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La femme Sota (soupçonnée d'infidélité conjugale) a jeté son regard sur un homme qui ne lui est pas approprié.
Elle n'obtient pas ce qu'elle désirait, et de plus ce qu'elle possédait lui est retiré, car quiconque convoite ce qui ne lui appartient pas n'obtiendra pas ce qu'il désire et se verra privé de ce qu'il possède ...

De même, Caïn, Kora'h, Bil'am, ... et Haman n'ont pas obtenu ce qu'ils convoitaient, et de plus ont perdu ce qu'ils possédaient.

[guémara Sota 9a-b]

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=> "Quiconque convoite ce qui ne lui appartient pas n'obtiendra pas ce qu'il désire et se verra privé de ce qu'il possède" :

-> Le Ben Ich 'Haï enseigne que cela obéit au principe de mesure pour mesure (mida kénéguéd mida).
En effet, en jetant son regard et en convoitant ce qui n'est pas à lui, au lieu de concentrer son regard directement sur ce qui est à lui, cette personne a inversé et déformé sa vision.

En réciprocité, les lettres de l’œil (ayin - עין), organe de la vision, vont être inversées pour donner le mot : ani (pauvre - עני), ce qui fait allusion au fait qu'il s'appauvrira de tout ce qu'il possédait.

-> Le rav Dessler (Mikhtav méEliyahou - tome.2,p.63) commente cette guémara ainsi :
Ceux qui ont vécu dans ce monde-ci en étant attachés à Hachem et à la spiritualité, éprouveront une plénitude de l'âme même dans ce monde-ci, selon le verset : "Ce qui M'aiment hériteront l'être (yéch) dans ce monde-ci et Je remplirai leur trésor" (Michlé 8,21).

En effet, leur être (yéch) dans ce monde-ci est entièrement à l'intérieur d'eux-mêmes et ils n'aspirent en rien à tout ce qui se trouve en dehors de leur être. Ils ne dépendent donc pas des sollicitations extérieures à leur être, et sont donc heureux de leur sort.

Par contre, ceux qui ont vécu dans ce monde-ci uniquement pour la satisfaction de leurs désirs matériels, qui sont extérieurs à eux-mêmes, détruisent leur véritable personnalité (leur yéch).
En courant derrière ces plaisirs matériels, hors de leur être, ils ne seront jamais satisfaits de leur sort.

C'est pourquoi Hillel dit : "Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi?" (Pirké Avot 1,14), c'est-à-dire : "Si je ne possède pas ma véritable personnalité, je n'ai rien à espérer".

Nous pouvons ainsi comprendre la guémara (ci-dessus) : "Celui qui convoite ce qui n'est pas en lui (qui est en dehors de son être) n'obtiendra pas ce qu'il recherche, car il ne pourra jamais combler ses désirs et restera en manque ; de plus, il perdra ce qui est à lui, c'est-à-dire qu'il perdra sa véritable personnalité et son contenu intérieur."

La birkat Cohanim

+ La birkat Cohanim (Nasso 6,22-27) :

-> Le midrach rapporte que : "Le peuple juif dit à Hachem : "Tu as ordonné à Tes Cohanim de nous bénir. Mais nous n'avons pas besoin de leur bénédiction car Tu peux nous bénir Toi-même ..."
Hachem répondit au peuple juif : "Bien que J'aie ordonné aux Cohanim de vous bénir, les bénédictions ne proviennent pas d'eux mais de Moi. Je me tiendrai au-dessus d'eux pour vous bénir"."

-> Lorsque les Cohanim élèvent les mains pour bénir le peuple juif, Hachem est présent au-dessus d'eux, comme il est écrit : "Voici, Il se tient derrière notre mur, Il regarde par les fenêtres, Il entrevoit par le treillis" (Chir haChirim 2,9).

Lorsque les Cohanim récitent debout la bénédiction, la Présence Divine est là, regardant par les "fenêtres", c'est-à-dire par les espaces séparant leurs doigts écartés. A travers ce "treillis", Hachem observe Israël pour le bénir.

La Torah dit donc : "Ils lieront ainsi Mon nom aux juifs et Je les bénirai" (Nasso 6,27).
Hachem déclare : "Ne pensez pas que ce soient les Cohanim qui octroient la bénédiction. Il leur faut seulement prononcer Mon Nom dans la birkat Cohanim, et J'accorderai Ma bénédiction".

C'est également un précieux cadeau fait aux Cohanim d'être les intermédiaires de l'influence bienfaitrice Divine. Cela constitue le 25e privilège que D. leur a accordé. Les 24 autres sont les diverses dîmes et offrandes.
La nature de cet avantage est sous-entendue dans l'expression : "Voici comment vous bénirez les juifs". Quiconque bénit le peuple juif est à son tour béni par Hachem, comme il est écrit : "Je bénirai ceux qui te bénissent" (Béréchit 12,3).
Le 25e bénéfice des Cohanim leur revient donc grâce à la birkat Cohanim.

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-> Nos Sages enseignent qu'il est interdit de regarder les Cohanim lorsqu'ils récitent la bénédiction des Cohanim, car comme la Présence Divine les accompagne, cela peut être nuisible pour la vue.
C'est la raison pour laquelle les hommes se couvrent le visage de leur talith lorsqu'ils reçoivent la bénédiction des Cohanim.
[A ce sujet,] Nos Sages enseignent qu'Its'hak devint aveugle notamment parce qu'il avait regardé la Présence Divine lorsqu'il avait été attaché sur l'autel de la Akéda.
[Méam Loez - Dévarim 1,5]

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-> Lorsque les Lévi'im ont proclamé les bénédictions et les malédictions, une partie des Bné Israël se tenait sur le mont Guérizim et l'autre sur le mont Eval, avec l'arche de D. au centre.
Les Lévi'im ont dirigé leur visage vers les Bné Israël, présentant le dos à l'arche, afin de témoigner du respect au peuple (cf. Dévarim 25,9).
De même, lorsque les Cohanim récitent la bénédiction des Cohanim, ils sont tournés vers les Bné Israël [bien qu'ils donnent le dos à l'arche] afin de faire preuve de respect envers leurs prochains.
[Méam Loez - Dévarim 1,16]

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-> "Ils imposeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël, et Moi, Je les bénirai" (Nasso 6,27)

-> Quand un homme est célèbre et honoré des autres, son épouse, surnommée "femme d’untel", en retire aussi de l’honneur.
S’il en est ainsi, l'Avodat Israël (rabbi Israël Hofstein), les enfants d’Israël sont plus honorables que les anges célestes, du fait que le Créateur les appelle par Son Nom. Nous sommes comme Sa fiancée, comme il est dit : "Alors, Je te fiancerai à Moi pour l’éternité".
Tel est le sens de notre verset : "Ils imposeront ainsi Mon Nom sur les enfants d’Israël" = ils seront désignés par le Nom de D., car ils constituent Son peuple bien-aimé. Par conséquent, "Je les bénirai" de toutes les bénédictions, tandis que toute l’armée céleste s’accordera sur le fait que l’honneur du peuple juif est aussi celui d'Hachem.

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-> "Voici comment vous bénirez les bnei Israël, dites-leur: que Hachem te bénisse ... Mettez Mon Nom sur les bnei Israël et Je les bénirai" (6,27)

Nos Sages disent (Tan’houma Pin’has) : "De même que leurs visages ne se ressemblent pas, leurs opinions ne se ressemblent pas". Par conséquent, comment est-il possible de bénir tout Israël avec une seule bénédiction globale et une seule formulation qui comprenne tout? En effet, celui-ci veut des enfants et celui-là de l’argent, celui-ci poursuit les honneurs, ...

C’est pourquoi la Torah n’a pas ordonné que les Cohanim bénissent Israël par des bénédictions détaillées et spécifiques, car de cette façon il est impossible de bénir tout Israël en une seule bénédiction. Elle a donc dit que les Cohanim ne bénissent pas Israël par différentes bénédictions, mais disent à tout le monde que Hachem les bénira.
En effet, Hachem qui sonde les cœurs et connaît les pensées donnera la bénédiction qui convient à chacun.
Il est écrit : "Voici comment vous bénirez les bnei Israël, dites-leur", qu’ils disent à tout le monde : "que Hachem te bénisse", qu’ils mettent seulement Mon Nom sur les bnei Israël et Moi Je les bénirai [chacun recevant ce qu'il y a de mieux pour lui!].
[Atéret Paz]

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-> Le Tsor haMor enseigne :
Bien que Hachem ait ordonné aux Cohanim de bénir le peuple d’Israël, c’est tout de même Lui qui bénit et qui approuve, par l’intermédiaire des Cohanim.
C’est pourquoi Il a dit : "Ils mettront Mon Nom sur les bnei Israël" = les Cohanim ne font que prononcer la bénédiction et les saints Noms, mais D. est Celui qui réalise cette bénédiction à travers eux.

Par ailleurs, quand les Cohanim connaissaient le Nom de D., Hachem répandait Sa bénédiction et les mots étaient placés dans la bouche du Cohen.

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-> "Voici comment vous bénirez les bnei Israël" (Nasso 6,23)
=> Pourquoi est-ce que ce sont les Cohanim qui ont été choisis pour bénir les bnei Israël chaque jour?

Le Beit Aharon rapporte l'explication suivante :
"Le Maharcha a commenté la formule fixée par nos Sages "pour bénir Son peuple Israël avec amour" (Sota 38b) en déclarant qu’une bénédiction se concrétise selon l’intention de celui qui la prononce. Il convient donc que la bénédiction émane d’une personne qui porte un regard positif et qui désire la donner.
Ainsi, l’efficacité d’une bénédiction dépend de la volonté réelle de celui qui la prononce.

Mais puisque nous ne pouvons pas prétendre être au niveau d’aimer chaque membre d’Israël du plus profond de notre cœur, D. a choisi les Cohanim, qui sont évidemment intéressés par l’entière réussite du peuple. En effet, leur subsistance dépend des offrandes données par les bnei Israël, et qu’ils reçoivent en qualité de prêtres (Cohanim).
Ainsi, plus la bénédiction répandue sur les bnei Israël est importante, plus leur contribution pour les cohanim sera abondante.
C’est la raison pour laquelle nous sommes assurés que leur bénédiction proviendra du plus profond de leur cœur et qu’elle se réalisera."

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-> Le 1er verset de la birkat Cohanim (v.6,24) est composé de 3 mots qui évoquent les 3 Patriarches : Avraham, Its'hak et Yaakov : Hachem nous accorde les bénédictions grâce à leur mérite.
Le 2e verset (v.6,25) contient 5 mots. Ceci nous apprend que nous sommes bénis grâce aux 5 Livres de la Torah.
Le 3e verset (v.6,26) renferme 7 mots qui correspondent aux 7 firmaments.

De plus, les 3 mots du 1er verset correspondent aux 3 hommes appelés à la lecture de la Torah le lundi et le jeudi.
Les 5 mots suivants du 2e verset, évoquent les 5 hommes appelés à la lecture les jours de fête (Yom Tov).
Enfin, les 7 mots du dernier verset correspondent aux 7 hommes appelés à la Torah le Shabbath.

Au cours d'une semaine normale, sont donc appelés à la Torah 8 juifs non Cohen ou Lévi (6 le Shabbath : 5 le matin et un l'après-midi à min'ha, un le lundi et un le jeudi) et 8 Lévi'im (4 Lévi'im et 4 Cohanim), soit 4 le Shabbath, 2 le lundi et 2 le jeudi.
Nos Sages établirent cette répartition afin d'éviter toute discorde entre Lévi'im et autres juifs, et matérialiser les derniers mots de la bénédiction : "et t'accorde la paix".

De plus, le 1er verset comprend 15 lettres, correspondant à la valeur numérique du Nom Divin : youd - hé (יה).
Le 2e verset comporte 22 lettres, valeur numérique de : hé - youd - hé (היה).
Les 25 lettres du 3e verset correspondent à : youd - hé - youd (יהי).
Ensemble, ces lettres nous apprennent que Hachem existait par le passé (haya - היה), existe au présent (hové - יה) et existera dans le futur (yiyé - יהי).
[ "Avec le nom [Youd-Hé - יה], Hachem fonda le monde" = avec ces 2 lettres le monde fut créé" (guémara Ména'hot 29b)]
Il était avant d'avoir créé le monde, Il existe dans le présent et Il continuera à être éternellement.

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-> Les 3 versets composants la birkat Cohanim étaient inscrits sur le lit du roi Salomon pour le protéger :
"Voici, la couche de Salomon avec ses 60 guerriers autour d'elle, parmi les puissants d'Israël" (Chir haChirim 3,7).
Ce verset ne veut pas dire littéralement que 60 soldats entouraient le lit du roi Salomon.
Ce roi puissant et intrépide n'avait pas besoin d'une garde de 60 hommes.
Ce verset fait plutôt allusion aux 3 versets de la bénédiction des Cohanim dont les 60 lettres, correspondant à différents Noms Divins, étaient gravées autour de son lit.

Lorsque les Cohanim prononcent cette bénédiction, ses 60 lettres montent vers les royaumes célestes.
Elles sont prises par 60 anges dont chacun est associé à l'une d'elles et leur nombre correspond aux 600 000 juifs.
Après avoir ratifié les bénédictions des Cohanim, les anges présentaient les lettres devant le Trône de Gloire et Hachem les ratifiait Lui aussi.
Tel est le sens de : "Ainsi, ils lieront Mon Nom aux juifs et Je les bénirai".
[...]

[Bien que les Cohanim bénissent tout le peuple juif (une pluralité de personnes), ils le font en utilisant le singulier. Pourquoi cela?]

En réalité, ces bénédictions se réalisent seulement lorsque le peuple juif est uni comme un seul homme.
Les mots de la bénédiction font comprendre à chaque juif : "Ces bénédictions te parviendront à la condition que vous soyez unis. Si la discorde vous sépare, tu n'en bénéficieras pas".

La conclusion de la bénédiction : "et t'accorde la paix" va dans le même sens. La bénédiction se matérialise à condition que la paix règne parmi nous car la paix est la condition essentielle de la bénédiction.

-> b'h, à propos de la paix : http://todahm.com/2019/07/08/la-paix

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-> La bénédiction des Cohanim fut prononcée pour la 1ere fois le 1er Nissan, jour où Hachem fit reposer Sa Présence dans le Michkan.
Ce jour-là, les juifs étaient comparables à une mariée entrant sous le dais nuptial. De même que 7 bénédictions sont récitées lors d'un mariage, les juifs reçurent la bénédiction des Cohanim.

Nous remarquons que dans le verset : "Ils lieront Mon Nom aux juifs et Je les bénirai" (וְשָׂמוּ אֶת שְׁמִי עַל בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וַאֲנִי אֲבָרְכֵם - Nasso 6,27), les lettres qui composent le Nom Divin (יהוה) apparaissent 7 fois (4 fois le youd, et 3 fois le vav).

[la lettre zayin (ז) a 7 pour valeur numérique. Sa forme pointue rappelle celle d'une arme (klé zayin)]
Ceci implique que la bénédiction des Cohanim protège le peuple juif comme une arme.

De plus, nous trouvons dans le verset : "Le jour où Moché termina d'ériger le Michkan" (Nasso 7,1) où le mot : "kalot" (termina - כַּלּוֹת) est une allusion aux 7 bénédictions nuptiales. En effet, ce mot peut également désigner une mariée (kalla).

