"Parle ainsi à Aaron et à ses fils: Voici comment vous bénirez les enfants d'Israël ; vous leur direz : "Que D. te bénisse et te protège!" " (Nasso 6,23-24)
Avant de réciter leur bénédiction, les Cohanim récitent la prière : "Qui nous a sanctifié avec ses commandements et qui nous a ordonné de bénir Son peuple d'Israël avec amour (bé'aava - cf.Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 128,11 ; et Magen Avraham 18).
Où est-ce que l'on peut voir que les Cohanim doivent nous bénir avec amour?
1°/ La bénédiction des Cohanim commence par : "Que D. te bénisse (yévaré'hé'ha) et te protège!".
Sachant que D. a demandé aux Cohanim : "vous bénirez les enfants d'Israël" ; n'aurait-il pas été plus logique qu'ils disent : "Que D. vous bénisse (yévaré'hé'hém) et vous protège!" (au pluriel)?
Bien que les Cohanim bénissent tout le peuple juif (une pluralité de personnes), ils le font en utilisant le singulier, afin d'indiquer que D. désire bénir les juifs, unis par un amour d'autrui.
Ainsi, par la bénédiction des Cohanim faite au singulier, un Cohen annonce son respect du commandement de D. de bénir le peuple d'Israël "avec amour" (bé a'ava).
[ D'ailleurs, le mot a'ava (amour) a une valeur numérique de : 13, qui est aussi celle de : é'had (Un). ]
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2°/ On peut noter également que : "bé aava" a comme valeur numérique : 15.
Dans la bénédiction des Cohanim, à partir du mot "Yévaré'hé'ha" jusqu'au mot : "shalom", il y a un total de : 15 mots.
Ainsi, les Cohanim font référence au commandement de bénir les juifs bé'aava, avec les 15 mots de la bénédiction des Cohanim que D. a amoureusement donné à Son peuple.
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-> "Ainsi bénirez-vous les enfants d'Israël, dis-leur" (amor laèm - אָמוֹר לָהֶם - Nassso 6,23).
Le midrach (Bamidbar rabba 11) explique : "Le verbe "amor" est écrit d'une façon pleine, avec un vav (אָמוֹר), pour montrer que vous devez les bénir avec recueillement et de tout cœur, afin que la bénédiction soit opérante."
Selon le Nétsiv, cela nous enseigne qu'un Cohen doit avoir une intention sincère (kavanat halèv) afin que ses bénédictions marchent pleinement.
C'est en ce sens que nos Sages ont inclus dans le texte de la birkat Cohanim, le terme : "aava" (amour).
[Avant de réciter leur bénédiction, les Cohanim doivent réciter les mots suivants : "Qui nous a sanctifié avec ses commandements et qui nous a ordonné de bénir Son peuple d'Israël avec amour" (bé'aava - cf.Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 128,11 ; et Magen Avraham 18)]
-> Le Zohar (paracha Nasso) enseigne : "Si un Cohen n'éprouve pas de compassion à l'égard de ses prochains, ou si les gens ne sont pas animés d'un tel sentiment à son égard, il ne peut les bénir, comme il est écrit : "Celui qui a un œil bienveillant sera béni" (Michlé 22,9).
Ne lis pas "yévora'h" (sera béni), mais "yévaré'h" (bénira)."
-> "Un Cohen qui est détesté par la communauté ou qui lui-même l'a en abomination, se mettrait en danger en la bénissant!
De ce fait, s'il lui est vraiment impossible de dominer son instinct et de retirer la haine de son cœur, il lui incombe de quitter l'office avant le rétsé.
Car la bénédiction stipule explicitement : "de bénir Son peuple, Israël, avec amour"."
[michna Broura 127,20]
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-> Rabbi Yéhochoua ben Lévi (guémara Soucca 38b) dit que chaque Cohen qui bénit l'assemblée (tsibour) est lui-même béni, mais celui qui ne bénit pas l'assemblée n'est pas béni.
Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) interroge : N'est-ce pas évident? Que nous apprend de nouveau Rabbi Yéhochoua ben Lévi?
Le Ben Ich 'Haï de répondre :
La bénédiction des Cohanim se termine par le mot : "aava" (amour). Nous apprenons de là qu'il n'est pas suffisant qu'un Cohanim bénisse le peuple juif uniquement avec sa bouche, la bénédiction doit également venir du plus profond de son cœur, avec amour.
Deux fois la guématria du mot : "aava" (אהבה - amour), est égale à 26, qui est la guématria du Nom de D. (יהוה).
Un Cohen a besoin de 2 formes d'amour pour bénir la nation juive : un amour avec sa bouche (aava bépé) et un amour avec le cœur (aava bélev).
