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La téchouva dépend de l’étude de la Torah

+++ La téchouva dépend de l'étude de la Torah :

+ "Car cette loi que je t'ordonne aujourd'hui, elle n'est pas cachée de toi et elle n'est pas est éloignée.
Elle n'est pas dans le ciel, pour que tu dises : "Qui montera pour nous au ciel et accessible nous la prendra pour nous la faire entendre afin que nous l'accomplissions?"
Elle n'est pas non plus de l'autre côté de la mer, pour que tu dises: "Qui passera pour nous de l'autre côté de la mer et nous la prendra pour nous la faire entendre afin que nous l'accomplissions ?"
Car la chose est très proche de toi - dans ta bouche et dans ton cœur - pour l'accomplir. (Nitsavim 30,11-14)

-> Le Sforno et le Ramban écrivent que ce verset (v.11) fait allusion à la téchouva, la mitsva de se repentir de ses fautes.
Ils expliquent que la téchouva est le sujet mentionné au début de ce chapitre, qui stipule qu'après avoir trébuché dans l'erreur et la faute en exil : "tu reviendras à Hachem, ton Dieu" (Nitsvaim 30,2).

Le Sforno explique le verset (v.14) : la téchouva est "près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour la faire" = ce qui signifie que l'on récite le vidouï (confesser ses fautes) avec sa bouche, et que l'on essaie dans son cœur d'approfondir son remords d'avoir fauté et de renforcer sa conscience d'Hachem.
En bref, la téchouva est éminemment réalisable.

-> La guémara (Erouvin 55a) cite ce verset (v.11), et les nos Sages disent que la mitsva à laquelle il est fait référence est l'étude de la Torah. Le verset dit ensuite que la Torah n'est pas "dans les cieux", c'est-à-dire chez ceux qui ont "la tête dans le ciel", ou chez les personnes vaniteuses et orgueilleuses. Elle n'est pas non plus "au-delà des mers", parmi les marchands qui voyagent de loin en loin pour faire du commerce.

=> Comment le Ramban et le Sforno (téchouva) peuvent-il contredire la guémara (Torah)?

-> Le Maadaneé Shmouel réconcilie les Richonim avec la guémara en expliquant que l'étude de la Torah est une partie essentielle du processus de la téchouva.
Cela apparaît clairement dans la bénédiction sur la téchouva que nous prononçons dans le Amida : "Ramène-nous, notre Père, à Ta Torah" (hachivénou Avinou léToraté'ha), et ce n'est qu'ensuite que nous demandons : "et ramène-nous à Toi avec une téchouva complète."
De plus, l'appel à la téchouva du prophète Hochéa : "Prenez pour vous des paroles et revenez à Hachem" (Hochéa 14,2) est expliqué dans le Sifri (Haazinou 32,2) comme "Quelles paroles devrions-nous prendre? Des paroles de Torah".

-> Il est écrit : "Reviens, Israël, jusqu'à Hachem, ton D., car tu n'es tombé que par ton péché. Armez-vous de paroles et revenez vers le Seigneur!" (Ochéa 14,2-3)
Dans le Sifri (paracha Haazinou 32,2), on interprète ce verset ainsi :
"lorsque le verset dit : 'Armez-vous de paroles et revenez', le mot 'paroles' fait également référence à la Torah".
Le verset "Armez-vous de paroles" fait donc allusion aux paroles de Torah, car elles font partie du processus de téchouva, car c'est en s'armant de paroles de Torah qu'ils reviendront (pleinement) vers Hachem.

=> Pourquoi la téchouva dépend-elle de la Torah?

-> La guémara (Kidouchin 30b) affirme que la Torah est le remède au mauvais penchant.
Cela est vrai avant qu'une personne ne commette un péché, puisqu'elle doit appliquer ce "remède" pour surmonter la tentation. Toutefois, cela est encore plus vrai pour une personne qui est déjà tombée dans la faute. Il est nécessaire d'étudier la Torah si l'on veut échapper au filet du mauvais penchant dans lequel on est pris.

-> Le 'Hazon Ich (Igrot 2:75) écrit que pour déraciner un trait de caractère négatif, il faut à la fois travailler sur ce trait et étudier la Torah pour l'amour d'Hachem.
Sans l'un ou l'autre de ces ingrédients, l'effort est voué à l'échec.

-> De plus, il est impossible pour une personne de faire téchouva et d'atteindre une quelconque proximité avec Hachem sans progresser également dans la Torah.
Dans la Kriat Shéma, le verset dit : "Et tu aimeras Hachem, ton D. ... Et ces mots doivent être ... sur ton cœur" (Vaét'hanan 6,5-6). Rachi cite le Sifri : "Comment acquiert-on l'amour d'Hachem? En ayant ces mots (c'est-à-dire les mots de Torah) sur son cœur. C'est alors que l'on peut connaître Hachem et s'attacher à Ses voies".

-> De même, le rav 'Haïm de Volzhin (Néfech ha'Haïm 4,31) cite le Zohar selon lequel la proximité avec Hachem est proportionnelle à la proximité avec la Torah.

-> Le rav Shlomo Wolbe note que le premier Elloul de la nation dans le désert était une période de réception de la Torah. Ils se préparaient au retour de Moché du mont Sinaï avec les 2e Lou'hot.
Bien qu'ils aient déjà reçu la Torah au mont Sinaï, c'était avant qu'ils n'aient fauté, et ils devaient maintenant accepter la Torah à nouveau pour se purifier de la faute du Veau d'or.

-> Ainsi, nous aussi, nous devons accepter la Torah de tout cœur dans le cadre de notre Elloul. Nous pouvons y parvenir en consacrant plus de temps et d'énergie à notre étude que ce à quoi nous sommes généralement habitués.
À la yéchiva de Kelm, les séances d'étude duraient 6 ou 7 heures pendant le mois d'Elloul.
Le machguia'h, le rav Itzélé Péterburger expliquait à ses élèves : "Vous devez arriver au jour du jugement avec beaucoup de guémara, de Rachi et de Tossefot".

-> Un jour, le machguia'h de Lakewood, le rav Nathan Wachtfogel, a dit à ses élèves :
"Si les étudiants de Kelm étaient capables d'apprendre si longtemps en Elloul, pourquoi ne l'ont-ils pas fait toute l'année?
Il a répondu qu'un tel travail dépassait leurs capacités naturelles. Néanmoins, Hachem est plus proche de nous en Elloul, et Il leur a donc donné les possibilités pour étudier encore plus, leur donnant la chance de se rapprocher davantage de Lui.
Nous aussi, nous pouvons utiliser Elloul pour nous pousser davantage dans la Torah et le service d'Hachem!"

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[la téchouva signifie revenir vers Hachem.
Or, la Torah a un pouvoir de purification de nos fautes, et en nous la donnant Hachem a dit que c'est comme s'Il s'était donné avec (la Torah est composé de Nom Divin, étudier la Torah c'est apprendre à davantage connaître Hachem, ...).
Ainsi, par le faut d'étudier davantage la Torah, nous montrons concrétement à Hachem que certes on a pu fauter ce qui nous a éloigné de Lui, mais notre réel désir est d'être proches de Lui, comme en témoigne le fait que nous étudions davantage, que nous faisons plus de mitsvot en cette période (ex: Elloul).]

