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Donner aux nécessiteux – la mitsva la plus importante de Pourim

+ Donner aux nécessiteux - la mitsva la plus importante de Pourim :

-> Plusieurs mitsvot sont accomplies à Pourim. Nous lisons la Méguila, envoyons des michloa'h manot, donnons des matanot la'evyonim et participons au festin de Pourim.
Parmi ces mitsvot, celle qui consiste à donner des matanot la'evyonim est la plus importante.
Le Rambam (Hilkhot Méguila 2,10) écrit qu'il faut dépenser plus pour les matanot la'évyonim que pour le festin et les michloa'h manot, car il n'y a pas de plus grande joie que de remonter le moral des pauvres.

[d'une certaine façon, on peut également appliquer aux nécessiteux émotionnels : en ce jour plus qu'à d'autres, nous devons nous investir à écouter autrui, le complimenter, lui exprimer à quel point il est important à nos yeux ... à tous ceux qui en ont besoin autour de nous (dont : enfants, femme/mari, parents), et cela avec au moins autant d'énergie qu'on peut le faire pour nos michloa'h manot et notre festin.
Et alors s'appliquera la méguilat Esther : il y aura de la lumière et de la joie parmi les juifs! ]

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-> Les halakhot associées à la mitsva de la tsédaka à Pourim sont uniques à ce jour.
Normalement, on doit vérifier où va notre charité, mais la guémara (Yérushalmi Méguila 1:4) écrit qu'à Pourim, nous ne vérifions pas les demande d'un pauvre, ni ne cherchons à savoir si la personne qui sollicite est légitimement dans le besoin. Quiconque tend la main reçoit la tsédaka.
Le Choul'han Aroukh en tient compte en statuant : "kol mi chéporéch yado litol not'nim lo" = à quiconque tend la main, [nous] donnons". Aucune question n'est posée.

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-> Après avoir détruit le 1er Temple, Névou'hadnezar demanda conseil à Daniel pour s'assurer qu'il ne serait pas puni pour avoir agi de la sorte. Daniel lui conseilla de donner de la tsédaka, pour aider à soutenir les juifs pauvres.

Le rav Yonathan Eibshitz (Yaarot Dvach II , drouch 15) écrit que Haman avait l'intention de suivre ce même conseil et d'utiliser pour des causes charitables, l'argent qui lui serait rendu par A'hachvéroch (qui refusa la somme énorme que Haman lui a présenté pour son plan d'éradication des citoyens juifs).
Le plan d'Haman plan consistait à exterminer les juifs, puis à utiliser l'argent pour en charité aux Perses nécessiteux.

Ce que Haman n'a pas compris, cependant, c'est que cette charité ne serait pas efficace. Il lui a été conseillé de donner la tsédaka aux juifs, les enfants d'Hachem.
Pour Haman, faire la charité après avoir anéanti les juifs aurait joué en sa défaveur. [tu sais à qui tu t'attaques : aux enfants adorés du Maître du monde! ]

Le miracle le plus important de Pourim (selon le ‘Hatam Sofer)

+ Le miracle le plus important de Pourim (selon le 'Hatam Sofer) :

-> Le 'Hatam Sofer (Torat Moché - Pourim) s'efforce d'identifier le véritable miracle du récit de Pourim, et il attire notre attention sur ce qu'il considère comme le miracle le plus important de l'histoire de Pourim.
En raison de son erreur de calcul, A'hachvéroch pensait à tort que le temps de la reconstruction du Temple (le 2e) était arrivé et même était dépassé.
Il célébra la continuité de l'exil du peuple juif par un festin somptueux.
Il est étonnant de constater que des membres de la communauté juive de Shoushan ont participé aux festivités.

Il s'agissait d'une offense flagrante d'une telle ampleur qu'elle justifiait une punition sévère infligée à l'ensemble de la nation. En conséquence directe de leur participation au festin d'A'hachvéroch, le peuple juif a reçu un décret d'anéantissement.
Lorsqu'ils ont fait téchouva, Hachem a annulé son décret et ils ont été épargnés.

Analysons comment le salut du peuple juif s'est produit. Quand Hachem a-t-il jeté les bases d'une possible délivrance, dans l'éventualité où les juifs se repentiraient?

En choisissant Esther comme reine et en implorant son mari de sauver son peuple, Hachem a orchestré notre délivrance. Les événements qui ont permis à Esther d'entrer dans le palais ont été les germes de la rédemption.
Notre salut fut le résultat de l'accession d'Esther au rang de reine, ce qui fut le résultat direct du détrônement de son prédécesseur, Vacthi, au cours de ce même festin qui avait en premier lieu provoqué le terrible décret!

Au moment précis où les juifs de Shoushan fautaient, alors qu'ils s'amusaient au festin d'A'hachvéroch, Hachem préparait déjà le terrain pour le salut du peuple juif, s'ils faisaient téchouva.

L'amour d'Hachem pour Ses enfants, pour le peuple juif, était si fort qu'alors que les juifs provoquaient Sa colère au point qu'Il décidait d'anéantir la nation entière, Hachem prévoyait déjà un plan d'urgence pour sauver les juifs.

Alors même que nous fautions au point de mériter la terrible punition de "léachmid laarog oulabéd" (de détruire, exterminer et anéantir tous les juifs jeunes et vieux, enfants et femmes en un seul jour - Esther 3,13), et bien au même moment l'amour profond d'Hachem pour nous impliquait qu'Il planifiait déjà un moyen pour nous sauver.
Il a orchestré les événements qui ont abouti à l'exécution de Vacthi, offrant ainsi à Esther la possibilité de devenir la prochaine reine. Au moment même où nous nous rebellions contre Lui, Hachem se concentrait sur la manière de nous sauver.

=> Le 'Hatam Sofer écrit qu'il s'agit du principal miracle de Pourim. Au moment où les fautes les plus épouvantables étaient commises, Hachem continuait à démontrer Son amour pour le peuple juif et planifiait leur délivrance.

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+ Pourquoi avons-nous mérité ce miracle?

-> Ce miracle incroyable (de Pourim) exige réflexion et contemplation. Pourquoi, en fait, Hachem orchestrerait-il des sauvetages potentiels alors que nous étions en train de fauter? Qu'est-ce qui a poussé Hachem à offrir ce cadeau incroyablement au peuple juif alors qu'ils étaient occupés à faire la fête et à se livrer à des plaisirs hédonistes dans un contexte particulier : les juifs de Shoushan célébraient la ruine du Temple! Comment auraient-ils pu mériter qu'Hachem leur offre un moyen d'échapper au châtiment qu'Il préparait?

Le 'Hatam Sofer écrit qu'il s'agit d'une démonstration claire du fait que même lorsque le peuple juif est totalement indigne, même lorsque nous commettons de graves fautes, même lorsque nous pouvons être classés comme "destructeurs", nous sommes toujours considérés comme les enfants d'Hachem (rien ne peut nous faire perdre ce statut!).
Le seul moyen nous faisant mériter un miracle aussi extraordinaire, avec la délivrance orchestrée en même temps que n'était réalisée la faute, c'est qu'Hachem nous considère comme Ses enfants.
Le peuple juif est "banim laMakom" (les enfants d'Hachem), et même en fautant, nous restons à jamais aimés de Lui.

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-> voir également : https://todahm.com/2023/01/24/38487

[ cela nous donne de la force au plan collectif et individuel : même si j'ai fait les pires fautes, que je suis passé à côté de ma vie, et bien en tant que juif, papa Hachem m'aimera toujours et Il a déjà préparé un plan pour que je m'en sorte, pour que ma vie soit une réussite à Ses yeux (rien n'est perdu, il n'y a pas place au désespoir!).
Même si Haman (notre yétser ara) a décrété une mort (spirituelle) sur moi, la délivrance est toujours possible, car un juif n'est jamais seul, abandonné : il est constamment avec Hachem qui l'aime à l'infini. ]

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+ Le salut est né à Shabbath :

-> "Le 7e jour, comme le cœur du roi était en liesse par le vin, il ordonna ... d'amener devant le roi la reine Vachti couronnée de la couronne royale" (Esther 1,10-11)

- Rachi commente que la mention du "7e jour" fait allusion au fait que ce jour fatidique était un Shabbath. L'orchestration par Hachem d'un plan de survie pour le peuple juif est en quelque sorte liée au fait que c'était Shabbath.

