"Lorsqu'un homme est joyeux et souriant envers son entourage, il mérite une pluie de bénédictions célestes."
[Zohar - Tétsavé]
Catégorie : Mitsvot vis-à-vis d’autrui
Réprimander autrui …
+ Réprimander autrui …
Il y a plus de 2000 ans, nos Sages ont dit (guémara Arakhin 16) :
"Rabbi Tarfon déclara : Je serais étonné qu’existe dans notre génération un homme qui accepte la réprimande.
Et Rabbi El’azar ben Azaria d’ajouter : Je serais étonné qu’existe dans notre génération un homme qui sait comment réprimander. "
[Rabbi Na'hman de Breslev a dit : "à plus forte raison dans notre génération"]
Une autre guémara (Yébamot 65b) ajoute :
"De la même façon qu’il y a une mitsva de dire ce qui peut être accepté par notre prochain, il y a une mitsva de ne point dire quelque chose qui serait irrecevable.
Rabbi Abba précise que tout ceci doit être considéré comme une obligation. "
Le livre Or’hot ‘Haïm (Kéter Roch) spécifie qu’il ne faut pas prononcer des mots durs, sévères, qui sont inacceptables mais s’exprimer avec douceur.
Celui qui, de par sa nature, en est incapable, sera exempt d’accomplir la mitsva de réprimander.
Même quand on s’exprime avec délicatesse, le Rambam nous avertit de ne point tomber dans une persécution verbale : "Je donne mon avis une, deux ou trois fois. S’il m’écoute, tant mieux. Autrement, je n’insiste plus ; je le laisse dans sa sottise. Telle est toujours mon attitude. " (Iguéret haRambam).
=> Le 'Hazon Ich publia cette décision : "Puisqu'on ne sait plus réprimander à notre époque, nous devons seulement manifester de l'amour."
Lorsque l'on comble d’amour autrui, on ouvre en lui des sentiments positifs (je suis quelqu’un de bien, d’important, d’apprécier), lui redonnant confiance, goût et force à la vie.
Etant plus ouvert/plus à l’écoute et ayant une dette de gratitude (plus ou moins consciente), il est alors dans des conditions optimales pour se changer en fonction de ce qui compte aux yeux de celui qui l’a comblé d’amour.
L'idée de changer est perçue comme un potentiel de devenir encore meilleur (c'est pour mon bien!)
A l'inverse, la critique va braquer autrui (besoin de préserver son honneur, sa dignité) et il risque de percevoir négativement l'idée de changer (si je suis quelqu'un d'aussi mauvais à quoi ça sert de m'améliorer?).
Si on est sincèrement motivé par le bien d'autrui, et non par notre orgueil, il faut généralement éviter la critique sans des tonnes et des tonnes d'amour autour ...
=> Combler d’amour autrui, c’est le meilleur moyen pour l’aimer et lui permettre avec le temps d'accepter nos judicieuses remontrances.
+ Supplément :
-> "Il est plus facile de donner un conseil aux autres, qu’à soi-même."
(Rabbi Na’hman de Breslev)
-> "Critiquer les autres, c’est du temps perdu que l’on aurait pu utiliser pour s’arranger soi-même."
(‘Hovot Halevavot)
-> "Corrige-toi en premier et ensuite tu pourras corriger les autres."
(guémara Baba Métsia 107b)
Qu’est-ce que l’amour? … par le Saba de Kelm
+ Qu'est-ce que l'amour? ... par le Saba de Kelm
Le Saba de Kelm (dans son ‘Hokhma ouMoussar) explique que la véritable signification de "l’amour" est : de prendre part aux difficultés de son prochain, qu’il s’agisse d’une difficulté morale ou physique.
Au regard de la Torah, l’amour n’est pas un synonyme d’affection, d’admiration ou d’attachement, comme il l’est chez les nations du monde, mais plutôt de soucis et d’intérêt.
D’ailleurs, il est intéressant de relever que Onkelos, le célèbre traducteur de la Torah en araméen, traduit "amour " par : "pitié" (ra’him - רחים).
