Pâtisserie spirituelle depuis 5771 - b'h
 

"Il y aura toujours des gens pour critiquer le comportement des autres, peu importe à quel point ils sont ou font de grandes et belles choses.
Lorsqu'une personne a conscience de cela, il lui sera alors plus facile d'accepter les critiques d'autrui, puisque provenant d'un avis personnel (pouvant être erroné) ou d'une tendance à la critique.
Lorsque l'on critique notre comportement, cela ne prouve pas nécessairement que nous sommes dans l'erreur."
[le Zéra Kodech - rav Naftali Tzvi Horowitz]

[ainsi de la même façon qu'il faut savoir être ouvert au regard d'autrui pour évoluer positivement, de même nous devons savoir en faire totalement abstraction lorsque cela nous impact uniquement négativement.
Notre valorisation de soi, notre humeur, ... ne doivent pas dépendre principalement d'autrui, mais plutôt de notre appréciation personnelle de notre intériorité, de la vie. ]

"Tout celui qui s'efforce dans l'étude de la Torah, les influences néfastes des astres se retirent de lui"
[Zohar 'Houkat III,216b]

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
cela signifie que grâce à Elle (l'étude de la Torah), le mauvais Mazal d'un homme disparaît et se transforme en bon Mazal et en bénédiction.
Tout cela étant le mérite de l'effort dans l'étude.

Toujours avoir confiance en l’énorme pouvoir de nos prières

+ Toujours avoir confiance en l'énorme pouvoir de nos prières :

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne :
Un homme ne doit jamais désespérer de la miséricorde Divine, même s’il lui semble que tout espoir est perdu, car il est certain que la prière possède la force d’annuler les décrets et de modifier
le cours naturel des choses.
Un verset dit : "Les eaux ont monté par-dessus ma tête et j’ai dit : ‘je suis perdu’. Mais j’ai invoqué Ton Nom des profondeurs de la fosse" (Eikha 3,54-55).
Et Rachi d’expliquer : ‘Lorsqu’un homme est dans l’eau jusqu’aux hanches, l’espoir est encore présent, mais lorsque les eaux recouvrent sa tête, il se dit que tout espoir est perdu, mais moi, je n’agis pas ainsi et j’ai invoqué Ton Nom, Hachem’.

Cela pour nous enseigner que même dans une telle situation où un homme semble se noyer, où les eaux recouvrent même sa tête, sans lui laisser entrevoir une quelconque possibilité naturelle de salut, il ne devra pas renoncer. Mais il appellera Hachem de toutes ses forces et Lui, le délivrera.

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-> Le monde t'appartient-il pour que tu puisses en désespérer? En es-tu propriétaire?
Le monde appartient à Hachem, et nous, êtres humains, ne pouvons pas être désespérés.
Tu dois prier et Hachem t'aidera!
['Hazon Ich - au rav Galinski]

-> "Israël espérera en D., car avec D. est la bonté, et nombreuses sont pour Lui, [les possibilités] de sauver" (Téhilim 130,7).

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-> Nous disons : "bit'hou b'Hachem adé ad" (Ayez confiance en Hachem à jamais - Yéchayahou 26,4), c'est-à-dire jusqu'au dernier moment véritablement, car même alors, la délivrance peut arriver.
[rabbi Yaakov Yossef d'Ostraa]

-> De même nos Sages nous affirment : "Même si une épée tranchante est posée en travers de sa gorge, on ne doit pas se retenir de prier" [car Hachem a toujours un moyen pour nous sauver!]
[guémara Béra’hot 10a]

Le rav de Brisk explique que cette affirmation s'applique à quelqu'un qui est accusé d'un crime capital.
L'accusé peut penser qu'il y a toujours espoir uniquement tant que le verdict final n'est pas rendu, mais qu'une fois que le juge l'a condamné, alors c'est terminé.
Nos Sages nous disent que même après qu'un verdict de peine de mort a été émis, et que l'exécuteur a une épée sur le cou de cet homme condamné, il n'est toujours pas trop tard pour que Hachem le sauve.
Hachem peut toujours aider.

[à combien plus forte raison pour nous qui ne sommes pas dans une situation si extrême, nous devons toujours garder confiance en l'aide de D.!]

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-> b'h, voir également : Hachem accepte les prières de tout le monde : https://todahm.com/2021/04/25/hachem-accepte-les-prieres-de-tout-le-monde

Par nos mauvaises pensées nous trompons notre femme spirituelle

+ Par nos mauvaises pensées nous trompons notre femme spirituelle :

" S’il est venu seul, seul il sortira; s’il était marié, sa femme sortira avec lui" (Michpatim 21,3)
[la Torah parle ici du juif qui s’est vendu comme esclave pour 6 ans ]

-> De son côté, le Ben Ich 'Haï nous enseigne :
En plus du pshat (le sens littéral) du verset, on peut comprendre une allusion faite grâce à une histoire que voici :
C’est un homme qui va vient devant un grand Tsadik et le Tsadik lui demande : "combien de femmes as-tu?", il lui répond : "une seule". Le Tsadik lui dit qu’il ment, et l’homme de répondre qu’il n’a qu’a envoyer son Shamash (serviteur) pour aller vérifier chez lui. Ce à quoi le Tsadik répond : "tu caches tes autres femmes dans des pièces secrètes", l’homme lui répond encore d’aller vérifier chez lui qu’il n’y a pas de pièces secrètes et qu’il n’a cas envoyer son Shamash vérifier. Et le Tsadik de répondre : "le Shamash ne peut pas entrer dans tes pièces secrètes pour vérifier". L’homme s’exclame : « comment le Tsadik peut-il affirmer cela, je n’ai ni autre femme ni pièces cachées...".
Alors le Tsadik s’explique en disant : "sache que je vois que tu es un homme avec de mauvaises pensées, tu désires et tu penses à d’autres femmes, jour et nuit. Ton cerveau et ton cœur sont les pièces cachées ou tu caches ces autres femmes auxquelles tu penses ..."

Revenons à notre verset, l’homme qui est pure de mauvaises pensées est appelé "baal icha" (בַּעַל אִשָּׁה) = l’homme marié ou littéralement le mari d’une seule femme, car il n’en possède qu’une et n’en cache en son cœur ou sa tête aucune autre.
D’ailleurs, la Torah est appelé aussi "la femme" de l’homme, et si la femme physique n’est pas en permanence présente avec son mari, la Torah elle l’est tout le temps, de jour comme de nuit. Comme il est dit : "Ce livre de la Torah ne doit pas quitter ta bouche, tu le méditeras jour et nuit" (Yéhochoua 1,8).
La Torah est aussi appelé "Une", comme il est dit : "Une seule loi et un seul droit seront pour vous" (Torah a'had oumichpat é'had yiyé la'hem - Chéla'h Lé'ha 15,16).