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"Viens et vois, combien puissante est la force de la Torah : elle purifie les fauteurs d'Israël quand ils se repentent, même de l'idolâtrie, comme il est dit : 'Je répandrai sur vous des eaux pures et vous serez purs ; Je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos sales idoles' (Yé'hezkel 36,25).
La part essentielle du repentir intégral entrepris par amour ne s'obtient que par l'étude de la Torah comme il convient".
[le rav 'Haïm de Volozhin insiste sur le fait que l'essentiel du travail de repentir consiste à s'investir dans l'étude de la Torah. L'accès à la téchouva ne sera pas possible pour un homme qui ne se lie pas fortement à la Torah. ]
[...]

Quiconque s'occupe de la Torah, même s'il est pris au départ dans de multiples fautes et noyé dans la boue des profondeurs du mal, l'étude de la Torah finit par redresser son cœur et la lumière qu'elle renferme le ramène vers le bien. Peu à peu, le bien se renforce et l'emporte sur le mal, pour finir par s'imposer absolument et se répandre totalement.
L'impureté se retire et la pureté s'épanouit dans toute sa plénitude".

[rav 'Haïm de Volozhin - Néfech ha'Haïm - 4e portique - chap.31 ]

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-> Le rav de Volozhin rapporte aussi le Zohar (Intro Eikha 2) :
"Qu'ils M'abandonnent même, mais pourvu qu'ils respectent Ma Torah, car du fait qu'ils l'étudieront, la lumière qu'elle contient les ramènera dans le droit chemin."

-> "Quand un homme s'écarte de la Torah, il s'écarte d'Hachem. Celui qui se rapproche de la Torah, Hachem se rapproche de Lui".
[Zohar - Vayikra 21a]

[la téchouva est le retour vers Hachem, on voit donc la nécessité d'étudier la Torah. ]

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b'h, voir également :
-> Téchouva & l'importance de l'étude de la Torah : https://todahm.com/2022/09/28/techouva-limportance-de-letude-de-la-torah
-> Téchouva & étude de la Torah ... : https://todahm.com/2014/10/23/techouva-etude-de-la-torah
-> Téchouva : prendre sur soi le joug Divin + étudier la Torah : https://todahm.com/2022/01/19/techouva-joug-divin-torah

"Chaque prière est une nouvelle leçon de crainte du Ciel (yirat Chamayim)"
['Hazon Ich]

La prière, que l'on appelle le "service du cœur", permet d'atteindre le cœur de quelqu'un.
Or, le fondement même de la prière est qu'Hachem est celui qui dirige le monde entier.
Plus on ressent qu'Hachem est le Roi (sur nous-même, et sur l’univers tout entier), plus on est conscient de Lui, et plus on a de la crainte du Ciel.

Nitsavim & Roch Hachana – Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel

+ Nitsavim & Roch Hachana - Kippour = la nécessité de développer de la crainte du Ciel :

-> Rachi nous rapporte que lorsque le peuple juif a entendu les 98 malédictions qui s'abattraient sur quiconque n'accomplirait pas la Torah, il a été terrifié.
Moché tenta de les rassurer : "Regardez, vous êtes vous êtes ici aujourd'hui (nitsavim ayom), bien que vous ayez mis Hachem en colère à de nombreuses reprises (Devarim, Rachi 29:12)".

Il semble que Moshé essaie d'être rassurant. Cependant, Moché poursuit : "Peut-être y a-t-il parmi vous un homme ou une femme ... dont le coeur se détourne d'être avec Hachem ... et lorsqu'il entendra ces malédictions ... il dira : 'La paix sera avec moi, même si je suis les désirs de mon coeur' ... Hachem ne sera pas disposé à lui pardonner ... et toutes les malédictions de ce Livre viendront sur lui, et Hachem effacera son nom de dessous les cieux ! (Nitsavim 29,17-19)."

=> À qui Moché s'adresse-t-il? La nation entière vient d'entendre les malédictions et tous sont terrifiés. Comment Moché pouvait-il penser qu'il y aurait encore quelqu'un qui pensait pouvoir faire tout ce qu'il voulait sans que rien ne se produise? Qui serait assez fou pour penser cela?

-> Le rav 'Haïm Friedlander explique qu'il existe en effet une personne capable de penser de cette manière : quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir).
Son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel. Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Moché indique clairement qu'une telle personne commet une grave erreur. Pour un tel comportement, Hachem appliquera toutes ces malédictions. De plus, Il punira même les fautes involontaires comme s'ils avaient été commis délibérément (voir Rachi - Nitsavim 29,18). Enfin, le nom du fauteur sera effacé du monde.

=> Cette mesure semble inhabituellement sévère. Après tout, le fauteur peut certainement prétendre qu'il s'est oublié lui-même à ce moment-là (je n'étais plus moi-même!). Il était incapable de penser logiquement. Est-il vraiment si terrible?
Pourtant, l'avertissement de Moché à ce fauteur est que le fait de permettre à à son désir d'écarter Hachem de son esprit est une forme grave de rébellion contre Lui.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava. Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava.
Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

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-> Le rav Yé'hezkel Lévenstein rappelle que Roch Hachana et Yom Kippour sont connus sous le nom de Yamim Noraïm, littéralement les jours redoutables.
Le Rambam (sur la michna Roch Hachana 4:7) écrit que ce sont des jours où un juif doit craindre le jugement d'Hachem et s'y préparer en se repentant de ses fautes passées.

Pendant les Yamim Noraïm, Rav Levenstein exhortait les gens :
"Hachem nous a donné ces jours pour que nous sachions que nous sommes sur le point d'être jugés, afin que nous nous repentions. Il exige que nous le craignions! Si quelqu'un ne le fait pas maintenant, pendant ces jours uniques, il est certainement coupable de 'suivre les désirs de son cœur et d'ignorer Hachem'."

Le rav Lévenstein avertit ensuite :
"J'hésite à le dire, mais une telle personne peut encourir les punitions que Moché a énumérées dans la paracha Nitsavim, à D. ne plaise.
Il se peut qu'Hachem ne veuille pas pardonner à une telle personne, car même maintenant, avec le spectre du jugement qui se profile devant elle, elle ne ressent rien.
Il observe donc les mitsvot, mais qu'en est-il de la crainte d'Hachem? Pourquoi se comporte-t-il comme s'il n'avait pas à se repentir? Quel est le problème de cette personne?"

-> De même, le rav Israël Salanter (Ohr Israël 7) écrit :
"Ne voyons-nous pas que chaque année, il y a des gens, même jeunes et en bonne santé, qui ne parviennent pas à la fin de l'année? Comment ne pas avoir peur? Il faut au moins qu'un sentiment s'exprime!"

-> Le rav Lévenstein a trouvé cette idée dans le récit de la guémara (Béra'hot 28b) sur la fin de la vie de Rabban Yo'hanan ben Zakaï. Il y est dit qu'alors qu'il était alité, ses élèves vinrent lui rendre visite.
Lorsqu'il les vit, il pleura. Ses élèves lui demandèrent pourquoi il pleurait, après tout, il pouvait certainement s'attendre à une grande récompense dans le monde à venir (au regard de ses incroyables mérites spirituels). Il a répondu que s'il était sur le point de faire face à un juge humain, qui ne pourrait que le condamner à un châtiment dans ce monde, il aurait certainement peur.
Il sera bientôt jugé par Hachem, dont le châtiment est pour l'éternité. Il est évident qu'il serait terrifié dans ce cas!

Le rav Lévenstein commente :
"Il semble, d'après le récit, que Rabban Yo'hanan ben Zakaï ne pleurait pas avant l'arrivée de ses élèves.
Si c'est le cas, pourquoi a-t-il pleuré à ce moment-là ? Ce n'était certainement pas pour montrer sa piété ...
Rabban Yo'hanan ben Zakaï avait plutôt l'intention de transmettre un enseignement à ses élèves.
[A l'approche de Roch Hachana et Kippour,] nous devons imaginer que nous sommes confrontés à un véritable procès. Imaginons que nous soyons convoqués devant un juge humain, qui a le pouvoir de nous punir. Nous aurions certainement peur!
La crainte que nous ressentirions est le minimum absolu que nous devrions ressentir lorsque nous nous trouverons bientôt devant Hachem. Nous devrions nous demander si nous avons au moins aussi peur de Roch Hachana."

