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Béréchit – La faute devient impensable

+ Béréchit - La faute devient impensable :

-> Le Ramban (Béréchit 2,9) écrit que lorsque le monde a été créé, l'existence d'Adam HaRishon était similaire à celle des autres éléments de la création. Son seul désir était d'accomplir le dessein d'Hachem, de la même manière que toutes les espèces animales et végétales, le sol et l'espace existaient pour accomplir la volonté d'Hachem.
Aucun élément de désir physique n'était présent en lui. Le désir de fauter ne s'est éveillé qu'après qu'il eut mangé de l'Arbre de la Connaissance.

=> S'il est vrai qu'Adam n'avait aucun désir de fauter, comment aurait-il pu fauter en premier lieu? Après tout, il ne possédait même pas le mauvais penchant en lui.
De plus, le Ram'hal (Maamar haIkarim) enseigne que le but de la création était de donner à l'homme le pouvoir de choisir. Cela lui permet de se rapprocher d'Hachem ou, à D. ne plaise, de s'en éloigner. Dans ce cas, pourquoi Adam HaRishon a-t-il été créé sans le mauvais penchant, qui est un moyen de réaliser ce but?

-> Le rav Eliyahou Dessler répond à ces questions en se basant sur les paroles du rav 'Haïm de Volozhin (Néfech ha'Haïm (1,6).
Il explique que lorsque Adam HaRishon a été créé, le mauvais penchant était présent dans le monde. Cependant, il n'était pas présent à l'intérieur d'Adam.
Il est vrai que la nature même d'Adam était d'accomplir la volonté d'Hachem. Néanmoins, il était vulnérable aux influences extérieures. Le mauvais penchant était capable de l'approcher de l'extérieur, et il le fit sous la forme d'un serpent. Face à cette épreuve extérieure, Adam avait la capacité de choisir le bien plutôt que le mal.

Malheureusement, Adam a cédé à la faute. À ce moment-là, le mauvais penchant est devenu une partie de lui. Il avait désormais en lui des forces qui le poussaient à adopter un comportement contraire à la volonté d'Hachem.
Les désirs corporels faisaient désormais partie de sa nature. Il s'agissait d'un changement fondamental dans son identité.
Avant la faute, le corps d'Adam n'était qu'un manteau pour son âme. Désormais, son être était fragmenté, partagé entre des désirs opposés qui étaient tous deux de véritables aspects de sa personnalité.

Depuis l'époque d'Adam, toute l'humanité possède cet état. Le mauvais penchant existe en nous. Nous sommes en perpétuel état de guerre, constamment confrontés à des désirs contradictoires qui nous tirent simultanément vers la sainteté et vers la faute.

Le Ram'hal (Daat Tévounot 126, tel qu'expliqué par le rav 'Haïm Friedlander) affirme que notre tâche est de réparer la faute d'Adam. Nous devons nous efforcer de rapprocher notre propre nature de celle d'Adam dans son état originel, à savoir un désir unique d'accomplir la volonté d'Hachem.

=> Nous avons déjà en nous le mauvais penchant. Comment est-il possible d'éliminer les désirs négatifs?

-> Le rav Eliyahou Dessler explique que chacun d'entre nous vit déjà à un niveau de choix tel que certaines fautes ne représentent plus un défi pour nous.
Prenons l'exemple d'un juif pratiquant qui apprend la Torah autant qu'il le peut, qui prie avec une profonde intention et qui accomplit de nombreux actes de bonté. Pour un tel individu, profaner délibérément le Shabbath n'est pas quelque chose qu'il choisit de ne pas faire. C'est tout à fait impensable et cela ne lui viendrait jamais à l'esprit.
Ainsi, en ce qui concerne la profanation du Chabbath, nous pouvons dire que cet homme est comme Adam HaRishon avant la faute. Il n'a pas de mauvais penchant qui le pousse à faire cela.

En revanche, lorsqu'il s'agit de se laisser aller à des bavardages futiles tout en étudiant la Torah, cet homme est confronté à un défi. En effet, il ne réussit pas toujours à surmonter l'épreuve qui consiste à rester concentré.
Selon le rav Dessler, c'est ce que le Ram'hal voulait dire : un tel homme doit s'efforcer de rendre la notion même de bavardage au milieu d'un séder d'étude aussi impensable pour lui que la notion de profanation du Shabbath. C'est ce qu'on appelle "nous ramener à l'état d'Adam HaRishon avant la faute".