-> La halakha stipule qu'un non-juif qui observe le Shabbath est 'hayav mita, passible de mort (guémara Sanhédrin 58b).
Le 'Hida (Toch David - Mikets) explique la raison de cette décision stricte par l'approche suivante :
Le Shabbath est le sceptre spécial d'Hachem. La loi stipule que si un roturier (un non noble) souille le sceptre du roi en l'utilisant, il sera exécuté pour cet acte de trahison en tant que rébellion envers la Royauté (moréd bé'malkhout).
Un non-juif qui observe le Shabbath est comparable à un serviteur qui souillerait le sceptre du roi et serait passible de mort. Cependant, les enfants du roi sont autorisés à jouer avec le sceptre du roi et à l'utiliser comme bon leur semble. Ils ne seront pas punis pour l'avoir utilisé de cette manière.

Le peuple juif est autorisé à observer le Shabbath, et en fait, à profiter du sceptre du roi, parce que nous sommes les enfants d'Hachem. Nous sommes des banim laMakom et nous avons donc l'occasion unique de nous délecter et de nous prélasser dans l'éclat chaleureux du saint Shabbath d'Hachem.

Le salut du peuple juif à l'époque de Pourim a eu précisément le jour qui témoigne le plus du statut élevé de chaque juif, de son statut unique d'enfant chéri par le Maître du monde.

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+ Comprendre le nom "Pourim" :

-> "Car la part d'Hachem est Son peuple" (ki 'helek Hachem amo - Haazinou 32,9).
Le peuple juif est la portion/lot d'Hachem, parmi toutes les nations du monde, Hachem nous a choisis pour être les Siens.
Pourquoi Hachem nous a-t-il choisis? Qu'est-ce qui a motivé cette décision?

La réponse est que rien n'a incité Hachem à nous choisir et à nous aimer.
Lorsque quelqu'un gagne à la loterie, il n'y a pas de raison apparente pour que son numéro ait été choisi. Un tirage au sort représente un choix qui est fait sans aucune raison rationnelle ou logique pour soutenir la décision. Il s'agit d'un résultat aléatoire qui a été déterminé sans aucune motivation spécifique.

L'amour d'Hachem pour le peuple juif est comparable au fait de gagner à la loterie. Il n'y aucune raison, nous sommes simplement ceux qui ont été choisis. En l'absence de motivation ou d'impulsion spécifique, il n'y a pas de logique derrière l'amour d'Hachem pour nous. Il le fait, c'est tout.
C'est une réalité de l'existence. C'est comme une loterie, et le billet gagnant a été sélectionné au hasard et sans intention. Nous sommes Ses 'helek (Sa portion).

Ainsi, l'amour d'Hachem pour nous ne dépend pas de notre façon de nous comporter ou de nos comportements spécifiques. Son amour pour nous est au-delà de toute raison, il est donc sans limite et sans contingence.
[la halakha est selon Rabbi Méïr (guémara Kidouchin 36a), qu'un juif agisse ou non comme un enfant d'Hachem, peu importe les fautes qu'il peut faire, il sera toujours appelé : enfant d'Hachem. ]

C'est exactement de cette manière que le miracle de Pourim s'est produit.
Hachem a vu les juifs fauter, et la seule chose qui pouvait se tenir à nos côtés et nous offrir une protection était le principe de Rabbi Méïr.

Hachem a orchestré les événements de cette manière. Haman choisit une date pour mettre son plan à exécution, par le biais d'un tirage au sort (qui se dit en hébreu : pour - פור , et le pluriel est : Pourim [Haman tirant le jour et le mois séparemment])
Haman a organisé une tirage au sort et une date a été choisie au hasard, sans aucun raisonnement. Ce processus a activé la miséricorde d'Hachem à notre égard, car il a servi à "rappeler" à Hachem que nous aussi avons été sélectionnés par tirage au sort, sans aucune condition ni objectif.
Nous sommes Son lot, et non pas en raison d'un quelconque mérite de notre part.
Même si nous sommes souillés par la faute, rien ne changera le fait qu'Hachem nous aime entièrement et inconditionnellement. En bref, nous sommes ses enfants, quoi qu'il arrive.

Nous appelons la fête de Pourim parce que c'est le fait même que le décret ait été tirée au sort qui a activé la miséricorde Divine pour nous sauver. C'est ce tirage au sort (pour - פור) qui a incité Hachem à nous traiter de la même manière, comme Son billet de loterie gagnant, qui est choisi et chéri, inconditionnellement et sans logique.
C'est le type d'amour d'Hachem que préconisait rabbi Meir : peu importe les fautes qu'un juif peut faire, il sera toujours appelé : enfant d'Hachem.

=> Ainsi Pourim, est le moment de l'année où nous nous renforçons dans cette réalité cachée, pour qu'elle nous devienne la plus dévoilée possible.
C'est le message principal de la Meguila. Même si nous ne le méritons pas, Hachem continue à nous aimer inconditionnellement, puisque nous sommes Ses enfants, toujours et à jamais.
[adapté d'un dvar Torah du rav Daniel Glatstein]

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+ Pourim = en tant qu'enfant d'Hachem, le désespoir n'existe pas :

-> Le Sfat Emet dit que Hachem a planté les graines de la guéoula au moment même où le peuple juif était entrain de fauter au festin d'A'hachvéroch.
En effet, l'amour d'Hachem pour les juifs est si fort qu'Il anticipait déjà qu'ils feraient éventuellement téchouva par amour (méaava).
Une téchouva par amour sur une faute va la transformer en mérite, qui va garantir la délivrance. [guémara Yoma 86b]
C'est pourquoi Hachem prévoyait déjà le salut des juifs alors qu'ils étaient en plein dans la faute.

[ => Hachem nous aime tellement qu'Il a créé le concept de téchouva, et plus que cela, il existe la notion de téchouva par amour.
Non seulement nos fautes sont effacées, mais en plus en nous deviennent des mérites éternels, des anges prenant notre Défense.
Non seulement cela, mais Hachem considère ce nouveau mérite obtenu comme si c'était Lui qui avait réalisé cette mitsva à la perfection de la perfection!
Si cela n'est pas un exemple de l'importance que nous avons aux yeux d'Hachem, d'à quel point Il veut notre bien! ]

-> Le Maggid de Doubno explique :
Même les mitsvot accomplies par un tsadik sont susceptibles de présenter des imperfections. Les mitsvot sont inévitablement influencées par les limites humaines ...
Chacun, même le plus grand de tous les tsadikim, est limité dans la réalisation des mitsvot. Les mitsvot sont accomplies par des mortels et sont donc soumises aux limites et à la fragilité humaines.
Cependant, lorsque quelqu'un commet une faute, puis fait téchouva par amour d'Hachem, les fautes sont transformées en mitsvot.

Ces mitsvot lui sont données par Hachem : Hachem lui accorde ces mérites à la suite de son repentir. Hachem n'est pas soumis aux limites humaines et n'est pas affecté par la condition humaine.
Toute mitsva donnée par Hachem est donc complète et parfaite, sans aucune lacune.
Hachem dit : "Maintenant que Je te donne la mitsva, Je ne vais pas te donner le type de mitsva que tu pourrais faire toi-même. Je vais te donner le genre de mitsva que Je voudrais : accomplie sans faille (à al perfection), avec tout le kavanot nécessaires".

Les plus grandes mérites qu'une personne puisse atteindre sont lorsque les fautes qu'elle a commis sont convertis en mérites grâce à la téchouva par amour. Ces mitsvot seront inégalées, offertes par Hachem Lui-même.

-> Le 'Hida (Pné David - Choftim) enseigne :
Aussi grand que puisse être un tsadik, il est limité dans le nombre de mitsvot qu'il peut accomplir. Il y a 248 mitsvot actives/positives. Et toutes les mitsvot ne peuvent pas être accomplies par tout le monde. Certaines ne s'appliquent qu'aux Cohanim. Certains dépendent des circonstances ou de la période de l'année. Ainsi, le tsadik est limité dans le nombre de mitsvot qu'il peut accomplir.

Le baal téchouva, quant à lui, peut accomplir beaucoup plus de mitsvot. Il y a 365 interdictions qu'il a pu transgresser.
Grâce à sa téchouva, elles deviennent des mitsvot. En faisant téchouva, le fait de manger de la nourriture non casher à Yom Kippour, de cuisiner le Shabbath, de faire de l'idolâtrie, ... peut se transformer en mitsvot.
Ces mitsvot sont uniques en ce sens qu'elles ne peuvent être accomplies que par la téchouva.
Les tsadikim ne peuvent pas accomplir autant de mitsvot que celui qui a fait téchouva, car les tsadikim n'ont pas commis de fautes. Ils n'ont pas de violations et de transgressions qui peuvent être transformées en mitsvot avec la téchouva. Cette catégorie spéciale de mitsvot est uniquement disponible pour le fauteur qui fait téchouva.
[ex: transgresser Shabbath, grâce à notre téchouva par amour devient à notre actif comme une mitsva d'avoir transgressé à Shabbath. ]

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-> "Là où se tient un baal téchouva, même un tsadik parfait ne peut se tenir" (guémara Béra'hot 34b)

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=> Si on a pu commettre une faute, on ne doit pas se décourager ou se démoraliser.
Il faut reconnaître qu'il s'agit d'une occasion de croissance extraordinaire, à un degré qui n'aurait peut-être pas été possible si la faute n'avait pas été commis. Une faute grave peut être transformée en la plus grande mitsva qu'une personne puisse jamais accomplir.

