Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Dépêche-toi et mange, dépêche-toi et boit, car ce monde que nous devrons quitter est comme une salle de mariage"

[Shmouël à son élève Rabbi Yéhouda - guémara Erouvin 54a]

Rachi de commenter : "Aujourd'hui est éphémère et demain nous ne serons plus là, comme une cérémonie de mariage qui se passe très rapidement"

=> Pour un juif, la devise "carpe diem", c'est profite de chaque moment, dévore chaque occasion d'agir selon la Torah, ... car qui peut dire si demain tu seras encore vivant ou bien le Machia'h sera déjà arrivé (il sera alors trop tard pour agir car le libre arbitre sera alors quasi inexistant).

<--->

-> A l'image d'un mariage qui passe très rapidement, notre durée de vie passe très vite, et c'est pourquoi nous devons attraper un maximum de marchandises qui ont de la valeur dans le monde à venir (Torah, mitsvot), qui lui durera éternellement.
Après il sera trop tard pour acquérir quoique ce soit, et c'est pour cela que notre yétser ara fait tout pour que nous prenions le moins de choses dans ce monde.

-> A une fête de leurs enfants, les parents sont très heureux, et ils oublient l'espace d'un moment tous leurs soucis, problèmes.
La guémara nous conseille de vivre pendant toute notre vie avec cette vision. Nous devons mettre nos soucis de côté et se réjouir des nombreuses bontés que Hachem nous donne.

"Chaque ville dont les toits sont plus élevés que celui de la synagogue va en fin de compte être détruite"

[guémara Shabbath 11a]

Le rabbi Yaakov Galinsky demande : Pourquoi cela?

Cela nous transmet un principe très important.
Le Rambam (Hilkhot Issouré Mizbéa'h 7,11) commente le verset : "Toute graisse des sacrifices étant pour Hachem" (Vayikra 3,16), en disant : si l'on consacre quelque chose [à Hachem], cela doit être le meilleur de ce que l'on possède.

Chaque personne doit se demander : qu'est-ce qui est plus élevé dans mon esprit : ma maison ou bien le "Temple miniature" (la synagogue), lieu où l'on prie et étudie.
Qu'est-ce qui a le plus d'importance et qui est plus prioritaire à mes yeux : ma matérialité ou ma spiritualité?

Nos Sages enseignent (guémara Béra'hot 35b) :
"Les générations passées faisaient de l'étude de la Torah leur occupation principale, et de leur travail l'accessoire, et les 2 préoccupations prospéraient.
Les générations ultérieures ont fait de leur travail leur principale occupation, et de leur étude de la Torah l'accessoire, et aucune des préoccupation n'a prospéré."

Lorsque l'on construit sa vie avec des bâtiments (matérialité) plus élevés que la synagogue (spiritualité), l'ensemble repose sur une base précaire, qui va finir pas se détruire.

=> Tâchons d'avoir toujours cela clairement à l'esprit, afin que notre vie prospère au maximum (b"h).

"Une personne s'assoit et parle toute la journée et n'est pas fatiguée ; elle se lève pour aller prier et elle est alors trop fatiguée.
Une personne s'assoit et parle toute la journée et n'est pas fatiguée ; elle se lève pour aller étudier et elle est alors trop fatiguée"

[midrach Esher rabba 3,4]

Au moment de démarrer son étude ou sa prière, tout juif (même nos guédolim) doit aller à l'encontre de sa tendance naturelle, la force du yétser ara, qui va diminuer l'envie de le faire.
Par contre, peu après qu'on a commencé, c'est un régal, et pour rien au monde on ne le regrette!

=> Alors sortons de notre confort, et plongeons dans l'eau de la Torah, dans les bras de papa Hachem, car il n'y a rien de mieux!!

<------------->

-> On peut rapporter une histoire de la guémara (Guittin 68a-b).

Lors de la construction du Temple, le roi Chlomo n'a pas utilisé d'outil en métal, mais il a eu recours au 'shamir', un ver qui a la capacité de pouvoir couper une pierre.

Dans sa quête afin de l'avoir, il a appris que le roi des démons (Achmédaï) savait comment le trouver, et a alors demandé à Bénayahou ben Yéhoyada de lui ramener le roi des démons.

Après l'avoir capturé, sur le chemin du retour, ils ont rencontré un diseur de bonne aventure, avec un file de personnes attendant chacune son tour pour connaître son futur.
Le démon a alors souri.

