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"Les messagers revinrent auprès de Yaakov, disant : "Nous sommes allés trouver ton frère Essav. Lui-même vient à ta rencontre, et 400 hommes l'accompagnent" (Vayichla'h 32,7)

-> Certains affirment qu'Essav avait 400 généraux, chacun à la tête de 400 hommes, soit un total de 160 000 soldats.
Les "400 hommes" cités par la Torah se réfèrent aux généraux.

Selon une autre opinion, chacun des hommes d'Essav était capable de se battre contre 400 guerriers.

D'autres commentateurs disent qu'Essav avait acquis le droit de réclamer les douanes à la frontière.
Essav pensait : "Si mes hommes arrivent à vaincre Yaakov, parfait. Mais si ses hommes sont plus nombreux que les miens, je lui présenterai mes références et j'exigerai d'inspecter ses biens, afin de vérifier si certains ne tombent pas sous le coup d'une taxe. Pendant qu'il sera occupé à préparer ses biens pour l'inspection, je le tuerai."
Puisqu'Essav préparait ce plan il n'emmena que 400 hommes, il n'en avait pas besoin de plus ...

Un commentaire explique qu'Essav avait acquis les droits de douane car il avait appris que Yaakov avait caché sa fille Dina dans un coffre. Il avait pris cette mesure à cause de la très grande beauté de sa fille, et il redoutait qu'Essav ne désire la prendre pour femme.
Essav dit : "Maintenant, je dispose d'un plan excellent pour le tuer. Je demanderai qu'il ouvre chaque coffre pour voir les produits visés par l'impôt douanier. Quand il refusera d'ouvrir le coffre où se trouve sa fille, j'utiliserai cela comme une excuse pour le tuer."

[Méam Loez - Vayichla'h 32,7]

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-> "Les messagers revinrent à Yaakov, en disant : "Nous sommes allés trouver ton frère Essav" (Vayichla'h 32,7)

-> Le rav Pin'has de Koritz (Imré Pin'has) note que les premières lettres des mots "vayachouvou hamala'him él Yaakov lémor" (les messagers revinrent à Yaakov, en disant - וַיָּשֻׁבוּ הַמַּלְאָכִים אֶל יַעֲקֹב לֵאמֹר), forment le nom "Eliyahou" (אליהו).
Cela indique qu'Eliyahou haNavi était impliqué dans cette mission, même s'il n'était pas encore né.
Bien qu'il n'ait pas encore existé en tant que personne, le concept d'Eliyahou haNavi, l'ange de feu d'Hachem, existait déjà et faisait partie de cette mission.

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+ "Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav" (Vayichla'h 32,12)

=> Pourquoi Yaakov eut-il peur uniquement de son frère Essav, et non des 400 hommes qui l'accompagnaient?

-> Reich Lakich (Yalkout Chimoni 32,7) sur "400 hommes avec lui [Essav]" (Vayichla'h 32,7) = c'est-à-dire comme lui, de la même façon qu'Essav était à la tête de 400 hommes, ainsi chacun de ces hommes était à la tête de 400 autres hommes.

Il en découle qu'il y avait un total de 160 000 hommes (400*400), ce qui représente 16 myriades (16*10 000), sans compter Essav lui-même.

-> Rabbi Méïr Yé'hiel d'Ostrovitch enseigne :
Essav connaissait le principe écrit dans les Téhilim (91,7) : "Qu'à tes côtés il en tombe 1 000 (côté gauche), et une myriade à ta droite (10 000) ; toi, le mal ne t'atteindra pas".
Essav avait compris que chacun des Bné Israël possédait la force de soumettre une myriade, soit 10 000 ennemis.

Si l'on compte bien, Yaakov, ses 11 enfants (Binyamin n'était pas encore né), et ses 4 femmes, nous obtenons alors 16 personnes constituant la famille d'Israël. Ils étaient donc aptes à faire la guerre aux 16 myriades conduites par Essav.

Ainsi Essav a-t-il amené avec lui 160 000 hommes, car il avait l'intention d'éliminer toute opposition afin de se retrouver en face à face avec Yaakov.
C'est pour cela que Yaakov a prié vers Hachem en disant : "Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav, car je le crains".
Yaakov fut très précis dans sa demande en disant : "car je LE crains" : Il ne craignait que lui en effet, car face aux 160 000 hommes qu'Essav avait emmenés avec lui, il avait la force potentielle de les vaincre.

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"Yaakov fut fort effrayé et inquiet. Il partagea son monde, ainsi que le menu, le gros bétail et les chameaux, en 2 camps. Il se dit : Ce sera, si Essav s'approche du 1er camp et l'attaque, le 2e camp sera épargné " (Vayichla'h 32,8-9)

-> Même si Hachem avait promis à Yaakov de le protéger, malgré tout Yaakov craignait avoir commis une faute qui lui ferait perdre cette protection Divine. [cf. b'h, également : https://todahm.com/2018/12/09/7701 ]
Il craignait donc qu'Essav puisse malgré tout lui faire du mal et se prépara à cela, en divisant son camp en deux, de sorte à préserver tout au moins le 2 camp.