Si quelqu'un fait téchouva par amour, ses fautes peuvent le catapulter vers un niveai plus élevé que n'importe laquelle des nombreuses mitsvot qu'il a pu accomplir (puisque considéré comme réalisée à la perfection, comme si Hachem l'avait faite!).

Bien sûr, nous devons faire tous les efforts possibles pour ne pas pécher.
Mais si nous avons péché (à postériori), nous devons profiter de l'occasion remarquable qui nous est offerte de faire téchouva par amour, une occasion extraordinaire de transformer nos fautes en mitsvot les plus phénoménaux.

==> Nos fautes du passé peuvent devenir nos plus grands mérites pour nous-mêmes, nos familles et tout le peuple juif.

Taanit Esther = un jour propice pour nos prières

+ Taanit Esther = un jour propice pour nos prières :

-> Pourim est un jour saint. Et le jeûne (taanit) Esther est aussi un jour très saint.
Le Kav haYachar (chap.96) déclare que ce jour jour est un très bon moment pour pour que nos prières soient acceptées par le mérite de Mordé'haï et d'Esther.
Quiconque a besoin de la compassion d'Hachem pour quelque raison que ce soit, devrait trouver le temps de faire la prière ce jour-là et de réciter le 22e chapitre de Tehilim, dont nos Sages disent qu'il est une référence à Esther (guémara Yoma 29a).
Il faut alors déverser son cœur à Hachem et demander et demander que tout ce dont nous avons besoin nous soit accordé par le mérite de Mordé'haï et d'Esther.

Et les portes du Ciel nous seront ouvertes et notre prière sera acceptée volontiers car le jour du jeûne d'Esther et le jour de Pourim sont des jours d'acceptation et d'amour.
C'est pourquoi il est bon de prier le jour de Taanit Esther et les prières seront entendues et acceptées avec compassion.

Le Kav haYachar ajoute que :
"ce n'est pas pas seulement à Esther que le Roi, Hachem, a tendu son sceptre d'or.
Il le tend à quiconque se connecte avec eux, ce qui signifie le peuple juif vivant en l'exil et souffrant pour la gloire d'Hachem.
Il est certain qu'à travers le récitation de séli'hot et de prières en ce jour, nous éveillons le mérite de Mordé'hai et d'Esther."

Pourim & Its’hak

+ Pourim & Its'hak :

-> "Etalant la richesse de son faste royal et la rare magnificence de sa grandeur cela pendant une longue durée de 180 jours" (Méguilat Esther 1,4)

-> Le rav Aryeh Leib Tzintz (Mélo haOmer - Esther 1,4) explique la signification de ce festin organisé par A'hachvéroch qui dura 180 jours.
La durée de la fête organisée par A'hachvéroch correspond au nombre d'années de la vie d'Its'hak, et c'est le mérite d'Its'hak qui a protégé ceux qui ont choisi d'y assister de manière inexcusable.
Les 180 années de justice d'Its'hak ont protégé les participants au festin qui a duré 180 jours.

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+ Les fils d'Haman :

-> Le guérmara (Mégila 15b) fait état d'un débat sur le nombre de fils d'Haman.
Rav affirme que Haman a eu 30 fils. Dix d'entre eux sont morts, dix ont été pendus et dix ont été réduits à une pauvreté abjecte, contraints de mendier leur nourriture.

Les Rabbanan ne sont pas d'accord et affirment que le groupe d'indigents qui demandaient l'aumône se composait de 70 fils. C'est-à-dire que Haman avait quatre-vingt-dix fils, parmi lesquels il y avait soixante-dix survivants appauvris.
Rami bar Abba a une troisième opinion. Il pense qu'Haman a eu 208 fils. La Meguila y fait allusion dans le pasuk :
"Haman leur exposa la splendeur de sa fortune et la multitude de ses enfants, et comment le roi l'avait distingué et élevé au-dessus des grands et des officiers royaux" (Esther 5,11).

Le mot "vérov" (multitude - וְרֹב) a une valeur numérique de 208, une allusion aux 208 fils d'Haman.
Le 'Hatam Sofer (drachot parachat za'hor) explique pourquoi Haman a jugé nécessaire de faire allusion au nombre de ses fils. C'est parce que la guématria du nom "Its'hak" (יצחק) est également de 208.

Its'hak représente midat hadin (la rigueur stricte, le jugement). Haman a cherché à éveiller la midat hadin d'Hachem contre le peuple juif. Il le fait en se référant au nombre 208, qui est à la fois le nombre de ses fils et la valeur numérique du nom Its'hak, le Patriarche qui symbolisait la midat hadin.
Ce faisant, Haman voulait éveiller l'attribut de jugement strict d'Hachem, ce qui augmentait les chances de succès d'Haman.

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-> Le peuple juif a connu 4 exils différents : Bavel, Madaï, Yavan et Edom.
Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Tétsavé 27,20) cite le Zohar qui enseigne que la rédemption du peuple juif de chaque exil s'est faite au mérite d'un grand individu spécifique.
L'exil de Bavel a pris fin grâce au mérite d'Avraham, c'est grâce au mérite d'Its'hak que nous avons été délivrés de l'exil de Paras ouMadaï (la Perse). C'est le mérite de Yaakov qui a aidé le peuple juif à sortir victorieux de l'exil de Yavan (la Grèce).

Le Ohr ha'Haïm haKadoch explique ensuite que les mérite de Moché vont nous aider à mériter la guéula finale de l'exil d'Edom, dans lequel nous nous trouvons actuellement.
Le mérite de Moché est le grand mérite de l'étude de la Torah. Puisque le bitoul Torah est si fréquent, notre exil est le plus long des exils.

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-> Selon le Zohar, la guéoula du 2e exil, celui de Perse et de Médie, a été par le mérite d'Its'hak.
Cela explique pourquoi le festin d'A'hachvéroch a duré 180 jours : Its'hak est l'individu désigné qui pourrait fournir le mérite nécessaire pour survivre à cet éxil, et il a vécu 180 ans.
De plus, le nom Its'hak a une guématria de 208, en parallèle aux 208 fils d'Haman.

Pourim Katan

+ Pourim Katan :

=> Qui lit la Meguila à Pourim Katan?

-> Quand il y a 2 mois d'Adar, nous célébrons Pourim pendant le second, car la Méguila est désignée par le terme "cette deuxième lettre de Pourim" (iguéret haPourim azot achénit - Esther 9,29). [Méguila 6b]

Mais השנית (achénit - la 2e) est un mot féminin, qui fait référence à "iguéret" (lettre), qui est également féminin. Le mot 'hodech (mois), est masculin. Si l'instruction ici est de lire la méguila pendant le 2e mois, le verset n'aurait-il pas dû dire השני (achéni - le 2e)?

Pourquoi, en effet, ne célébrons-nous pas Pourim pendant le premier Adar?
La règle générale n'est-elle pas que : "nous faisons les mitsvot à la première occasion, dès que possible" (én maavirin al amitsvot)?
En fait, il y a même une opinion (guémara Méguila 6b) qui dit précisément cela, nous devrions célébrer Pourim dans le premier Adar parce que nous ne devrions pas retarder l'accomplissement des mitsvot.

Cependant, nous suivons l'autre opinion de la guémara en ayant Pourim dans le 2e Adar car : "on préfère placer la guéoula (de Pourim) proche de la géoula (de Pessah - en Nissan)".
Mais pourquoi le fait de rapprocher la géoula de Pourim de celle de Pessa'h est-il si important qu'il l'emporte sur le principe de réaliser les mitsvot dès qu'on peut le faire?

Pourquoi y a-t-il deux Adar?
La lune est appelée "le petit luminaire" (méor hakaton - Béréchit 1,16), parce qu'elle a été diminuée de 3 façons différentes. Premièrement, sa lumière est de loin moins lumineuse que celle du soleil et n'est qu'un reflet. Deuxièmement, sa lumière n'est pas constante, elle est allumée et parfois comme éteinte.
Troisièmement, la lune ne peut pas suivre le rythme du soleil. Les 12 mois de la lune sont censés correspondre à la rotation du soleil autour de la terre. Cependant, elle termine ses 12 mois en 354 jours, alors que le soleil fait le tour de la terre en 365 jours. Elle perd donc 11 jours par rapport au soleil chaque année.
Pour aider la lune à suivre le rythme du soleil, nous ajoutons un Adar supplémentaire tous les trois ans environ.