=> Il en ressort que la Torah est appelée, "femme" et "une".
C’est l’allusion de notre verset, celui qui ne protège pas ses pensées et se laisse aller à regarder, envier et penser à d’autre femmes, trahis sa femme physique d’une part, mais aussi se sépare de sa femme spirituelle qui est la Torah.
Tandis que celui qui sait se protéger de ces mauvaises pensées, est unie avec cette femme spirituelle qui l’accompagnera dans le monde à Venir (Olam aba) lorsqu’il quittera ce monde, comme le dit le verset ci-dessus : "sa femme sortira avec lui" (véyatsa ichto imo).

L’erreur de Kora’h = la non appréciation de la valeur de chaque juif

+ L'erreur de Kora'h = la non appréciation de la valeur de chaque juif :

"Et il ne sera pas comme Kora'h et son assemblée" (Kora'h 17,5)

=> La Torah nous demande de ne pas suivre l'exemple de Kora'h. Mais quelle est la racine de son erreur qui la pousser à causer une telle discorde?

-> Hachem a créé un monde dans lequel il ne manque rien et qui est rempli d'êtres prodigieux. Chacun a un rôle particulier et exclusif à remplir dans ce monde et doit servir Hachem avec ses moyens et à son niveau et, grâce à cela, accomplir la mission pour laquelle il a été envoyé ici-bas.
L'homme le plus simple qui assume cette mission avec dévouement a la même valeur aux yeux d'Hachem qu'un homme important qui remplit son rôle à un poste élevé.

Rabbi David de Lalov explique d'après cela que si Kora'h avait pris conscience qu'en servant Hachem dans les tâches les plus subalternes, il était considéré par Hachem de la même manière que le Cohen Gadol qui entre dans le Saint des Saints, il n'aurait jamais entamé cette dispute.
L'unique raison qui le poussa à cette folie fut qu'il s'imaginât à tort qu'il existait une quelconque différence entre le service des personnes de haut rang et celui des simples juifs.

-> L'homme qui occupe un rang élevé n'a aucune raison de s'enorgueillir de sa situation, et cela pour plusieurs raisons : premièrement, qui dit qu'il procure plus de plaisir au Créateur du monde qu'un simple juif?
Le rav Tsvi Hirsch de Ziditchov explique qu'il est écrit : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux comme la récolte de la grange et comme le produit du vignoble. » (Kora'h 18,27).
Bien que la Trouma (prélèvement sanctifié à D.) soit la partie consacrée de la récolte, elle ne tire de cette position aucune prétention particulière face au reste des fruits demeurés profanes. Elle sait que la sainteté dont elle est empreinte n'est due à aucune filiation ni qualité intrinsèque.
Il en est de même pour nous : "Votre Trouma sera considérée à vos yeux", l'homme qui occupe un rang élevé, dans la Torah ou dans son travail, doit être à ses propres yeux comme cette Trouma que la Torah met au même niveau que "la récolte de la grange et le produit du vignoble".
Car elle-même n'a été dénommée Trouma que parce qu'Hachem en a décidé ainsi et non pas grâce à un quelconque mérite personnel.

-> Le rav Elimélé'h Biderman écrit : Hachem ne retire aucune satisfaction de quelqu'un qui cherche à atteindre des niveaux qui ne correspondent en rien au rôle qui est le sien ici-bas.
[Hachem attend de nous que nous agissions chacun du mieux de nos capacités, Hachem désire que nous remplissons notre mission unique pour laquelle nous avons été envoyée dans ce monde. Chacun a les outils et les potentialités qui lui sont nécessaires, et devra rendre des comptes en conséquent. Plutôt que de sans cesse voir chez autrui, on doit se comparer à soi-même et à ce qu'on pourrait être et faire de notre vie. ]

-> Rabbi Bounim de Pshis'ha rapporte que Kora'h aspirait à prier dans le Saint des Saints comme le Cohen Gadol.
Il n’avait pas compris que l'on pouvait prier exactement de la même manière en tout endroit.
(Certes, les lieux saints conservent toute leur valeur. Cependant, une personne qui est dans l'impossibilité de quitter l'endroit où elle se trouve doit savoir qu'elle peut prier avec la même force de là où elle est).

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-> Le Arougat Habossem explique la formule qu'employa Avraham lorsqu'il fit prêter serment à son serviteur Eliézer : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre" ('Hayé Sarah 24,3) en commentant au préalable le verset : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre pour qu'ils siègent auprès de Moi" Téhilim (101,6).
Pourquoi emploie-t-on ici l’expression "fidèles de la terre" et non point "fidèles de l'esprit"?

La guémara (Roch Hachana 11a) rapporte que Rabbi Yéhochoua Ben Lévi enseigne : "Tous les êtres furent créés au moment de la Création selon leur taille définitive, avec leur connaissance et selon leur nature propre".
Rachi explique le terme de ''connaissance'' dans le sens de consentement : Hachem demanda à chaque créature si elle consentait à être créée de cette manière et toutes répondirent par l'affirmative".
Cela concerna même la terre. Elle ne s'opposa pas en disant : "Maître du monde, pourquoi les cieux et tout leur cortège sont-ils proches de leur Créateur et dois-je, moi, être forcée de demeurer une créature matérielle formé de matière grossière".
Elle accepta au contraire la décision d'Hachem de bon coeur en disant : "Si telle est la volonté du Créateur, je l'accomplirai de plein gré". Cela apparaît d'ailleurs en allusion dans le terme הארץ (la terre) qui contient les lettres רצ racine du verbe vouloir.
Elle fut ainsi dénommée, affirme le midrach (Béréchit rabba 517) "car elle voulut accomplir la Volonté Divine".

Le Arougat Habossem explique que la soumission de la terre au plan Divin est pour nous une leçon. Un homme ne doit pas énoncer de plaintes telles que : "Pourquoi contrairement aux autres suis-je incapable de m'assoir étudier et de servir Hachem de cette manière? Pourquoi n'ai-je pas été doté d'un esprit vif et aiguisé? Si j'avais été ainsi créé, j'aurais pu mieux servir Hachem".
Car si le Créateur de tous les mondes a prévu de le créer avec cette nature, il est certain qu'il ne peut parvenir à se réaliser entièrement que grâce à celle-ci.
Il n'y a à cela qu'une seule condition : s'en remettre avec confiance à la volonté d'Hachem.
=> C'est pourquoi le verset des Téhilim dit : "Mes yeux sont dirigés vers les fidèles de la terre". Car le Créateur chérit particulièrement ceux qui se conduisent avec intégrité, à l'instar de la terre, en soumettant leur volonté à la Sienne. Ils sont satisfaits de la manière dont ils ont été créés pour remplir leur rôle dans ce monde.

