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"Ils avoueront la faute qu'ils ont commise" (Nasso 5,7)

Dans ce passage (v.5,6-8), la Torah traite de la lourde faute commise envers Hachem par tout individu retenant de façon illicite le bien d'autrui (emprunt, vol, non-paiement d'un salaire, ...).
=> Pourquoi la mitsva de l'aveu des fautes, qui constitue la mitsva de téchouva (repentir), a précisément été dite/associée concernant la faute du vol?

-> En réalité, Hachem dépose des forces, des potentialités et de la vitalité en chaque personne.
Lorsqu’un homme faute, il prend ces forces que Hachem lui a donné et il les dévie de leur objectif qui est de faire la Volonté Divine.
Toutes les forces lui ont été attribuées pour faire Sa Volonté, et lui il les utilise pour la transgresser. En cela, chaque faute constitue un vol.

=> L’homme vole cette vitalité qui lui vient d’Hachem, et c'est donc sur cette interdiction de voler que la Torah formule la mitsva de l’aveu et de la Techouva.

['Hidouché haRim]

[Avant de naître nous jurons de venir dans ce monde afin d'y réaliser la Volonté de D., et à la fin de notre vie nous devrons tous en faire un bilan. Est-ce que les moyens/forces de vie que D. nous a octroyées ont été correctement utilisés?
L'association du vol (pratique) et du repentir (plus théorique), nous permet d'imager et de prendre davantage conscience de la gravité de ne pas exploiter notre vie au mieux.]

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-> "Ils avoueront leur faute" (Nasso 5,7)

-> Ce verset fait état de la Mitsva du Vidouï. Quand un homme a commis une faute et décide de faire téchouva, il devra ensuite la reconnaître et l'avouer verbalement devant Hachem.
Ce verset évoque la situation d'un homme qui a volé de l'argent à son prochain, en l'occurrence un converti. On peut se demander pourquoi la Torah a choisi la faute du vol pour nous apprendre le principe de la Techouva qui concerne toutes les fautes.

En fait, chaque faute (avéra) contient une dimension de vol. En effet, Hachem nous donne tout ce dont on dispose, notre santé, notre argent, nos forces. Il nous les a confiés dans le but de les utiliser pour faire Ses Mitsvot. A chaque fois qu'il commet une faute, l'homme utilise les forces et les moyens que Hachem lui a donnés, pour transgresser Sa Volonté.
En cela, à chaque fois qu'il en commet une, il est en train de voler les forces que Hachem lui a confiées avec grande Bonté, et les utilise contre Lui. C'est en pensant à cela que l'homme pourra ressentir la gravité de son acte et se repentir avec une plus grande sincérité.
C'est pourquoi, la Torah a choisi le vol pour enseigner le principe du repentir.
['Hidouché haRim]

Nazir = s’élever au niveau d’Adam avant la faute

"Car la couronne de son D. est sur sa tête, durant toute la période de son statut de nazir, il est saint pour Hachem" (Nasso 6,7-8)

-> Le Alchikh haKadoch nous éclaire sur le statut de nazir. Il nous explique que Hachem a souhaité nous enseigner que chaque juif, même s'il n'appartient pas à la descendance des Cohanim, a le potentiel de grandir en sainteté jusqu'à atteindre le niveau de sainteté du Cohen Gadol.

Voici ses paroles :
"Hachem a distingué parmi Son peuple saint, la tribu de Lévi, et parmi ses membres, la descendance d'Aharon, et parmi eux, le Cohen Gadol qui fut distingué parmi tous ses frères. Ne viens pas croire que le niveau de sainteté dépend de nos ascendants car D. vient nous enseigner ici qu'il n'en est pas ainsi.
En effet, il appartient à chaque homme de s'écarter de la matérialité du monde et de se sanctifier jusqu'au niveau qu'il s'est fixé.

Il est écrit au sujet du Cohen Gadol une précision importante : "Pour son père et sa mère, il ne se rendra pas impur ... car le sacre de l'huile d'onction de son D. est sur lui" (Emor 21,21).
Le Cohen Gadol prend ses fonctions suite à l'onction qu'il reçoit. C'est donc un facteur extérieur à lui qui va déterminer son statut contrairement au nazir.
En effet, un nazir ne se rendra pas non plus impur pour ses parents mais ce niveau de sainteté dépend de lui, de sa volonté sincère et de son amour pour Hachem et il est écrit à son propos : "Car la couronne de son D. est sur sa tête" (Nasso 6,7)."

=> Lorsque nous analysons les paroles du Alchikh Hakadoch, nous sommes amenés à comprendre que la sainteté du nazir est plus élevée que celle du Cohen Gadol.
Le Cohen Gadol atteint ce niveau de sainteté par le statut qu'il endosse après avoir reçu l'onction tandis que la sainteté du nazir provient d'un choix personnel de se mettre en retrait de la matérialité de ce monde même sans avoir reçu l'huile d'onction.

[ il est à noter que : Rabbi 'Haïm Vital témoigne qu'il a entendu de son maître le Arizal, que les commentaires du Alchikh haKadoch sur la Torah représentent une des 70 explications enseignées dans les mondes supérieurs.]

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=> Approfondissons les enseignements du Alchikh haKadoch : au-delà du choix personnel d'endosser le statut de nazir, en quoi la sainteté de ce dernier peut-elle dépasser celle du Cohen Gadol?