+ Supplément - (par exemple) :
Qu'est-ce que l'autre ressent au fond de lui? ; qu'est-ce qui lui manque? ; qu'est-ce qui le gène, le vexe, lui plaît, ...
On s'intéressera à sa vie, et on partagera ses peines et ses joies.
On cherchera à le réjouir en fonction de ce qu'il aime, ...
"Le coléreux ne peut accéder à aucune qualité de caractère aussi longtemps qu'il ne débarrasse pas son cœur de cette tendance."
[Réchit 'Hokhma - Anava 5]
Parler, c’est comme agir
+ Parler, c'est comme agir :
"Et voici la chose (vézé hadavar) que tu leur feras afin de les sanctifier (acher taassé lahém lékadech), afin qu'ils Me servent comme Cohanim" (Tétsavé 29,1)
-> Le Beit Aharon affirme que les mots "voici la chose" (zé adavar) font référence à la parole (le mot "davar" peut signifier soit "mot", soit "chose").
En conséquence, le verset nous enseigne que les paroles d'une personne doivent mener à de bonnes actions et qu'elle doit s'assurer que ses paroles sont saintes et ne sont pas utilisées pour le lachon ara, la moquerie ou l'absurdité.
Lorsque les paroles sont utilisées à bon escient, elles sont considérées comme des actions qui peuvent avoir de grands effets dans ce monde et dans les royaumes Supérieurs.
Celui qui fait la charité prête de l’argent à Hachem
+ Celui qui fait la charité prête de l'argent à Hachem :
-> "Celui qui est bienveillant envers un pauvre prête à Hachem, et Il lui rendra sa récompense" (Michlé 19,17).
-> Le séfer Agra déKalla (Michpatim 22,24) explique que lorsqu'on se montre bienveillant envers un pauvre, c'est, pour ainsi dire, comme si l'on prêtait de l'argent à Hachem.
Le verset dit que "l'emprunteur est le serviteur du prêteur" (Michlé 22,7), ce qui signifie qu'Hachem, qui est "l'emprunteur", doit travailler pour le prêteur et subvenir à ses besoins.
Comme le dit le 'Hovot haLévavot (chaar ha'Avoda - chap.5) : "Un serviteur fidèle n'oubliera jamais une seconde qu'il travaille pour son maître". Hachem agira de la sorte et prendra soin du prêteur à qui Il "doit le paiement".
Le Agra déKalla (commentant le verset Michpatim 22,24) écrit que la Torah promet à toute personne qui agit avec bonté envers les pauvres qu'Hachem n'oubliera pas leurs bonnes actions et qu'Il agira comme s'Il leur était "redevable".
Unité = protection des fauteurs
"Sois le garant (arov) du bien de Ton serviteur ; que les fauteurs ne m'oppriment pas" (arov avdé'ha létov, al yaachtouni zédim - Téhilim 119,122).
Le mot "arov" (עֲרֹב) peut signifier "ta'arouvot" (un mélange). Ainsi, nous demandons à être mélangés au reste du peuple juif, et par ce mérite, à être sauvés des fauteurs.
[Sforno]
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-> Comment une personne peut-elle accomplir les 613 mitsvot, alors que certaines sont réservées au Cohanim ou Lévi'im, ou à un nombre limité de personne?
Le Yisma'h Israël (Michpatim 21,1), au nom de nos séfarim hakédochim, répond que si une personne aime tous ses concitoyens juifs littéralement comme elle-même, elle est incluse avec eux et se voit créditée de leurs mitsvot. Lorsque nous sommes tous unis les uns aux autres, nous devenons une seule entité et nous sommes crédités des mitsvot de chacun.
Le Zohar Hakadoch affirme que si une personne n'accomplit pas toutes les mitsvot, elle doit revenir dans ce monde dans une réincarnation, ce qui est une punition très difficile.
Cependant, si une personne est unie avec ses concitoyens juifs, elle est considérée comme ayant accompli toutes les mitsvot et elle évite cette punition.