[Méam Loez]

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-> Rabbi Eliézer dit : Hachem s'adressa à Avraham en disant : "Depuis la création du monde, c'était Moi qui bénissais Mes créatures, mais dorénavant Je confie les bénédictions entre les mains d'Avraham, et par la suite entre les mains des Cohanim"
[midrach Nasso 11,2]

Toutefois, chaque juif qui se fait bénir par les Cohanim doit savoir que cette bénédiction provient du Ciel et qu'elle ne fait que passer par leur bouche.

-> Pour les Cohanim, c'est une mitsva de la Torah que de bénir le peuple (cf. Nasso 6,23-27).
De leur côté, les fidèles qui écoutent attentivement la bénédiction des Cohanim accomplissent eux aussi une mitsva (Biour Halakha - au nom du Séfer 'Harédim).

-> Cette bénédiction qui sort de la bouche des Cohanim est d'une importance suprême, bien qu'elle provienne parfois, d'un Cohen très simple, qui n'est pas érudit en Torah.
En effet, l'acceptation de cette bénédiction ne dépend pas du Cohen, mais émane directement de la bouche du Cohen. (Ramban chap.15,6-7 ; Ben Ich 'Haï introduction à la paracha Tétsavé).
Le Zohar écrit que le moment où les Cohanim bénissent l'assemblée est un instant privilégié où les prières sont acceptées (chaat ratsone), où les mondes supérieurs et inférieurs reçoivent leur bénédiction et leur abondance spirituelle et matérielle (Kaf ha'Haïm 128,138).

-> Chaque Cohen qui s'abstient d'accomplir cette mitsva sans raison halakhique perd l'occasion de réaliser une mitsva. Il manifeste par cela un mépris pour la birkat Cohanim et éloigne de lui la bénédiction matérielle (Kaf ha'Haïm 128,16).
Par contre, s'il accomplit la birkat Cohanim, Hachem le bénit personnellement (Ben Ich 'Haï - Tétsavé 7).

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-> Dans le Zohar, il est expliqué qu’au moment où les Cohanim prononcent leur bénédiction, la Rigueur se transforme en Miséricorde, laquelle enveloppe tous les mondes.

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-> "Voici comment vous bénirez les enfants d’Israël" (Nasso 6,23)

Dans les ouvrages saints, il est rapporté que cette grande mitsva donnée aux Cohanim de bénir le peuple éveille la miséricorde Divine, entraînant le déversement de la bénédiction sur les juifs et leur salut.

Dans son ouvrage Erets ha’Haïm, l’un des élèves du Baal Chem Tov, rapporte une kabbala au nom de Rabbi Chimchon d’Astropoli, selon laquelle certains moments de la prière sont très propices à l’agrément de nos requêtes : l’ouverture de l’arche sainte, l’élévation du séfer Torah et la bénédiction prononcée par les Cohanim à l’assemblée.
Il conclut par ce bon conseil : "Celui qui a une demande, qu’il la formule à l’un de ces moments-là et il pourra être assuré qu’elle sera exaucée".

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-> Nos Sages (Talmud de Jérusalem Sota 46,1) nous révèlent que la bénédiction des Cohanim est la ségoula que Hachem, dans Sa grande bonté, nous a accordée afin de nous protéger de toute calamité.
Citant le verset des Téhilim : "Le Tout-Puissant fait sentir Sa colère tous les jours", nos Maîtres se demandent qui peut annuler le courroux divin. Et Rabbi Abin affirme, au nom de Rav A’ha, que "la bénédiction des Cohanim en a le pouvoir".

-> La bénédiction des Cohanim est l’unique moyen de protection datant de l’époque du Temple qui est resté entre nos mains. Comme lors de ces jours d’antan, elle continue à nous protéger aujourd’hui.
Le Ramban (Béaaloté'ha) souligne que c’est le vestige du service au Temple effectué par les Cohanim, et il affirme qu’à notre époque, le service des sacrifices n’existe plus et les Cohanim ne l’effectuent plus, mais il nous reste cependant la bénédiction des Cohanim, seule fonction qu’ils pratiquent encore de nos jours.

Ceci rejoint les propos du Talmud de Jérusalem selon lesquels, en l’absence de Temple, où nous sommes malheureusement exposés à toutes les menaces, la bénédiction des Cohanim, qui, elle, s’est perpétuée jusqu’à nos jours, déverse sur nous la bénédiction Divine, nous protège de tout danger et mauvais décret et nous ouvre l’ensemble des portes nous permettant d’améliorer notre qualité de vie et de voir nos entreprises couronnées de succès.

-> Le Nétivot Shalom de Slonim explique la vertu de la bénédiction des Cohanim : "cadeau donné par Hachem à Son peuple ». Il ajoute que "la Torah et les mitsvot sont une aide accordée par Hachem au juif et contrebalançant tout ce qui l’éloigne ; mais, en plus de cela, le Créateur, dans Sa grande bonté, lui a donné la bénédiction des Cohanim, qui lui permet, chaque jour, de jouir de la bénédiction supérieure."

-> Le rav ‘Haïm Kanievski raconte qu’il a vu dans un ouvrage datant d’environ 100 ans (dont il ne se souvient plus le titre) que chaque mot de la bénédiction des Cohanim comprend une bénédiction particulière.
Par exemple, le terme vi’hounéka constitue une bénédiction pour les enfants ; l’expression véyassem lékha chalom, pour la paix conjugale, ...
Il ajoute que nous pouvons demander au Cohen de penser à nous quand il prononce le mot de la bénédiction correspondant au salut dont nous avons besoin, conseil s’étant bien souvent avéré efficace.
Rav Kanievsky ajoute : "Tous les jours, des gens connaissant des conflits au sein de leur foyer viennent me voir. Je pense qu’ils pourraient essayer cette ségoula".

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-> Le ‘Hida écrit que les Cohanim ont mérité de Hachem d’être ceux qui envoient l’influence des biens matériels vers les bnei Israël.
Comment ont-ils mérité cela?
A cause de la bonne conduite des Lévi'im en Egypte.

Le ‘Hida (dans son Peta’h Enayim) au nom du Chakh, explique : quand les bnei Israël ont emprunté aux égyptiens des ustensiles d’argent et d’or, dans le cadre du butin de l’Egypte, les enfants de Lévi ont décidé de ne rien prendre aux égyptiens, parce que cet argent revenait aux bnei Israël pour le travail qu’ils avaient effectué en Egypte pendant 210 ans. Mais comme eux, les enfants de Lévi, n’avaient pas été asservis en Egypte, ils n’avaient pas le droit de prendre du butin de l’Egypte.
Quand Hachem a vu qu’ils se dominaient en ce qui concerne l’argent, ce qui n’est pas du tout facile, Il les a estimés dignes de transmettre l’abondance des bénédictions matérielles pour la communauté d’Israël.
C’est pourquoi les cohanim sont ceux qui bénissent aujourd’hui le peuple d’Israël pour qu’il connaisse une abondance de bénédiction et de réussite.

-> Le rabbi ‘Haïm de Brisk a dit : je suis surpris de ceux qui courent au loin pour recevoir des bénédictions de tsadikim, alors qu’ils peuvent mériter cette bénédiction des Cohanim, à qui Hachem a donné la responsabilité officielle de bénir le peuple d’Israël.
C’est la signification du premier verset, "Que Hachem te bénisse et te garde" : que Hachem envoie à Israël une abondance de biens matériels et de sagesse, et les garde des voleurs, pour qu’ils ne viennent pas prendre cet argent. Et si nous cherchons des bénédictions, les cohanim, qui sont les envoyés de D., sont la bonne adresse.

-> Dans son approbation à l’ouvrage Birkat Cohanim béAhava, rabbi David Cohen (roch Yéchiva de 'Hevron), écrit : "Il y a quelque temps, je me suis rendu chez Gaon rav Steinman, qui m’a dit être très étonné que tant de gens attendant le salut dans un certain domaine cherchent à recevoir une bénédiction et sont souvent prêts à parcourir de longues distances pour cela, alors que rien ne leur garantit que cette pratique sera salvatrice. Ils ne prêtent pas attention au fait qu’ils disposent, chaque jour, d’une bénédiction dont Hachem a assuré le pouvoir de déclencher une abondante bénédiction, en l’occurrence la bénédiction des Cohanim, qu’ils ne s’efforcent donc pas d’écouter à tout prix".

-> Rabbi Moché Chmouël Schapira écrit :
Imaginons que nous entendions que le ‘Hafets ‘Haïm vient dans la ville et va bénir tous ceux qui iront le trouver : nous nous dépêcherions d’aller nous faire bénir par lui. Et s’il se répandait une rumeur selon laquelle tel tsadik qui a fait des miracles bénit ceux qui sont accablés de malheurs et que ses bénédictions se réalisent, il y aurait évidemment une longue queue au seuil de sa chambre, car tout le monde a envie d’être béni et pris en miséricorde.
Par conséquent, à combien plus forte raison il faut faire attention et se dépêcher pour ne perdre aucune occasion d’être béni par les Cohanim serviteurs de Hachem, puisque Hachem en personne promet : "Ils mettront Mon Nom sur les bnei Israël et Je les bénirai".

-> Rabbi Its’hak Weiss (dans son Eleph Ktav) écrit : "Quand un homme venait me demander de le bénir, j’avais l’habitude de lui répondre : “Puisse la brakha des Cohanim s’appliquer en ta faveur de ses 60 lettres, avec toutes les bénédictions qu’elle inclut d’après le Shass, les Midrachim et le Zohar!ˮ"

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-> Le Séfer ha’Hinoukh écrit à propos de cette mitsva :
Les Cohanim ont reçu l’ordre de bénir les bnei Israël tous les jours. Les fondements de la mitsva sont que Hachem dans Sa grande bonté désire bénir Son peuple par Ses serviteurs qui se tiennent toujours dans la maison de D., et dont toute la pensée est attachée à Son service. Leur âme est reliée tout le jour à la crainte du Ciel, et par leur mérite la bénédiction s’accomplira et ils seront bénis dans toutes leurs entreprises.

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On sait que le monde entier subsiste par le mérite de la birkat Cohanim, car il est dit dans midrach Téhilim : "Depuis le jour où le Temple a été détruit, il n’y a pas de jour où il n’y a pas de malédiction, la rosée ne descend pas bénéfiquement, et le goût des fruits nous a été enlevé ... Par quel mérite subsistons-nous? Par le mérite de la birkat Cohanim!"
[Rabbénou Bé’hayé - dans son Kad haKema’h]

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b'h, voir également :
- http://todahm.com/2015/06/23/3387
- http://todahm.com/2019/01/23/9306-2

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-> "Que D. te bénisse et qu'Il te garde" (יַבָרֶכְךָ יַהוָה וַיִשְׁמְרֶך - Nasso 6,24)
-> "Que Dieu éclaire sa face vers toi et qu'Il te prenne en grâce" (יָאֵר יַהוָה פָּנָיו אֵלֶיךָ וִיחֻנֶּךָּּ - Nasso 6,25)
-> "Que Dieu tourne sa face vers toi et qu'Il te mette la paix" (יִשָּׂא יַהוָה פָּנָיו אֵלֶיךָ וַיָשֵׂם לְךָ שָׁלוֹם
- Nasso 6,26)

-> Nous pouvons observer qu'il y a 3 versets, 15 mots et 60 lettres.

Ces trois nombres ont un point commun en ce qui concerne l'expiation de la faute du Veau d'or. En effet, les trois versets correspondent aux trois fêtes qui expient par leur sainteté la faute du Veau d'or.
Les 15 mots qui sont contenus dans les trois bénédictions correspondent aux 15 jours existant dans les trois fêtes : 7 jours de Pessa'h, 7 jours de Souccot et 1 jour de Shavouot.
Les 60 lettres font allusion au fait que ces 15 jours annulent les 6 heures que dura la faute du Veau d'or du fait qu'ils représentent 60 fois 6 heures (un jour est constitué de 24 heures, donc 15 jours représentent 360 heures soit 60 fois six heures).
[nous pouvons ajouter que dans la bénédiction des Cohanim, il y a réellement six bénédictions, deux bénédictions par verset : 1- yévaré'hékha, 2- véyichméré'ha, 3- yaér , 4- vi'hounéka , 5- yissa , 6- shalom.
Chacune correspond aux 6 heures d'idolâtrie que le peuple d'Israël doit réparer. En ce qui concerne l'annulation dans une quantité de 60 fois supérieur (voir 'Houlin 108a).
Lorsqu'un morceau de nourriture non cashère se retrouve mélangé dans un récipient, il est nécessaire d'avoir 60 fois plus de nourriture cashère pour que cela s'annule et que la totalité reste considérée comme cashère (le batél béchichim).
De la même façon, les 6 heures de faute avec le Veau d'or, nécessitent 60 fois plus de temps pour parvenir à ce qu'elle soit annulée, expiée.]

À présent, nous comprenons pourquoi le Maître de l'univers ordonna à Aharon et à ses descendants les Cohanim de bénir Israël. En effet, avant la faute du Veau d'or, le peuple d'Israël n'avait pas besoin de recevoir de bénédiction par l'intermédiaire des Cohanim car chaque enfant d'Israël recevait directement un flux de bénédictions d'Hachem Lui-même depuis les mondes supérieurs sans aucun intermédiaire.
Cependant, après la faute du veau d'or, Israël endommagea ce lien privilégié d'abondance.
Ainsi, Hachem ordonna aux Cohanim, qui descendaient de la tribu de Lévi et qui ne prirent pas part à la faute du Veau d'or, d'attirer le flux de bénédiction sur tout Israël. Ainsi, le Maître de l'univers inséra en allusion, dans la bénédiction des Cohanim, l'expiation de la faute du Veau d'or.

Enfin, nous comprenons aussi pourquoi Aharon réalisa ces bénédictions sur le peuple avant même d'en avoir reçu l'ordre. En effet, à travers ce pouvoir de bénédiction accordé par le Créateur, le peuple put voir qu'Aharon avait été pardonné depuis le Ciel et qu'il constituait le vecteur d'abondance pour le peuple aux yeux des mondes supérieurs. En effet, Aharon était prêt à donner sa vie et à perdre son monde futur pour sauver les Bné Israël du décret de mort engendré par la faute du Veau d'or.
[Shvilé Pin'has]

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-> Le Torat Cohanim (Chémini - ot 17) rapporte que lorsque "Aharon leva ses mains vers le peuple et les bénit" (Chémini 9,22), il hérita au même moment de la prêtrise et il mérita de bénir avec ses mains le peuple d'Israël mais aussi toutes les générations qui descendront de lui jusqu'à la résurrection des morts.

-> Aharon le Cohen mérita d'accéder par prophétie à la bénédiction du peuple d'Israël avant même qu'il ne reçoive ce commandement.
C'est la raison pour laquelle les Sages n'instituèrent pas la formule habituelle "acher kidéchanou", pour nous enseigner que les Cohanim réalisent cette mitsva uniquement par le mérite de la sainteté d'Aharon (bikdouchato chel Aharon) qui reçut cette bénédiction par prophétie.
[Shvilé Pin'has]

La femme Sota

+ La femme Sota (Nasso 5,27-31)

-> Après la combustion de l'offrande d'orge (min'hat hakénaot), la femme buvait l'eau amère.
Si elle était innocente, rien ne se produisait et elle était libre de retourner vivre avec son mari. Mais si elle s'était souillée, l'eau commençait à faire son effet : son visage devenait verdâtre, ses yeux sortaient de leurs orbites et ses organes enflaient.