-> Le rav Eliyahou Lopian ajoute une idée importante : si un juif met toute son énergie dans l'étude de la Torah, cela le protège lui-même de la faute, comme le disent nos Sages (Kidouchin 30b) : "J'ai créé le mauvais penchant, et j'ai créé la Torah pour qu'elle lui serve d'épice (Torah tavlin)".
Tout comme une épice fait ressortir le bon goût d'un aliment, l'étude de la Torah met en valeur les bonnes qualités d'un homme, et ce faisant, affaiblit son penchant naturel pour la faute. Même si une certaine faute le tente, le fait de se consacrer à l'étude de la Torah peut faire en sorte que cette faute perde son attrait.
Lentement mais sûrement, l'étude de la Torah affaiblit les fautes au point qu'ils deviennent "impensables" pour nous. Cela nous permet de revenir à l'état d'Adam HaRichon avant la première faute (voir Avot déRabbi Nathan 27:23, comme expliqué par le 'Hida [dans Kissé haRa'hamim]).

-> Le rav 'Haïm Brim conseillait aux gens de se rapprocher le plus possible des tsadikim. Il disait que la Torah qu'ils possèdent peut élever les gens autour d'eux.
Le rav Brim fonde ce concept sur la déclaration des Sages (Yoma 38b) : "Hachem a vu qu'il y aurait très peu de tsadikim. C'est pourquoi Il les a plantés dans chaque génération".
Chaque époque a des tsadikim qui servent d'exemple et nous aident à nous libérer de l'envie de fauter.

Le rav Brim raconte : "Lorsque j'étais en présence du 'Hazon Ich, j'ai vu un être humain qui se comportait comme un ange. Il était clair que les désirs du monde n'avaient aucune prise sur lui. De plus, en présence du 'Hazon Ich, je n'ai pas ressenti le moindre désir de fauter".

Parfois, le simple fait de regarder le visage d'un tsadik fait une profonde impression sur une personne, même si elle est embourbée dans la faute.
Le rav Yé'hezkel Lévenstein se rendit un jour à Tel Aviv. Pendant son séjour, il se fit voler son portefeuille. Un peu plus tard, un homme vint le trouver et lui dit : "Rabbi, je veux vous rendre votre portefeuille. Vous devez savoir que j'avais l'intention de le voler, mais quand j'ai vu la photo sur votre carte d'identité, je n'ai pas pu me résoudre à faire une telle chose."

Béréchit – Combattre le yétser ara

+ Béréchit - Combattre le yétser ara :

-> La paracha Béréchit qui rapporte la faute d'Adam haRichon, nous en apprend beaucoup sur les tactiques utilisées par le yétser ara et sur la manière de les combattre avec succès.
Selon de nombreux commentateurs, le serpent, qui a incité Adam et 'Hava à fauter, symbolise le yétser ara.
Rabbénou Bé'hayé (Béréchit 3,21) explique que le serpent a fait sentir à 'Hava que l'interdiction d'Hachem de manger du fruit de la Connaissance (eits hada'at) l'empêchait injustement d'avoir accès à tout le bien du monde.
Cette approche, ajoute-t-il, est celle qui est le plus souvent utilisée par notre propre yétser ara pour nous inciter à fauter.

Le yétser ara a de nombreux déguisements, mais son but est de nous convaincre que ce qui est bon pour nous est contraire à la volonté d'Hachem.
Et même lorsque le yétser ara ne parvient pas à nous faire agir contre la volonté d'Hachem, nous finissons souvent par faire la volonté d'Hachem à contrecœur, avec le sentiment d'avoir renoncé à quelque chose d'important et de nous résigner à suivre Sa volonté.

En vérité, la meilleure façon de combattre le yétser ara est de reconnaître que, même si nous avons parfois du mal à le comprendre, ce qu'Hachem veut de nous est le but ultime.
Rabbénou Bé'hayé (Béréchit 2,15) explique qu'avant la faute d'Adam haRichon, le plaisir qu'Adam avait dans le Gan Eden était incomparable à tout plaisir que nous pouvons comprendre. Il a perdu ce plaisir insondable parce qu'il a succombé à la prétention du serpent de ce qu'il atteindrait en mangeant du eits hada'at.