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-> A partir de cela, poursuit le Arougat Habossem, on peut comprendre l'épisode de Avraham et d'Eliézer : lorsque Avraham envoya son serviteur afin qu'il trouve une épouse pour son fils Its'hak, Eliézer lui dit : "Peut-être ne viendra-telle pas?" (oulaï lo télé'h - אֻלַי לא תלך - 'Hayé Sarah 24, 39).
Nos Sages (midrach Béréchit rabba 59,9) nous enseignent que le mot "oulaï" (אֻלַי - peut-être) est écrit sans vav et peut être lu "élaï" (אֵלַי - vers moi). Il vient évoquer qu’Eliézer avait une fille qu'il désirait marier à Its'hak.
Mais Avraham lui répondit que son fils était d'une descendance bénie alors qu’Eliézer était d'une descendance maudite. Toutefois, Eliézer, même après ce refus, lui demeura entièrement fidèle, comme il l'avait toujours été.

C'est à propos d'une telle attitude qu'Avraham lui dit : "Je te fais jurer par Hachem le D. du Ciel et le D. de la terre". Car Eliézer mérita alors de comprendre que ceux qui servent Hachem au simple niveau du ''D. de la terre'' (qui est celui de la descendance de Canaan dont il est issu) ont autant de valeur aux yeux d'Hachem que ceux qui le servent au niveau élevé de "D. du Ciel'' (qui est celui d'Avraham issu d'une descendance bénie).
Eliézer apprit cet enseignement de la terre qui accepta de bon gré de remplir sa mission afin de satisfaire la volonté Divine malgré le rôle purement matériel qui lui fut imparti.
Il est d'ailleurs notable de constater que lorsqu'Eliézer fut en route pour accomplir sa mission, nos Sages nous enseignent que la terre ''sauta à sa rencontre'' (et lui raccourcit ainsi le trajet). Car Eliézer se para alors de la même vertu que cette dernière : accomplir avant tout la Volonté Divine.

Il est écrit au sujet de Kora'h : "La terre ouvrit sa bouche" (Kora'h 16,32).
Il ne comprit pas que celui qui sert Hachem à son niveau est considéré au même titre que le Cohen Gadol dans le Saint des Saints. Il s'entêta à vouloir lui-même être le Cohen Gadol.
C'est pourquoi c'est la terre elle-même qui s'ouvrit pour l'avaler afin de lui montrer son erreur : il n'y a pas de rôle supérieur à un autre pour Hachem.

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-> La guémara (Pessa'him 50a) rapporte que Rav Yossef, le fils de Rabbi Yéhochoua Ben Lévi, tomba gravement malade au point que son âme quitta son corps. Lorsqu'il reprit vie, son père lui demanda : "Qu'as-tu vu (dans l'au-delà)?
- J'ai vu un monde à l'envers, lui répondit-il, ceux qui sont en haut (ici bas), en bas, et ceux qui sont en bas, en haut.
- Mon fils, tu as vu un monde de clarté".

=> A priori, cette guémara suscite une interrogation : est-ce que Rav Yossef pensait vraiment que les gens ''de la haute société'' dans ce monde occupent également un rang élevé dans le monde d'En-haut grâce à leur richesse? Ignorait-il qui sont véritablement les grands hommes de ce monde ?
Dans ces conditions, comment put-il dire ''j'ai vu un monde à l'envers'', ce qui laisse à penser que tant qu'il était vivant, il s'était trompé?

Le Mabit (dans l'introduction à son ouvrage Beit Elokim) explique qu'il est certain que Rav Yossef ne pensait nullement aux gens d'un niveau élevé du point de vue matériel.
C'est aux personnes de haute stature spirituelle qu'il pensait en parlant de "ceux qui sont en haut".
Néanmoins, en quittant quelques instants la vie terrestre, il vit que certains d'entre eux considérés comme inférieurs à d'autres leur étaient en vérité supérieurs.

Prenons l’exemple d’un homme qui étudie 10 heures par jour alors que son ami n'étudie que 5 heures.
Dans ce monde, on donnera la préséance et les honneurs au premier parce qu'il étudie le double du deuxième. Mais, dans le monde de Vérité, on réalisera que "ceux qui étaient en haut sont en bas et ceux qui étaient en bas sont en haut".
C'est pourquoi lorsqu'il revint dans ce monde, Rav Yossef s'écria : "j'ai vu un monde à l'envers" car cela lui semblait illégitime.
"Mon fils, tu as vu un monde de clarté", lui répondit son père, car celui que tu as vu étudier dix heures était capable en fait d'en étudier douze, suivant son niveau. Il n'avait donc pas exploité entièrement toutes ses capacités dans ce monde.
En revanche, le 2e était réellement dans l'incapacité d'étudier plus que 5 heures par jour, du fait de ses possibilités intellectuelles plus réduites ou parce qu'il était affairé pour pourvoir aux besoins matériels de sa famille.
Dès lors, il est tout à fait légitime qu'il soit considéré comme plus grand que son ami, car il a rempli entièrement le rôle qui lui était imparti. En revanche, ce dernier, bien qu'ayant étudié beaucoup plus d'heures que lui, aurait pu étudier davantage d’après ses capacités.
Car Hachem ne se comporte pas de manière impartiale envers Ses créatures mais il considère les actes de chacun avec exactitude en fonction de ses réelles capacités.

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-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav MéEliahou) illustre ce qui précède par une parabole.
Un roi possédait de nombreux sujets et serviteurs. Chacun avait pour rôle de louer le roi. Imaginons que le premier d'entre eux entre chez ce dernier de bon matin la bouche remplie d'hommages envers le souverain en louant sa bonté immense, lui qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets ...
Le 2e serviteur entre après lui et loue à son tour la bonté immense du roi qui se préoccupe constamment du bien-être de ses sujets. Puis entre le 3e serviteur qui répète les mêmes compliments que ses prédécesseurs et ainsi de suite pour le 4e, le 5e, ...
Il est clair pour tout le monde que cette procession ne constitue nullement un hommage pour le roi et que celui-ci ne retire aucun plaisir de ce cérémonial idiot.
L'honneur du roi ne s'exprimera que dans la mesure où chacun le louera par une qualité différente, l'un témoignera de sa sagesse, le 2e de sa puissance, ...
Hachem a créé un tel monde rempli d'une multitude infinie de créatures dans un but unique : afin que Son Grand Nom soit glorifié et sanctifié, comme il est dit : "Toutes les actions d'Hachem sont pour Sa Gloire" (Michlé 16,4).
Et si chacun a été créé avec un caractère différent, c'est précisément afin qu'il satisfasse son Créateur selon ses qualités personnelles et c'est de cette manière que le Nom d'Hachem est glorifié.
C'est d'ailleurs dans ce sens que certains ont expliqué la Michna (Pirké Avot 1,15) : ''si je ne suis pas pour moi-même qui sera pour moi'' (im en ani mi li) = car si je ne suis pas pour moi-même qui d'autre que moi peut remplir mon rôle et la mission qui m'a été confiée puisque chacun a été créé différemment des autres pour apporter sa part dans la glorification du Nom divin?