Dès que ceux qui l'entouraient constataient ces symptômes, il criaient qu'on la fît sortir. Car la douleur déclenchait ses règles, ce qui interdisait sa présence sur le parvis du Temple.
Ensuite, son ventre se dilatait, ses organes sexuels se rompaient et la mort s'ensuivait.

Par miracle, à ce moment précis, l'homme avec lequel elle avait fauté mourait de façon semblable là où il se trouvait. Son ventre éclatait et ses organes sexuels se rompaient et la mort s'ensuivait.

["elle boit des eaux de la malédiction" (Nasso 5,24)]
Le mot "malédiction" (méarérim - מְאָרְרִים) a une valeur numérique de 496, soit 2 fois 248, ce qui correspond à 2 fois le nombre des organes du corps humain.
Cela nous apprend qu'à la fois l'homme et la femme coupables d'adultère mouraient.

L'épreuve de l'eau amère n'était efficace que si l'époux de la femme soupçonnée était lui-même innocent de toute faute, notamment s'il ne s'était jamais rendu coupable d'adultère. Sinon, l'eau ne causait aucune réaction.

[La guémara (Sota 28a) affirme que les eaux amères n'agissent sur la femme Sota que si son époux est net de toute faute, mais pas dans le cas contraire.
Le 'Hida enseigne que même si le mari était dévergondé comme son épouse, les eaux amères pourront avoir un effet sur sa femme, si son mari fait téchouva avant qu'elle ne boive ses eaux.]

Ainsi, si le mari se savait coupable d'une faute, il ne devait pas forcer son épouse à passer cette épreuve, de crainte qu'il ne subisse une sévère punition pour avoir causé l'effacement du Nom Divin en vain.

De plus, il gâchait la fonction disciplinaire de l'épreuve. En effet, sa femme se vanterait certainement devant ses amies d'avoir commis l'adultère, d'avoir bu l'eau et d'être sortie indemne de cette épreuve.
Ainsi, elle prétendrait que si ses amies fautaient comme elle, il ne leur arriverait rien non plus.

Du reste, à l'époque du 2e Temple où l'immoralité s'était répandue parmi le peuple et où les maris n'étaient pas irréprochables, le Sanhédrin abolit l'épreuve de l'eau amère.

Si une femme refusait de boire l'eau, on ne l'y forçait pas.
Son mari divorçait d'elle sans lui verser la somme prévue par son contrat de mariage (kétouba).
Par contre, si elle refusait de boire après l'effacement du Nom Divin dans l'eau, on l'y contraignait.

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+ L'histoire de 2 sœurs :

-> Voici l'histoire de 2 sœurs habitant dans 2 villes différentes, et qui se ressemblaient beaucoup.
Le mari de l'une d'elles devint jaloux de son épouse, et après l'avoir avertie de ne pas s'isoler avec un certain homme, exigea qu'elle passe l'épreuve de l'eau amère pour prouver son innocence.

En route vers Jérusalem, ils passèrent par la ville de la sœur de l'épouse, et la femme demanda à lui rendre visite.
Lorsqu'elles se rencontrèrent, la sœur soupçonnée dit à l'autre : "Ma chère sœur, sache que mon mari me soupçonne d'infidélité et veut me conduire à Jérusalem pour boire l'eau maudite. Que faire? Je me suis effectivement rendue coupable d'adultère!"

Sa sœur lui répondit : "Ne crains rien. Reste ici. J'irai à Jérusalem et je boirai l'eau à ta place. Rien de mal ne m'arrivera puisque je suis pure".
Elle passa les habits de sa sœur et partit pour Jérusalem. Elle but l'eau amère, et en effet rien ne se produisit.

A son retour, elle fut accueillie joyeusement par sa sœur qui l'embrassa, pleine de gratitude qu'elle lui ait sauvé la vie. Alors qu'elles s'embrassaient, la femme coupable sentit l'haleine de sa sœur. Cette odeur pénétra en elle et elle mourut sur place ...

=> Lorsque Hachem envoie l'ange de la mort pour prendre l'âme d'un homme, nul stratagème que le racha invente pour échapper à la mort ne lui sera utile.

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+ Mesure pour mesure :

-> Le sort de la femme adultère nous apprend que le châtiment subi par l'être humain correspond exactement, mesure pour mesure, à sa transgression.

[Par exemple : ]
- La femme s'est postée à l'entrée de sa maison pour que son amant la voie, le Cohen la place dévêtue à l'entrée du parvis du Temple.
- Elle a posé des fleurs dans ses cheveux pour s'embellir ; le Cohen la décoiffe et retire son foulard ;
- Elle a mis du fard, ainsi son visage devint-il verdâtre ;
- Elle a maquillé ses yeux, alors ses yeux grossissent ;
- Elle a tressé ses boucles, ses cheveux sont décoiffés ;
- Elle s'est parée de ceintures séduisantes, le Cohen l'entoure d'une corde de paille ;
- Elle a tendu sa cuisse, sa cuisse se rompt ;
- Elle a soumis son ventre à la faute, son ventre éclate ;
- Elle lui a servi des mets de choix, l'offrande qu'elle apporte est composée d'orge, un aliment pour les aliments.
L'orge symbolise également l'effronterie de la femme adultère.
Contrairement au blé, qui émerge du sol recouvert de nombreuses couches de balle, l'orge sort relativement découvert comme cette femme s'est découverte pour séduire les hommes.
[...]

- Elle a fauté en cachette et Hachem a fait connaître sa faute à tous.
[...]

La terre du Michkan mélangée à l'eau faisait allusion au sort qui attendait la femme adultère : elle allait mourir et reposer dans la terre infestée de vers ...

Les 3 choses bues par la Sota (la terre, l'eau et les lettres du Nom Divin) rappellent les 3 éléments que mentionne la michna (Pirké Avot 2,1) : "Considère 3 choses et tu n'en viendras pas à la faute :
- "d'où tu viens : d'une goutte malodorante" => il s'agit de l'eau amère ;
- "où tu vas : dans un lieu de terre et de vers" => il s'agit de la terre prise sous le Michkan ;
- "devant qui tu devras rendre compte : devant le Roi des rois, le Saint, qu'Il soit exalté" => il s'agit du Nom de D. introduit dans l'eau.

Ces 3 éléments sont mélangés à l'eau amère afin de rappeler que si la femme avait médité à ces 3 choses, elle n'aurait pas commis cette faute.

Le fait que l'eau amère lui soit donnée par un Cohen est également significatif.
Le Cohen Gadol aimait la paix et s'efforçait de la faire régner parmi les hommes.
La consommation de l'eau amère permettait de rétablir la paix entre l'homme et son épouse lorsqu'elle était innocente.
[...]

Lorsque les juifs vivaient en Egypte, les égyptiens affirmaient avoir cohabité avec les femmes juives.
De ce fait, de nombreux juifs soupçonnèrent leur épouse.
Hachem dit donc à Moché : "Je désire que tu fasses passer aux femmes l'épreuve de l'eau amère. Écris le Nom explicite, mets-le dans l'eau, et fais-leur boire cette eau".

Toutes les femmes [juives] furent mises à l'épreuve et leur innocence fut prouvée.
De fait, c'était grâce à leur moralité que les juifs furent délivrés. Hachem les mit à l'épreuve par l'eau [amère] comme on le fait à une femme soupçonnée d'adultère.
Cette épreuve leur fut administrée [à Mara], comme il est écrit : "Et là Il les mit à l'épreuve" (Chémot 15,25), afin d'ôter tout soupçon de l'esprit des époux.

Au même moment, les hommes furent aussi, de fait, mis à l'épreuve pour déterminer s'ils n'avaient pas fauté avec les femmes égyptiennes.

[Meam Loez - Nasso 5,27-31]

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-> La femme Sota (soupçonnée d'infidélité conjugale) a jeté son regard sur un homme qui ne lui est pas approprié.
Elle n'obtient pas ce qu'elle désirait, et de plus ce qu'elle possédait lui est retiré, car quiconque convoite ce qui ne lui appartient pas n'obtiendra pas ce qu'il désire et se verra privé de ce qu'il possède.
[guémara Sota 9a]

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-> "Le Cohen puisera de l'eau ... et prendra de la terre du sol du Michkan" (Nasso 5,17)

-> On utilise la terre, qui possède 2 propriétés contradictoires :
- d'une part, la terre est un matériau méprisable de peu de valeur et foulé par tous ;
- d'autre part, la terre fécondée par la pluie produit de beaux fruits et la nourriture de l'homme.
Ces 2 propriétés contradictoires font allusion aux 2 effets contradictoires que peuvent produire les eaux amères bues par la femme Sota :
- si son ventre gonfle et son flanc dépérit, c'est qu'elle s'est souillée et elle devient ainsi méprisable ;
- si elle reste indemne, c'est qu'elle est restée pure et produira de "beaux fruits" : une postérité de tsadikim.
[Maharcha - 'Hidouché Aggadot]

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+ Rava dit : Pourquoi la Torah demande-t-elle (au Cohen) de mettre de la poussière (afar) dans l'eau que doit boire la femme Sota (soupçonnée d'adultère par son époux)?
C'est parce que si elle est innocente, elle aura un fils comme Avraham qui avait dit : "Et moi qui ne suis que poussière et cendres" (Béréchit 18,27), et si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière.

Rava fait ce commentaire : Par le mérite (d'humilité) d'Avraham qui s'est comparé à la poussière et aux cendres, ses descendants ont bénéficié de 2 commandements : les cendres (purificatrices) de la Vache Rousse (para adouma) et la poussière (purificatrices) de la femme Sota.
[guémara Sota 17a]

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=> Comment comprendre : "Elle aura un fils comme Avraham"?

-> Cette femme, accusée à tort d'infidélité, s'est considérée comme la poussière de la terre en acceptant les humiliations de la procédure de Sota.
C'est pourquoi, mesure pour mesure, elle aura le mérite d'avoir un fils humble, qui se considérera comme poussière et cendre, malgré son haut niveau, comme notre ancêtre Avraham.
[Tiféret Tsion]

-> L'intention n'est pas de dire que la femme innocente aura un fils du niveau d'Avraham, mais qu'elle aura un fils convenable (hagoun), comme d'Avraham est sorti un fils hagoun : Its'hak.
En effet, il y a un parallèle entre la situation d'Avraham et celle de la Sota innocente : les moqueurs attribuaient la paternité d'Itshak à Avimélé'h, roi de Guérar, qui avait pris Sarah dans son palais avant de la libérer, et Its'hak s'est révélé être un fils hagoun ; de même, cette femme Sota a subi la médisance de ses concitoyens, et déclarée innocente, elle aura le mérite d'avoir un fils hagoun.
De plus, si elle enfantait jusque-là avec difficulté, elle enfantera facilement ; si elle n'avait eu que des filles, elle enfantera un garçon ; si elle avait des enfants de petite taille, celui-ci sera grand.
[Min'ha 'Hariva]

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=> Comment comprendre : "si elle est coupable, la femme Sota retournera dans la poussière"?

-> C'est à partir du petit os nommé : louz (לוז), habituellement indestructible, que s'effectuera la résurrection des morts.
Cependant, pour la femme Sota, si elle meurt après avoir bu les eaux "amères", ce qui prouve sa culpabilité, son louz redeviendra poussière et elle ne pourra pas bénéficier de la résurrection.
Pourquoi? Du fait qu'en ne reconnaissant pas sa faute, elle a provoqué l'effacement du Nom Divin qui ne doit pas être effacé inutilement, alors mesure pour mesure, son louz sera réduit en poussière alors qu'il est indestructible pour les autres personnes.
[Tiféret Tsion]

-> Habituellement, chacun des 2 composants de l'homme rejoint sa source, après la mort :
- le corps retourne vers la poussière avec laquelle il a été créé ;
- l'âme rejoint le Ciel d'où elle est issue.
Cependant, si la femme Sota est coupable, bien que son corps retourne dans la poussière de la terre, son âme ne rejoint pas sa source ; c'est pourquoi Rava dit que la femme coupable, et non pas seulement son corps, retournera dans la poussière.
[Iyé haYam]

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-> Selon le 'Hatam Sofer, la guématria des 2 mots : afar (poussière - עפר) et éfer (cendres - אפר) est de 631.
Or, c'est la même guématria que celle du mot : kéTorah (comme la Torah - כתורה).
Cette guématria commune fait allusion au fait que la Torah ne peut se maintenir que chez les gens humbles et non pas chez les orgueilleux.

-> Avraham voulait dire : comme la poussière (afar), je ne vaux rien au départ (on peut alors l’ensemencer pour fournir de la nourriture, on peut la modeler pour en faire des récipients, ...), et comme les cendres (éfer), je ne vaux rien après (ex: un bois a beau être précieux, il n'est plus rien d'utile réduit en cendres).
Les descendants d'Avraham auront 2 récompenses :
- la poussière de Sota = pour prouver que la Sota était pure jusque-là ;
- les cendres de la para = pour purifier le tamé mét à partir de maintenant.
[Beit haLévi]

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-> "Le Cohen l'approchera (la femme Sota) et la placera devant Hachem" (Nasso 5,16)

Apparemment les mots : "Et la placera" sont en trop. Le verset aurait pu dire simplement : "Le Cohen l'approchera devant Hachem".
En fait, au moment où la femme Sota nie avoir fauté, le Cohen doit lui rappeler que si elle ment, on devra effacer le Nom Divin pour rien. Si elle a fauté, elle doit avoir "pitié" du Saint Nom et avouer sa faute pour ainsi éviter de l'effacer.

Ce verset fait allusion à cela : "Le Cohen l'approchera" physiquement de la cour du Michkan, "et la placera" moralement "devant Hachem", c'est à dire qu'il la placera face à ses responsabilités en lui faisant prendre conscience que sa faute va avoir des conséquences "devant Hachem", puisqu'on effacera Son Nom.
Si elle est fautive, il est donc préférable qu'elle avoue, par "pitié" pour le Nom Divin.
[Zeved Tov]

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-> "Si elle est pure, elle sera disculpée et engendrera une descendance" (Nasso 5,28)

Il est dit dans la guémara (Bera'hot 31b) que si la femme était auparavant stérile, elle engendrera. Si elle enfantait dans la douleur, elle enfantera facilement. Si elle avait un enfant, elle en aura deux.

=> Puisque tout ce qui concerne cette femme a été amené par le fait qu’elle s’est isolée avec un étranger, a suscité la jalousie de son mari et ne lui a pas obéi : par conséquent, pourquoi devrait elle avoir une tellement grande récompense?

Selon le rav Eliyahou Lopian, on apprend de là un grand principe dans le service de D. :
Cette femme, qui est arrivée à un point de telle bassesse qu’elle s’est isolée avec un homme étranger, même après les mises en garde de son mari, a en fait surmonté une épreuve terrible.
Maintenant, on s’aperçoit que par sa force spirituelle, elle a vaincu son désir et n’en est pas arrivé à la faute, "elle est pure". Un tel acte de courage, de conquête des instincts, lui fait mériter une récompense énorme, bien que si elle ne s’est pas repentie, elle doive aussi recevoir le châtiment de l’acte même de s’être isolée.
Mais pour avoir dominé ses instincts, elle aura sa récompense, "elle sera disculpée et engendrera une descendance".