-> Ceux qui ont connu le grand de la génération, le rav Elazar Shach ont témoigné qu'il vivait avec une telle peur tout au long de l'année. Tout au long de sa journée, il se disait (et parfois se demandait même à haute voix) : "Serai-je capable d'expliquer pourquoi j'ai agi ainsi lorsque je me tiendrai devant la Cour céleste?"

En particulier à Elloul et pendant les dix jours de repentir, son sentiment de peur était palpable.
Son comportement semblait demander : "Comment puis-je me tenir devant Hachem en jugement ?"
Une fois, pendant le mois d'Elloul, le petit-fils du rav Shach, le rav Isser Zalman Bergman, lui a dit que l'un de ses fils allait bientôt devenir bar mitsva et qu'une réception serait organisée dans quelques jours.
"Une célébration maintenant? Pendant Elloul?" Rav Shach est choqué. "Comment puis-je me rendre à une fête pendant ces jours-ci? Pourriez-vous la reporter après les Yamim Noraim?"

[Roch Hachana et Kippour impliquent de développer en nous une profondeur crainte, frayeur, de la gravité de ce moment (le jugement est de Vérité, avec Rigueur, impitoyable [ex: aucune pensée n'est cachée de D.]). Et ce n'est qu'ensuite qu'on peut y ajouter de la joie, de l'amour, d'avoir papa Hachem comme juge, qui nous aime infiniment, rempli de miséricorde.
On doit respecter cet ordre, car alors l'un (crainte) alimente l'autre (la joie, amour). Plus on a conscience de la gravité de la situation, plus on apprécie la bonté d'Hachem, de L'avoir en permanence s'occupant de nous pour notre mieux éternel. ]

La gratitude = une clé nécessaire à notre Roch Hachana

+ La gratitude = une clé nécessaire à notre Roch Hachana :

-> Le Ramban (Bo 13,16) affirme que le seul but de notre venue dans ce monde est de reconnaître la bonté d'Hachem à notre égard et de l'en remercier.

-> Le 'Hovot haLévavot (Introduction à chaar Avodat Elokim) affirme que lorsqu'un juif reconnaît tout ce qu'Hachem fait pour lui (le fait d'être en vie à chaque instant, sa santé, sa famille, ses biens, ses moyens de subsistance, ...), il réalisera à quel point il est redevable à Hachem.
Plus on contemple la bonté d'Hachem, plus on se sent motivé pour accomplir les mitsvot de la meilleure façon possible.

Le 'Hovot haLévavot (chaar Avodat Elokim - chap.3) écrit qu'il y avait des hommes saints qui renforçaient quotidiennement leur gratitude (hakarat hatov), et à mesure que leur reconnaissance grandissait, ils ajoutaient encore plus à leur service d'Hachem.
À leur tour, ils se repentaient de ne pas avoir renforcé leur service plus tôt dans leur vie. Ainsi, chaque jour était consacré au repentir et à l'amélioration du service d'Hachem.

=> Si nous contemplions notre propre vie et réfléchissions à l'immense bienfait que nous recevons toujours d'Hachem, nous comprendrions que nous avons beaucoup de raisons d'être reconnaissants. Qu'est-ce qui nous empêche de le faire ?
Malheureusement, nous avons tendance à considérer les bonnes choses que nous avons reçues comme acquises.
De plus, nous rencontrons tous des difficultés dans notre vie, qui nous empêchent de nous concentrer sur nos nombreuses bénédictions.
[la nature humaine n'aime pas avoir une dette de gratitude, et en ce sens en prenant pour acquis, en se focalisant sur ce qui ne va pas, on en vient à obscurcir tout sentiment de redevabilité. Or, l'essence d'un juif (de yéhoudi) est le fait d'être reconnaissant. ]

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-> L'importance de reconnaître les bonnes choses et de se concentrer sur elles est une étape clé dans la préparation de Roch Hachana.
Le rav Yossef Shlomo Kahaneman disait aux gens que les Séli'hot sont destinés à éveiller cette prise de conscience en nous. Lorsque nous disons "Toi, Hachem, tu as la tsédaka, et nous avons de la gêne", nous disons que tout ce que nous avons dans cette vie est de la tsédaka, des faveurs d'Hachem, et que nous devrions être gênés de les demander à Hachem.
En prêtant attention à ce que nous disons, nous devrions réveiller cet embarras en nous, et en retour, nous motiver à nous repentir.
Nous devons comprendre que tout est un don de Sa part et essayer de nous améliorer avant Roch Hachana.

Le rav Kahaneman propose une analogie : "Lorsque je suis arrivé en terre d'Israël et que j'ai commencé à reconstruire la yéchiva de Ponevitch, il a fallu collecter des fonds. Frapper à toutes les portes était très difficile. J'étais gêné et j'espérais souvent que personne ne répondrait à la porte.
"Pourquoi étais-je gênée? Je savais que je demandais l'argent à quelqu'un d'autre. Si j'avais déposé de l'argent chez eux plus tôt et que je venais simplement le récupérer, je n'aurais pas été gênée du tout!
C'est ainsi que nous nous sentons par rapport à ce que nous avons. Nous considérons ce que nous avons comme acquis (à nos yeux tous ce que nous avons, dont le fait de vivre, est un dû!).
Pourquoi devrais-je me alors repentir avant Roch Hachana? J'ai déjà ma santé, mon travail, ma maison, ... je n'ai pas besoin de faveurs spéciales (Hachem, je peux très bien me débrouiller tout seul!).
Cependant, lorsque nous réalisons que tout ce qu'Hachem nous donne est de la tsédaka, tout ce que nous lui demandons revient à demander l'aumône (rien n'est acquis). Penser ainsi nous motivera certainement à nous repentir".

"Chaque fois que le chemin semble plus facile, c'est probablement le yétser ara qui [nous] parle".
[Ram'hal - Messilat Yécharim chap.6]

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[en hébreu le terme "amal" (effort) est composé des mêmes lettres que "méal" (au-delà).
Avancer [spirituellement] dans la vie nécessite des efforts, et si c'est trop facile, c'est que le yétser ara est aux commandes. ]

Interagir avec autrui

+++ Interagir avec autrui :

-> La guémara (Baba Métsia 58b) prévient que le fait d'offenser ou de blesser une autre personne par des mots (onaat dévarim) est pire que de lui nuire financièrement.
Quelqu'un qui embarrasse publiquement une autre personne ou l'appelle par un surnom désobligeant n'a pas sa place dans le monde à Venir.
Même si la personne a déjà l'habitude d'être appelée par ce nom et n'en est pas gênée, la personne qui a donné ce nom n'a toujours pas sa place dans le monde à Venir.

-> Par ailleurs, la guémara (Méguilla 27b) rapporte que Rabbi Zakaï a dit à ses disciples qu'il méritait la vieillesse comme récompense pour n'avoir jamais appelé quelqu'un par un surnom.
Les Tossafot expliquent qu'il se référait même à un nom non péjoratif.
Tout nom qui n'est pas flatteur ou qui est utilisé avec affection doit être évité.

