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"Rabbi Avin enseigne que lorsqu'un pauvre se présente à votre porte, Hachem lui-même se tient à sa droite ... Si vous lui donnez de l'argent, sachez que Celui qui se tient à sa droite vous récompensera bien. Mais si vous ne lui donnez pas, Celui qui se tient à sa droite vous punira"
[midrach Vayikra rabba 34,9]

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-> Le Zohar écrit que si Hachem aime une personne, il lui envoie en cadeau un pauvre qui demande de l'argent.
[cité par le Yessod véChorech haAvoda - chaar 10 , chap.4]

-> "Plus que le riche ne fait pour le pauvre, le pauvre fait pour le riche".
[midrach Ruth rabba 5,9]

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.29) écrit :
"Lorsque quelqu'un vous approche et vous offre une opportunité de 'hessed, pour lui, c'est une petite chose de gagner une petite somme d'argent. Mais pour vous, la personne qui peut faire le 'hessed, il offre une opportunité massive d'une mitsva, qui a une récompense infinie.
Vous devriez être rempli d'une énorme joie, l'accueillir avec un visage radieux, et saisir la mitsva aussi vite que possible".

-> Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.17) dit que lorsque l'on voit quelqu'un d'autre dans une situation difficile, on devrait automatiquement être extrêmement reconnaissant à Hachem de nous avoir sauvé de la même situation.
La collecte de l'homme pauvre et désespéré est un rappel opportun pour nous d'apprécier la multitude et l'ampleur des bontés d'Hachem à notre égard.

-> Si le pauvre est quelqu'un qui est revenu plusieurs fois pour demander de l'aide, le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hesed - part.2 - chap.22) conseille d'annuler les sentiments négatifs de ressentiment qui surgissent naturellement en se rappelant que nous faisons la même chose à Hachem.
D'innombrables fois, nous demandons de l'aide à Hachem dans les mêmes domaines et Il continue à nous gratifier de Ses bénédictions. Nous devrions aspirer à faire la même chose pour Ses enfants.

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-> Rabbénou Yona (Iguéret HaTéchouva 16) donne des indications sur la manière de saluer quelqu'un qui vient nous demander de l'argent (pour lui ou d'autres personnes dans le besoin) :
"Vous devez parler au cœur du pauvre de manière à lui remonter le moral et à le consoler de sa situation et de son découragement. Comme nous l'enseignent nos Sages, une personne qui donne un prouta à un pauvre reçoit 6 bénédictions, mais si elle le réconforte par des paroles, elle reçoit 11 bénédictions.
Comme l'écrit le verset : "Tu donneras ton âme à celui qui a faim" (Yéchayahou 58,10), ce qui fait référence au fait de le rassurer par des paroles et de lui montrer votre bonne volonté et votre désir de l'aider.
Réalisez que la récompense de cette action dépasse de loin celle des actions de tsédaka et que les bénédictions sont plus nombreuses et importantes."

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-> "Si vous offrez à votre ami tous les meilleurs cadeaux du monde, mais que vous le faites avec une expression aigre sur votre visage, la Torah considère que vous ne lui avez rien donné.
Mais si vous accueillez votre ami avec une attitude joyeuse, même si vous ne lui avez rien donné, la Torah considère que vous lui avez donné tous les meilleurs cadeaux du monde."
[Avot déRabbi Nathan 13,4]

-> "Tu lui donneras et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donneras" (Réé 15,10).

Le 'Hafets 'Haïm (Ahavat 'Hessed - part.2 - chap.17) explique qu'il arrive souvent qu'une personne ne veuille pas donner de l'argent, mais qu'elle le fasse quand même pour une raison ou une autre. Dans de telles circonstances, elle donne l'argent à contrecœur, le cœur lourd.
Ce n'est qu'après avoir donné l'argent qu'elle se console en se disant qu'au moins elle a fait une mitsva et que ce qu'elle a fait n'était pas du gaspillage.
La Torah met en garde contre cela : "Et ton cœur ne doit pas se sentir mal lorsque tu lui donnes". C'est au moment où l'on donne l'argent que l'on doit se réjouir d'avoir le mérite et le privilège d'accomplir la mitsva de 'hesed, et non pas seulement après l'avoir donné.

Le 'Hafets 'Haïm ajoute que nos Sages (Pirké Avot 3,4) nous enseignent : "Donnez-lui [à Hachem] de ce qui lui appartient, car vous et ce qui vous appartient est à Lui".
L'argent que nous possédons nous est prêté par Hachem afin que nous l'utilisions dans le but de donner de la tsédaka à Ses enfants dans le besoin. Ce n'est pas notre propre argent que nous donnons. La seule chose qui nous appartient est le choix de donner la tsédaka comme Hachem le désire.
Par conséquent, lorsque nous donnons de l'argent, nous devons déjà ressentir la joie de la mitsva, et celui qui le fait mérite l'accomplissement de la fin de ce verset : "car en faisant cela, Hachem, ton D., bénira toutes tes actions".
Quelqu'un qui donne de l'argent aux pauvres et se console ensuite en se disant qu'au moins il a fait une mitsva recevra quand même une récompense, mais le 'Hafets 'Haïm écrit qu'il minimise considérablement sa mitsva.

Le principal pouvoir du yétser ara est de faire oublier à une personne [juive] combien elle est grande, d'oublier qu'elle est un ben Mélé'h (un enfant adoré du Roi des rois - Hachem).
C'est ce qui fait qu'une personne tombe et fait des choses qu'un ben Mélé'h ne ferait jamais.

Lorsque Yossef haTsadik a été confronté à la plus grande épreuve de sa vie, il a dit à la femme de Potifar : "J'ai un lien avec de grandes personnes, les Patriarches. Comment pourrais-je avoir quelque chose à faire avec vous?"
C'est ainsi qu'il a passé cette épreuve, et c'est ainsi que nous devons agir [particulièrement] en Elloul, pour nous élever et rester proches de la vérité : "Ani lédodi védodi li" (Je suis pour mon Bien-aimé, et mon Bien-aimé est pour moi - Chir haChirim 6,3).
Nous sommes très proches d'Hachem. Lorsqu'une personne [juive] se souvient qu'elle est un ben Mélé'h et qu'elle le ressent vraiment, elle agit instinctivement comme une personne différente.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

Réflexions sur la jalousie

+ Réflexions sur la jalousie (par le rav Wachtfogel) :

-> Le Roch (Or'hot 'Haïm - Chap. 113) écrit : "La jalousie (Kina) est une maladie horrible qui n'a pas de remède."
C'est un fait ; nous pouvons voir que c'est vrai. La jalousie n'est pas seulement une maladie, c'est un poison. C'est la racine du mal.
Kayin a tué Hével à cause de la jalousie. Adam haRichon a mangé de l'Arbre de la Connaissance (éts hadaat) à cause de la jalousie.
Tous les problèmes du monde découlent de cette terrible maladie.
[...]

En ce qui concerne toute autre maladie, tout autre mauvais trait de caractère, il est possible de s'en occuper et de travailler dessus. On peut les affaiblir et les adoucir.
Mais la jalousie est un poison, elle est sans remède. Il faut la déraciner jusqu'à la dernière trace.
[...]

Nous devons déraciner complètement la jalaousie, mais comment?
En n'y pensant pas du tout. La jalousie est un poison si puissant qu'elle pénètre dans une personne et brûle profondément en elle jusqu'à la détruire totalement. C'est pourquoi il est tout à fait absurde de s'en préoccuper.
Chaque fois qu'une personne pense à la jalousie, même si elle réfléchit à la manière de la déraciner, elle est déjà en train de s'en occuper. Par conséquent, une personne ne doit pas y penser du tout, et c'est ainsi qu'elle la déracine complètement.

La façon de se débarrasser de la jalousie est de s'élever au-dessus de tous les jeux enfantins, du fait d'être si impliqué dans ce monde-ci (olam azé). Pensez à quel point tout cela est vide.
Soyez comme un adulte qui n'est pas jaloux des jouets d'un petit enfant. Il se préoccupe de choses bien plus précieuses et bien plus importantes.
C'est ainsi qu'une personne peut éviter de se laisser prendre par les sottises, qui poussent les gens à être jaloux les uns des autres, à se battre pour leur honneur et à se disputer.
Il doit se rendre compte que les questions qui semblent si importantes ne le sont pas vraiment.
[on doit remettre les choses en perspective : est-ce que cela vaut vraiment le coup de se gâcher ce monde si éphémère (la vie passe trop vite!), en comparaison du devoir de se préparer pour le monde éternel à Venir.
Ce monde est comme un vestibule menant à la salle des fête, alors c'est pas si important si le vestibule n'est pas parfait! ]

La jalousie entre sages en Torah [kinat sofrim] (c'est-à-dire être jaloux de quelqu'un qui connaît plus de Torah que nous, ou qui a de meilleures midot que nous), est très saine. Ce n'est pas un poison.
C'est une bonne chose de vouloir suivre l'exemple de quelqu'un et de s'améliorer.