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-> "Hachem parla à Moché en disant (lémor) : Parle aux enfants d’Israël et dis-leur: Si la femme de quelqu’un, déviant de ses devoirs, lui devient infidèle" (Nasso 5,11-12).

Le midrach explique que le terme "en disant’ (lémor) signifie ici : pour les générations à venir.
=> Sur quoi ce midrach s’appuie-t-il pour affirmer une telle chose (alors que ce terme est très souvent employé dans la Torah).

-> Le rav Yonathan Eibschutz (Tiféret Yonathan) explique que lorsque les Bné Israël se trouvaient dans le désert, ils n’avaient pas besoin d’utiliser les «eaux amères» de la Sotah (soupçonnée d’infidélité) afin de savoir si une femme avait effectivement été infidèle ou non. En effet, la génération du Désert jouissait au quotidien de la Manne.
Le Tiféret Yonathan (se basant sur la guémara Yoma 75b) enseignent :
"Le Prophète révélait à Israël [tout ce qui était caché] dans les trous et les fissures ; la Manne faisait exactement la même chose. Comment? [Par exemple,] deux hommes en litige comparaissaient devant Moché; l’un accusait: ‘Tu m’as volé mon esclave’, et l’autre répondait: ‘Tu me l’as vendu’. Moché déclarait alors: ‘Je remets mon jugement à demain matin’. Le lendemain, selon qu’on trouvait la mesure de Manne destinée à l’esclave chez son premier ou chez son second maître, on savait s’il avait été volé par le second ou vendu par le premier.
De même, si deux époux comparaissaient devant en s’accusant mutuellement, Moché disait: ‘Je remets mon jugement à demain matin’. Le lendemain, si l’on trouvait la mesure de Manne destinée à l’épouse au foyer de son mari, on savait que c’était lui qui l’avait outragée; mais si on l’a trouvée chez son père, on savait qu’elle était coupable".

=> Grâce à la manne qui tombait le matin, Moché avait la réponse. Si elle tombait près de la maison du père, cela indiquait que la femme avait trompé son mari.
Ainsi, pendant la période du désert, il n’était absolument pas nécessaire de faire boire la Sota. Ce passage concerne donc les générations suivantes.

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-> "Un homme dont la femme s'écarte (tisté - תשטה)" (Nasso 5,12)

-> La Paracha de Nasso décrit le cas de la Sotah, cette femme soupçonnée d’adultère après s’être isolée avec un certain homme, malgré la mise en garde de son mari. Celle-ci devait boire une eau amère dans laquelle un parchemin comportant le passage relatif à cette mitsva, y compris le nom de D., avait été effacé et son encre dissoute. Si elle était coupable, cette potion la tuait. Si elle était innocente, l’eau devenait pour elle un élixir de bénédiction.
Cet épisode est une allégorie de notre relation avec Hachem, le peuple juif étant comparé à une jeune mariée et D. à son époux. En effet, le lien forgé entre eux au Sinaï fut semblable à celui d’un mariage. Ainsi, chaque fois qu’un juif commet un péché, si léger soit-il, il trahit l’alliance, "le contrat matrimonial", entre lui-même et D.
Il est coupable d’adultère spirituel, d’infidélité envers son partenaire divin.
=> Pourquoi l’adultère est-il le prototype de tout péché?

La Torah commence sa description de la femme Sotah par le verset : "Un homme dont la femme s’écarterait [du bon chemin]" (Nasso 5,12).
Le terme hébraïque pour "s’écarterait" (tisté - תִשְׂטֶה), possède la même racine que le mot : Shtout (שטות), la folie. C’est aussi le sens du nom Satan (שטן), l’autre appellation du yétser ara (le mauvais penchant) (voir guémara Baba Batra 16a), celui qui nous détourne du "droit chemin".
[le yétser ara" est appelé par le roi Shlomo : "un roi vieux et stupide" (mélé'h zakén ou'hssil - Kohélet 4,13)
Selon le Abir Yaakov, il est "vieux" car il arrive dès la naissance d'une personne, tandis que le yétser atov (le bon penchant) ne vient qu'à compter de 12 ans (femme) ou 13 ans (homme).
Il est un "roi sot", car il règne sur la folie en faisant tomber les hommes, comme il est dit : "Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui" (guémara Sotah 3a).]

Remarquant cette similitude, la guémara (Sotah 3a) enseigne : "Une personne ne commet une faute que lorsqu’un esprit de folie s’empare d’elle". Si ce n’était pour cette folie, nous demeurerions constamment attachés à D. en accomplissant Sa volonté, de par l’expression de notre libre arbitre.
La Sota est interdite de relations conjugales avec son mari jusqu’à ce que l’épreuve des eaux amères l’ait innocentée. Après cela, cependant, elle peut non seulement retourner auprès de lui, mais de plus ils sont bénis par de nouvelles heureuses naissances.
=> Il en va de même spirituellement : la division entre D. et nous causée par nos fautes n’est que temporaire. Et bien qu’il soit vrai que celui qui transgresse la volonté de D. nie en quelque sorte Son unité, et par ailleurs, contemplant ses péchés, qu’il puisse tomber dans le désespoir en pensant que "D. m’a abandonné et Hachem m’a oublié" (Yéchayahou 49,14), il doit se souvenir qu’il peut toujours se rapprocher à nouveau du Créateur.
En effet, nous avons la possibilité de revenir à Lui, de nous attacher à Lui et de faire naître en nous de nouveaux sommets d’amour et de crainte de D., comparés à des enfants qui illuminent notre vie.
Cette relation renouvelée est l’effet de la révélation de la partie la plus profonde de l’âme, qui surmonte "l’esprit de folie". Cette libération personnelle est ressentie par chaque juif et chaque juive qui fait téchouva. Et chaque rédemption individuelle s’additionne aux autres de sorte que bientôt nous mériterons la Rédemption générale de l’Univers tout entier avec la venue du machia’h.
[Collel de Sarcelles - feuillet de la communauté - 5782]

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-> "Un homme dont la femme s'écarte (tisté - תשטה)" (Nasso 5,12)

Nos Sages constatent que ce terme "tisté" (תשטה) peut aussi signifier "qui est prise de folie". Et ils expliquent que cela vient enseigner qu'un homme ne peut fauter que s'il est pris d'un vent de folie. Mais cela est étonnant. On sait que le mauvais penchant s'évertue pour séduire l'homme et éveiller en lui le désir de la faute. Parfois même, une personne peut lutter contre son penchant pour ne pas fauter même si finalement, ses pulsions pourront avoir raison de lui.
=> Comment donc affirmer que la faute n'est possible que par esprit de folie?

-> Les livres de Moussar insistent sur l'origine Divine de l'âme d'un juif, qui est même plus haute et sainte que
les anges les plus élevés. Par cette âme, il est attaché à Hachem et bénéficie de l'honneur et de l'élévation inégalable que lui confère cette proximité. D'autre part, la faute c'est la transgression de la Volonté Divine.
Quand un homme commet une faute, il se détache d'Hachem pour tomber dans les abîmes de l'impureté. Cela constitue une chute vertigineuse du si haut niveau de proximité et d'intimité avec Hachem, source de toute vie et de tout bien, pour tomber dans les filets du penchant et de l'impureté que cela représente.

Cela ressemble à un roi, vêtu de parures royales et qui jouit de tous les honneurs et prestige, même pour satisfaire le plaisir le plus grand et le plus alléchant, serait-il prêt à se jeter dans des égouts, remplis d'immondices à l'odeur insupportable et où il serait couvert de saleté et de pourriture?
S'il le fait, tout le monde dira sans aucun doute qu'il a été traversé d'un vent de folie! Un roi si raffiné et glorieux, comment a-t-il pu s'humilier et se rabaisser à ce point? Et même pour le plus grand plaisir imaginable!
Il en est exactement de même pour la faute. Certes, le penchant éveille avec force le désir de la faute. L'homme peut parfois même lutter contre la tentation pour ne pas céder au désir. Mais si finalement il cède, c'est que le penchant a réussi à le rendre "fou". Il lui a fait oublié la sainteté divine de son âme et lui fait croire que ce simple plaisir ne va pas changer grand chose à son niveau. S'il était conscient de la réalité de la chute et de l'humiliation insoutenable que vivait son âme au moment de la faute, aucune tentation au monde ne pourrait le mener à aucune faute.
[rapporté par le rav Mikaël Mouyal]

[ainsi de nos jours, la notion de femme Sota se rapporte à notre relation avec Hachem, et d'à quel point on doit éviter de se laisser aller à un "esprit de folie" passager. ]

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-> "Elle approchera son offrande ... de farine d'orge" (Nasso 5,15)

-> La femme Sota soupçonnée d'adultère devait apporter une offrande de farine d'orge, sans huile, ni Lévona, contrairement aux autres offrandes de farine, qui étaient constituées de blé et contenaient de l'huile et du
Lévona. Rachi explique que cette femme en s'isolant avec cet homme interdit a adopté une attitude animale, elle apportera donc de l'orge, nourriture des animaux. Elle a agi dans l'obscurité, elle n'amènera donc pas d'huile qui permet d'éclairer. Et comme nos saintes matriarches sont appelées Lévona dans le verset : "Dans la plaine de Lévona" et qu'elle s'est éloignée de leurs comportements, elle n'amènera donc pas de Lévona.
=> Mais on peut s'interroger. Comment peut-on reprocher à la femme Sota de ne pas ressembler à nos saintes matriarches au même moment où on lui reproche de s'être comportée comme un animal, dans l'obscurité? Peut-on reprocher à une femme de comportement débauchée de ne pas être une sainte?

Le rav Ben Tsion Brok fait remarquer que nous voyons de là que même dans l'impureté la plus profonde, un homme ne perd jamais son libre arbitre et sa possibilité de faire machine arrière. Certes, le repentir doit être progressif, mais s'il le décide, il pourra petit à petit sortir de toutes ses corruptions jusqu'à atteindre les plus hauts niveaux de sainteté.
L'homme ne doit jamais dire : "Au point où j'en suis, si éloigné que je suis, je suis perdu. Je ne peux plus revenir à la Torah". Tout homme, là où il se trouve, peut à tout moment s'il le décide, sortir de sa boue et se sanctifier jusqu'à finir par pouvoir ressembler à nos saints ancêtres.
=> C'est pourquoi, même à la femme Sota, qui s'est comportée comme un animal, la Torah continue à avoir espoir en elle.
Même au plus bas de sa corruption, elle aurait pu se ressaisir et remonter la pente jusqu'à s'élever à la sainteté des matriarches.
Et comme le dit le Rambam, dans le Ciel on reprochera à Yérovam Ben Névat d'avoir confectionner ses veaux pour l'idolâtrie au même titre qu'on lui reprochera d'avoir négliger le érouv tavchilin, qui est bien plus léger. Car chaque juif conserve toujours cette sainteté qui lui permet à chaque moment de se ressaisir jusqu'à finir par pouvoir atteindre les plus hauts niveaux de sainteté. Et effectivement, Hachem exige même aux pire des impies : "Pourquoi n'as-tu pas été aussi saint que les patriarches?"

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-> "Parle aux enfants d’Israël et dis-leur : "Tout homme (ich ich) dont la femme dévie et commet un adultère à son encontre..."" (Nasso 5,12)

La paracha Nasso aborde la mitsva de Sota, le cas où une femme mariée s’isole avec un autre homme après avoir été mise en garde par son mari, qui l’a défendue de récidiver. Quand la Torah évoque le mari en question, elle répète le mot "ich".
Le Midrach relève cette redondance apparemment superflue. Il affirme qu’il convient d’être "vatran" (accommodant, conciliant) : par exemple si du vin se renverse, il ne doit pas en tenir rigueur à sa femme.
=> Une question s’impose : pourquoi la Torah choisit-elle de donner ce conseil ici, alors que le lien avec le verset n’est pas du tout apparent?

-> Le rav Yissa'har Frand explique que ce midrach vient éclaircir la terminologie inhabituelle "ich ich" employée par la Torah pour décrire le mari. Il explique que le mot "ich" fait allusion au côté masculin à la force de l’homme et à sa confiance en soi, la réitération montre que le mari fut peut-être trop ferme ou dominateur dans sa manière de diriger son foyer et trop sévère devant les erreurs commises par son épouse. Sa nature accablante ou intransigeante incita sa femme à se dévoyer, afin d’être traitée plus affablement.
Bien entendu, on ne cherche pas à justifier la conduite de la femme (même si son mari était mauvais), qu’elle ait concrètement commis un adultère ou qu’elle se soit "simplement" isolée avec un autre homme. Mais le midrach souligne qu’un tel comportement ne s’est pas déclenché tout seul. Ses actions sont probablement le résultat d’une relation problématique, quid débuta par de petites choses, par exemple par les cris du mari si elle a renversé du vin. Le midrach en déduit qu’il faut faire attention à ne pas être trop autoritaire ou oppressant.

[ un homme doit faire l'effort d'aller contre nature pour être indulgent, souple et dire de nombreux compliments, des paroles d'amour, ... à sa femme
De cette façon, le lien créé est fondé sur l’amour et la confiance plutôt que sur la crainte et la menace. ]

[il est intéressant de noter que lorsque l'on est en colère on est prêt à jurer qu'on ne va pas se laisser faire, qu'on aura le dernier mot. (on se fait D., reniant d'une certaine façon la volonté de D.)
Or, dans l'épisode de la Sota, Hachem demande qu'on efface son nom dans l'eau pour parvenir à la paix. De même, au moment de notre colère avec notre épouse, où l'on est prêt à jurer fortement au point de le faire comme sur le nom de D. (ou bien sur la Torah), alors on doit être prêt à dissoudre ce nom (ce jugement qu'on fait) [annulant son essence], et ainsi il en ressortira de la paix, de l'amour renforcé, b'h.]

"Le 7e jour, le chef des enfants d'Efraïm, Elichama fils d'Amihoud" (Nasso 7,48)

=> Pourquoi le chef de la tribu d'Efraïm a apporté son offrande le 7e jour (soit le Shabbath)?

Lorsque Yossef est venu en Egypte, il y a été vendu comme esclave à la maison de Potifar.

La Torah nous relate qu'un jour il est venu à la maison afin de faire son travail, et que la femme de Potifar l'a pressé de commettre une faute.
Yossef en est devenu très effrayé, et il s'est enfui.

Selon le midrach (Yalkout Shimoni 146), c'était le jour du Shabbath, et il venait à la maison faire "son travail", qui était d'étudier et de revoir la Torah que son père lui avait enseigné.

Selon la guémara (Sanhédrin 43b), lorsqu'une personne résiste et domine le mal, c'est équivalent au fait d'offrir un sacrifice.

=> Ainsi, puisque Yossef a "offert" un sacrifice à Shabbath, Hachem l'a récompensé en faisant que son descendant (le chef de la tribu de son fils) pouvait apporter un sacrifice pour l'inauguration de l'Autel, à Shabbath.