Bénayahou lui demanda : "Pourquoi souris-tu?"
Il lui a répondu : "Ce sorcier est assis sur le haut d'un trésor.
Il ne sait même pas ce qui est en-dessous de lui, mais il prétend qu'il peut prédire le futur?"

Si la guémara nous rapporte cette histoire, c'est qu'elle est une leçon valable pour nous aussi.
Quelle est-elle?

Le rabbi Yaakov Galinsky dit qu'on ressemble à ce diseur de bonne aventure, car nous sommes tous assis sur un magnifique trésor, pendant que nous sommes occupés par un futur illusoire.

On a plein de rêves pour plus tard, mais quand est-ce qu'on va se réveiller, se lever pour profiter du magnifique trésor qui est en nous : saisir le moment présent, nos forces, nos capacités, ... et les exprimer au grand jour.

"Bien que le principal dommage causé par une faute provienne de sa réalisation effective, le mal causé à l'âme du fauteur devient bien pire dans la mesure où ses pensées s'attardent sur la faute.
Il en va de même pour une mitsva. L'essentiel de la mitsva est (l'accomplissement effectif) pour le Ciel, mais dans la mesure où une personne pense à une mitzva et désire l'accomplir, la mitsva améliore l'âme de l'homme"
[Sfat Emet - Bo 5659 ]

Avraham & les mitsvot

+ À partir du moment où Avraham a reconnu le Créateur, il a assujetti son néfech, son roua'h et sa néchama au service d'Hachem. Il n'a pas fait le moindre mouvement avec une partie de son corps pour son propre plaisir.
Au contraire, toute son intention était de donner de la satisfaction à son Créateur. C'est ainsi que les 248 parties de son corps ont été rattachées à leur source en-Haut, devenant ainsi un Char pour la sainte Chékhina.
À travers les parties de son corps, il en vint à reconnaître toutes les mitsvot de la Torah, puisque les 248 membres correspondent aux 248 commandements positifs et que les 365 tendons correspondent aux 365 interdictions (Zohar - Vayichla'h 170b).

À travers chaque partie de son corps, il a reçu une révélation de la racine de la mitsva à laquelle cette partie du corps est attachée. (Ohev Israel - Likoutim 'hadachim - Lé'h lé'ha)

-> Nos Sages nous disent qu'Avraham a réalisé toutes les mitsvot par lui-même et qu'il les a accomplies même sans en avoir reçu l'ordre. Pourquoi alors n'a-t-il pas accompli la mitsva de brit mila, même avant d'en avoir reçu l'ordre?
Le rav d'Apt (le Ohev Israël) explique :
La raison en est qu'Avraham avait atteint un niveau de sainteté si élevé que chaque partie de son corps sentait par elle-même la mitsva à laquelle elle correspondait. Par son corps même, il savait ce qu'étaient les mitzsot.
La seule partie de son corps qui n'avait pas ce sens était l'endroit de la brit mila. Comme il était entouré de l'orlah, qui est une couverture d'impureté, la lumière de la sainteté ne pouvait pas atteindre cette partie de son corps. Ce n'est qu'après qu'Hachem lui a ordonné de couper l'orlah que la lumière de la sainteté a pu atteindre cette partie du corps.

[le Ohev Israël rapporte que la difficulté dans la Akéda Its'hak résidait : Avraham pensait que Hachem voulait qu'il égorge son fils, tandis qu'Hachem ne lui a demandé que de le placer sur l'autel. Ainsi, sa main ne voulait pas prendre le couteau pour égorger Itsh'hak (Vayéra 22,10), sa main sachant inconsciemment la véritable volonté de D., Avraham était dans une situation inhabituelle : le désir d'un membre de son corps (la main), n'était pas le même que celui (qu'il croyait être) d'Hachem. ]

La Bar mitsva

+ La Bar mitsva :

-> "A l'âge de 13 ans pour un garçon, et à l'âge de 12 ans pour une fille, l'âme est pleinement développée. Ils deviennent obligés d'accomplir les mitsvot et sont tenus responsables de leur transgression."
[Shoul'han Arou'h haRav 2]

-> "Le nombre 13 a la même guématria que : é'had (un).
Lorsqu'un garçon atteint l'âge de 13 ans, son âme a acquis la maturité suffisante pour accepter les mitsvot d'Hachem, qui est l'Un."
[Chem miChmouel]