-> Le Chlah haKadoch (Torat Ohr - Nasso 11) enseigne :
"Nos Sages (guémara Béra'hot 63a ; Sota 2a) disent : "pourquoi la section du nazir est-elle juxtaposée à la section de la femme soupçonnée d'adultère (la sota)? Ceci pour nous apprendre que quiconque voit la femme soupçonnée d'adultère dans son humiliation, qu'il se sépare, qu'il s'abstienne de boire, du vin."
On explique : il devra s'abstenir de consommer tout ce qui provient de la vigne qui est selon certains avis le fruit de l'arbre de la connaissance.
En effet, 'Hava pressa du fruit défendu, qui était une grappe de raisin, à Adam et le midrach (Béréchit rabba 19,5) nous enseigne que ce vin le mit en état d'ébriété ...
A cause du vin qu'elle a servi à son mari, la mort frappa le monde. Si Adam n'avait pas fauté en s'abstenant de consommer du fruit de la vigne, il aurait conservé son niveau de sainteté et son vêtement de lumière.
Cependant après la faute, il fut revêtu d'un vêtement de peau jusqu'à ce qu'Aharon vienne réparer cette profanation par l'intermédiaire de l'onction sainte.
[le 'Hatam Sofer explique que le fruit de l'arbre de la connaissance, la vigne, aurait été permis le jour du Shabbat si Adam avait patienté. En effet, il aurait sanctifié le kidouch avec le vin. ]

Lorsque le nazir s'écarte du vin de son propre gré, il dévoile son intention profonde de revenir au niveau d'Adam Harichon avant la faute, c'est-à-dire de réparer ce qui causa la perte du vêtement de lumière d'Adam.
Ainsi, lorsqu'un homme prononce le vœu de devenir nazir, il exprime son désir de s'écarter des plaisirs de ce monde de toutes ses forces et il fixe une période spécifique en fonction de ce que son corps peut accomplir. Il se contente alors de satisfaire les besoins élémentaires de son corps et s'écarte des envies superflues.
[ le mot nazir signifie "s'abstenir", "renoncer" tandis que le mot nézer signifie "couronne", "diadème". ]

C'est le sens des mots de la Torah : "Car la couronne de son D. est sur sa tête" = c'est-à-dire qu'il s'est placé au niveau d'Adam Harichon avant la faute, car il était couronné par D. lui-même sans l'intermédiaire de l'onction.
Cependant, lorsque la période de son vœu se sera écoulée, il redeviendra comme tous les autres hommes et sa couronne se retirera de sa tête, et c'est la raison pour laquelle il devra apporter un sacrifice tout comme Adam Harichon qui dut apporter un sacrifice après sa faute, comme l'ont enseigné nos Sages : "Adam Harichon apporta en offrande un taureau" (guémara Shabbath 28b).
Ainsi le nazir amène un sacrifice pour la même raison."

-> "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (Béréchit 3,21).
Les sages du Midrach (Béréchit rabba 4,8) expliquent à propos de ce verset qu'à l'origine, la fonction de prêtrise (Cohanim) revenait aux premiers-nés qui réalisaient des sacrifices jusqu'à ce que la tribu de Lévi hérite de la couronne de la prêtrise.
Adam Harichon en tant que premier-né de l'humanité, apporta un sacrifice, comme il est écrit : "plus agréable à Hachem qu'un taureau aux grandes cornes et aux puissants sabots" (Téhilim 69,32).
Il se vêtit pour ce faire des habits du Cohen Gadol, comme il est écrit : "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (Béréchit 3,21) = il s'agissait de vêtements précieux que les premiers-nés pouvaient revêtir.
Avant de mourir, Adam transmit ses vêtements à 'Hét, qui les transmit à Métouchela'h, qui les transmit ensuite à Noa'h. Comme nous l'explique la Torah, Noa'h se leva et réalisa un sacrifice pour Hachem : "Il prit de tous les animaux qui étaient purs" (Noa'h 8,20).

Rabbénou Bé'hayé nous fait remarquer que la Torah utilise exactement le même terme "vayalbichem" (revêtir - וַיַּלְבִּשֵׁם) au sujet du Cohen Gadol (Tsav 8,13) mais aussi au sujet d'Adam Harichon (Béréchit 3,21).
De plus, le verset : "Hachem fit pour Adam et pour sa femme des tuniques de peau et les en vêtit" (וַיַּעַשׂ יְהוָה אֱלֹהִים לְאָדָם וּלְאִשְׁתּוֹ כָּתְנוֹת עוֹר וַיַּלְבִּשֵׁם - Béréchit 3,21) contient huit mots faisant ainsi allusion aux huit vêtements du Cohen Gadol.

-> Le rav Pin'has Fridman conclut ce développement ainsi :
D'après ces explications, si Adam n'avait pas consommé de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, il serait devenu le roi de toute la création sans même les 8 vêtements de prêtrise que Hachem lui confectionna après la faute.
En effet, avant la faute, Adam n'avait pas de vêtements de prêtrise (Cohen), c'est uniquement après cette dernière qu'il perdit la couronne de la royauté et que Hachem le revêtit des habits de prêtrise pour lui permettre d'évoluer dans ce monde ici-bas.

Nous comprenons de quelle façon le nazir peut s'élever à un niveau de sainteté équivalant voir supérieur au Cohen Gadol puisqu'il peut s'élever au niveau d'Adam Harichon avant la faute.
Il est écrit dans la Michna : "Tout le monde n'est pas apte à prendre cet éloge" (Béra'hot 16b), en l'occurrence de formuler le vœu de nézirout et de s'élever au niveau de sainteté d'Adam Harichon avant la faute.
Pour y parvenir, il faut que l'intention de l'homme qui en émet le vœu soit dirigée vers Hachem. En maîtrisant les envies de notre corps, en y prenant conscience et en dédiant cette élévation au Maître de l'univers, nous devenons comme ce nazir qui cherche à s'élever en sainteté et à prendre part à la réparation de la faute originelle.

+ Le respect de la vie de la femme Sotah (paracha Nasso) :

-> Avant que la femme Sotah ne boive les eaux, qui provoqueront le gonflement de son ventre et la mort si elle s'était rendue impure, la Torah se soucie de sa vie et nous ordonne de tout faire pour l'amener à regretter, reconnaître son méfait et donc à demeurer en vie.

De plus : "On la fait monter au Grand Tribunal de Jérusalem (pour par exemple l'impressionner par le lieu et lui donner du temps de réflexion supplémentaire), et on la menace (dans le cas où elle refuse d'avouer son infidélité) de la même façon qu'on menaçait les témoins d'un assassinat" (afin qu'elle reconnaisse son infidélité - guémara Sotah 7a).

-> Il est écrit à ce sujet :
"Le mari amenait l'offrande (min'ha) ... et la posait sur les mains de sa femme afin qu'elle se fatigue (en tenant quelque chose de lourd pendant toute la procédure).
[...]
Pourquoi tous ces efforts pour la fatiguer?
Afin qu'(en raison de sa fatigue) elle finisse par reconnaître qu'elle a trompé son mari (et n'ait plus besoin de boire les eaux).