Si nous parvenons à intégrer dans notre vie quotidienne la proximité particulière et l'amour d'Hachem que nous avions pendant la période d'Elloul et de Tichri, lorsque nous sentions que la volonté d'Hachem est le bien ultime, nous pouvons réussir à nous protéger de cette tactique et des autres tactiques du yétser ara à l'avenir.
[rav Ariyé Brueckheimer]

Béréchit – revenir à son état initial

+ Béréchit - revenir à son état initial :

-> Nos Sages débattent sur le changement qui s'est produit chez Adam après qu'il a commis la faute.
Selon le Ramban (Béréchit 2,9), avant la faute, Adam était capable de discerner clairement la volonté d'Hachem. Cependant, après la faute, il lui est devenu plus difficile de comprendre ce qu'il était censé faire.
De même, le Rambam (Moré Nevou'him 1,2) explique qu'avant la faute, la différence entre la vérité et le mensonge était facile à voir, alors qu'après la faute, il est devenu plus difficile de faire la différence entre les deux.

Le rav Yérou'ham Lévovitz (Daat 'Hokhmah ouMoussar 85) enseigne que notre avoda est d'essayer d'atteindre l'état d'Adam avant la faute, c'est-à-dire d'être capable de voir clairement quel chemin prendre et quel chemin éviter.
=> Mais comment est-il possible pour nous, qui vivons après la faute d'Adam, d'être à un niveau si élevé que nous ne choisissons que la volonté d'Hachem et ne désirons même pas aller à l'encontre de la volonté d'Hachem?

-> Selon le Ram'hal (Messilat Yécharim - chap.1), il existe 2 méthodes pour atteindre cet objectif.
Tout d'abord, nous devons intérioriser le fait que notre existence dans ce monde n'a pour but que de nous permettre d'acquérir une part dans le monde à Venir, où nous jouirons d'une proximité éternelle avec Hachem. Si nous reconnaissions cela correctement, nous ne voudrions faire que ce qui nous rapproche d'Hachem, et non l'inverse.
Deuxièmement, nous devons reconnaître le jugement indéniable auquel nous serons confrontés pour toute faute que nous commettons. Si nous voyons cela comme une réalité, nous aurons peur de commettre n'importe quelle faute.
En suivant ces lignes directrices, nous parviendrons à reconnaître et à suivre le bon chemin, qui nous conduira à la situation d'Adam avant la faute.

+ "béréchit bara Elokim ét hachamayim vé'éts haarets" = si la première chose que nous faisons dans notre journée est de penser qu'Hachem a créé le monde (qu'à chaque instant tout est recréé et n'existe que parce que D. le permet), alors "vé'haarets hayéta tohou vavohou" = nous n'accorderons pas trop d'importance aux vanités de ce monde.
[rabbi Henoch Alexander]

"Et la Terre n'était que chaos et les ténèbres régnaient sur l'abîme ... D. dit que la lumière soit et la lumière fut" (Béréchit 1,2-3)

-> Rabbi Mordé'haï de Lekhvitch expliquait ainsi ce verset :
lorsque l'homme se trouve dans les ténèbres et qu'il ne perçoit aucune lueur d'espoir, il dira : Hachem que la lumière soit, éclaire-moi de Ta lumière!
Et D. répondra alors à ses suppliques : "Et la lumière fut", et les jours de lumière reviendront alors éclairer son existence.

-> Le rav Elimélé'h Biderman ajoute :
Il est inutile de préciser en quoi cela nous concerne : chaque homme dans sa vie traverse maintes circonstances où il a l'impression que son monde est plongé dans les ténèbres. Il se désespère alors en pensant qu'à cause de ses fautes, son avenir est définitivement voué à l'échec. Il se lamente en s'imaginant que sa vie est anéantie.
Qu'il sache alors que ''tel est l'ordre naturel du monde" et qu'il s’arme de patience en ayant confiance en Hachem, car l'aube est sur le point d'éclairer à nouveau son existence.