La relation entre le soleil et la lune symbolise le lien entre "Hachem, qui est notre source et notre protection" (chémech oumagen Hachem - Téhilim 84,12), et le peuple juif, qui est réceptif et "beau comme la lune" (Chir haChirim 6,10).
L'inégalité entre le soleil et la lune exprime l'imperfection de notre relation avec Hachem. Le fait que la lune recule au point de perdre complètement son lien avec le soleil symbolise un hester panim sombre et profond, une dissimulation de la présence d'Hachem.

C'est pourquoi, après environ 3 ans sans mois supplémentaire, nous arrivons à "Pourim katan", le petit Pourim.
Le petit luminaire a déjà pris un retard d'une trentaine de jours (environ 11 jours par an fois 3 années), et (au moment de commencer Adar) nous sommes encore au cœur de l'hiver sombre, loin du printemps.
Nous sommes tout simplement trop faibles pour générer, à travers les mitsvot de Pourim, les lumières dynamiques qui nourriront le ciel et la terre, car la puissance de la géoula de Pourim provient de la force de la géoula de Nissan, lorsque la lune a rattrapé le soleil. Ainsi, nous devons être proches de Nissan afin d'attirer la lumière [spirituelle] de la géoula de Pourim.

Que se passe-t-il donc le 14 du premier Adar d'une année bissextile?
Un an s'est déjà écoulé depuis le dernier Pourim ; pouvons-nous survivre un mois de plus sans lire la méguila?

La vérité, c'est que nous ne pouvons pas, et c'est pourquoi la méguila est lue, mais pas sur terre.
Chaque fois que quelque chose doit être fait mais que nous sommes trop petits pour le faire, Hachem le fait pour nous. Le jour de Pourim Katan, Hachem lit la méguila dans le ciel.

Au lieu de nourrir les cieux avec des lumières générées sur terre, nous sommes nourris par des lumières générées dans les cieux.
Comme un katan, un petit enfant, notre Père subvient à nos besoins.

Les lumières générées par la lecture de la méguila par Hachem percent l'obscurité du hester panim (dissimulation de la Présence Divine), nous donnant la force d'entrer dans le 2e Adar et d'accomplir nous-mêmes les mitsvot de Pourim.

L'adjectif féminin השנית (achénit) fait référence à la lettre de Pourim, et non au mois d'Adar. Lorsque nous lisons la méguila le 14 du 2e Adar, il s'agit de sa 2e lecture, puisque Hachem l'a déjà lue au Ciel.
Bien entendu, cette 2e lecture est beaucoup plus puissante et dynamique que celle d'une année ordinaire. Il s'appuie sur la lecture du plus grand des lecteurs (papa Hachem).

[d'après le rav Moché Wolfson]

"La sainteté de la lumière enfouie dans la Méguila est plus élevée que celle de la Torah elle-même"
['Hatam Sofer - drouch 37 - Adar chéni]

-> Le Mékoubal rabbi 'Haïm haCohen (dans son טור ברקת), qui est un élève de rabbi 'Haim Vital, lui-même fidèle du Arizal, enseigne:
"la lumière de la Méguila est plus élevée que la lumière de la Torah. En effet, la lumière de la Torah correspond uniquement à une émanation de la sagesse des mondes supérieurs tandis que la Méguila dévoile une lumière qui provient directement de la source de la sagesse des mondes supérieurs."

-> Le Shvilé Pin'has explique :
Pour saisir cette notion fondamentale, commençons par rapporter les paroles du midrach (Béréchit rabba 17,5) : "Le sommeil est une émanation de la mort, le rêve celle de la prophétie, le Shabbat celle du monde futur. Rabbi Avine en ajoute 2 autres : la lumière du soleil est une émanation de la lumière des mondes célestes et la Torah est une émanation de la sagesse des mondes supérieurs."

Ce midrach nous dévoile un enseignement essentiel : la sainte Torah, qui nous a été donnée au mont Sinaï, n'est "qu'une émanation de la sagesse des mondes supérieurs". Ainsi, tout comme le sommeil est une infime partie de la mort et le rêve une infime partie de la prophétie, la Torah, qui nous a été donnée dans ce monde ici-bas, n'est qu'une infime partie de la sagesse des mondes supérieurs.
Il faut comprendre que notre condition d'être humain ne nous permet pas d'atteindre l'essence même de la sagesse des mondes supérieurs, qui est la source de la Torah. Nous ne pouvons saisir qu'un aspect de son dévoilement à travers un habillage de lettres que sont les enseignements de l'Ecriture.

Et c'est le sens de l'Ecriture au sujet du don de la Torah : "Hachem descendit sur le mont Sinaï" (Yitro 19,20) = Hachem rétracta Sa sagesse infinie pour nous donner la Torah dans ce monde ici-bas.
Cependant, le jour de Pourim, par le biais de la lecture de la Méguila, se dévoile au monde la source même de la Torah. Et c'est pourquoi les Sages ont enseigné : "Nous devons interrompre notre étude de la Torah pour écouter la Méguila" (guémara Méguila 3a) (a ha).

Le Arizal (chaar hakavanot Pourim) explique que durant le jour de Pourim, se dévoile une lumière unique qui est la lumière de la sagesse des mondes supérieurs appelée 'Hokhma et qui se dévoile pleinement sans aucune rétractation, sans aucun habillage.
C'est le secret du verset : "Mordé'haï sortit de chez le roi" (Esther 8,15). En effet, l'âme (néchama) de Mord'haï trouve son origine dans la sagesse des mondes supérieurs et lorsque nous lisons la Méguila chaque année, nous invitons cette lumière unique à se dévoiler comme à l'époque de Pourim.
C'est en ce sens que cette lumière est plus élevée que celle contenue dans la Torah.
[...]

Selon le Arizal : "A l'avenir, toutes les fêtes disparaîtront sauf la fête de Pourim".
[selon le midrach (Yalkout Chimoni Michlé 9), dans le futur, toutes les fêtes du calendrier juif seront annulées alors que les jours de Pourim seront maintenus à jamais.
Le Chla haKadoch (Tétsavé) explique que dans l'avenir, les dévoilements seront d'une telle ampleur que les lumières qui émanent des fêtes seront annulées.
Cela ressemble à un aliment qui a été plongé dans une marmite contenant 60 fois plus de quantité de cet aliment. Son goût n'est pas détectable tellement sa quantité est insignifiante par rapport à la quantité contenue dans la marmite.
Cependant, la lumière qui s'est dévoilée le jour de Pourim ne sera pas annulée dans l'avenir.]
Pourquoi toutes les fêtes sont-elles amenées à disparaître sauf la fête de Pourim?

Il faut bien comprendre que la Torah qui nous a été dévoilée sur le mont Sinaï ne comportait que 49 portes de compréhension. A l'avenir, lorsque Hachem dévoilera la 50e porte de compréhension, ce sera pour nous comme une Torah nouvelle qui nous offrira un niveau de compréhension encore jamais atteint dans le monde et c'est le secret du verset : "Ecoutez-Moi vous qui êtes Mon peuple, prêtez-Moi l'oreille, vous qui formez Ma nation! Car la Torah émane de Moi" (Yéchayahou 51,4). Quel est le sens de ce verset?
Hachem dit : "C'est de Moi que sortira une Torah nouvelle, le renouvellement de la Torah sortira de Moi" (midrach Vayikra rabba 13,3).
Ainsi, durant le miracle de Pourim, Mordé'haï eut un mérite tel qu'il permit le dévoilement de la 50e porte de compréhension qui fait référence à la future délivrance.

[le Bné Yissa'har (Adar 4,8) précise que l'intention du Arizal n'est pas de nous dire que toutes les fêtes seront concrètement annulées, mais qu'à l'avenir, le dévoilement de la lumière sera tel que l'émanation de la lumière des jours de fête que nous connaissons aujourd'hui sera naturellement effacée face à cette puissance inégalée. ]

On a vu les paroles du 'Hatam Sofer : "La sainteté de la lumière qui est enfouie dans la Méguila est plus élevée que celle contenue dans notre Torah elle-même".
L'explication en est la suivante : parce que Moché n'a atteint que la 49e porte de compréhension, il n'a pu nous transmettre qu'une Torah contenant une lumière du niveau de la 49e porte de compréhension comme il est écrit dans la Michna (Sofrim 15,6) : "Rabbi Inaï a enseigné : la Torah que Hachem a donnée à Moché comprenait 49 facettes d'impureté et 49 facettes de pureté".