Si la Torah se soucie autant de ceux qui transgressent, à plus forte raison elle se soucie de ceux qui accomplissent Sa volonté."
[guémara Sotah 14a]

=> Cela nous donne beaucoup de forces quant à la conscience d'à quel point Hachem se soucie de nous (qui essayons d'agir au mieux selon Sa volonté), à chaque instant, même si nous nous n'en rendons pas vraiment compte.

"Une femme qui s'écarte" (ki tichté ichto - Nasso 5,12)

La Torah utilise ici le terme "tichté" (תִשְׂטֶה - qui s'écarte), évoquant la folie (שטות - chetout), pour enseigner qu'un homme ne peut commettre de faute, que si un esprit de folie s'est emparé de lui.
["Un homme ne peut fauter que si un esprit de folie pénètre en lui" (guémara Sotah 3a) ]
Un homme pleinement conscient de l'impact de ses actes, ne pourrait commettre la moindre faute.

=> Mais pourquoi la Torah a t-elle choisi la situation de la femme "sota" qui se dévie de son mari afin de donner cette leçon, commune à toutes les fautes?

En fait, la Torah veut nous apprendre que la relation entre Hachem et son peuple est similaire à celle d'un homme et son épouse. Hachem a pris le peuple juif pour épouse, si on peut ainsi dire. Il lui a donné Sa Torah et les mitsvot, qui sont les moyens pour Israël de Lui rester fidèle.
Par chaque faute commise, il trahit Hachem, à l'image d'une femme qui trahit son mari en se rapprochant d'un autre homme. Tous les plaisirs interdits par la Torah sont en fait assimilés au plaisir que cette femme adultère pense trouver chez un autre homme.
Bien entendu, ce plaisir ne peut être vraiment épanouissant. Au contraire, il finit par causer de l'amertume et des conséquences dommageables.

[Likouté Si'hot]

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-> La guémara (Sota 3a) déclare : "Une personne ne commet une transgression que si l’esprit de folie (roua'h chetout - רוח שטות) s’empare d’elle», et le texte cité pour l’appuyer est une phrase de notre paracha : "Si une épouse se détourne (Tisté - תשטה) de son mari et lui devient infidèle" (Nasso 5,12). [Chetout et Tisté dérivent de la même racine]
Ainsi, Rachi rapportant cet enseignement talmudique, cite le verset du roi Salomon : "Commettre un adultère, c’est être insensé, qui veut se perdre agit ainsi" (Michlé 6,32).

=> Quel rapport y a-t-il entre la faute en général et la femme Sota (l’épouse soupçonnée d’adultère)? Pourquoi l’adultère est-il de toutes les transgressions, celle qui montre que le péché est toujours irrationnel et absurde.

La réponse est que l’adultère est le prototype même de toute transgression.
En effet, le péché d’adultère dans la loi juive s’applique, bien entendu, seulement si la femme en question est mariée, d’où la phrase : "Si une épouse se détourne de son mari».
Or, le peuple juif dans son ensemble est considéré comme l’épouse de D. En effet, le lien forgé entre eux au Mont Sinaï était semblable à celui d’un mariage.
Plus précisément, le Kli Yakar, au début de la Paracha de Bamidbar, nous explique que les fiançailles entre Hachem et Israël (et donc chaque juif individuellement) eurent lieu lors de au don de la Torah, tandis que le Mariage proprement dit a été célébré lors de l’édification du Michkan.

Ainsi, chaque fois qu’un juif commet une faute, si légère soit-elle, il trahit l’Alliance, "le contrat matrimonial", entre lui-même et Hachem. Il est coupable d’adultère spirituel, d’infidélité envers son partenaire Divin.
Tel est donc le rapport entre notre verset sur la femme Sota et l’enseignement de la guémara sur la folie de la faute.

=> Pourquoi un péché, même insignifiant, est-il "folie"?
Parce qu’il provoque une rupture du lien entre l’homme et D., inacceptable du point de vue de la raison.

=> Et pourquoi la faute provoque-t-elle une telle rupture?
Car lorsqu’un juif commet une transgression même légère, c’est un geste d’infidélité et une trahison envers le Mariage contracté au mont Sinaï.
Aucun juif ne désire cette infidélité qui crée une "rupture" avec son Créateur. Si un tel fait insensé est possible, c’est parce que l’homme succombe malheureusement aux aspirations de son yétser ara dont le nom שטן (Satan) s’apparente à celui de שטות (chtout - folie).

La phrase "Si une épouse se détourne de son mari" ne s’applique pas à la femme convaincue d’adultère, mais seulement à celle soupçonnée d’adultère. Ainsi, cette accusation est-elle de courte durée.
En effet, si, après que le nécessaire a été fait pour déterminer si le soupçon est fondé, l’épouse est déclarée innocente, non seulement elle est lavée de toute souillure, mais aussi retourne à son mari et connait la bénédiction.
Cet espoir concerne aussi l’homme qui a fauté. Il ne doit pas tomber dans le désespoir mais au contraire, il doit se souvenir qu’il peut toujours se rapprocher à nouveau du Créateur. Quand il fera téchouva et retrouvera la pureté de l’innocence, il s’efforcera de se rapprocher véritablement de Lui (Hachem), jusqu’à ce que "mari et femme soient unis", et que la présence du Divin soit révélée en son âme. [et à l'image de la femme Sota, il bénéficiera de la bénédiction Divine (d'une certaine façon, c'est la joie de papa Hachem de nous voir revenir près de Lui, de renouer nos liens d'amour/proximité par la téchouva)]
Telle est la délivrance personnelle, prélude à la Délivrance collective.
[Collel de Sarcelles - feuillet de la communauté 5783]

"Que Hachem éclaire Sa face pour toi" (Nasso 6,25)

Rabbi Avigdor Miller de commenter :
"Etant donné que D. agit mesure pour mesure (guémara Sotah 8b), D. éclaire Sa face pour ceux qui éclairent/illuminent leur face/visage à leur prochain". (Sing, You Righteous - p291)

Selon le Sforno, la notion de "Que D. éclaire" renvoie au fait : "que D. t'éclaire afin que tu sois capable de percevoir la sagesse infinie de la Torah ... La personne jouit de la quiétude nécessaire pour s'élever au-dessus de ses besoins matériels élémentaires."

