haï. (la potence étant si haute qu'on la voyait du palais)]

-> Après avoir construit la potence, Haman alla voir Mordé'haï une dernière fois. Il le trouva vêtu de toile de sac en train de donner un cours à une foule d'enfants.
Haman ordonna à ses hommes d'enchaîner les enfants et de les jeter en prison afin de les tuer avant de s'occuper de Mordé'haï.
Apprenant que leurs enfants étaient en prison, les mères s'empressèrent de leur apporter à boire et à manger. Elles sanglotaient : "Mangez au moins avant de mourir!".
Les enfants fermèrent leurs livres, les placèrent sur leur cœur et jurèrent sur la vie de Mordé'haï qu'ils mourraient en gardant le jeûne.
Restés en prison, ils prièrent de tout cœur. Leurs prières sincères secouèrent les cieux.
[c'est la signification du verset : "Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé" = ces enfants ont troublé le Roi de l'univers (Hachem)]

Ce furent ces prières qui annulèrent le décret divin contre les juifs.
Hachem perturba le sommeil d'A'hachvéroch. Dans ses rêves étranges, il vit Haman se diriger vers lui et lui enlever sa couronne et ses vêtements d'apparat avec, en main, une épée brandie pour le tuer. Le roi s'éveilla en sursaut et se rendit compte qu'il ne s'agissait pas là d'un rêve anodin. C'était le signe qu'Haman complotait contre lui.
La potence qu'Haman avait construite devait lui être destinée autant qu'à Mordé'haï. [Yaarot Dvach]

Cette nuit-là était le soir de Pessa'h, jour propice aux prodiges et aux miracles. Les juifs célébrèrent le Sédèr et louèrent D. pour le miracle de la sortie d'Egypte. Hachem se souvint de la foi avec laquelle les Bné Israël Le suivirent dans le désert lorsqu'ils quittèrent l'Egypte et décida d'intervenir en leur faveur,

Après son festin avec Esther, le roi, ivre et épuisé, tituba jusqu'à son lit, à peine capable de garder les yeux ouverts. Cependant, dès qu'il fut allongé, il se trouva brusquement tout à fait éveillé, comme si quelqu'un essayait de le tirer de son sommeil. [Alchikh haKadoch]
C'était comme si quelqu'un le secouait d'avant en arrière, puis le soulevait et le laissait tomber plusieurs fois de suite. Il entendit une voix lui dire : "Ingrat! Ingrat! Lève-toi et dédommage ton bienfaiteur!"
Le roi, ne comprenant pas à quoi il était fait allusion, en fut fort troublé.

Le roi A'hachvéroch demanda donc à voir les archives, un livre citant toutes les dettes d'honneur du roi.
Lorsque la dette était payée, on faisait une marque dans ce livre et le paiement était enregistré dans els chroniques du palais. Tous le faits devraient donc être passés en revue avant qu'Esther ne fasse sa requête (dans la journée lors du 2e festin). [Yossef Léka'h]
[il a alors pu voir que Mordé'haï avait sauvé la vie du roi, en rapportant à Esther le complot de Bigtan et Térech qui étaient en train de vouloir tuer le roi par empoisonnement. Or, Mordé'haï n'a reçu aucune récompense cela.]

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-> "Le roi dit à Haman : Hâte-toi! Prends les vêtements et le cheval comme tu l'as dit et accomplis cela pour Mordé'haï, le juif" (Esther 6,10)

-> Le roi A'hachvéroch était prêt à accorder tous les honneurs à Mordé'haï en dépit de sa haine contre les juifs car celle-ci n'était pas le résultat d'un préjugé mais de la crainte de les voir se rebeller et lui prendre la couronne. Les astrologues royaux avaient prédit qu'un juif porterait la couronne royale ; A'hachvéroch ne savait pas que leur prédiction portait sur Darius, le fils né de son mariage avec Esther.