-> "Le nombre 13 a aussi la même guématria que : aava (amour).
L'amour de Hachem commence à se développer chez une personne lorsqu'elle devient bar mitsva, car elle prend alors sur elle de respecter les mitsvot de la Torah.
A ce moment, Hachem réveille Ses 13 attributs de miséricorde à l'égard de Ses enfants."
[le Chlah haKadoch]

-> Nos Sages disent que l’appellation : "bar mitsva" (le fils de la mitsva) renvoie au fait que de même qu'on reste toujours le fils de nos parents, on reste toujours assujetti à l'accomplissement des mitsvot, et qu'on ne peut pas rompre ce lien.

-> "Le mot : "mitsva" est proche de l'araméen : "tsavta" (un lien, un attachement).
Par l'accomplissement des mitsvot, une personne s'attache elle-même avec la sainteté, et profite alors d'une vie pleine de joie, de foi et d'espérances.
Un garçon qui atteint l'âge de 13 ans, qui se soumet au joug des mitsvot, se connecte alors à une vie pleine de pureté et de sainteté, et on l'appelle ainsi : bar mitsva."
[Sfat Emet]

-> Le 'Hatam Sofer dit que la 1er mitsva qu'un bar mitsva réalise est le fait de se réjouir de son acceptation des mitsvot de la Torah, réalisant ainsi le commandement de : "servir Hachem, ton D. dans la joie et le contentement du cœur" (Dévarim 28,47).

<--->

-> Nos Sages dans le Zohar (1ere partie, p.78) disent que dès qu'il rentre dans sa 14e année soit le jour de la Bar Mitsva une lumière divine pénètre en lui, le nettoyant de toute impureté et faisant ainsi place à un fruit nouveau saint et parfait, digne de louanges.
[rapporté par le Ohr ha'Haïm - Tazria 12,3]

<--------------->

-> "Si les 13 ans d'un garçon tombent un jour où nous lisons la Torah, il a priorité sur toutes les autres personnes qui ont un droit à y être appelée, à l'exception du fiancé le jour de son mariage.
Il a les mêmes droits que le fiancé, le Shabbath précédant son mariage.
Pourquoi est-il si privilégié?

Le jour de sa bar mitsva, il devient un juif adulte, et il rend hommage publiquement à Hachem pour le fait de pouvoir respecter les mitsvot, comme s'il recevait la Torah au Sinaï."
[Biour Halakha 136]

<--------------->

-> "Au commencement de sa 14e année, un garçon est doté du Ciel d'une âme sainte et pure."
[Or ha'Haïm - Béréchit]

-> "Selon les Sages de la Kabbala, à la brit mila, une personne reçoit une partie de son âme appelée : "néfech", qui est animale, fournissant les forces élémentaires.
A la bar mitsva, on lui accorde une partie d'âme supérieure, nommée : "roua'h". "
[Séder haYom - Avot 5,25]

-> "Il y a 3 partenaires à la création d'un homme : son père, sa mère et Hachem.
Lorsqu'il devient bar mitsva, atteignant l'âge adulte, son composant divin émerge, et il reçoit une âme plus élevée"
[Sfat Emet]

-> "Faisant référence à sa bar mitsva, le roi David a dit : "Moi [Hachem], aujourd'hui Je t'ai mis au monde'" (Téhilim 2,7)
Pourquoi aujourd'hui?
Car avant sa bar mitsva, il n'était pas un fils à part entière, car il n'avait pas une âme supérieure, ce qu'il n'a reçut qu'en ce jour."
[Zohar]

-> "Un garçon qui va devenir bar mitsva, devient membre du club fermé des connaissances proches de Hachem.
A sa bar mitsva, il reçoit le yétser atov (bon penchant), qui est un associé proche de D., étant Son agent nommé pour réveiller dans le cœur du garçon un désir intense pour la Torah, les mitsvot et les bonnes actions."
[le Baal haTanya à son fils]

<--------------->

-> "Une personne doit se réjouir le jour de la bar mitsva de son fils de la même façon que si elle l'amenait à la 'houppa"
[Magen Avraham 225,4]