Selon Rabbi Na'hman de Breslev : Souris à la vie, et D. te donnera de véritables raisons pour sourire.

Selon le Zohar (II- 184b) : "Lorsqu'une personne offre un visage lumineux ici bas, une présence lumineuse l'éclaire d'en-haut".

-> "Rabbi Matya ben 'Harach dit : Sois le 1er à saluer tout homme" (Pirké Avot 4,15)

-> Selon la guémara (Béra'hot 17a), personne n'a devancé le salut de Rabbi Yochanan ben Zakaï, même un non juif (vendeur) au marché.

-> Les Avot déRabbi Nathan (12,3) rapportent que Aharon, le cohen gadol, utilisait le fait de saluer autrui comme un moyen d'influencer positivement autrui.
Devant l'amour d'Aharon, les personnes en venaient à penser : "Aharon me salut à chaque fois d'une manière amicale (bien que j'ai fauté). Comment oserai-je lui faire face une autre fois si je faute?"
De cette façon, Aharon empêchait les personnes de fauter.

-> Rabbi 'Haïm Mordechaï Katz (roch yéchiva de Telz) insistait souvent sur le fait que par le simple fait de dire : "Bonjour!" à autrui, on a le pouvoir d'illuminer toute la journée d'une personne qui se sent un peu abattue.

=> Combien on devrait se forcer à être joyeux, non seulement pour faire que D. nous donne des raisons réelles de l'être, mais surtout pour être des générateurs, des diffuseurs de joie.

Par le fait de saluer une personne, on lui dit : "tu es quelqu'un de bien, qui compte et qui est important à mes yeux, au point où je m'arrête pour te saluer. Par mon sourire, regarde à quel point cela me fait plaisir de te voir ... "
- La personne qui a reçu le salut va se sentir redevable, et va pour se "décharger" de sa "dette" faire de même avec autrui, enclenchant un effet domino ...
- La personne qui va faire le salut, va par le fait de donner de soi-même (être à l'origine d'un salut nécessite un effort), développer en elle de l'amour, un lien/un attachement avec autrui.

Par ailleurs, en étant aimé d'autrui, on a un pouvoir d'influencer positivement autrui, par le fait d'être un exemple à suivre (à l'image d'Aharon).

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-> Rabbi Yehuda Leib Chasman (Ohr Yohail - vol.2) dit que si on rencontre 2 personnes : une habillée de façon élégante, et une autre habillée pauvrement, et que l'on salut la personne bien habillée avec plus d'enthousiasme que la personne vêtue pauvrement, on est coupable d'un mensonge.
En effet, on ne salut pas la personne, mais ses habits.

-> La guémara (Béra'hot 6b) statue qu'une personne est obligée de répondre au salut d'une autre personne à son égard, et que le fait de ne pas le faire s'assimile à du vol (guézel shalom).

-> Rabbi Yechezkel Sarna (Daliyot Yechezkel - vol2) a dit : " Si on apprécie le fait que l'homme est créé à l'image de D., on considérait comme un privilège de pouvoir saluer ses semblables"

"Ils confesseront le préjudice commis" (Nasso 5,7)

Pour quelle raison parle-t-on du commandement de la confession en rapport précisément avec la faute du vol?

Le Sfat Emet de répondre :
"En vérité, toute transgression est un vol.

En effet, D. accorde aux hommes la vie et la force afin qu'ils accomplissent Sa volonté.
Si l'homme profite de la force et de la vie pour y contrevenir, il vole alors le bien accordé par D.
Par conséquent, c'est ici que doit s'accomplir le commandement du repentir, la confession."

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"Un homme ou une femme qui commet quelque péché ...ils confesseront leur faute qu'ils auront commise ; il fera restitution de sa faute" (Nasso 5,6-7)

Ce verset commence au singulier, passe au pluriel, puis se termine au singulier.
Pourquoi cela?

Selon rabbi Moché Chagiz cela nous enseigne que tous les juifs forment une seule nation et qu'ils sont tous responsables les uns des autres.
Ainsi, lorsqu'un juif faute, c'est l'ensemble du peuple qui en est tenu responsable et qui en paie le prix spirituel.
[à l'image de celui qui fait un trou dans sa cabine, entraînant l'ensemble du bateau vers le bas].
[la guémara, ainsi que le rav Salanter disent que lorsqu'un juif fait une avéra, alors cela va entraîner qu'un autre juif ailleurs soit davantage attiré à faire une avéra (et inversement).
Lorsque nous prions pour autrui (ex: pour qu'il fasse téchouva), nous avons la possibilité de le changer (au point où il aura "soudainement" davantage d'attirance pour la Torah).]

Lorsque nous confessons nos fautes, nous le faisons pour nous-même, mais également pour celles de nos frères.

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-> "Ils confesseront le préjudice commis, puis il restituera intégralement l’objet du délit" (5,7)

=> Pourquoi le verset s’ouvre-t-il par le pluriel et se poursuit-il par le singulier?

Rabbi Mordékhaï de Nichkhiz explique que, malheureusement, il existe souvent un grand fossé entre la promesse et l’acte. Nombreux sont ceux qui se confessent de leurs péchés, mais, lorsqu’il s’agit de les réparer, par exemple en restituant l’objet volé, ils ne le font pas toujours.
Notre verset fait allusion à cette triste réalité par le glissement du pluriel au singulier : tous sont prêts à se confesser, mais seulement de rares individus passent ensuite à l’acte.

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-> "Ils confesseront les fautes qu’ils ont commises" (Nasso 5,7)

=> Pourquoi la Torah s’exprime ici au pluriel, "ils confesseront les fautes qu’ils ont commises", alors que pendant toute la paracha Nasso elle parlait au singulier?

Le Mélo haOmer explique qu’il est dit dans la guémara (Baba Métsia 75a): "Quiconque a de l’argent et le prête sans témoin transgresse : tu ne placeras pas d’obstacle devant un aveugle."
La raison en est que de cette façon, il provoque que l’emprunteur peut nier le don devant lui, car personne ne peut en témoigner. Donc celui qui a prêté participera à la faute de celui qui nie avoir reçu de l’argent, puisqu’il lui a fait confiance sans témoins.
C’est pourquoi le verset s’exprime au pluriel : "ils confesseront les fautes", les deux doivent confesser, pas seulement l’emprunteur mais aussi le prêteur.