Cependant la Méguila d'Esther fut écrite par l'intermédiaire de Morde'hai comme il est dit : "Morde'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20). Il est évident que Morde'haï qui a atteint la 50e porte de compréhension, introduisit au sein de la Méguila, la lumière exceptionnelle qu'il reçut en son temps.
[une lumière extraordinaire jaillit exclusivement durant la fête de Pourim, et nous y expérimentons le dévoilement de la 50e porte de sainteté, et c'est le sens des paroles du Arizal (chaar Pourim) : "Cette lumière ne se trouve pas le jour du Shabbath, ni durant les jours de fête mais seulement et uniquement le jour de Pourim". ]
Cette lumière exceptionnelle contenue dans la Méguila est plus élevée que celle contenue dans la Torah qui se trouve entre les mains des hommes, avant la Délivrance.

Le mot Méguila (מגילה) qui signifie "rouleau", a pour racine le mot גילוי (guilouy) qui signifie "dévoilement", tandis que le mot Esther (אסתר) signifie caché.
Ce précieux parchemin nous dévoile une émanation de lumière provenant de la 50e porte de compréhension qui est encore dissimulée et qui sera dévoilée à l'humanité lors de la Délivrance finale.

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[ainsi : durant la fête de Pourim, Morde'haï eut l'opportunité d'atteindre la 50e porte de compréhension. Lorsqu'il écrivit la Méguila, il y introduisit le sod de la 50e porte de sainteté qui est au-delà même de la Torah que nous possédons aujourd'hui, limitée à la 49e porte de compréhension. ]

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-> b'h, ce thème a déjà pu être traité par le passé : https://todahm.com/2022/03/18/35423

Boire du vin à Pourim – Le saviez-vous?

+ Boire du vin à Pourim - Le saviez-vous?

1°/ Pourquoi uniquement à Pourim?

=> Pourquoi y a-t-il une mitsva de devenir ivre seulement à Pourim, mais pas lors des autres fêtes où l'on a également l'obligation de se réjouir?

-> Le rabbin Shlomo Kluger ('Hokhmat Shlomo - fin Hilkhot Pourim) explique que l'on ne peut chanter correctement la shira (chant) à Hachem que lors d'un miracle accompli en terre d'Israël. Lorsque le Temple était debout et que les juifs vivaient en terre d'Israël, ils atteignaient un état de joie suffisant pour pouvoir chanter une shira à Hachem toute la journée, un exploit impossible à reproduire en exil.
Puisque le miracle de Pourim s'est produit en exil, les rabbanim ont voulu démontrer que notre joie est incomplète en nous privant de la possibilité de chanter une shira toute la journée. Ils ont donc institué l'obligation de s'enivrer à Pourim afin que nous oublions de chanter la shira lorsque nous sommes ivres.

-> Le rabbin Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Pourim 19,79) répond que Pourim a été instituée à l'époque de l'exil. Comme il n'est pas possible d'être vraiment joyeux en exil, nous buvons pour oublier momentanément que nous sommes en galout (exil) et pour nous aider à atteindre un état joyeux.
Puisque notre obligation actuelle de boire à Pourim n'a pour but que d'accomplir le dicton "Donne une boisson forte à celui qui se sent perdu et du vin à ceux qui ont l'âme amère", après la venue de machia'h nous ne serons pas obligés de boire, puisque notre joie sera alors si complète que nous pourrons nous réjouir de Pourim même sans l'aide de boissons fortes.

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2°/ Meurtre mystérieux :

-> La guémara (Méguila 7b) raconte l'histoire suivante : Rabba et Rav Zéva avaient leur festin de Pourim ensemble. Au cours du festin, ils s'enivrèrent et Rabba se leva et tua Rav Zéra.
Le jour suivant, Rabba pria pour la guérison de Rav Zéra et le fit revivre.
L'année suivante, Rabba invita à nouveau Rav Zéra à assister à sa séouda de Pourim. Rav Zéra déclina l'invitation et déclara : " Ce n'est pas à chaque fois qu'un miracle se produit".

=> Comment devons-nous comprendre cette histoire en apparence bizarre?

On peut citer les approches suivantes :
-> Le 'Hatam Sofer (Téchouvot 'Hatam Sofer 1:185) commente que Rabba est né sous la constellation de Ma'adim (Mars), qui donne à une personne une prédisposition à commettre des actes avec effusion de sang (guémara Shabbath 156a).
Rabba était donc capable de tuer Rav Zéra alors qu'il était sous l'influence de l'alcool.

-> Rabbi Avraham ben HaRambam (maamar al Odot Drachot 'Hazal) cite cet épisode comme un exemple classique de l'utilisation occasionnelle d'hyperboles par la guémara dans des cas où il est absolument clair que le sens littéral n'est pas voulu.

-> Le Maharcha explique que Rabba n'a pas littéralement tranché la gorge de Rav Zeira. Au contraire, il a continué à donner à boire à Rav Zéra jusqu'à ce qu'il devienne mortellement malade. Si Rav Zéra a refusé l'année suivante, c'était pour éviter une situation de surconsommation, qui peut être fatale (guémara Méguila 7b).

-> Rabbi Shlomo Zalman Auerbach (Halikhot Shlomo - Moadim 19:77) suggère que Rabba a embarrassé Rav Zéra, ce qui s'apparente à un meurtre.

-> Le Yaavetz (Méguila 7b) répond que Rabba a donné l'apparence d'abattre Rav Zéra par un tour de passe-passe. Les personnes présentes ont été terrifiées par l'illusion de Rabba, ce qui a provoqué l'évanouissement de Rav Zéra, en raison de sa détresse.

-> Le Chla haKadoch enseigne :
"J'ai reçu à propos de ce passage du Talmud un très grand secret. Les Sages ont enseigné que celui qui s'élève avec du vin, reçoit en lui une partie de la connaissance du Créateur (Erouvin 65a).
Celui qui arrive à s'élever par la joie avec du vin peut atteindre le secret du vin des 6 jours de la création. C'est par la joie que l'homme peut réussir à attirer la Présence divine. Le vin qui n'est que matière se répand alors dans tout le corps, et devient spiritualité. Il élève l'homme jusqu'à ce qu'il parvienne à contenir en lui la Présence divine.
S'enivrer dans la joie, avec un bon cœur et dans la spiritualité ... ceci est le secret de notre passage talmudique à propos de Rabba qui tua Rabbi Zéra durant le festin : après s'être enivré, Rabba atteignit un niveau d'élévation tel qu'il dévoila des secrets de la Torah à Rabbi Zira. ["lorsque le vin rentre, les secrets sortent" - guémara Erouvin 65a ; Sanhédrin 38b]
Le niveau de cette révélation fut si élevé que l'âme de ce dernier quitta son corps comme ce fut le cas pour le peuple d'Israël qui mourut au Sinaï en raison de l'intensité de la connaissance qui le pénétra.

-> Le rav Yonathan Eibschutz explique d'une façon similaire :
Moché demanda au Maître du monde la permission d'atteindre la 50e porte de la compréhension. Hachem lui répondit : "nul homme ne peut Me voir et vivre" (Ki Tissa 33,20).
Or il faut comprendre que le grand miracle de Pourim réside dans le dévoilement d'une partie de la lumière de la 50e porte de compréhension. Cependant, l'accès à la totalité de la 50e porte ne pourra avoir lieu qu'à l'avenir, lors de la Délivrance finale. Ainsi, lors de chaque fête de Pourim, de génération en génération, l'homme s'enivre dans la joie et par ce mérite, il reçoit ce rayon de lumière émanant de la 50e porte.

À présent, nous pouvons comprendre pourquoi Rabba, dans sa grandeur et sa Sainteté, s'est enivré le jour de Pourim, au point de s'élever et d'atteindre le niveau suprême de la 50e porte de compréhension. Lui seul, dans sa grandeur, avait la capacité de supporter ce dévoilement.
A l'inverse Rabbi Zéra qui n'avait pas la capacité de supporter ce dévoilement, expérimenta les paroles du Créateur : "Nul homme ne peut me voir et vivre!" (Ki Tissa 33,20).
Et c'est le sens des paroles du Talmud : "Raba se leva" = c'est-à-dire qu'il s'éleva jusqu'à atteindre la 50e porte de compréhension et par l'intermédiaire de ces dévoilements "il tua Rabbi Zéra".
Ces dévoilements entraînèrent la séparation entre l'âme et le corps de Rabbi Zéra.

-> De son côté le Shvilé Pin'has écrit : "la néchama de Rabbi Zéra fut attirée hors de son corps et il mourut par la mort du baiser divin. Ainsi, en voulant élever Rabbi Zéra à son niveau de connaissance, Rabba lui fit perdre la vie."