=> Mais on peut se demander comment Yaakov pouvait-il être aussi sûr que le 2e camp sera épargné? Comment savait-il que Essav n'allait pas attaquer les deux camps?

Nous allons voir, b'h, différentes explications :

-> 1°/ Le Na'halat Yaacov explique que Yaakov se trouverait dans le 1er camp, le plus proche de Essav.
- Quand celui-ci rencontrerait Yaakov, s'il accepterait de faire la paix avec son frère, alors tout se finira bien. Mais s'il voulait encore le tuer, alors Yaakov lui fera la guerre.
- Quand tout le reste de la famille (et des biens) de Yaakov qui se trouvaient dans le 2e camp, verraient que Yaakov et Essav se battent, ils en concluraient que Essav cherche toujours à leur faire du mal. Et alors, pour se protéger, pendant ce temps où Yaakov et Essav se battent, ils s'enfuiraient et auront ainsi la vie sauve. Ce 2e camp sera donc, de cette façon, épargné.

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-> 2°/ "Pourquoi vous perdrai-je tous les deux le même jour" (Toldot 27,45)
Rachi de commenter : Elle (Rivka) était inspirée par l’esprit saint et a prophétisé qu’ils (Yaakov et Essav) mourraient le même jour, comme il est expliqué dans la guemara (Sotah 13a).
En se basant sur cette prophétie le 'Hanoukat haTorah écrit que Yaakov éloigna les 2 camps d'une distance d'un jour de marche. Yaakov se trouvait seul dans le camp le plus proche de Essav.
Ainsi, quand ce dernier le rencontrera, si dans le pire des cas il réussit à le tuer, alors il lui faudra un jour de marche pour se rendre dans le 2e camp et le combattre. Mais alors, conformément à la prophétie de Rivka, il mourra avant d'atteindre le deuxième camp. Celui-ci sera donc forcément sauvé.

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-> 3°/ Le rabbi méïr Yé'hiel d'Ostrovtsa explique que toute la force qu'Essav disposait pour nuire à Yaakov, il l'a obtenue de par son grand mérite du respect de son père. En effet, nos Sages rapportent qu'Essav honorait son père de façon exemplaire. C'est ce mérite qui lui donna toute sa force.

C'est pourquoi Yaakov divisa son camp en deux, et dans le camp le plus proche d'Essav, il n'y avait que lui. Quand Essav s'approchera, s'il décide de combattre Yaakov et arrive à le tuer, alors de ce fait, leur père Its'hak souffrira énormément de la mort de son fils.
Dès lors, Essav qui aura causé cette profonde peine à son père, en tuant Yaakov, perdra automatiquement tout son mérite lui venant du respect de son père, car il n'y a pas de peine plus grande que l'on peut causer à un père que de tuer un de ses enfants.
[combien il est dur à un parent de voir ses enfants se disputer entre eux, et à plus forte raison d'en arriver à se tuer (physiquement, par les mots, en s'ignorant, ...)!]

Et lorsque Essav aura perdu son mérite du respect de son père, il ne lui restera plus de force pour faire du mal à la famille de Yaakov, car toute sa force ne lui venait que de ce mérite.
Dès lors, le 2e camp sera automatiquement préservé, car Essav, dépourvu de son mérite, n'aura plus la force de leur nuire.

-> Rabbi Nissim Yaguen (Nétivé Or) rapporte un exemple : lorsqu'Essav se rendait honorer son père, il portait un costume en soie. Il ne portait pas cet habit particulier lorsqu'il se trouvait à la maison, non plus dans la rue, uniquement lorsqu'il honorait ses parents.

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-> Le 4°/ Ramban affirme que ce passage de la division du camp en deux, est annonciateur de ce qui se passera pendant toute la période de l'exil.
Tout au long de l'Histoire, à chaque fois que les ennemis d'Israël se lèveront et leur feront du mal, alors même s'ils arrivent à causer des dégâts sur une partie du peuple, malgré tout : "le 2e camp sera préservé", et le peuple juif restera épargné.

=> Jamais aucun ennemi n'arrivera à vaincre tout le peuple juif dans son ensemble.

Ainsi, selon nos Sages, Hachem a réalisé une bonté avec Son peuple, de l'avoir dispersé de par le monde, car même si des persécuteurs causent des dégâts sur le peuple juif dans un coin du monde, les juifs des autres coins resteront saufs.
Jamais aucun ennemi n'arrivera à faire disparaître le peuple juif dans sa totalité.

=> La démarche de Yaakov était donc précurseur de ce qui arrivera à Israël tout au long de son histoire

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-> 5°/ Le 'Hatam Sofer se base sur un enseignement de nos Sages qui dit que la prière permet d'obtenir au moins la moitié de ce que l'on cherche.

Yaakov pria pour être sauvé des mains de Essav.
Ainsi, Yaakov divisa le camp en deux pour que même si Essav attaque le 1er camp et obtient la victoire, le 2e camp sera forcément sauvé par le mérite de sa prière, qui sera au moins exaucé à moitié, de façon à ce que le 2e camp soit sauvé.

"Il (Essav) tomba à son cou et l'embrassa" (Vayichla'h 33,4)

-> Essav le racha, a gardé en son cœur de la rancune à Yaakov pendant ces 36 années, à chaque occasion il cherchait le moyen de le tuer.