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-> "Ils reconnaîtront leurs fautes qu’ils ont faites" (Nasso 5,7)

=> Que signifient les mots "qu’ils ont faites"?

Un médecin doué et expérimenté cherche dans toute maladie la raison qui l’a provoquée, il s’efforce d’écarter cette raison-là, alors automatiquement le malade guérit.
C’est la même chose quand l’homme veut se repentir de la faute du vol : il doit examiner les raisons qui l’ont poussé à cette faute. Ce peut être au début simplement de la jalousie de l’autre, il a transgressé l’interdiction de convoiter, et une faute en entraînant une autre, il a fini par en arriver à voler.

C’est ce que dit le verset: "ils reconnaîtront leurs fautes" = au moment où ils reconnaîtront la faute elle-même, ils reconnaîtront aussi "qu’ils ont faites", les choses qu’ils ont faites auparavant et qui ont provoqué cette faute-là.
[Beit Yaakov]

"Parle ainsi à Aaron et à ses fils: Voici comment vous bénirez les enfants d'Israël" (Nasso 6,23)

Selon la loi juive (Ora'h 'Haïm 128,5), lorsque le Cohen récite la bénédiction des Cohanim, il doit retirer sa chaussure.
Pourquoi cela?

Au moment du miracle du buisson ardant, D. a ordonné à Moché : "N'approche pas d'ici! Ôte ta chaussure, car l'endroit que tu foules est un sol sacré!" (Chémot 3,5).

Les paroles introductrices de l'ordre divin de retirer sa chaussure sont : "al tikrav alom" (N'approche pas d'ici!).
Le mot "alom" (d'ici - הֲלֹם) a pour valeur numérique : 75, qui est la même que le mot : "Cohen".

Ainsi, ce verset est un message aux Cohanim : "N'approche pas Cohen, ôte ta chaussure."

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Par ailleurs, selon la guémara (Sotah 40a), si un Cohen a un lacet qui est cassé, et qu'il s'assoit en plein milieu de la bénédiction des Cohanim afin de l'arranger, on risque d'en venir à le suspecter de s'être arrêté en cours, car il est un Cohen non qualifié (ex : c'est le fils d'une femme non permise à un Cohen).

Nos Rabbins ont ainsi interdit aux Cohanim de garder leurs chaussures durant la bénédiction (même s'il n'y a pas de lacet).

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+ La bénédiction des Cohanim :

-> Rabbi Yossef ben Yakar rapporte : "Jusqu'à présent, Je devais les bénir Moi-même, comme il est écrit : D. bénit Noa'h" (Noa'h 9,1) ; "Hachem bénit Avraham" ('Hayé Sarah 24,1).
A partir de ce jour, ce seront les Cohanim et les tsadikim qui vous béniront!"
[midrach Tan'houma Lé'h Lé'ha 5]

-> Les disciples de Rabbi Akiva lui demandèrent : "Par quel mérite avez-vous accédé à une telle sagesse?"
Parmi ses réponses, il leur dit : "Je n'ai jamais regardé les Cohanim pendant qu'ils bénissent l'assemblée"
[Raavad - Chil'hé Tamid]

-> Qu'est-il écrit dans la Torah à propos de la bénédiction des Cohanim?
"Et moi, Je les bénirai" (Nasso 6,27). Cette bénédiction émane de Hachem en Personne!"
[rav Its'hak Zeev Soloveitchik]

-> "Aharon éleva ses mains vers le peuple, il les bénit" (Chémini 9,22)
Le midrach (Yalkout Chimoni) écrit : "A ce moment, Aharon recueillit la mitsva de l'élévation des mains [c'est-à-dire la bénédiction des Cohanim] pour lui et pour tous ses descendants, jusqu'à la résurrection des morts."
Le Dovèr Shalom enseigne que la 1ere fois que Aharon a béni le peuple juif, il n'y était pas tenu et n'en avait pas l'obligation, mais il a agi ainsi de sa propre initiative.
C'est par son mérite qu'il a été enjoint aux Cohanim de procéder à la bénédiciton pour toute les générations.
[on voit l'importance de sans cesse prendre l'initiative de bénir les juifs individuellement et collectivement!]

La guémara (Sota 38a) affirme que c'est de ce verset que l'on déduit l'obligation des Cohanim d'élever les mains pendant qu'ils prononcent la bénédiction.

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-> "La crainte inspirée par l'assemblée doit t'animer constamment.
[D'où le savons-nous?] Du fait que les Cohanim, [lorsqu'ils prononcent leur bénédiction,] ont le visage dirigé vers l'assemblée, et tournent le dos à la présence Divine."
[guémara Sota 40a]

-> La Tora Témima ajoute : C'est également sur cet enseignement qu'est fondée l'autorisation faite aux rabbanim et aux orateurs de prononcer leurs discours en étant tournés vers l'assistance, le dos tourné à l'armoire sainte [contenant les Séfer Torah].

=> On apprend de là l'importance de témoigner du respect à la communauté juive.

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-> Les Cohanim, ceux qui s'occupent du Service Divin dans le Temple, font face aux restants de leurs frères juifs, les implorant de s'améliorer, d'amener la présence Divine dans leur vie. C'est ainsi que : "ils (les Cohanim) placeront Mon Nom sur les enfants d'Israël".
Et ce n'est qu'ensuite : "Je (D.) vais les bénir".
[d'après Rabbi Moché Yé'hezkel Salah de Baghdad]

-> "Ils mettront Mon Nom sur les bnei Israël" (Nasso 6,27)
Le mot "vésamou" (ils mettront - וְשָׂמוּ) est l’acrostiche de "VéCohen Chémévarekh Mitbarekh OuMitgadel" (Un cohen qui béni est béni et grandit).
[Avné haChoham]

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-> "Ainsi vous bénirez les enfants d'Israël" (Nasso 7,23)

Rachi explique que la bénédiction (des Cohanim) doit se faire "en langue sainte", c'est à dire en Hébreu.