"Et Ra'hél était jalouse de sa sœur" (Vayéchev 30,1).
Rachi commente : Ra'hél était jalouse des bonnes actions de sa sœur et se disait : "Elle doit être plus juste que moi, et c'est pourquoi c'est elle qui a des enfants".
Ra'hél considérait que sa sœur était plus grande qu'elle, elle était jalouse et voulait suivre son exemple. Ce type de jalousie est bon ; il pousse les gens à s'élever de plus en plus haut.
[on a tous des capacités différentes, ainsi il ne faut pas que cette jalousie nous amène de la tristesse, de la déprime, mais uniquement un boost, du positif. ]

Adam haRichon avait un autre type de jalousie : "Tu seras comme Elokim, tu connaîtras le bien et le mal" (Béréchit 3:5). Il voulait être comme Hachem, ce qui n'était pas du tout dans ses cordes.
Ce type de jalousie était un culte idolâtre, un poison.

Il existe un moyen de discerner le type de jalousie que vous avez, qu'il s'agisse de kinat sofrim ou d'une forme préjudiciable de jalousie.
Hachem dit à Kayin : "pourquoi ton visage est-il tombé?" (Béréchit 4,6). C'est le signe. Si une personne a de la kinat sofrim, cela la renforcera et la motivera. Elle aura plus de désir d'apprendre la Torah et plus d'énergie pour servir Hachem.
Mais le type de jalousie nuisible fait tomber le visage de la personne. Elle lui fait perdre l'intérêt pour les choses et la confiance en elle-même. C'est ainsi que l'on peut faire la différence.
[rav Nathan Wachtfogel - Léket Réchimot]

Les désirs (combat entre matérialité et spiritualité)

+ Les désirs (combat entre matérialité et spiritualité) :

-> Le Ramban (Kédochim 19,2) explique le commandement de la Torah de "kédochim tiyou" (soyez saints). La façon dont nous atteignons la sainteté est de nous abstenir des plaisirs de ce monde. Il nous est ordonné de ne pas être glouton dans nos désirs. Même si la Torah nous autorise à manger tout ce qui est casher, elle attend davantage de nous.
Il est possible pour une personne de courir après ses désirs, qui peuvent même être permis, et d'être engloutie par eux ...

Nous pouvons expliquer ce Ramban (de Kédochim) en nous basant sur un autre Ramban (Nitsavim 29,18), qui explique le fonctionnement des désirs. Plus on les nourrit, plus ils grossissent. C'est le contraire de ce que nous imaginons.
Nous pourrions penser que si nous cédons à nos désirs, nous les apaiserons.
Par exemple, nous pensons que si nous voulons manger un certain aliment, il suffit d'en manger un peu pour que nos désirs disparaissent. C'est le contraire : plus nous y cédons, plus ils deviennent importants et exigeants. Imaginez que vous soyez au régime et que vous ayez devant vous une boîte de biscuits. Vous vous dites : "Je n'en prendrai qu'un seul." Quel que soit le niveau de désir que vous aviez avant de commencer à manger les biscuits, il ne sera rien comparé au désir que vous aurez après en avoir mangé "juste un". En général, ce biscuit se transforme en plusieurs biscuits.

Le Ramban explique qu'il s'agit d'un cycle continu, et que finalement, il deviendra incontrôlable au point que nous devrons étendre nos désirs à des produits non cachers, puisque nous aurons atteint le maximum de nos désirs d'une manière permise.
Plus nous suivons nos désirs, plus nous risquons de transgresser les interdictions.

Cependant, le Ramban ne semble pas dire que c'est là le problème. Il semble, d'après ses mots, qu'il y a un problème à être indiscipliné dans nos désirs. Mais pourquoi?

Nous pouvons peut-être expliquer cette idée en nous basant sur une explication du Ibn Ezra (Nasso 6,7).
Le Ibn Ezra écrit que le plus grand esclave est une personne qui est esclave de ses propres désirs. Lorsque nous suivons nos désirs, nous sommes entre leurs mains, à leur disposition. Lorsque notre yétser ara nous appelle, nous nous mettons au garde-à-vous et répondons : "Hinéni" (me voici!). C'est un véritable esclave.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (dans son introduction à Daat 'Hokhma ouMoussar 1,9) écrit qu'il se rend compte qu'il n'est pas sous son propre contrôle ; il est plutôt contrôlé par "les autres" : le yetzer hara.
C'est ainsi que nous pouvons comprendre l'explication du Ramban.
Même si nous ne prenons part qu'à des désirs 100% cachères selon la halakha stricte, nous sommes des esclaves. Chaque fois que le yétser ara nous appelle, nous répondons par l'affirmative, nous avons perdu le contrôle de nous-mêmes.

Le verset nous (Béhar 25,55) dit que nous sommes des serviteurs d'Hachem (éved Hachem). Si c'est vrai, nous ne pouvons pas être esclaves du yétser ara. Soit nous servons Hachem, soit nous servons le yétser ara, nous ne pouvons jamais avoir les deux.
Imaginez un esclave à qui son maître demande de se lever tôt et de lui préparer une tasse de café, et qui résiste parce qu'il a besoin de dormir. Est-il possible qu'il puisse servir son maître s'il a ses propres désirs? Jamais!

Nous devons faire preuve de maîtrise de soi. Ce n'est qu'à cette condition que nous pourrons servir Hachem comme il se doit. La michna écrit : "Annule ta volonté afin de faire la volonté d'Hachem" (batél rétson'ha mipné rétsono - Pirké Avot 2,4).
La clé pour servir correctement Hachem est de contrôler nos désirs.
[au-delà d'une question de halakha, à chaque instant, on a le choix entre soit être au service d'Hachem, soit au service de nos désirs/yétser ara. (la différence peut être très fine, on peut facilement se mentir à soi-même en servant notre propre dieu : notre égo.
Par ailleurs, souvent on peut avoir une intention préalable qui va transformer un acte anodin pour en acte pour Hachem, comme dormir/manger pour mieux le servir.)]

Selon le Or'hot Tsadikim (chaar ahava), notre amour pour quelque chose est parfois préjudiciable. Par exemple, notre amour pour nos enfants peut nous empêcher de les réprimander correctement. Il donne sept exemples de cette idée. Il écrit que le pire de tous est notre amour du luxe.
Une personne qui aime le luxe et qui poursuit constamment ses désirs oubliera Hachem.
C'est l'un ou l'autre!
[Hachem vient là où on Le laisse venir en nous, et si on est déjà rempli par nos "moi je veux", "moi je suis", alors il ne reste plus beaucoup de place pour Hachem.
En ce sens, Hachem dit au sujet d’un orgueilleux : "Moi et Lui, nous ne pouvons pas demeurer ensemble!" (guémara Sotah 5a). ]

De même, le Ohr ha'Haïm haKadoch (Béhar 25,35) écrit que le corps et l'âme sont comme une balançoire à bascule : lorsque nous accordons de l'attention à nos désirs physiques, notre désir de spiritualité diminue, et vice versa.

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-> [chacun doit reconnaître les désirs qui lui sont vraiment nécessaires, de ceux qui sont superflus.
On a vu que plus on nourrit nos désirs, plus on en a envie, et donc plus on s'expose à de la frustration si on n'arrive pas à combler ce manque toujours plus conséquent. ]

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Kédochim 19,2) écrit que si notre intention principale dans tous nos désirs est d'accomplir la mitsva et de servir Hachem, et non notre bénéfice personnel, cela n'aura pas d'effet négatif sur nous. Même si, logiquement, la relation devrait attiser nos désirs, Hachem nous protégera si nous avons les bonnes intentions.

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+ Tout commence dans l'esprit :

-> Il est très important de comprendre que le moteur de nos désirs se trouve dans l'esprit.
Rachi (guémara Béra'hot 61a) écrit que le yétser ara nous attaque dans notre processus de pensée.
Même si les yeux alimentent le yétser ara, sans l'esprit, les yeux n'enregistreraient pas ce qu'ils voient. Ce sont nos désirs qui nous poussent à regarder. C'est pourquoi, lorsque la Torah (Chéla'h Lé'ha 15,39) nous met en garde contre les mauvaises pensées, elle dit d'abord : "Ne suivez pas vos cœurs et vos yeux." Si les yeux étaient le déclencheur, la Torah ne commencerait-elle pas par dire "Surveillez vos yeux" avant de parler du cœur?
Les yeux ne sont guidés que par notre esprit. Si nous voulons prendre le contrôle de nos désirs, cela doit commencer par l'esprit, et non par les yeux.