C'est pourquoi le Zohar affirme que chacun doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter ce châtiment et que la seule façon d'y parvenir est d'aimer chaque juif comme on s'aime soi-même et, de cette façon, de mériter d'accomplir les 613 mitsvot.
Le mérite du public sauve l’individu
+ Le mérite du public sauve l'individu :
"Voici les lois que tu placeras devant eux" (élé hamichpatim acher tassim lifnéhem - Michpatim 21,1)
-> Le séfer Yisma'h Israël explique ce verset en citant l'explication de son père (le rav Yé'hiel d'Alexandre) sur la michna qui dit : "Ne sois pas seul à juger, car il n’est de seul juge que l’Unique" (Pirké Avot 4,8).
Il explique cela, au nom du Ohr Haméir, comme signifiant que si quelqu'un juge son ami de manière défavorable et, par conséquent, se venge contre lui et lui fait du tort, il devrait réaliser qu'il ne juge pas seulement son prochain, car il ne peut pas savoir quel type de progéniture son ami aura.
Peut-être aura-t-il de bons enfants et en lui faisant du tort, vous faites du tort à ses enfants également.
Par conséquent, le seul à pouvoir juger les gens est Hachem, car Il peut voir dans l'avenir et savoir à quoi ressembleront les générations futures.
Par conséquent, avant de décider que son prochain mérite d'être blessé, on doit prendre en compte le fait qu'on blessera également les membres de la famille de cet homme.
Ceci est en accord avec l'explication du rav Bounim de Peshischa du verset : "Les jugements d'Hachem sont la vérité et la justice" (Téhilim 19,10). Cela signifie qu'Hachem ne juge pas une personne avant d'avoir déterminé que la punition sera juste et équitable pour les membres de la famille de cette personne également.
Le rav Yé'hiel utilise ce concept pour expliquer le verset qui dit : "La nation a racheté Yonathan et il n'est pas mort" (I Shmouel 14,45). Cela signifie que la nation ne méritait pas la douleur de voir Yonathan mourir. Par conséquent, en leur honneur, il a été racheté et autorisé à vivre.
Cela explique également le verset : "Il a racheté mon âme par la paix de la bataille qui m'a frappé, à cause du grand nombre de personnes qui étaient avec moi" (Téhilim 55,19).
Le mérite du public, qui ne méritait pas d'être puni, permet à l'âme d'être rachetée.
De même, le verset qui commence la paracha de cette semaine avertit le juge qu'il doit garder à l'esprit que son jugement affectera le public.
Il dit que les jugements sont placés "devant eux" (lifnéhem), c'est-à-dire "devant le public", car ils doivent être pris en considération.
Nous pouvons apprendre de ses paroles qu'il est très bénéfique d'avoir beaucoup d'amis et de proches. Si quelqu'un a beaucoup de gens qui se soucient de lui, il peut être sauvé de la punition, car ils seront blessés s'il est puni et ils ne méritent pas d'être punis.
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-> Le Yisma'h Yisraël poursuit en disant qu'après avoir accepté la Torah dans la paracha Yitro, Hachem nous donne des conseils sur la façon de garder et d'observer correctement la Torah.
Le principal conseil pour aider quelqu'un à observer correctement la Torah et les mitsvot est d'aimer ses concitoyens juifs autant qu'on s'aime soi-même, comme le dit si bien rav Akiva (Yérouchalmi Nédarim 9,4) : "vé'ahavta léréa'ha kamo'ha" (tu aimeras ton prochain comme toi-même - Kédochim 19,18) est la règle principale de la Torah", et comme le dit Hillel (Shabbath 31b) : "Ce que tu n'aimes pas, ne le fais pas à ton prochain ... Le reste n'est que commentaire, va l'apprendre".
Cela signifie que toutes les mitsvot dépendent de ce concept fondamental. C'est le fondement du judaïsme.
Avant d'accomplir une mitsva, nous récitons les mots suivants : "léchem yi'houd koudcha béri'h hou béchem kol Israël".