Mais d'après le Tiferet Chelomo cela suggère aussi que pour qu'une bénédiction ait de l'effet, il faut sanctifier sa langue. Une bénédiction qui sort d'une bouche qui prononce des paroles interdites (médisance, mensonge, moqueries, ...), n'aura pas tant d'effet. Mais celui qui sanctifie sa langue pour ne prononcer que des paroles permises ou même sacrées (étude de Torah, prière, bienveillance...), alors Hachem valorisera sa parole, et ses bénédictions auront une grande force.
Pour avoir le plus d'effet, la bénédiction doit donc provenir d'une "langue sainte".

[d'une manière générale, nous pouvons apprendre de là que plus nous utilisons notre bouche pour dire du lachon ara, plus nous réduisons notre force de prière!]

"Parle ainsi à Aaron et à ses fils: Voici comment vous bénirez les enfants d'Israël ; vous leur direz : "Que D. te bénisse et te protège!" " (Nasso 6,23-24)

Avant de réciter leur bénédiction, les Cohanim récitent la prière : "Qui nous a sanctifié avec ses commandements et qui nous a ordonné de bénir Son peuple d'Israël avec amour (bé'aava - cf.Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 128,11 ; et Magen Avraham 18).

Où est-ce que l'on peut voir que les Cohanim doivent nous bénir avec amour?

1°/ La bénédiction des Cohanim commence par : "Que D. te bénisse (yévaré'hé'ha) et te protège!".
Sachant que D. a demandé aux Cohanim : "vous bénirez les enfants d'Israël" ; n'aurait-il pas été plus logique qu'ils disent : "Que D. vous bénisse (yévaré'hé'hém) et vous protège!" (au pluriel)?

Bien que les Cohanim bénissent tout le peuple juif (une pluralité de personnes), ils le font en utilisant le singulier, afin d'indiquer que D. désire bénir les juifs, unis par un amour d'autrui.

Ainsi, par la bénédiction des Cohanim faite au singulier, un Cohen annonce son respect du commandement de D. de bénir le peuple d'Israël "avec amour" (bé a'ava).

[ D'ailleurs, le mot a'ava (amour) a une valeur numérique de : 13, qui est aussi celle de : é'had (Un). ]

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2°/ On peut noter également que : "bé aava" a comme valeur numérique : 15.
Dans la bénédiction des Cohanim, à partir du mot "Yévaré'hé'ha" jusqu'au mot : "shalom", il y a un total de : 15 mots.

Ainsi, les Cohanim font référence au commandement de bénir les juifs bé'aava, avec les 15 mots de la bénédiction des Cohanim que D. a amoureusement donné à Son peuple.

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-> "Ainsi bénirez-vous les enfants d'Israël, dis-leur" (amor laèm - אָמוֹר לָהֶם - Nassso 6,23).
Le midrach (Bamidbar rabba 11) explique : "Le verbe "amor" est écrit d'une façon pleine, avec un vav (אָמוֹר), pour montrer que vous devez les bénir avec recueillement et de tout cœur, afin que la bénédiction soit opérante."

Selon le Nétsiv, cela nous enseigne qu'un Cohen doit avoir une intention sincère (kavanat halèv) afin que ses bénédictions marchent pleinement.
C'est en ce sens que nos Sages ont inclus dans le texte de la birkat Cohanim, le terme : "aava" (amour).
[Avant de réciter leur bénédiction, les Cohanim doivent réciter les mots suivants : "Qui nous a sanctifié avec ses commandements et qui nous a ordonné de bénir Son peuple d'Israël avec amour" (bé'aava - cf.Choul'han Arou'h - Ora'h 'Haïm 128,11 ; et Magen Avraham 18)]

-> Le Zohar (paracha Nasso) enseigne : "Si un Cohen n'éprouve pas de compassion à l'égard de ses prochains, ou si les gens ne sont pas animés d'un tel sentiment à son égard, il ne peut les bénir, comme il est écrit : "Celui qui a un œil bienveillant sera béni" (Michlé 22,9).
Ne lis pas "yévora'h" (sera béni), mais "yévaré'h" (bénira)."

-> "Un Cohen qui est détesté par la communauté ou qui lui-même l'a en abomination, se mettrait en danger en la bénissant!
De ce fait, s'il lui est vraiment impossible de dominer son instinct et de retirer la haine de son cœur, il lui incombe de quitter l'office avant le rétsé.
Car la bénédiction stipule explicitement : "de bénir Son peuple, Israël, avec amour"."
[michna Broura 127,20]

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-> Rabbi Yéhochoua ben Lévi (guémara Soucca 38b) dit que chaque Cohen qui bénit l'assemblée (tsibour) est lui-même béni, mais celui qui ne bénit pas l'assemblée n'est pas béni.
Le Ben Ich 'Haï (Ben Yéhoyada) interroge : N'est-ce pas évident? Que nous apprend de nouveau Rabbi Yéhochoua ben Lévi?

Le Ben Ich 'Haï de répondre :
La bénédiction des Cohanim se termine par le mot : "aava" (amour). Nous apprenons de là qu'il n'est pas suffisant qu'un Cohanim bénisse le peuple juif uniquement avec sa bouche, la bénédiction doit également venir du plus profond de son cœur, avec amour.

Deux fois la guématria du mot : "aava" (אהבה - amour), est égale à 26, qui est la guématria du Nom de D. (יהוה).
Un Cohen a besoin de 2 formes d'amour pour bénir la nation juive : un amour avec sa bouche (aava bépé) et un amour avec le cœur (aava bélev).
Si la bénédiction des Cohanim (birkat Cohanim) est réalisée comme il le faut, alors le Cohen place le Nom de D. sur le peuple juif, comme il est écrit : "Qu'ils placent Mon Nom sur les enfants d'Israël, et Je les bénirai" (Nasso 6,27).

C'est cela la nouveauté de l'enseignement de Rabbi Yéhochouva ben Lévi. On aurait pu penser qu'un Cohen qui bénissait la nation juive avec sa bouche, serait également béni. Mais il nous apprend que le verset nous avertit, que si un Cohen ne bénit pas le peuple juif avec les 2 formes d'amour (bouche et cœur), il n'est pas béni.
[Ben Ich 'Haï - Ben Yéhoyada - guémara Soucca 38b]

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-> "Que D. te bénisse et te protège!" (Nasso 6,23)

=> Peut-on donc être béni sans être protégé et vice-versa? Ne s'agit-il pas d'une seule et même chose?