-> "C'est une grande mitsva que de préparer un repas de fête en l'honneur de la bar mitsva d'un garçon, car Hachem tire énormément de plaisir d'un père célébrant le fait que son fils prenne sur lui l'obligation d'accomplir les mitsvot"
[Maharal - Tiféret Israël - chap.51]

-> "Lorsqu'un garçon a 13 ans, il est prêt à accomplir les mitsvot de la Torah, et en ce jour un repas de fête doit être organisé, qui doit être aussi joyeux qu'un repas de mariage"
[Zohar 'Hadach - Béréchit 20b ]

<-------------------------------->

+ Le repas de fête : mélange du matériel et du spirituel :

-> "L'enfant grandit, il fut sevré. Avraham fit un grand festin le jour où l'on sevra Its'hak" (Vayéra 21,8)
Le midrach rabba explique que cela fait référence à la bar mitsva de Its'hak, jour à partir duquel il a été libéré du yétser ara, en recevant le yétser atov.
C'est en l'honneur de cela qu'Avraham a fait un grand festin.

Nos Sages demandent pourquoi parle-t-on de : "grand festin" (michté gadol)?
Le repas de la bar mitsva a 2 objectifs :
-> stimuler le corps afin qu'il apprécie la mitsa ;
-> apaiser le yétser ara, à l'image du magnifique repas que nous mangeons avant Yom Kippour, afin qu'il ne vienne pas nous accuser en ce jour.
En effet, le yétser ara est prêt à mener une attaque totale en ce jour où le yétser atov arrive.
Afin de le calmer, nous lui "jetons un os", en faisant un repas de fête.
Le yétser ara, qui a alors un âge de 13 ans, est dénommé : "adulte" (gadol), tandis que le yétser atov est appelé : "un petit garçon" (yéléd).
Le verset appelle ce repas un : "michté gaodol = un festin pour le gadol", car il a pour objectif d'apaiser le yétser ara.

-> "Comment est-ce qu'un acte physique, comme avoir un repas festif, est à rapprocher avec une mitsva qui est purement spirituelle?
De même, qu'une mitsva est principalement un concept spirituel réalisé par des actions physiques pour le bénéfice de l'âme, le plaisir matériel de manger et de boire lors d'une fête, amène de la joie spirituelle à l'âme, qui aspire à se réjouir dans les mitsvot"
[Aboudraham]

<-------------------------------->

-> "Le jour de la bar mitsva d'un garçon, les âmes de ses ancêtres descendent de leur demeure au paradis afin de voir et de prendre part à la joie de leur descendant."
[Zohar - Tan'houma]

<-------------------------------->

-> Hachem nous a accordé une âme sainte, provenant d'un lieu plus élevé que le Trône de Gloire.
Ceci n'est pas vrai des non-juifs. Bien qu'ils marchent, parlent, et sont doués d'intelligence, leur âme [en comparaison] n'est que poussière.
[...]
On enseigne " "Lorsqu'on va se purifier, on reçoit de l'aide" (guémara Shabbath 104a ; Yoma 38a).
Ce qui signifie : jusqu'à 13 ans, un garçon [12 ans pour une fille] a une âme n'étant pas fondamentalement différente des autres créatures.
Durant ces années, il est par conséquent uniquement préoccupé par les vanités du monde. Mais à sa majorité, il est examiné minutieusement dans les cieux : s'il est jugé comme incliné à faire le bien, il reçoit une âme sainte.

[Le Zohar 'Hadach 10c rapporte :]
Un jour rabbi Chimon bar Yo'haï fit un grand festin en l'honneur de tous les sages.
Le voyant si joyeux, ils lui demandèrent : "Pourquoi cette joie soudaine?"

Il répondit : "Mon fils devient bar mitsva en ce jour, et mon cœur s'emplit de joie. Je vois qu'il est digne, et aujourd'hui il va recevoir une âme immortelle et sainte."

Mais si un enfant n'aspire pas au bien, alors au moment de ses 13 ans, il ne mérite pas un tel don. Par conséquent l'âme avec laquelle il est né demeure en lui.

Il en va de même de ceux qui ne croient ni en D., ni n'observent la Torah.
Tout ce qu'ils possèdent n'est autre qu'une âme issue de la terre.