Le problème est que le yétser ara tente de nous rappeler sans cesse les mauvais souvenirs : "Souviens toi ce que tu as fait. Et surtout n'oublie pas que déjà plusieurs fois, tu as commencé à bien faire et tu as abandonné à chaque fois en cours de route. A quoi cela t'avancera-t-il de recommencer encore une fois?"

L'attitude à adopter face à l'agresseur est avant tout de ne pas regarder en arrière, de ne pas s'appesantir sur ses échecs. La Torah débute par la lettre "bét" (ב) du mot Béréchit et non par la lettre "aléph", la première lettre de l'alphabet, pour nous enseigner que lorsque nous commençons à servir Hachem et à étudier Ses préceptes, il faut imiter la lettre "bét" (ב) qui est fermée de tous les côtés hormis à l'avant et ne regarder que vers l'avenir et non vers les fautes et les échecs passés.
La lettre "bét" (ב) possède en outre une petite excroissance en arrière évoquant la nécessité de ne pas reléguer ces revers entièrement aux oubliettes, mais de les utiliser pour se préserver à l'avenir.
Cette attitude devra toutefois être modérée à l'instar de la taille minuscule de cette excroissance.

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-> Le Sforno (Béréchit 6,7) explique que lorsque Hachem repoussa l'offrande de Caïn, Il lui dit : "Pourquoi ton visage est-il abattu, si tu t'améliores, tu y arriveras" voulant lui signifier que lorsqu'il existe une réparation possible au dommage provoqué, il n'y a pas lieu de se lamenter sur ce qui s'est passé. Mais il faut s'efforcer au contraire d'être tourné vers l'avenir afin d'obtenir cette réparation.

Notre monde est bâti sur la bonté

+++ Notre monde est bâti sur la bonté :

"Au commencement, Elokim créa les cieux et la terre" (Béréchit 1,1)

-> Selon Rachi : "Il n'est pas dit "Hachem créa" (ce qui suggérerait l'attribut Divin de bonté), car Hachem pensa d'abord créer le monde selon l'attribut de rigueur (et c'est pourquoi c'est le Nom Elokim, Nom Divin suggérant la rigueur, qui est utilisé). Il vit alors que le monde ne pourrait subsister, et il fit précéder l'attribut de miséricorde qu'Il associa à la mesure de rigueur. Et c'est ce qui est écrit : "Le jour où Hachem Elokim fit les cieux et la terre." (Béréchit 2,4)"

-> Le Zéra Chimchon pose la question suivante : si Hachem avait créé le monde avec l'attribut de rigueur uniquement, sans lui associer la miséricorde, dès qu'un homme aurait fauté, il aurait été puni immédiatement avec toute la sévérité requise (puisque D. n’aurait pas du tout usé de Son attribut de miséricorde). Dès lors, toutes les autres créatures du monde auraient craint de fauter voyant comment Hachem punit une transgression de Sa volonté, et par crainte de la Justice Divine, tous auraient accompli Sa volonté.
D'après cela, il est très étonnant que nos Sages affirment que le monde ne peut pas subsister uniquement avec l'attribut de rigueur. Car au contraire, c’est cet attribut qui, en faisant craindre à l’homme de fauter et en le poussant à accomplir la volonté Divine, maintient l’existence du monde.
Et, pour reprendre l'expression du Zéra Chimchon : "Si tous avaient été des tsadikim, pourquoi le monde n'aurait-il pas pu subsister?"

Pour y répondre, celui-ci rapporte la première michna des Pirké Avot : "Le monde repose sur 3 choses : sur la Torah, sur le Service, et sur la bienfaisance."
Or, la meilleure façon de prodiguer la bienfaisance est de prendre modèle sur le comportement Divin, comme nos Sages (guémara Shabbat 133b) nous l'enseignent : "Tout comme Il est miséricordieux et fait grâce, toi aussi sois miséricordieux et fais grâce".
Dès lors, en y réfléchissant bien, si Hachem avait dirigé le monde selon la stricte justice, tous auraient pris pour exemple la conduite Divine et se seraient comportés également suivant la mesure de rigueur. Personne n'aurait fait preuve de bienfaisance, personne n'aurait été prêt à renoncer à son droit légitime.
Par conséquent, tous auraient semblé être de grands tsadikim par rapport à Hachem et de grands fauteurs envers autrui. Un tel monde ne mérite pas de subsister, car le monde se maintient grâce à la bienfaisance.
C'est pourquoi Hachem associa à la Création l'attribut de miséricorde afin que chacun apprenne de Lui à se comporter avec miséricorde envers son prochain.