[commencer à vouloir être quelqu'un d'autre, à vouloir avoir d'autres outils, objectifs dans la vie, c'est d'une certaine façon ne pas accepter le rôle unique que Hachem nous a accorder (il nous connaît infiniment mieux que nous!). Plutôt que d'agir, on va passer son temps à se dire : si seulement j'avais, si seulement j'étais comme tel personne, avec telle ressources, ... alors là je donnerai mon potentiel, je serai heureux ..." C'est le yétser ara développe cette attitude pour que nous passions à côté de notre vie.
Mais aux yeux d'Hachem, si je fais 100% de ce que j'ai à faire, alors je suis équivalent au Cohen Gadol, au Gadol hador, qui fait 100% de ce qu'il a à faire. ]

La valeur de celui qui étudie la Torah

+ La valeur de celui qui étudie la Torah :

-> Rachi (Chéla'h Lé'ha 13,3) explique : "Tous ceux qui sont (appelés) ''hommes'' dans la Torah sont des gens de valeur, car à ce moment, ils (les explorateurs) étaient méritants".

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Certains lisent ces paroles de Rachi sous une forme allusive : "Tous ceux qui sont des hommes dans la Torah, sont des gens de valeur", signifiant ainsi que chaque juif qui s'adonne à l'étude de la Torah a une immense valeur, "car à ce moment, ils sont méritants" = au moment où un juif étudie la Torah, il est méritant et important aux yeux de D.

-> Une discussion oppose les décisionnaires pour savoir si les non-juifs ont le droit d'étudier la Torah. Nombreux sont ceux qui pensent qu'ils sont autorisés à étudier la Torah Ecrite (cf. le Chilté Haguiborim sur le Rif au début du traité Avoda Zara) et seule l'étude de la Torah Orale leur est défendue.
Certains en expliquent la version en disant que la Torah écrite a été relue sur le Mont Eval et sur le Mont Guérizim et traduite alors en 70 langues à l'intention des nations du monde. En revanche, la Torah Orale ne fut transmise qu'aux Bné Israël et leur est exclusivement réservée.
D'après cela, certains expliquent pourquoi chaque traité du Talmud est appelé ''Massékhet'' qui s'apparente au terme hébraïque "Massakh" (un écran). Car c'est lui qui sépare Israël des nations.
=> Cela vient ainsi nous enseigner que le moyen le plus sûr à notre disposition pour nous séparer de toutes les impuretés des nations est d'étudier la guémara, car grâce à elle nous créons un écran entre ce qui est saint et l'impureté.

-> La guémara (Avoda Zara 24b) rapporte que lorsque l'on chargea l'Arche Sainte sur une charrette tirée par 2 génisses (au temps du Prophète Chmouël), un miracle se produisit et elles se mirent à chanter un cantique.
=> Cela pour évoquer que même celui qui se trouve au niveau le plus bas, et qui à l'instar de ces génisses ne possède ni Torah ni bonnes actions, peut toutefois en acceptant le joug de l'étude (évoqué par l'Arche Sainte portée par ces 2 bêtes), parvenir à s'élever jusqu'au niveau de pouvoir chanter des louanges inédites en l'honneur d'Hachem.

-> Le rav Elimélé'h Biderman enseigne également :
La Torah fait également mériter aux Bné Israël que, du Ciel, on se comporte envers eux avec miséricorde et bienveillance.
C'est ainsi que le Or ha'Haïm haKadoch, à la fin de la paracha Chéla'h Lé'ha, explique que la Torah nous ordonne de suspendre dans les Tsitsit un fil de Tékhélet (d'azur) teint avec le sang d'un mollusque qui provient de la mer, ''afin de susciter la miséricorde Divine qui émane de la Torah comparée à la Mer''.

"Chaque évènement qu’un homme vit n’arrive pas par hasard, mais c’est Hachem qui lui parle à travers celui-ci et désire lui suggérer quelque chose le concernant"
[Baal Chem Tov]

« Barou’h » – sens et implication (1ere partie)

+ "Barou'h" - sens et implication de prononcer ce mot au début des bénédictions : (1ere partie)

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) écrit :
"Je vous alerte [de cette difficulté], ne supposez pas que mon esprit pourra atteindre même autant qu'une goutte dans la mer de la vérité de ce sujet [le sens véritable du mot "barou'h"], comme cela m'a été rapporté et comme je l'ai entendu de la bouche des sages, que [l'explication] de ces sujets englobe des principes puissants et des secrets incroyables ... "

b'h, on peut quand même citer quelques opinions sur le sens de ce mot :

1°/ "barou'h" (béni) = c'est un titre descriptif, déclarant qu'Hachem est la Source de toutes les bénédictions. [de même qu'on Le décrit comme "haRakhaman" (le miséricordieux), on l'appele "barou'h. ]

-> Le Séfer ha'Hinoukh (mitsva 430) explique que le mot "barou'h" est une reconnaissance que Hachem est LA source des bénédictions et qu'Il contient toutes les bénédictions.
Lorsque nous récitons une bénédiction, c'est un rappel verbal que Hachem est le "Béni". Et lorsque nous réalisons qu'Il est la source de toutes les bénédictions, que Lui uniquement peut décider à qui accorder tout ce bien, nous sommes prêts à faire descendre sur nous certaines de Ses bénédictions.

-> Le Séfer haIkarim (maamar 2, chap.26) et le Aboudraham (hachkamat haBoker) considèrent également que "barou'h" est une forme de reconnaissance que Hachem est la Source de toutes les bénédictions, et que tout ne provient que de Lui.
Cette idée se trouve également dans le Tikouné Zohar (tikoun 70,p.120b), qui enseigne que les 4 lettres du mot "barou'h" (ברוך) peuvent se réarranger en רוכב qui est l'acronyme de : "roch oumakor kol béra'hot" (le Maître et la Source de toutes les bénédictions).