[Méam Loez - Béréchit 2,7]

<-------------------------------->

-> Selon la guémara (Nida 45), Hachem a conféré à la femme un pouvoir de discernement supérieur à celui de l'homme.
C'est pourquoi les jeunes filles sont bat mitsva à 12 ans, un an avant la bar mitsva des garçons à 13 ans.
[Ben Ich 'Haï - guémara Taanit 24a]

<-------------------------------->

-> Le mot araméen בר (bar), équivalent hébreu de בן (ben), renvoie à l’inclusion dans un groupe spécifique.
Un בן עולם הבא (ben olam aba), littéralement "fils du monde qui vient", vise celui qui se focalise sur le olam aba, qui se rattache à la vie éternelle.
Un בר מצוה (bar mitsva) désigne celui qui est soumis aux commandements. [guémara Baba Métsia 96a]

=> Pourquoi le terme בר מצוה (ou בת מצוה pour une fille) est-il utilisé, par opposition au terme que nous utilisons pour celui qui pèche, un בעל עבירה ?
Le lien filial est un lien absolument insécable : peu importe les écarts d’un enfant, il reste toujours un fils ou une fille. Ceci est différent d’un lien par alliance : un mari (בעל) et une femme ont toujours la possibilité de divorcer. Le lien matrimonial peut être rompu.
De même, une personne qui commet un péché peut toujours s’en séparer en s’abstenant de récidiver. La faute reste accidentelle et non essentielle.
En revanche, un juif a un lien infrangible avec la mitsva, même s’il ne l’accomplit pas durant un certain temps. Cela lui est inhérent.
[rav Yéhochoua Alt]

<--->

-> Quand un garçon devient-il bar mitsva?
Il y a une ma’hloket pour savoir si un garçon devient bar mitzva le soir, au début de sa journée d’anniversaire, 13 ans plus tard, ou s’il ne devient bar mitsva qu’exactement 13 ans plus tard, à la minute où il est né.
Le rav Sternbuch (Moadim ouzmanim siman 288) écrit que le rav de Brisk réveilla son fils qui était né à 3 heures du matin, la nuit de sa bar mitsva (le Amoud ha-cha’har était alors 3h30). Le rav de Brisk resta éveillé toute la nuit pour lever son fils afin qu’il récite la Birkat haTorah, le Kriat Shema de la nuit et la Zekhirat Yetsiat Mitsraïm.
En effet, ce que le garçon avait dit avant d’aller dormir ne suivait pas l’opinion selon laquelle on devient bar mitsva 13 ans plus tard à la minute près, par rapport à l’heure de naissance.

<------------------------->

+ La bar mitsva :

-> Hachem fait du bien à l'humanité, car lorsqu'une personne atteint l'âge de 13 ans, il place auprès d'elle deux anges gardiens pour la protéger, l'un à sa droite et l'autre à sa gauche.
Lorsque quelqu'un marche dans le droit chemin, ils se réjouissent avec lui et l'encouragent à être joyeux ; ils proclament devant lui : Honorez l'image du Roi.
Mais lorsqu'il emprunte un chemin tortueux/tordu, ils le pleurent et s'éloignent de lui.
[Zohar 2,106b ]

<--->

-> Une personne possède une âme sainte, qui commence à se lier à elle lors de sa circoncision, et plus encore lorsqu'elle commence à étudier comment observer les mitsvot.
Néanmoins, la composante principale lui est infusée lors de sa bar mitsva, lorsqu'il devient obligé par la loi de la Torah d'observer les commandements (mitsvot).
L'achèvement et l'infusion primaire de l'âme sainte dans une personne [la transformant en un juif adulte et complet] se produisent à 13 ans et un jour pour un homme, et à 12 ans pour une femme, et c'est donc à partir de ce moment-là qu'ils sont obligés par la loi de la Torah d'observer les commandements, et qu'ils deviennent passibles de sanctions pour leurs fautes.
Cette âme sainte commence à être infusée [dans le corps] lorsque l'on étudie [à un jeune âge] à observer la Torah et ses commandements, une obligation imposée par les Sages [aux parents].
[ rabbi Shnéour Zalman de Liadi - Choul'han Aroukh haRav - Mahadoura Batra 4,2 ]

"La plus grande douleur de l'âme, c'est de voir après la mort ce que l'homme aurait pu atteindre et n'a pas atteint lorsqu'il était en vie"
[Gaon de Vilna]
Le yétser ara est là pour nous faire perdre notre temps, avec des occupations futiles/vaines.
Dans le monde de vérité, nous ferons face à ce que l'on aurait pu être.
Résisterons-nous à la comparaison?