Si la bénédiction des Cohanim (birkat Cohanim) est réalisée comme il le faut, alors le Cohen place le Nom de D. sur le peuple juif, comme il est écrit : "Qu'ils placent Mon Nom sur les enfants d'Israël, et Je les bénirai" (Nasso 6,27).
C'est cela la nouveauté de l'enseignement de Rabbi Yéhochouva ben Lévi. On aurait pu penser qu'un Cohen qui bénissait la nation juive avec sa bouche, serait également béni. Mais il nous apprend que le verset nous avertit, que si un Cohen ne bénit pas le peuple juif avec les 2 formes d'amour (bouche et cœur), il n'est pas béni.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Soucca 38b]
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-> "Que D. te bénisse et te protège!" (Nasso 6,23)
=> Peut-on donc être béni sans être protégé et vice-versa? Ne s'agit-il pas d'une seule et même chose?
-> Selon nos Sages, en vérité quand un homme voit ses affaires prospérer, il est amené à ressentir de la fierté et de l'orgueil. C'est contre ce sentiment-là qu'on sollicite une protection.
-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch propose une autre interprétation : la bénédiction elle-même peut se transformer en malédiction si on ne sait pas la gérer. Et c'est contre ce risque que l'on invoque protection.
-> Rachi (v.6,23) enseigne : "Que ne t’agressent pas des pillards pour prendre ta fortune. Lorsqu’un maître offre un cadeau à son serviteur, il ne lui est pas possible de le protéger contre toutes les agressions, de sorte que, si des voleurs viennent le lui enlever, il n’aura retiré aucun profit de ce qu’on lui a donné.
Hachem, en revanche, est à la fois celui qui donne et celui qui protège."
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"Ainsi bénirez-vous les enfants d'Israël, en leur disant (amor lahém)" (Nasso 6,23)
-> Rachi commente : "le mot "amor" est écrit avec un vav, pour marquer qu'on ne doit pas les bénir à la hâte et avec précipitation, mais avec recueillement et de tout cœur."
-> Rabbi Lévi Yits'hak de Berditchev fait remarquer que le mot : amor (en disant - אָמוֹר), signifie aussi : "amour", comme dans le verset : "Et Hachem t'a aimé (éémiré'ha - הֶאֱמִירְךָ) aujourd'hui".
Le Rabbi de Berditchev dit que c'est ainsi uniquement celui qui aime les enfants d'Israël qui a le droit de les bénir.
[si tu veux les bénir, il faut "amor lahém" : les aimer]
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-> "Ainsi bénirez-vous les enfants d'Israël"
La Torah fait ici allusion au fait qu’il convient de bénir chacun tel qu’il est.
On ne doit pas attendre qu’il se se parfasse et devienne un tsadik pour le bénir.
"Ainsi" = c’est-à-dire "tel qu’il est", "ainsi qu’il est", "vous bénirez les enfants d’Israël"
[l'Admour de Modzits]
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+ "Moché dit à Aharon : C’est cela dont avait parlé Hachem, en disant : ‘Je serai sanctifié par ceux qui Me sont les plus proches et Je serai glorifié devant tout le peuple’, et Aharon se tut" (Chémini 10,3)
-> Le Ménorat haMaor enseigne qu’en récompense de la grande humilité démontrée par Aharon (telle est la volonté de D., et j’accepte avec amour de ne pas comprendre pourquoi mes 2 enfants sont morts), il a mérité (ainsi que ses descendants) de pouvoir bénir tout le peuple juif par la bénédictions des Cohanim (birkat Cohanim), qui contient 60 lettres, comme la guématria du mot : "il se tut" (vayidom – וַיִּדֹּם).
-> La guémara (Roch Hachana 28b) enseigne qu'un Cohen n'a pas le droit d'ajouter une bénédiction au texte d'origine de la birkat Cohanim.
Le Méïri précise que même si sans faire exprès, un Cohen accorde une bénédiction supplémentaire, il transgresse l'interdit d'ajouter (bal tossef).
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-> "Quand Moché levait la main, Israël dominait" (Béchala'h 17,11)
Il levait la main pour les bénir avec la birkat cohanim.
C’est pourquoi Rabbi Yo’hanan a dit : "Que signifie ce qui est écrit : "Quand Moché levait la main, Israël dominait, et quand il baissait la main Amalek dominait"?
Cela nous enseigne que le monde subsiste grâce à la "nessiat kapaïm" des cohanim."
[Séfer haBahir]
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b'h, voir également :
- https://todahm.com/2020/07/21/la-birkat-cohanim
- https://todahm.com/2019/01/23/9306-2