Nous nous associons à tout le peuple juif, et de cette manière, nous sommes en mesure d'accomplir les mitsvot correctement.
Nos séfarim hakédochim disent qu'en acceptant d'aimer tous nos concitoyens juifs avant de prier, nous sommes sauvés des pensées impures qui ruinent les prières.
Paroles du ‘Hafets ‘Haïm à propos des pauvres …
+ Paroles du 'Hafets 'Haïm à propos des pauvres ...
Beaucoup de personnes voient les pauvres comme des êtres paresseux, vivant aux crochets de "ceux travaillant à la sueur de leur front".
Le 'Hafets 'Haïm a dit une fois à son fils, Rav Leib :
"Les Sages nous enseignent qu'avant la naissance d'un homme, on proclame au Ciel : "Un tel sera riche" ou "un tel sera pauvre".
A celui qui est voué à la richesse, D. accorde une grande énergie, pour qu'il ne reste pas en repos et qu'il ne soit pas rebuté par le travail laborieux lui permettant d'acquérir une grande fortune.
En revanche, celui qui est voué à la pauvreté a, par nature, un corps lourd et un caractère nonchalant/apathique, comme si "on avait fondu en lui du soufre", de telle sorte qu'il préfère manger un peu de pain sec plutôt que de peiner pour sa nourriture.
C'est pourquoi, nous devons nous associer, avec compassion, à sa souffrance et à son sort malheureux."
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-> Selon le midrach (Otiyot déRabbi Akiva 4), Hachem aime les pauvres et les écoute, comme il est dit : "Mais c'est vers celui-ci que Je me tournerai, vers celui qui est pauvre et qui a l'esprit brisé" (Yéchayahou 66,2).
Leurs paroles sont plus douces à Hachem que celles de n'importe qui d'autre : "ki choméa él év'yonim Hachem" (car Hachem écoule les nécessiteux - Téhilim 69,34).
Le 'Hafets 'Haïm imitait Hachem et aimait les pauvres à son tour.
['Hafets 'Haïm - Méged Givot Olam 36]
L’importance de valoriser et de témoigner de l’appréciation à autrui …
+ L'importance de valoriser et de témoigner de l'appréciation à autrui ...
-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,3) commente le : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" en disant : "Chaque homme doit faire l'éloge de tout autre juif, se préoccuper de ses biens comme des siens propres, l'honorer de même qu'il souhaite lui-même être respecté."
-> Le Rav Avidgor Miller (1) nous dit :
Nos Sages souhaitaient nous enseigner que même les gens les plus importants, les plus saints, ayant atteint les plus hauts degrés, tous, sans exception, ont besoin de recevoir des paroles d'appréciation et d'encouragements.
Ce principe s'applique même à D., si l'on peut l'exprimer ainsi, comme en témoigne le Téhilim (6,35) : "Donnez de la force à D."
Le Rav Avigdor Millor (Torat Avigdor 4) nous encourage fortement à ce sujet :
"Ne pensez pas un seul instant qu'un homme rempli de force et de courage, ou bien d'envergure, n'a pas besoin de vos encouragements.
Sachez qu'il peut même arriver que des paroles d'appréciation ou d'encouragement changent tout le cours de la vie d'un homme.
Ceci représente l'un des dons les précieux que l'on puisse prodiguer à son prochain."
-> Un des géants en Torah du 20e siècle, le Rabbi Mikhal Yéhouda Lefkowitz (Roch Yéchiva de Poniovitch) a dit un jour à un de ses élèves : "Moi, Mikhal Yéhouda, j'ai presque 90 ans et pourtant, je ressens encore le besoin de recevoir des encouragements.
Par exemple, lorsque tu arrives et m'adresses un mot gentil, ça me fait du bien!"
-> On raconte que le Yessod haAvoda (fondateur de la lignée de Slonim au 19e siècle) était une fois à Tibériade, attendant son tour dans un petit mikvé où seulement 2 ou 3 personnes pouvaient y entrer à la fois.