"Une femme qui s'écarte" (ki tichté ichto - Nasso 5,12)

La Torah utilise ici le terme "tichté" (תִשְׂטֶה - qui s'écarte), évoquant la folie (שטות - chetout), pour enseigner qu'un homme ne peut commettre de faute, que si un esprit de folie s'est emparé de lui.
["Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui" (guémara Sotah 3a) ]
Un homme pleinement conscient de l'impact de ses actes, ne pourrait commettre la moindre faute.

=> Mais pourquoi la Torah a t-elle choisi la situation de la femme "sota" qui se dévie de son mari afin de donner cette leçon, commune à toutes les fautes?

En fait, la Torah veut nous apprendre que la relation entre Hachem et son peuple est similaire à celle d'un homme et son épouse. Hachem a pris le peuple juif pour épouse, si on peut ainsi dire. Il lui a donné Sa Torah et les mitsvot, qui sont les moyens pour Israël de Lui rester fidèle.
Par chaque faute commise, il trahit Hachem, à l'image d'une femme qui trahit son mari en se rapprochant d'un autre homme. Tous les plaisirs interdits par la Torah sont en fait assimilés au plaisir que cette femme adultère pense trouver chez un autre homme.
Bien entendu, ce plaisir ne peut être vraiment épanouissant. Au contraire, il finit par causer de l'amertume et des conséquences dommageables.

[Likouté Si'hot]

<------->

-> La guémara (Sota 3a) déclare : "Une personne ne commet une transgression que si l’esprit de folie (roua'h chetout - רוח שטות) s’empare d’elle», et le texte cité pour l’appuyer est une phrase de notre paracha : "Si une épouse se détourne (Tisté - תשטה) de son mari et lui devient infidèle" (Nasso 5,12). [Chetout et Tisté dérivent de la même racine]
Ainsi, Rachi rapportant cet enseignement talmudique, cite le verset du roi Salomon : "Commettre un adultère, c’est être insensé, qui veut se perdre agit ainsi" (Michlé 6,32).

=> Quel rapport y a-t-il entre la faute en général et la femme Sota (l’épouse soupçonnée d’adultère)? Pourquoi l’adultère est-il de toutes les transgressions, celle qui montre que le péché est toujours irrationnel et absurde.

La réponse est que l’adultère est le prototype même de toute transgression.
En effet, le péché d’adultère dans la loi juive s’applique, bien entendu, seulement si la femme en question est mariée, d’où la phrase : "Si une épouse se détourne de son mari».
Or, le peuple juif dans son ensemble est considéré comme l’épouse de D. En effet, le lien forgé entre eux au Mont Sinaï était semblable à celui d’un mariage.
Plus précisément, le Kli Yakar, au début de la Paracha de Bamidbar, nous explique que les fiançailles entre Hachem et Israël (et donc chaque juif individuellement) eurent lieu lors de au don de la Torah, tandis que le Mariage proprement dit a été célébré lors de l’édification du Michkan.

Ainsi, chaque fois qu’un juif commet une faute, si légère soit-elle, il trahit l’Alliance, "le contrat matrimonial", entre lui-même et Hachem. Il est coupable d’adultère spirituel, d’infidélité envers son partenaire Divin.
Tel est donc le rapport entre notre verset sur la femme Sota et l’enseignement de la guémara sur la folie de la faute.

=> Pourquoi un péché, même insignifiant, est-il "folie"?
Parce qu’il provoque une rupture du lien entre l’homme et D., inacceptable du point de vue de la raison.

=> Et pourquoi la faute provoque-t-elle une telle rupture?
Car lorsqu’un juif commet une transgression même légère, c’est un geste d’infidélité et une trahison envers le Mariage contracté au mont Sinaï.
Aucun juif ne désire cette infidélité qui crée une "rupture" avec son Créateur. Si un tel fait insensé est possible, c’est parce que l’homme succombe malheureusement aux aspirations de son yétser ara dont le nom שטן (Satan) s’apparente à celui de שטות (chtout - folie).