Il est ainsi tout à fait édifiant de constater à quel point Hachem désire que l'homme se comporte avec mansuétude. En effet, Il renonça (si l'on peut dire) à son propre honneur puisqu’en associant la miséricorde à la création, il savait parfaitement que la crainte à Son égard s’en verrait diminuée et le nombre de fauteurs accru.
Malgré tout, cela valait la peine à Ses yeux afin que l'homme apprenne à être bon envers son prochain. Car sans bonté, le monde ne pourrait subsister.
Même si tous se comportaient comme de grands tsadikim concernant leurs devoirs envers Hachem, puisque "le monde est bâti sur la bonté" (olam 'hessed yibané - עולם חסד יבנה - Téhilim 89,3), seul l'attribut de bonté est garant du maintien du monde à l'échelle collective comme au niveau de l'individu.

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-> Le rav Yé'hezkel Abramsky aperçut, une fois, alors qu'il marchait dans la rue, une petite fille qui se tenait au bord du trottoir et se lamentait amèrement en pleurant à chaudes larmes. Il s'approcha d'elle et lui demanda : "Quels sont ces pleurs que j'entends?
Elle répondit : "Ma copine m'a fait honte en disant que ma robe n'était pas belle!"
Le rav Abramsky ajusta ses lunettes et fit semblant de l'observer. Il lui dit : "Cours vite chez ta maman et dis-lui de ma part que ta robe est très jolie!"
Sur le champ, toute trace de tristesse disparut du visage de l'enfant. Elle courut annoncer à sa mère ce que le rav avait dit et tout rentra dans l'ordre.

Par la suite, Rav Yé'hézkel relata l'épisode à ses proches en leur disant : « J'ai eu le mérite d'accomplir le commandement de ''s'attacher aux vertus d'Hachem" : de même que Hachem "essuie les larmes de tous les visages" (Yéchayahou 25,8), toi aussi, essuie les larmes de tous les visages d'Israël!"

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-> "Hachem Elokim l'envoya du Gan Eden afin de travailler la terre de laquelle il avait été tiré. Il chassa l'homme et posta des chérubins à l'Est du gan Eden" (Béréchit 3,23-24)

-> Le 'Hatam Sofer demande à propos de ces versets pourquoi il est écrit au début "Il l'envoya" et ensuite "Il le chassa".
Il y répond en expliquant, qu'après la faute, Hachem voulut chasser l’homme "de peur qu'il étende sa main et cueille le fruit de l'arbre de vie et qu'il vive à tout jamais" (Béréchit 3,22).
Néanmoins, Hachem ne voulut pas l'humilier. C'est pourquoi Il l'envoya en premier lieu à l'extérieur du Gan Eden afin de travailler la terre, et lorsqu'il en sortit, les portes se refermèrent derrière lui, et Hachem plaça des chérubins pour en garder l'accès.
De cette manière, l'humiliation ne fut pas autant dévoilée (puisqu'Hachem ne lui a jamais dit : ''Sors!'', mais seulement, après qu'il fut sorti, il ne put plus y retourner).

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-> "et le petit luminaire pour régner la nuit, et aussi les étoiles" (Béréchit 1,16)

-> Rachi expliquer : "Puisqu'Il (Hachem) réduisit la lune [après qu'elle eut protesté que 2 rois (elle et le soleil) ne peuvent régner avec la même couronne], Il lui agrandit son armée (en lui associant les étoiles) afin de la consoler."

-> Le rav Elimélé'h Biderman commente :
Cela vient nous enseigner un principe fondamental : même lorsqu'il est nécessaire de ''remettre quelqu'un en place'', en lui faisant un reproche ou en le punissant, il incombe en même temps de le consoler et de le rassurer.
Cela nous permet de comprendre pourquoi les juifs sont comparés aux étoiles (midrach Esther Rabba 7,11) : en effet, de même que les étoiles ne furent créées que pour consoler la lune, le rôle essentiel du peuple d’Israël est de prodiguer du bien à autrui en le consolant et en le rassurant.