C'est également pour cette raison qu'il nous est enseigné dans Avor déRabbi Nathan (20,1) que quelqu'un qui a des pensées de Torah à l'esprit n'aura pas de pensées pour d'autres désirs.
La seule façon de combattre nos esprits est de les remplir de Torah. [qui d'un côté purifie notre intériorité, mais surtout occupe notre esprit ne le laissant pas disponible à de mauvaises pensées. ]
C'est pourquoi le Rosh (Or'hot 'Haïm 76) écrit qu'une personne ne doit pas séparer son esprit de la Torah ou des pensées de moussar. C'est la seule façon de contrôler nos pensées.
Le Rambam (Issouré Bia 22,21) écrit que seul un esprit vide de Torah verra d'autres pensées y résider. Plus nous remplissons notre esprit de pensées adéquates, plus les pensées inappropriées seront repoussées.

-> Nous disons à la fin du Amida : "A'haré mitsvoté'ha tirdof nafchi" (que mon âme poursuivre Tes mitsvot). Pourquoi ne faisons-nous pas simplement une prière pour pouvoir accomplir les mitsvot? Quel est le but de courrir, de poursuivre les mitsvot?
Courir pour faire les mitsvot montre où se trouve notre cœur (ce qu'on souhaite réellement), et nous prions pour qu'Hachem instille dans nos cœurs le désir de faire les mitsvot, et pas seulement de les accomplir (par obligation/forcé, par habitude).

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-> Selon le rav El'hanan Wasserman, la véritable raison pour laquelle les gens nient la présence d'Hachem est parce qu'ils sont aveuglés par la volonté de suivre leurs désirs et que, pour le faire sans mauvaise conscience, ils "enlèvent Hachem de l'image".

-> Le rav Eliyahou Desser explique que la racine de tout désir est le trait de caractère d'être un preneur (JE veux pour MOI), intéressé par ses propres plaisirs et désirs.
[en ce sens, plus on court après nos désirs matériels, plus on développe notre caractère d'être un preneur. ]

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-> Nos Sages nous enseignent que la source de la méchanceté de la génération était leurs yeux corrompus.

La guémara (Sanhédrin 108a) dit : "La génération du Déluge est devenue hautaine à cause de son globe oculaire".
Rachi explique qu'en raison de leur immense prospérité, ils sont devenus hautains et ont commencé à courir après toutes les convoitises et tous les désirs sur lesquels ils posaient les yeux.

Le Maharcha ajoute que si quelqu'un regarde vers le bas ou loin de choses inappropriées, ses globes oculaires ne peuvent pas être vus par les autres.
Cependant, s'il veut assouvir ses désirs, il relève la tête et ouvre grand les yeux pour regarder autour de lui. De cette manière, ses globes oculaires deviennent visibles par tout le monde.
L'ayin ra qui était grand ouvert et à la recherche de plaisirs et de complaisance les a conduits sur le chemin de la destruction spirituelle.

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+ Le premier péché du monde

Quelle était la source de l'ayin ra dans le monde?

-> Le Chlah haKadoch écrit que la raison pour laquelle Avraham a voulu descendre en Egypte était de purifier et de nettoyer le léger soupçon d'impureté qui subsistait de la faute d'Adam HaRishon.

Hachem avait interdit à Adam et à sa femme, 'Hava, de manger de l'arbre de la Connaissance (éts hadaat). Pourtant, le verset nous dit : "La femme vit que l'arbre était bon à manger et qu'il était un plaisir pour les yeux" (Béréchit 3,6).

Le Kli Yakar explique cela comme suit :
Chaque fois qu'une personne est confrontée à la tentation de fauter, elle subit une lutte entre son yétser ara et son yétser tov. Son yétser tov lui garantit une félicité et un bonheur sans fin dans le monde à venir en récompense de sa résistance à la faute, tandis que le yétser ara le persuade de participer aux plaisirs immédiats de ce monde.
Le yétser ara aveugle la personne avec l'éclat des plaisirs qu'elle peut voir devant elle, lui promettant qu'elle en jouira bien plus que la récompense dans le monde à venir, à propos duquel le pasouk écrit : "L'œil ne les a jamais vus",

Les mots du verset : "Et la femme vit" signifient que 'Hava a accepté l'affirmation du yétser ara selon laquelle les désirs de ce monde, que l'on peut voir avec les yeux, l'emportent sur la récompense inconnue et non encore vue offerte dans le monde à venir.

Le tout premier péché de l'histoire du monde tournait autour de l'ayin ra de l'homme qui suivait ses yeux pour s'adonner à aux désirs.
Et tout acte de désirer nécessite de fermer les yeux sur la présence d'Hachem, car on ne peut pas fauter si l'on sait qu'Hachem nous regarde et qu'il nous punira si nous Lui désobéissons.
C'est ainsi qu'à un degré infiniment petit, Adam est qualifié d'hérétique par nos Sages. À son niveau élevé, il y avait un certain déni de la Présence et du contrôle d'Hachem sur le monde qui a permis à Adam d'ignorer le commandement d'Hachem et de se livrer à la convoitise/désir de ses yeux.

Ce petit défaut est devenu inhérent à l'humanité et s'est manifesté dans les générations du Maboul et de la Tour de Bavél.
C'est ce défaut que le peuple juif a cherché à éradiquer lorsqu'il est entré dans Egypte, la terre de tsarout ayin.

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-> Le rav 'Haïm Friedlander explique que quelqu'un qui est en proie à une taava (un fort désir), alors son désir est si puissant qu'il chasse de son esprit tout sentiment sain de crainte du Ciel.
Il est vrai qu'il aurait peur de fauter dans des circonstances normales, mais dans les tourmentes de son fort désir, il oublie toutes les autres préoccupations, aussi terrifiantes soient-elles.

Le rav Friedlander note que tout comme la taava (fort désir) repousse la crainte du Ciel, l'inverse est également vrai. La crainte du Ciel éloigne la taava.
Par conséquent, il faut essayer d'accroître sa crainte du Ciel pour éloigner la taava. Aussi souvent que possible, il faut se rappeler que ce monde n'est pas libre (il y a un Maître du monde, il faudra rendre des comptes de tout, ...).
Il ne fait aucun doute que chacun est tenu responsable de sa mauvaise conduite et puni pour cela, que ce soit dans ce monde ou dans l'autre. Ce mode de pensée développe la crainte du Ciel.

[ainsi nous sommes responsable d'avoir en nous de la crainte du Ciel, comme barrière/espace de sécurité pour ne pas en venir à être soumis à nos désirs interdits.
En l'absence, nous sommes responsables d'y être tombés, car nous ne nous en sommes pas prémunis. ]

Quelques réflexions sur le couple

+++ Quelques réflexions sur le couple :

+ Un couple = se voir comme 2 moitiés d'un tout :

Nous devons réaliser que le mariage n'est pas une relation comme les autres. C'est totalement différent.

-> Le Raavad (dans son introduction à Baalé Néfech) explique que lorsque Hachem a créé les animaux, il les a tous créés mâles et femelles, deux êtres distincts. Cependant, lorsqu'Il a créé les humains, Il a créé un seul être, un mâle et une femelle ensemble, et les a ensuite séparés en deux.
Pourquoi a-t-il procédé de la sorte uniquement pour les êtres humains? Pourquoi n'était-il pas suffisant de créer l'homme et la femme séparément, comme Hachem l'a fait pour les animaux? Il allait de toute façon les séparer.

-> Le Rambam (Hilkhot Ichout 15:19) écrit que chaque homme est obligé d'aimer sa femme comme il s'aime lui-même. Comment cela est-il possible? Est-il possible d'aimer quelqu'un comme on s'aime soi-même?

-> Le Ramban explique que lorsque la Torah écrit : "Tu dois aimer ton ami comme toi-même" (Kédochim 19,18), il ne faut pas l'entendre au sens littéral. Il est impossible pour une personne d'en aimer une autre comme elle s'aime elle-même.
Cependant, en ce qui concerne le mariage, nous constatons qu'en effet, chaque homme est tenu d'aimer sa femme comme il s'aime lui-même.

=> C'est peut-être pour cette raison qu'Hachem a créé les humains différemment des animaux. Hachem a compris que pour qu'un mari et une femme parviennent à une relation parfaite, ils doivent être un seul être au départ, puis, plus tard, se diviser en deux. C'est seulement parce que l'homme et la femme n'étaient qu'un seul être au départ qu'il est possible pour lui de l'aimer comme il s'aime lui-même.
Il est impossible que deux êtres deviennent un s'ils n'étaient pas un à l'origine.
Le Arvé Na'hal (Béréchit) affirme que ce phénomène n'a pas seulement eu lieu lors de la création originale de l'homme, mais il s'applique également à tous les hommes qui ont été créés par la suite.

C'est de là que vient la halacha de "ichto kégoufo", la femme d'un homme faisant partie de son propre corps. Il ne s'agit pas seulement d'un beau concept, c'est la réalité. Ce n'est qu'en raison de cette réalité qu'un homme peut vraiment aimer sa femme comme il s'aime lui-même.