Par ailleurs, selon le midrach rabba (14,2), Yossef a observé le Shabbath en Egypte avant qu'il ne soit donné.
On l'apprend du verset : "... (ha'hèn - הָכֵן) ..." (Béréchit 43,16)
Le mot ha'hèn est essentiellement utilisé afin d'exprimer une préparation pour Shabbath, comme on peut le déduire du verset : "le 6e jour ils préparent (hé'hinou - הֵכִינוּ) ce qu'ils auront apporté" (Chémot 16,5).

Ainsi, Hachem lui a dit : "Yossef, tu as observé Shabbath avant que la Torah ne soit donné, Je te promets que Je vais te rembourser en permettant à ton petit-fils de présenter son offrande le jour de Shabbath.
Et ce, malgré le fait qu'il soit normalement interdit à une personne individuelle d'agir ainsi, je vais accepter favorablement son offrande."

=> Mais, n'est-il pas curieux que la récompense de l'observance du Shabbath par Yossef, est une profanation (permise) par son petit fils?

D. a donné le Shabbath et nous a ordonné de le sanctifier.
Ceci s'accomplit en se retenant de tous les travaux interdits, comme le fait d'y apporter un sacrifice individuel.
Il existe cependant des sacrifices [collectifs] que nous devons offrir durant Shabbath.
Ainsi, d'une manière évidente, une offrande demandée par Hachem n'est pas une profanation du Shabbath, mais c'est un moyen de développer la sainteté du Shabbath.

C'est pourquoi la récompense de Yossef, a été, malgré le fait que normalement l'offrande individuelle soit interdite Shabbath, Hachem a donné l'autorisation à son petit-fils d'en offrir en ce jour, qui va alors permettre d'accroître et d'élever la sainteté du Shabbath.

Source (b'h) : traduction personnelle d’un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam)

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A propos de l’inauguration du Michkan par les Princes (néssi'im) des Tribus, il est écrit : "Au 7e jour, le Prince des enfants d'Efraïm, Elichama fils d'Amihoud" (Nasso 7,48).
=> De quel "7e jour" s’agit-il?

-> Rabbénou Bé’hayé rapporte les 2 points de vue :
celui du sens littéral = c’est le 7e jour de l’inauguration du Michkan ;
et celui du sens allégorique = c’est le 7e jour de la semaine : le jour du Shabbath.

=> Selon cette dernière opinion, une question se pose : Pourquoi le descendant de Yossef reçut-il l’autorisation d’offrir des Sacrifices privés (appartenant à un particulier [ya'hid - יחיד]) le Shabbath (jour durant lequel, seuls les Sacrifices communautaires sont habituellement offerts)?

On peut citer les 2 réponses suivantes :
1°/ il est écrit : "Yossef, apercevant parmi eux [ses frères] Binyamin, dit à l’intendant de sa maison: ‘Fais entrer ces hommes chez moi; qu’on tue des animaux et qu’on prépare (Véa'hén - והכן) [les repas], car ces hommes dîneront avec moi’." (Mikets 43,16).
Ce soir-là était Shabbath, car il est dit : "Et qu’on prépare (Véa'hén - והכן)". Or, ce terme n’est employé qu’à propos du Shabbath, comme il est dit : "Le 6e jour, lorsqu’ils prépareront (Véhékhinou - והכינוּ) [pour le Shabbath] ce qu’ils auront apporté" (Béchala'h 16,5).
Ainsi, Hachem a dit à Yossef : "Tu as observé le Shabbath en Egypte avant que Je ne t’ordonne de garder ce saint jour [Lorsque tu as invité tes frères à dîner dans ton palais, tu as demandé à ton fils Ménaché de préparer les repas le vendredi]. En retour, J’honorerai ton descendant en lui permettant d’apporter son Sacrifice [personnel], un jour de Shabbath" [voir midrach Tan’houma Nasso 28].

Bien que les Patriarches aient observé le Shabbath avant même qu’il ait été institué, au même titre que toutes les autres mitsvot, Yossef fut le premier qui instaura le principe de la préparation du Shabbath. Ainsi, son descendant eut le privilège d’offrir son Sacrifice d’inauguration le jour saint.
La raison est double : d’une part, l’inauguration du Michkan fut aussi une préparation pour le Service divin, d’autre part, en instaurant la préparation du Shabbath pour l’ensemble du peuple juif, Yossef donna à son descendant le mérite d’offrir un Sacrifice que l’on peut considérer comme "communautaire", et donc autorisé à offrir le Chabbath. [Divré Yoël]

2) Le midrach (Bamidbar Rabba 14,3) enseigne : "Yossef craignait D., comme il est dit : ‘Comment puis-je commettre ce si grand méfait (céder aux avances de la femme de Potifar) et fauter envers le Seigneur?’ (Vayéchev 39,9).
Yossef a honoré Hachem en refusant de la toucher [la femme de son maître] en raison de sa crainte de D. Hachem lui a dit : ‘Par ta vie, Je récompenserai ton descendant [le Prince de la Tribu d’Efraïm] en l’honorant. Ainsi, lui permettrai-Je d’offrir son Sacrifice [d’inauguration] en Mon saint Jour [le Shabbath] sans que cela lui cause le moindre préjudice [bien que ce soit un Sacrifice individuel habituellement prohibé le Shabbath], comme il est écrit : ‘Au 7e jour, le Prince des enfants d’Efraïm’."

A ce propos, le midrach (Yalkout Chimoni Nasso Simane 715) interprète le nom du Prince de la Tribu d’Efraïm (Elichama Ben Ammihoud) comme faisant allusion aux actions vertueuses de Yossef.
- Eli Chama (אלי שמע) = Hachem a dit : "Yossef M’a écouté" (Eli Chama – אלי שמע) plutôt que de prêter l’oreille aux avances de la femme de Potifar"
- Amihoud (עמיהוד) = Hachem a dit : "La splendeur de Yossef fut avec Moi (imi aya odo - עמי היה הודו) et non pas parmi les réchaïm» (le cercueil de Yossef était porté au côté de celui de l’Arche Sainte).

=> Pour quelle raison le Prince de la Tribu d’Efraïm apporta-t-il son Sacrifice le septième jour, tandis que ce n’est que le 8e jour que le Prince de la Tribu de Ménaché apporta le sien?
En effet, Ménaché étant l’ainé, et Efraïm le cadet des 2 fils de Yossef, il aurait été plus logique que ce soit la Tribu de Ménaché qui ait la préséance sur celle d’Efraïm.
Le Midrache (Psiketa Rabbati) nous en révèle la raison : "C’est parce qu’il se rapetissait, et qu’Hachem aime celui qui se fait petit. D. a dit: ‘Etant donné qu’il (Efraïm) s’est fait petit, il méritera de recevoir cet honneur’."

Il est écrit : "Il arriva, à une de ces occasions (où la femme de Potifar tentait de le séduire), qu’il vint dans la maison pour faire son travail" (Vayéchev 39,11).
Rachi rapporte le commentaire de la guémara (Sotah 36b) : "Rav et Chmouel sont en désaccord. L’un dit : pour faire son travail, au sens littéral. Quant à l’autre, il enseigne : pour satisfaire ses ‘besoins’ [c’est-à-dire: pour avoir des rapports avec elle]. Mais l’image de son père lui est apparue".
Le dernier avis est difficile à comprendre : Comment Yossef pouvait-il avoir l’intention de fauter avec la femme de Potifar?
Yossef, de par sa piété, considérait, contrairement à ses frères, qu’il avait le statut de Ben Noa’h (non-Juif) et non de Ben Israël. Or, un Ben Noa’h ne doit pas se laisser tuer si on l’oblige à transgresser un de sept Commandements dont il est tenu de respecter, quand bien même, il s’agirait des trois interdits pour lesquelles un juif doit se laisser tuer : le meurtre, les unions interdites et l’idolâtrie.
Ainsi, Yossef choisit, dans un premier temps, de céder aux avances de la femme de son maître, afin d’échapper à une menace de mort proférée par cette dernière.
Finalement, Yossef décida de sanctifier le Nom de D. (voir guémara Sotah 36b) en fuyant devant la femme de Potifar, afin de donner la force aux futures générations du peuple juif de surmonter l’épreuve des unions interdites.
C’est pourquoi il mérita que son descendant offre un Sacrifice d’inauguration, équivalent à offrande communautaire que l’on offre le jour du Shabbath. [Divré Yoël]
[feuillet de la communauté Sarcelles - 5780]

"Un jeune taureau, un bélier, un agneau pour holocauste ... puis, pour le sacrifice de rémunération, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux." (Nasso 7,15-17)

1°/ Pourquoi pour le sacrifice dit de l'holocauste (léola), on apporte uniquement un de chaque animal?

D'après le midrach, les chefs des tribus voulaient inclure dans leurs offrandes le mérite de chacun des patriarches :
-> le taureau représente Avraham, comme il est écrit : "Abraham courut au troupeau (de taureaux)" (Béréchit 18,7) ;
-> le bélier représente Its'hak, à qui un bélier a été sacrifié à sa place lors de la Akéda.
-> l'agneau représente Yaakov, comme il est écrit : "Ces agneaux, Yaakov les tenait à distance" (Béréchit 30,40).

Selon le Baal haTourim, les mots : "Avraham, Its'hak véYaakov" ont pour valeur numérique de : 644, qui est la même que : "par (taureau - פַּר), ayil (bélier - אַיִל ), kévès (agneau - כֶּבֶשׂ)" (avec le kolel, en comptant les 3 mots comme un).

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2°/ Pourquoi pour le sacrifice dit de rémunération (lé'hatat), on apporte une quantité de 5 de chaque animal?

Avraham a eu Yits'hak à l'âge de 100 ans.
Its'hak avait 60 ans lorsque Yaakov est né.
Puisqu'Avraham est mort à l'âge de 175 ans, il y a eu une période de 15 ans durant laquelle les 3 patriarches ont vécu ensemble.
=> Les 5 béliers, 5 boucs et les 5 agneaux, correspondent à ces 15 années.

Puisque le monde tient sur 3 piliers (la Torah, la Avoda et la guémilout 'hassadim), et que chacun des Patriarches était le prototype d'un de ces piliers, durant les 15 ans de leur vie commune, les fondations du monde étaient au maximum de leurs forces.

Source (b'h) : traduction personnelle d’un dvar Torah du rabbi Moché Bogolmisky (dans son Védibarta Bam)

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-> "Il offrira son sacrifice à Hachem, un agneau d’un an"

Les dernières lettres de ces mots en hébreu forment le mot "techouva".
C’est-à-dire qu’il ne suffit pas d’apporter un holocauste ni un sacrifice expiatoire, mais en même temps il faut se repentir totalement.

Le Nazir

+ Le Nazir (paracha Nasso) :

-> La Torah autorise un homme ou une femme à prendre volontairement le statut de "nazir", qui les soumet à 3 interdictions :
1°/ ne pas consommer des raisins ou des produits dérivés de la vigne ;
Le Ram'hal (Messilat Yécharim) dit que la Torah ajoute les dérivés de la vigne afin d'éviter que le nazir ne soit tenté par des aliments qui l'inciteraient à consommer la boisson interdite (le vin).
Il est important d'avoir des barrières personnelles autour des mitsvot négatives.

2°/ ne pas se couper les cheveux ;
Selon le Sforno, l'interdiction de se couper les cheveux aide le nazir à se débarrasser de l'envie de s'enorgueillir de sa beauté.
Le rav Shimshon Raphael Hirsch enseigne : "Le cheveu représente un facteur isolant pour le corps, parce qu'il le protège des éléments environnants.
En se laissant pousser les cheveux, le nazir érige une barrière entre lui et le monde extérieur, et peut ainsi vouer tous ses actes à D."

3°/ ne pas se souiller par une dépouille humaine.
Le nazir se soumet à un degré de sainteté, qui est selon la Torah incompatible avec ces activités interdites.

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+ "Tous les jours de son abstinence, il est saint (kadoch) pour Hachem" (Nasso 6,8)

=> Comment le nazir devient-il "saint"?

-> Chaque juif contient en lui une part de sainteté, son âme, portion Divine "provenant de sous Son trône de gloire", et c'est le fait de l'allier au corps et à la matière, qui va voiler cette spiritualité.

Ainsi, il suffit à l'homme de se séparer de la matérialité, de mettre un frein à ses appétits physiques pour que l'âme fasse surface et surgisse dans toute sa vigueur, et pour que la sainteté dissimulée en elle puisse s'exprimer bien davantage dans la réalité.
[Sfat Emet]

-> Le culte du corps constitue le fondement de ce que nous appelons : "la culture occidentale".
Mais la Torah suit quant à elle la voie radicalement opposée : l'homme doit concentrer tous ses efforts pour ne voir dans son corps qu'un instrument au service du spirituel, et nullement comme une source de jouissance.
En ce sens, la guémara (Nédarim 9b) rapporte comment une personne d'apparence magnifique est devenue nazir après avoir vue son reflet dans l'eau.

Le rav Chlomo Wolbe (Alé Chour) commente : qu'en voyant son beau reflet dans l'eau, cet homme sentit son mauvais penchant "bondir" en lui, et il était sûr que celui-ci tenterait de le faire trébucher. Il choisit alors de le combattre en devenant nazir, puisqu'au terme de sa période d'abstinence, il devra raser sa chevelure et la brûler pour D.
Cette décision prise dès les 1ers signes du mal, témoignait de la grande sainteté qui l'animait.

=> Nos Sages ne nous demandent pas de faire abstraction de notre corps et de nos pulsions.
Il ne faut pas nourrir les appétits du corps plus que le strictement nécessaire, et il faut élever spirituellement notre corps pour lui permettre d'accéder à l'éternité, au moment de la résurrection des morts.

Le nazir en se privant de matérialité va à l'encontre de la normalité de ce monde, et ancre d'à quel point nous devons tendre à dominer nos pulsions animal, pour permettre l'expression de toute la spiritualité qui est en nous.

[notre corps se libérant de ses pulsions animales, il peut alors se mettre au service de notre âme pour lui permettre de pleinement s'exprimer!]

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-> "Et ceci est la loi du Nazir : le jour où seront emplis les jours de son naziréat, il le fera venir (yavi oto) à l’entrée de la tente d’assignation" (Nasso 6,13)

La Torah détaille ce que le Nazir doit faire à la fin de son naziréat (durant lequel il ne but pas de vin et ne se coupa pas les cheveux). Les commentateurs soulignent l’emploi d’une expression inhabituelle : "il le fera venir" [pour parler de lui-même]. Il aurait été plus simple et plus logique d’écrire "il viendra".
=> Personne d’autre ne l’amène, alors à quoi la Torah fait-elle référence quand elle affirme qu’il soit "se faire venir"?

-> Le Messe'h 'Hokhma (Nasso 6,13) explique qu’un homme devient Nazir, parce qu’il sent que ses désirs le submergent, qu’il n’est plus maître de lui-même et qu’il a donc peur des conséquences du vin. Pour reprendre le contrôle de sa propre personne, de ses passions et de ses désirs, il devient Nazir et choisit de s’abstenir de vin.
=> Mais comment peut-il être sûr que son naziréat a atteint le but souhaité?
D'après le Messe'h 'Hokhma, quand il considère ses actes comme il verrait les actions d’autres personnes, c’est le signe que l’objectif a été réalisé. Celui qui est soumis à un désir ne peut pas se voir objectivement et ce n’est que quand il parvient à être neutre, intègre avec lui-même, qu’il peut s’estimer libre de ses désirs.