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-> La guémara stipule que l'on est obligé de s'enivrer à Pourim : "ad délo yad" = jusqu'au point où l'on ne fait plus la différence entre "maudit soit Haman" et "béni soit Mordé'hai". La guémara poursuit ensuite avec l'histoire de Rabba et Rav Zéra, citée plus haut.
=> Pourquoi la guémara juxtapose-t-elle l'obligation halakhique de boire à Pourim "ad délo yada" avec l'épisode de Rabba et Rav Zéra?

Certains décisionnaires soutiennent que l'histoire de Rabba et du Rav Zéra a été enregistrée pour faire connaître les dangers d'une consommation excessive d'alcool à Pourim et pour démontrer ainsi que la halacha ne suit pas l'opinion selon laquelle il faut s'enivrer "ad délo yada". [le Ran - Massé'het Méguila, cité dans le Rama OH 695:2]
[selon le 'Hatam Sofer cité ci-dessus, ce récit est particulièrement destiné aux individus nés sous la constellation de Ma'adim. ]

Cependant, la majorité des décisionnaires considèrent qu'il faut boire suffisamment de vin à Pourim pour s'enivrer. [Rif - Massé'het Méguila ; Roch 1,8 ; Tour OH 695]
Selon eux, la guémara relate l'histoire de Rabba et de Rav Zéra comme une anomalie, un événement extrêmement rare que les Sages ne craignaient pas de voir se reproduire. ['Hatam Sofer - Ora'h 'Haïm 185]

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3°/ Etre ivre mort :

=> Hachem a généralement en horreur l'ivresse et la Torah est remplie de fortes exhortations contre ce vice particulier?
On peut citer par exemple :
- "Le vin en abondance fait grandir la légèreté" (guémara Soucca 7a) ;
- "Hachem apprécie 3 types de personnes dont celui qui n'est pas en état d'ébriété" (guémara Pessa'him 113a) ;
- "Celui qui boit n'est pas apte à prier" (guémara Erouvin 65b) ;
- "Hachem dit à Noa'h : tu aurais dû apprendre de Adam. En effet, le vin est à l'origine de la dépravation" (Sanhédrin 70a)
Effectivement, d'après le Zohar, l'Arbre de la connaissance du bien et du mal était la vigne. (Zohar Térouma 156b).
Il est également écrit dans le Zohar : "Il existe 2 éléments que l'on ne peut réunir : le vin et le service divin. Une prière réalisée en état d'ébriété est considérée comme de l'idolâtrie" (Zohar 'Hadach 28b).
Ainsi, il est rapporté dans la halakha : "La prière d'un homme en état d'ébriété est considérée comme une abomination" (Choul'han Aroukh - Ora'h 'Haïm siman 99).

=> Si c'est le cas, pourquoi les rabbanim ont-ils obligé une personne à s'enivrer à Pourim jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus distinguer entre le béni Morde'haï et le maudit Haman?

0n peut citer :
1- Étant donné que plusieurs miracles de Pourim ont été le résultat d'un festin (michté : selon d'A'hachvéroch, puis celui d'Esther) où l'on buvait [du vin] (comme l'exécution de Vachti et la chute d'Haman), les Sages ont obligé à boire du vin d'une manière qui rappelle le salut miraculeux d'Hachem.
[Eliyahou rabba - Ora'h 'Haïm 695]

[Le rav de Brisk (cité dans Birouré Halachos) explique que l'obligation de boire du vin pendant les fêtes est fondamentalement différente de son équivalent à Pourim. Alors que le but de boire du vin pendant un Yom Tov est de susciter des émotions de joie, pour lesquelles même une petite quantité de vin suffirait, le vin bu à Pourim doit répondre à l'exigence supplémentaire d'un festin [de vin], qui implique un niveau élevé d'ivresse. ]

2- Haman souhaitait tuer l'ensemble du peuple juif et le laisser se vautrer dans son propre sang.
Nous rejouons son plan d'une manière joyeuse, en nous allongeant sur le sol, ivres et impuissants, grâce au vin, dont la couleur rouge ressemble à celle du sang. [Séder haYom - Séder Pourim]

[le rav Binyamin Wurburger avertit : alors que s'enivrer à Pourim était la pratique normative dans les temps anciens, en raison du déclin spirituel de notre génération et de notre incapacité à nous enivrer dans l'esprit approprié de la mitsva, de nombreuses autorités contemporaines ont décrié la pratique de la consommation excessive d'alcool à Pourim.
En pratique, il faut suivre les directives de son Rav quant à la manière correcte de s'enivrer à Pourim. ]

Le rav Avigdor Miller a été interrogé un jour : "Quelle doit être notre attitude envers ceux qui deviennent très enivrés (shikour) à Pourim?"
Il a répondu : "Nous devons savoir que le but de notre vie est d'acquérir de la daat (connaissance) et non de la perdre. Lorsqu'une personne devient très intoxiquée [par le vin] de sorte qu'elle est déjà dans la catégorie d'un animal, ce n'est pas du tout un éloge pour elle. Il n'y a rien de mal à boire une certaine quantité [de vin]. Mais devenir hors de contrôle, c'est une erreur. Ce n'est pas un kidouch Hachem ; vous vous rendez dégoûtant. Non, je n'approuve pas cela, c'est mal, très mal."

3- Bien qu'une personne soit composée d'un corps et d'un esprit, sa valeur première est le résultat de son esprit. Lorsqu'une personne est excessivement ivre, ses fonctions cognitives sont altérées et elle devient incapable, ce qui la fait ressembler, à certains égards, à une personne morte.
Nous buvons à Pourim pour démontrer que nos vies n'avaient aucune valeur à l'époque d'Haman et que nous n'avons été sauvés de la mort que par la grâce d'Hachem.
[Maharal - Ohr 'Hadach - intro]

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-> Nos Sages nous demandent de boire à Pourim "Ad délo yada" jusqu'à ce que l'on soit capable de dire "Barou'h Haman".
Nos Sages ont exprimé cette exigence non pas avec les mots "ad dééno yada" mais "ad délo yada", non pas une sous-connaissance mais une super-connaissance.
L'intention est qu'un juif boive à Pourim en toute sainteté jusqu'à ce qu'il s'élève au-dessus des contraintes d'une perspective qui reste structurellement intacte pour que nous puissions la regarder et la respecter, tout en chérissant le sentiment de tout voir d'une perspective entièrement élevée.
C'est le sentiment de s'élever au-dessus du système de l'intellect (que nous percevons pourtant comme une Vérité absolue) et de trembler avec le rire de "vatis'hak léyom a'haron".
Les tsadikim vivent au niveau de "ad delo yada" tout au long de l'année, voyant la vie d'une perspective élevée de super-connaissance qui leur permettait de voir le "barou'h", la bénédiction cachée, même dans "Haman" = toutes sortes de difficultés, de peines et d'humiliations.
[rav Yaakov Klein]

[d'une certaine façon c'est avoir une vision du monde à Venir, celui de Vérité, où l'on se rendra compte que toute chose qui nous arrive dans la vie est pour le bien (le Mordé'haï et le Haman de notre vie sont à bénir [barou'h]). ]

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4°/ Exemption de consommation d'alcool :

-> Le Shaaré Téchouva (Ora'h 'Haïm 695:2) estime qu'une personne de faible constitution est dispensée de s'intoxiquer [par le vin] à Pourim. Il apporte une preuve tirée du Yérouchalmi, qui relate que Rabbi Yéhuda Bar Ilai buvait 4 tasses de vin le jour de Pessa'h, même si cela lui rendait la tête lourde jusqu'à la fête de Shavouot. Puisque le Yérouchalmi ne mentionne pas qu'il buvait à Pourim, cela indique qu'une personne est dispensée de boire à Pourim si elle est affectée négativement par le vin.

-> Le Sfat Emet rejette cette preuve. [cité dans le Daf al haDaf - Shékalim 8b]
Il explique que la raison pour laquelle la gueule de bois de Rabbi Yéhouda a duré spécifiquement jusqu'à la fête de Shavouot est basée sur la guémara, qui dit que la peur a la capacité de dissiper l'état d'ivresse d'une personne. [Baba Batra 10a]
Puisque Rabbi Yehouda a revécu l'expérience du Sinaï le jour de Shavouot, sa peur et sa crainte de cette expérience ont réussi à libérer son esprit de l'alcool qu'il avait bu auparavant.
La raison pour laquelle la guémara ne mentionne pas le fait que Rabbi Yéhouda ait bu du vin à Pourim est que, puisque Pourim s'apparente à la réception de la Torah au mont Sinaï (guémara Shabbath 88a), les effets intoxicants de sa consommation de vin à Pourim se dissiperait immédiatement, comme cela s'est produit pour lui lors de la fête de Shavouot.