En gardant cela à l'esprit, il est beaucoup plus facile pour un homme et sa femme de s'entendre.
Le conjoint fait partie du corps de l'homme, comme un de ses membres. Comment ne pas aimer son propre bras?
Cet amour devrait même être plus grand que l'amour que nous avons pour nos enfants.
Nos enfants sont considérés comme notre progéniture, et non comme des parties de notre corps physique. Certains pères pensent le contraire. Les enfants sont leur chair et leur sang, et ils ont un amour naturel pour eux.
Un tel père peut penser que sa femme n'a pas cette relation avec lui. C'est une erreur. La situation est inverse. Sa femme fait partie de lui, plus que ses enfants.

C'est pour cette raison qu'Hachem décide 40 jours avant la conception d'une personne qui sera sa femme. Une femme fait partie de la constitution physique d'un homme. Ce processus doit avoir lieu au moment de son développement, avant sa naissance.
Souvent, le mari et la femme pensent de la même manière. Parfois, le mari est étonné de voir qu'il pense à quelque chose et qu'elle pense la même chose. Ont-ils le roua'h hakodech? Non, c'est parce qu'il ne fait qu'un avec son épouse.

=> Le mariage n'est pas simplement le fait de deux personnes choisies au hasard qui décident de vivre ensemble. C'est la réunion de deux moitiés en un tout. Le couple peut devenir un, ce qui le rend plus grand que n'importe quelle relation existant dans le monde entre deux êtres humains. Si nous prenons conscience du lien spécial qui existe, nous pouvons exploiter le pouvoir du mariage.

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+ Le Shalom Bayit :

-> Nous entendons constamment ces mots sacrés (shalom bayit). La paix doit résonner dans le foyer. Existe-t-il un ingrédient secret pour s'assurer qu'elle reste paisible?
Dans le Or'hot Tsadikim (chaar haSin'a), il est dit que si l'on veut s'entendre avec quelqu'un, il ne faut pas lui rendre visite souvent. Les personnes que nous visitons fréquemment finiront par devenir nos ennemis.
=> Comment se fait-il que la Torah attende de nous que nous nous entendions avec quelqu'un avec qui nous vivrons en permanence (notre conjoint-e)?

Comme nous l'avons vu, le mari et la femme sont essentiellement un seul être qui a été divisé en deux. Si l'homme et la femme ne font qu'un, il ne devrait pas être très difficile de s'entendre. Le côté droit de votre corps a-t-il du mal à s'entendre avec le côté gauche?
Ainsi, nous avons une longueur d'avance dans le mariage, mais pourquoi entraîne-t-il tant de complications et de disputes?

-> Le verset dit : "La recherche des désirs crée une séparation" ((Michlé 18,1).
Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 1,31) explique que quiconque court après ses désirs crée une distance entre lui et les autres. Tous les êtres humains ont des besoins et des désirs différents, et tant que nous chercherons à satisfaire nos propres désirs, nous ne serons jamais en mesure d'établir des liens avec les autres.
Mes besoins ne sont généralement pas les vôtres, et cette idée entraîne des complications dans les relations. Si un mari cherche à satisfaire ses propres désirs sans tenir compte de son épouse (vision égocentrique de la vie), il crée une séparation entre eux.

-> Le plus grand ciment d'un mariage est la spiritualité. Le rav Nathan Wachtfogel conseillait les jeunes hommes avant leur mariage sur l'importance de créer un lien spirituel entre eux et leur femme. Il est difficile de créer un lien basé sur le physique. Nous avons tous des besoins physiques différents. Mais une chose que nous avons tous en commun est la spiritualité. Lorsqu'il s'agit de faire la volonté d'Hachem, il n'y a pas d'écart ni de différence entre les humains. Plus un homme et une femme créent leur relation sur la base de la volonté d'Hachem, plus ils auront de choses en commun.

[un juif doit avoir en tête que l'essentiel est de se préparer pour le monde à Venir qui est éternel, tout autre tracas est éphémère. Ainsi, chacun dans un couple doit vouloir le meilleur pour son conjoint dans ce monde, mais surtout dans le monde à Venir. Il y a un objectif, une direction commune.]

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-> Si un conjoint considère sa relation avec sa femme comme ayant pour seul but de satisfaire ses désirs et que sa femme n'est qu'un moyen de les satisfaire, ses désirs deviendront incontrôlables. Il cherchera des moyens de satisfaire constamment ses désirs, même en dehors de son foyer.
Son chemirat énayim sera hors de contrôle. Il ne fera que nourrir ses désirs de plus en plus par le biais du mariage.
Cependant, s'il perçoit sa relation avec sa femme comme un moyen de renforcer le lien qui les unit, alors elle est limitée à cet objectif. S'il se rend compte que le temps passé avec sa femme lui permet de renforcer son mariage, il ne le désirera nulle part ailleurs. Quel but y aurait-il à satisfaire ses désirs en dehors de son foyer?

Le Or'hot Tsadikim (chaar ahava) nous enseigne qu'un homme doit diriger son amour vers sa femme en particulier et ne pas se contenter d'aimer les femmes en général. Il doit aimer sa femme pour tout le bien qu'elle lui fait. Elle le protège des péchés, elle élève ses enfants, elle est responsable de la maison et elle lui permet d'apprendre la Torah avec un esprit clair.
Avec ces pensées, l'amour d'un homme pour sa femme ne deviendra pas incontrôlable.
[rabbi Mordé'haï Sultan]

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+ Qu'est-ce que l'amour?

-> Dans la Torah, il nous est ordonné d'aimer Hachem : "Et tu aimeras Hachem, ton D." (Vaét'hanan 6,5).
Comment est-il possible d'aimer Hachem? A priori cela semble cela semble impossible (ex: Hachem étant infini, au-delà de nos capacités de perception).
Peut-être comprendrions-nous que nous aimons Hachem lorsqu'Il nous donne ce dont nous avons besoin.
Cependant, il existe une halakha selon laquelle nous devons aimer Hachem même lorsque nous nous sentons déçus, car le verset continue : "et avec tous tes moyens", ce que la guémara (Béra'hot 54a) explique comme signifiant "kol mida ou mida" (quelle que soit la situation, [qu'elle soit] bonne ou mauvaise".

=> Il est évident que nous devons redéfinir le mot "amour".
Onkelos (Vaét'hanan 6,5) interprète le mot "ahava" comme vétir'ham, qui vient du mot "ra'hem", qui signifie "miséricorde". Nous devons avoir pitié d'Hachem.
Comment pouvons-nous avoir pitié d'Hachem?

Nous y parvenons lorsque nous nous soucions d'Hachem.
Se soucier d'Hachem signifie que nous nous inquiétons lorsque nous-mêmes ou d'autres personnes n'accomplissent pas Sa volonté. C'est cela le véritable amour : lorsque nous nous soucions de quelqu'un.
Nous aimons aussi nos enfants. Cet amour est le même. Nous nous soucions de nos enfants, nous nous inquiétons constamment pour eux et nous ferions n'importe quoi pour leur bien-être.
Le même concept s'applique à Hachem, nous devrions nous soucier constamment de Son honneur. Nous ferions n'importe quoi pour Lui faire plaisir.

-> Le verset ('Hayé Sarah 24,67) décrit l'amour de Its'hak pour Rivka, et Onkelos explique "ahava" de la même manière : qu'il a eu pitié d'elle (véra'hama).
L'amour d'un homme pour sa femme doit être le même. Il doit prendre soin d'elle, assumer la responsabilité de son bien-être et s'inquiéter pour elle. C'est cela le véritable amour.
Tant qu'un mari n'éprouve pas de tels sentiments, il est loin de connaître le véritable amour.
Un tel mari peut penser qu'il aime sa femme, mais c'est faux, et il s'en rendra compte très vite lorsque cet amour disparaîtra sans raison apparente. S'il s'agit d'un amour égoïste, il peut facilement s'effondrer, car il est basé sur nos sentiments, et les sentiments ont tendance à changer.
Mais si l'amour d'un mari est basé sur l'attention qu'il porte au bien-être de sa femme, il ne fluctuera jamais. Lorsqu'il attend près de la fenêtre, inquiet parce que sa femme a quelques minutes de retard, il fait l'expérience du véritable amour.
Lorsqu'un mari exprime son souci pour sa femme, celle-ci voit qu'il l'aime. S'il se contente de dire "je t'aime", cela ne veut presque rien dire. Ce n'est que lorsqu'il s'enquiert de son bien-être ou qu'il écoute ses difficultés avec une réelle attention qu'elle verra qu'il l'aime.
[ex: une femme peut interroger son mari, et ce n'est pas vraiment une réponse cartésienne qu'elle veut, mais plutôt voir que son mari se préoccupe d'elle, de ce qu'elle ressent, ... ]

-> Il est écrit dans haKétav véhaKabbala (Lé'h Lé'ha 15,8) au nom du Ramban que le mot de la Torah "yada", qui signifie "savoir", "peut être interprété comme "donner le respect et l'honneur nécessaires à quelqu'un".
La Torah (Béréchit 4,1) utilise le mot "yada" en référence à la relation intime entre un mari et sa femme : "vé'aAdam yada ét 'Hava ichto" (Et Adam connut 'Hava, sa femme). Ici aussi, le mot "yada" signifie la même chose : donner à son conjoint le respect et l'honneur qui lui sont dus.
=> Le véritable amour n'est pas basé sur l'émotion, mais sur le respect et l'honneur. L'amour est logique et non émotionnel. Avec la logique, les émotions suivront.