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2°/ "barou'h" = c'est une forme de louange et de remerciement à Hachem pour tous les actes de bonté dont Il nous comble, même lorsque nous ne le méritons pas.

En ce sens, la grande majorité des Richonim (ex: Radak (séfer haShorachim) ; Abarbanel (Dévarim chap.33)) disent que le mot "barou'h" est une déclaration que Hachem est loué et acclamé.
C'est également l'explication simple du mot "barou'h" lorsqu'il apparaît dans les versets de la Torah et dans les prières.

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3°/ "barou'h" = c'est une forme de requête et de prière, dans le sens où nous prions que Hachem puisse être béni et loué par toute Sa création.

-> Le 'Hayé Adam (Hilkhot Bérahot 6,1) est d'avis que "barou'h" n'a pas un sens de louange, mais plutôt de requête :
"J'ai entendu au nom du Gaon de Vilna que "barou'h" signifie que nous demandons que Hachem soit révélé comme la Source des bénédictions.
Il explique qu'Hachem désire que cette révélation vienne de nos bénédictions et prières.
Lorsque nous disons les bénédictions, nous nous préparons à recevoir la sainte lumière Divine et les bénédictions qui vienent d'Hachem.
En résumé, le mot "barou'h" est un plaidoyer pour que Hachem puisse augmenter Son influence sur tous les mondes."

-> Le Arou'h haChoul'han (Ora'h 'Haïm 5,1) écrit :
"Lorsque nous disant "barou'h ata Hachem" dans toutes nos bénédictions, cela ne signifie pas que Hachem a besoin de nos bénédictions, que D. nous en préserve.
Mais plutôt, c'est comme une lumière qui se reflète en nous, ce qui veut dire que Hachem va nous accorder Sa bénédiction, comme le roi David le dit : "par ta bénédiction sera bénie à jamais la maison de ton serviteur" (Chmouël II 7,29).
Avant qu'Hachem nous accorde Ses bénédictions, nous devons, si l'on peut dire, l'élever et Lui accorder la force de le faire, comme le verset l'affirme : "Donnez de la force à Hachem" (ténou oz l'Elokim - Téhilim 68,35).
Tout ce qui se passe dans le monde dépend de nos actions. C'est pourquoi, nous devons ajouter de la force à l'encourage d'Hachem, afin que les bénédictions descendent à nous.
Ceci est en allusion dans les mots : "Il chevauche le ciel pour t'aider" (Vézot haBéra'ha 33,26). Les lettres de "ro'hév" (chevauche - רוכב) peut être réarranger en : "barou'h" (ברוך)."

[ainsi nous prions pour que Hachem soit "béni" (barou'h), et grâce à cela on lui donne de la force pour qu'Il puisse nous octroyer et transmettre la bénédiction]

[voir également le point 7°/ ci-dessous]

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4°/ "barou'h" = cela signifie puiser la bénédiction d'en-Haut, de la source de toutes les bénédictions.

-> Le Baal Chem Tov explique que le mot "béra'ha" signifie : "Je vais déverser sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure" (vaarikoti la'hém béra'ha ad bli daï - Mala'hi 3,10) = comme une personne qui verse d'un récipient à un autre.
Ce verset fait allusion au fait de puiser, de tirer, des révélations d'Hachem depuis les mondes cachés à notre monde révélé.

-> Nous trouvons également une allusion à ce concept dans le verset : "Béni soit Hachem, le D. d’Israël, d’éternité en éternité" (barou'h Hachem Eloké israël min aolam véad aolam - Téhilim 106,48).
Le mot "olam" (עוֹלָם) peut se traduire par : "pour toujours" (éternité), mais son sens littéral est : "le monde".
Le Zohar (raya méhemna - Ekev 271a) explique que "barou'h" signifie puiser la vie depuis la Source de la vie, d'une façon similaire à la phrase de la michna (Kilayim chap.7) : "amavrikh ét aguéfen", qui veut dire plier la tête d'une branche d'une vigne vers le sol afin qu'elle tire sa nourriture de la terre et pousse une autre vigne.
D'une façon similaire, par le fait de faire une bénédiction, nous puisons depuis la Source de toutes les bénédictions, comme l'écrit le Malbim (Toldot 27,3) : "Celui qui récite la bénédiction, avec une intention profonde, s'élève dans son attachement à la Source Supérieure de toutes les bénédictions, et alors Hachem verse les eaux de la bénédiction de Son seau au receveur."

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5°/ "barou'h" = signifie : ajout et augmentation, indiquant que nous demandons à Hachem d'augmenter Sa révélation à nous et multiplier l'abondance qu'Il nous accorde.

-> Rabbénou Bé'hayé (Ekev 8,10) écrit que le mot "béra'ha" indique un ajout et une augmentation, comme dans le verset : " il bénira ta nourriture et ta boisson" (ouvéra'h ét la'hmékha véét mémé'ha - Michpatim 23,25).
Lorsque, si l'on peut dire, nous bénissons Hachem, cela implique un ajout d'esprit saint (roua'h hakodech) et d'influences positives.

[bien sûr à un niveau simple, le mot "barou'h" dénote la louange et la gratitude d'Hachem, mais à un niveau plus ésotérique, la bénédiction n'est pas seulement la réflexion de nos besoins et profits humains, mais cela satisfait également un besoin Divin, si l'on peut dire. ]

-> La guémara (Sotah 38b) rapporte que Hachem désire la bénédiction des Cohanim (en se basant sur Nasso 6,27).
Rachi explique que ce n'est pas tant que les juifs ont besoin de recevoir les bénédictions, que c'est le besoin d'Hachem, si l'on peut dire, de donner les bénédictions.
Cependant, le fait que les Cohanim bénissent Ses gens est dépendant du fait que les Cohanim vont d'abord placer Son Nom sur eux.

-> Comment un être humain peut-il donner une bénédiction à Celui qui est la Source de toutes les bénédictions?
Le Maharal de Prague (Béer haGola - part.4) explique que Hachem fournit généralement une abondance au monde par le biais de l'Attribut de la stricte justice, afin de ne pas submerger le bénéficiaire avec du bien sans limite qu'il n'est pas équipé pour faire face.
Puisque la bénédiction est destiné au bénéficiaire, il doit être limité aux capacités du bénéficiaire et à ce dont il a besoin et qu'il mérite. Cela est appelé : "la bénédiciton du mékabel", qui est dégradée au niveau du bénéficiaire. Cela n'est considéré comme une bénédiction selon les normes limitées d'Hachem.