Nos Sages nous racontent que Yaakov a envoyé des messagers, qui sont revenus en racontant qu'Essav avait gardé de la haine contre lui, et que rien n'avait changé. Et pourtant, dès qu'il s'est humblement prosterné devant Essav en l'appelant "mon seigneur", celui-ci s'est immédiatement adouci et sa haine a disparu, au point qu'il est tombé au cou de Yaakov et l'a embrassé.

Le Séfer Mélits Yocher en déduit la puissance de la corruption des honneurs, c'est cela la faiblesse de l'homme.

-> Selon le midrach : "Rabbi Chimon bar Yo'haï a enseigné : c'est une halakha connu qu'Essav déteste Yaakov, mais à ce moment là, sa pitié l'a emporté et il l'a embrassé de tout son cœur".

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-> Selon une autre opinion, Essav tenta de mordre Yaakov au cou. Mais le cou de ce dernier devint dur comme du marbre, et les dents d'Essav s'y brisèrent.
Ils se mirent alors à pleurer de douleur : l'un pour son cou, l'autre pour ses dents ...

Essav pensa : "Je ne vais pas tuer Yaakov avec mon glaive ou avec une autre arme, mais avec mes dents. Je vais trancher sa jugulaire et le saigner à mort." ...
Yaakov pleura à cause du danger, et Essav pleura parce qu'il ne pouvait le mordre.

En réalité, Essav hésitait à attenter à la vie de son frère. Its'hak vivait encore, et Essav ne voulait pas causer de chagrin [à son père]. Quand il vit le miracle dont bénéficia son frère, il adopta un comportement amical à l'égard de Yaakov, et l'embrassa sincèrement.

Yaakov méritait cette douleur, car il avait provoqué Essav en lui envoyant des cadeaux et en s'adressant à lui avec désinvolture. Or,telle n'était pas la volonté de D.
[Selon cette opinion,] Essav ne pensait aucunement à Yaakov et celui-ci n'avait pas à l'aborder.
Yaakov n'avait aucune raison de craindre Essav, car en quittant Lavan, D. lui avait dit : "Retourne aux pays de tes pères, et je serai avec toi" (Vayétsé 31,3).

D'après d'autres commentaires, quand Yaakov préleva la dîme de ses troupeaux, il l'envoya à Essav.
Hachem lui dit : "Ce que tu fais n'est pas juste. La dîme est sanctifiée, mais tu l'utilises dans un but profane."
Yaakov répondit : "Mais cela est nécessaire, je dois le flatter, sinon il me tuera."
D. dit : "Non seulement tu lui offres la dîme, mais tu violes aussi Ma parole : "Le plus grand sera le serviteur du plus jeune" (Toldot 25,23). Au lieu de te comporter en maître à l'égard d'Essav, tu te présentes à lui comme son serviteur ("Ainsi parle ton serviteur Yaakov" - Vayichla'h 32,5). Par ta vie, tu seras sous son joug en ce monde."

Les actes de Yaakov sont surprenants.
La Torah dit : "Tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu" (Chémot 34,14). Puisque Essav s'était érigé en divinité, comment Yaakov put-il s'incliner devant lui?

En réalité, Yaakov ne se prosterna pas devant Essav. Il le fit devant la présence Divine qui était venue à son secours. Cependant, Essav supposa qu'il agissait ainsi envers lui.

[le Zohar - rapporté dans le Méam Loez (Vayichla'h 33,4)]

Quand les juifs sont dans le malheur, les nations du monde les traitent comme des étrangers, et font semblant de ne jamais les avoir connus.
Quand il réussissent, les nations du monde les couronnent et font semblant d'être leurs frères.

C'est ainsi que Essav a dit à Yaakov, quand il a vu à quel point il avait réussi : "Mon frère, que ce que tu as soit à toi" (Vayichla'h 33,9).

[Sifri - Dévarim]

"J'ai passé ce Yarden avec mon bâton" (Vayichla'h 32,11)

-> Quand Yaakov est arrivé au Jourdain (Yarden) [après avoir quitté ses parents, suite aux bénédictions de son père en place d'Essav], il ne savait pas quoi faire, il a levé les yeux vers D. et il a dit : "Hachem! Tu sais que je n'ai rien d'autre avec moi que ce bâton". [Elifaz, le fils de Essav lui ayant tout prit!]

Hachem lui a dit : "Frappe le Jourdain et passe", et c'est ce qu'il a fait.
Hachem lui a alors dit : "C'est un signe pour tes descendants : de même que le Jourdain s'est fendu devant toi, il se fendra aussi devant tes descendants".

[midrach Yélamdénou]

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-> Rachi (v.32,11) écrit également : Je n’avais ni argent, ni or, ni bétail, mais seulement mon bâton.
Explication du midrach : Il a touché le Yarden de son bâton, et celui-ci s’est fendu pour lui livrer passage (Midrach Tan'houma Vayétsé 3).