-> C'est ce que signifie la michna (Pirké Avot 5,16) : Tout amour qui dépend de quelque chose ne durera pas. En revanche, l'amour qui ne dépend pas de quelque chose durera.
Lorsqu'un homme aime sa femme pour son propre bénéfice, cet amour est instable. Il peut aller et venir, selon les circonstances. Si la base de leur shalom bayit est que chaque partenaire atteigne ses propres objectifs, des disputes éclateront de temps en temps. En revanche, si l'un des conjoints aime l'autre simplement pour ce qu'il est, et qu'il se soucie de lui, cet amour ne dépend de rien.

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+ Se focaliser sur le bon en l'autre :

-> Après la faute d'Adam haRichon, Hachem lui demanda s'il avait mangé du Eits haDaat, le Fruit de la Connaissance (Béréchit 3,11). Adam répondit : "La femme que tu m'as donnée, elle m'a donné [quelque chose] à manger de là".
Rachi commente qu'ici nous voyons qu'Adam n'était pas reconnaissant.
Il semble qu'il reproche à Hachem de lui avoir donné 'Hava et que c'est la faute d'Hachem s'il a fini par manger du Eits haDaat. Mais pourquoi Rachi souligne-t-il le manque d'appréciation d'Adam? Il est vrai qu'elle l'a convaincu de manger du Eits haDaat. Qu'aurait-il pu dire d'autre?
Il serait juste de critiquer Adam pour avoir dit lachon ara, puisqu'il a parlé négativement de sa femme, mais Rachi dit qu'il n'a pas été reconnaissant. Pourquoi cela?

Ce Rachi soulève un principe fondamental. Si nous apprécions quelque chose, cette appréciation devrait être suffisamment forte pour que nous voulions protéger et ignorer tout acte répréhensible de la personne qui nous en a fait bénéficier. Puisque Adam a immédiatement blâmé 'Hava pour avoir mangé du Eits haDaat, il a montré qu'il ne l'aimait/appréciait pas vraiment, car s'il l'avait appréciée, il l'aurait protégée et ne lui aurait pas jetée sous le blâme.
Tout le monde a ses défauts et personne n'est parfait (puisque qu'humain). Si nous nous concentrons sur les aspects positifs, les aspects difficiles deviennent nuls et non avenus.

[ainsi, on doit constamment avoir un regard de reconnaissance, d'appréciation du conjoint (même sur les petites choses du quotidien). Comme cela lorsqu'arrive des aspects négatifs ils se trouveront noyés dans l'océan de positif.
Mais si on prend tout pour acquis, qu'on ne fait que se concentrer sur ce qui ne va pas, alors le négatif prend une place de plus en plus perceptible (surtout quand on compare que le positif d'autrui).]

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+ Ayin Tova :

-> La michna (Pirké Avot 5,19) nous dit qu'Avraham est un exemple de quelqu'un qui avait un ayin tova (bon oeil).
Qu'est-ce que l'ayin tova exactement?
Le Yaavets explique que l'ayin tova consiste à percevoir une petite quantité de bien comme une grande quantité. Une personne ayant un ayin tova magnifie tout le bien qu'elle possède. Elle se concentre sur le bien et le mal est balayé sous le tapis.
En revanche, une personne qui a un ayin raa (mauvais oeil) voit tout de suite le négatif et se concentre sur le mauvais.

=> La prochaine fois que nous serons nerveux sur une chose non essentielle, nous devrions regarder la situation dans son ensemble. C'est la bonne façon d'éveiller en nous des sentiments d'amour pour un conjoint.
[le rav Abba Chaoul dit que cela ressemble à quelqu'un qui a une belle maison/appartement, mais qui va mettre son nez dans la poubelle, et qui va se plaindre que c'est sale et que cela sent mauvais.
De même, toute personne (dont nous) a de moins bon aspects de sa personnalité, mais notre conjoint à tellement de belles choses, qu'il faut regarder la beauté, la chance d'avoir un bel ensemble, plutôt que de se focaliser sur la petite poubelle de négatif en l'autre.]

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+ Une relation réfléchie :

-> "Tout comme l'eau reflète notre image, le cœur reflète aussi nos sentiments" (Michlé 27,19).
Le Ohr ha'Haïm haKadoch (Ki Tissa 33,11) explique qu'une personne peut ressentir l'amour ou la haine qui se trouve dans le cœur d'une autre personne.
Il est possible qu'elle ne ressente pas de haine réelle, mais elle sent que quelque chose ne va pas et elle ne peut pas lui rendre la pareille avec amour s'il y a de la haine dans le cœur de son ami.
S'il y a de la discorde dans le cœur d'une personne, il est presque impossible que sa femme ne la ressente pas également.

Cependant, le Ohr ha'Haïm haKadoch nous informe d'un moyen d'éveiller l'amour chez l'autre. Il nous dit que plus une personne développe son cœur à aimer quelqu'un, plus l'autre personne lui rendra automatiquement son amour. C'est ce que nous appelons une relation réfléchie : ce que vous ressentez pour quelqu'un, il le ressentira pour vous. Vous ne pouvez pas les tromper. [Kéter Roch 119]

=> Alors, comment raviver l'amour pour son conjoint?
Nous devons nous arrêter et penser à tout le bien qu'il fait pour nous, à toute l'attention qu'il nous porte et à tout le temps qu'il passe à s'assurer que nous sommes heureux, ...
Cette méthode fonctionne pour toutes les relations. Plus nous pensons et repassons dans notre esprit le bien que les autres font pour nous (même les plus petites choses acquises/normales), plus nous ne pouvons nous empêcher d'être inspirés et d'aimer en retour.
Non seulement nous développons par cette attitude notre amour, mais cela suscitera aussi l'amour de l'autre personne.

Une des questions qui nous sera posée lorsque l'on quittera ce monde est :
"Est-ce que tu as fait de ton prochain un roi?"
[Réchit 'Hokhma - chaar haYira - chap.12]

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-> De même, d'autres Sages disent également que l'une des questions posées au tribunal céleste après la mort d'une personne est : "As-tu fait de ton compagnon un roi sur toi-même?" (imla'hta 'havérkha alé'ha).
La Torah attend de nous que nous considérions et traitions chaque autre juif comme un roi, comme une personne spéciale et importante méritant l'honneur et un traitement royal. En effet, Rabbi Elazar a enseigné à ses disciples que la chose sur laquelle il faut se concentrer le plus pour s'assurer de mériter sa place dans le monde à Venir est de faire très attention à l'honneur d'autrui (guémara Béra'hot 28b).

=> b'h, nous allons voir quelques éléments pour nous renforcer dans ce domaine.

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-> L'Alter de Kelm ('Hokhma Ou'Moussar - vol.1, ch.13) souligne que la mitsva de "d'aimer son prochain comme soi-même" (véahavta léré'akha kamo'ha) présente une opportunité rare qui n'existe dans aucune autre mitsva.
Plutôt qu'une mitsva générale d'aimer tout le monde, il existe une exigence distincte d'aimer chaque juif. Si vous aimez deux personnes en même temps, vous accomplissez la mitsva deux fois.
Si vous aimez 100 000 personnes, vous accomplissez 100 000 mitsvot en une seule fois.
Aucune autre mitsva ne peut être accomplie autant de fois en une seconde. C'est l'une des raisons pour lesquelles le yétser ara combat cette mitsva avec tant d'acharnement, car il sait que nous pouvons obtenir une récompense phénoménale en très peu de temps.
C'est donc une bonne habitude à prendre, lorsqu'on se trouve au milieu d'un groupe de juifs, de se dire : "J'aime tous les gens qui sont dans cette pièce!" En un instant, vous avez accompli la mitsva de "véahavta léré'akha kamo'ha" des centaines de fois!

-> Aimer une autre personne n'est pas quelque chose qui vient naturellement ; cela doit être cultivé et nourri au fil du temps.
Le 'Hovot haLévavot donne une outil : choisissez une personne. Lorsque vous le voyez ou que vous pensez à lui, dites à haute voix (sans que personne ne l'entende, bien sûr) : " J'aime ce juif! Au début, vous vous sentirez peut-être gêné et mal à l'aise, mais après quelques fois, vous remarquerez que votre état d'esprit change lentement. Au fil du temps, vous commencerez à l'apprécier, puis à l'aimer."