-> Le rav Yissa'har Frand enseigne :
Il utilise l’analogie suivante. Imaginez que vous soyez au restaurant ou à un mariage et que vous voyez quelqu’un se servir exagérément ; il ajoute, dans son assiette déjà pleine, d’autres mets, sans s’arrêter. Vous voyez bien que cette personne est en surpoids. Vous vous dites : "Pas étonnant qu’il ait des kilos en trop, regarde tout ce qu’il a mis dans son assiette". On voit tout de suite que cette personne souffre d’une alimentation déséquilibrée, il n’arrive pas à se maîtriser. Mais si l’on arrive à le voir de cette façon, c’est évidemment, parce qu’il s’agit d’une tierce personne.

Le naziréat est un processus dans lequel la personne doit reprendre le dessus au point de pouvoir se voir, à la fin du processus, comme quelqu’un de tout à fait différent de la personne qu’il était auparavant.
Par exemple, un ancien alcoolique se souviendra de son ancienne situation quand il verra un homme qui souffre encore de cette dépendance. « C’était moi, j’étais comme ça. Il me suffisait de sentir une boisson alcoolisée pour ne pas pouvoir m’empêcher de boire… Mais je ne suis plus comme ça, j’ai repris le dessus!"
[il est à noter que celui qui s’est défait d’une dépendance et qui est capable de voir les choses objectivement ne doit pas sous-estimer le danger de la rechute ; souvent une petite brèche risque d’enclencher un déclin spirituel qui le ramènera à ses anciennes mauvaises habitudes.]

Le Messe'h 'Hokhma rapporte ensuite une guémara (Nédarim 9b) concernant le Nazir.
Chimon Hatsadik était un Cohen qui témoigna n’avoir jamais consommé de sacrifice expiatoire provenant d’un Nazir à l’exception d’une fois. "Un jour, un Nazir arriva du Sud [et me demanda d’approcher pour lui un sacrifice]. Je lui ai demandé pourquoi il était devenu Nazir et il me répondit qu’étant berger, il alla une fois puiser de l’eau d’une source pour son troupeau. En voyant son reflet dans l’eau, son mauvais penchant s’éveilla. Le berger raconta : "Je lui ai dit : ‘Méchant! De quoi te vantes-tu? Je jure que je couperais tes cheveux en l’honneur du Ciel’."
En entendant ceci, Chimon Hatsadik se leva, embrassa le berger sur le front et lui dit : "Mon fils, je souhaite qu’il y ait beaucoup de gens comme toi en Israël qui font vœu de naziréat avec de si nobles motivations!""

=> Cette histoire est racontée de façon quelque peu étrange. Le Nazir parle de lui-même à la 3e personne. N’aurait-il pas été plus logique de dire : "Je me suis dit" plutôt que "Je lui ai dit"?
Le Bné ’Hiya répond que ce Nazir comprit qu’il était dominé par son yétser ara et il décida de changer, de devenir quelqu’un d’autre. Il fut capable de sortir de lui-même et de voir objectivement ce qui se passait. C’est pourquoi il parle de lui à la 3e personne.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute à cela :
Cette idée ne se limite pas aux gens très dépendants de leurs désirs, mais elle s’applique à plusieurs domaines de la vie. Le yétser ara s’évertue à empêcher l’individu d’analyser rationnellement la situation et utilise les passions et les désirs de l’homme pour troubler son objectivité.
Pour contrer ce piège du yétser ara, il faut être capable de prendre du recul et de réaliser que c’est le yétser ara qui s’adresse à lui et non le Sékhel (l’intellect). C’est le travail de toute une vie et pour y arriver, il faut l’accompagner d’étude de la Torah, d’étude du moussar et d’introspection.
=> Le Nazir est un homme qui, grâce à sa conscience (de ce que la Torah exige, de sa personne et de ses failles), peut sortir de lui-même et voir ce qu’il est devenu. Ce n’est qu’alors qu’il peut contrôler ses désirs et les utiliser pour le bien.

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-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°266) enseigne :
"Le nazir se sanctifie dans ce qui lui est permis. Il évite de boire du vin, et il s’éloigne même de la vigne, pour ne pas en venir à un désir quelconque de boire du vin.
Cela signifie qu’il sert Hachem dans la joie sans boire du vin, mais en étudiant la Torah, car "les ordres de Hachem sont droits, ils réjouissent le cœur".
On trouve cette idée en allusion dans son nom : nazir (נזיר), qui est formé des lettres de ner et youd zayin.
Ner (lampe), ce sont les mitsvot, car "la mitsva est une lampe et la Torah est la lumière", et les lettres youd zayin ont la même valeur numérique que tov (bon), qui est la Torah, car il n’y a de bon que la Torah (Pirké Avot 6,3).
Cela signifie que le nazir se sanctifie par les mitsvot et l’étude de la Torah.

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-> Le rav Yéhouda Leib 'Hasman (Or Yahel - tome III) rapporte qu'à la fin de sa période d'abstinence, le nazir doit apporter 2 sacrifices (v.6,14) :
1°/ une offrande de paix (chélamim) = car il doit se réjouir d'avoir pu se rapprocher de son Créateur en ayant accompli le but de son existence : soumettre son cœur à sa raison, en se séparant des tentations matérielles.

2°/ une offrande de réparation ('hatat) = selon les mots du Ramban (v.6,11) : "parce qu'il retourne se souiller dans les tentations de ce monde".
En effet, comment cet homme, après s'être élevé à un niveau où : "la couronne (nézer) de son D. est au-dessous de sa tête" (v.6,7), peut-il rejeter cette couronne et se laisser de nouveau aller à la matérialité.

[en ce sens, le Ibn Ezra dit que le mot nazir (נָזִיר) est issu de la racine : "nézer" (couronne - נֵזֶר).]

=> Que doit faire l'homme qui a déjà approché D.?
Il doit continuer à s'élever, un degré après l'autre (centimètre par centimètre), sur l'échelle de la spiritualité.

-> Le Ibn Ezra (Nasso 6,2&7) écrit : "Ce que fait le nazir est extraordinaire, car la majorité des gens suivent leurs désirs, mais le vrai roi qui a une couronne (nézer en hébreu, racine du mot nazir) sur sa tête est celui qui est libre de tout désir".

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-> D'après le rav Gefen on peut rapporter :
Il y a 2 façons de se détacher de la matérialité, celle du Nazir et celle du Talmid ’Hakham.
1°/ La première est une privation qui provoque un inconfort.
Le rav Grodzinsky (Torat Avraham) dit que le Nazir agit correctement, il ressent un penchant malsain pour les plaisirs matériels et estime donc nécessaire de faire le vœu en question. Mais cette même action implique une notion de faute. En effet, D. a créé l’homme avec un corps et une âme, et il ne convient pas de négliger son corps. Notre tâche consiste à vivre dans le monde matériel tout en l’élevant. Le Nazir ressent qu’il ne peut pas y arriver sans s’abstenir de boire du vin. Il est donc appelé « saint », parce qu’il entreprend un processus important de purification, mais doit simultanément approcher une offrande expiatoire pour la souffrance causée à son corps

2°/ la seconde est celle du Talmid ’Hakham ne ressent aucune peine à s’abstenir de tels plaisirs.
Le rav Grodzinsky (Torat Avraham) enseigne : la Torah nous enjoint d’être purs, "kédochim Tiyou". Le Ramban écrit qu’il ne suffit pas, pour cela, d’accomplir les mitsvot tout en profitant de la matérialité, mais il convient de s’abstenir des plaisirs du monde. Il met d’ailleurs l’homme saint sur le même pied que le Nazir qui ne boit pas de vin. Par contre, il ne fait mention d’aucune faute. Pourquoi?
En réalité, le Ramban parle du Talmid ’Hakham, qui essaie de s’éloigner du luxe dans ce monde. Quelle différence y a-t-il entre le Nazir qui a fauté en évitant de boire du vin et le Talmid ’Hakham qui ne commet aucune erreur en agissant de la même manière?

L’instinct du Nazir le pousse vers les plaisirs bas, comme le vin. Il lui est difficile de s’en détacher, donc il faute en se provoquant cette souffrance.
En revanche, le Talmid ’Hakham ne ressent aucune privation quand il évite de telles choses, puisqu’il n’est pas astreint à ses penchants naturels. Il sait pertinemment que la matérialité est futile et éphémère, au point qu’il ne lui est pas pénible de s’en garder. Il n’y a donc aucun méfait, aucun besoin d’expiation.

Nous en déduisons un principe fondamental. La meilleure manière de s’écarter des plaisirs matériels n’est pas à travers une privation désagréable. Il nous faut réaliser la futilité de la satisfaction matérielle. C’est totalement différent du renoncement austère et du sentiment de manque ...
Comment une personne peut atteindre le niveau d’un Talmid ’Hakham et être capable de se détacher des plaisirs matériels sans éprouver de désagrément? C’est certainement parce qu’il valorise davantage la spiritualité, ce qui le libère automatiquement de l’asservissement à la matérialité.

=> Notre tâche consiste à réduire notre dépendance pour les plaisirs matériels en rehaussant à nos yeux les choses spirituelles.

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-> "Il fera expiation pour lui du péché qu’il a commis" (Nasso 6,11)

Si quelqu’un dit : comme la jalousie, le désir, les honneurs et choses semblables sont une mauvaise voie et font sortir l’homme du monde, je vais m’en séparer totalement et m’en éloigner au point de ne plus manger de viande, de ne plus boire de vin, ...
Le Rambam écrit que cela aussi est une mauvaise voie, qu’il est interdit de prendre, et celui qui la prend s’appelle "pécheur", car il est écrit à propos du nazir : "il fera expiation pour lui du péché qu’il a commis."

Les Sages ont dit : Si le nazir, qui ne s’est interdit que le vin, doit expier, celui qui se prive de tout, à combien plus forte raison!
C’est pourquoi les Sages ont ordonné qu’on se prive uniquement des choses que la Torah interdit, sans y rajouter des choses permises par des vœux et des serments (Rambam - Hilkhot Deot 3,1).

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+ "Et si un (de ses proches) meurt soudainement" (Nasso 6,9)

Ce verset envisage le cas où un Nazir perd un proche soudainement et qu’il se rend impur pour l’enterrer, malgré l’interdiction).
On peut s’interroger. En effet, le Cohen Gadol (le grand prêtre) aussi n’a pas le droit de se rendre impur même pour un proche. Ainsi, pourquoi la Torah envisage le cas d’une mort soudaine d’un proche pour le Nazir et non pour le Cohen Gadol?

En réalité, avant son vœu, le Nazir avait le droit de se rendre impur au contact d’un mort, mais, il a décidé de devenir Nazir et de prendre sur lui des interdits et des rigueurs supplémentaires comme le fait de ne pas se rendre impur par un mort.
Or, quand quelqu'un s’ajoute volontairement des interdits et se crée une pression supplémentaire qu’il n’avait pas auparavant et que personne ne lui a demandé, alors le mauvais penchant fera tout pour le faire tomber. Ainsi, il se pourra qu’il arrive qu’il perde un proche soudainement.
Le Satan entraînera cela pour l’éprouver du fait de cette rigueur qu’il a prise sur lui alors qu’il en était dispensé.

Mais le Cohen, qui a l’interdit de se rendre impur de par son état naturel, et il ne se l’est pas imposé, pour lui le Satan ne s’évertuera pas à le faire trébucher, et il sera bien plus rare que cette situation de mort soudaine d’un proche n’arrive.
[rabbi Barou'h de Stotchin]

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=> Pourquoi le passage sur le nazir est-il juxtaposé à celui sur la femme Sota?

-> Rabbi David Pinto (la voie à suivre n°576) enseigne :
"Nos Sages (guémara Sota 2a) ont dit : "Pourquoi le passage sur le nazir est-il juxtaposé à celui sur la sota?
Pour nous enseigner que quiconque voit comment la sota s’est déshonorée s’écarte du vin."
Rachi explique : Car le vin mène à la débauche.
=> C’est surprenant. Est-ce que c’est seulement le vin qui mène à la débauche? Et si l’on veut dire que le vin, comme il enivre l’homme, le mène à la légèreté, quel rapport y a-t-il entre le fait de se laisser pousser les cheveux et la vue de la déchéance de la sota?

C’est un principe : Hachem n’offre pas un spectacle à l’homme par hasard. Si quelqu’un a vu quelque chose qui n’était pas bon, il doit réfléchir à ses actes et se repentir.
On sait que ce qu’il a vu présente un aspect de la faute qui lui est reprochée, ainsi qu’il est dit dans la guémara (Moed Katan 18b) : "On ne soupçonne pas quelqu’un d’une faute à moins qu’il ne l’ait commise, et s’il ne l’a pas commise entièrement, il l’a commise en partie, et s’il ne l’a pas commise en partie, il a envisagé de la commettre, et s’il n’a pas envisagé de la commettre, il a vu d’autres personnes qui la commettaient et s’est réjoui!"
On apprend donc que lorsqu’on a vu quelqu’un d’autre commettre une faute, on sait qu’on a en soi quelque chose de cette faute, et qu’on doit examiner ses actes et se repentir.

Donc du fait que D. a fait voir à quelqu’un une femme en état de déchéance, il sait que ce n’est pas pour rien.
Comme il a vu cela, il portera attention au fait qu’il y a chez lui quelque chose de cette même faute, et qu’il a dans son cœur une tendance au désir et aux plaisirs de ce monde.
Même si ce sont des choses permises, les Sages (guémara Yébamot 20a) ont enseigné : "Sanctifie-toi par ce qui t’est permis". Il convient donc qu’il devienne un nazir, saint pour Hachem, et qu’il se sépare des plaisirs du monde, car c’est en cela que consiste être nazir, et c’est cela son rachat.

Disons par conséquent que c’est la raison pour laquelle le nazir amène un sacrifice expiatoire : il n’a été poussé à être nazir que parce qu’il avait vu quelque chose d’interdit qui appelait un rachat."

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-> Pourquoi la Torah écrite a-t-elle placé le passage de la sota avant celui du nazir, alors que dans la Torah orale, le traité Nazir vient en premier, et ensuite seulement le traité Sota?

Le Pri Tsadik (rabbi Tsadok haCohen de Lublin) répond et pose un grand principe dans le service de Hachem : tout ce qui arrive à l’homme est un signe et une allusion destinés à lui suggérer une certaine conduite, et à s’établir à soi-même des limites, de peur d’en arriver à une faute.
Dans cet esprit, dans la Torah écrite le passage de la sota vient avant celui sur le nazir, pour nous enseigner que quiconque voit une sota dans sa déchéance doit s’écarter du vin.
Par contre dans la Torah orale, le traité Nazir vient avant le traité Sota, car l’homme ne mérite pas toujours qu’on lui donne des signes et des allusions, c’est pourquoi il doit veiller aux conséquences de ses actes, se dresser des barrières et s’écarter du vin de peur d’en arriver à une faute.

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+ L'impact de notre regard :

=> Pourquoi le chapitre du nazir suit-il celui de la sotah?
Rachi : cela vient nous apprendre que celui qui voit une sotah au moment de sa disgrâce, doit prendre sur lui de s’abstenir de vin [en devenant nazir], car le vin conduit à l’adultère. [guémara Sotah 2a]

=> Pourquoi un serment de nézirout est-il nécessaire pour être plus vigilant ; le fait même de voir la mort de la sotah devrait suffire à motiver l’individu de s’éloigner de tout ce qui l’inciterait à se livrer à la débauche?