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-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 8,8) rapporte que les anges de vérité étaient contre la création de l’homme car il ment [il est koulo chéker]. Les anges du Shalom (paix) étaient contre la création de l’homme car il se dispute, [il est koulo Ktata].
Mais les anges de bonté (mala'hé 'hessed) ont plaidé en faveur de l’homme. [ils doivent être créés car ils vont faire des actes de bonté!]
Ils ont donc su percevoir que la création de l’homme le prédispose à se tourner vers les autres.
En d’autres termes, l’homme n’a été créé que pour l’autre : que ce soit pour Hachem ou pour son prochain et la chose est ancrée dans sa nature.
[le monde n'existe que pour que nous puissions témoigner de la bonté!]

-> Hachem a dit aux juifs : Qu'est-ce que Je vous demande? Si ce n'est que vous vous aimez les uns les autres et que vous vous honorez les uns les autres".
[Tana déBé Eliyahou rabba 28]

-> Dans sa création, l’homme a comme ultime but de servir aux autres : "l’homme n’a été créé que pour aider les autres" [rav 'Haïm de Volozhin - rapporté par son fils dans l'introduction au Néfech ha'Haïm]

-> Nos Sages (guémara Sota 14a) enseigne : "La Torah débute par un acte de bonté (lorsque Hachem donna des peaux à Adam et ‘Hava pour se couvrir) et se termine par un acte de bonté (lorsqu’Hachem Lui-même procéda à l’enterrement de Moché).
Le Gaon de Vilna explique que lorsque nous voulons savoir de quoi parle un livre, nous lisons le début et la fin, et alors on a une idée du thème de base du livre.
La Torah commence par du 'hessed et se finit par du 'hessed. Ainsi, nous savons que le 'hesséd (bonté) est le thème principal de la Torah.
En ce sens, dans une lettre à sa femme, le Gaon de Vilna écrit : "car c'est l'essentiel de la Torah : rendre autrui joyeux [de façon cashère]" (ouvazé rov aTorah léchaméa'h aadam).

-> Dans la Torah, il n'y a pas une lettre en trop. Or, le mot : 'hessed (bonté) apparaît 245 fois dans la Torah, ce qui témoigne de son importance.

-> b'h, pour poursuivre ce sujet : L'essentiel de la Torah : aime ton prochain! : https://todahm.com/2021/04/25/lessentiel-de-la-torah-aime-ton-prochain

"Lors des Saints Jours Redoutables, chaque homme a eu une pensée de repentir, et a accepté sur lui un certain bon comportement, chacun en fonction de sa valeur et de son niveau. C’est pourquoi on l’appelle Shabbath Béréchit (au commencement), car on rappelle à l’homme que le passé est le passé, et qu’à partir de maintenant, c’est une nouvelle période qui commence, l’homme devant s’efforcer, de devenir à partir de maintenant, quelqu’un de bien."
[Divré Yé'hezkiel]

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-> Au sujet du Shabbath Béréchit, il existe le dicton bien connu selon lequel le comportement que l’on adopte en ce jour se prolonge toute l’année.
La raison en est qu’il s’agit du moment où s’achève le Service divin exalté des fêtes, marqué par l’élévation spirituelle au-delà des limites de la nature, et où commence celui qui caractérise la vie quotidienne du reste de l’année, lorsque nous sommes confrontés aux défis du Monde matériel. Or, nous savons que le Shabbath bénit l’ensemble des jours de la semaine qui suit.
Ainsi, le Shabbath Béréchit bénit-il les 7 jours de la première semaine du Service de D. "dans le Monde". Et, sachant qu’il s’agit des mêmes 7 jours qui se reproduisent chaque semaine, la bénédiction de cette première semaine se répercute sur toutes les semaines de l’année.
[Likouté Si'hot]

"Au commencement, D. créa le ciel et la terre" (Béréchit 1,1)

La Torah a été écrite avec 22 lettres saintes par lesquelles Hachem a créé Son univers.
On y trouve une allusion dans les initiales des mots du premier verset de la Torah : "Au commencement, D. créa le ciel et la terre" (Béréchit bara Elokim et hachamayim véet haaretz - בְּרֵאשִׁית בָּרָא אֱלֹהִים אֵת הַשָּׁמַיִם וְאֵת הָאָרֶץ).
Si l’on rassemble les initiales, on obtient une valeur numérique de 22, tout comme le nombre de lettres qui composent la Torah.