[plus on s'habitue à exprimer en nous notre amour pour un autre juif (même si on le connaît pas personnellement), [uniquement parce qu'il est juif, ou bien en louant une qualité qu'il semble avoir], voir même à le bénir par amour, alors plus on développe un regard naturel d'amour pour les juifs. ]

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-> Chaque juif est aimé par Hachem plus qu'un père n'aime son fils. Nous devons prendre le temps de réfléchir à la grandeur et à l'importance infinies de chaque juif. Cela relève du commandement de nos Sages : "Que l'honneur de ton prochain te soit aussi cher que le tien" (Pirké Avot 2,15).
Cela engendrera à son tour un sentiment naturel de respect et d'amour pour autrui, surtout si nous nous rappelons que tous les juifs font partie d'une grande entité commune (que seule la matérialité semble divisée) et que chaque personne est comme un membre différent d'un même corps spirituel appelé le peuple juif.

Chaque juif mis au monde par Hachem a une tâche unique que personne d'autre dans le monde ou même dans l'histoire ne peut accomplir.

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+ Honorer et aimer :

-> La guémara (Yébamot 67a) enseigne qu'un mari doit aimer sa femme comme lui-même et l'honorer plus que lui-même.
Pourtant, lorsque le Rambam (Hilkhot Ichout 15,19) cite cette halakha, il en inverse l'ordre : "Nos Sages ont ordonné à un homme d'honorer sa femme plus que lui-même et de l'aimer comme lui-même".

Le rav 'Haïm Chmoulévitz explique que la guémara énonce d'abord l'objectif de la Torah pour un mari = atteindre un stade où il aime sa femme autant qu'il s'aime lui-même. Cependant, le Rambam est un livre de lois. Il nous enseigne comment atteindre un tel objectif = en honorant sa femme plus qu'il ne s'honore lui-même.
[ cela explique pourquoi la guémara dit qu'il faut l'honorer plus que soi-même et l'aimer comme soi-même. Le but est d'atteindre l'amour, qui ne peut être qu'à la hauteur de l'amour que l'on se porte à soi-même. Cependant, le moyen d'y parvenir est de l'honorer plus que soi-même.]

-> Comment honorer une autre personne?
Le rav 'Haïm Chmoulévitz (Si'hot Moussar - Balak 5732) définit la mitsva d'honorer un parent comme l'obligation pour l'enfant de trouver une qualité dans laquelle le parent excelle, et de l'honorer et de le respecter pour cette qualité comme si, dans cette qualité, il était la plus grande personne de toute la génération.
Il dit avoir appris cela de son père, qui a fait de même avec son propre père. Le rav 'Haïm Chmoulévitz écrit qu'il n'a jamais compris pourquoi son père agissait de la sorte, jusqu'à ce qu'il réalise enfin que pour honorer véritablement quelqu'un, il faut avoir pour lui un respect réel et authentique. Et pour l'acquérir, il faut trouver la qualité unique de cette personne qui mérite un tel respect.

-> Ce concept se retrouve dans le Séfer 'Harédim (9,35) : "La principale façon d'honorer ses parents est de les considérer comme de grandes personnes et des personnalités respectées et honorables. Car en agissant ainsi, on en vient à les honorer dans ses paroles et ses actes."

-> Le Rambam (Hilkhot Déot 6,3) mentionne la mitsva d'aimer chaque juif et dit :
"Par conséquent, on est tenu de faire l'éloge d'autrui, de se préoccuper de ses biens de la même manière que l'on se préoccupe de ses propres biens et que l'on souhaite être honoré.
Nous voyons que le fait de mentionner les bonnes qualités d'une autre personne est un accomplissement de la mitsva d'aimer une autre personne."

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+ Dents brillantes ou odeur désagréable? :

-> La capacité à voir les bons côtés des autres est en fait la marque d'un tsadik.
"Les fous [les réchaïm] parlent de la culpabilité des autres, mais ceux qui sont droits parlent de ce qui est bon chez les autres" (Michlé 14,9).

-> Rabbénou Yona (Chaaré Téchouva 3:217) explique qu'un fauteur est toujours à la recherche d'échecs et de mauvais points chez les autres. Il se concentre uniquement sur ce qu'ils ont fait de mal ou sur ce qui leur manque.
Rabbénou Yona compare ces personnes à une mouche, qui est attirée par les endroits sales.

[ le Or'hot Tsadikim (chaar lachon ara) ajoute que : parler mal des autres est une source d'embarras pour soi-même, car les gens parlent surtout de ce qu'ils ont dans le cœur et l'esprit. Quelqu'un qui parle mal des autres montre qu'il a lui-même le même défaut, qui est toujours dans son esprit, et c'est pourquoi il mentionne ce défaut chez les autres.
(d'une certaine façon, on est tout content d'avoir trouvé du mauvais en autrui, pour mieux se valoriser, oubliant qu'on a ce défaut en nous! )]

Le juste, quant à lui, ignore tout ce qui est mauvais chez une personne et ne parle que de ses bons côtés.
[Après le Déluge, la Torah décrit en détail comment Noa'h s'est enivré et comment ses fils l'ont couvert pour cacher sa honte. Il les a bénis et les bénédictions ont été accomplies.
Le 'Hafets 'Haïm (Introduction, Commandements positifs 2) explique que cette histoire se trouve dans la Torah pour nous enseigner l'importance de couvrir les mauvais points et la honte d'une autre personne. ]

Rabbénou Yona rapporte ensuite l'histoire de 2 personnes qui passent devant une carcasse en décomposition. L'un d'eux s'exclame : "Quelle odeur épouvantable !", ce à quoi le sage répond : "Mais qu'elles sont belles ses dents blanches et brillantes !".
Le tsadik est celui qui peut se concentrer sur le positif et ne parler des autres qu'en termes élogieux.

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+ 'Hafets 'hessed :

-> Le Ramak, rabbi Moché Cordovero (Tomer Dévorah - chap.1) écrit que cette caractéristique est l'un des traits de miséricorde d'Hachem appelé : 'hafets 'hessed" (Il désire le 'hessed).
Cela signifie que même lorsque le peuple juif mérite d'être puni pour les fautes qu'il a commises, Hachem aura pitié de lui et l'épargnera s'il a le mérite de faire du 'hessed les uns envers les autres.

Ainsi, il est écrit dans le Tomer Dévorah :
"Même si quelqu'un vous fait du tort et vous met en colère, s'il a une qualité, telle que l'aide aux autres ou un autre bon trait de caractère, cela devrait être une raison suffisante pour annuler toute votre colère contre lui, et il devrait trouver grâce à vos yeux.

D'autant plus avec sa femme [nos Sages (Yébamot 63a) enseignent que Rabbi 'Hiya avait une femme difficile, mais chaque fois qu'il trouvait quelque chose qu'il savait qu'elle aimerait, il le lui apportait, expliquant] : "Il suffit qu'elle élève nos enfants et qu'elle m'épargne de la faute".
De même, une personne devrait dire à propos de tout le monde : "Il me suffit qu'il ait fait telle ou telle chose pour moi ou avec quelqu'un d'autre, ou le bon trait de caractère qu'il possède"."

-> Le Tomer Dévorah décrit un trait de caractère encore plus élevé. Il s'agit du fait qu'Hachem aime le peuple juif en toutes circonstances, même lorsqu'il ne le mérite pas, parce qu'Il se souvient de l'amour qu'Il a eu pour nous lorsque nous avons quitté l'Egypte et que nous L'avons suivi dans le désert hostile sans aucune provision.
De même, le Tomer Dévorah insiste sur le fait que même si quelqu'un n'est pas digne d'être aimé à l'heure actuelle, il faut se souvenir des moments passés avant qu'il ne se soit écarté du droit chemin.
De cette manière, écrit-il, il n'y a pas une seule personne à propos de laquelle on ne puisse pas trouver une qualité qu'elle avait autrefois, et l'aimer à cause de cette qualité.

[ selon le rav 'Haïm Soloveichik cela n'est vrai que pour quelqu'un qui n'affecte pas les autres par son comportement. Mais cela ne s'applique pas à une personne qui incite les autres à fauter, en particulier si elle persuade les jeunes d'abandonner la Torah et les mitsvot.
La Guemara dit que faire fauter une autre personne est pire que de la tuer, car elle lui fait perdre son monde à Venir, et il faut haïr une personne qui essaie de la détruire. ]

-> Le Tomer Devorah (chap.2) résume qu'il n'y a personne d'aussi acceptant ou humble qu'Hachem, qui comble Ses créations d'une bonté infinie, indépendamment de leur comportement ou des fautes qu'ils commettent.
Il y est écrit : "Une personne doit agir de la même manière. Aucune raison au monde ne devrait l'empêcher de faire du bien aux autres. Aucune faute ou comportement inapproprié ne doit l'empêcher d'aider ceux qui sont dans le besoin à tout moment ... On ne doit mépriser personne et doit considérer même la personne la plus humble comme extrêmement importante, et on doit aider tous ceux qui ont besoin de son aide."