A présent, A'hachvéroch entrevoyait à ce moment une solution simple : que Mordé'haï porte sa couronne durant le défilé. Cela sera suffisant que soit réalisée la prophétie et il n'aurait désormais plus rien à craindre à ce sujet (ses astrologues lui ayant prédit qu'un juif porterait la couronne royale).
Par conséquent, lorsqu'Haman fit tout son possible pour empêcher le roi d'accorder cet honneur à Mordé'haï, le roi insista sans relâche.
[Yaarot Dvach]

-> "Haman prit les vêtements et le cheval et habilla Mordé'haï. Il le fit chevaucher dans la rue principale de la ville et annonça devant lui : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer"" (Esther 6,11)

-> Esther avait appris que Mordé'haï allait être conduit à travers la ville de Chouchan et honoré pour avoir sauvé la vie du roi. Elle donna l'ordre que tous les magasins soient fermés afin que le peuple puisse assister au défilé.
Lorsqu'Haman tenta de trouver un établissement de bain et un coiffeur, il n'en trouva pas d'ouverts.
En fin de compte, Haman n'eut pas d'autre choix que de faire chauffer de l'eau et de faire couler un bain pour Mordé'haï. [guémara Méguila 16a]
Selon le Maharacha, comme cela n'étant pas inclus dans l'ordre du roi, Haman peina encore davantage en le faisant. Mais il avait vu la colère du roi et craignait que le roi ne le soupçonne de désobéissance. Il dut donc donner un bain à Mordé'haï de ses propres mains.

Haman alla ensuite chercher un coiffeur pour lui faire couper les cheveux mais n'en trouva guère. Tous avaient fermé leur échoppe en attente du grand défilé. [guémara Méguila 16a]
Haman voulut appeler l'un de ses esclaves pour le faire mais Mordé'haï s'y opposa. Un autre qu'Haman pourrait lui faire du mal et dire que c'était un accident. Haman, lui, savait que le roi le surveillait.
Sans autre alternative, Haman rentra chez lui prendre ses ciseaux et son équipement. Il soupirait et gémissait en coupant les cheveux de Mordé'haï.
Mordé'haï demanda : "Pourquoi gémis-tu?"
Haman lui répondit : "Te rends-tu compte? Un homme comme moi! L'homme que le roi a promu au-dessus de tous les gouverneurs et qui dirige le royaume entier. Et je suis réduit à faire office de coiffeur! Est-ce cela qui arrive à l'homme que le roi désire honorer?"
Mordé'haï dit : "Tu parles comme si cela était une chose que tu n'as jamais faite. Je sais très bien que toi et ton père étiez coiffeurs et employés dans un établissement de bain à Circésium (dans le Talmud : Kartzoum). C'est pour cela que tu possèdes ces ciseaux et cet équipement".
Lorsqu'il eut terminé de raser Mordé'haï, Haman l'habilla des somptueux vêtements de cérémonie et plaça la couronne sur sa tête.

Mordé'haï enfourcha le cheval du roi et se mit à louer Hachem : « Je te louerai, D., car Tu m'as élevé et que Tu n'as pas laissé mes ennemis se réjouir à mes dépens" (Téhilim 30,2).
Il y avait 27 000 hommes portant des verres en or et des coussins qui défilèrent devant Mordé'haï en chantant : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer".
Tous les hommes juifs suivirent Mordé'haï, débordants de joie. Les femmes juives qui ne pouvaient quitter leur demeure regardaient le défilé par la fenêtre et chantaient aussi : "Ainsi sera fait à l'homme que le roi désire honorer".

Esther s'avança pour saluer Mordé'haï. Le voyant chevaucher le cheval du roi et porter ses vêtements, elle offrit des remerciements à Hachem. Elle dit à Mordé'haï : "C'est la réalisation du verset : '[D.] relève les indigents de la poussière ; des ordures Il élève les désespérés" (Téhilim 113,7). Grâce à ta toile de sac et à tes cendres, Dieu t'a élevé". [Targoum ; Manot haLévi]

Le défilé passa bientôt devant la maison d'Haman. La fille d'Haman regardait, elle aussi, par la fenêtre. Elle vit un homme mener le cheval, totalement humilié et brisé. L'homme assis sur le cheval doit être père tandis que Mordé'haï conduit son cheval. Quelle occasion rêvée d'humilier Mordé'haï!
Elle attendit que l'homme à pied se trouvât juste sous sa fenêtre. Accompagnant son geste d'une insulte, elle vida son pot de chambre sur sa tête, pensant qu'il s'agissait de Mordé'haï.
Le contenu répugnant du pot atterrit sur la tête d'Haman. Il leva les yeux pour voir qui avait osé lui faire pareille offense. A ce moment-là, la jeune fille reconnut son père. Pris de panique, elle tomba de la fenêtre et mourut sous l'effet de sa chute. [guémara Méduila 16a ; Yéfé Enayim]