C'est pourquoi il faut bien réfléchir à la manière de saluer les gens.
Il est évident que l'on ne doit jamais s'adresser à un parent, à un rav ou à un enseignant par son prénom. Ce serait un manque de respect flagrant. Leur position exige qu'on les appelle par leur titre.
En revanche, entre amis ou collègues, il semble approprié de saluer les autres par leur prénom. S'adresser à eux par leur nom de famille donne une impression de froideur et de distance. Cela peut être considéré comme un élément d'irrespect de la personne.

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+ Leçon de comment écrire une lettre :

-> Le rav Yérou'ham Lévovitz a répondu un jour à quelqu'un qui lui avait écrit une lettre hâtive et bâclée. Dans sa réponse, il a énuméré 3 règles pour rédiger correctement une lettre.
Nous pouvons en apprendre beaucoup sur la manière correcte de communiquer et de traiter avec les autres.
Notre retation avec autrui (ben adam la'havéro) n'est pas moins une mitsva que la mitsva de l'esrog, qu'il nous est ordonné d'embellir. Si tel est le cas, il est tout à fait possible d'embellir une lettre adressée à un ami. Écrivez sur du papier propre avec un stylo de qualité, écrivez clairement et proprement, et bien sûr, le contenu doit être pur et agréable. Surtout, n'écrivez pas à la hâte, afin que le lecteur prenne beaucoup de plaisir à lire la lettre.

L'idée essentielle qui doit être soulignée est que tout ce qui a trait au "ben adam la'havéro" doit être fait avec un maximum de bonté et de gentillesse.
Tout doit être fait avec les bonnes intentions. A savoir, penser à ce qui est le mieux pour l'autre personne et pas seulement pour nous acquitter de votre obligation et en finir au plus vite. Une telle attitude est extrêmement éloignée du 'hessed (ressentir, se mettre à la place de l'autre).
[ rav Yérou'ham Lévovitz - Daat 'Hokhma ouMoussar - vol.3, p.263]

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+ Sourire :

-> Imaginez que vous êtes dehors par une journée caniculaire, assoiffé, lorsque vous voyez soudain quelqu'un marcher dans la rue et distribuer des gobelets de lait glacé à tous les passants. Vous seriez impressionné par sa générosité et sa sollicitude à l'égard de ceux qui souffrent de la chaleur.
Pourtant, la guémara (Kétoubot 111b) affirme que sourire à quelqu'un est encore plus important que de lui donner une tasse de lait.
[à notre génération, nous sommes tous assoiffés de sourire, de reconnaissance et d'appréciation d'autrui.
A l'image des plantes qui ont besoin du soleil pour bien se développer, nous avons besoin de la chaleur d'autrui pour pouvoir pleinement nous épanouir.]
Le sourire revigore la personne qui le reçoit et lui donne le sentiment que sa présence a été remarquée, qu'elle est la bienvenue et qu'elle mérite de l'attention.

-> Le rav Yé'hezkel Sarna avait l'habitude d'avertir ses étudiants : "Votre visage est un réchout harabim (un domaine public). Lorsque vous marchez dans la rue, les gens voient votre visage. Si vous êtes triste, vous transmettez la tristesse aux autres. Si vous êtes heureux, vous rendrez les autres heureux."

Le rav Israel Salanter a croisé quelqu'un sur le chemin de la synagogue le jour de Yom Kippour. L'homme, plongé dans ses pensées dans les derniers instants avant le début du jour saint, avait une expression très sérieuse sur le visage, et il passa à côté du rav Salanter sans le reconnaître.
Le rav Salanter remarqua : "Pourquoi dois-je souffrir de sa peur du jour du jugement?"
Même au plus fort de la gravité de Yom Kippour, un sourire amical est de mise.

-> La michna (Pirké Avot 1,15) nous dit : "Il faut saluer tout le monde avec un visage amical" (véévé mékabel et kol haadam bé'sever panim yafot).
Le rav Avigdor Miller explique que nos Sages nous enseignent que le fait de sourire à quelqu'un comporte trois éléments : "Premièrement, le panim, le visage. Vous devez lui montrer tout votre visage, et pas seulement une vue de côté (à la va-vite).
Deuxièmement, séver, du mot sévara, une pensée, une attention. Entrez en contact avec lui en lui montrant un visage attentionné et en pensant vraiment à lui. [on a tendance à être pris par nos pensées/soucis, et sourire machinalement, mais ce qui vient du coeur va au coeur, ainsi on doit se connecter à l'autre, lui témoignant notre sincère appréciation. ]
Et enfin, yafot, beau/belle. Veillez à vous rendre beau/belle en arborant un large sourire joyeux.c"

-> Le Meiri ajoute un quatrième point, à savoir que la michna exige que nous agissions de la sorte avec kol haadam, avec tout le monde. Non seulement nous devons être amicaux et joyeux avec nos bons amis et notre famille, mais aussi avec tout le monde
Même une personne que nous n'aimons pas particulièrement n'est pas exclue et mérite d'être accueillie avec un sourire.

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+ Etre le premier à dire bonjour :

-> La michna (Pirké Avot 4,1) dit : "Il faut être le premier à dire shalom à tout le monde".
La guémara (Béra'hot 17a) rapporte que l'Amora, Abbayé, avait l'habitude de dire : "Il faut augmenter le shalom avec ses frères, ses proches et avec tout le monde, même avec un non-juif au marché, afin d'être aimé par Hachem, chéri par les gens et accepté par tout le monde".
[ ceci est basé sur la michna (Pirké Avot 3,10) qui enseigne que quiconque est apprécié par les gens est également apprécié par Hachem (Maharcha). ]

=> Cette guémara soulève plusieurs difficultés. Pourquoi est-ce que c'est spécifiquement Abbayé qui avait l'habitude de dire cette idée? Pourquoi a-t-il dit "ses frères, ses proches et tout le monde" alors qu'il aurait pu être beaucoup plus concis et dire simplement qu'il faut dire shalom à tout le monde? Qu'est-ce que l'ajout "afin qu'il soit aimé par Hachem et chéri par les gens", cela est certainement vrai pour de nombreuses mitsvot?
Ce qui est encore plus déconcertant, c'est qu'il s'agit là de la raison pour laquelle il faut augmenter le shalom, afin d'être aimé d'Hachem et des gens.
Cependant, le Rambam (Hilkhot Déot 5,7) cite cela comme une exigence halakhique pour un talmid 'hakham, à savoir qu'il doit saluer les gens avec shalom "afin qu'ils soient satisfaits de lui".
Puisque nous savons que le Rambam n'apporte qu'une halakha stricte, et non des idéaux de moussar inspirants, cela suggère qu'une partie intrinsèque de l'accueil des gens est qu'ils l'apprécient. Quelle est l'idée sous-jacente?

-> Le 'Hidouché haGuéonim (sur Ein Yaakov - Béra'hot 17a) explique comme suit :
Abbayé était un descendant d'Eli haCohen, dont la famille avait été maudite pour mourir jeune. Cependant, Abbayé a mérité de vivre beaucoup plus longtemps que ses contemporains parce qu'il a appris la Torah et s'est impliqué dans le 'hessed. La vie d'Abbayé a été consacrée au 'hessed, et il a enseigné à plusieurs reprises cette phrase qui incarne l'essence du 'hessed.

Le 'Hidouché haGuéonim poursuit en expliquant que la base du 'hessed est de "s'assurer que son ami ne reçoive de lui que du bonheur".
Le 'hessed signifie faire tout ce que je peux pour le bien de l'autre personne, afin qu'elle sente que je l'aime, que je l'apprécie et que je veux faire tout ce que je peux pour elle.