-> Selon nos Sages, en vérité quand un homme voit ses affaires prospérer, il est amené à ressentir de la fierté et de l'orgueil. C'est contre ce sentiment-là qu'on sollicite une protection.

-> Le Ohr ha'Haïm haKadoch propose une autre interprétation : la bénédiction elle-même peut se transformer en malédiction si on ne sait pas la gérer. Et c'est contre ce risque que l'on invoque protection.

-> Rachi (v.6,23) enseigne : "Que ne t’agressent pas des pillards pour prendre ta fortune. Lorsqu’un maître offre un cadeau à son serviteur, il ne lui est pas possible de le protéger contre toutes les agressions, de sorte que, si des voleurs viennent le lui enlever, il n’aura retiré aucun profit de ce qu’on lui a donné.
Hachem, en revanche, est à la fois celui qui donne et celui qui protège."

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"Ainsi bénirez-vous les enfants d'Israël, en leur disant (amor lahém)" (Nasso 6,23)

-> Rachi commente : "le mot "amor" est écrit avec un vav, pour marquer qu'on ne doit pas les bénir à la hâte et avec précipitation, mais avec recueillement et de tout cœur."

-> Rabbi Lévi Yits'hak de Berditchev fait remarquer que le mot : amor (en disant - אָמוֹר), signifie aussi : "amour", comme dans le verset : "Et Hachem t'a aimé (éémiré'ha - הֶאֱמִירְךָ) aujourd'hui".

Le Rabbi de Berditchev dit que c'est ainsi uniquement celui qui aime les enfants d'Israël qui a le droit de les bénir.
[si tu veux les bénir, il faut "amor lahém" : les aimer]

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-> "Ainsi bénirez-vous les enfants d'Israël"
La Torah fait ici allusion au fait qu’il convient de bénir chacun tel qu’il est.
On ne doit pas attendre qu’il se se parfasse et devienne un tsadik pour le bénir.
"Ainsi" = c’est-à-dire "tel qu’il est", "ainsi qu’il est", "vous bénirez les enfants d’Israël"
[l'Admour de Modzits]

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+ "Moché dit à Aharon : C’est cela dont avait parlé Hachem, en disant : ‘Je serai sanctifié par ceux qui Me sont les plus proches et Je serai glorifié devant tout le peuple’, et Aharon se tut" (Chémini 10,3)

-> Le Ménorat haMaor enseigne qu’en récompense de la grande humilité démontrée par Aharon (telle est la volonté de D., et j’accepte avec amour de ne pas comprendre pourquoi mes 2 enfants sont morts), il a mérité (ainsi que ses descendants) de pouvoir bénir tout le peuple juif par la bénédictions des Cohanim (birkat Cohanim), qui contient 60 lettres, comme la guématria du mot : "il se tut" (vayidom – וַיִּדֹּם).

-> La guémara (Roch Hachana 28b) enseigne qu'un Cohen n'a pas le droit d'ajouter une bénédiction au texte d'origine de la birkat Cohanim.
Le Méïri précise que même si sans faire exprès, un Cohen accorde une bénédiction supplémentaire, il transgresse l'interdit d'ajouter (bal tossef).

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-> "Quand Moché levait la main, Israël dominait" (Béchala'h 17,11)

Il levait la main pour les bénir avec la birkat cohanim.
C’est pourquoi Rabbi Yo’hanan a dit : "Que signifie ce qui est écrit : "Quand Moché levait la main, Israël dominait, et quand il baissait la main Amalek dominait"?
Cela nous enseigne que le monde subsiste grâce à la "nessiat kapaïm" des cohanim."
[Séfer haBahir]

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b'h, voir également :
- http://todahm.com/2020/07/21/la-birkat-cohanim
- http://todahm.com/2019/01/23/9306-2

"Et les 1ers jours tomberont ..." (Nasso 6,12)

-> Le 'Hafets 'Haïm de commenter à ce sujet :
"Contrairement à ce qu'on pense généralement, les jours passés n'ont pas disparu à jamais ; nous y serons confrontés au jour du Jugement et nous n'aurons pas à en rougir s'ils ont été bien remplis par l'étude de la Torah et les bonnes actions.

C'est le sens de : "Quel est l'homme qui désire la vie, qui aime les jours pour voir le bien?" (Téhilim 34,13)
= S'il a aimé les jours en y faisant le bien, il aura la chance de ne pas rougir lorsqu'il se retrouvera en face d'eux."

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-> "Quand un homme meurt, tous ses actes sont décomptés en sa présence, et on lui dit : "Tu as fait ceci ... et cela ..." "
[guémara Taanit 11a]

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"Les (choses) sacrées d'un homme seront à lui, et ce qu'un homme donne au Cohen sera à lui" (Nasso 5,10)

-> Selon le 'Hafets 'Haïm, ce verset évoque en allusion un principe fondamental, que chacun devrait se remémorer à chaque instant de son existence : les seuls biens que nous acquérons pendant notre vie sont les fruits de notre engagement spirituel.
Toutes les œuvres de sainteté auxquelles nous nous consacrons (l'étude de la Torah, les mitsvot, la prière, ...) sont notre capital pour l'éternité.
C'est ce qu'affirme le verset : "Les (choses) sacrées d'un homme seront à lui".

A l'inverse, ce que nous réalisons sous impulsion du yétser ara, finira tôt ou tard par nous abandonner.

-> "ce qu'un homme donne au Cohen sera à lui" = la guémara (Béra'hot 63a) déduit que la Torah, nous fait ici une promesse et nous garantit que celui qui remet son dû au Cohen ne subira aucune perte. Au contraire : "ils seront lui" (lo yiyé), D. le récompensera largement de ses dons (Rachi).

Le rav Zalman Sorotskin (Oznaïm laTorah) dit :
- "ce qu'un homme donne au Cohen" = toutes les sommes qu'un homme consacre à des œuvres de bienfaisance
- "sera à lui" = elles lui appartiennent pour l'éternité, et nul ne pourra jamais l'en priver.