Une personne perturbée mentalement a proclamé : "Faites de la place pour le saint tsadik, rabbi Mottel de Slonim [le Yessod haAvoda]".
Lorsque le Yessod haAvoda est sorti du mikvé, il a dit : "Cet homme n'est pas sain d'esprit. Personne ne le respecte. Cependant, j'ai éprouvé du plaisir du peu d'honneur qu'il m'a fait. Car Hachem a ainsi créé la nature de l'homme qu'il prend plaisir à la moindre marque d'encouragement provenant de qui que ce soit. Et la récompense de celui qui encourage son prochain et qui le réconforte est très grande."
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-> Dans la prière de Arvit de Shabbath, nous disons : "mé'hayé métim béma'amaro" (Qui ressuscite les morts avec Ses paroles).
Le Beit Avraham dit qu'on peut l'interpréter ainsi : nous pouvons faire revivre et donner de la vie à autrui par nos paroles (un compliment, un encouragement, ...).
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-> Le rav 'Haïm Chmoulevitz répondit à un de ses fidèles élèves (le rav David Hirschovitz) :
"Sache que je suis un grand Maguid Chiour [conférencier] en Erets Israël. Je ne te raconte pas ceci par orgueil. J’ai travaillé sur ces cours pendant 40 ans, je les ai dispensés à Mir, en Europe et à Shanghai. Je les ai retravaillés, améliorés, lus et relus. Ces cours sont des mines d’or! Sache que quand un jeune élève de 17 ans vient me complimenter à la fin d’un cours en me disant qu’il l’a apprécié, cela me réjouit énormément, ma journée est complètement différente! Pourtant quels sont le niveau et les connaissances de ce jeune homme? Il ne saisit pas la profondeur de la question posée, sans parler de la clarté de l’interprétation du passage de guémara ... Malgré tout, son compliment me réjouit, il me fait du bien, car telle est la nature humaine ...
Ce repas est comme l’un de ces cours pour ma femme. C’est toute son occupation et sa préoccupation : elle se soucie de moi et prépare tout ce dont j’ai besoin. Donc, pour lui faire plaisir, je mange ce qu’elle me sert avec appétit et plaisir. Je termine toute mon assiette. Mais je ne suis pas devenu glouton ; c’est son Chiour et je veux lui montrer que je l’apprécie."
Le rav Chmoulevitz était alors marié depuis plus de 50 ans, mais il savait que tout individu a besoin d’être complimenté, peu importe le nombre d’années de mariages déjà célébrées.
[le contexte et la totalité de cela dans le divré Torah : https://todahm.com/2021/01/20/avraham-et-les-anges/%5D
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-> 24 000 élèves de rabbi Akiva sont morts parce qu'ils ne se respectaient pas l'un l'autre.
Rabbi Yé'hezkel Levenstein (Ohr Yé'hezkel - Midot p.23) explique que dans leur cœur ils honoraient leurs frères d'étude, mais ils ne l'exprimaient pas car ils pensaient ainsi protéger leur prochain de devenir orgueilleux.
Leur intention était bonne, mais ils se sont trompés.
Ils avaient l'obligation d'honorer leur prochain.
La personne qui reçoit l'honneur doit se travailler pour ne pas développer un orgueil négatif (non constructif), mais cela n'est pas le problème de celui qui honore son prochain, qui de son côté doit exprimer du respect, des compliments, des encouragements, ...
-> La guémara (Béra'hot 19b) dit : "L'honneur d'un être humain est très important ; il vient même avant une interdiction de la Torah" (gadol kavod abériyot chédo'hé lo tassé chébaTorah).
Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Une explication est que : "Honorer son prochain est tellement important, que nous devons le faire même si en l'honorant on va le faire transgresser la faute de s'enorgueillir."
[un être humain a besoin de marques d'honneur, d'encouragements, de valorisations, ... comme on peut avoir besoin d'air pour vivre. Est-ce qu'on va éviter de donner de l'oxygène à quelqu'un qui en manque de peur qu'il en vienne à s'enorgueillir qu'on s'occupe si bien de lui!]