Lorsque la bénédiction vient des attributs illimités d'Hachem et est distribuée selon Sa capacité en tant que le Donneur ultime et ses standards illimités, au-delà de ce qui est légitimement justifié, cela est considéré comme la "béra'ha d'Hachem".

=> Ainsi selon le Maharal, lorsque nous disons "barou'h ata Hachem", nous ne signifions pas que Hachem est en train de recevoir une bénédiction de Ses créations en-bas, car après tout Il est la Source de toutes les bénédictions et Il n'a aucunement besoin de nos bénédictions.
Plutôt, notre bénédiction est une requête et une prière que Hachem doive se conduire avec nous selon "Son" standard de bénédiction, qui est illimité et au-delà de toute mesure.

Bien sûr que nous devons de notre côté avoir les capacités pour recevoir Son abondance sans limite. Nous pouvons étendre nos capacités limitées en nous conduisant au-delà de ce qui est requis.
Lorsque nous allons au-delà de nos limites, Hachem se conduira Lui-même à notre égard mesure pour mesure, en nous comblant de bénédictions bien au-delà de celles limitées généralement données pour maintenir nos besoins basiques d'existence.
Il est écrit : "Hachem est ton ombre" (Téhilim 121,5). Le rav Meïr Ibn Gabaï (Avodat haKodech) explique : de la manière dont tu te comportes avec Hachem, ainsi Il le sera avec toi.

Le Maharal ('Hidouché Aggadot - guémara Sota 38b) rapporte la guémara (Pessa'him 112a) : "Plus que le veau veut téter, la vache souhaite être tétée".
L'idée est que Hachem veut nous combler de Son infinie bénédiction encore bien plus que nous ne voulons la recevoir.
C'est nos bénédictions récitées avec une bonne kavana, qui susciteront les bénédictions d'Hachem.

[le terme "barou'h" (béni) nous rappelle qu'en réalité Hachem désire nous donner des bénédictions sans limites, et d'une certaine façon on lui demande de l'aide pour que nous puissions être un récipient pouvant les recevoir, et ainsi Il sera béni, heureux de pouvoir nous donner avec largesse.
(nous ne voulons pas que D. soit maudit de vouloir tellement donner à Ses enfants adorés, mais de ne pas pouvoir le faire!)]

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-> Le Ramban (Kitvé Ramban vol.2) écrit également que "béra'ha" signifie accorder une abondance supplémentaire au monde d'en-bas.

-> Le rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm - chaar 2, chap.2-4) explique en longueur que le mot "barou'h" ne dénote pas le fait de louer.
Lorsque Hachem dit à rabbi Yichmaël Cohen Gadol : "Yichmaël, Mon fils, béni-moi" (Yichmaël béni, baré'héni [בָּרְכֵנִי] - guémara Béra'hot 7a), la bénédiction qui va suivre ne mentionne aucune louange, c'était une prière et une requête pour la miséricorde, et pourtant cela a été appelé une bénédiction.
En vérité, l'emploi de "barou'h" doit être interprété comme d'un ajout et une augmentation.
Le rav 'Haïm de Volozhin ajoute que c'est la volonté d'Hachem, pour des raisons qui nous dépassent, que nous devons rectifier et unifier les mondes supérieurs par le biais de nos bénédictions et prières, afin qu'ils soient prêts à accepter la lumière surnaturelle. Au même moment, [par ricochet], cet ajout de bénédictions et de sainteté va également avoir un impact sur les juifs, qui ont amené toute cette gloire.

[cela explique pourquoi les bénédictions sont dénommées "béra'hot" et non "hoda'ot" (remerciements).]

-> Le Séfer Torah Ohr fait remarquer que la valeur numérique de "habéra'ha" (232) est équivalente à "yéhi or" (que la lumière soit).
[chaque bénédiction avec kavana permet d'amplifier la lumière en-Haut, et par richochet cela apporte une plus grande abondace ci-bas. ]

-> Rachi (guémara Sotah 10a) enseigne également qu'à chaque fois que le mot "béra'ha" est employé dans la Torah, c'est pour indiquer une expansion, une croissance qui apporte de la satisfaction.

-> Le Maharal (Tiféret Israël - chap.34) dit que le "alef" indique l'unité, tandis que le "beit" est le commencement de la multiplicité et de la bénédiction.
Pour cette raison, le mot "barou'h" (ברך) : le "beit" est la 2e des chiffres, le "kaf" est le 2e des dizaines, et le "réch" est le 2e des centaines.
[le midrach (Béréchit rabba 1,10) rapporte que Hachem a créé le monde par la lettre "beit" (béréchit bara) qui est la première lettre de "barou'h (béni), et non pas par le "alef" qui est la première lettre de "arour" (maudit)]

« Barou’h » – sens et implication (2e partie)

+ "Barou'h" - sens et implication de prononcer ce mot au début des bénédictions : (2e partie)

6°/ "barou'h" = c'est une forme d'ordre. C'est comme si nous instruisions Hachem d'envoyer ci-bas des bénédictions, en accord avec l'affirmation de nos Sages : "un tsadik décrète et Hachem réalise".

-> Le Tséma'h Tsédek (Ohr haTorah - Vayéhi) écrit que le mot "béra'ha" est un impératif, c'est un ordre et pas une requête.
Dans la bénédiction des Cohanim (Nasso 6,24), les descendants d'Aharon haCohen sont capables, si l'on peut dire, d'ordonner à Hachem de bénir Son peuple, en disant : "yévaré'hékha Hachem" (puisse Hachem Te bénir).

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7°/ "barou'h" = ce terme a une double signification : à la fois prière et à la fois louange.

-> Le Radak (Séfer haShorashim) écrit que le mot "béra'ha" a de multiples significations, dépendant du contexte.
Lorsque la "béra'ha" est d'en-Haut vers le bas, la bénédiction du Créateur à Ses créations, alors cela signifie un ajout d'abondance et de bienveillance à eux.
Lorsque la "béra'ha" est d'en bas vers en-Haut, lorsque les créations bénissent leur Créateur, alors cela indique notre louange d'Hachem.

-> De même, Abarbanel (Dévarim 33) écrit que "barou'h" est un mot aux multiples facettes, par moment il indique une augmentation de bien et à d'autres moments il signifie une louange et une glorification, tout cela dépendant du contexte.

-> Le rav Eliyahou Dessler (Mikhtav méEliyahou - vol.3) enseigne :
La vraie intention lorsque nous disons "barou'h" est : de louer Hachem par nos prières, et demander à Hachem d'augmenter Ses cadeaux à notre égard.