La phrase "Si une épouse se détourne de son mari" ne s’applique pas à la femme convaincue d’adultère, mais seulement à celle soupçonnée d’adultère. Ainsi, cette accusation est-elle de courte durée.
En effet, si, après que le nécessaire a été fait pour déterminer si le soupçon est fondé, l’épouse est déclarée innocente, non seulement elle est lavée de toute souillure, mais aussi retourne à son mari et connait la bénédiction.
Cet espoir concerne aussi l’homme qui a fauté. Il ne doit pas tomber dans le désespoir mais au contraire, il doit se souvenir qu’il peut toujours se rapprocher à nouveau du Créateur. Quand il fera téchouva et retrouvera la pureté de l’innocence, il s’efforcera de se rapprocher véritablement de Lui (Hachem), jusqu’à ce que "mari et femme soient unis", et que la présence du Divin soit révélée en son âme. [et à l'image de la femme Sota, il bénéficiera de la bénédiction Divine (d'une certaine façon, c'est la joie de papa Hachem de nous voir revenir près de Lui, de renouer nos liens d'amour/proximité par la téchouva)]
Telle est la délivrance personnelle, prélude à la Délivrance collective.
[Collel de Sarcelles - feuillet de la communauté 5783]

Adrian dit à Rabbi Yéhochoua : "Grande est la brebis (le peuple juif) qui se tient au milieu de 70 loups."
[Rabbi Yéhochoua] répondit : "Grand est le berger (Hachem) qui la sauve et la protège et qui les détruit sous ses yeux."
[midrach Tan'houma - Toldot ]

Les ‘houmrot

+ Les 'houmrot :

-> Rabbi Na'hman de Breslev met en garde contre le piège que représente le fait de gaspiller notre temimout (simplicité avec Hachem) dans des règles astucieuses que nous inventons pour nous-mêmes.
Il écrit (Si'hot haRan 235) :
"Nous devrions nous éloigner même des 'hokhmot, de l'intelligence que l'on pense avoir dans notre avodat Hachem, car toute l'intelligence du monde, et celle qui nous vient lorsque nous commençons à servir Hashem, n'est pas du tout de la vraie sagesse. Ce n'est que de l'imagination, de la sottise et une grande confusion. Ce genre de sagesse fait tomber la personne du service d'Hachem.

Plus on réfléchit, plus on calcule et plus on essaie de discerner si on accomplit son service correctement, plus cela est impossible, car la chair et le sang ne peuvent jamais être complètement quitte dans leurs obligations. "Et Hachem ne vient pas pour tyranniser Ses créations" (Avoda Zara 3a).
"Et Il n'a pas donné la Torah aux anges Tutélaire" (Kidouchin 54a). Et en ce qui concerne ceux qui sont trop exigeants et stricts dans leurs 'houmrot, il est dit : "Vé'haï ba'hem" = Tu vivras grâce aux mitsvot et tu ne mourras pas à cause d'elles (Yoma 85b).

[Rabbi Na'hman a averti ensuite : ] Les gens [qui sont obsédés par la perfection] n'ont aucune vie en eux et sont toujours triste, parce qu'il leur semble qu'ils n'ont pas été quitte dans leurs obligations dans les mitsvot qu'ils accomplissent.
Ils ne tirent aucune force vitale d'aucune mitsva parce qu'ils sont si exigeants et déprimés.

Rabbi Nathan de Breslev ajoute : "Et Rabbénou (rabbi Na'hman) lui-même n'était strict dans aucune 'houmra".

<--->

-> "Tamim tiyé im Hachem Eloké'ha" (Sois simple, sincère, et agis de tout cœur avec Hachem, ton D. - Choftim 18,13).
Le fait de s'appuyer sur nos propres idées, plutôt que de simplement faire de notre mieux pour respecter les décrets de nos Sages et rabbanim, peut nous éloigner de la sincérité. [on peut penser comprendre les choses mieux qu'Hachem en mettant en place des actions, plutôt qu'accepte avec simplicité que dans ce monde nous ne pourrions jamais comprendre l'infinité derrière chaque commandement Divin. ]

Lorsque 'Hava a inventé une rigueur pour ne même pas toucher l'Arbre de la Connaissance (eitz Hadaat), cela a conduit à la chute de l'humanité.
[elle a dit qu'il était interdit de le toucher, tandis que l'interdit n'était que de le manger. Puisqu'il ne s'est rien passé quand elle l'a touché, alors cela a engendré de le manger. ]