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-> Au début de l'épisode où Eliézer va chercher une femme pour Its'hak, il est appelé "serviteur" (éved - עֶבֶד), comme par exemple :
- "Le serviteur prit 10 chameaux parmi les chameaux de son maître et partit" ('Hayé Sarah 24,10) ;
- ou bien : "Le serviteur courut au-devant d'elle et dit" ('Hayé Sarah 24,17).
Juste après avoir rencontré Rivka, Eliézer est appelé : "ich" (אִישׁ), comme par exemple :
- "cet homme, émerveillé, la considérait en silence, désireux de savoir si Hachem avait béni son voyage ou non" ('Hayé Sarah 24,21) ;
- ou bien : "L'homme s'inclina et se prosterna devant Hachem " ('Hayé Sarah 24,26).
=> Qu'est-ce qui a entraîné un tel changement?
Le rav Elimélé'h Biderman rapporte l'explication suivante :
Ce changement a eu lieu au moment où Rivka a appelé Eliézer : "mon maître (adoni - אֲדֹנִי)" ("Bois mon maître" - 'Hayé Sarah 24,18).
Eliézer était un serviteur/esclave, et il n'était pas habitué à entendre les gens l'appeler ainsi, avec tant d'honneur.
Rivka lui a parlé avec tant de respect, que cela a élevé son estime de lui-même. Et puisqu'il se sentait alors comme un homme (ich), et non plus un serviteur, alors la Torah l'a appelé ainsi.
[Eliézer était au serviteur d'Avraham, et il avait un niveau exceptionnel, et malgré cela il a été sensible aux marques de respect de Rivka. Il en découle à quel point toute personne a besoin de marques d'estime, comme une plante à besoin d'eau, de lumière pour pouvoir pleinement s'épanouir.
Un mot, un sourire, peuvent redonner la vie à une personne abattu. Combien de mérites nous aurons grâce à cela, pour un investissement qui ne nous coûte rien!]
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+ La page aleph d'une guémara est ...
-> Après l’Holocauste, le Rabbi de Satmar, Rabbi Yoel Teitelbaum (1887-1979), commença un cours de guémara pour les survivants de l’Holocauste. Au début, le Rabbi s’enquit de la vie de chacun des présents. Quand il termina, il ne restait plus beaucoup de temps pour étudier.
La semaine suivante, la même chose eut lieu. Au début du chiour, le Rabbi demanda à chaque personne : "Comment allez-vous? Avez-vous trouvé un emploi? Votre appartement est-il confortable?" Encore une fois, il ne restait pas trop de temps pour étudier.
Cela se reproduisit une 3ème semaine, puis une 4ème.
Finalement, un participant dit : "Rabbi, avec tout le respect que je vous dois, nous sommes venus ici pour apprendre. Quand pourrons-nous commencer à étudier?"
Le Rabbi répondit que la guémara commence à la page 2 (= daf beit). C’était jusqu’à présent le daf aleph. C’est-à-dire que le daf aleph est le bonheur. [s'assurer que toutes les personnes présentes soient bien dans leur vie]
Les survivants étaient déprimés et brisés. Le daf aleph du Rabbi de Satmar était de s’assurer que les participants se sentaient comme si quelqu’un se souciait d’eux.
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[Pourquoi la guémara commence-t-elle par le daf beit (la page 2)?
Avant l’impression du Talmud (de la guémara), les manuscrits n’avaient pas de pagination standard, et le texte du Talmud n’apparaissait généralement pas sur la même page que les commentaires, qui étaient contenus dans des manuscrits séparés. La 1ère édition complète du Talmud a été achevée en 1523 par Daniel Bomberg, un imprimeur non juif, qui a été le 1er imprimeur en hébreu à Venise et le 1er imprimeur non juif de livres hébreux.