[d'une certaine façon, plus je remercie Hachem reconnaissant que tout ne vient que de Lui, alors plus je Lui demande des bénédictions pour l'avenir en y investissant tout mon cœur et toutes mes attentes.]

-> Le Malbim (Téhilim 134,1) dit qu'un des principes de foi est de reconnaître que la Source supérieure de toutes les bénédictions est bénie et augmentée par nos actions en-bas.
L'idée derrière nos bénédictions à Hachem est qu'avec nos bonnes actions et nos prières, le Créateur doit, si l'on peut dire, remplir le "réservoir supérieur", la source de toute l'abondance.
Comme vu précédemment, la bénédiction répond à un "besoin" Divin, puisque Hachem veut que nous tirions la bénédiction de la source de Ses bénédictions, grâce à nos efforts.

-> Nos Sages (Pessikta déRav Kahana 25,1) disent que lorsque les juifs font la volonté d'Hachem, ils intensifient la puissance Divine, comme il est dit : "en Hachem nous créerons de la force" (b'Elokim naassé 'haïl - Téhilim 60,14).
Et lorsque les juifs échouent à faire la volonté d'Hachem, ils affaiblissent la puissance Divine, comme il est écrit : "Tu affaiblis le Rocher qui t'a donné naissance" (tsour yéladé'ha téchi - Haazinou 32,18)
C'est le sens du verset : "et maintenant que la force de Hachem s’agrandisse comme tu l'as déclaré" (véata yigdal na A-donay kaacher dibarta - Chéla'h Lé'ha 14,17).

-> Avec cela, on peut comprendre ce que le rav Azaria Figo (Bina léIttim - drouch 30) écrit au sujet du verset : "Toutes tes œuvres te louent, Hachem ; et tes fidèles adorateurs te bénissent" (Téhilim 145,10)
Il explique qu'il y a 2 aspects à une bénédiction (béra'ha) :
1- louer, remercier, et glorifier Hachem : c'est une obligation de toutes les créations, même les non-juifs, comme il est écrit :"Que toute âme loue Hachem, hallélouka" (Téhilim 150,6) ; ainsi que : "que toute créature bénisse son saint nom à jamais" (Téhilim 145,21) où "toute créature" signifie même les non-juifs ; et "Louez Hachem, toutes nations" (hallélou ét Hachem kol goyim - Téhilim 117,1).

[à propos de "hallélou ét Hachem kol goyim" = le 'Hozé de Lublin a dit une fois : "Nous-mêmes ne sommes pas conscients des nombreux miracles que D. fait pour nous chaque jour. Ce sont les non-juifs qui trament leurs plans contre nous qui le savent! Eux seuls réalisent combien de fois leurs mauvais desseins ont échoué! Ce sont eux qui peuvent louer D. pour sa bonté envers nous!" ]

2- ce que la bénédiction peut accomplir dans les sphères supérieures et ses capacités à faire descendre l'abondance de la Source des bénédictions : c'est quelque chose que seul le peuple juif peut faire, comme le verset le dit : "et tes fidèles te béniront" (Téhilim 145,10), et "nous bénirons Hachem, maintenant et à tout jamais" (Téhilim 115,18).
C'est un cadeau unique du peuple juif, qui a reçu la Torah et garde les mitsvot.
Uniquement les juifs peuvent attribuer de la grandeur au Créateur du monde et augmenter l'abondance dans le monde.

[cela reprend des points précédents (ex: 2°/ & 3°/).
En faisant un constat lucide de notre vie, on ne peut que remercier, louer Hachem, car on ne peut rien sans Lui.
D'un autre côté, si l'on peut dire, Hachem dépend de nous, et par notre prière on a la capacité de Lui donner davantage de force pour qu'Il nous octroie davantage de bénédictions.
Cela ressemble à la vision que nous devons avoir : d'un côté nous devons avoir conscience de notre grandeur, de nos qualités (on a une partie Divine en nous, et on est tellement énorme que chacun de nos actes impactent Hachem, les mondes supérieurs). Forts de cette réalité, nous devons agir en responsabilité.
Mais d'un autre côté, nous devons admettre que tout nous provient du Maître du monde Hachem, et que sans Lui nous ne pourrions pas vivre une seconde supplémentaire.
Ainsi, nous avons tellement de bénédictions chaque jour, qui commencent par "barou'h", pour que l'on travaille sans cesse ce message : nous sommes "barou'h
= parfois on a besoin de plus accentuer le fait que nous sommes des "bénis" (barou'h) dans ce monde au regard des capacités folles que nous avons (que les non-juifs n'ont pas, et cela doit nous nous rendre fiers, joyeux [et non déprimés : je ne suis rien, je ne vaux rien ...])
= parfois on doit se rappeler que nous "bénissons" (barou'h), car à l'image de notre besoin constant d'oxygène, nous avons constamment besoin de prier Hachem pour avoir quelque chose, tellement nous sommes dépendants de Lui pour tout.]

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8°/ "barou'h" = c'est une forme de salutation.

-> Rachi (Vayichla'h 33,11) commente : "Ma bénédiction" = toutes les fois que le mot bera'ha (bénédiction) est employé en liaison avec une audience, il a le sens de "salutation", comme dans : "Yaakov bénit Pharaon" (Vayigach 47,7),"faites avec moi une bénédiction" (Méla'him II 18,31), à propos de San'hériv, "pour le saluer et le bénir" (Chmouel II 8,10), à propos de To’i, roi de ‘Hamath.

-> Le midrach (Bamidbar rabba 11,7) dit que les bénédictions n'accomplissent rien à moins qu'elles n'incluent du "shalom".
De plus, la michna (Ouktsin 3,12) enseigne que Hachem n'a pas trouvé de meilleur récipient que la paix pour contenir les bénédictions d'Israël, comme il est écrit : "Hachem donnera la force à son peuple, Hachem bénira Son peuple par la paix" (Téhilim 29,11).
=> Si c'est ainsi, on doit avoir l'intention que notre bénédiction serve comme une salutation de paix pour l'entourage Céleste.

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9°/ "barou'h" = ce terme est dérivé de la racine "bérékha" (un réservoir).

-> Le Méoré Ohr (Eré'h Béra'ha - siman 35) écrit que le mot "béra'ha" fait référence à "béré'ha haéliyona" (le réservoir supérieur).

-> Le rav Yaakov Emden (Siddour Amoudé Chamayim) écrit que lorsqu'une personne dit le mot "barou'h", elle débloque le "réservoir supérieur", où toutes les richesses où toutes les richesses qui coulent vers tous les mondes sont stockées.