Le meilleur moyen d'y parvenir est de sourire sincèrement à quelqu'un.
Le Rambam apprend que la guémara nous enseigne l'essence de base de ce qu'est le 'hessed, et la manière dont nous devons nous y prendre. Nous devons saluer une personne de manière à ce qu'elle nous respecte et nous apprécie parce qu'elle voit et ressent l'amour et l'intérêt sincères exprimés dans notre salutation.

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+ C'est en pratiquant qu'on se perfectionne :

-> Il est souvent difficile de saluer tout le monde avec un sourire sincère et chaleureux. [surtout au début car c'est pas une attitude naturelle d'être un donneur, au contraire on préfère recevoir des marques d'honneur, d'appréciation (avant d'éventuellement répondre en retour). ]
La Barténoura écrit que celui qui y parvient est la personne forte à laquelle la michna (Pirké Avot 4,1) fait référence : "Qui est fort? Celui qui maîtrise son yétzer".
C'est un signe de grande force de caractère que d'agir toujours de manière amicale et de sourire, quels que soient nos sentiments et notre opinion sur l'autre personne.
Celui qui peut faire cela a déjà atteint un niveau de vraie grandeur dans le bén adam la'havéro.

=> Comment peut-on atteindre ce niveau élevé ?

La réponse se trouve dans la déclaration d'Abbayé : "Il faut accroître le shalom pour ses frères, ses proches et tout le monde, même avec un non-juif au marché".
Commencer par nous ordonner de sourire à tout le monde est trop difficile. Il faut plutôt commencer par quelque chose de facile. Abbayé nous conseille de commencez par saluer nos frères. Une fois que l'on a maîtrisé cela, on peut passer à des proches plus éloignés. Une fois cette étape franchie, nous sommes prêts à saluer tout le monde au marché.
[on a une tendance inverse à prendre pour acquis nos proches, comme notre femme et nos enfants, mais en réalité on doit exceller dans notre façon de les fréquenter avec joie, avec chaleur, avec agréabilité, car alors on pourra davantage le faire pour les autres.
Hachem attend de nous qu'on ait une base solide (la priorité doit être le shalom avec ses frères (femme, enfants, parents, frères/soeurs), puis les moins proches, puis tous les juifs, puis les non-juifs, et ce bon ordre des choses nous permet d'être pleinement un générateur de joie, quelqu'un qui rayonne le shalom. ]

Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) ajoute qu'Abbayé dit de saluer tout le monde, même un non-juif sur le marché. Le marché est un endroit très fréquenté, où les gens vont et viennent à toute allure, occupés à leurs propres achats.
La déclaration d'Abayei enseigne que nous pouvons devenir un tel expert en matière de salutations que même au marché, où vous êtes occupé à vos propres affaires/achats, vous serez capable de saluer les centaines de personnes présentes avec la même expression joyeuse et amicale.

-> "Sois le premier à saluer tout homme" (Pirké Avot 4,15).
Selon la guémara (Béra’hot 17a), personne n’a devancé le salut de Rabbi Yochanan ben Zakaï, même un non juif (vendeur) au marché.

-> C'est un art de sourire sincèrement à quelqu'un.
On raconte que le rav Eliyahou Dessler a passé une année entière à s'entraîner à sourire devant un miroir afin de perfectionner cette technique.

Le rav Avraham Grodzinski était réputé pour le sourire joyeux qui ne quittait jamais son visage, même pendant les cauchemars les plus sombres du ghetto de Varsovie.
Le rav Shlomo Wolbe (Alei Shur - vol.2) écrit que le rav Grodzinski a acquis cette qualité après avoir passé deux ans à maîtriser l'art de saluer joyeusement les gens. C'est en pratiquant que l'on devient parfait. Avec le temps, nous deviendrons quelqu'un qui sourit naturellement.

-> Un autre niveau de salutation est mentionné dans une autre mishna : "Saluez chaque personne avec joie" (Pirké Avot 3,12).
Dans son commentaire, le Rambam écrit qu'il s'agit d'un niveau encore plus élevé que l'exigence précédente de saluer les autres avec une disposition agréable.

=> Accueillir autrui avec une disposition agréable et un sourire amical est la base absolue exigée par la Torah. On doit tendre vers le fait de saluer les autres avec joie. Cela est possible pour une personne qui voit le bien chez tous ceux qu'elle rencontre (ex: il y a une partie d'Hachem en Lui qui reste toujours pure, c'est un enfant adoré d'Hachem (en l'honorant j'honore D.), nous partageons la même racine d'âme et si il va bien alors j'irai encore mieux!), qui les respecte sincèrement et qui est heureuse de les voir et de leur parler.
Ce sentiment qu'il éprouve pour les gens s'exprimera dans sa façon de saluer avec enthousiasme tous ceux qu'il rencontre, avec un sourire qui témoigne d'une attention et d'un plaisir authentiques, comme si le fait d'avoir rencontré cette personne avait fait de sa journée une réussite.
[l'idée est importante : on doit faire sentir autrui que c'est tellement un honneur que d'avoir pu le voir, le saluer, qu'en réalité c'est nous qui lui sommes redevable d'avoir pu lui sourire, lui parler, ...
Nos maîtres du moussar était content de voir un nouveau juif, car ils se disaient : encore un nouveau juif (un ben chél Mélé'h) à pouvoir honorer! ]

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-> "Que Hachem éclaire Sa face pour toi" (Nasso 6,25)

-> Le rav Avigdor Miller commente : Etant donné que D. agit mesure pour mesure (guémara Sota 8b), D. éclaire Sa face pour ceux qui éclairent, illuminent leur face, visage, à leur prochain.

-> Le rav Yé'hezkel Sarna dit : Si on apprécie le fait que l’homme est créé à l’image de D., on considérait comme un privilège de pouvoir saluer ses semblables.

-> b'h, également à ce sujet : https://todahm.com/2016/06/30/4630-2

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+ Les compliments :

-> Si un sourire a la capacité de revigorer et de donner du pouvoir à celui qui le reçoit, un compliment n'en a que plus d'effet. Les gens ont soif d'être remarqués, appréciés et validés. Un compliment bien pensé montre que vous avez remarqué ce que la personne a fait, que vous y avez pensé et que vous l'appréciez.

Un compliment peut remonter le moral d'une personne déprimée, rendre un travailleur enthousiaste à l'idée de faire son travail, unir un groupe pour qu'il donne tout ce qu'il a l'un pour l'autre et inspirer l'amour et le dévouement entre conjoints.
Un compliment est si puissant que vous insufflez une nouvelle vie à l'autre personne, la transformant d'une personne nulle en quelqu'un d'autre important.

La femme de l'Alter de Kelm jonglait à elle seule avec un nombre énorme de responsabilités pour permettre à son saint mari de consacrer tout son temps et son énergie aux étudiants de la yéchiva.
En plus de s'occuper de la maison et de la famille, elle était fortement impliquée dans l'administration de la yéchiva et dans le bien-être des étudiants.
L'un des talmidim a déclaré qu'il se demandait souvent comment elle avait la force et l'énergie de s'occuper de tant de responsabilités. Jusqu'à ce qu'il rejoigne un jour l'Alter de Kelm pour un repas et entende, depuis leur entrée dans la maison jusqu'à leur départ, comment le Alter de Kelm couvrait sa femme de remerciements et de compliments sincères pour tout ce qu'elle faisait.
Il lui apportait un tel soutien émotionnel qu'elle avait la force de consacrer toute son énergie et ses capacités au rêve de son mari de construire la yéchiva de Kelm.