Bien qu'il soit tentant d'être strict pour se sentir proche d'Hachem, le perfectionnisme ne peut, en fin de compte, que causer des dommages.
En étant trop exigeant, on en vient à ne jamais être pleinement satisfait, content de soi, ce qui est contraire à la volonté d'Hachem : faire les mitsva dans la joie. [nous ne sommes pas des anges, nous devons faire au mieux de nos capacités que D. nous a données.]
De plus, la Torah nous interdit d'ajouter de nouvelles obligations car on risque d'en venir à retirer, à dévaloriser ce qui est obligatoire. La volonté d'Hachem est parfaite, il n'est pas nécessaire d'y ajouter des choses.
[on peut uniquement mettre en place des barrières personnelles qui viennent nous aider dans nos domaines de faiblesses, mais cela n'est pas une mitsva et ne doit pas se faire au détriment d'autrui.]

<--->

-> Le rav Yéhouda Mischel enseigne :
Les 'houmrot ostentatoires et les démonstrations de piété supplémentaire révèlent qu'une personne prend en compte l'impression qu'elle fait sur les autres. C'est le symptôme d'une maladie spirituelle qui, malheureusement, annule l'effet positif des pratiques pieuses : la 'hitsoniyout, la "superficialité".
Le mot hébreu pour exil, galout, vient du mot légalot, qui signifie exposer. Lorsqu'un comportement ostensiblement motivé par la spiritualité expose ce qui est sacré à l'extérieur, il peut devenir impudique et superficiel.

Une telle focalisation sur l'extérieur est l'expression d'un exil intérieur et d'une trahison de l'essence de la judaïcité.
Rabbi Pin'has de Koritz (Imré Pin'has - vol.1) souligne le phénomène des livres de halakha contemporains qui accentuent les 'houmrot et ajoutent des exigences à la pratique des générations précédentes en raison de "l'amertume de l'exil qui s'alourdit chaque jour".
Il affirme que l'élimination de certains de ces éléments extérieurs amplifie la pnénimiyout (l'intériorité), la véritable qualité intérieure de notre observance de la mitsva, "délivrant" notre avoda et nos vies.

Le rav Yéhouda Amital, roch yeshivah de Yechivat Har Etsion, critique les "renforcements artificiels" et "l'anxiété religieuse qui se manifeste dans la vie de l'homme moderne".
Il souligne la tendance, dans de nombreuses communautés, à des types de "rigueur" qui trouvent leur origine dans l'incertitude et le manque de confiance en soi et de la émouna d'une personne dans son service d'Hachem.
Ces rigueurs sans fondement concernent souvent des questions dont nos ancêtres n'auraient jamais rêvé :
Le rav Amital écrit :
"Outre l'importance d'un certain niveau de tension dans la vie, une personne doit se garder d'une tension et d'une anxiété excessives dans son service du Divin.
Dans tous les aspects de la vie, l'exagération est considérée comme anormale, et il en va de même dans l'observance des mitsvot. Cela contraste avec l'opinion courante qui assimile la méticulosité excessive à la crainte du Ciel.
Le Rambam (Shemona Pérakim - chap.4) note qu'une personne devrait s'efforcer d'atteindre le niveau auquel elle peut facilement suivre le juste milieu dans tous ses traits de caractère, au lieu de lutter constamment contre ses inclinations les plus basses.
L'anxiété et la suspicion excessives sont susceptibles de conduire à une paralysie totale. Ici aussi, la personne doit trouver le bon équilibre."

Ainsi, en nous regardant avec honnêteté, nous devons nous efforcer de vivre sur une voie médiane, sans extrémisme. [Rambam - Michné Torah - Déot 1,4]
Pour ceux d'entre nous qui sont passionnés par la loi d'Hachem, la sainteté des 'houmrot et les coutumes (minhagim) "très poussées", il peut être difficile de rester équilibré, d'éviter l'extrémisme et le "al téhi tsadik harbé" (ne soit pas trop vertueux [ex: par rapport à ta nature personnelle, ton environnement, ...] - Kohélet 7,16).

<--->

[l'idée de ce divré Torah n'est pas de s'interdire toute 'houmra, toute ségoula, toute barrière nous protégeant de fauter, mais plutôt de prendre du recul selon notre personnalité, selon notre situation actuelle, et d'avoir un service Divin qui puisse se faire avec le cœur, avec la joie et de beaux sentiments pour notre papa Hachem. ]