-> Le rav Yossef Leib Bloch zatsal (roch yéchiva de Telz) propose la réponse suivante :
Il pense que le fait de voir la sotah peut avoir un effet délétère. En effet, tout en assistant à ce terrible déshonneur, nos yeux voient une personne qui a commis une grave faute.
Le yétser hara est si fort, qu’il peut inciter à ignorer la dégradation que le péché a entraînée et à se concentrer plutôt sur la faute commise et sur le désir qui l’a provoquée.

La triste histoire suivante illustre ce point. Le fils d’un ivrogne invétéré emmena celui-ci voir un autre buveur complètement aviné, couché dans la rue. Mais au lieu d’éveiller en son père le désir de changer, ce dernier alla demander à l’ivrogne où il s’était procuré cet alcool.
Ainsi, à cause de ce penchant puissant et dangereux, celui qui voit la sotah doit prendre un engagement supplémentaire pour éviter d’être entraîné par la faute.

Le rav Elya Méir Bloch, le fils de rav Yossef Leib, explique en rapportant la guemara (Méguila 28a) qui affirme qu’il est interdit de regarder le visage d’un homme mauvais. En effet, un simple regard s’imprime dans l’âme de la personne et laisse une marque indélébile.
Le Ran dit aussi que cette empreinte l’accompagne éternellement.
Ainsi, le fait de voir une personne racha ou mauvaise peut avoir une conséquence négative sur le niveau spirituel de l’individu.
[une techouva sincère peut certainement éradiquer l’effet négatif provoqué par des images interdites]

Le même principe s’applique d'un point de vue positif ; le fait de voir des personnes vertueuses ou des objets saints peut avoir un effet très bénéfique sur l’homme.
Ceci est exprimé dans la guemara (Erouvin 13b) où Rabbi Yéhouda HaNassi explique pourquoi il a mérité d’atteindre un niveau plus élevé que ses contemporains ; il eut une fois le mérite de voir l’illustre Rabbi Méir de dos. Il ajoute que s’il avait vu le visage de ce dernier, il aurait été encore plus grand.

Aussi, nos Sages affirment que Yaakov sut, en voyant son fils Yossef après leur longue séparation, que celui-ci n’avait pas trébuché en regardant des images interdites. Comment le savait-il? Il put voir, au comportement de Yossef que ce dernier n’avait pas commis de faute avec ses yeux, si tel avait été le cas, Yaakov aurait vu la marque de ces spectacles sur son fils. Voici une preuve supplémentaire que ce que l’on voit nous affecte de manière permanente.

-> Le rav Yéhonathan Gefen ajoute :
Le commentaire de rav Bloch a de nombreuses incidences dans nos vies. L’enseignement le plus évident est que le fait de préserver nos yeux de toute souillure est d’une importance capitale quant à notre niveau de sainteté (kédoucha).
Notons également que même les choses qu’il n’est pas nécessairement interdit de regarder peuvent causer un grand dommage à notre bien-être spirituel. Prenons l’exemple du bombardement d’images violentes que propose le monde laïc. Des statistiques montrent qu’à l’âge de l’adolescent, un individu a déjà vu en moyenne plus de mille meurtres dans les divers médias. Le fait d’être exposé à des images si malsaines affecte certainement sa sensibilité à la violence.

Le rav Shimchon Pinkous (Néfech ‘Haya) soulève un point supplémentaire, quelque peu surprenant. Il estime que les femmes doivent aussi s’abstenir de regarder des images indécentes. On aurait pu penser que ce n’est pas problématique pour elles puisqu’elles ont le droit de voir une autre femme mal habillée. Pourtant, il écrit que cela provoque un grand préjudice à leur âme. Ceci, car ces images pénètrent dans leur essence.
Il écrit, en outre, que les femmes sont plus influencées par ce qu’elles voient que les hommes.
C’est pourquoi une femme doit également faire attention à ce qu’elle regarde.

Pour conclure sur une note positive, le regard peut aussi être utilisé pour nous faire grandir. Par exemple, le fait de regarder ses tsitsit, des livres saints, des synagogues ou des maisons d’étude, la lettre shin sur les tefillin que l’on pose sur la tête, et comme nous l’avons précisé plus haut, le fait d’observer des tsadikim.

"Les chefs d'Israël, chefs de leur maison paternelle, apportèrent des offrandes ..." (Nasso 7,2)

-> Rachi (v.2) : Ils avaient mérité cette fonction lorsqu'ils étaient contremaîtres/surveillants en Egypte, et qu'ils avaient préféré se faire battre par les égyptiens plutôt que de persécuter leurs frères juifs.

-> Rachi (v.11) : comme Moché ne savait pas quel ordre adopter, D. lui fit savoir que les chefs de tribus se présentent selon la place qu'ils occupaient lors de leur déplacement dans le désert.

-> "Ils emmenèrent leur offrande devant Hachem ... un chariot pour 2 chefs" (v.7,3)
Selon le Sforno, cela témoigne de la fraternité qui régnait entre eux, et c'est cela qui leur fit mériter que la Présence Divine réside parmi eux.

Selon le Haamék Davar, les chefs n'ont pas confié cette tâche à des subordonnées (humilité), mais ils ont eux-mêmes apporté les chariots et les taureaux en l'honneur du Michkan.

=> Ce long passage de la Torah, en apparence répétitif, nous apprend l'importance de privilégier à tout prix la fraternité entre juifs, et d'être humbles.

-> La Torah conclue chaque énumération par "telle est l'offrande de ...". Pourquoi une telle répétition?
Rabbi Sim’ha Bounim de Peshischa répond que cela nous indique que chacun des princes ayant présenté son offrande n'a nullement cherché à imiter son homologue qui avait apporté la sienne la veille.
Chacun l'a fait spontanément, de sa propre initiative, sans copier autrui.

-> Le Ohr Torah explique que par cette répétition apparente, la Torah souligne que chaque chef de tribu apporta son sacrifice de plein gré, et non pas pour imiter son pair ayant apporté le même. La Torah désirait ainsi honorer chaque prince, en vertu du principe : "Car J’honore qui M’honore" (Chmouel I 2, 30). Si elle n’avait détaillé que le sacrifice du 1er prince, cela aurait quelque peu porté atteinte au respect des autres, en laissant entendre qu’ils l’avaient simplement imité.
=> Nous en déduisons l’importance cruciale de veiller au respect d’autrui. En effet, la Torah est si concise que même des lois importantes n’y sont évoquées qu’allusivement, par le biais d’ajouts de lettres ou de mots. Et pourtant, lorsque l’honneur de l’homme entre en jeu et qu’il existe un risque, aussi minime soit-il, de le blesser, elle devient prolixe pour l’éviter.

-> "Il offrit son sacrifice" (Nasso 7,19)
Le sacrifice de Nahchon ben Aminadav, le premier jour de l'inauguration, est introduit par les mots : "Voici son sacrifice". Alors que pour Nétanel Ben Tsouar, le 2e jour, il n'est pas dit : "Voici son sacrifice", mais "il offrit son sacrifice". Que signifie cette différence?

Lorsque Nétanel ben Tsouar offrit son sacrifice le deuxième jour après Na'hchon ben Aminadav, il aurait pu être tenté d'apporter ce sacrifice en copiant sur Na'hchon. C'est pourquoi la Torah précise : "Il offrit son sacrifice".
Pour dire qu'il fit l'effort de son propre chef, de sa volonté personnelle, sans faire comme les autres. Il ne s'est pas dit : parce que les autres ont fait, alors moi je fais aussi, comme eux.
=> L'homme doit se préserver de cet écart et servir Hachem avec ressenti et volonté personnelle. Non pas pour faire comme les autres, comme les membres de sa famille, les personnes de sa communauté, de son entourage. Non par imitation, mais par ressenti profond.
[Béer Mayim 'Haïm]

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-> La Thora a honoré les Nessiim (Princes) en montrant combien l’Offrande de chacun était précieuse aux yeux de D.
Si seule l’Offrande du premier d’entre eux, Na’hchon, avait été détaillée, l’importance des autres en aurait été amoindrie. [midrach Vayikra rabba 3]

-> Cette répétition nous enseigne aussi que, bien que les Nessiim aient apporté des dons identiques, les pensées et les intentions dans lesquelles chaque offrande fut faite différaient profondément. [Pessikta Zoutreta]
Ainsi, chaque Nassi par son esprit saint, a choisi les dons et les mesures symbolisant le caractère et l’histoire de sa propre Tribu. [Ets Yossef - Bamidbar rabba 14]
Leurs dons étaient donc identiques en apparence seulement. Aussi, la Torah les énumère-t-elle séparément.

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-> Pourquoi une telle répétition?
Le Saba de Kelm dit que la Torah nous enseigne ici que si un groupe de personnes accomplit une mitsva, bien qu'elles soient nombreuses, Hachem ne prend pas en considération ce groupe comme une entité : Il se réjouit avec chacun d'entre eux comme s'il était seul au monde, bien que d'autres aient également satisfait Sa volonté.
Ainsi, pour présenter l'offrande de chacun des 12 chefs de tribu, la Torah utilise-t-elle les mêmes mots.

Il en est de même pour nous : lorsque l'homme observe les mitsvot, qu'il prie ou étudie, Hachem se réjouit de ses actions, comme s'il était le seul à avoir réalisé Sa volonté.

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-> De son côté, le rav Yéhonathan Gefen enseigne :
Hachem se réjouit de chaque mitsva accomplie par chaque juif. Ceci, parce que l’amour et le souci d’Hachem envers chaque juif sont infinis, et non restreints par l’amour qu’Il voue à tant d’autres Bné Israël.
Ainsi, Hachem éprouva le même plaisir devant le sacrifice du premier Nassi (Prince), Na’hchon ben Aminadav que devant ceux de tous les autres Nésiim. C'est pourquoi la Torah jugea approprié d’énumérer chaque offrande séparément.

Ceci nous enseigne un principe fondamental du judaïsme par opposition aux autres modes de pensées. L’athéisme, par exemple, ne peut prôner une valeur intrinsèque à chaque individu. Chacun n’est qu’un élément parmi plusieurs billions d’êtres humains, de chair et d’os, comme tout être vivant, qui vit sur une petite planète insignifiante située dans un système solaire mineur, qui fait lui-même partie d’une galaxie parmi plusieurs millions d’autres.
Si un athée va jusqu’au bout de cette doctrine et en tire les conclusions logiques, il éprouvera une très faible estime de soi, puisqu’il est effectivement insignifiant.

En revanche, d’après la Torah, chaque personne a une valeur inestimable, parce qu’elle est créée à l’image de D. et qu’Il l’aime.
Cette idée se retrouve dans divers Textes saints. La michna dans Pirké Avot (3,18) dit : "L’homme est chéri, parce qu’il fut créé à l’image [de D.]".
Cette michna nous enseigne que le fait d’avoir une âme nous rend cher aux yeux de D.
La michna (Sanhédrin - chap.4, michna 5) est encore plus explicite quant à l’importance de chaque individu. Elle demande pourquoi l’être humain est le seul à avoir été créé seul, alors que toutes les autres créatures furent créées en grand nombre. La michna explique : "L’homme a été créé seul, unique, pour nous apprendre que celui qui détruit une âme d’Israël est considéré par la Torah comme s’il avait détruit tout un monde".

Nous avons vu que la Torah détailla les offrandes des 12 Néssiim, pour nous apprendre qu’Hachem prête attention aux actions de chacun. Cela nous oblige à respecter notre propre personne et à considérer autrui avec le respect qui lui est dû. Il existe un autre corollaire à ce principe du judaïsme ; étant donné que D. se soucie de tout un chacun et de chaque action réalisée, nous devons tous nous sentir responsables de ce que nous faisons.

À ce propos, le Rambam écrit que chacun doit imaginer le monde sur une balance avec les mitsvot d’un côté et de l’autre, les fautes ; chaque mitsva qu’il effectue fait pencher la balance du bon côté et chaque faute commise peut avoir l’effet inverse. D’où l’importance de chaque acte que nous réalisons ...

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-> Au moment de l'inauguration du Michkan, la Torah va décrire d'une façon plutôt répétitive et détaillée, la description des sacrifices que chaque chef de tribu a apporté (Nasso 7,12-83)
=> Pourquoi cela?

Rav Chmouel Greineman dit qu'il y avait 12 jours d'inauguration, et chaque jour une autre tribu apportait un sacrifice.

Chaque chef de tribu a choisi d'apporter exactement le même sacrifice qui avait été amené le 1er jour par Na'hchon fils de Aminadav, de la tribu de Yéhouda.
Ils ont volontairement agi pour éviter tout sentiment de jalousie, qui aurait pu se manifester si chacun aurait voulu faire mieux que l'autre.
C'était une démonstration de l'honneur et de l'amitié entre les différentes tribus.

Le rav Greineman explique que Hachem était si content, qu'Il a permis que le 7e sacrifice se fasse pendant Shabbath, et Il relate ce fait d'une façon si détaillée pour chacune des tribus (alors qu'aucune lettre n'est de trop dans la Torah).

=> Si pour de la spiritualité, il est important d'éviter de la jalousie, à plus forte raison pour de la matérialité.

-> Le 'Hizkouni dit que Hachem attribua un jour différent à chaque prince (nassi), car Il souhaitait non seulement accorder à tous une part d'honneur égale, mais en même temps, prolonger les célébrations.

[cela est éternellement consigné et vécu dans la Torah!]

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-> "Si ces versets [se répètent de la sorte], c'est parce que Hachem honore ceux qui Le craignent, comme il est dit : "J'honore ceux qui M'honorent" (Chmouël I 2).

Mais comme tous les princes/chefs avaient décidé d'apporter le même jour leurs offrandes, il était impossible de faire en sorte que l'un ne précédât pas l'autre.
C'est pourquoi, la Torah les mentionne tous par leurs noms et précise le détail de leurs offrandes, indiquant le jour où chacun apporta son offrande.

Si elle s'était contentée d'honorer le premier en disant : "Telle fut l'offrande de Na'hchon fils d'Aminadav ...", et de conclure : "Ainsi les autres princes apportèrent-ils les mêmes offrandes, chacun en son jour", cette formulation aurait diminué l'honneur dû aux autres."
[Ramban - Nasso 7,11]

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-> Des considérations liées à un niveau de réalité très profond guidèrent les chefs de tribu, et malheureusement, celles-ci nous sont cachées.
[Cependant, nos traditions expliquent] qu'en apportant ces offrandes, chaque chef attira sur sa tribu un flux éternel d'abondance Divine et de lumière.
Selon le Zohar, si les 12 tribus n'avaient pas offert ces 12 présents au cours de ces 12 jours, l'existence du peuple juif aurait été mise en péril par les 12 princes d'Ichmaël (Béréchit 25,13-16).
[...]