-> Le Zohar (Tazria 46b) écrit que de la même manière qu'Hachem punit quelqu'un qui parle de manière désobligeante d'une autre personne (lachon ara), il y a aussi une punition pour quelqu'un qui a quelque chose de gentil à dire à autrui mais qui se retient et ne le dit pas.
Nous apprenons ici que complimenter quelqu'un n'est pas simplement une chose agréable à faire, mais une obligation.
[on parle beaucoup et on s'inquiète de dire du lachon ara, qui selon la guémara (Ara'hin 15b) est équivalent aux 3 fautes cardinales réunies : l’idolâtrie, l'immoralité et le meurtre. Mais est-ce qu'on a la même inquiétude sur le fait de ne pas assez dire de belles et agréables paroles à notre prochain?
Or, nous sommes une génération "faible" où chaque juif a besoin comme jamais de paroles positives qui réchauffent le coeur et remontent le moral. Combien cela est vital, et combien il sera dur de répondre à Hachem lorsqu'on devra rendre des comptes sur la non utilisation en bien de notre langue! ]

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+ Les encouragements :

-> Encourager les gens est un autre trait de caractère de celui qui donne.
Il montre que vous avez remarqué la personne, que vous avez compris ses difficultés et que vous voulez l'aider à les surmonter.
Les mots d'encouragement assurent aux autres qu'ils peuvent réussir, leur donnent une lueur d'espoir dans une situation difficile et leur rappellent leurs capacités et leur désir de bien faire.
De même qu'un coureur de marathon trouve un regain d'énergie lorsque la foule l'encourage, de même, une parole amicale d'encouragement insuffle de la vie et de l'énergie aux gens et leur permet de se relever et de continuer à avancer dans les circonstances les plus difficiles.
[rav Avraham Tabor]

-> Selon le Shomer Emunim (Tsahali véRoni - ch. 9) :
"c'est une mitsva d'une hauteur et d'une grandeur incommensurables que de réconforter quelqu'un qui souffre.
Il n'y a pas de mitsva plus grande ou mieux récompensée que d'encourager et de renforcer quelqu'un qui souffre d'une difficulté quelconque.
Si nécessaire, il vaut même la peine d'interrompre son propre étude [de Torah] et sa propre prière pour le faire, en particulier pour le renforcer dans sa avodat Hachem."

-> Toutefois, il convient de souligner un conseil. Les experts enseignent que pour qu'un encouragement soit efficace, il doit s'agir de quelque chose que la personne croit pouvoir devenir réalité.
Dire à une personne très malade de ne pas s'inquiéter parce qu'elle sera complètement guérie demain n'est pas de nature à l'inspirer.

L'encouragement est efficace lorsqu'il oriente la personne vers de petites réussites qui sont réalistement à sa portée. Le fait de goûter au succès et de se rendre compte que de telles réalisations sont effectivement à sa portée lui donnera l'élan, la dynamique nécessaire pour se rapprocher de l'objectif final.
[rav Avraham Tabor]

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+ Les remerciements :

-> La gratitude est essentielle dans tous les domaines du judaïsme.
Le 'Hovot haLévavot enseigne que toute notre avodat Hachem est fondée sur la gratitude envers Hachem pour tout ce qu'Il fait pour nous. En effet, les juifs sont connus sous le nom de Yéhoudim, qui provient de la racine hodaa, remerciement. Si quelqu'un ne remercie pas les personnes qui l'ont aidé, il ne peut pas non plus remercier Hachem.
[l'essence qui nous définie comme juif est le fait de savoir témigner de la gratitude, de la reconnaissance à autrui, à Hachem, à soi-même. ]

[ il faut s'entraîner à remarquer le bien qu'on lui a fait, à l'apprécier et à exprimer sa gratitude. Cela s'applique à tout ce qui est fait pour vous, y compris les choses les plus insignifiantes, comme quelqu'un qui vous ouvre la porte, et ce que la personne était obligée de faire pour vous, comme le pharmacien ou le chauffeur de bus qui vous sert. ]

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-> Le 'hessed accompli régulièrement est souvent considéré comme allant de soi.
En réalité, les personnes qui aident souventles autres méritent encore plus de gratitude, car elles s'engagent totalement à accomplir leurs actes de 'hessed au quotidien. Il s'agit notamment des épouses et des mères dévouées qui cuisinent, font le ménage et les courses pour leur mari et leur famille, ainsi que des enseignants qui s'occupent de l'éducation de leurs élèves. [en s'en dédouane un peu trop facilement en disant que c'est normal, que c'est leur métier, ... plutôt que d'apprécier et les remercier]

-> Nos Sages disent (guémara Béra'hot 58a) = "Un bon invité, que dit-il?
Combien d'efforts le maître de maison a investi pour moi, quelle quantité de viande, de vin et de pâtisseries m'a-t-il proposé?
Et toute cette peine qu'il s'est donné, elle n'était qu'en mon honneur.

Mais un invité ingrat, que dit-il?
Quel effort a fait mon hôte pour me faire plaisir?
Je n'ai mangé qu'une seule tranche de pain, n'ai bu qu'un seul verre.
Tous les efforts qu'il a fait n'étaient destinés qu'à sa femme et ses enfants."

Ainsi, il y a 2 visions du monde :
-> celle du reconnaissant :
= prise de conscience du bien que l'on m'a fait.
=> Il en découle automatique le sentiment d'être redevable, de ressentir de l'obligation et de l'estime pour son bienfaiteur.

-> celle de l'ingrat :
= reniement et absence de reconnaissance du bien que l'on m'a fait.
=> affranchissement de tout sentiment d'être redevable.
==> L'ingratitude est l'arme permettant de libérer son orgueil du sentiment lié au fait de recevoir un bienfait.

Entre ces 2 attitudes diamétralement opposées, il y a, bien entendu, des niveaux moyens, dans lesquels, généralement, la majorité des personnes se situe.
[un juif doit passer sa vie pour ne rien prendre pour acquis, et tendre vers l'excellence d'être pleinement reconnaissant, même des choses qui semblent petites, normales, récurrentes, ...
Par exemple, le rav 'Haïm Sitruk, chaque jour saluer chaleureusement et remercier l'homme de sécurité en bas de son bureau. (à plus forte raison pour notre femme, ...) ]

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-> Le rav Yérou'ham Lévovitz dit :
"Ce serait une bien meilleure forme de don si, tout en apportant son aide, le donateur demandait au bénéficiaire de faire quelque chose pour lui ou de lui donner quelque chose de petit en retour. [même s'il n'en a pas vraiment besoin]
De cette façon, le bénéficiaire a le sentiment d'avoir rendu l'aide dans une certaine mesure, et il ne repart pas avec une lourde dette de gratitude."
[on agit alors à l'image d'Hachem qui nous donne tellement à chaque instant, et nous demande un peu pour nous enlever tout "pain de la honte" lié au fait d'être tellement aidé.]

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+ Mettre les gens à l'aise :

-> Nous sommes censés et tenus de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas mettre les autres mal à l'aise. Nous avons déjà évoqué le fait d'éviter les mots désobligeants ou douloureux et de veiller à ne rien faire qui puisse embarrasser quelqu'un.
Le Or'hot Tsadikim (chaar haBoucha) dit que si nous apprenons avec quelqu'un et qu'il fait une erreur, nous ne devons pas lui dire "Tu as fait une erreur!" ou "Tu ne comprends pas!". Cela le mettrait dans l'embarras et le ferait se sentir stupide.
Nous devrions plutôt dire quelque chose comme : "Je ne comprends pas ce que vous voulez dire", acceptant ainsi de porter le blâme sur nous-même.