Le Ben Ich ‘Haï explique que c’est pour cette raison que de nombreuses prières suivent l’ordre de l’alphabet : afin d’y inclure les 22 lettres saintes avec lesquelles le monde a été créé et par lesquelles la Torah a été donnée, et que nous soyons sauvés par ce mérite.

Une allusion à cette idée apparaît dans le verset : "Remets ta destinée à Hachem ; confie-toi à Lui : Il fera le nécessaire" (Téhilim 37,5) :
-> "Remets ta destinée à Hachem" = tu dois prier D., c’est-à-dire selon l’ordre des lettres qui précèdent celles du Nom de D.
La lettre "youd" est précédée du "tét" ; le "hé" est précédé du "dalet " ; le "vav" du "hé" ; et le "hé" du "dalet".
La valeur numérique de l’ensemble de ces lettres est égale à 22.
-> Si tu agis ainsi, "confie-toi à Lui : Il fera le nécessaire", et Il écoutera ta prière.

"Hachem organisa en une femme la côte qu’Il avait prise à l’homme" (Béréchit 2,22)

-> Dans les bénédictions du matin, la femme dit : "Béni sois-Tu … qui m’as créée selon Sa volonté."

L’auteur du Séfer Avné Zikaron interprète cette bénédiction ainsi :
la femme loue D. de l’avoir créée femme. En quoi est-ce préférable?
Quand Il voulut créer l’homme, Il consulta les anges, afin de nous enseigner l’obligation d’un plus grand de consulter un plus petit (Rachi). C’est donc comme si les créatures célestes avaient participé à la création de l’homme. Or, celle de la femme résulta exclusivement de la volonté divine, d’où la signification profonde de la bénédiction qu’elle prononce quotidiennement.

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-> "Hachem organisa en une femme la côte (atséla - הַצֵּלָע) qu’Il avait prise à l’homme" (Béréchit 2,22)

-> En réorganisant les lettres du mot "atséla" (une côte - הַצֵּלָע), on obtient : "laétsa" (au conseil - לעצה).
Quelle est la signification de cela?
Le sens devient clair lorsque nous examinons la guémara (Baba Métsia 59a) : "Si ta femme est petite, penche-toi pour lui parler et prendre conseil d'elle".

En d'autres termes, un mari doit écouter "au conseil" (לעצה) de sa femme, qui a été formée à partir de sa côté (הַצֵּלָע).
[le 'Hida]

Le préalable à la Torah = la crainte du Ciel

+ Béréchit - Le préalable à la Torah = la crainte du Ciel :

-> "Faisons l'homme" (Béréchit 1,26)

-> "La conclusion de tout chose : tout est su et crains D." (Kohélet 12,13)
Le rav El'hanan Wasserman (Kovets Earot Yébamot p.150) enseigne à ce sujet :
"L'intention est la suivante : ne pense pas que la crainte de D. est une simple valeur chez un homme, que celui qui ne la possède pas s'appelle aussi un homme à ceci près qu'il lui manque cette vertu.
C'est à ce propos que le verset vient enseigner qu'il n'en n'est rien. Car celui qui n'a pas de crainte de D. n'est pas du tout qualifié d'homme, mais seulement de simple être vivant car "c'est là tout l'homme" (suite du verset ci-dessus).
Sans elle, une personne ne possède pas le niveau d'homme.
La valeur d'un homme ne dépend que de sa Crainte du Ciel et de la grandeur de celle-ci : s'il en a beaucoup, c'est un grand homme ; s'il n'en n'a que peu, c'est un homme petit, et s'il n'en a pas du tout, ce n'est pas du tout un homme, mais un animal sous forme d'homme.

Cela s'explique grâce au verset : "Faisons l'homme" (Béréchit 1,26), que le Zohar commente ainsi : Hachem s'adressa à toute la création en lui disant ''faisons tous ensemble l'homme, que tous s'associent à sa création'', à savoir que chacun donne à l'homme de sa propre nature, que le taureau lui donne de sa nature de taureau, que le lion lui donne de sa nature de lion, que le serpent lui donne de sa nature de serpent, ...
Il en résulte que même un seul homme est un monde en microcosme qui contient en lui les aspects de toutes les créatures.