"Sauve-moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav" (Vayichla'h 32,12)

-> Le Rokéa'h rapporte un midrach selon lequel, lorsque Yaakov fuyant Essav, partit à 'Haran, Essav eut un fils qu'il appela "mon frère", afin de de ne pas oublier ce que Yaakov lui avait fait.
Quand cet enfant grandit, il lui ordonna de tuer son oncle Yaakov, en tout lieu où il le trouverait.

=> D'où la double prière de notre Patriarche : "Sauve-moi, de grâce, de la main de "mon frère", de la main d'Essav".

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-> A ce sujet, on peut rapporter le Méam Loez (Vayichla'h 32,4) :
La Torah nous indique qu'Essav vivait dans le pays de Séir, à Sdé Edom
Ceci nous apprend combien Essav était rancunier. Il n'oublia jamais ce que Yaakov lui avait fait.
- [Séir signifie, en hébreu, chèvre]. Essav voulait garder constamment à l'esprit que Yaakov s'était couvert de peau de chevreaux afin que ses bras semblent velus, quand il trompa Its'hak pour recevoir la bénédiction.
Ainsi [le nom de cette région] lui rappelait sans cesse l'usurpation de la bénédiction.
- Il nomma sa ville Sdé Edom [car Edom signifie "rouge"]. Cette couleur était celle du plat de lentilles contre lequel il avait vendu son droit d'aînesse (v.25,30).
Cela aussi, il ne l'oublia pas.

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-> "Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav" (Vayichla'h 32,12)
Essav représente le yétser ara.
Les termes : "de grâce, de la main de mon frère" (na miyad a'hi - נָא מִיַּד אָחִי) ont les dernières lettres qui forment אמן (amen).
Le Divré Shmouël explique que le fait de répondre amen, a la capacité de nous sauver de notre yétser ara.

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-> "Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Essav" (Vayichla'h 32,12)

Rabbi Yossef Solovetchik de Brisk disait à ce sujet :
- "de la main d'Essav" = sauve-moi de ceux qui me détestent de façon visible et qui installent la peur et la crainte sur le peuple juif ;
- mais sauve-moi également "de la main de mon frère" = de ceux qui tendent la main avec chaleur pour nous rapprocher et qui prétendent que nous sommes de la même famille et que nous avons la même Torah.
Dans le premier cas, le danger est physique ; tandis que dans le second, le danger est spirituel, ce qui est bien plus dangereux.

"Pourtant, Tu as dit : "Je te comblerai de faveurs"." (Vayichla'h 32,13)

-> Le rabbi Yé'hezkel de Kozmir commente ainsi ce verset :

Lorsque l'homme est empli de reconnaissance à l'égard de Hachem, ressentant qu'Il le comble de bienfaits et s'assure toujours que sa situation soit la meilleure possible, en retour, Hachem lui démontre combien il a raison, en déversant sur lui encore plus de bénédictions.

Cette idée peut se lire en filigrane à travers les mots de notre verset :
"Pourtant, Tu as dit : "Je te comblerai de faveurs (étév étiv ima'h - הֵיטֵב אֵיטִיב עִמָּךְ)"."
En d'autres termes, si l'homme affirme que D. ne lui fait que du bien (hétév), alors Hachem le lui confirmera en le comblant d'autant plus (étiv).
Par contre, si l'homme se plaint de la médiocrité de sa situation, alors Hachem réagira en l'aggravant davantage, afin de lui signifier qu'auparavant, elle n'était pas si mauvaise qu'il le prétendait.

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-> b'h, également sur ce sujet : https://todahm.com/2017/04/26/5179

"Si Essav attaque l'un des camps et le met en pièces" (Vayichla'h 32,9)

-> Le mot : "véhikahou" (וְהִכָּהוּ - et le met en pièces) peut se lire dans les 2 sens.
C'est une allusion au fait qu'à chaque fois que les non-juifs frapperont le peuple juif, ils seront eux-mêmes frappés en retour.

"Yaakov eut très peur et fut angoissé" (Vayichla'h 32,8)

-> Rachi de commenter : Il s’est effrayé à l’idée d’être tué, et il a été angoissé à celle de devoir tuer des autres.

Il existe le principe suivant : "Si quelqu’un veut te tuer, tue le en premier".
Ainsi Yaakov n’aurait pas dû être tourmenté de tuer Essav qui venait pour le tuer.
=> Pourquoi une telle réaction de sa part?

-> Le Gour Aryé explique qu'en réalité Yaakov ne craignait pas de tuer Essav, en soi.
Cependant, il avait peur que si son père apprend qu’il a tué Essav, il en vienne à le maudire, lui qui aimait particulièrement Essav.
Yaackov craignait surtout cette malédiction.

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-> Le Malbim explique qu'en réalité Yaakov a eu purement et simplement peur de Essav qui venait vers lui avec 400 hommes.

C'est ainsi que le verset dit : "Yaakov eu très peur", et lorsque le verset poursuit et dit : "et il fut tourmenté", cela signifie qu'ensuite il fut tourmenté du fait d’avoir eu peur, de sorte qu'on peut lire le verset ainsi : "Yaakov a eu très peur et il en fut tourmenté".
Il regretta amèrement d’avoir eu peur et d’avoir ainsi manqué de confiance en Hachem qui le sauvera et qui lui a même fait des promesses.