Il est donc d'un grand intérêt de lire les chapitres concernant les présents des chefs de tribus successivement au cours des 12 premiers jours de Nissan. Car alors, chaque homme, quelle que soit sa tribu, attire vers lui un éclat de la lumière Divine de cette tribu, ce qui écartera les forces négatives susceptibles de lui nuire.
[Méam Loez - Nasso 7,78-83]

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-> "Tu ne monteras pas sur Mon autel à l'aide de marches, afin que ta nudité ne s'y découvre pas" (Yitro 20,23)

Rachi commente : Car des marches d’escalier t’obligeraient à allonger le pas. Il est vrai qu’il n’y aurait pas, dans ce cas, de véritable mise à nu puisq'’il est écrit : "Fais-leur des caleçons de lin pour couvrir la nudité de la chair" (infra 28,42). Cependant, l’allongement des pas correspond presque à une mise à nu, et ce serait un manque de respect envers les pierres.

Cela relève d'un raisonnement à fortiori : si envers ces pierres, qui sont pourtant dépourvues d'une conscience susceptible d'éprouver de la honte, la Torah nous ordonne de ne pas adopter une conduite méprisante car nous les utilisons, à plus forte raison devons-nous veiller au respect de notre prochain, qui a été façonné à l'image de son Créateur et qui est blessé quand il est humilié.

=> Ce long passage, en apparence répétitif, témoigne d'à quel point nous devons être vigilant à ne pas causer la moindre honte à notre prochain, et au contraire l'importance de chercher à lui donner de l'importance (toute personne a besoin de sentir qu'elle a de la valeur!).

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+ "Celui qui apporta son offrande le 1er jour fur Na'hchon fils d'Aminadav, de la tribu de Yéhouda" (Nasso 7,12)

-> Pour les sacrifices de tous les autres jours, la Torah précise que celui qui a offert était : "le prince (de la tribu de…)", et ce à l'exception de Na'hchon où la Torah écrit qu’il était : "de la tribu de Yéhouda", et non "prince de Yéhouda". Pourquoi cette différence?

En réalité, comme Na'hchon était le premier à offrir, cela risquait d’éveiller en lui de l’orgueil.
Pour éviter cela, la Torah ne le nomme pas comme : "prince", mais en tant qu’homme simple.
Mais les autres tribus, qui se sont déjà rabaissées en offrant leurs sacrifices après, la Torah pouvait les qualifier de "prince", sans craindre qu’ils s’en enorgueillissent.
['Hizkouni]

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-> Pour le 1er jour (Na'hchon) = le titre "Nassi" est omis.
Pour le 2e jour, il est écrit : "Le 2e jour, Néthanel fils de Tsouar offrit, le chef de Yissa'har.
Pour tous les autres jours, il est écrit : "Le x jour, le chef des enfants de xx".
=> Pourquoi une telle différence?

Nos Sages (guémara Béra’hot 34b) rapportent le fait que plus une personne occupe un poste important, plus elle doit s’abaisser devant D. pendant la prière.
C'est ainsi que selon un avis, le roi restait courbé durant toute la prière de la amida, tandis que le Cohen gadol se prosternait à la fin de chacune des bénédictions.
Et pour le restant du peuple juif, ce n'est que dans la 1ere et la dernière bénédiction.

La tribu de Yéhouda, qui représente l'attribut de la royauté, est la tribu la plus importante, et c'est pour cela que le verset n'indique pas à son chef le titre de "Nassi", car il doit travailler à s'humilier plus que les autres.

La tribu de Yissa'har était la 2e plus importante, en raison de sa sagesse. C'est pourquoi, bien que le titre de "Nassi" lui soit donné, cela est fait d'une façon plutôt désinvolte, car Néthanel avait également besoin de s'humilier plus que le restant du peuple d'Israël.
[Alchikh haKadoch]

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-> Pour tous les princes, il est écrit : "le chef de Chimon/Yissa'har ..." (Nessi de Chimon/Yissa'har...), sauf pour Na'hchon où il est écrit : "de la tribu de Yéhouda" (lématé Yéhouda), et ce afin de nous enseigner que la seule raison pour laquelle Na'hchon est venu en 1er, c'est parce qu'il état issu de la tribu de Yéhouda, qui en tant que tribu de la royauté, était digne d'être la 1ere.

Le titre de "Nassi" (chef/prince) n'est pas utilisé uniquement dans le cas Na'hchon, pour enseigner que s'il a eu le mérite d'être le 1er, ce n'est pas parce qu'il était "Nassi", mais parce qu'il était de la tribu de Yéhouda.
[Gour Aryé]

-> Le terme "Nassi" n'est pas utilisé en référence à Na'hchon, car il a appris à être humble de son ancêtre Yéhouda, comme il est dit (Vayigach 44,33), que Yéhouda s'est humilié devant Yossef et a accepté de devenir esclave à la place de Binyamin.

De même, Na'hchon s'est rendu insignifiant devant tous les autres [chefs/princes], ce qui était une caractéristique propre à la tribu de Yéhouda.
[le Roch]

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-> C''est parce que dans sa très grande modestie, Na'hchon ben Aminadav ne se jugeait pas meilleur que n'importe quel autre membre de sa tribu.
[Ohr ha'Haïm haKadoch]

-> Lorsque Moché a dit à Na'hchon que Hachem l'avait choisi pour être le 1er à amener un Korban, il était très tourmenté. Il ne voulait pas de l'honneur d'être le 1er.
Il s'est réprimandé lui-même, en pensant : "Qui suis-je pour être le 1er à apporter des korbanot?"

C'est la façon de se comporter des tsadikim : se minimiser et fuir les honneurs.
Cette attitude de Na'hchon a eut beaucoup d'importance aux "yeux" de Hachem, au point que cet acte a été considéré comme un Korban (offrande).

Ceci explique pourquoi uniquement au sujet de Na'hchon, le terme : "korbano" (son offrande) est utilisé à 2 reprises :
- 1°/ "Celui qui apporta son offrande le 1er jour fut Na'hchon fils d'Aminadav, de la tribu de Yéhouda" (v.7,12) = la 1ere apparition en allusion au fait qu'il s'est tellement minimisé en apprenant la nouvelle qu'il serait le 1er à offrir, que pour D. c'est comme s'il c'était sacrifié.

- 2°/ "son offrande était : un bol d'argent, ..." (v.7,13) = la 2e apparition renvoie au réel sacrifice matériel apporté (à l'image des autres).
[Gan Ravé - גן רוה]

-> En ce sens également, le Tsor haMor enseigne que Na'hchon ne voulait pas être le 1er à apporter les sacrifices, mais s'il l'a fait c'est uniquement parce que Hachem le lui a ordonné.
[il n'avait pas le moindre égo, le moindre intérêt personnel dans cette démarche.]

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-> Le Toldot Its'hak dit qu'aux yeux de Na'hchon, il considérait comme si tous les autres Korbanot avaient été déjà apportés, et qu'il était le dernier à le faire. Et de cette façon, Na'hchon ne s'est nullement enorgueilli.

[certes en apparence il était le 1er parce que telle était la volonté de D., mais au plus profond de son cœur, il était convaincu d'en être le dernier, se protégeant ainsi de la moindre miette d'orgueil, de vantardise!]

-> Selon le Toldot Its'hak, plus une personne est grande, plus elle se doit d'être humble.
Ainsi, la Torah n'a pas utilisé "Nassi" (prince) uniquement pour Na'hchon, parce qu'il était plus grand que tout les autres, et donc plus humble.

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-> Il n'est pas dit : "Nassi" pour Na'hchon, car son nom était plus distingué/illustre que le titre : "Nassi".
[Min'ha Béloula]

-> Hachem a dit à Moché : "Celui qui a sanctifié Mon Nom à la mer Rouge méritera d'être le 1er à apporter des Korbanot".
Cette personne était : Na'hchon.
[midrach Bamidbar rabba 13,7]

[selon certains commentateurs, en étant le 1er à se jeter dans la mer Rouge avant son ouverture, il a acquis le titre de prince du peuple Israël entier, et pas uniquement d'une seule tribu, la sienne.]

"Un homme ou une femme qui se sépare en faisant un vœu de nazir, d'abstinence au nom de Hachem" (Nasso 6,2)

-> La guémara (Nédarim 9b) nous rapporte l'histoire d'un homme d'une beauté hors du commun qui a souhaité devenir nazir, et donc de couper ses beaux cheveux.

Il s'est expliqué à Chimon haTsadik : "J'étais berger, et un jour alors que je tirais de l'eau d'une source, j'ai aperçu mon reflet dans l'eau.
Mon yétser ara a cherché à me retirer de ce monde!
Je lui ai alors dit : Mauvais! Pourquoi deviens-tu arrogant dans un monde qui n'est le tien? Est-ce que tu cherche à te glorifier d'un homme dont la finalité est les vers et les asticots?
Immédiatement, j'ai juré de raser mes cheveux en l'honneur du Ciel!"

En entendant cela, Chimon haTsadik s'est levé et l'a embrassé sur la tête, lui disant : "Que se soit Sa volonté qu'il puisse y avoir beaucoup de nazir comme toi parmi Israël"

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-> Le Steïpler enseigne qu'à partir des mots de la guémara, on peut voir que le yétser ara voulait le faire tomber dans la faute de l'arrogance.
Dans la plupart des cas, lorsque quelqu'un réalise qu'il possède une qualité que son ami n'a pas, il devient immédiatement arrogant, orgueilleux, s'imaginant alors qu'il est la meilleure personne dans le monde.
Il devient convaincu que toute personne lui doit du respect pour cela.

=> Pourquoi le yétser ara cherche-t-il tellement à implanter en nous de l'arrogance?

Hachem dit : "Moi et lui [celui qui est arrogant] ne peuvent pas résider dans le même monde" (guémara Sotah 5a).

Ainsi, dès que l'orgueil entre en nous, alors la conséquence est que Hachem nous quitte, faisant que nous sommes totalement prisonnier du yétser ara, disponible pour tous ses caprices.

-> "L’homme orgueilleux est livré à son cœur, car du fait que Hachem le tient en horreur, il ne bénéficie d’aucune aide divine."
[Rabbénou Yona - michlé 16,5]

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-> Certains rabbanim ont l'habitude d'avoir un livre de Torah en main afin d'avoir toujours conscience que si les gens leur témoignent autant d'honneur c'est pour la Torah que D. fait passer par lui, et non pas pour lui-même.

-> Une fois, le géant rabbi Akiva Eiger pleura amèrement en disant : "Je pleure sur le fait que notre génération manque tellement d'érudits en Torah que l'on en vienne à me considérer comme un érudit en Torah".

-> Quiconque ayant de l'orgueil ... c'est comme s'il reniait D." [guémara Sota 4b]

-> "Une véritable humilité est un remède qui a fait ses preuves pour la majorité des problèmes de notre temps."
[Rav 'Haïm Kanievsky - Or'hot Yochèr]

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-> b'h, au sujet de l'humilité : http://todahm.com/2018/12/25/lhumilite-quelques-reflexions-de-nos-sages ;
-> b'h, au sujet de l'orgueil : http://todahm.com/2018/12/25/lorgueil-quelques-citations-de-nos-sages

"Ils les renvoyèrent hors du camp" (Nasso 5,4)

-> Rachi (v.5,2) explique qu'il y avait 3 campements, avec chacun un niveau différents de sainteté (le camp de la Ché'hina, le camp des Lévi'im, et le camp d'Israël.).

Il est écrit : "ton camp sera saint" (Ki Tétsé 23,15)
Le Zohar commente : "ton camp" = cela fait allusion aux membres d'une personne, que nous devons garder saints (kadoch).

Le Chla haKadoch dit qu'ici également, les 3 camps font allusion aux parties du corps :
1°/ le 1er = la tête et le cerveau, les origines de toutes les pensées.
Nous devons maintenir ce "camp" saint, en éliminant même les pensées de faute.

2°/ le 2e = il s'agit du cœur, qui doit être laissé saint et pur.

3°/ le 3e = c'est l'estomac et les reins, qui consomment et expulsent la nourriture du corps humain.
Ils doivent restés saints, en étant vigilant sur ce que l'on mange, et en agissant avec modération lorsque nous prenons soin des besoins de notre corps.

=> "Ils les renvoyèrent hors du camp" = nous devons conserver ses 3 "camps" saints en renvoyant toute l'impureté qui peut s'y trouver.

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-> On a pu voir l'enseignement de Rachi, selon lequel les enfants d'Israël avaient un campement divisé en 3 : celui de la Ché'hina, celui des Lévi'im, et celui du camp d'Israël.
On pouvait penser que la présence Divine ne réside qu'à proximité du Michkan et des Lévi'im, et non du camp d'Israël.

C'est pour cela que la Torah affirme qu'une personne impure devra quitter tous ces 3 camps (cf. Rachi 5,2), car la Présence Divine réside dans l'intégralité des 3 campements du peuple d'Israël.
[Alchikh haKadoch]

[Hachem réside en chacun de nous (du plus grand tsadik au plus simple des juifs), et nous devons être vigilant à nous protéger, autant que possible, de la présence de toute impureté en nous, car cela va créer une séparation/distanciation avec la Présence Divine.]

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+ "Ordonne aux enfants d'Israël qu'ils expulsent du camp quiconque a la tsara'at, quiconque a eu une émission de zav, et quiconque a été rendu impur par un cadavre humain." (Nasso 5,2)

-> "Il existe 4 transgressions pour lesquelles l’homme paye dans ce monde et dans le monde futur : l’idolâtrie, l’immoralité et le meurtre.
Ainsi que le lachon hara qui est équivalent (en gravité) à toutes (les 3 autres fautes réunies)."
[guémara Yérouchalmi 1,1]

-> Ce verset fait allusion à l'avertissement que la faute de lachon ara est équivalente en gravité aux 3 fautes cardinales : l’idolâtrie, l'immoralité et le meurtre.

Les 3 personnes impures mentionnées ici renvoient à ces 3 fautes :
- la tsara't = à l’idolâtrie ;
- celle atteinte de zav = l'immoralité ;
- celle impure par un cadavre humain = le meurtre.

Le verset suivant est : "Homme ou femme vous renverrez" (v.5,3) = c'est une allusion à l'idée que le lachon ara est parfois :
- de type "masculin", dans le sens où il ne porte pas de fruit (comme un homme qui ne porte pas d'enfant en lui) ;
- de type "féminin". Il est alors encore pire que l'autre, car il "engendre des fruits", à l'image d'une femme, dans le sens où il va causer du mal chez autrui.

=> On nous averti que pour garder notre camp saint, il faut renvoyer toute forme de lachon ara potentiel
.
[Ben Ich 'Haï]

"Le 10e jour, le chef des enfants de Dan" (Nasso 7,66)

Il existe une coutume de lire pendant les 12 premiers jours du mois de Nissan les passages de la Torah se rapportant aux offrandes amenées par les chefs de tribu pour l'inauguration du Michkan.

-> Le rav Zalman de Volozhin, un des proches élèves du Gaon de Vilna a dit à ce sujet :
"Le jour de la semaine durant lequel nous lisons les offrandes apportées par la tribu de Dan est également le jour de la semaine durant lequel tombera le prochain Roch Hachana, jour durant lequel Hachem juge (dan) toute l'humanité.

Cela est également en allusion dans la bénédiction que Yaakov donne à Dan, comme il est écrit : "Dan yadin amo" (Dan jugera son peuple - Vayé'hi 49,16)."

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[lorsque Yaakov a béni ses enfants, il a associé la force du jugement terrestre avec la tribu de Dan, et c'est ainsi que cette tribu a apporté son offrande le 10e jour de Nissan qui tombe toujours le même jour de la semaine que le 1er jour de Roch Hachana, jour où D. juge l'humanité.]