Le mois d’adar (selon le Sfat Emet)

+ Mois d'adar (selon le Sfat Emet) :

"Lorsque Adar arrive, nous augmentons notre joie"
[guemara Taanit 29a]

-> De la même manière que nous nous préparons au Nouvel An universel de Tichri (Roch Hachana) en faisant téchouva, de même, nous nous préparons au nouvel an juif (Nissan, le début des mois ; cf. Bo 12,2 : "ce mois sera pour toi" (a'hodech azé la'hem) ; également Roch Hachana 1:1), en nous repentant.

Cependant, il existe une distinction cruciale entre la téchouva d'Adar qui précède le Nouvel An juif et celle d'Elloul. Nous nous préparons au Nouvel An universel (depuis le début d'Elloul à Roch Hachana) dans une atmosphère de crainte et de peur (téchouva méyir'a).
En préparation du Nouvel An juif (depuis le début d'Adar jusqu'à Nissan), une période au cours de laquelle les liens d'amour entre nous et Hachem sont renouvelés, nous augmentons notre observation joyeuse de Sa Torah et de Ses Mitsvot.
[Shekalim 5631]

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-> Le mois d'Elloul est largement connu comme "yémé ratson", des jours de bonne volonté Divine.
La désignation d'Elloul comme période de Volonté Divine peut être basée sur la tradition (cf. guémara Sotah 2a) selon laquelle 40 jours avant la naissance d'un enfant, Hachem proclame plusieurs de ses caractéristiques futures (par exemple s'il sera sage ou fou). De même, 40 jours avant la création de l'univers (en Elloul), Hachem avait déjà voulu (désiré) créer l'univers.

En Tichri, le monde a été créé avec l'attribut de justice (midat hadin), mais la relation unique entre Hachem et peuple juif a été insufflée au monde en Nissan, cette fois sur la base de l'amour et de la bonté.
Tout comme Hachem a voulu créer l'univers un mois avant (Elloul) sa création réelle (en Tichri) avec le "din" (justice/rigueur), Hachem a également voulu améliorer le monde par l'ajout d'amour (aava) un mois avant celui de Nissan, en Adar.
Chaque Adar, nous célébrons ce sentiment de "renouvellement" de l'univers "méaava" (de l'amour et la bonté d'Hachem à notre égard) et c'est certainement une raison suffisante pour se réjouir.
[Likoutim]

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-> Plutôt que de dire "miché'iguiya" ou "michéba", quand Adar arrive, la guémara utilise l'expression : "michéni'hnass (quand Adar entre). Pourquoi cela dire que le mois "entre" plutôt qu'il "arrive"?
Une fois que l'esprit d'Adar entre dans la psyché du juif, il pénètre chaque partie de son être et il est rempli de joie.
Les 365 tendons (guidin) du corps humain correspondent aux 365 interdictions (lo taassé). Ainsi, chaque
commandement négatif correspond à un jour de l'année. (par exemple, le Zohar affirme que le 9 Av correspond à l'interdiction de consommer du guid hanassé).
Une fois que l'humeur d'Adar a pénétré les tendons qui correspondent à ses mitzvot, le juif se réjouit.
[Likoutim]

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-> Tout comme nous diminuons notre joie pendant le mois d'Av pour commémorer la destruction du Temple, de même lorsque nous nous préparons à construire ou réparer le Temple grâce au don collectif du demi-shékel, nous nous réjouissons.
En fait, notre joie à chaque Adar est directement proportionnelle au degré de deuil que nous avons manifesté en Av.

Notre joie, malgré notre incapacité à accomplir la mitsva de donner le demi-shékel [directement au Temple], aide à compenser le manque d'enthousiasme du peuple juif (pendant certaines périodes) lorsque le Temple était debout. En fait, Hachem fusionne notre désir d'accomplir cette mitsva avec son observance réelle.
Alors qu'à l'époque du Temple, nous accomplissions parfois le service divin mécaniquement, aujourd'hui, même si nous n'avons pas le Temple, nous accomplissons les mitsvot avec joie (surtout en Adar).
[Pourim 5644 ; Shékalim]

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-> La joie d'Adar peut également être basée sur l'unité inhérente du peuple juif, qui est démontrée par l'insistance de la Torah à ce que chacun, riche ou pauvre, donne un demi-shekel au Temple.
[Likoutim]

-> En augmentant notre joie à chaque Adar, nous nous rappelons les joyeux mois d'Adar du Temple, lorsque nos ancêtres donnaient généreusement et avec grand enthousiasme (cf. Shekalim) à l'appel annuel pour le Temple.
Chaque fois que le Tana'h évoque les dons d'Israël, que ce soit pour le Michkan, le premier ou le second Temple, nous trouvons des connotations de joie. La guémara (Shabbath 130a) rapporte que toute mitsva accomplie initialement dans la joie sera toujours accomplie dans la joie. Dans la mesure où nos ancêtres ont donné avec enthousiasme la pièce d'un demi-shékel pour la donation au Temple, nous ressentons également une partie de leur joie à chaque Adar.
C'est particulièrement vrai si nous les imitons en donnant généreusement à la charité.
Il est tout à fait approprié que la mitsva des dons aux pauvres (matanot laév'yonim) soit observée pendant le mois d'Adar. Bien que cette pratique soit plus directement liée aux événements de Pourim, elle est également étroitement associée aux joyeuses donations au Temple.
[Pourim - 5641]

"Il me semble que les 4 mitsvot de Pourim ont une correspondance avec les 4 lettres du Nom divin (יהוה), car la guerre contre Amalek se perpétue de génération en génération et la victoire dépend de l'accomplissement de ces 4 commandements (la lecture de la Méguila, Matanot laEvyonim, michloa'h manot et le festin) ...
C'est par l'intermédiaire de ces mitsvot [à Pourim] que la délivrance se rapproche à chaque génération."
[rabbi Tsadok haCohen de Lublin - Ma'hchavot 'Harouts - ימן ו]

Qui a écrit la Méguilat Esther?

+ Qui a écrit la Méguilat Esther?

-> La Méguila d'Esther fut écrite par roua'h hakodech (esprit prophétique - guémara Méguila 7a).

-> "Mordé'haï mit par écrit ces événements et expédia des courriers à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch" (Esther 9,20).
Rachi explique que c'est Mordé'haï qui écrivit la Méguila telle que nous la lisons aujourd'hui.

Cependant, il est écrit dans la guémara (Baba Batra 15a) : "Les Sages de la grande assemblée ont écrit les livres sacrés de Yé'hezkiel, des 12 prophètes, de Daniel et la Méguila d'Esther".
Rachi précise que les Sages de la grande assemblée sont 'Hagi, Zakaria, Malakhi, Zéroubabel, Mordé'haï et ses compagnons.

=> Pourquoi est-il rapporté que c'est uniquement Mordé'haï qui a écrit la Méguila?

-> L'Admour de Kamarna (Pourim - ot guimel) dit : "Je me suis penché de tout mon cœur pour étudier de manière approfondie cette Méguila qui fut écrite par esprit prophétique. Elle contient de nombreux secrets et des Noms divins extraordinaires qui ont la capacité d'effacer le nom d'Amalek du cœur d'Israël afin qu'il puisse avoir un seul cœur dirigé vers leur Père Céleste."

-> Le rabbi Moché de Kovrin écrit : "La Méguila d'Esther que nous lisons durant Pourim inclut toute la Torah écrite et toute la Torah orale, ainsi que de nombreux Noms divins."

-> Mordé'haï s'est donc associé aux Sages de la grande assemblée cités plus haut : 'Hagi, Zakaria, Malakhi, Zeroubabel et ses compagnons. Ils se sont tous réunis à sa droite pour écrire la Méguila sous forme d'un récit incluant tous les Noms divins afin d'aider les générations des Bné Israël à effacer la force du nom d'Amalek, à s'unir et à s'attacher totalement à Hachem.
Ainsi, lorsque nous lisons : "Mordé'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20) nous devons comprendre que Mordé'haï dirigeait la rédaction de la Méguila car il connaissait les moindres détails du miracle de Pourim.

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-> "Mordé'haï mit par écrit ces événements et expédia des courriers à tous les juifs, proches ou éloignés, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch" (Ether 9,20).
=> On peut s'interroger : Mordé'haï aurait donc rédigé la Méguila immédiatement après le miracle de Pourim alors qu'il était encore en dehors d'Israël. Pourtant les Sages nous ont enseigné que tous les écrits sacrés tels que les Rois et les Prophètes furent tous rédigés en terre d'Israël afin qu'ils puissent bénéficier de la sainteté et de l'esprit prophétique dans le but de perdurer à travers toutes les générations.