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+ Faire l'éloge des gens :

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.7) consacre un chapitre entier à cette idée [de louer le peuple juif à Hachem] et écrit qu'une personne qui loue constamment les mérites des juifs et implore Hachem d'avoir pitié d'eux "sera aimée et chérie par Hachem".

Il rapporte ensuite une prière que Eliyahou haNavi a adressée à Hachem, en citant les actes méritoires de la nation juive : "Maître du monde, regarde notre affliction, prends en compte nos doléances et remarque l'humiliation dont nous souffrons constamment. Souviens-Toi des nombreux foyers d'Israël qui n'ont pas d'argent et qui, pourtant, apprennent la Torah chaque jour ..."
Le 'Hafets 'Haïm nous implore d'apprendre du prophète Eliyahou et de parler à Hachem des actes méritoires de Ses enfants bien-aimés.

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+ Pourquoi est-ce si difficile?

-> Certaines personnes ont du mal à louer les qualités des autres. Cela peut provenir d'un manque d'estime de soi ; elles ont l'impression que leur propre valeur est menacée s'il y a des gens meilleurs qu'elles dans de nombreux domaines. Cependant, la bonne attitude à adopter est de se rappeler le principe selon lequel l'ensemble du peuple juif constitue une seule et même âme.

Tout comme un corps possède différents organes et membres, et que chacun d'entre eux a une fonction unique qu'aucune autre partie du corps ne peut remplir, de même, au sein du peuple juif, chacun a son propre travail individuel qu'il est le seul à pouvoir accomplir. Je ne pourrai jamais être le 'Hafets 'Haïm, mais le 'Hafets 'Haïm ne pourrait pas accomplir ma tâche.
[il faut accepter le rôle et les capacités que Hachem m'a donné, et chacun aura à répondre de les avoir utilisés du mieux qu'il pouvait. Chacun est unique et nécessaire dans la partition qui conduira à révéler et proclamer fortement Hachem dans le monde. ]

Grâce à cette prise de conscience, non seulement je ne suis pas gêné si quelqu'un a une qualité différente de la mienne, mais je veux qu'il en soit ainsi. Puisque chacun a une tâche unique qu'il est le seul à pouvoir accomplir, chaque personne doit disposer d'un ensemble d'outils exclusifs. Je veux que mon prochain juif réussisse à utiliser ses outils, afin qu'ensemble, en tant qu'équipe unie, nous puissions atteindre la grandeur maximale du peuple juif.

-> Le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.22) écrit :
"Quelqu'un qui est beaucoup plus intelligent que les autres ne fait que ce que sa nature lui permet de faire.
De même qu'un oiseau vole parce que c'est sa nature et qu'un bœuf tire des poids lourds parce qu'il est né avec cette capacité, de même, il [la personne intelligente] est sage parce que c'est sa nature.
Si l'on donnait la même intelligence à une autre personne qui n'est pas aussi intelligente que lui, cette personne serait tout aussi intelligente. Il n'y a donc aucune raison d'être orgueilleux.
Au contraire, si une personne a été dotée d'intelligence, elle est tenue d'enseigner aux autres, comme l'a enseigné Rabbi Yo'hanan ben Zakaï : "Si tu as appris beaucoup de Torah, ne garde pas ce bien pour toi, car tu as été créé dans ce but" (Pirké Avot 2,9).
[la traduction habituelle est : Si tu as appris beaucoup de Torah, ne t’en fais pas l’éloge, car c’est dans ce but que tu as été créé. Le Ram'hal apporte ici une autre version. L'idée que si on a reçu davantage d'outils (ex: intelligence, richesse, capacité à être joyeux, à l'écoute, ...), alors on est responsable dans faire profiter autrui. (à l'image de la tsédaka, si on reçoit un bien d'Hachem, c'est dans un but d'en faire également bénéficier notre prochain juif. )]
S'il est riche, il doit être heureux de son sort et aider ceux qui sont dans le besoin. S'il est fort, il doit aider les faibles et les sauver de leurs oppresseurs. A quoi cela est-il comparable? Aux serviteurs d'une maison, où chacun est chargé d'une tâche différente, et chacun doit veiller à faire le travail qui lui a été confié."

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+ Que lui arrive-t-il?

-> Le principe fondamental du 'hessed est de ressentir ce que vit la personne comme si on le vivait soi-même (nossé béol im 'havéro). Ce n'est qu'à cette condition que nous pouvons vraiment comprendre ce qu'il ressent et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'aider.
Cette tâche n'est pas simple. Nous ne pensons naturellement qu'à notre propre vie et à nos propres émotions. C'est une tâche colossale que de sortir de son propre égo et de se mettre à la place de quelqu'un d'autre.

Comme l'écrit le Or'hot Tsadikim (fin de chaar Sim'ha), c'est quelque chose qui ne peut être acquis que par la pratique. Il faut passer quelques secondes, pas plus d'une minute, à essayer de ressentir ce que quelqu'un doit ressentir dans sa situation.

Chaque jour, prenez une personne différente dans une situation différente afin de vous exercer à une variété d'émotions. Si vous entendez quelqu'un se fiancer, fermez les yeux et imaginez et ressentez l'excitation et la montée d'adrénaline.
C'est un outil très puissant que de dire à haute voix : "Je suis tellement heureux pour lui". En effet, même si nous ne ressentons pas vraiment cela, notre état d'esprit peut être modifié au fil du temps par nos paroles. [un comportement extérieur, a une influence sur notre intériorité (ex: se forcer à sourire, à se réjouir d'autrui, ...)]
De même, on peut aussi ressentir la douleur d'un parent malade, l'espoir d'une personne qui attend une bonne nouvelle, la frustration d'une personne qui a été rejetée lors d'un entretien d'embauche et la honte d'une personne qui a dérapé en public, ...

[ex: en prenant même 5-10 secondes pour penser à la douleur et aux conséquences d'un malade, alors la prière qu'on va faire pour sa réfoua chéléma aura une force plus grande, et donc un impact plus fort, en plus du mérite de la mitsva d'aimer son prochain qui est faite. [Hachem désire et apprécie l'amour qu'il y a entre Ses enfants adorés! Ainsi, lorsque l'on sort de notre égo/confort personnel pour se mettre à ressentir la douleur actuelle d'autrui, alors cela a beaucoup de valeur! ]
Ces pensées ressemblent au fait de tendre/tirer davantage un arc permet à la flèche d'aller plus loin, d'être plus utile pour celui auquel nous prions. ]

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+ Le bénéfice du doute :

-> Le Yessod véChorech haAvoda (chaar 1, chap.6) écrit que sans le le concept d'accorder aux autres le bénéfice du doute (juger favorablement - dan lékaf zé'hout), nous ne serions jamais en mesure d'accomplir correctement la mitsva d'aimer un autre juif comme nous-mêmes.

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar haZé'hira - chap.12) enseigne que si quelqu'un a accepté le lachon ara et qu'il a cru une calomnie que quelqu'un aurait dit sur lui, alors il est "pratiquement impossible" de s'empêcher par la suite de blesser ou de se disputer avec cette personne.
Il est presque inévitable qu'ils finissent par devenir des ennemis, espérant que l'autre souffrira ou tombera (c'est bien fait pour elle!), ce qui l'antithèse exacte de l'amour pour un autre juif.
Le 'Hafets 'Haïm écrit que la seule méthode pour éviter ce scénario est de perfectionner l'art d'accorder le bénéfice du doute lorsque quelqu'un semble avoir dit ou fait quelque chose contre nous.

[on a ainsi l'idée que "aimer autrui" cela implique de faire l'effort de toujours le voir sous un angle davantage positif. On voit cela particulièrement dans le couple, où en se focalisant trop sur ce qui peut être négatif (il est humain!), on en vient à fissurer, à réduire l'admiration et l'amour.
(la Torah ne nous demande pas d'être naïf, et il faudra prendre ses distances en cas de danger, mais malgré tout dans la très grande majorité des cas le fait de juger positivement autrui ne nous impact pas négativement.)]

-> Il est souvent beaucoup plus facile qu'on ne le pense d'accorder le bénéfice du doute. Il suffit de penser aux moments où nous avons eu une journée stressante, où, fatigués et affamés, nous avons commis une erreur, ou encore où nous avons parlé à quelqu'un d'une manière inappropriée.
Nous savons que nous n'aurions jamais agi de la sorte en temps normal, et que nous l'avons fait uniquement en raison de la journée très difficile que nous avons passée.
Nous nous disons : "Si les gens savaient ce que je traverse, ils sauraient que ce n'est pas moi qui ai dit cela".
De même, nous ne pouvons jamais savoir ce que vit une autre personne. Il peut sembler heureux, comme si tout allait bien, mais intérieurement, un million de choses peuvent lui arriver. Il peut avoir mal à l'estomac, ne pas avoir dormi la nuit dernière parce que ses enfants étaient malades, avoir un parent à l'hôpital ou une lourde dette à payer. Il peut avoir eu une enfance très difficile ou s'être disputé avec sa femme.
Les possibilités sont si nombreuses et étendues qu'il devrait être relativement simple de penser que, tout comme je n'ai pas agi correctement uniquement parce que j'avais tel ou tel problème, cette personne n'a probablement dit ou fait quelque chose de blessant à mon égard que parce qu'elle avait quelque chose d'important à l'esprit.
[idéalement, en réalisant qu'actuellement "elle n'est pas elle même" (contre sa volonté), alors on devrait demander à Hachem de la bénir du meilleur, pour qu'elle puisse de nouveau être elle-même : un magnifique juif plein de joie et de bénédictions. ]

Le rav Wolbe (Alé Shour, vol.2, p.207) ajoute que si quelqu'un se soucie vraiment d'une autre personne, il veut que cette personne soit innocente, et il la juge donc en conséquence.
Avec un tel état d'esprit, il est beaucoup plus facile de trouver une raison pour justifier ses actions.