En effet, un homme vraiment pieux ne doit rien craindre du tout, hormis Hachem et c’est cela qui tourmenta Yaakov.
D'ailleurs, on peut ajouter que Yaakov a ensuite craint que ce soit cette faute d’avoir eu peur qui lui cause préjudice devant Essav.

-> "Ôte ma honte, que je craignais" (aaver 'herpati achèr yagorti - Téhilim 119,39).
Cela signifie qu'il est honteux de craindre ou de s'inquiéter d'une force autre que celle d'Hachem.
[Maguid de Zlotchov]

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-> Le Kli Yakar apporte 3 raisons pour lesquelles Yaakov pouvait être tourmenté.

1°/ La 1ere est que dans la guémara (Shabbath 32a), on apprend que quand Hachem réalise des miracles pour sauver quelqu’un cela lui enlève de ses mérites.
Ainsi Yaakov fut tourmenté du fait que peut-être Hachem lui enlèvera de ses mérites pour le sauver miraculeusement de Essav.

2°/ La 2e chose qui tourmentait Yaakov, c’était que Essav avait dit 20 ans auparavant, quand Yaakov lui avait pris les bénédiction, qu’il attendait la mort de son père pour se venger et allait tuer Yaakov.
Ainsi, quand ce dernier vit que Essav, accompagné de 400 hommes, se dirigeait vers lui pour lui faire la guerre, il en conclut que peut-être que son père était mort. C’est aussi cela qui le tourmentait.

3°/ La 3e chose se base sur un enseignement de nos Sages qui dit que : "quiconque flatte un racha finira par tomber entre ses mains".
Or, Yaakov a flatté Essav, au début de la paracha, en lui envoyant un message où il disait : "à mon Maître Essav" (ladoni léEssav) ou encore "ton serviteur Yaakov" (avdé'ha Yaakov).
=> C’est cette faute que Yaakov craignait.

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-> Le Zohar explique que Yaakov a eu peur à cause du mérite du respect des parents que pouvait réaliser Essav et que lui ne pouvait pas pratiquer, car étant éloignés de ses parents.

De plus, Yaakov craignait que le fait qu’il ait épousé 2 sœurs, chose que la Torah interdira plus tard, lui soit compté comme faute et soit en défaveur pour lui devant Essav.

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-> Le Méam Loez (Vayichla'h 32,8) rapporte 2 avantages spirituels d'Essav sur lui :
1°/ Essav avait vécu en terre d'Israël, tandis que Yaakov en avait été absent pendant 20 ans.

[le rabbi Chmouël Mohaliver dit qu'on apprend d'ici que la mitsva unique d'habiter sur la terre d'Israël, même si elle est accomplie par un racha qui transgresse de nombreuses fautes tel Essav, peut être comparée à un grand nombre de mitsvot accomplies par un tsadik de la dimension de Yaakov.
Le rabbi de Mohaliver poursuit : à plus forte raison de nos jours, lorsqu'un juif habite sur la terre d'Israël, même s'il a une pratique légère des mitsvot, combien est-il précieux devant Hachem.
Le Yalkout Chimoni (Eikha 3) rapporte : "Hachem dit : Si seulement les fils de Mon peuple pouvaient résider sur la terre d'Israël, même s'ils l'impurifiaient".
(les mitsvot faites en Israël ont plus de valeur car elles sont accomplies dans le palais du roi, mais cela est aussi inversement applicable pour les fautes. C'est pourquoi la terre "vomit" ses habitants.)]

2°/ Essav observait la mitsva d'honorer son père à la perfection. Même lorsqu'il brûlait d'envie de se venger de Yaakov, il attendit la mort de son père, pour tuer son frère.
Ainsi, au plus fort de sa colère, il ne voulait pas assassiner Yaakov du vivant de son père.

Yaakov, lui, n'avait pas honoré ses parents durant 20 ans. Il est vrai qu'il avait quitté la Terre sainte avec la bénédiction de D. (cf. paracha Vayétsé).
De plus, ses parents lui avaient enjoint d'aller chez Lavan (Toldot : v.27,43 ; 28,2), mais à condition qu'il y reste 7 ans, et pas plus.
Puisqu'il demeura si longtemps à l'étranger, il risquait d'être puni.

Durant cette période, Yaakov n'avait pas non plus étudié la Torah, car il devait conduire le bétail de Lavan.
Sa spiritualité aurait [également] pu aussi s'amoindrir du fait qu'il avait épousé 2 sœurs.

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-> Les grands rabbanim de la 'hassidout ont expliqué que Yaakov "fut angoissé", parce qu'il avait "divisé son monde". La division et la séparation régnaient sur son peuple, et de plein gré.
Or, Yaakov savait que tant que les juifs resteraient unifiés, la main d'Essav n'aurait aucune prise sur eux, mais que s'ils se divisaient en plusieurs camps, il y avait lieu de le craindre.

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-> "Yaakov eut peur et fut perturbé" (Vayichl'ah 32,8)

Rachi explique qu'il eut peur d'être tué et fut perturbé de risquer d'en venir à tuer d'autres personnes.
=> Mais on peut s'interroger. Puisque Essav voulait tuer Yaakov, ce dernier se devait de sauver sa vie, et même s'il fallait le tuer. Puisque c'est ce que la Thora lui recommande de faire, pourquoi en fut-il tant perturbé?