-> Le rabbi de Brisk explique que l'Ecriture de la Méguila suit 2 impératifs : un premier qui est d'écrire la ,Méguila pour diffuser le miracle et un second qui stipule que les écrits sacrés soient écrits en Israël par prophétie afin d'y introduire la sainteté comme pour tous les autres écrits traitant de nos Rois et de nos Prophètes. (Hilkhot Méguila פ"ה)
Ainsi :
- "Mordé'haï mit par écrit ces événements" (Esther 9,20) = il s'agit du premier impératif évoqué concernant la diffusion du miracle ;
- : "Les Sages de la grande assemblée ont écrit ... la Méguila d'Esther" (guémara Baba Batra 15a) = cela correspond à leur retour en Israël où ils écrivirent une seconde fois la Méguila pour lui donner le statut des écrits sacrés.

-> "La Méguila est appelée livre et est également appelée courrier" (guémara Méguila 19a).
Effectivement, elle est appelée courrier lorsque Mordé'haï l'écrivit en dehors d'Israël, puis elle obtint le statut de livre une fois rédigée pour la seconde fois par les Sages de la grande assemblée, par prophétie, en Israël. La sainteté de la terre l'ayant pénétrée et lui octroyant ainsi le statut de livre sacré.

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+ Reçue au mont Sinaï :

-> "Rabbi 'Hiya a enseigné au nom de Rabbi Yo'hanan à propos du verset : "Hachem m'a donné les 2 Tables de pierre, écrites du doigt de D. et sur elles il y avait toutes les paroles que vous a déclarées Hachem sur la montagne" (Ekev 9,10), ce qui vient nous apprendre que Hachem a montré à Moché les moindres détails de l'Ecriture de la Torah et les moindres détails qui seront écrits à l'avenir. De quoi s'agit-il? De la Méguila d'Esther". [guémara Méguila 19a]
Ainsi, la Méguila d'Esther fut dévoilée à Moché mais qu'il ne reçut pas la permission de la dévoiler avant le miracle de Pourim.
[la guémara (Yérouchalmi Méguila 7a) enseigne également : "Hachem a dévoilé à Moché ce qu'écrira Mordé'haï à l'avenir. Ainsi la Méguila d'Esther fut transmise à Moché au mont Sinaï.
Rav, Rabbi 'Hanina, Rabbi Yonatan, Bar kafra et Rabbi Yéhochoua ben Lévi ont tous dit que cette Méguila fut transmise à Moché au Mont Sinaï car la Torah est intemporelle."
La guémara (Taanit 9a) affirme : "Il n'y a pas une chose dans le monde qui ne figure pas en allusion dans la Torah". ]

-> Il est écrit : "וקיבל היהודים" ( vékibel aYéhoudim - Esther 9,23), avec וקיבל (vékibel) qui signifie "il a reçu" est au singulier alors que le mot היהודים (aYéhoudim) qui veut dire "les juifs" est au pluriel.
Pour quelle raison notre verset utilise-t-il un langage singulier?
Ceci pour faire allusion à Moché qui avait déjà reçu cette Méguila au mont Sinaï. [Zohar Ki Tissa 191b]

-> Selon le Mégalé Amoukot (Vaét'hanan), Mordé'haï était la réincarnation (guilgoul) de Moché.
Il apporte une preuve d'après l'enseignement des Sages du midrach : "Un homme juif (ich Yéhoudi) vivait à Chouchan la capitale" (Esther 2,5). Le mot איש (ich - homme) vient nous apprendre que Mordé'haï équivalait à toute sa génération comme Moché dans la sienne et à propos duquel il est écrit : "Et l'homme, Moché était très humble" (Béaaloté'ha 12,3).

-> Le Hida ('Homat Anakh) enseigne à propos de "un homme juif" (ich Yéhoudi - אִישׁ יְהוּדִי - Esther 2,5) que ces termes (renvoyant à Mordé'haï) ont la même valeur numérique que le nom de Moché (avec le kolel).

Ainsi, Hachem choisit Mordé'haï, qui avait les mêmes étincelles d'âme que Moché, pour écrire la Méguila. En effet, son âme (néhchama) avait déjà reçu cette même Méguila au mont Sinaï et vint le moment de la dévoiler.

-> On peut rapporter l'enseignement du Yisma'h Moché (paracha Térouma) :
Lorsque le peuple juif a vaincu Amalek dans le désert, Hachem a dit à Moché : "Ecris ce mémorial dans le livre, et mets-le dans les oreilles de Yéhochoua" (Béchala'h 17,14).
Nos Sages (guémara Méguila 7a) disent que "le livre" se réfère à la Méguilat Esther. Ainsi, Moché a reçu l'ordre de mettre l'histoire de la Méguilat Esther dans les "oreilles de Yéhochoua", en d'autres termes, de lui chuchoter discrètement à l'oreille.
Pourquoi cela devait-il se faire discrètement?

Ce qui s'est passé à l'époque de Mordé'haï et d'Esther nécessita un très grand repentir (téchouva) de la part du peuple comme cela est rapporté dans la guémara (Méguila 12b) : pour quelle raison le peuple d'Israël a-t-il été condamné à l'extermination durant cette génération? Afin qu'il accomplisse un réel repentir durant cette génération.
Si Moché et Yéhochoua avaient dévoilé au peuple, avant la chute de Haman, la Méguila ainsi que la délivrance qui allait suivre, il est évident que le peuple juif n'aurait jamais eu une crainte suffisante du décret de Haman, crainte nécessaire pour éveiller un repentir sincère.
C'est la raison pour laquelle l'enseignement de la Méguila fut caché au peuple et ne fut transmis qu'à Moché qui le transmit à son élève Yéhochoua qui le transmit à son tour aux dirigeants du peuple, et ainsi de génération en génération jusqu'à Mordé'haï.
A présent nous comprenons le verset : "Mordé'haï savait tout ce qui s'était passé" (Esther 4,1) = étant le leader spirituel de sa génération, lui seul reçut cet enseignement, étant établi que le décret d'extermination ainsi que la délivrance qui allait suivre devaient rester secrets. Il se garda donc de le dévoiler au peuple afin que tous se repentent d'un cœur entier.

-> D'ailleurs, se basant sur cela le Yisma'h Moché y explique le verset : "Mordé'haï ayant pris connaissance de tout ce qui s'était passé, déchira ses vêtements, se couvrit d'un cilice et de cendres et parcourut la ville en poussant des cris véhéments et amers" (Esther 4,1) :
Bien que Mordé'haï, le grand de sa génération, eût été averti en tant que tel du décret d'extermination ainsi que de la délivrance qui allait suivre, en aucune façon ni à aucun moment il n'eut peur du décret de Haman.
Il entreprit tout pour faire un maximum de bruit en criant, en déchirant ses vêtements ... Tout ceci fut accompli aux yeux du peuple afin d'éveiller son repentir alors que Mordé'haï savait parfaitement comment la situation allait évoluer.

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+ Et Esther? :

=> Puisque Mordé'haï est l'auteur de la Méguila, pourquoi s'appelle-t-elle "la Méguila d'Esther"? N'aurait-elle pas dû s'intituler "la Méguila de Mordé'haï"?
De plus il est écrit : "Puis la reine Esther, fille d'Avi'haïl et Mordé'haï haYéhoudi écrivirent de nouveaux, usant de toute leur autorité pour donner force de loi à cette seconde missive de Pourim" (Esther 9,29). Le Targoum explique que la reine Esther et Mordé'haï haYéhoudi écrivirent ensemble la Méguila.
=> Comment concilier cela avec ce que l'on a vu précédemment?

-> Esther s'est associée à Mordé'haï lors de l'Ecriture de la Méguila afin de lui communiquer les détails qu'il ne pouvait pas connaître sur ce qui s'est passé dans le palais du roi. Ceci est considéré comme si Esther elle-même avait écrit la Méguila.

-> La reine Esther a pesé de tout son poids auprès des Sages pour qu'ils acceptent d'écrire et d'instituer la lecture de la Méguila de génération en génération. (guémara Méguila 7a).
Au départ, les Sages d'Israël ne voulaient pas accepter la requête de la reine Esther visant à imposer la lecture de la Méguila. Puis ils trouvèrent dans la Torah un passage de l'Ecriture sur lequel s'appuyer pour instituer cette mitsva.
[Shvilé Pin'has]

[selon la guémara : une mitsva est appelée uniquement du nom de celui qui l'a initiée.
Ainsi Mordé'haï et les Sages de la grande assemblée ont appelé la Méguila du nom d'Esther parce c'est elle qui fit tous les efforts possibles afin que la Méguila soit écrite et lue de génération en génération.
C'est par son mérite d'avoir su convaincre les Sages que nous la lisons. ]