-> Le rav Aryeh Rottman définit le déré'h érets comme la sensibilité aux sentiments d'autrui.
Il n'existe pas de définition plus détaillée, car chacun est sensible à des choses différentes et nous devons traiter chaque personne en fonction de ses sentiments et de ses besoins individuels.
Nous trouvons dans les nos Sages que le déré'h érets exige que l'on ne fasse rien qui puisse dégoûter ou gêner une autre personne.
La guémara ('Haguiga 5tra) nous enseigne qu'une personne est tenue responsable d'avoir fait quelque chose qui dégoûte une autre personne, même si elle n'en avait pas l'intention, par exemple si elle a craché des glaires et que quelqu'un qui se trouvait à proximité en a été dégoûté.
[ex: de même, on fera attention de laisser un endroit propre par respect pour ceux qui viennent après, ...]

Le Choulkhan Arou'h (Ora'h 'Haïm 241) écrit que même en privé, on ne doit pas agir de manière basse et méprisable.
La michna Beroura explique : "Hachem veut qu'une personne se comporte avec propreté et sainteté.
Mais cette personne agit de manière méprisante et dégradante, ce qui empêche Hachem de faire reposer Sa Ché'hina sur elle."
[d'une certaine façon si quelqu'un est seul et qu'il ne s'habille pas avec pudeur, qu'il mange d'une manière animale, ou bien qu'il met son doigt dans le nez, ... en réalité, il doit s'imaginer que Hachem est là en face de lui ... Et oui, un juif(ve) n'est jamais seul, son papa est toujours là avec lui/elle!! ]

Le peuple juif a pu quitter l'Egypte grâce au mérite qu'il a acquis en concluant un pacte entre eux pour pratiquer le 'hessed les uns envers les autres.
[midrach Tana déBé Eliyahou rabba chap.23]

[sachant que la guéoula finale ressemblera à celle d'Egypte, il en découle l'importance à accorder à faire du 'hessed à autrui. ]

Penser aux autres

+++ Penser aux autres :

+ Prier pour autrui :

-> Rachi (guémara Shabbath 127b) écrit que prier pour les autres est une forme de guémilout 'hassadim (un acte de bonté).
Nous devrions toujours prier pour aider les autres si nous savons qu'ils ont besoin d'un certain type de salut, que ce soit en matière de santé, de parnassa, de shalom bayit, de réussite avec leurs enfants, ...

-> En effet, le Arizal (cité par Maguen Avraham 46) écrit qu'avant de prier, il faut avoir à l'esprit d'aimer chacun des membres du peuple juif et d'accomplir la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, qui est la source du 'hessed dans la Torah.

Le Arizal écrit qu'agir ainsi est un mérite qui va faire qu'Hachem acceptera notre prière.

-> Rabbi Moché Cordovéro (Tomer Dévorah - chap.3) ajoute qu'il faut prier pour les autres "comme s'il s'agissait de ses propres enfants".
Le roi David est un exemple d'un tel dévouement. Il dit : "Quant à moi, lorsqu'ils étaient malades, mon vêtement était un sac et je m'affligeais en jeûnant" (Téhilim 35,13).

-> La guémara (Shabbath 67a) nous dit qu'une personne frappée de tsaraat devait crier "Tamé, tamé" (je suis spirituellement impur" chaque fois que quelqu'un s'approchait d'elle.
La raison en est que lorsque les gens entendaient parler de sa détresse, ils ne manquaient pas de prier pour que sa tsaraat (sorte de lèpre) disparaisse.

Sur la base de cette idée, la guémara rapporte la coutume qui est née que si quelqu'un avait un arbre malade, il le peignait, sachant que toute personne voyant un tel arbre prierait certainement pour qu'il retrouve la santé afin que son propriétaire ne subisse pas de perte financière.
[par exemple, à l'époque du Temple lorsque tous les juifs montaient à Jérusalem, et sur le chemin lorsqu'il voyait un arbre marqué d'une couleur, ils priaient tous pour son rétablissement, pour le bien de son propriétaire. (à plus forte raison, on doit le faire pour un prochain juif)]

-> Le rav Avraham Tabor enseigne :
Chaque fois que nous voyons quelqu'un de malade ou en détresse, la réaction naturelle d'un juif devrait être d'offrir une courte prière ou de dire un verset de Téhilim.
Cela est particulièrement vrai si vous voyez un avis dans la synagogue demandant de prier pour quelqu'un que vous ne connaissez pas, ou si vous voyez une ambulance passer à toute allure, sirène hurlante et gyrophares allumés. Dans de telles circonstances, puisque la personne ne saura jamais que vous avez prié pour elle, il s'agit d'un 'hessed du plus haut niveau, car il est fait purement pour le 'hessed, sans arrière-pensée de recevoir quoi que ce soit en retour, pas même un remerciement.
Il s'agit d'un 'hessed lichma à l'état pur, qui a beaucoup plus de chances d'être exaucé par Hachem.
[de plus, en prenant quelques secondes pour imaginer et ressentir la douleur d'une personne et de ses proches (ex: quelqu'un de malade), on peut en arriver à rajouter de la force, du coeur, à notre prière. ]

Il est important d'ajouter que lorsque nous voyons quelqu'un souffrir et que nous prions pour lui, nous devrions également exprimer notre gratitude à Hachem pour ne pas souffrir de la même manière.
Nous oublions souvent les bénédictions et le bonheur infinis dont nous bénéficions et nous les considérons comme acquis.
La conscience de la myriade de bénédictions dont nous bénéficions, devrait nous amener à éprouver une extrême gratitude envers Hachem. Cela doit s'accompagner d'un engagement à utiliser correctement toutes nos bénédictions dans le but de servir Hachem de notre mieux.
[cette gratitude et cette engagement à s'améliorer (même très légèrement), constituent de sublimes mérites pour venir en aide à ceux qui nous ont provoqué de tels sentiments par leur situation difficile.]

Il y a un avantage secondaire à prier pour les autres, même si ce n'est pas la raison pour laquelle nous le faisons. La guémara (Baba Kama 92a) nous dit : "Si quelqu'un prie pour la miséricorde de quelqu'un d'autre et qu'il a lui-même besoin de la même chose, il sera exaucé en premier".
Le rav Pinkous (Chéarim beTéfila - p.90) ajoute que les Tossafot (Roch Hachana 16a) expliquent que la prière de quelqu'un qui prie régulièrement pour les autres a le statut de téfila bétsibour, la prière dite en communauté, par opposition à une prière individuelle, et nos Sages nous disent que la téfila bétsibour (en minyan) est indescriptiblement plus puissante que la prière d'un individu, et qu'elle n'est jamais rejetée par Hachem.

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-> Dans le même ordre d'idées, le rav Avigdor Miller avait l'habitude d'exhorter ses étudiants à "se creuser la tête" pour essayer d'aider les autres.
Si vous savez que quelqu'un a des difficultés, c'est merveilleux de prier pour lui, mais vous devez aussi essayer de trouver des moyens pratiques de l'aider.

-> Nos Sages mettent en avant qu'après notre mort on prendra conscience de l'impact incroyable que nos mots de prière on pu avoir : combien de personnes nous avons pu guérir, combien de parnassa nous avons amené, combien de mariage nous avons permis, ... et nous aurons des récompenses éternelles pour cela. [libre arbitre oblige, on ne voit pas concrètement l'impact de nos prières, mais tous les juifs étant liés, on profite du flux des prières des autres.]
A l'inverse, combien nous souffrirons éternellement en se disant que si j'avais plus pensé aux autres en priant pour eux, combien j'aurais pu leur être utile, combien j'aurais pu m'amener par ricochet des mérites et des bénédictions (celui qui bénit est béni), ...