-> Hachem a créé un monde dans un état incomplet, et Il a ordonné à l'homme de le compléter et de le rectifier, comme le verset affirme : "que Hachem créa pour faire" (acher bara Elokim laasot - Béréchit 2,3), ce qui signifie : pour réparer.
C'est la tâche de l'homme de compléter la Création et de révéler la Divinité et la sainteté dans le monde.
Cela est accompli par chaque bénédiction qui atteste que Hachem est le Créateur qui a créé le monde et qui continue à donner l'existence et la vie au monde à chaque instant.

Nos bénédictions ouvrent les canaux de bénédictions, et avec le mot "barou'h" nous débloquons le réservoir supérieur d'abondance afin que la bénédiction puisse se déverser dans tous les mondes.
En effet, le pouvoir d'une bénédiction commence par une stimulation d'en-bas.
En se consacrant à glorifier et à unifier le Nom d'Hachem par le biais de nos bénédictions, nous sommes capables de faire descendre les bénédictions d'Hachem, comme l'implique le verset : "Elevez vos mains dans le saint service et bénissez Hachem, [alors] Hachem te bénira" (chéou yédé'hem kodech ouvaré'hou ét Hachem, yévaré'hékha Hachem - Téhilim 134,2).

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+ Bénédiction avec autrui :

-> Il faut garder à l'esprit que lorsque l'on fait une bénédiction, en réalité on fait une prière à Hachem de bénir cette personne.

-> Le mot "béra'ha" (bénédiction) signifie littéralement : "tirer vers le bas".
Tout ce dont on a besoin (richesse, santé, paix d'esprit, bonheur, ...) existe déjà dans le réservoir de bénédictions au Ciel. Lorsque nous rencontrons des problèmes dans ce monde, cela signifie principalement que la connexion entre notre source spirituelle [en-Haut] et le monde matériel a été bloquée.
La bénédiction qu'on fait à autrui a la capacité de réparer cette connexion et d'attirer en bas les bénédictions. Comment cela?
En faisant une bénédiction qui vient du coeur pour autrui, cela a la capacité de rouvrir le canal bouché, faisant que le flux du réservoir d'en-Haut peut reprendre.
La bénédiction existe déjà à l'état potentiel dans les mondes spirituels, mais lorsqu'elle est verbalisée sous forme d'une bénédiction, cela prend une existence concrète.
Une autre personne qui a besoin d'une délivrance (yéchoua) ne peut pas toujours tirer vers le bas l'abondance (chéfa) toute seule. Elle a besoin qu'autrui (ex: un ami), qui avec un sourire et une bénédiction, va pouvoir faire le pont entre la bénédiction potentielle en-Haut et la réalité dans ce monde matériel ci-bas.
[d'après le rav Handler]

-> Le Rachba (Téchouvot 5,51) explique que le mot : "béra'ha" (bénédiction) vient de la même racine que : "béré'ha" (un réservoir).
[de même qu'un réservoir contient une vaste quantité d'eau, de même les bénédictions de Hachem sont un réservoir infini de miséricorde et de bonté, dont nos prières sont les tuyaux par lesquels nous pouvons amener sur nous ces bénédictions divines.
En priant pour autrui, on branche un conduit entre le réservoir de bénédictions et cette personne.]

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10°/ "barou'h" = ce mot est dérivé de la racine "béré'h" (un genoux - בֶּרֶך), impliquant le fait de s'agenouiller en totale soumission.

-> Lorsque l'on réfléchit à toutes les significations de "barou'h", on ne peut s'empêcher de s'émerveiller : "qui suis-je pour oser parler directement à Hachem à la 2e personne (barou'h ata), et Lui demander de m'envoyer des bénédictions?"
Le plus nous pensons à cela, le plus nous ressentons une gêne colossale face à notre petitesse en contraste avec la grandeur et la gloire d'Hachem.
Nous en venons à être si humbles que nous nous inclinons, tombons sur nos genoux en signe de soumission totale.

-> Rav Né'hounia ben Hakana (Séfer haBahir - siman 4) écrit que le mot "barou'h" vient de la racine "béré'h" (un genoux), reflétant la soumission totale, comme l'indique le verset : "en mon honneur tout genou se pliera" (ki li ti'hra kol béré'h - Yéchayahou 45,23).
Ce lien entre "barou'h" et "béré'h" est également en allusion dans le verset : "il a fait s'agenouiller les chameaux" (vayavré'h aguémalim - 'Hayé Sarah 24,11)

-> La soumission et l'effacement de soi [au profit d'Hachem] sont les clés pour recevoir les bénédictions et des délivrances, comme nos Sages (guémara Béra'hot 40a) le disent : "un récipient vide peut recevoir [ce qui lui est versé], tandis qu'un récipient plein ne peut contenir [rien de plus]."
Celui qui est égocentrique et qui croit que "ma force et la puissance de ma main m’ont assuré ce succès" (Ekev 8,17), alors il se distance d'Hachem, la Source de toutes les bénédictions.
"barou'h" = plier les genoux, ce qui diminue la stature d'une personne et représente une annulation de l'égo, est un rappel d'humilité que nous sommes totalement dépendant d'Hachem pour tout.

[si notre égo (moi je, moi je) remplit tout notre être, alors il n'y a plus de place pour que Hachem vienne résider en nous, il n'y a pas vraiment de place pour contenir les bénédictions.
De plus, une personne égocentrique met plus ses espoirs en elle-même, qu'en Hachem, et du coup Hachem la laisse compter sur la naturalité, n'envoie pas plus que ça son aide surnaturelle, ses bénédictions. (débrouille toi tout seul!)]

"Celui qui préserve son regard d'un spectacle indécent mérite d'accueillir la face de la Présence Divine"
[midrach Vayikra rabba 23,13]

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-> Rabbénou Yona (Iguéret hatechouva 19,20) rapporte ce midrach, et explique qu'il provient de la succession des versets : "Il ferme les yeux pour ne pas se complaire au mal" (Yéchayahou 33,15), et ensuite il est écrit : "Tes yeux contempleront le Roi dans sa beauté" (Yéchayahou 33,17).
Ainsi, protéger ses yeux de visions interdites permet de contempler la splendeur Divine.

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-> "Ne vous égarez pas à la suite de votre coeur et de vos yeux ... afin de vous souvenir et d'accomplir tous Mes commandements, vous serez saints pour votre D." (Chéla'h Lé'ha 15,39-40)

Le Targoum Yonathan traduit en araméen : "Vous serez saints = "ce sont ceux qui sont à l'image des anges qui servent devant Hachem votre D."
[ainsi, c'est précisément grâce à ces épreuves de ne regarder que ce qui est permis, que l'homme peut se sanctifier et devenir l'égal des anges.]