En fait, Rivka dit, dans la paracha de Toldot : "Pourquoi vous perdrai-je tous les deux le même jour", et nos Sages d'expliquer qu'elle prophétisa que Yaakov et Essav sont destinés à mourir le même jour.
Ainsi, de même que "Yaakov eut peur" d'être tué (directement) par Essav, de même il "fut perturbé" de tuer Essav car alors cela entraînerait indirectement sa propre mort, puisqu'il est établi qu'il mourra le même jour que Essav.
[rav Moché Sternbuch - Taam véDaat]

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-> La guémara (Béra'hot 4a) explique que Yaakov avait peur qu’à cause d’une faute qu’il aurait commise, il perde le bénéfice de la promesse et donc que Essav puisse lui faire du mal.

Mais les commentateurs se demandent malgré tout pourquoi avait-il peur de la faute. En effet, le Rambam enseigne qu’une prophétie positive ne peut jamais être annulée même à cause de fautes commises.

-> Le Chem miChmouël explique que cet enseignement du Rambam est valable pour une prophétie prononcée par un prophète, pour ne pas que l’on discrédite le prophète.
Mais là, la promesse de protection faite à Yaakov n’a pas été dite par un prophète mais par Hachem Lui-même, impliquant que le principe du Rambam ne s’applique pas.

=> Cela entraîne que Yaakov pouvait malgré tout avoir peur qu’une faute disqualifie la promesse.

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-> Le ‘Hidouché haRim explique la crainte de Yaakov malgré la promesse, d’une autre façon.
Il dit que Yaakov savait que dans les générations futures, ses descendants vont encore se trouver dans des moments de détresse, particulièrement à cause des descendants de Essav.
C’est pourquoi il voulait que son action soit profitable et ouvre une porte de secours pour les générations futures.
Or, dans l’avenir, les enfants d’Israël ne vont pas forcément bénéficier d’une promesse Divine leur assurant la victoire. Ainsi, ils seront dans une grande détresse et ressentiront réellement de la peur.

C’est pourquoi, bien que Yaakov avait une totale confiance en la promesse de Hachem, malgré tout, il décida de faire abstraction de cette promesse pour le profit de ses descendants qui n’auront pas cette même promesse.
=> Ainsi, il a eu peur, comme auront peur ses descendants, et pour leur montrer la voie, il s’est mis à prier, car c’est surtout cela que devront faire ses descendants.
Yaakov voulait nous montrer que c’est la prière qui nous sauvera.

-> Le 'Hidouché haRim écrit que Yaakov avait reçu la promesse d'Hachem qu'Il ne l'abandonnerait jamais, et qu'il l'avait pleinement acceptée, comme l'indique le midrach (Béréchit rabba 68,2) qui déclare que lorsque Yaakov a quitté Béer Shéva pour 'Haran, il a dit : "Mon aide vient d'Hachem, qui a créé les cieux et la terre. Aucun homme ne peut me faire du mal."
Malgré tout, il vit avec le roua'h hakodech qu'il était bon pour lui d'être angoissé et d'implorer la miséricorde d'Hachem, comme s'il n'avait aucune garantie pour sa sécurité. La raison en est qu'il devait créer des mérites pour les générations futures afin que, lorsqu'elles se trouveraient dans des situations périlleuses, elles puissent également bénéficier de cette miséricorde Divine.

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-> Yaakov est présenté tout au long de la Torah comme un homme ayant un grand courage physique. Et le voilà soudain prenant peur, à la veille de sa rencontre avec son frère Essav : "Yaakov fut fort effrayé et plein d'anxiété" (Vayichla'h 32,7).

Yéchayahou Leibowitz explique : "En vérité, ce qui rendait Yaakov fragile, ce n'était pas la perspective de mesurer ses forces à celles de son frère Essav, mais ses problèmes de conscience. Il n'est pas sûr d'avoir bien agi naguère, dans la maison familiale, à l'égard de son frère. Eprouverait-il des remords? Il a d'abord et avant tout besoin du pardon d'Essav!"

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-> Le Péninim Yékarim rapporte la guémara (Guittin 56a) qui enseigne que le général romain Néron, s'est converti, et que Rabbi Méir est l'un de ses descendants.

Les romains sont associés à Edom, qui sont les descendants de Essav, ce qui entraîne que Rabbi Méir est un descendant de Essav.

La guémara (Horayot 13b) rapporte que la halakha n'est pas citée au nom de Rabbi Meir, mais par : "a'hérim omrim" (d'autres disent - אחרים אומרים), ni au nom de Rabbi Nathan mais par : "yech omrim" (certains disent).

On a vu ci-dessus que selon Rachi : "Yaakov a été angoissé à celle [l'idée] de devoir tuer des autres (ét a'hérim - אֶת אֲחֵרִים).

=> Ainsi, Yaakov craignait qu'en tuant Essav, il supprime aussi "d'autres" (אחרים), c'est-à-dire Rabbi Méir, qui allait sortir d'Essav.