Lorsque le Talmud a été imprimé, il fut décidé d’inclure également Rachi et les Tossafot. Puisque la page de couverture était le Alef, sans écrire cette lettre sur cette page, la 1ère page du texte réel du Talmud était le Beit.
C’est exactement comme nous voyons des livres imprimés aujourd’hui, juifs et laïcs, qui commencent généralement par la page 9 à cause de toutes les pages avant le début du livre lui-même. Par conséquent, la Guémara commence par le Daf Beit. L’édition Bomberg du Talmud a établi la norme, à la fois en termes de présentation et de pagination.
(Certains expliquent que l'on commence par la page beit car quelque soit le nombre de fois où l'on étudie le Talmud, on n'aura même pas saisi la 1ere page (daf aleph), dans le sens où l'on aura encore une infinité de choses à apprendre) ]
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+ La puissance d'un mot positif :
-> Le rav Yaakov Israël Pozen (Adéraba) écrit :
Chers amis, je m'apprête à vous libérer d'un vœu, ici, maintenant, à autoriser l'interdit de la Torah : "Vous surveillerez ce qui sort de votre bouche. J'ai, D. merci, les épaules assez larges pour vous autoriser cette transgression. Vous pouvez dire à un père Votre fils est adorable même s'il ne l'est qu'à quatre-vingts pour cent. Pas besoin qu'il soit adorable à cent pour cent pour dire au père cette phrase-là. Ça n'est pas du mensonge.
Vous n'imaginez pas quelles conséquences peut avoir une phrase pareille. Le père rentre à la maison, peut-être après une journée difficile, il rencontre sa femme, qui a peut-être elle aussi passé une dure journée, et il lui raconte qu'un camarade de leur fils a dit qu'il était adorable' ça revigore comme de l'eau fraîche! Celui qui a dit cette phrase a eu le mérite de 'revigorer les esprits' au sens propre.
Cela ne coûte rien et ne demande pas non plus d'effort exceptionnel. Donner de l'importance à l'autre, voir le bien en lui, être attentionné : cela peut faire des merveilles.
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+ Supplément :
De la même façon que l'on a des besoins en nourriture sous peine d'être affamé, on a aussi tous besoin d'être nourri par des mots d'encouragements, d'appréciation.
Il est incroyable de voir le pouvoir d'un sourire, d'un mot, ...
(sans compter ce que l'on ne voit pas = l'effet boule de neige sur la personne et sur son entourage, et l'entourage de l'entourage ...)
C'est gratuit et ça peut apporter tant à autrui, qui n'a alors plus besoin de se lancer vainement dans une course aux honneurs, à dévaloriser autrui pour mieux se sentir important, à se plaindre pour mieux justifier ses échecs, ...
Par ailleurs, on peut constater que D. nous a fait tous avec des manques que seul autrui peut combler.
Nous ne pouvons vivre pleinement en solitaire, et on a tous besoin de faire du 'hessed envers autrui (et d'en recevoir).
En investissant une partie de soi en autrui dans un but de l'aider, de lui combler un manque, on en vient à l'aimer (car une partie de nous est alors en lui).
La parole est le moyen permettant d'exprimer son amour envers autrui qui est le plus élevé.
Le "tu aimeras ton prochain comme toi-même" prend tout son sens ...
= Louons autrui, pour qu'il se sente mieux, pour mieux l'aimer ...
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+ Supplément du supplément :
Plus on valorise autrui, plus autrui est important à nos yeux.
Lorsque lui va nous faire un acte de 'hessed (peut être en réponse au notre), on se dira alors : "c'est quelqu'un de bien qui prend la peine de m'aider, c'est donc que je suis quelqu'un de bien!"
=>En valorisant autrui, c'est la meilleur façon pour se valoriser soi-même!!
Comme quoi un acte gratuit (valoriser autrui) peut rapporter très gros ...
(b"h) Soyons ce générateur/diffuseur d'ondes positives!
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(1) dans un commentaire sur les paroles de Rabbi Ichmaël ben Elicha bénissant D. dans le Saint des Saint à Kippour, suite à la demande de D.