-> "Au moment de son décès, l'homme se voit abandonné par son argent, son or, ses joyaux et ses pierres précieuses.
Seules la Torah et les bonnes actions l'accompagnent."
[Pirké Avot 6,9]

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-> "Possesseur d’une chose sainte, on peut en disposer" (Nasso 5,10)

-> Dans la guémara (Brakhot 63a), il est écrit : "Rabbi Yo’hanan s’interroge : pourquoi l’épisode de l’épouse soupçonnée d’infidélité est-il juxtaposé à celui des troumot et maasrot?
Pour t’enseigner que quiconque a en sa possession des prélèvements et ne les remet pas au Cohen finira par avoir besoin de lui à cause de sa femme".

-> Le Ben Ich 'Haï (dans son Bénayahou) explique qu’il est question d’un homme faisant les prélèvements conformément à la loi, mais qui, au lieu de les apporter au Cohen, les dépose chez lui jusqu’à ce que celui-ci vienne les récupérer. D’où sa punition, mesure pour mesure : ayant refusé de se rendre auprès du Cohen pour lui donner ce qui lui revient, il sera contraint d’aller le trouver pour qu’il fasse boire à son épouse les eaux amères.

-> Le Téhila léDavid explique d’une autre manière l’équité de la punition infligée à cet homme.
La première femme de l’humanité, ‘Hava, fut créée à partir de la côte d’Adam. Le mot tséla (côte) équivaut numériquement à 190, tandis que le nom ‘Hava équivaut à 19. Il en résulte que la femme est un dixième de la côte, donc de l’homme.
Ainsi, celui qui tarde à donner ses maasrot au Cohen, les gardant chez lui, finira par devoir lui présenter son propre maasser, c’est-à-dire son épouse, la soupçonnant d’infidélité.

"Parle ainsi à Aaron et à ses fils: Voici comment vous bénirez les enfants d'Israël ; vous leur direz" (Bénédictions des Cohanim - Nasso 6,23)

Le terme "ko" (voici) ne semble-t-il pas superflu?
En effet, le texte aurait pu s'écrire plus simplement : "Bénissez les enfants d'Israël, en leur disant" (baré'hou ét Bnei Israël, emor lahem).

Le midrach Rabba (Béréchit 43,11) nous donne 3 avis concernant l'origine de notre mérite d'avoir les bénédictions des Cohanim.

1°/ c'est grâce à notre patriarche Avraham, auquel D. a dit : "Ko yiyé zar'é'ha" (ainsi, sera ta descendance - Béréchit 15,5) ;

2°/ c'est grâce à notre patriarche Yits'hak, auquel D. a dit : "va'ani véana'ar nél'ha ad ko" (moi et le jeune homme nous irons jusque là-bas - Béréchit 22,5)

3°/ c'est grâce à notre patriarche Yaakov, comme il est écrit : "ko tomar lévét Yaakov" (adresse ce discours à la maison de Yaakov - Chémot 19,3)

Suite à ce midrach, nous allons pouvoir en tirer les qualités nécessaires, de nos jours, afin d'être digne de profiter pleinement des bénédictions des Cohanim.

1°/ Lorsque Avraham s'est plaint de ne pas avoir d'enfant, D. lui a dit : "Regarde le ciel et compte les étoiles ... ainsi sera ta descendance (ko yiyé zar'é'ha)."

En comparant les juifs aux étoiles du ciel, D. transmet une leçon d'amour entre les juifs.

De la terre, une étoile semble minuscule, mais cela est uniquement dû à la grande distance nous en séparant.
Si on avait la possibilité d'en être assez proche, on se rendrait alors compte de sa taille immense.

De la même façon, aucun juif ne doit être rejeté, car même s'il apparaît insignifiant, lorsque que l'on se rapproche de lui, qu'on le connaît mieux, on se rend alors compte de son vrai potentiel et de son importance.

2°/ En ce qui concerne la Akéda de Yts'hak, le verset dit : "moi et le jeune homme nous irons jusque là-bas" (va'ani véanaar nél'ha ad ko).
Cela nous enseigne le dévouement de nos patriarches.

Non seulement, Avraham s'est préparé à prouver son engagement/dévouement envers D., mais il a aussi entraîné son fils à faire de même.
Ils sont ainsi allés, tous les 2, avec une très grande joie à la Akéda (sacrifier Yits'hak), car c'était une opportunité d'accomplir un kiddouch Hachem

3°/ Viens pour finir le verset : "adresse ce discours à la maison de Yaakov, cette déclaration aux enfants d’Israël" (ko tomar lévét Yaakov, vétakéd livné Israël).

Il renvoie au fait qu'avant de donner la Torah, D. a dit à Moché, de transmettre ses consignes d'abord aux femmes (la maison de Yaakov) et ensuite aux hommes (les enfants d'Israël).

=>Les femmes ne doivent pas négliger leur capacité à instaurer une atmosphère au sein de leur foyer permettant à leurs maris et à leurs enfants de s'épanouir dans une vie de Torah.

==> Il faut se conduire de façon à aimer son frère juif, à agir de façon à ce que notre comportement soit source de Kiddouch Hachem, et à faire que l'atmosphère de notre maison soit dans l'esprit de la Torah, afin de mériter les bénédictions des Cohanim dans toute leur puissance.

 

Source (b"h) : traduction & compilation personnelle d'un dvar Torah du Rabbi Moshe Bogomilsky (Védibarta Bam)

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"Ainsi vous bénirez les enfants d’Israël" (Nasso 6,23)

Le mot ko (ainsi) sert à introduire des détails concernant la birkat Cohanim au peuple juif.
C’est étonnant, puisqu’il aurait avant tout été logique d’ordonner aux Cohanim de donner cette bénédiction, puis seulement ensuite d’en détailler le contenu.

Le Imré Émet explique que la bonté représente la qualité essentielle des Cohanim, et c’est d’ailleurs pourquoi on nous engage à compter "parmi les disciples d’Aharon, qui aime et poursuit la paix". Ainsi, les Cohanim aspirent en permanence à bénir leurs frères juifs, et n’ont donc nullement besoin qu’on le leur ordonne, mais seulement qu’on leur précise comment procéder.