[Concernant Rabbi Méir : Il est le 3e Sage le plus mentionné dans la michna.
Il avait pour maître Rabbi Akiva, et son élève Rabbi Yéhouda haNassi, va être celui qui va compiler toutes les michnayot.
Sa femme Brouria est une des rares femmes citées dans la guémara.
=> On comprend mieux la crainte de Yaakov!]

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-> Rachi : Fut très effrayé : d'être tué, et plein d'anxiété, il craignait de tuer.

Comment comprendre sa réaction puisqu'il existe ne halakha touchant à la légitime défense?

Toute la raison pour laquelle Yaakov a acquis le droit d'aînesse d'Essav n'était qu'à cause du service du Temple, qui était réservé aux aînés.
Or, c'est une halakha qu'un Cohen qui a tué n'a pas le droit de faire la "birkat Cohanim".

Toute la haine d'Essav envers Yaakov n'était qu'à cause du droit d'aînesse, or si Yaakov tuait Essav, cela entraînerait qu'il serait désormais inapte à assurer le culte dans le Temple, et que donc il n'aurait rien gagné à avoir acquis le droit d'aînesse.
=> C'est pourquoi Yaakov redoutait terriblement de tuer.

[Maharel Tsints]

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-> b"h, à ce sujet voir également : https://todahm.com/2018/12/09/7701

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-> Le rav David Touitou dit que Yaakov a eut très peur car du Ciel on lui a révélé l'étendue et la gravité des fautes que son frère Essav a pu réaliser. Il a vu les anges effrayant qu'il a créé par cela, et il a eut donc très peur.
[l'idée est que l'origine de toutes nos peurs se trouve dans les fautes que l'on a pu commettre, et qui créées des mauvais anges qui viennent nous causer des peurs.
Le rav Touitou fait remarquer qu'à l'issue de Yom Kipour on se sent serein, car Hachem vient de nous laver de nos fautes en ce jour.]

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+ "Comme dans l'eau le visage répond au visage, ainsi le cœur de l'homme répond au cœur" (Michlé 27,19)

Le rav 'Haïm Zonnenfeld fait un commentaire en lien avec notre paracha :

-> Au moment où les messagers revinrent auprès de Yaakov, ils lui déclarèrent : "Nous sommes allés trouver ton frère Essav" (v.32,7) : la répétition signifiant selon Rachi : "Celui que tu prenais pour "ton frère" se comporte encore comme "Essav le méchant", animé d'une haine toujours aussi intense."
Or, si Essav haïssait Yaakov, il est par ailleurs certain que Yaakov entretenait pour son frère des sentiments identiques, fidèle au principe : "Ceux qui détestent D., je les déteste" (Téhilim 139,21).

-> Par la suite, lorsque le danger fut imminent : "Levant les yeux, Yaakov aperçut Essav qui venait, accompagné de 400 hommes", Yaakov adopta alors une conduite plus clémente : "Il se prosterna contre terre 7 fois avant d'aborder son frère" = c'est-à-dire qu'il eut des pensées bienveillantes avant d'aborder celui qu'il voulait considérer comme "son frère".

Rachi commente : "Il (Essav) a été pris de pitié en le voyant se prosterner tant de fois ... Rabbi Chimon bar Yo'haï dit : C'est un fait établi que Essav hait Yaakov, mais à cet instant, son amour pour lui jaillit et il l'embrassa de tout son cœur!"

=> On voit clairement que la bienveillance de Yaakov envers son frère ravivèrent des sentiments d'amour chez Essav, et les conséquences ne se firent pas attendre

C'est l'application du verset de Michlé : développer des pensées d'amour dans son cœur, va entraîner que va éclore de l'amour en autrui, même si c'est Essav en face de nous!

[ ==> si ton prochain ne t'aime pas, alors aime le davantage!!]

Nos Patriarches n’ont été des chars d’Hachem que lorsqu’ils étaient en Israël

+ Nos Patriarches n'ont été des chars de la Présence Divine que lorsqu'ils étaient en terre Israël :

"Hachem s'éleva d'au-dessus de lui à l'endroit où Il lui avait parlé" (Vayichla'h 35,13)

-> Nos Sages (midrach Béréchit rabba 47:8) commentent que le terme "s'éleva" (vayaal) nous enseigne que les Patriarches étaient un véritable char pour la Présence divine, c'est-à-dire que chacun de leurs mouvements était le reflet de la volonté de D.
[le fait que D. "se soit levé d'au-dessus d'eux" implique que Sa Présence s'est, pour ainsi dire, reposée sur eux, les dirigeant comme un cavalier dirige le char qu'il occupe.]

Cependant, ce n'est qu'en terre d'Israël que les Patriarches ont été à ce point soumis à la volonté d'Hachem, qu'ils ont pu être appelés le char de D.
[cela témoigne de la grandeur de nos Patriarches et de la terre d'Israël]
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi ]

"Délivre-moi de la main de mon frère, de la main d'Eissav" (Vayichla'h 32,12)

-> L'expression "la main de mon frère" semble superflue.
Essav symbolise la Sitra Achara (forces du mal) [Zohar 3:185a], l'ange de la mort, et le yétser ara. [Baba Batra 15a]
Ainsi, à un niveau plus profond, Yaakov demandait à Hachem d'empêcher ce que symbolisait Essav de devenir son frère.
Cela explique pourquoi le verset dit : "de la main de mon frère, de la main d'Essav".
Yaakov suppliait D. de faire en sorte que le yétser ara ne devienne pas son "frère". Car parfois, à D. ne plaise, le yétser ara tente d'inciter une personne à fauter en déguisant la faute en une mitsva.
De cette façon, le yétser ara peut se lier d'amitié avec une personne et la piéger rapidement dans le péché.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

=> Notre yétser ara essaie de nous tromper en nous faisant croire qu'il est notre "frère", qu'il agit par souci pour nous, pour notre bien, alors que la vérité est tout autre.