[évidemment cela demande un travaille sur nous (surtout au début), car naturellement on "aime" qu'autrui se comporte mal, car on se dit alors que nous ne sommes pas si mal que cela [au regard de ce qu'il a fait]! Cela flatte mon égo, et permet de justifier mes mauvaises attitudes.
Mais on demande à un juif d'aller au-dessus de sa nature humaine, et de se rattacher au fait que nous sommes tous une même âme spirituelle, que nous devons aimer et chérir autrui juif. ]

-> Le rabbin Ephraïm Wachsman raconte l'histoire suivante :
Il y avait un homme dont le travail consistait à livrer de la viande à domicile. Une fois, il était très en retard et n'atteignit l'un de ses clients qu'à minuit. Le propriétaire ouvrit la porte et, avec un grand sourire, lui dit : "Bonjour, je suis si heureux de voir que vous êtes arrivé!"
Sur ce, le livreur s'effondre en sanglots ininterrompus. L'hôte a rapidement fait entrer l'homme, l'a fait asseoir, lui a apporté une boisson et il a fini par le calmer.
Après quelques minutes, le livreur raconte son histoire. "Ma femme a été opérée aujourd'hui. J'ai passé la journée à l'hôpital avec elle et tout a été retardé. J'étais épuisé physiquement et moralement, mais je dois payer les factures et j'ai donc entrepris ma tournée. Partout où je suis allée, j'ai été accueillie par des froncements de sourcils furieux parce que j'étais si en retard. Je suis arrivée chez vous à minuit et je redoutais votre réaction. Mais je dois te remercier. Vous êtes la première personne à m'avoir dit quelque chose de gentil de toute la journée!"

Cet homme était un héros pour avoir tenu bon malgré tous ses soucis et son stress. Les personnes qui ne s'intéressent qu'à elles-mêmes fronçaient les sourcils à cause des inconvénients qu'elles subissaient (ex: comment peut-il me manquer de respect en venant en retard, est-ce qu'il pense à la gêne que cela m'occasionne, ... ).
Quelqu'un qui donne à autrui (baal 'hessed), par contre, dont les yeux sont ouverts pour penser aux autres, se rend compte qu'il est inhabituel que cet homme livre la commande si tard. Il ne se contente pas de penser à son propre désagrément, mais se soucie de ce que l'autre personne peut endurer, et lui offre alors le sourire chaleureux et amical et l'encouragement qu'elle méritait et dont elle avait tant besoin.

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+ Hachem, aide-moi à l'aimer :

-> Le Choul'han Aroukh (Ora'h 'Haïm 110:8) stipule que chaque matin, avant de commencer à étudier la Torah, il faut dire la prière que le sage Rabbi Né'hounya ben Hakana disait avant d'apprendre.
Il y demande : "Je ne devrais pas être heureux si mes amis commettent une erreur dans la halakha et ils ne devraient pas être heureux si je le fais".
Cela est basée sur le verset : "Ne te réjouis pas lorsque ton ennemi trébuche" (Michlé 24,17). D'autant plus si c'est un ami qui trébuche!

-> Le 'Hafets 'Haïm (Chemirat haLachon - chaar Tévouna - chap.17) assimile le fait de se réjouir de la chute d'une autre personne à de l'avoda zara (idolâtrie) et le cite comme l'une des raisons pour lesquelles le Temple a été détruit.
Le 'Hafets 'Haïm conseille de penser qu'en raison de nos fautes, nous mériterons nous aussi de faire un faux pas et d'être embarrassé en public, mais qu'en raison du mérite de nos ancêtres, Hachem nous épargne une telle douleur.
[l'idée est incroyable : lorsque je vois autrui tomber, je dois non seulement avoir de la compassion pour lui (l'aidant et priant pour son bien), mais en plus je dois remercier Hachem de ne pas m'avoir mis à sa place alors que j'aurai dû y être! (en remerciement pour mes ancêtres, je dois me renforcer et leur faire honneur par mon comportement dans ce monde, pour l'élévation de leurs âmes!) ]

-> Le Or'hot Tsadikim (chaar Sim'ha) explique que Rabbi Né'hounya a réalisé qu'il est courant pour les gens de rire ou de se réjouir lorsque quelqu'un d'autre fait quelque chose de mal, car cela leur donne le sentiment d'être supérieurs à eux.
Cependant, la Torah attend de nous que nous ressentions son profond embarras et que nous soyons peinés pour lui. Ceci est particulièrement important si l'erreur a été commise dans le domaine de la halakha (loi juive), ce qui pourrait amener les gens à transgresser la volonté d'Hachem.
Rabbi Néhounya savait que pour se préserver de cette réaction presque naturelle, il devait prier pour obtenir une aide spéciale d'Hachem. Il nous incombe de faire de même.

-> Le Maharcha (guémara Béra'hot 28b) explique la prière de Rabbi Né'hounia de manière légèrement différente. Il dit qu'il a prié pour que ses amis soient vraiment heureux qu'il n'ait pas fait d'erreurs et qu'il se réjouisse qu'ils n'aient pas trébuché.
Dans notre relation avec notre prochain on attend de nous d'être sincèrement heureux des succès des autres, mais Rabbi Né'hounya a compris qu'il fallait une aide Divine spéciale pour surmonter son égo personnel et ressentir honnêtement ce sentiment.

La téchouva est importante car elle rapproche la géoula.
[guédola téchouva chémékarévét ét aguéoula - guémara Yoma 86b]

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-> Le peuple juif ne sera racheté que par la téchouva, et les prophètes ont assuré que les juifs feront effectivement téchouva à la fin des temps, et ils seront immédiatement Délivrés.
[Rambam - Hilkhot Téchouva 7,5]

[d'une certaine façon l'idée est : "ani lédodi" = je reviens par une téchouva personnelle à une proximité avec Hachem (la téchouva annulant tous les distanciations avec D.), et alors "lédodi li" = Hachem peut alors dévoiler au grand jour Son amour pour chaque juif en amenant la guéoula. ]

L'obsession réciproque d'Israël et d'Hachem est unique et témoigne de leur relation particulière.
Aucune autre nation n'a jamais développé une telle intimité avec Hachem, et Hachem n'a jamais manifesté une telle affection à une autre nation.
[Sfat Emet - Choftim 5658]

[ Quel honneur et quelle chance d'être juif(ve)!!! ]

Même lorsqu'une personne est impliquée dans les affaires de ce monde, si son seul désir est de s'attacher à Hachem, ce désir [n'a pas seulement un impact profond sur l'individu], mais il élève également le monde matériel tout entier.

Le terme רצון (ratson), généralement traduit par : volonté, est en fait dérivé de ריצה (ritsa - courir).
Celui qui possède un désir intense [de se rapprocher d'Hachem] peut s'élever et s'envoler spirituellement et poursuivre des objectifs qui sont normalement inatteignables.
En fait, il parviendra à tout transformer dans ce monde, les malédictions comme les bénédictions, en une source de bénédiction.
[d'après le Sfat Emet - Réé 5632]

"L'âme de chaque juif est imprégnée d'une émouna invincible. Même les fauteurs d'Israel qui ont accumulé de nombreuses fautes graves conservent cette foi au plus profond de leur cœur.
En fait, on sait que de nombreux fauteurs ont donné leur vie pour sanctifier le nom d'Hachem.
Même celui qui n'a jamais songé à se repentir et qui a abandonné sa religion par dépit, s'il était informé de l'arrivée de machia'h, il y croirait sans aucun doute de tout son cœur et reviendrait avec un repentir complet et sincère.
Et même les hérétiques qui ne reviendraient pas en se basant uniquement sur les rapports de l'arrivée de machia'h, lorsque le grand shofar retentira, annonçant la rédemption, même les âmes perdues et privées de leurs droits frémiront et se repentiront.
À ce moment-là, aucune âme ne sera laissée en arrière, car même celles qui ont été incorporées parmi les nations du monde reviendront".
[rav Tsadok haCohen de Lublin - Makhchavot 'Harouts - 9, Ou'té'hilat]