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+ Donner des bénédictions :

-> La guémara (Sotah 38b) cite le verset (Michlé 22,9) : "Celui qui a une disposition généreuse doit être béni [yévora'h]" et dit qu'il peut également être lu : "La personne qui a une disposition généreuse doit bénir les autres [yévaré'h]".

Le contexte auquel se réfère la Guemara est qu'un invité devrait diriger le Birkat haMazon afin qu'il puisse dire la bénédiction pour le bien-être de l'hôte.
Cependant, le Pélé Yoets (Béra'hot) apprend d'ici que chacun devrait toujours chercher à accorder des bénédictions aux autres. Peut-être la bénédiction sera-t-elle prononcée à un moment favorable dans le Ciel, et Hachem la fera alors fructifier.
La Michna Béroura (347:7) ajoute que c'est du déré'h érets de souhaiter à quelqu'un de réussir dans quelque chose qu'il entreprend.

-> Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir de ses bénédictions et penser que seuls les grands tsadikim peuvent donner des bénédictions, comme l'affirme la guémara (Méguilla 15a) : "Une bénédiction donnée par une personne ordinaire ne doit jamais être sans importance à vos yeux".
La guémara donne des exemples où les bénédictions de personnes simples ont été exaucées.
[tout juif est un enfant adoré d'Hachem, et toute prière venant du coeur a forcément un impact. Ainsi, on ne doit pas faire preuve de fausse humilité en ne priant pas pour autrui, mais au contraire on doit implorer notre papa Hachem d'aider notre frère juif. ]

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-> Le Pélé Yoets écrit qu'une bénédiction donnée de tout cœur et pleine de conviction est beaucoup plus puissante et a plus de chances d'être accomplie qu'une bénédiction dépourvue d'intention.
C'est pourquoi il exhorte les gens à faire tout leur possible pour que leurs parents les bénissent, car ils béniront certainement leurs enfants de tout leur cœur et de toute leur âme. [le Maharcha (Sota 38b) écrit une idée similaire. ]
Le Sforno (Vayétsé 32,1) écrit que cela est vrai même pour un père racha comme Lavan, le père de Ra'hel et Léa.

Le rav Avigdor Miller enseigne qu'à Slabodka, on suggérait qu'après avoir donné une bénédiction à quelqu'un, il fallait la répéter à voix basse pour soi-même. La première fois, on a probablement manqué de sincérité parce qu'on y a mêlé de la gentillesse sociale (du paraître extérieur). Le fait de répéter la bénédiction permet de s'assurer qu'elle est prononcée avec l'intention intérieure la plus complète et la plus pure.
[de même, dans la routine quotidienne on va dire : "bonjour/bonne journée!", mais est-ce qu'on le fait par habitude ou bien est-ce qu'on pense profondément le bénir d'une bonne journée?]

Le rav Miller dit aussi qu'on ne doit pas être radin en bénissant autrui. Cela ne coûte rien (à part quelques secondes), alors autant lui souhaitant le meilleur du meilleur!
Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6), citant le Zohar, écrit qu'il faut être généreux lorsqu'on donne des bénédictions. [on témoigne de notre générosité de cœur, de notre amour d'autrui, et du fait que Hachem peut tout sans limitation! ]

-> Le rav Its'hak Sher se promenait avec un groupe d'élèves et ils passèrent devant la maison d'un membre du personnel de la yéchiva. Le rav Sher commença à lui accorder d'énormes bénédictions, expliquant à ses étudiants perplexes qu'il n'y a aucune raison pour que le destinataire doive entendre la bénédiction.
De même, lorsque le rav Avigdor Miller (un des géants de sa génération) passait devant une maison avec une mézouza, il couvrait les occupants de chaleureuses bénédictions.
Il disait : "Tous les habitants de cette maison devraient être en bonne santé pour de nombreuses années heureuses, ils devraient avoir des moyens de subsistance confortables, du plaisir et de la satisfaction avec leurs enfants, les meilleurs chidou'him pour leurs enfants, uniquement des joies et des occasions heureuses dans leurs maisons, et rien d'autre que de la joie".

-> Outre le fait que l'on s'entraîne à prendre soin des autres et à les aimer en leur donnant des bénédictions, il y a un énorme avantage secondaire pour soi-même.
La guémara (Yérouchalmi Béra'hot 8,8) raconte qu'un non-juif dit un jour "shalom" à Rabbi Yichmael. Celui-ci répondit : "Votre réponse a déjà été donnée", ce qui signifie que vous n'avez pas besoin que je vous bénisse en retour, car le verset (Lé'h Lé'ha 12,3) écrit qu'Hachem a dit à Avraham : "Je bénirai ceux qui vous béniront".
Quiconque accorde une bénédiction à un descendant d'Avraham (un juif) est assuré par Hachem lui-même de recevoir beaucoup de bénédictions en retour.
[l'idée est incroyable : en bénissant autrui, je suis bénis par Hachem Lui-même! Alors, profitons-en, bénissons autant que possible autrui! ]

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+ Les chaussures sacrées :

-> " 'Hanokh marchait avec Hachem" (Béréchit 5,22).
Nos Sages expliquent que 'Hanokh était un cordonnier et qu'à chaque couture, il faisait des yi'houdim à Hachem. Les yi'houdim sont généralement compris comme une notion kabbalistique obtenue par des pensées élevées. Cependant, le rav Israël Salanter explique que cela ne peut signifier que son esprit se trouvait dans des sphères supérieures, car il est interdit à un travailleur rémunéré de s'impliquer dans quoi que ce soit d'autre que le travail pour lequel il est payé.
Nos Sages veulent plutôt dire que 'Hanokh avait à l'esprit que chaque point devait être solide et bien fait afin de produire un produit de qualité dont le client pourrait profiter. Ainsi, même en exerçant sa profession banale, 'Hanokh a fait des yi'houdim, c'est-à-dire qu'il a imité les nobles caractéristiques d'Hachem, qui consistent à faire profiter les autres et à leur apporter du plaisir.

Ce concept peut être appliqué à un nombre infini de scénarios.
Un traiteur doit avoir à l'esprit de rendre sa nourriture délicieuse afin que les invités apprécient le repas.
Une couturière doit faire en sorte que la robe soit la plus belle possible pour que la personne qui la porte se sente bien dans sa peau. Un mécanicien doit avoir à l'esprit la satisfaction du conducteur qui roule en douceur/sécurité sur la route.

Nous voyons que même lorsqu'une personne est impliquée dans sa profession, qu'elle fait pour gagner sa vie, elle peut y insuffler les niveaux les plus élevés de sainteté. En ayant simplement à l'esprit le bénéfice de son client (amour d'autrui), il peut transformer son travail en une grande émulation d'Hachem et une forme élevée de avodat Hachem.
[rav Avraham Tabor]

"La émouna élimine tous les mauvais midot et incite les bonnes midot à se mettre au travail.
La croyance tangible en Hachem nous amène à la perfection dans tous les midot. À tel point que le test décisif de la véritable émouna est de savoir si l'on s'est débarrassé de ses mauvaises midot et si on les a remplacées par de bonnes."
[rav Shlomo Wolbe - Alé Shour - vol. 2 - chap.16 - p.309]

Un moyen de développer l'amour et l'affection pour ses enfants ou ses élèves est de prier constamment pour leur réussite.
Ce faisant, la personne s'imprègne d'un amour si profond pour eux que même s'ils se comportent mal par la suite, elle sera capable de continuer à leur témoigner de l'attention et de l'affection.
[rav Shlomo Wolbe - Alé Shour - vol. 2 - p.222]