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-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (Vayichla'h 32,13)

-> Le sens profond du verbe hébreu doublé "Je ferai assurément du bien" [étév étiv] est que la bonté de la bienfaisance divine doit être apparente.
En effet, les expressions de la bonté divine sont parfois dissimulées, et parfois, elles sont tellement cachées que, au contraire, les expressions divines de bonté peuvent sembler préjudiciables, puisque la bonté intérieure est cachée.
En revanche, lorsque D. accomplit des actes manifestes de bonté à l'égard d'une personne, la bonté est révélée.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

=> Yaakov a demandé à D. que Sa bonté nous soit toujours apparente.

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-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (Vayichla'h 32,13)

Pourquoi la Torah dit-elle : "Je ferai assurément du bien" ?
Hachem accorde Sa bonté à la nation juive et Sa générosité aux autres nations également. La différence entre les deux, cependant, est que lorsque D. confère de la bonté au peuple juif, Il le fait pour son bénéfice.
En revanche, lorsqu'Il fait du bien aux autres nations, qui s'opposent aux valeurs juives, c'est à leur détriment, comme il est dit : "Il rétribue ceux qui Le haïssent, en face, pour les faire périr" (Vaé'hanan 7,10). Ainsi, la bonté qu'ils reçoivent n'est pas vraiment à leur avantage.
En revanche, lorsque D. confère des bienfaits au peuple juif, c'est vraiment pour son bien.
C'est pourquoi le verset ajoute le mot "assurément", pour nous enseigner que la bonté de D. nous est accordée pour notre bénéfice.
[rabbi Lévi Its'hak de Berditchev - Kédouchat Lévi]

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+ Une bonté révélée :

-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (véata amarta étev étiv ima'h - Vayichla'h 32,13)

-> Ce verset contient également une prière pour que la bonté d'Hachem ne reste pas cachée et soit révélée.
Le rav Moché Leib de Sassov explique la double expression "hétev étiv" comme signifiant que même si une personne traverse une période difficile, elle doit croire que sa souffrance est pour son propre avantage.
Cependant, il est très difficile pour une personne de faire face à la douleur et à la souffrance, même si elle sait qu'elle en bénéficie. C'est pourquoi Yaakov a demandé au "tov d'être tov". Il a prié pour que la bonté soit révélée afin qu'elle soit clairement visible, ce qui rendrait la situation plus facile à gérer.

[de même lorsque nous souhaitons "shana tova oumétouka", nous espérons que l'année à venir soit bonne (tova) d'une manière visible, ressentie clairement (métouka - douce). ]

-> Le Divré Shmouel dit que le verse utilise une répétition de langage : "hétev étiv ima'h", parce qu'il fait allusion à 2 types de bonté.
Le mot "hétev" se réfère à la prière à Hachem, dont l'essence est bonne et qui fournit de la bonté au peuple juif à tout moment.
Le mot "étiv ima'h" demande que l'on soit capable de voir et de reconnaître la bonté d'Hachem. La vérité est que tout ce que fait Hachem est bon (guémara Béra'hot 60b). Cependant, Sa bonté nous est parfois cachée et nous ne pouvons pas la voir. C'est pourquoi nous lui demandons de nous permettre de comprendre ses voies et de voir clairement que tout ce qu'il fait est vraiment pour notre bien.

-> Nous prions Hachem : "Montre-nous, Hachem, Ta bonté, et Ton salut, Tu nous le donneras" (Téhilim 85,8).
Le rav Barou'h de Mézibou'h explique que tout ce que fait Hachem est miséricordieux et bon, mais que certains actes de bonté nous sont révélés, tandis que d'autres sont cachés à notre compréhension.
Nous demandons à Hachem de nous montrer Sa bonté, ce qui signifie qu'elle devrait nous être révélée de manière à ce que nous puissions comprendre en quoi ce qu'Il fait est bon pour nous.

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-> "Tu as dit : "Je te ferai assurément du bien"" (véata amarta étev étiv ima'h)

-> Le Sfat Emet (5633) explique que le pasouk dit qu'une personne ne devrait pas demander à Hachem de lui fournir le succès par le moyen qu'elle pense personnellement être le meilleur.
Par exemple, une personne ne devrait pas demander à Hachem de lui assurer le succès d'une certaine affaire qu'elle pense être bonne. Elle devrait plutôt dire qu'Hachem "fera sûrement le bien".
On doit demander à Hachem de nous fournir le succès de la manière qu'Il pense être la meilleure, car tout ce qu'Hachem fait est vraiment le meilleur.