-> "Haman fut poussé chez lui, désespéré et le visage couvert" (Esther 6,12)
Une odeur repoussante émanait d'Haman à cause des saletés qui le couraient et les gens le repoussaient loin d'eux.
Au-delà de son humiliation personnelle, Haman perdait sa fille préférée, celle qu'il aurait tant voulu qu'elle devînt reine et voilà le résultat.
Il avait si honte qu'il ne voulait être reconnu par personne.
En une matinée, il était tombé des plus hauts sommets aux plus profonds abîmes. [Yad haMélé'h]

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-> "Mordé'haï retourna à la Porte du Roi" (Esther 6,12)

-> Mordé'haï retourna au Sanhédrin qui s'était rassemblé à la Porte du Roi. Il ôta ses vêtements royaux et poursuivi son jeûne. Il revêtit une toile de sac, répandit des cendres sur sa tête et pria jusqu'au soir.
II demanda aussi à tous les juifs d'aller à la synagogue et de prier pour une intervention divine. [Maamar Mordé'haï]

En fait, Mordé'haï était très inquiet de l'honneur qui lui avait été accordé.
Il dit aux juifs assemblés : "J'espérais obtenir une audience avec le roi et lui demander de rétracter le décret. Mais à présent qu'il m'a récompensé pour lui avoir sauvé la vie, j'ai perdu toute possibilité d'action. Notre seul espoir est en D., à présent".
[ensuite dans la journée va se tenir le 2e festin d'Esther, avec une issue positive pour le juif b'h.]

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-> "Le roi A'hachvéroch donna à la rein Esther la maison d'Hamn ...le roi ôta sa bague, qu'il avait reprise à Haman, et la remit à Mordé'haï. Esther mit Mordé'haï à la tête de la maison d'Haman" (Esther 8,2)

-> Le premier ministre détenait la chevalière du roi. Jusqu'alors, D. fit qu'elle se trouvât dans la main d'Haman afin que les juifs aient peur et se repentent. Dès qu'ils se furent repentis, D. les prit en pitié. [Manot haLévi]
Le roi A'hachvéroch décida de nommer Mordé'haï premier ministre et lui donna la bague royale.
La reine Esther, en nomma Mordé'haï comme exécuteur de la propriété d'Haman.
Esther recommanda à Mordé'haï de distribuer la richesse d'Haman aux juifs en compensation du tort qu'il leur avait causé par ses décrets.
Dès lors que le roi avait donné à Mordé'haï sa chevalière, il se rangea à toutes les décisions de Mordé'haï vis-à-vis des biens d'Haman.

[en donnant une énorme richesse à Haman, nous seulement Hachem lui assurait une chute de plus haut, mais également Il préparait de grandes richesses à venir pour les juifs.]

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-> "Dans chaque pays et chaque ville où la parole et la loi du roi arrivait, il y avait joie et bonheur pour les juifs, un festin et un jour de fête. Un grand nombre des gens du peuple acceptèrent le judaïsme car la crainte des juifs était tombée sur eux" (Esther 8,17)

-> Le roi envoya des copies de l'édit de Mordekhaï à toutes les provinces reculées. Partout où le décret était lu, joie et bonheur régnaient chez les juifs. Ils comprirent que c'étaient eux qui devaient être prêts pour le jour fatidique et ils se réjouirent comme pour un jour de fête. [guémara Méguila 16b]

-> Les membres de l'aristocratie prirent si fortement le parti des juifs que c'était comme s'ils s'étaient convertis. [Manot haLévi]
Selon le Yad haMélé'h, de nombreux ennemis des juifs se déguisèrent en juifs tant leur crainte était grande.

De nombreux juifs ignorants avaient abandonné les commandements, pensant que, lorsque leur vie était en danger, ils pouvaient renoncer totalement à l'observance de la Torah. Cependant, lorsqu'ils virent Mordé'haï et ses disciples pratiquer ouvertement leur judaïsme aux plus hauts échelons du gouvernement, ils renouèrent leur lien au judaïsme. Pour beaucoup, c'était presque comme s'ils apprenaient une nouvelle religion.

[source : compilations personnelles issues du Méam Loez - Méguilat Esther ]