Dès lors, les forces de toutes les bêtes sauvages se trouvent contenues en lui et il n'existe donc pas de bête aussi féroce que l'homme.
De plus, celle-ci possède des armes que nulle autre bête ne possède : l'intelligence et la parole.
S'il est nécessaire d'attacher n'importe quelle bête féroce avec une chaîne en fer, combien de chaînes sont-elles nécessaires pour attacher une bête féroce aussi redoutable que l'homme!
Lorsque Hachem créa l'homme, il est certain qu'Il créa également la chaîne qui pouvait le retenir et l'empêcher de détruire le monde entier.
Cette chaîne, c'est la crainte d'Hachem qui, elle seule, est en mesure d'empêcher l'homme d'être une bête féroce.

Hormis celle-ci, aucun stratagème ne peut le retenir de nuire. Et même s'il était sage et philosophe comme Aristote, cela ne lui serait d'aucun secours dès l'instant où son mauvais penchant viendrait l'attaquer.
Lorsqu'Avraham s'adressa à Avimélekh, il lui dit : "Seulement, il n'y a pas de crainte de D. dans cet endroit et on me tuera pour (prendre) ma femme" (Vayéra 20,11). L'intention en employant le terme "seulement" était de lui signifier qu'en dehors de la crainte d'Hachem, aucune vertu, sagesse ou bonne conduite ne leur manquait, et malgré tout, rien ne pouvait les aider s'il n'y avait pas de crainte de D."

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-> b'h, en prolongement voir également : https://todahm.com/2021/11/07/33551

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-> La récompense de la crainte de D. est immense, comme il est dit : "Combien la bonté que tu as réservée à ceux qui te craignent est
grande" (Téhilim 31,20)
Nos Sages enseignent à ce sujet (Brakhot 6b) : "Le monde entier n'a été créé que pour ordonner cette chose-là (la crainte d'Hachem)".

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-> "Un sot ne saurait craindre la faute" (Pirké Avot 1,5)

-> Le rabbi Mendel de Kotzk disait :
Si un sot avait une quelconque crainte d'Hachem, alors il ne resterait plus un sot, et il est certain qu'il commencerait à étudier et à apprendre [la Torah], et à ne plus être un sot.

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-> "La Torah sans crainte et sans miséricorde ne peut s'élever.
La Torah et les mitsvot sans crainte et sans miséricorde ne peuvent s'établir devant Hachem"
[Tikouné Zohar - tikoun 10 p.28a]

-> Le Maguid de Mézéritch nous enseigne que l'homme doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre la crainte de D. car c'est par par cet intermédiaire qu'il méritera d'atteindre l'amour de D. qui lui sera octroyé comme un cadeau du Ciel.

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-> Il est rapporté dans le Zohar (Chéla'h Lé'ha 165a) que lorsque l'âme arrive au gan eden, cette dernière ressent une joie d'une intensité inégalée qui lui permettra de se rapprocher et de connaître davantage le Maître de l'univers. Mais elle ressent au même instant une crainte d'une même intensité car sans cette dernière, il est impossible de s'élever.

-> C'est le secret de l'élévation spirituelle de chaque être humain : c'est la crainte de D. qui va créer un réceptacle permettant à l'homme de recevoir et d'attirer sur lui depuis les mondes supérieurs de nouvelles aptitudes spirituelles qui vont le réjouir davantage.
Ce principe fonctionne comme un effet piston. Lorsque l'homme stagne dans son étude de Torah et dans la compréhension de cette dernière, c'est parce que son niveau de crainte du Ciel et de pureté "stagnent" aussi.
Mais s'il brise son cœur par un désir ardent de se rapprocher de son Créateur, cet élan va créer un canal qui le reliera aux mondes supérieurs et lui permettra d'attirer sur lui une abondance plus élevée qu'auparavant.
Ainsi cette crainte sans précédent déversera sur lui une élévation spirituelle qui lui procurera une joie sans précédent.
[Tsror ha'Haïm - Vayakel]